Serendipity
Un arbre en fleurs et de la musique en toute liberté. Une idée toute simple de serendipité!
Ce terme barbare suppose l'idée de découvrir quelque chose alors que l'on était à la recherche d'autre chose. C'est l'étrange concept de ce disque qui réunit des artistes venus d'horizons différents. Un gars des turbulents Zero, le compère de Chapelier fou, un musicien de Nadja et un autre de Pedro Soler. On est dans l'underground passionné et la farouche indépendance.
Ils forment donc Orchard, un quatuor qui ronge les genres et fabrique tout un univers très rock et très planant. D'abord on tombe de cheval mais la course devient assez sensationnelle par la suite. Ce n'est pas le disque le plus abordable!
Mais très vite, on devine l'aventure de quatre musiciens qui doivent travailler ensemble. Réunis par le directeur artistique du label Ici d'ailleurs, les musiciens doivent s'amadouer et trouver un terrain d'entente.
Sur des improvisations, s'assemblent des forces. On voit se fabriquer un univers libre et énergique. L'approche est un peu celle du free jazz. Il faut accepter les ruptures et les dissonances. Ils étirent le son. Ils accélèrent soudainement. Ils malmènent l'auditeur et ses habitudes.
C'est évidemment un résultat étrange mais il est osé et reflète l'intelligence et l'idée d'ouverture. On ne s'attendait pas à ça. On est ravi de découvrir autre chose: une vision émancipée de la musique, de sa fabrication, de son appréciation. Bref, un disque qui fait réfléchir. Etonnant, non?
Ici d'ailleurs - 2017
Franck Underwood et moi
A l’heure où les veinards, et j’en suis, possesseurs de Netflix viennent de se délecter devant les 13 épisodes d’une 5ème saison d’ « House of cards » qui a tenu une fois de plus toutes ces promesses, ou dans le pire des cas se délecteront de ladite saison d’ici 7 à 8 ans sur TF1 en 6ème partie de soirée, il était temps pour moi de mettre en lumière l’un des plus beaux enfoirés de sa génération, sans doute le pire enc***** depuis JR Ewing que les cerveaux déjantés des scénaristes américains aient pu accoucher depuis 40 ans, j’ai nommé Franck Underwood ! Bien sûr, sa femme, Claire Underwood, n’est pas en reste, et s’il aurait été de bons tons, parité oblige, de mettre en avant l’ignominie sans aucune turpitude de la belle et désormais Présidente des Etats-Unis (oui je spoile, fallait pas lire et puis c’est tout), mais non, à tout fumier tout honneur, restons sur Franck ; ce qui d’ailleurs ne serait pas pour lui déplaire, car oui, si Franck goes to Washington, il aime dans les coursives de la Maison Blanche jouer les Franck goes to Hollywood ! Relaxxxxxxxx durrexxxxxx etc !
Ne nous cachons pas derrière notre zapette, nous, vugum pecus télévores que nous sommes ; combien d’entre nous, secrètement, n’ont-ils pas rêvé d’avoir dans les veines le venin froid d’Underwood, le sublime esprit stratège et machiavélique quand, face à un ennemi ou du moins une petite frappe de passage dans un open space lumineux et austère un lundi matin d’automne, vous aviez eu vent que ledit lascar aimait à médire sur vous à la machine à café, pis au self ! L’envie de l’écraser et de lui ruiner sa life étant si forte que oui, avouez-le, vous vous dites que ferait Franck Underwood dans une telle situation, et là, en suivant les codes les plus honteux de la manigance, vous trouvez naturellement de suite les solutions pour lui pourrir la vie. Merci Franck.
Alors, si l’ami Vincent Delerm avait comingouté son amour secret pour Fanny Ardant dans une chanson qui a marqué toute une génération de désormais quarantenaires, à notre tour, nous, adorateurs secret de ce cafard de Franck Underwood, de poser en reprenant la trame de « Fanny Ardant et moi », les lignes d’une chanson à sa diabolique gloire !
1, 2, 3…1, 2
« Il fait peur à tous les ricains
Dans mon canap j’imagine bien
Avoir un président comme ça
Franck Underwood et moi
J’passe la soirée pas super bien
Pendant qu’il bute tous les crétins
Il me fout les boules si souvent
Franck Underwood t’es chiant
Limite facho limite pas clair
Il dézingue froid façon vénére
Ses ennemis et peu’être même toi
Pendant qu’je bouffe du chocolat
Il terrorise la maison blanche
T’évites de l’regarder l’dimanche
De peur qu’il ne tue tes parents
Franck Underwood évidemment
J’lui parle pas des meufs de mon n’veu
De peur qu’il ne dise nom de dieu
Tu vas les trucider comme ça
Franck Underwood et moi
Sous prétexte qu’elles soient toutes coiffeuses
Peut-être même pétasses boutonneuses
Il aime pas ça les filles les gens
Franck Underwood évidemment
Limite facho franchement pas clair
Il pulvérise façon vénére
Ses ennemis et peu’être même toi
Pendant qu’je bouffe du chocolat
Il terrorise la maison blanche
T’évite de l’regarder l’dimanche
De peur qu’il ne tue tes enfants
Franck Underwood évidemment
Mehari
Archimede revient. Mine de rien, les deux frangins sont devenus deux des artistes les plus abordables. Ecouter leur disque c'est un peu comme retrouver des copains bavards que l'on avait pas vu depuis longtemps!
Bushwick
Dans l'Amérique de Trump, cette nouvelle production Netflix fait froid dans le dos.
L'Eté fut chaud pour notre nouvel ami, Donald Trump, véritable goofy de la politique et champion de la bétise abyssale. Même les Bush sont désormais offusqués par le nouvel occupant de la Maison Blanche. En attendant, face à un meurtre commis par des bons gros racistes, Donald Trump a eu bien du mal à condamner l'assassinat et pense toujours que chez les gars du KKK, il y a des gens honnêtes. Sic!
La série des American Nightmare prouvait que les séries B étaient plus efficaces lorsqu'elles s'inspiraient d'une réalité sourde et existente. C'est ce que prouve à nouveau Bushwick qui raconte l'invasion d'une banlieue new-yorkaise par des séparatistes, cousins lointains des suprémacistes, si proches de notre copain Donald!
Mais ce n'est pas un discours politique qui intéresse les deux réalisateurs mais bien la forme: il s'agit d'un long plan séquence. Ambitieux, le style va bien à la situation d'urgence dans laquelle se retrouve la pauvre Lucy qui veut juste rendre visite chez sa grand mère et se retrouve au coeur d'une guerre civile en sortant du métro.
Heureusement pour elle, il y a Stupe, un vétéran qui vit dans une cave et qui voudra bien l'aider à traverser quelques rues. Mais les réalisateurs montrent un vrai enfer urbain, dans une urgence assez fascinante.
On connait le refrain mais la musique est un peu différente avec ce parti pris assez casse gueule mais assez bien maitrisé par les auteurs. Les deux comédiens principaux sont excellents et la poursuite en ville est soufflante à certains moments. Les moyens sont humbles mais l'efficacité est maximum.
Projeté à la 15e des réalisateurs, remarqué à Sundance, le fim Netflix aurait plus d'impact sur un grand écran, mais que voulez vous ma bonne dame! Depuis l'arrivée de Trump aux affaires du Monde, rien ne tourne plus rond!
Avec Dave Bautista, Brittany Snow, Jeremie Harris et Angelic Zambrana - Netflix - 1h30
Valérian et la cité des 1000 planètes
Bon ca y est les vacances sont vraiment finies. Le rythme scolaire a repris ses droits mais on a oublié de vous parler du blockbuster estival français, qui n'a pas brillé au milieu de galaxie cinématographique de l'année 2017!
Malgré un certain succès en Chine, le nouveau gros film de Luc Besson n'a pas vraiment été la réussite attendu, la nouvelle franchise de la science fiction ou le film le plus cool de l'année, comme l'aurait voulu l'homme d'affaires avisé qu'est Luc Besson.
Après le succès surprise dans le monde entier de Lucy, le réalisateur se fait plaisir avec l'adaptation d'une bande dessinée qui date mais qui a influencé la science fiction. Question ambition, il fait très fort! Il fallait oser et on peut apprécier cette prise de risque du producteur d'un nombre de nanars incroyables.
Mais il faut se rappeler qu'il a été le réalisateur de Nikita, Léon ou Le Cinquième élément. Il peut donc se targuer d'avoir un univers visuel et un sens bien à lui du spectacle. Au fil du temps, Besson reste une référence qu'on l'aime ou qu'on le déteste.
Bourré de défauts, son nouveau film a tout de même quelques qualités en adaptant la bédé de Mézières et Christin. Il y a un semblant de naïveté qui subsiste malgré le budget colossal du projet. C'est de la bédé et le cinéaste ne gomme jamais cette nature omniprésente, malgré quelques nettoyages pour coller à l'époque et des idées qui font penser à Star Trek.
Pourtant il y a bien un rythme dans le film. Le scénario est d'une légèreté insoutenable (il faudra un jour dire à Besson qu'il n'est pas scénariste) mais la schématisation ne dérange pas: le duo de comédiens fonctionne plutot bien et Cara Delevingne est bien la personne la plus sexy que l'on a vu dans l'espace depuis bien longtemps. Les Jedi a coté, ce sont des moines.
Bref, revenons au sujet: qu'est ce que ca vaut? Une oeuvre de science fiction décontracté. Le film a couté cher et ca se voit. De temps en temps, c'est d'une laideur sans nom puis il y a des éclairs de génie.
C'est donc très agaçant car finalement, on aurait bien aimé vouloir défendre le film français le plus cher de l'histoire. Trop généreux, Besson a tout de même ce coté sale gosse qui fait pour l'occasion de lui, un type sans cynisme. On sait qu'il compense cet aspect avec son métier de producteur peu scrupuleux.
En attendant, il réalise son film avec tendresse, en invitant ses potes (Chabat, Kassovitz et tous les cinéastes qu'il soutient se déguisent dans le film tout comme Herbie Hancock dans le rôle d'un ministre). C'est un peu n'importe quoi mais finalement c'est le charme de cette oeuvre inégale, sincère et déconcertante.
Avec Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen et Rihanna - Europacorp - 17 juillet 2017 - 2h15
Begin Again
Est que vous connaissez John Carney? Le réalisateur de Once, New York Melody et Sing Street. Un type obsédé par la musique! Evidemment qu'il est intéressant de jeter une oreille sur les musiques de ses films!
New York Melody en anglais, cela se dit Begin Again et on applaudira une fois de plus la traduction française toujours prête pour nous surprendre! C'est le film hollywoodien de John Carney, réalisateur d'un petit film irlandais qui a fait un carton sur la planète entière parce Spielberg a beaucoup aimé: Once.
Un film sur la folk music et désormais un gros films sur le succès et la production américaine. La musique se met donc au diapason et le réalisateur observe les musiques qui viennent de New York. Il y a donc dans son disque, de la soul, du groove, de la pop et du rock.
De loin, comme ça, cela peut paraitre indigeste. D'ailleurs la présence de Adam Levine (de Maroon 5) et Ceelo Green ne sont pas rassurantes. Ces deux là ne font pas dans la nuance. Et puis l'actrice du film, Keira Knightley s'essaie à la chanson.
Vous savez bien que ce n'est pas toujours bon signe quand une actrice décide qu'elle sera chanteuse. Mais visiblement elle est bien coachée et s'en sort très bien dans le trip "chanteuse de la campagne à la robe élégante et à la sensibilité émouvante".
Tout comme le chanteur de Maroon 5 qui sort un peu de son créneau de crooner moderne. Les chansons sont entêtantes et Carney rend bien compte de la production américaine! Il y a bien tous les clichés mais il y a aussi le plaisir simple d'une chanson qui se plante dans le crane et ne plus s'enlever!
Comme dans le film, c'est toute l'efficacité d'un hit qui est démontré dans ce disque qu'on avait bien envi de détester et que l'on finit par écouter en boucle. Il y a bien deux ou trois fautes de goût mais dans l'ensemble, ca fonctionne assez bien. Mais très bien puisque finalement tout l'album se chante sans préjugé et avec enthousiasme. Ce n'est pas du tout raffiné mais bon après tout c'est le film hollywoodien de John Carney, qui se fera plus nuancé sur son métrage suivant, l'irrésistible Sing Street!
Polydor - 2014
Concrete & gold
On ne sait pas trop comment mais il faut le dire: les Foo Fighters sont incontournables dans le monde du rock. Ce que prouve, avec des muscles, ce neuvième album.
Dave Grohl ne sera jamais Kurt Cobain. Il sera toujours son batteur. A coté de cela, il est devenu pourtant le fer du lance du rock tendu, ferailleur et barbu. Avec les Foo Fighters il restera comme un héros du genre. Il est le copain de tous les gros cogneurs du genre. Il a joué sur le meilleur album de Queens of the stone age. Il aime faire le pitre avec Jack Black. Il a le carnet d'adresses le plus rempli de la planète.
Il aime tout le monde et tout le monde l'aime. Derrière le sourire éclatant et les cheveux longs, c'est un sérieux bosseur qui aime bien se confronter à tous les genres avec une fausse décontraction. C'est vrai que c'est pour cela qu'il est appréciable: il a peur de rien ce type!
Il a donc toujours son fier groupe pour faire du gros rock qui donne l'envie de sauter partout, de secouer la tête et de transpirer dans un pogo. Pour leur neuvième opus, le groupe a serré les boulons et réalise un disque plus incisif, plus rentre dedans. Ils ne s'éparpillent pas: les morceaux sont costauds et devraient plaire à votre pote qui porte encore des vestes sans manche en jean (quoi, vous en connaissez pas?).
C'est de la grosse production mais cela fonctionne parfaitement! L'album est clairement inspiré par les grands noms des années 70 et les hymnes pétaradants qui vont faire bouger les "arena" du Monde entier.
Mais c'est bien écrit. Difficile de ne pas être enthousiaste devant toute cette décharge d'énergie qui a une haute idée du rock, invitant McCartney et puisant des idées dans tout ce qu'il y a de bon sans que ce soit du pillage! Le groupe affectionne le refrain implacable et le riff puissant. Pourtant chaque chanson a son identité entre blues furieux, hard rock décoiffant et metal stoner.
Ce n'est pas un disque pour tous les mélomanes, mais ceux qui aiment le bon gros jam entre zicos chevelus, vous allez être servis! Concrétement, c'est de l'or cet album!
RCA - 2017
Mother!
Cronenberg, Kubrick ou Lars Von Trier, les emprunts sont nombreux dans le dernier film d'un auteur que l'on pensait plus singulier. Déception.
Darren Aronofsky est un cinéaste ambitieux, mystique et assez passionnant à suivre depuis son Requiem for a Dream, fascinante plongée dans l'enfer de la drogue. Depuis il a touché à tout. Des films indépendants et des grosses productions. Et Mother rappelle toute sa singularité.
C'est un faux film d'horreur. La maison hantée est bien là mais elle nous ouvre la porte sur autre chose. Quelque chose d'inédit! Mais avant de partir dans le mysticisme si cher à l'auteur de The Fountain, le cinéaste va reprendre le grain de pellicule et le style de Lars Von Trier pour nous mettre mal à l'aise.
Nous mettre dans une ambiance étrange, où le concept dépasse la fiction, qui singe déjà la réalité. Puis rentre l'angoisse à la mode Polanski, avec une femme qui s'interroge sur son quotidien et décortique l'absurdité de sa maison, de son couple et pourquoi pas du monde?
Là dessus la touche organique si chère à David Cronenberg apparait. La jeune femme voit de drôles de choses dans sa maison. La maison est vivante et on trouve des chairs au fond des toilettes et des fentes bien chaudes au milieu du parquet!
Normalement, là, le flippomètre devrait être au plus haut. Mais pas vraiment en fait car tout cela ressemble à une digestion poussive d'influences, ce qui est étonnant de la part d'Aronofsky, plus aventureux d'habitude.
Cela ne s'arrange pas lorsque le mari de la femme se révèle être un écrivain ce qui avec la maison bizarrOïde, n'est pas sans rappeler Stanley Kubrick et son hotel maudit de Shining! On comprend que la maison est hantée finalement par les difficultés du couple: la solitude exisentielle, le processus de création, l'arrivée d'un enfant...
Lourdaud, on devine les symboles puis le film part dans un grand n'importe quoi où Aronosky se laisse aller à une dénonciation des religions, de la gloire, de la folie des hommes et salue avec violence, la grâce des femmes. Avec un fracas inutile et souvent grotesque.
Hélàs il confie le rôle principal (et omniprésent) à Jennifer Lawrence, peu charismatique et qui se fait voler la vedette par une Michelle Pfeiffer, malicieuse et sexy dans la première partie du film. En plus elle joue la femme d'Ed Harris, qui impressionne toujours autant! Avec Javier Bardem, Jennifer Lawrence a bien du mal à amener une once de compassion ou d'empathie.
Le réalisateur aime bien prendre le spectateur par surprise mais cette fois ci son piège est trop complexe, tordu ou tout simplement raté. Il nous prend un peu pour des tétards! Son faux film d'horreur est simplement un vrai ratage!
Avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris et Michelle Pfeiffer - Paramount - 13 septembre 2017 - 1h50
Novecento – Alessandro Baricco – Théâtre du Rond-Point
L’élégance et la légèreté d'André Dussolier dans une fable de Baricco.
André Dussolier rêvait de pouvoir monter ce monologue d’Alessandro Baricco, auteur reconnu en Italie et si méconnu en France. Jean-Michel Ribes leur offre un plateau. André Dussolier est seul en scène à conter cette histoire d’une belle humanité, accompagné à cour par un quatuor composé du pianiste Elio Di Tanna, du trompettiste Sylvain Gontard, du batteur Michel Bocchi et du contrebassiste Olivier Andrès. Dans un univers réaliste, le quintet d’un soir nous propose une belle adaptation de la partition théâtrale de Baricco avec pour seuls artifices quelques cyclos finement décorés et un escalier mobile.
Novecento raconte l’histoire d’un enfant abandonné dans une boîte sur le pont de première classe d’un Paquebot transatlantique nommé le Virginian. Cette boîte est posée sur un piano, signe d’un destin. Cet enfant, surnommé Novecento, grandira dans ce paquebot aux allures de prison flottante, apprendra le piano pour devenir un virtuose à la créativité débordante. L’inattendu prodige.
L’enfant devient homme, écoute les voyageurs, sans jamais mettre le pied à terre. Il invente son monde en musique, dans la contrainte des 88 notes de son clavier, dans la contrainte de ce bateau qui ne fait que des allers-retours, entre les continents Europe et Amérique. Il entend par hasard Titine du migrant Chaplin, joue des Gymnopédies, du Bach, un balbutiement du melting-pot américain.
Novecento, c’est surtout 1900. Le jazz est là, comme une révolution de la dissonance. En construction sur, en construction avec les phrases classiques. Ca ragtime.Ca blues. Ca swing. Entre 1900 et 33, aube de la guerre, Novecento le pianiste crée. La musique, comme relais de l’émotion, enchante le plateau et dynamite un Dussolier trompettiste dans la fable, Monsieur Loyal et conteur sur scène. Un Dussolier plaisir qui n’a aucune peine à tenir le grand plateau du Rond-Point et à nous embarquer dans son récit autobiographique.
Elégante, lègère comme peut l’être l’acteur de Resnais, la pièce peint l’authenticité d’un territoire, la possibilité d’une île, comme source des plus belles évasions et des plus belles audaces. Un hommage à la liberté d’être et de devenir. De très beaux moments de vie traversent le spectacle, notamment quand André Dussolier trompettiste se laisse porter par une musique endiablée jouée par un pianiste en osmose avec l'océan, ou encore lorsque Novecento raconte en fin de parcours pourquoi il n’a jamais réussi à vivre sur terre. Le monde a trop de possibles pour être bon musicien. "Sur ce clavier-là, il n'y a aucune musique que tu puisses jouer. Tu n'es pas assis sur le bon tabouret : ce piano-là, c'est Dieu qui y joue."
Le texte donne une bonne bouffée d’air théâtrale et musicale. Un joli conte humaniste sur l’amitié, les forces de la créativité et de la finitude. La pièce avait été présentée en 2014 au Rond-Point, avec le temps, elle s'est embellie.
Piano sur l'eau / Novecento par WebTV_du_Rond-Point
http://www.theatredurondpoint.fr/