La Momie

Pour contrer les super héros de tout poil, Universal ressort tous les vieux monstres de tout poil aussi ! Le premier a des bandelettes et n’emballe pas grand monde.

Ca continue de recycler à Hollywood. Universal lance sa nouvelle franchise : le Dark Universe ! On y découvre aujourd’hui la momie mais devrait suivre le comte Dracula, l’Homme Invisible, le Loup Garou et quelques personnages cultes du cinéma d’horreur !

Alex Kurtzman est chargé du projet mais il faudrait vite le momifier car le bonhomme n’a pas un grain de sable d’inspiration pour nous surprendre. Pire il enferme la pauvre momie dans un produit de consommation délavé et sans surprise.

Scénariste de JJ Abrams, Kurtzman s’emmêle dans une histoire qui doit en lancer d’autres mais qui ne commencent ou terminent jamais. C’est le problème du cinéma populaire américain aujourd’hui : il ne ferme plus ses récits. Il tente des débuts de quelque chose et puis c’est tout ! On attend les résultats au box office pour voir si on poursuit le développement.

Pour ouvrir le bal, le film a tout de même la bonne idée de féminiser la Momie. Elle est sensuelle et venimeuse. Parfaitement jouée par la Fraçaise Sofia Boutella, remarquée dans le dernier Star Trek. Mais elle n’est qu’un faire valoir de Tom Cruise, erreur de casting qui s’amuse dans les cascades et s’ennuie dans des dialogues abracadabrantesques. On lui colle une blonde inutile à ses baskets et il doit aussi affronter un Russell Crowe qui devrait justement freiner la bière. Dans le rôle de Jekyll, il est ridicule.

On pourrait rigoler mais le film est mal fichu, déterré, mal composé et d’une incroyable maladresse. Ca part dans tous les sens : ce n’est pas un film d’aventures,ni comédie fantastique, ni un film d’horreur. Les décors sont beaux mais il ne se passe strictement rien. Kurtzman est définitivement un scénariste ou un producteur mais il ne porte là aucune vision. C’est d’une pauvreté qui finirait pas faire rire. Mais ce type là a clairement une poussière dans l’œil. Ou tout un désert !

Avec Tom Cruise, Annabelle Wellis, Sofia Boutella et Russell Crowe – Universal – 14 juin 2017 – 1h45

Chanson d’actu: le dégagisme

The Weather

Mauvais temps pour l'écologie! Les Etats Unis veulent se retirer de la planète Terre! Les effets du réchauffement climatique continuent de progresser! Pond veut positiver autour du temps et nous offre quelques minutes de méditation!

Jay Watson, Jamie Terry, Nick Allbrook et Joe Ryan forme Pond, un groupe Australien qui a visiblement la tête à l'envers. Le groupe fait dans le psychédélisme moderne, héritier heureux des délires musicaux des Flaming Lips. Certains du groupe délirent aussi avec Tame Impala, autre rejeton du genre psyché avec des échos et des bidouillages en tout genre qui font planer!

Septième album, The Weather est un disque lumineux qui montre bien l'expérience d'un groupe qui a connu de nombreuses mutations et s'est essayé à des expériences diverses et variées. Ici Pond imite les années 80 avec toujours ce sens du montage sonore très éthéré mais habilement construit.

The Weather appartient à cette catégorie précieuse de disque qui se découvre petit à petit, au fil des écoutes. Il y a plein de surprises dans ce disque au ciel bleu qui nous fait tout de même oublier les mauvaises nouvelles. Au contraire, The Weather fait l'apologie de la création et de l'imagination.

Il se passe plein de choses dans cet album. La richesse du projet est déroutante mais réelle. Il y a un vrai lyrisme qui se dégage de l'ensemble. Le quatuor impressionne avec ses compositions hypnotiques qui paraissent si heureuses. Une vraie leçon d'hédonisme!

The Weather hante votre esprit. Il y a forcément un morceau qui se coince dans votre mémoire. Il y a un coté disjoncté qui va vous secouer. Il y a une rage qui fait que la musique reste une grande aventure. Pour les musiciens comme pour l'auditeur!

Marathon artists - 2017

!

L'été approche. Il est tant de mettre un peu de joie et de chaleur dans nos chroniques. Pour l'occasion on se promène dans un pays electro des merveilles!

Chapelier Fou vient de Metz. Pourtant il n'y pas de grisaille et de tristesse. Nous ne sommes pas dans une vision terre à terre ou une musique choquée par l'injustice sociale. Chapelier Fou propose l'évasion. La belle escapade. L'imagination au pouvoir!

Ses disques sont foisonnants et bourrés de trouvailles jubilatoires. Il a bien choisi son nom! Chapelier Fou n'en fait qu'à sa tête. Il a cette douce folie qui transforme l'electro en grande partouze de genres et d'instruments. Il regarde dans tous les sens et ne se limite pas à quelques samples bien sentis.

Ce nouveau disque réunit en réalité les trois premiers ep's, les toutes premières aventures musicales de ce Messin fantaisiste. Il y a déjà cette influence de la musique classique, des sons d'ailleurs et d'une électro frenchy. Son violon fétiche s'installe entre des rythmes froids et fait vraiment la différence!

Il convoque l'enfance. les chansons montrent l'évolution lente et intelligence du musicien qui s'exporte très bien en dehors de notre pays. Il y a déjà là une notion de jeu et on adore l'échange entre les instruments plus ou moins chaleureux.

C'est exigeant mais la musique nous transporte réellement. Elle nous inspire. Louis Warynski débloque notre imaginaire. Il a bien raison de citer Lewis Caroll: il nous permet de fuir la réalité pour un monde meilleur, prenant, ambigu et surtout mystérieux.

Ce sont ces petites enigmes qui font la force de la musique de Chapelier Fou. On tombe sous le charme de l'art du décalage. Le Messin a la tête dans les nuages et veut nous entrainer avec lui. Suivez le comme si c'était le lapin blanc d'Alice!

Chapeau pointu: turlututu!

Chanson d’actu: wonder woman

Get Out

Il y avait quelque chose de pourri dans le royaume de Jason Blum?

Mais son petit empire profite du succès et on voit se diriger vers son humble studio de plus en plus d'auteurs. Des vrais. Avec un point de vue. Et un amour du film de genre. Ce sont souvent des vieilles gloires mais le petit budget les pousse à se renouveler.

On s'étonnait de voir Barry Levinson réaliser un film d'horreur bien craspec, The Bay et depuis ca ne s'arrête pas: Jason Blum donne une liberté qui semble plaire aux cinéastes. On en veut à Blum d'avoir inventé le Found footage (de gueule) avec sa saga nullissime Paranormal Activity mais on révise au fil des ans l'avis sur le producteur car il donne des sous pour des séries B qui en disent long sur l'Amérique (Sinister, American Nightmare ou les derniers Shyamalan). De vieux briscards veulent bien tournés pour lui et des jeunes loups se font les griffes chez lui. Une bonne école donc!

Blum, homme d'affaires avisé, a fait main basse sur le petit budget horrifique mais pas idiot. Aux effets sanguinaires, il préfère la réflexion au delà du récit terrorisant. Et le destin de Chris Washington va connaître un période assez traumatisante: photographe noir, il doit rencontrer ses beaux parents au fin fond d'une champêtre Amérique qui ferait passer le décor de Desperate Housewives pour un ghetto délabré.

Chris est généreusement accueilli par les parents de la belle Rose mais petit à petit, le petit ami va découvrir des attitudes plutôt étranges à son égard. Tous les noirs de la ville se comportent bizarrement et les membres de la communauté l'observent avec une certaine distance. Chris commence à douter des meilleurs intentions de ses hôtes.

Le discours social est facile à comprendre mais il a le mérite d'exister. Jordan Peele instaure la question raciale dans un film de terreur, lisse mais obsédant. Le diable est dans les détails et l'ambiance paranoïaque se développe grâce aux découvertes saugrenues du jeune photographe.

C'est certainement une photographie de l'époque dans laquelle nous vivons, mais c'est aussi un plaisir de retrouver ce style de série B, où l'économie de moyens n'empêche pas une grande efficacité. On pourrait même penser à Carpenter ou Dante, avec cette façon ludique de toucher à des choses sensibles l'air de rien, avec l'apparente envie de distraire tout simplement.

Bien joué, le film a réussi un gros coup commercial et continue de pousser Blum vers des films ambitieux mais pas couteux. A Hollywood, on adore les gros budgets, les super héros et les grandes catastrophes tout en images de synthése: le succès de Blum devrait peut être permettre de revoir une production plus accessible et qui n'a pas peur de voir les choses en face! Même pas peur!

Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener et Bradley Whitford - Universal - 03 mai 2017 - 1h35

Caravelle

L'été s'annonce chaud. La sécheresse rampe lourdement dans nos départements. Rien de tel qu'un bon disque électro pour bronzer. Mais attention aux coups de soleil

Deux DJs du Baron s'allient pour créer un duo qui rêve de soleil. L'electro sait être froide, glacial et fascinante. Elle se transforme en chaleur si l'on sait s'y prendre. C'est le cas de Polo & Pan donc qui connaissent tous les artifices du genre. Ils vont être à la mode tout l'été dans les rooftops qui chauffent et les soirées branchées en plein air!

Caravelle va donc tout faire pour être le disque solaire. Polocorp (Paul Armand-Delille) et Peter Pan (Alexandre Grynszpan) s'applique à choper tous les tics qui réchauffent. C'est assez réussi. Il y a de la guitare élégante. Il y a des voix féminimes. Il y a une ambiance de bord de mer.

On sent le sable entre les tongs. On devine les fantaisies moites d'un jeu de plage. On voit les corps bronzés et les désirs secrets. Tout cela est absolument bien rendu! Hélàs tout cela ressemble plus à un exercice de style qu'autre chose. Ca manque un peu de sincérité.

La sophistication et les références sont trop complexes finalement. On se laisse avoir mais la démonstration empêche une totale adhésion. C'est le disque de saison mais rien d'autres. Il y a des mélodies exotiques. Des envies de tropiques nous viennent pourtant il y a un vrai manque. Mais on n'est pas loin de l'insolation. Les deux plagistes en font beaucoup! Leur volonté est louable mais on transpire un peu trop! Un peu d'ombre, finalement, c'est pas mal!

Hamburger records - 2017

Wonder Woman

Il y a une éternité, Joss Whedon, papa de la série Buffy contre les Vampires et futur réalisateur de The Avengers, imaginait une adaptation de la super héroïne sur grand écran avec Sandra Bullock. Merci le projet est rapidement tombé à l'eau.

Aujourd'hui c'est Gal Gadot qui joue la plus célèbre des amazones! Elle est belle. Elle est forte. Elle nous en met plein les mirettes. Cette actrice semble être née pour jouer les femmes fortes et populaires. Au delà de son physique, elle peut jouer le mouton craintif comme la farouche en furie. On espère qu'on lui donnera des rôles un peu plus complexes dans les années à venir. Ca doit valoir le coup. Cependant elle a actuellement un contrat avec DC Comic, le concurrent de Marvel qui tente de se démarquer avec des Batman et Superman plus ambigus que la moyenne!

D'ailleurs pour l'occasion, le studio est allé chercher la discrète Patty Jenkins, réalisatrice de Monster, film qui avait valu un Oscar à Charlize Theron en 2003. Il y a une éternité aussi. Depuis Jenkins travaillait pour la télévision et la revoilà donc à la tête d'un blockbuster super costaud mais aussi féministe.

Ca va nous changer des gros costauds de l'espace, des monstres verts et des milliardaires mégalos robotisés. Normalement, notre super gonzesse ne va pas faire dans la virilité hypertrophiée et les blagues vaseuses face à la mort! Avons nous le droit de voir autre chose?

Pour un blockbuster, Wonder Woman commence mollement. La réalisatrice nous refait 300 (Zack Snyder produit Wonder Woman) avec des nanas menées par les magnifiques Robin Wright et Connie Nielsen. Il est certain que le Monde irait mieux avec de telles dirigeantes!

Mais sur leur île mystérieuse, elles forment les amazones pour un probable combat contre le dieu de la guerre, Arès. Elles font une place à part à la petite Diana, princesse intrépide qui va rapidement grandir pour devenir l'incroyable guerrière au ventre plat et à l'innocence touchante.

Un homme déboule dans l'île et évidemment brise le calme ambiant. A l'extérieur de ce havre de paix, la Première Guerre Mondiale fait des ravages. Un belliqueux général allemand fait encore plus de dégats que les autres. La jeune et belle Diana est prête alors à quitter son île pour botter les fesses de tous les fous de guerre!

Et le film s'améliore au fil des minutes. Le kitschissime concept de Wonder Woman, déesse au lasso de vérité s'estompe pour donner un film d'aventures, à l'ancienne, un peu comme le premier volet de Captain America, une des meilleures adapatations de super héros à l'heure actuelle.

L'humour fait son apparition aussi. Les decors sont synthétiques et peu convaincants mais le film développe des personnages attachants, au détriment de méchants un peu fadasses. On devient donc très indulgent car ce qu'il ressort de cette énième adaptation c'est la candeur humaniste de l'héroïne, pourtant arme redoutable pour mettre les vilains en pièces.

Le révisionnisme historique (c'est un peu grace à elle que le Monde stoppe la Guerre) permet une distanciation salutaire. Jenkins protège son personnnage de la laideur de Monde et célèbre la sincérité de son combat simple et binaire. A trop aimer sa super héroïne, la production a oublié de faire un film original. C'est assez classique mais le féminisme du spectacle apporte un peu de tendresse et de nouveauté à une uniformisation rampante des films de super héros, corsetés de plus en plus dans de moches costumes! Ce qui n'est pas exactement le cas ici!

Avec Gal Gadot, Chris Pine, Danny Huston et Connie Nielsen - warner bros - 7 juin 2017 - 2h20

Singles

Le petit monde du rock est en deuil après le décès inattendu de Chris Cornell, leader de Soundgarden et figure héroïque du grunge. Hasard du calendrier la bande originale de la comédie romantique de Cameron Crowe, Singles ressort aujourd'hui avec des inédits exceptionnels qui nous rend mélancoliques!

Amoureux du rock, Cameron Crowe, réalisateur de Jerry Maguire pour citer son plus grand succès, avait célébré le grunge dans un petit film, Singles, avec un Matt Dillon aux cheveux longs et une charmante Bridget Fonda. En 1992, le film voulait sentir son époque et les chansons venaient pour la plupart de Seattle.

On entendait donc sur la BO, le son de Mudhoney, Pearl Jam, Screaming Trees, Soundgarden et même la guitare magique de Jimi Hendrix. Un joli catalogue où il manquait Nirvana mais on ne va pas se plaindre car le réalisateur a bon goût et réunissait de bien belles références.

Hélas, tout ce petit monde a disparu. Les groupes sont séparés. La grande faucheuse continue de moissonner. En écoutant le premier disque de cette remasterisation, on est bien nostalgique de cette époque où des petits jeunes prenaient les armes (euh les instruments) pour échapper à un morne quotidien et sauver une noble énergie: une jeunesse qui prenait le pouvoir et faisait du rock comme si c'était vital, voilà ce que l'on entend à nouveau dans cette bande originale.

Mais 25 ans après la sortie du film, Crowe et ses amis n'ont pas perdu la foi et offre une second disque d'inédits encore plus impressionnants. Evidemment, la mort de Cornell est pour quelque chose dans cette affection retrouvée pour cette compilation.

Mais qu'est ce que ca foisonne dans ce supplément. On est subjugué par ces guitares si vivantes. On entend les chants sombres mais magnifiques de Cornell ou Layne Staley (le chanteur regretté d'Alice in Chains). La production des chansons est simple mais tellement réelle.

Au delà du contexte, le disque révèle l'importance de jouer ensemble, de faire du rock à plusieurs, de la catharsis, du besoin de création, de la sève bouillonnante du rock, de l'humanité qui se dégage. Sans complexe et sans grand moyen aussi! C'est une leçon admirable que nous donne cette ressortie. Tous ses singles sont un vrai régal et un optimisme qui finit par prendre le dessus sur notre mélancolie et le deuil!

Sony - 2017

Bid Bad Luv

On n'attaque pas le physique mais tout de même: John Moreland n'aurait pas fait tache dans film de John Boorman, Delivrance. Un bon gros redneck qui entretient son look de plouc de l'Oklahoma. Pourtant John Moreland est un super chanteur de blues. Une révélation!

Il aime le blues. Le vrai. Celui qui se roule dans la poussière du sud des Etats Unis et les déceptions de l'existence. Il parle de la vie courante. Il s'inspire de ses amis. Il observe la dureté de la vie. John Moreland transcende tout cela avec sa guitare et sa vision un peu dépressive du blues. Il pourrait sans aucun problème être le fils spirituel de John Mellencamp.

L'Amérique d'en bas, voilà donc l'éternel sujet du blues et de ces chansons tristes où il y a une lueur d'espoir dans les riffs glissants de ce binoclard incroyable. Car son disque réserve de belles mélodies et une voix qui hante votre mémoire au bout de quelques minutes.

Cette année, il y a quelques très bonnes surprises dans le blues, genre un peu trop cadenassé et John Moreland confirme ce regain de forme et ce nouvel intérêt des jeunes pour les rythmes primaires. Moreland aime la tradition mais il amène des nuances rares.

Big Bad Luv peut être l'album idéal pour un roadtrip. La magie de sa guitare nous transporte. Sa mélancolie ne manque pas d'énergie. On s'excuse rapidement d'avoir vu un gros barbu pour rencontrer un artiste sensible, assez fascinant. En fin de compte, le grand méchant amour nous frappe: on adore ce gars!

4AD - 2017

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