Atomic Blonde
Est ce qu'un film réalisé par un cascadeur, ca vaut le coup?
Lorsqu'on découvre le cv du réalisateur de Atomic Blonde, David Leitch, on a le droit d'avoir une petite suée: le type était la doublure cascade de Brad Pitt et de Jean Claude Van Damme. Ha! Puis il a glissé vers la réalisation comme chef de seconde équipe sur des classiques comme Hansel & Grentel: Witch Hunters ou Ninja Turtles! Ha!
Enfin il coréalisae John Wick, gros film de baston pour Keanu Reeves avant de voir confier le fameux Atomic Blonde, oeuvre à la gloire de la blonde Charlize Theron qui aime visiblement le combat après son apparition hilarante dans le dernier Fast & Furious!
Donc nous allons beaucoup la comédienne sculpturale dans ce drôle de film d'espionnage qui rend hommage aux années 80, son kgb, sa musique et son style. Finalement David Leitch est l'homme de la situation. Le début du film est assez rassurant avec ses images bleutées et ses tronches patibulaires (John Goodman et Toby Jones en tête).
Ensuite c'est parti pour une longue course poursuite après une montre qui cache des secrets très top secret. Le décor est drôle. L'actrice fait passer Nikita pour une habitante de la Petite maison dans la Prairie. Fait rassurant: elle croise un James McAvoy qui s'amuse beaucoup en agent trouble au look improbable! Et surtout Thero se lance des défis physiques en affrontant des tueurs de l'est et de l'ouest!
Elle donne de sa personne et cela se voit à l'écran. Imitant physiquement la chanteuse de Blondie, elle cogne fort et prend des coups dans un style qui ferait plaisir à feu Tony Scott, petit frère de Ridley. En terme de cascades, David Leitch assure largement et le jeu d'espions est réjouissant par les improbables chorégraphies qui font penser aussi à John Woo. Ca recycle à mort le style eighties (cf notre grand rendez vous de l'été). Cela justifie une violence débridée et graphique.
C'est de la bédé au ciné (le film est inspiré d'une "graphic novel"). Il y a de l'ambiguité et quelques idées tordues. C'est bien fichu. Franchement, après beaucoup de nanars cette année, cette série B sort clairement du lot. Le cascadeur peut être un bon cinéaste. Les brunes ne comptent pas pour des prunes chantait Lio! Les blondes non plus ajoutent Charlize Theron!
Avec Charlize Theron, James McAvoy, Sofia Boutella et Eddie Marsan - Universal - 19 aout 2017 - 1h50
Total Musette
Vous avez bien profité du rosé? Les belles terrasses fleuries? Les moments de farniente? Le petit courant d'air par grosse chaleur? Le bruit des cigales? L'été va vers sa fin et on vous propose de continuer un peu le plaisir de la légèreté militante avec Tue Loup, gardien d'un patrimoine populaire!
Finalement ce n'est pas étonnant qu'un groupe de rock s'interesse aux vieilles chansons d'antan. Xavier Plumas a toujours défendu un rock proche des gens, sensible et terriblement vivant. C'est pourquoi on a toujours aimé Tue Loup, groupe vibrant à l'électricité et aux paroles bien senties!
On excusera le mauvais goût de la pochette quand on entend leurs versions libres de chansons des années 30, des classiques du Front Populaire, de titres internationales! On pense que le disque pourrait plaire à Mélenchon tant le groupe remet au gout du jour la lutte, les illusions et les étendards d'une lointaine époque à l'heure d'internet.
C'est bientôt la rentrée mais le groupe défend les belles utopies, le langage délicats et les refrains qui retournent les tables. Comme un autre groupe farouchement indépendant, Mendelson, le groupe sarthois a besoin de retrouver des racines pour comprendre d'où toutes leurs passions viennent. Il y a donc énormément de coeur dans ce disque, et toujours autant d'énergie saisissante. C'est ce qui fait la différence avec un vulgaire chanteur de variétoche qui veut faire les poches des maisons de retraite! Du rock, du vrai!
Trois petites notes de musique par Tue-loup from Doboka Eric on Vimeo.
La lezarde - 217
120 battements par minute
Au coeur d'un combat, dans l'intimité d'un couple, 120 battements par minutes entame une danse magistrale face à la mort!
Nathan découvre Act Up, association militante et rageuse. Jeune homme posé, Nathan découvre des personnes en colère. L'état fait le minimum pour la lutte contre le sida, cette maladie qui ravage tout sur son passage. Il rencontre des hommes et des femmes qui férocement viennent rappeler la nécessité du combat contre la maladie. Il est rapidement attiré par un beau brun aux yeux clairs, Sean...
Scénariste de Laurent Cantet, Robin Campillo se souvient. Le film a tout du devoir de mémoire. Il décrit la méthode de la célèbre association qui a marqué les esprits dans les années 90 avec des coups médiatiques plus ou moins provocants. On trouve là, la petite limite du film: il est un peu répétitif entre les rendez hebdomadaires de l'association, les gay-pride et les actes militants.
Ca rythme en tout cas une seconde histoire, intime: celle d'un homme qui vit pleinement et un autre qui s'avance vers la mort, irrémédiablement. Il faut donc profiter des moments d'euphorie et des soirées dansantes. Il faut oublier le poids de la maladie, son imposante violence et son attaque en règle des corps et des esprits.
Les deux comédiens principaux sont formidables. Face à l'horreur de la réalité, Campillo comme dans ses oeuvres précédentes profite d'une certaine froideur, d'une crudité réelle pour permettre paradoxalement une vraie empathie et une interrogation simple sur l'humanité.
Regard clinique sur une situation, le film se montre plus sensible pour suivre une relation d'amour, forcément détruite petit à petit. Face au désespoir, le cinéaste célébre l'amitié, l'amour, la fête et le partage. Il rappelle toutes la dignité des victimes et des combattants d'Act Up. C'est un film humaniste, nécessaire en ces temps d'individualisme forcé, et un très beau film romantique. La fiction au service de l'histoire: c'est là, que l'on aime tant le septième art!
Avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel et Antoine Reinartz - Memento films - 23 aout 2017 - 2h20
Different days
Ce n'est pas vraiment un retour inattendu puisque le groupe est en activité depuis des lustres. Néanmoins cet album ressemble à un état de grace ou une résurrection. En tout cas, Different days prouve qu'il y a une vie après la britpop.
The Charlatans, c'est un énorme tube dans les années 90, The Only one I Know, et puis une succession d'albums et des drames en cascade pour le groupe avec le décès de membres fondateurs, des baisses de régimes, des départs et des albums inégaux. En 2017, on pensait que les carottes étaient cuites pour ce vestige de la grande époque de pop pur et dur, cher à Blur et Oasis!
Revigorés comme jamais, Tim Burgess et sa bande imposent une énergie qu'on avait oublié. Les années et les drames sont gommés pour retrouver cette hargne populaire et ce goût pour l'arrangement nuancé et le rythme efficace. Different Days aborde effectivement le futur avec sérénité mais surtout de la passion.
L'orgue hammond a toujours été le petit plus du groupe et ce dernier reprend sa place. Les voix de nouveau se lovent et après, le Teenage fanclub l'année dernière, les anciens héros de la britpop prouvent qu'ils ont encore des super pouvoirs!
Donc à tous les petits jeunes qui se fourvoient dans la cold wave, la pop glacée... un petit conseil: plongez vous dans cet album terriblement vivant et accessible. C'est simple. La sophistication n'est pas de mise mais la générosité déborde: la production est soignée et recycle avec une rare habilité les années Madchester et tous les sons heureux de la pop so british.
On découvre quelques invités prestigieux comme Paul Weller ou Johnny Marr, on retrouve surtout une singularité étonnante. Les quadras et les quinquas penseront peut être que c'est simplement de la nostalgie mais Different Days surprend vraiment, attaque l'auditeur sur tous les fronts, recherche l'hédonisme et propose une pop pimentée et pas si formatée que ça! Une résurrection c'est certain! Idéal pour finir notre petit état des lieux estival sur les vieux toujours et encore présents!
BMG - 2017
Colossal
Les monstres géants n'ont pas tous le droit de sortir sur grand écran. Celui qui traine dans la tête d'Anne Athaway restera sur petit écran. Dommage car voilà une petite comédie avec de l'esprit et quelques pudibonderies.
Puisque c'est du cinéma américain, le film fait un gros travail de prévention sur l'alcoolisme. Après Emily Blunt et La Fille dans le Train, c'est au tour de la magnifique Anne Athaway d'avoir un problème avec la bouteille. A New York, sans emploi, Gloria, son personnage fait la fête sans arrêt et met son couple en péril.
Elle s'exile dans sa ville natale et croise Oscar, un ami d'enfance qui l'aide à remonter la pente. A Seoul, une créature géante apparait et détruit tout sur son passage. Bizarrement, elle se comporte exactement comme Gloria. Elles sont connectées et la jeune femme comprend que tout acte a des conséquences sur le reste du Monde.
La morale est aussi maousse costaude que le monstre qui ravage la ville coréenne. La jeune femme perdue va prendre ses responsabilités et faire des choix dans sa vie. Heureusement le réalisateur est un passionné de cinéma comme le sont souvent les réalisateurs espagnols.
Nacho Vigalondo, auteur de Timecrimes, apporte un peu de sensibilité à Colossal qui n'est jamais parfait mais arrive bien souvent à être touchant avec son portrait d'une Amérique qui s'ennuie et qui crève de solitude. Anne Athaway est toujours parfaite et Jason Sudeikis surprend dans un rôle très ambigu!
Le démon de l'alcool se diffuse de manière étonnante dans un scénario qui se révèle très astucieux mais ne peut pas échapper à la grosse démonstration. Mais bon, on ne peut pas tout avoir. Il y a tout de même de l'inventivité, de la réflexion et pas mal d'humour. Un délicieux cocktail!
Avec Anne Athaway, Jason Sudeikis, Tim Blake Nelson et Austin Powell - 2017
Mental Illness
Blonde discrète, Aimeen Mann revient soigner les bobos après cinq ans d'absence. Elle nous manquait. Son retour est magistral. Mieux qu'un tour chez le psy!
La carrière de la chanteuse américaine fut assez chaotique. Il y a eu bien sûr l'utilisation de ses chansons dans le film culte, Magnolia, qui a permis de connaître un succès certain mais Aimee Mann a longtemps attendu la reconnaissance.
Depuis elle est devenue une sorte de mythe. Un monstre de la chanson folk, puissante et sensible. Elle est une "petite institution" aux Etats Unis, une référence ultime et respectée. Pourtant, d'un disque génial, elle peut s'écrouler sur des albums plus inégaux. On ne sait jamais trop à quoi s'attendre avec elle, c'est ce qui rend sa discographie passionnante!
Comme toujours, elle chante la dépression, la tristesse et le doute avec un punch rien qu'à elle et c'est qui la rend attachante. Elle n'abandonne jamais. Inspirée par la maladie de quelques connaissances, elle parle dans son disque de la bipolarité, de sociopathes et autres joyeusetés.
Mais c'est une fois de plus, beau et touchant. Son sens de la nuance musicale fait toute la différence pour aborder des sujets effectivement difficiles, qui sont pourtant la marque de fabrique de la chanteuse, mariée au frère de Sean Penn pour faire un peu dans le people, et excellent arrangeur pour son épouse. On n'est jamais dans le cliché.
Toujours secondés par ses copains de toujours, produit par son propre studio, Aimee Mann retrouve ici toutes les vertus de sa folk féminine et jamais misérabiliste. Face à la mélancolie, elle réussit toujours à nous créer un certain confort où la douleur est acceptable et presque poétique.
Cinq ans après Charmer, Aimee Mann se rappelle à notre bon souvenir. Ses chansons sont accrocheuses et son atmosphère acoustique est un havre de paix qui fait franchement du bien au moral! Un régal!
Superego - 2017
Spider Man Homecoming
Coucou le revoilà! L'homme araignée est redevenu adolescent. Son acné, ses collants, ses amours et son méchant de service, on a droit à une version John Hughes du super héros. Et bien ca marche!
Il y a de vilains défauts dans le nouveau Spider-Man du quasi inexpérimenté Jon Watts. Le film dure trois plombes. Il y a un second degré qui aime s'inscruter au moindre moment de tension naissant. Il y a Marisa Tomei qui n'est pas assez utilisée (sacrilège totale). Il y a une musique qui sert d'accessoire sonore uniquement. Il y a le Marvel Universe qui aime tant s'intégrer à la mythologie d'un super héros unique en son genre!
Il est loin le temps où Sam Raimi inventait quasiment le genre avec un film en forme d'hommage à la bande dessinée. Maintenant notre héros en rouge est un produit d'appel et Marvel veut s'attirer un public jeune, à la manière des Harry Potter. Les problèmes du nouveau Peter Parker (joué avec enthousiasme par Tom Holland) sont donc ceux d'un adolescent dont le corps change et qui n'est pas bien dans sa peau.
Suivi de près par Tony Stark, il découvre donc le métier chronophage de super héros dans la bonne vieille ville de New York. C'est ce qui est sympa chez notre ami Spidey: ses aventures sont à hauteur d'homme. Ici il ne sauve pas le Monde. Il se découvre et joue les super héros de proximité. Ce qui ne l'empêche pas de tomber sur un vilain machiavélique qui va lui faire des misères: le vautour.
A l'extrême jeunesse de Spidey, les auteurs ont la bonne idée de prendre ce vieux briscard de Michael Keaton pour jouer le badguy de ce nouvel épisode. Le comédien apporte ce charme d'américain moyen qui profite du rêve américain à sa manière. Le film, étonnement, refuse le manichéisme qui est pourtant une valeur sur de ce genre de film! L'innocence de Peter Parker et le cynisme de son ennemi représentent cette image de l'Amérique d'aujourd'hui. Watts et ses nombreux scénaristes sément le trouble.
Et c'est un peu plus vrai avec une idée quasi subversive dans le blockbuster estival: secouer l'image de la famille idéal. Les ados sont finalement livrés à eux mêmes et aucun des adultes n'est digne d'être un exemple. New York est une sorte de terrain de jeu (photogénique en diable) pour un apprenti super héros qui ne veut pas grandir. C'est presque le mythe de Peter Pan qui est adapté ici.
Donc au delà du cahier des charges de ce type de cinéma, il y a bien un petit supplément d'âme dans cette nouvelle version qui va en appeler beaucoup d'autres. On dira que le niveau de ce premier épisode est plutôt rassurant pour supporter tout ce qu'il va arriver!
Avec Tom Holland, Jon Favreau, Michael Keaton et Marisa Tomei - 12 juillet 2017 - Columbia Marvel - 2h15
La Planète des singes: suprématie
Troisième volet des aventures de César, le chef des singes intelligents qui doit se farcir cette fois ci un colonel très violent. Un western simiesque!
Si vous transformez les singes par les indiens vous obtenez un western assez classique, engagé et un peu écologique. Car ce qui compte ici c'est l'espace. Les hommes veulent garder leur suprématie mais les singes, qui ne demandent qu'à rester dans les forêts, vont être obliger de faire la loi! Des deux cotés, il est question de survie.
Et c'est le sujet que poursuit le réalisateur Matt Reeves, déjà présent derrière la caméra lors du second épisode du reboot de La Planète des Singes. La fonction métaphorique de la science fiction fonctionne à plein régime une fois de plus. Simple dans la forme, le film interroge sans arrêt le spectateur sur ce qu'il voit: la violence, la politique, la guerre, l'individu, l'instinct, le film ne s'arrête pas au simple divertissement pour un été caniculaire.
A l'ombre des grands arbres, dans de superbes paysages, la guerre entre les humains et les singes veut aller au delà. Il y a bien une réflexion dans ce film et c'est ce que défend chaque scène avec des effets spéciaux qui sont simplement bluffants.
Comme pour un film d'animation, on est étonné par le pouvoir de la fiction, de l'image de synthése qui finit par provoquer une émotion. Pour le coup, le comédien habitué à se cacher derrière des personnages numériques, Andy Serkis mériterait bien un petit Oscar, tellement le personnage de César, le singe plus que savant, est troublant.
En face de lui, en militaire dégénéré, Woody Harrelson confirme qu'il est le second rôle le plus génial de la planète! Depuis tant d'années et tant de rôles, ce comédien arrive sans cesse à se renouveler, et compile les rôles à toute vitesse et avec une énergie incroyable. Il est le comédien le plus cool du Monde c'est tout! Même dans un rôle de méchant, on l'adore!
Avec Andy Serkis, Steve Zahn, Woody Harrelson et Amiah Miller - 20th century fox - 02 aout 2017 - 2h20