Les fils d’Odin, Harald Gilbers, éditions 10/18

 

 

Début 1945 à Berlin. Hitler tient bon malgré l’attentat perpétré contre lui en juillet 1944. Mais l’homme a vieilli et ses proches devinent que la guerre est perdue. La plupart décident de partir, pendant que les habitants tentent de survivre. Car Berlin souffre de toutes parts. La ville est attaquée, bombardée par les Alliés, les immeubles s’effondrent et les rues sont impraticables. Mais il reste encore un certain nombre de nazis qui ne veulent pas croire à la fin du IIIe Reich et continuent à pourchasser les Juifs.  Même en mars 1945, lorsque les troupes alliées entrent en Allemagne.

Richard Oppenheimer, ancien commissaire de police juif, se cache dans cette ville dévastée, loin de sa femme aryenne, sous un faux nom. Hilde, médecin et opposante au régime, l’aide comme elle peut.

Jusqu’au jour où elle est accusée d’avoir assassiné son ex-mari, un médecin SS qui aurait pratiqué d’horribles expériences sur des êtres humains à Auschwitz.

Oppenheimer est persuadé de son innocence. Il a trouvé une étrange épingle qui pourrait être liée à l’affaire. Cette quête éperdue d’un personnage qui se sait traqué, mais reste courageux et humble à la fois, a quelque chose de puissant. Et pourtant, Oppenheimer est comme tant d’autres à l’époque. Il se cache, il a faim, il est très fatigué et craint pour sa vie. Il se méfie des autres et a appris à parler avec précaution.

Le style d’Harald Gilbers est fluide, les descriptions si subtiles et précises qu’on vit littéralement ce récit. Les abris anti-aériens paraissent réels : escaliers, odeurs de terre, odeurs de peur, le temps qui passe si lentement. L’angoisse et l’impatience de ceux qui s’y cachent est palpable. Les voyous bien nourris et magouilleurs ? On les voit. Et combien de portraits de ce genre a-t-on pu lire en France, quelques années après l’Occupation ?

Certains repères – le vélo d’Oppenheimer, les autres amis d’Hilde – permettent de s’imprégner encore davantage de l’histoire. Seule faiblesse : la description de la secte fanatique, qui manque d’épaisseur. On n’y croit pas. Mais tout le reste nous emporte.

 

 

Les fils d’Odin, Harald Gilbers, éditions 10/18, 540 pages

 

 

 

Chanson d’actu: le choix

Perplexagon

Je ne sais si c'est moi mais j'ai remarqué que Jean Michel Jarre était bel et bien revenu au sommet de l'electro. Ce type a totalement été ringardisé pendant une vingtaine d'années et désormais il a obtenu un statut de pionnier qui l'autorise à faire des tournées partout en France, dans le Monde et d'être invité sur d'autres disques avec une place de choix dans le petit monde vombrissant de l'electro.

Je ne sais si c'est moi encore mais John Carpenter, le réalisateur d'énormes classique de l'horreur (Halloween, The Thing et beaucoup d'autres) est désormais musicien. Sa musique minimaliste aidait à la terreur dans ses films. Son style a influencé pas mal de bidouilleurs de sons. Il termine une tournée mondiale avec ses compositions.

Je ne sais pas si c'est toujours moi mais je sens la musique électro un poil nostalgique. Ce que confirme l'écoute du disque du finlandais Kebu. Il y a des épaulettes qui poussent sur vos vêtements et des envies d'aller glander au "Freetime" (si j'en ai, j'ai perdu les lecteurs jeunes).

Kebu a une tronche d'inge-son et il tournicote au milieu de synthétiseurs de toutes les marques et de toutes les époques. Même s'il a clairement une passion pour les premiers synthés old school, ceux qui ont fait la joie de Vangelis, Kraftwerk et notre Jean Mimi national!

Comme lui, on devine chez Kebu une volonté de faire dans l'efficacité la plus exaltée!! Ca fonctionne plutôt bien d'ailleurs. Il monte des petites symphonies électroniques qui vous aideront à passer une bonne journée dans les transports en commun, en imaginant un monde meilleur, futuriste et passionnant. Il remplit sa mission: il nous sort de la morne vie.

Alors je ne sais pas si c'est toujours et encore moi, mais voilà un album réussi, qui permet l'évasion et rappelle les grandes heures de la découverte. C'est une musique de geeks mais pas seulement: il y a du coeur dans ce revival. Kebu est un grand passionné visiblement: ca s'entend et c'est forcément la grande qualité de ce disque rigolo mais pas que!

Secret Entertainment - 2017

Erich Von Stroheim, Christophe Pellet, Stanislas Nordey, Rond Point

 

 

Lorsque le public s’installe, il y a un homme nu sur scène sur un grand plateau vide à l’exception d’un fauteuil. Il restera nu tout au long de la pièce. Il est « l’Autre ».

Deux autres personnages participent à ce trio explosif : Il est «l’Un» et il sera torse nu. Elle est “Elle”, vêtue d’une robe noire, simple et élégante. Elle dirige une entreprise, l'Un est acteur porno, l'Autre vit en marge. La femme règne en maitresse implacable sur ce singulier triangle amoureux.

 

Derrière l’Un, il y a deux pans immenses, sur lesquels est agrandie une photo de Montgomery Clift et Lee Remick dans le Fleuve sauvage d’Elia Kazan. Image d’un amour fuyant, une femme nous regarde alors que l’homme porte son regard au loin. Bientôt l'image va se fendre, s'ouvrir tel un portail pour dévoiler une immense chambre vide. Le drôle de jeu sexuel et existentiel du torride trio va pouvoir commencer.

 

La pièce est violente et brute, questionnant sur le rapport du corps objet, la domination, le pouvoir et le sexe. Les corps sont écrasés par ce décor qui ne cesse de s’ouvrir et de se fermer.

Le décor semble engloutir les corps, recrachant à chaque fois le même scenario. Deux corps s’affrontent principalement, une violence urgente de s’appartenir, de s’unir sexuellement mais pourtant, les émotions restent bloquées. A travers les mots et les gestes se dessine un avenir incertain de possession. Qui possède l’autre ? Qui gagne du dominé ou dominateur ?

 

Les changements de scène sont rythmés par la voix de la Callas. Sa voix contraste avec la dureté de la pièce, le son de sa voix apporte grâce et intensité à ce trio décadent.

 

Porté par l’intensité du jeu des comédiens et du texte, on sort troublé de ce spectacle fort et énigmatique.

 

Jusqu'au 21 mai 2017

Théâtre du Rond-Point

Erich Von Stroheim

De Christophe Pellet – Mise en scène Stanislas Nordey

Avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzalez, Laurent Sauvage en alternance avec Victor de Oliveira

 

 

 

Chanson d’actu: conseil pour le duel

Yesterday’s gone

Et si le meilleur rapper du moment était britannique? Du rap à écouter avec du thé et des petits biscuits? Je vous jure, c'est tendance!

On parlait il y a peu de la suprématie de Kendrick Lamar, de son rap brillant, de ses références intelligentes. La pochette du premier effort de Loyle Carner est une réponse amusée à la star américaine. Le même noir et blanc que To Pimp a Butterfly. Une photo de foule. Sauf qu'ici il n'y a que des personnes "normales". Dans un décor sans conséquence de South London. L'inévitable humour anglais se trouve même chez les rappers!

On avait découvert son flow décontracté dans quelques chansons de Tom Misch et le voici donc l'heureux papa d'un excellent disque de rap: Loyle Carner est un grand dadais qui cache un sacré talent derrière une nonchalance qui le protége.

Lorsque l'on entend le velour musical qui entoure sa voix envoutante et remuante, on se dit que ce Britannique a tout pour devenir un grand nom du genre. Comme Lamar, le jazz donne un aspect mélodique et méthodique à son premier essai qui ressemble à un coup de maître. C'est facile mais l'album est simplement éblouissant.

On est charmé par ce type de 22 ans qui évite habilement les poncifs du genre. Sa simplicité fait sa force. Il ne gonfle pas les pectoraux mais travaille ses arrangements avec une aisance incroyable.C'est un lad du rap. Il aime le foot, Shakespeare et d'autres bizarreries typiquement british.

Mais il raconte son histoire. Intime. Tragique. Passionnante. Il transcende tout grâce à sa musique et sa personnalité détendu de chanteur doux amer. Le quotidien est sublimé par ce jeune gaillard qui va nous faire regretter une fois de plus le Brexit...

Universal - 2017

Saintmoteltelevision

Allez, dernières impressions de la Californie et ses fortes chaleurs. Pour bien transpirer, on vous conseille l'écoute énergique de Saint Motel, petite pépite de Los Angeles.

La première joie de l'album de Saint Motel se nomme Move et vous mettra sur orbite. Un refrain presque idiot pour vous faire sourire bêtement. Il y a pas mal d'hédonistes en Californie et visiblement le quatuor de Saint Motel ne cherche que le bien être. Il vous conseille de bouger, leur premier titre va irrésistiblement vous obliger à bouger le popotin!

A/J Jackson, Aaron Sharp et Greg Erwin font une école de cinéma en Californie puis rencontre le bassiste Dak Lerdamornpong et forment donc un groupe de rock qui a le sens du rythme mais pas seulement. Leurs chansons donnent à voir des images. Souvent de fêtes. Et c'est déjà pas mal du tout! On s'éclate sur les chansons de cet album plein de vigueur!

Les titres s'enchainent. Les chansons ne dépassent pas les trois minutes mais elles vous font véritablement du bien. Elles trouvent toute la séve juvénile du rock indépendant, faussement candide et terriblement julitoire.

Le quatre garçons ont bien les cheveux dans le vent du Pacifique. Ils sont les héritiers des Beach Boys par cette volubile envie de danser et aussi de laisser passer quelques failles intérieures pour en faire un énergique mélange d'émotions.

C'est psychédélique, disco, rock et décontracté. Les vieilleries sont remises au gout du jour. Ils ont aussi un oeil sur la pop anglaise qu'ils réchauffent de leur histoire californienne. Ils en font trop mais on est tellement content de faire la fête avec eux, que l'on veut bien pardonner leurs quelques écarts de bonne conduite! La vie est une fête! C'est ce que nous rappelle ces drôles de Californiens, hors du temps et hors des sentiers battus. Ils resteront un excellent souvenir de ce voyage!

Elektra records - 2016

Chanson d’actu: Premier Mai

Chanson d’actu: les promesses de politiciens

Hippopopopopopopopopopopotame

Gérald Genty s'amuse avec les enfants. Ca fait un disque. Et en plus il est bon!

Gérald Genty n'est pas très sérieux mais il est doué. Il aime les petites histoires simples, drôles et rapides. Il peut écrire une vraie mélodie ou simplement quelques lignes pour faire rire. Il compose de courtes fables avec de l'humour salvateur. Il frole la poésie avec ce sens découpé et dadaïste de la musique!

Il revient donc accompagné de deux bambins qui commentent les chansons ou s'inscrustent sur les titres. Gerald Genty sort son quatrième album mais heureusement ce n'est pas celui de la maturité. C'est tout le contraire.

En trente trois minutes, le chanteur réussit trente huit chansons rapidement exécutés mais toujours légères. Ca pourrait être le tout petit frère de Matthieu Boogaerts. Le minimalisme va très bien à Gérald Genty qui s'éclate comme un gosse dans une cour de récré.

Il se permet des fulgurances et de jolies mélodies. Il tournicote autour de jeux de mots plus ou moins foireux mais toujours joyeusement assumés. Il pourrait lasser mais cela va trop vite. Il rebondit d'idée en idée.

Il fait des bétises avec le sourire et rigole de tout! Il fanfaronne. En quelques secondes, il peut jubiler. C'est que l'on ressent tout le long de cet album au titre longuet mais bel et bien enfantin. On regresse avec bonheur en sa compagnie.

Si vous cherchez une alternative à Henri Dès ou Anne Sylvestre, ce disque a sacrément du style et du caractère!

Pias - 2017

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