Journée internationale de la non violence

Beast Epic

Depuis quelques années, Iron & Wine représente un peu le renouveau de la folk et de la hype. C'est de la ritournelle écrite au fond des bois et en plus le chanteur a une grande barbe en brousaille, de beaux yeux et un sourire triste. La quintessence du genre. Le cliché du bobo défoncé à la chlorophylle

Après quelques albums remarqués, le chanteur Sam Beam qui se cache derrière ce nom de scène assez plaisant semblait ronronner dans son coin. Une ombre agréable, toujours obsédé par l'americana, ce genre roots et bien vu.

Son sixième effort revient un peu aux bases. Finalement le barbu s'assume enfin: c'est un chanteur folk romantique, qui aime bien la théatralisation des sentiments et la beauté des guitares séches.

Cela faisait quatre ans que le groupe avait disparu. Il revient à la bonne époque, à la fin de l'été. Il a ce spleen implicite qui va très bien à la rentrée, ce changement de rythme, de la chaleur de l'été à la dureté du quotidien.

Sam Beam rappelle qu'il a une belle voix et qu'il sait écrire des chansons épurées aux arrangement doux et salvateurs. Le disque n'est pas long mais nous fait profiter de la chaleur humaine et rayonne par sa beauté simple, déjà connue mais que l'on avait un peu trop vite oublié.

Il y a donc ici le charme rural d'un disque acoustique avec des paroles élégantes et un tempo non chalant qui nous fait fuir le quotidien. De nouveau, Iron & Wine a le pouvoir de nous donner le tournis.

Sub Pop - 2017

Journée internationale du café

Journée internationale de la mer

Weathering

Du bon gros riff. Des refrains accrocheurs. Une voix charismatique. Tout ça dans un groupe qui vient de Mulhouse: le rock français gonfle les pectoraux et ca lui va plutôt pas mal!

Jean Noel et ses amis ont à peine 20 ans. Ils connaissent l'histoire du rock'n'roll par coeur. Ils ont révisé. Ils ont digéré. Ils ont accouché d'un disque puissant. Surpuissant. Assez inédit chez nous. La voix de Jean Noel a une force inédite. Il chante en anglais mais elle s'intalle entre un Liam Gallagher et un Franck Black. Il ne crane pas notre petit Frenchy: il tente sa chance et c'est ça qui fait plaisir à entendre!

Les autres membres du groupe, eux, se prennent pour Oasis pour l'Angleterre ou Black Rebel Motorcycle Club pour l'Amérique. Mais il est difficile de leur en vouloir: ils ont encore besoin de leurs amours, de leurs ainés, pour se lancer dans un grand bain bouillant du rock'n'roll!

Et ils surnagent dans un rock français souvent très expansif mais un peu creux. Ici il y a juste un quatuor habillé en noir, qui fume des clopes et claquent des accords avec une rage encore adolescente. Ils sont l'aise dans la pop gaie comme dans le gros rock qui fait transpirer dans le pantalon!

Ils n'ont peut être pas encore beaucoup de personnalité mais leurs chansons rivalisent avec les plus grands. Ils sont redoutables pour vous faire remuer le popotin assez bêtement. On devinen en eux un fort potentiel pour durer mais il va falloir s'émanciper une peu des héros de leur jeunesse. La prochaine fois on attend une prise de risque mais cet album est une déclaration d'amour au rock, le vrai, le dur, celui qui resiste à toutes les modes!

Cold Fame records - 2017

Journée internationale du coeur

Le retour de Chucky

Puisque le clown monstrueux de Ca cartonne dans le Monde entier, profitons de l'occasion pour saluer la longévité d'une vieille gloire de l'horreur des années 80! Chucky est de retour donc, pour la septième fois!

Et ce n'est pas si mal! Car Don Mancini, auteur du premier scénario s'amuse bien avec sa création, une petite poupée vaudou rousse nommée Chucky, qui poignarde à tour de bras des castings plus ou moins heureux. Les efforts sont inégaux. Certains épisodes sont déroutants et d'autres font plus dans la comédie que dans l'épouvante.

Heureusement ce nouvel opus est clairement plus sérieux! Mancini nous venge du cynisme et de l'ironie qui massacre souvent les films d'horreur contemporains, trop contents d'entourlouper le spectateur mais surtout soucieux de ne pas lui faire peur. Un comble!

Chucky est donc un bel enfoiré de première! Lui, il fait des efforts pour tuer de manière originale le maximum de personnes. Dans le contexte d'un hopital psychiatrique, il a tout à fait sa place pour de basses oeuvres. Mancini en profite pour jouer avec le décor, glacial et taché par de jolies flaques de sang.

Finalement le circuit vod et dvd ne va pas si mal à cette gloire, rivale de Freddy et Jason dans les années 80. Il peut s'en prendre aux victimes de manière violente. Et le film ne lésine pas sur le bon vieil effet spécial gore et en gros plan! Ca ne rigole pas avec Chucky. Il étripe. Il plante. Il assassine avec un certain style. Salissant mais plaisant à regarder.

Car Mancini aime son petit monstre et cela se ressent dans ce slasher enneigé sans prétention, fait avec du coeur, à l'ancienne. C'est aussi stupide que craspec que franchement sympathique. Cela vaut tous les reboots du Monde, cette démarche passionnée!

Avec Fiona Dourif, Alex Vincent, Jennifer Tilly et Michael Thierrault - Universal - 2017

Transport

Premier roman sur un sujet terrible : le transport des juifs en wagons à bestiaux de la France jusqu’aux camps de concentration. Première oeuvre magnifique d’un grand écrivain précis, qui ose le mariage de Primo Levi, de René Char et du Cantique des Cantiques.

D’Yves Flank, l’auteur, on ne connait pas grand chose et c’est très bien car la singularité bouleversante de son oeuvre se suffit à elle-même. Petit-fils de personnes déportées et sans doute mortes en camp, on suppose qu’il est mû par cette question qui taraude encore aujourd’hui : comment et quoi écrire pour que la mémoire et le souvenir soient maintenus ?

La première partie se passe dans le wagon d’un train à bestiaux entre le départ et l’arrivée en camp. Les personnes qui sont dans ce train sont hétérogènes, de plusieurs pays, parlant le français, l’espagnol, le yiddish. Le premier état dans lequel se trouvent l’homme brun, la femme rousse, le petit garçon, est l’hébétude. Ils ont littéralement du mal à se rendre compte qu’ils se trouvent dans une situation qui les dépouille de leur humanité, les réduit à l’état de bête. Rester un individu, quelqu’un doté de désir et de souvenir alors qu’on n’est déjà plus qu’un corps sur le point de lâcher, telle est leur condition.

Cette première partie, vous devez la lire comme un plongeur en apnée, vous aurez du mal à reprendre votre souffle. Cette première partie en elle-même est un texte capital qui nous suffoque, nous force à ouvrir les yeux sur une situation insupportable.

Cela étant, ce voyage inhumain vers une destination inconnue, n’est pas qu’un rappel du passé. Aujourd’hui, des milliers d’hommes et de femmes accomplissent des « voyages » autour du globe en étant malmenés et repoussés comme ce et ceux qu’on ne veut pas voir.

La deuxième partie est un long lamento, un poème de la fin du monde où la femme rousse se raccroche à ses souvenirs amoureux et érotiques pour garder espoir. Le texte devient alors d’une beauté poétique intense, les mouvements amoureux sont décomposés comme autant de tableaux où le sexe est vie, plaisir et peine mêlés. On lit cette partie et les suivantes, avec au bord des cils les larmes qu’on ne versera pas mais qui sont quand même là.

Yves Flank a une écriture si évocatrice qu’il nous fait autant entrer dans la nature la plus charnelle qui soit que dans la recréation d’un certain Paris des années 1940. Il y a notamment un passage sur les cours des immeubles où se concentre la vie en commun, les chanteurs qui viennent pousser leur mélopée. Il y a aussi un personnage de concierge qui fait froid dans le dos.

Voilà un roman court, intense, concentré et qui ne vous laissera pas indemne. Parfois, découvrir une oeuvre est une expérience en soi. c’est le cas ici.

Yves Flank. 136 pages. Editions de l’Antilope.

Coastline

Allez on poursuit un peu l'été avec cet album d'électro pop assez reposant et donne l'envie de voyager. Un disque parfait pour supporter la reprise et le quotidien!

Geoffrey est un artiste venu du Canada. La pochette de son tout premier disque nous envoie directement sur une plage californienne. Un espèce de rêve ou de mythe américain. Le trajet est long entre les deux endroits et cela a inspiré l'artiste découvrer dans le The Voice Canadien.

Le bougre a du talent. Il fait dans l'electro pop comme tant d'autres jeunes artistes qui veulent en découdre avec le succès. Mais il est vrai que Geoffrey ne fait pas comme les autres. C'est très artisanal et très sensible.

Il a des bases pop assez fortes et marquées mais aussi des petites touches franchement originales. Les ordinateurs ne sont pas froids. Il ne dénonce pas l'inhumanité ou plutôt, il fait de jolis détours mélodiques pour gérer toute sa mélancolie et ses tourments.

Lent, le disque est pourtant agréable car il nous embarque dans une ambiance de départ, de poésie et veut échapper à la morne existence. Sa musique cherche la transcendance. Il y arrive de temps en temps. On apprécie les trouvailles. Il connait très bien Chet Faker, James Blake, et d'autres héros de l'electro fraiche! Mais il a un petit soleil dans son style qui fait toute la différence. Il est dans l'air du temps ce jeune homme encore trop poli mais cette volonté de nous attraper est une qualité qui fait tout le charme chaleureux de Coastline.

On the road again!

Bonsound records - 2017

Mère Teresa, Catherine Salviat, Lucernaire

 

Ecouter dans la salle du Paradis Catherine Salviat retracer les heures qui ont déterminé la vie de Mère Teresa cela ne s’invente pas. En sortant du Lurcenaire ce soir-là ce n’est pourtant pas que la religieuse que l’on semble mieux connaître mais l’« Excecutive woman » au service de Dieu comme l’énonce l’auteur Joëlle Fossier.

Cette pièce parle bien au-delà des cercles catholiques tant cette femme a placé l’amour universel de l’autre comme l’évidence de sa vie. Cette heure avec elle ne nous la rend pas nécessairement attachante tant sa quête d’absolu la rendait implacable mais nous fait approcher une part de son mystère.

Catherine Salviat, sociétaire honoraire de la Comédie Française transpose sur les planches toute la ténacité, l’énergie, la foi et la force de conviction qui auront été nécessaires à Mère Téresa pour mener son combat. On partage ses colères, son refus de la tiédeur, de la demi-mesure, des bien-pensants. Ses liens avec la hiérarchie dans l’Eglise, avec les journalistes font sourire. Sa tourmente quand elle s’est mise à douter de l’existence de Dieu remplit d’émotions. La comédienne se place avec beaucoup de douceur, d’admiration et d’humilité face à cette icône religieuse et universelle.

Cette Mère Teresa entre Ombre et lumière n’est pas que le parcours de foi d’une religieuse mais d’une femme déterminée ayant fait de son combat de la misère l’entreprise majeure de sa vie.

 

Jusqu’au 4 novembre2017

Au Lurcenaire

du mardi au samedi à 19h

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