Acoustic

Il y a très très longtemps sur une lointaine galaxie (les années 80), un groupe qui pouvait concurrencer sans rougir avec U2 et ses tubes pour stade. Il semblerait que ce groupe est encore la foi. Bonne nouvelle.

On aime bien les perdants. Ceux qui se battent contre vents et marées pour exister. C'est un peu le cas de Simple Minds, groupe emblématique des années 80 qui continue d'exister, malgré les échecs et l'ignorance. Jim Kerr et ses copains continuent de bricoler des chansons pop rock, un peu diluées certes.

Ils ont tout de même une discographie d'une quinzaine d'albums. Malgré le déclin, les Ecossais ont toujours cru en leur style, un mélange de pop et soul gentillette. Aidé par un guitariste brillant, Charlie Burchill, Jim Kerr semble toujours croire en sa bonne étoile.

Cette détermination est belle même s'il faut reconnaître que leurs derniers efforts sont sans grand intérêt. D'où la valeur de cet album acoustique. Ils reprennent bien entendu leurs tubes qui font toujours du bien aux oreilles et qui réveillent forcément des souvenir à tous les quadras.

La new wave c'est fini pour eux. Ils sont désormais de vieux briscards qui veulent jouer sans cesse. Débranchés, ils font valoir la qualité de leurs chansons, venus d'un autre temps. On les imagine raconter par le biais de cet album, leur glorieuse aventure dans les années 80 même s'il y a des titres méconnus repris aussi.

Ce n'est pas la révolution mais bon ce sont des vestiges tout à fait fréquentables, qui nous font sourire et un peu espérer.

Blair Witch

Il y a des années, la forêt de Blair Witch faisait peur avec quelques petits cailloux. Aujourd'hui, ca ne fait plus peur et on ne voit même plus les petits cailloux!

A la place il y a rien... vraiment rien. Depuis Paranormal Activity, le found footage est devenu à la mode dans le cinéma d'horreur et cela donne une ribambelle de séries B souvent mal torchées et mal jouées. C'est le cas de ce nouveau volet de la saga inutile de Blair Witch.

Le premier film se suffisait à lui même avec son concept minimaliste, ses idées rigolotes et son système D qui allait lui garantir un immense succès. Les auteurs du film d'ailleurs ne s'en sont jamais remis. Comme leurs héros, ils ont disparu eux aussi.

Idem pour le second opus, complètement crétin et sans saveur. En plein folie, du "camescope qui filme des fantomes", Blair Witch a de nouveau sa légitimité car il est presque le fondateur du sous genre! Réalisateur de petits films d'horreur sympathiques, Adam Wingard semblait être la personne idéal pour mettre les pieds dans la forêt de malheur. He bien non, il aurait mieux fait de poursuivre son chemin vers des récits plus originaux.

Puisque le drame se reproduit sans cesse: des zigotos décident de percer le mystère de la forêt de Black Hills dans le Maryland. Ils se filment sans arrêt. Partout il y a des interdictions d'entrée. Mais ce n'est pas grave. Alors qu'ils connaissent la légende ils y vont joyeusement. Parce qu'ils ont un drone. Même quand une menace leur colle aux baskets, ils filment. A l'heure du selfie, ca ne nous surprend plus. Tiens un monstre qui me poursuit... et hop, sur snapchat!

Bon les héros de ce genre de spectacle ont généralement de la marmelade dans la tête mais là tout est liquide dans le cerveau des six randonneurs en mal de sensations fortes. On est bien content qu'il existe une vieille malédiction ou une sorcière champêtre pour décaniller tout ce petit monde! Car en plus d'être joués par des mauvais comédiens, les personnages sont agaçants et mauvais réalisateurs: la moitié du film, ils montrent des arbres dans le noir. Super comme divertissement?!

En tout cas, on baigne en plein cauchemar: voilà tout ce qu'il ne faut plus faire dans un film d'épouvante. Blairwitch, troisième du nom: aux orties!

Avec Callie Hernandez, James Allen McCune, Brandon Scott et Valorie Curry - Metropolitan video - 2016

KARAMAZOV, Dostoïevski, Bellorini, Théâtre Gérard Philippe

Jean Bellorini nous emporte à travers l’œuvre éternelle de Dostoeiveski: Les Frères Karamazov.

 

Comme dans “Paroles Gelées”, “Liliom”, “Un fils de notre temps” ou encore “Tempête sous un crane”, Jean Bellorini sait choisir les mots les plus puissants, leur associer de magnifiques ombres et lumières, orchestrer savamment le tout, et ainsi nous atteindre et nous captiver.

 

          Jean Bellorini fait entrer dans l’intimité des personnages grâce à une scénographie particulièrement ingénieuse, faite de cases en verre parfaitement transparentes et de plateaux roulants, qui tels des prismes sensoriels, donnent à voir tout l’éloignement capable de subsister dans une proximité.

 

          Aucun centimètre carré de la scène n’est oublié. Celle-ci est sans cesse renouvelée réinventée et l’on découvre une profondeur inattendue, un angle nouveau. Aucun  instant non plus n’est négligé comme si s’imposait une obligation vis à vis du spectateur, de ne jamais le lasser, le décourager, toujours l’émerveiller. Et, chaque seconde témoigne d’une quête inépuisable de beauté et de sensibilité. Une démonstration que ces celles-ci sont partout pour celui qui sait les trouver, les chercher.

 

          Plus qu’un spectacle, “Karamazov” c’est une épopée en huis-clos, l’espace d’une demi-journée (4h20 au total divisées en 4 sous-parties) dans les profondeurs de l’âme, de nos vies, leur poésie et leur beauté. Car on se sent à l’abri dans le théâtre de Bellorini (ici son propre théâtre, le Théâtre Gérard Philippe de Saint Denis) et on se sent aimés. Là tout semble possible, accessible, comme une oeuvre telle que les Frères Karamazov qui aurait pourtant pu nous impressionner par sa taille, sa complexité, mais à laquelle on est surpris d’adhérer aussi rapidement, aussi facilement, tellement l’écriture et la mise en scène se rejoignent dans leur atteinte de la vérité, par principe incontestable.

 

          Qui mieux que les fabuleux comédiens-chanteurs-musiciens de la compagnie Air de lune, tellement beaux dans leur simplicité, leur naturel et leur contemporanéité pour incarner les personnages « Dostoievskiens » ? Tout dans leur jeu jusqu’aux cris, larmes et scènes de folies sonne parfaitement juste et crédible. Ici, pas de recherche de perfection plastique ou de dictions pompeuse, au contraire chacun semble poussé, encouragé, à être lui-même et à se donner entièrement et totalement jusqu’à épuisement physique et moral. Quelle meilleure garantie de toucher le vrai? Les comédiens et musiciens apparaissent tellement proches et accessibles qu’on se surprend à envisager de les rejoindre. Car il ne fait plus de doute qu’on a tous une place sur cette scène, qui n’est autre que le grand théâtre de la vie. Leur jouissance à laisser éclater leur amour, leur rage, leur folie dans un texte aussi puissant, tout en disposant de l’insolente liberté de l’entrecouper d’un petit air d’Adamo, est manifeste, jalousée.

 

          Plus qu’une pièce de théâtre, Karamazov devient un chant international et populaire, où l’humain aussi faible qu’il puisse parfois s’avérer, est fidèlement écouté, pardonné, célébré. A l’image des trois frères Karamazov, de leur père ou des femmes qu’ils ont aimées, on a devant les yeux les infinis facettes de notre espèce, si changeante et si touchante, capable du pire comme du meilleur, s’accommodant tant bien que mal de son besoin de croire et de trouver du sens.

 

          On ressort de Karamazov touchés, presque apaisés, que nos souffrances et nos questionnements soient si largement partagés. On en ressort également élevés, renforcés par cette piqûre de rappel que des oeuvres aussi puissantes soient à notre disposition et puissent  encore être si magnifiquement adaptées ; heureux de se dire que des théâtres comme celui de Jean Bellorini existent et ne se découragent pas à offrir encore et toujours des moments de communion et de beauté.

 

Du 5 au 29 janvier 2017

Au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis

Lundi, jeudi et vendredi à 19h, samedi à 18h - Dimanche à 15h

Durée 1ère partie: 2h20 / entracte: 15min / 2è partie: 2h

D’après Les Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski

Traduction André Markowicz

Adaptation Jean Bellorini et Camille de la Guillonnière

Mise en scène Jean Bellorini

 

GRAND SYMPOSIUM : TOUT SUR L’AMOUR, Emma la clown, Catherine Dolto, Théâtre de Belleville 

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Il suffit de lire le titre de ses spectacles pour savoir que Meriem Menant, alias Emma la clown, ne craint pas d’aborder des sujets sérieux, voire dramatiques : « Emma mort : même pas peur », « Emma la clown en Afghanistan », « Dieu est-elle une particule ? », « Emma sous le divan »…

Pour la 3ème fois, elle propose une conférence-théâtre avec Catherine Dolto (oui la fille de Françoise, haptothérapeute et écrivain). Cette fois, c’est une « conférence-thérapie » pour reprendre le thème de L’Amour, « là où Platon l’a laissé » avant elles, en toute humilité bien sûr !

Ces drôles de conférencières font intervenir des scientifiques de renom (interventions transmises sur grand écran) : historien, gynécologue, ethnologue, physicien et philosophe, pour nourrir sérieusement le débat.

Catherine tient le fil de la conférence, tandis qu’Emma s’ingénue à prendre des chemins de traverse. Bien qu’elles n’en soient pas à leur première collaboration (la première date de 2005), elles jubilent toujours autant (Emma ramène parfois Catherine les pieds sur les planches lors d’un fou rire inopportun).

On en sort enrichi (on aborde les formes d’amour chez les Grecs, la mémoire phylogénétique, la psychologie trans-générationnelle, la quête de sens) et ragaillardi après un bon fou-rire.

 

Du 8 au 30 janvier 2017

Les dimanches à 17h et les lundis à 20h.

Au Théâtre de Belleville 

Résa : 01 48 06 72 34

Oczy Mlody

Revoilà les bisounours du psychédélisme, les enchanteurs du bidouillage, les dieux de tout Californien haut perché... le quinzième album des Flaming Lips montre à quel point le groupe vole toujours et encore dans les étoiles et les nébuleuses.

Ce groupe a un grand mérite: il a une légende. On ne compte plus les anecdotes sur ce groupe farfelu de Wayne et Marc Coyne (parti rapidement), qui a grimpé de l'underground au top de la hype avec une douce folie innée et une sorte de jemenfoutisme qui rend le groupe réellement intouchable.

Voilà un groupe qui depuis 1983 donne tout son sens au mot "expérimental". Si les Flaming lips se fume, vous pouvez être sûr que c'est de la bonne. Difficile de les suivre. Dernièrement, on les croisait sur l'album de l'adolescente rebelle qui aime jouer à touche pipi, Miley Cyrus. D'ailleurs on va la retrouver dans ce disque au titre digne d'un album de Magma. Ils aiment bien leur statut d'extraterrestres: ca leur permet d'atterrir là où ils veulent. Peter Gabriel, période Genesis, peut aller se rhabiller!

Une fois de plus leur représentant sur Terre se nomme Dave Fridmann, producteur qui les suit depuis bien longtemps et fait tout pour concentrer leurs efforts et leur énergie débordante. Quand ca fonctionne, cela donne le magnifique The Soft Bulletin, pépite de pop explosive et vivifiante.

Ca fonctionne plus ou moins bien selon l'envie des artistes le reste du temps. Ce quinzième album a l'ambition évidente de revenir un peu à la formule gagnante des Flaming Lips: de jolies pirouettes sonores colorées. Mais attention à l'éparpillement!

Aussi la première chanson nous emmène t elle sur leur planète, où l'on redécouvre des réverbérations et des échos en tout genre? La voix intervient sur le second titre et elle aussi est trafiquée pour nous transporter dans un monde bariolé, qui a ses secrets.

Ils sont parfois bien enfouis. On glisse parfois sur des rochers opaques et sonores. Ce n'est pas facile de comprendre leur démarche tant ils peuvent partir vers un ailleurs bien barré, au delà du psychédélisme, pas loin du foutage de gueule arty. Mais de temps en temps, plus c'est gros, plus ca passe!

Heureusement il y a des pépites aussi. On fore dans leur musique pour arriver à des endroits plus pop et apaisés. On reconnait avec plaisir des vrais talents d'écriture. Le style est plus électro et moderne mais il y a des idées lumineuses comme l'impressionnant There should be Unicorns ou le solaire Sunrise.

Comme d'habitude, il faut laisser du temps pour mûrir un avis sur ce groupe inclassable qui ne fait rien comme tout le monde. On est souvent dérouté mais comme les grands disques, il y a des petits secrets qui se livrent à chaque écoute et on adore finalement l'ambition des arrangements, même s'ils sont parfois déjantés.

Warner Bros - 2017

Chanson d’actu: Mise en vente du concert de U2

Ping Pong

Iggy Pop les adore. Venez vous baigner dans le punk charmant des Jacuzzi Boys.

Ce qu'on attend d'un bon jacuzzi? De la détente. Un peu de sueur et hop! Nous voilà tout frais pour affronter la vie. Diego, Gabriel et Danny veulent aussi bien suer mais avec leurs instruments de musique. A Miami, il fait déjà chaud mais le climat ne leur suffit pas: on les imagine s'énerver dans les petits clubs sur quelques riffs futés.

Car le trio joue vite et fort. Ils n'aiment pas les douces harmonies. Ils poussent les enceintes à fond et apprécient les effets de la saturation. Normal qu'Iggy Pop rebondit sur leur musique. Il y a encore des petits jeunes qui croient aux vertus d'un bon vieil ensemble, guitare basse batterie! Si plus de gamins pouvaient suivre leur exemple, ca serait une bonne chose! Même pour lutter contre l'obésité!

Les Jacuzzi boys ont de l'humour. Chez eux, on joue au ping pong. Le ping pong du garage a été remplacé par des instruments de musique pour qu'ils puissent se défouler. Eux aussi transpirent! Ils transportent tous les artifices du punk vers une pop énervé. Leur entrain pourrait rappeler le Supergrass des débuts.

Effectivement, ils ont plus la culture anglaise que le rayonnement du sud de l'Amérique. Ils font semblants d'être affreux, sales et méchants. Ils sont parfois dans la démonstration mais le disque tient bien la route. Il réussit effectivement à nous déhancher un peu. On sue ce qu'il faut. Mais on reste sur le carreau sur certains morceaux. En tout cas, on a trouvé des bons partenaires de jeu pour perdre quelques litres d'eau! Plus qu'un trio punch, des coachs sportifs!

Jacuzzi boys - 2016

Chanson d’actu: la grippe est là, les docteurs débordés

Hits with a twist

Il y a baucoup de musiciens dans le Grand Nord de l'Europe. Les vikings aiment le metal. Les Islandais font des bizarreries. En Finlande, on s'imagine dans les années 50 ou 60 et on s'amuse à imiter les ambiances lounge où l'on sirote des cocktails avec classe. Sympa!

Linear John vit à coté du Père Noel, en Finlande, grand pays enneigé dont on sait peu de choses. Il a en tout cas le goût de la fête. Mais il a peut être trop regardé Mad Men et ses capitalistes névrosés mais fort bien habillés. Linear John s'imagine inviter à un cocktail où il devrait animer la soirée dansante!

Il a donc écrit des chansons légères, à l'ancienne. Il a tout de même Beck comme référence donc sa vision du vintage a un certain reflet particulièrement moderne. Les Good Vibrations du musicien ne sont pas uniquement dues
à l'imitation du son des années 50.

Tout est suave mais il y a une petite intrusion de quelques bidouillages qui font du bien à entendre. Linear John fait un groove soyeux mais pas entièrement rétro. Comme Beck, il y a une fausse nonchalance qui s'exprime pour trouver une musicalité un peu différente que d'habitude. Linear John applique les standards d'une autre époque avec une orchestration beaucoup plus moderne qu'il n'y parait.

Il s'agit d'un disque qui cache des petits trésors de mélodies. Effectivement dans chaque titre il y a un petit twist pour se dire que l'on n'est pas dans la simple singerie. C'est un peu plus. Du travail bien fait par un artisan venue du froid et qui a bien la ferme intention de nous réchauffer!

Agogo records - 2016

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