Harlequin

Harlequin se reconnait à son habit coloré. Les tons automnaux de l'album nommé Harlequin mettent pourtant de la couleur resplendissante dans notre petite tête bien sonnée par l'actualité.

Car il y a là matière à rayonner et se réjouir. L'album de Alex Izenberg nous fait sourire d'abord par son apparente politesse. L'homme semble apprécier les songwriters des années 60 et reprend leurs harmonieux tics: belle voix claire. Orchestration pointilleuse. Un piano en tête. Des bidouillages élégants et psychédéliques.

Tout d'abord, l'album est une machine à remonter le temps: Comme Ben Folds ou Sufjan Srens, il impose une fausse légèreté d'écriture qui a la force de nous laver la tête de toutes les mauvaises nouvelles et les idées noires. Alex Izenberg fait du rock en robe de chambre avec quelques copains geeks. Il est atypique et on ne peut pas se plaindre de cela!

Il fait penser à Scott Walker pour la douce expérimentation et Brian Wilson pour la folie douce. C'est du bel ouvrage. On devine tout le tricotage artistique, au fil des chansons qui s'articulent bizarrement mais avec passion. Le Monde ne tourne pas très rond. Mais Izenberg montre que ce n'est pas forcément une mauvaise chose: ces compositions sont un peu baroques, barrés. Les instruments sont parfois en révolte mais il en sort toujours quelque chose d'élégant. C'est aussi ça l'art: ca donne de l 'espoir.

En tout cas, le recyclage du musicien est habile et nous entraîne vers de belles utopies musicales, où la dissonance a sa place et les rêves aussi. On sent que cela cogite sur les morceaux. Izenberg cherche vraiment l'originalité. Il veut ne ressembler à rien d'autres, que d'illustres et éloignés aînés. Il les imite à la perfection. Les couleurs changeantes de l'album nous subjugue. La petite comédie de Alex Izenberg est irrésistible même s'il en fait trop. Le trop peut être l'ennemi du bien mais ici la performance est réellement spectaculaire dans le bon sens du terme. Avec lui, le mois de novembre est un peu plus rayonnant!

Domino - 2016

Une chambre en Inde, théâtre du soleil, Ariane Mnouchkine

 

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Le parti pris audacieux mais pas si réussi d’Ariane Mnouchkine de rire des drames des hommes et de la planète. Voyage exubérant dans un théâtre aux formes multiples.

Le spectacle commence avant même le seuil du théâtre du soleil. Des gardes indiens en uniforme sécurisent les entrées avant de fouler les planches. Des guirlandes ponctuées de vache sacrée lumineuse et écritures hindis magnifient le grand foyer de la Cartoucherie au doux parfum de cuisine indienne. De grands voiles s’ouvrent sur un décor majestueux. Une grande chambre baignée de lumière. De chaque côté des persiennes laissent deviner des bougainvilliers en fleurs et l’agitation des ruelles. Le dépaysement est déjà assuré.

Une troupe de théâtre française est coincée en Inde. Elle a perdu son directeur et demande à une jeune femme de sa troupe d’en prendre la responsabilité. Dépassée par la mesure de l’enjeu, elle va connaître des nuits agitées en proie avec les pires cauchemars.

Le spectacle prend des airs de Chaplin mais sans toute sa tendresse. Une agitation permanente sur scène agace, les acteurs sur jouent, frôlant les airs de folie. Des éclats de voix, de la scatologie répétitive inutile nous fait vite saturer du trait outrancier. A ajouter une ambiance de festival culture du monde avec des scènes de danse et de théâtre populaire traditionnel du Sud de l’Inde : le theru koothu fidèle à l’exubérance du Sud de l’Inde.

Le regard d’Ariane Mnouchkine plane sur tous les dialogues entre considérations métaphysiques et artistiques sur les tragédies du monde. Comment en rire, les théâtraliser, les penser ? Comment l’artiste peut s’opposer à la barbarie ? Qui peut questionner les enjeux qui dépassent les hommes ?

La grande figure du théâtre contemporain a pris le large après les attentats ayant ébranlé la France fin 2015. Perplexe au premier abord, elle a choisi de les théâtraliser pour porter sa voix sous la forme qu’elle connaît. Mais n’y a-t-il pas d’erreur à vouloir parler de tout : des mariages forcés en Inde et de la question des castes, de la radicalisation des jeunes en France, des vierges promises aux martyrs embrigadés dans le Djihad (scène très drôle) et de la pollution des nappes phréatiques (mise en scène très originale) ? Elle est perdue face à tous ces enjeux et nous perd aussi. Dommage.

« Une Chambre en Inde »,

A partir du 05 novembre 2016

du mercredi au dimanche, Théâtre du Soleil,

à la Cartoucherie (Paris XIIe)

Super Nanny, Jason, Brenda et les autres…épisode 2

Bon, c’est bon, tout le monde s’est bien scandalisé pompeusement de l’élection de Trump et s’est bien moqué du 0,3% de Coppé aux primaires de la droite et de la droite, qui, notons-le, avec un score pareil n’aurait pas passé le 1er tour d’une élection de délégués de classe dans 95% des collèges de France !!! On peut continuer…alors continuons.
Rappel des faits : Vous êtes marié à Jennifer, jeune coiffeuse fan de jogging mauve digne représentante des Haut-de-France, la vie n’est plus ce qu’elle était depuis qu’elle a mis bas suite semence mal dosée de votre part : Jason, 5 ans, Brenda, 3ans ½ et les jumeaux Aydan et Rayan, 2 ans, ou 1 an ½, ou 1 an, bref on sait plus, c’est pas le sujet, merde à force.
Travail harassant pour vous, Jenni ressemble à une montgolfière de mois en mois, Jason pisse toujours au lit à l’aube de ses 6 ans, joue à Warrior Battle 8 sur votre vieille PS3 jusqu’à 22h30 sans que personne ne lui dise rien, Brenda découpe le canapé aux ciseaux de cuisine quand sa mère a le dos (large) tourné, et les jumeaux se frappent à sang tous les jours, bref c’est plus possib’.
Pis, votre belle-mère, Pam, alias Sylvie, alias Pam car ex-fan de Dallas, rajoute de l’huile sur le feu lors de ses venues quotidiennes dans votre pavillon à la déco douteuse (papier jaune casto, cuisine avec inscription sticker « Chicken » sur la porte suite à une mauvaise traduction mode anagramme anglo-saxon sans faire exprès, chambres des enfants dignes d’un Toys’R’us désaffecté de la banlieue nord de Longwy…), et s’en prend à vous à grand coup de « euuulllaaaaa, méchant gars, tati rien daut’ à fout’ que rgarder eul match de ballons à la télé, tupeuxti pas t’occuper dtes mômes, c’est la Jenni qui fait tout, téti pas une feignasse ».
C’en est trop ! Et là, heureusement, dans le monde moderne, la télé peut vous sauver. La célébrité peut même s’offrir à vous !
Bien sûr, il y a l’option « Tous ensemble » où vos spèces de côônarrd de voisins pourraient venir vous filer un coup de main gratos pour repeindre la chambre des mômes, mais non, faut pas déconner, pas envie de passer pour plus pauvre que vous n’êtes déjà.
Bien sûr, après 4 mois intensifs à soulever des parpaings sur le parking de Point P en loose, vous pourriez vous bodybuilder le corps et vous inscrire aux « Chtis vs les Marseillais », intellectuellement vous avez le niveau et ça vous permettrez de vous tirer de ce capharnaüm tout en mâtant à longueur de journée des big boobs de femelles (oui, ce sont des animaux, j’ai le droit d’employer le terme) du sud, mais non, vous avez votre dignité.
Car sous vos airs d’homme mi-rustre mi-acier mi-tigre mi-molette vous avez un cœur, et vous optez pour…Suuuuupppppeerrrr Nannyyyy. En plus, c’est nickel, des comme vous, NT1 en cherche, vous habitez le nord, vous avez un boulot de merde, une baraque pis qu’un pavillon Orpi de seconde main, vous êtes marié avec une beauf, vous êtes beauf vous-même, vous parlez très mal de français, tout votre entourage également, vous êtes passionné de moto kittée, Jennifer fait des mèches roses, ah non franchement, impossible de ne pas être retenu.
1 mois après avoir posé candidature, absolument fabuleux, le rêve s’exauce, Super Nanny déboule un beau matin, en pleines vacances, alors que vous avez encore la tâche de pisse sur le caleçon Harley Davidson. 12 caméramans suivent, 5 ingé sons, 3 assistante, mais ça, à la limite, c’est pas bien grave, ça vous fait de la compagnie.
1er jour : Super Nanny vous observe, la production vous a dit « soyez vous-même », alors, vous y allez comme un grand, vous vous affalez dans le canapé en vous grattant les testiboules, vous vous prenez la tête avec Jenni en l’insultant copieusement de « truie au gros groin », avec des « taiiinnn t’auras pas pu t’habiller aut’ qu’avec ce bas de yoging dégueulasse », les enfants sont pas loin, donc du coup s’insultent entre eux sur le même ton, se frappent dans la salle de bain avec les balais à chiotte, les jumeaux s’urinent l’un sur l’autre. Le massacre. Super Nanny, qui pourtant en a vu d’autres, est livide.
2ème jour : Super Nanny, un brin perverse, et surtout pour faire marrer 1 million de cons de l’autre côté de l’écran, vous invite à aller, avec la portée de nains et la Jenni, plus belle-maman en bonus pif gadget, à l’hypermarché pour faire les courses sur 1 mois…truc que vous ne faites jamais, mais là, ahah famille nombreuse, famille heureuse, c’est parti pour 3 caddies, 10 kilos de pâtes, 56 portions de faux Kiri de la marque « Le Nord a du talent, c’est pas bon mais mangez-en » et bien sûr, avec les 4 chiards, le truc devient vite une fiesta à Alep un soir de bombardement, une vraie boucherie. Les jumeaux hurlent, Brenda se maquille avec du Nutella bon marché qui donne des boutons sur les fesses, Jason revient avec un sac de 5 Kilos de croquettes spéciales Berger allemand et en a déjà dévoré la moitié au moment où vous vous en apercevez, Jennifer se met à pleurer, vous insulte, vous la traitez une nouvelle fois de truie à gros groin, elle vous dit qu’elle ne fera pas du zizi avec vous pendant au moins deux semaines, vous lui dites que ça changera pas grand-chose et que toute façon vous l’aimez plus…hhhaaaaaaaannnnnnn ! Super Nanny fait l’offusquée, les caméramans se marrent, le prioritaire du Mammouth U Nord Ouest ZAC des trois gorets est un peu beaucoup vert…bref c’est la merde.

3ème Jour : Super Nanny revient chez vous après avoir pioncé dans un hôtel luxe de Lille, celui-là même où DSK organisait des partouses, pendant que vous, vous avez dormi sur le canapé, un caméraman à côté qui vous a filmé entrain de ronfler, juste pour montrer une scène avant la pub, le fumier. Et là, Super Nanny, qui a écourté la phase d’observations vu le carnage, vous donne ses foutus conseils. Elle s’adresse d’abord aux jumeaux Aydan et Rayan comme s’ils étaient sur les bancs d’un collège catholique du 15ème ardt, en leur indiquant que se frapper dessus c’est mal et que non non non il faut pas faire ça oh non ; morves au nez biscuits secs dégoulinants et lâché de caisse toutes les 3 secondes, un « oui Mme Nanny » peinent à sortir, ils s’exécutent néanmoins. Pour Brenda et Jason, instruction de ne pas jouer à la console où on tue des gens mais préférer un puzzle ou un livre avec des Mickey dessus pour jouer ; forcément y’a pas ça chez vous, pour vous un puzzle c’est un cocktail bière-picon-grenadine-ricard, la spécialité de Titi, vot’ pote du foot, vous improviserez…
Vient le tour de Jennifer, obligation pour elle d’emmener les enfants au parc après l’école pour (sic) les aérer et avoir un moment de détente au frais avec eux…comprenez, pas con, qu’il s’agit surtout à votre veau marin de femme de se bouger un peu la cellulite arrivée à un point tel que Végétaline pense à louer Jenni pour des shows vente en superette…

Et vous vla vous, Super Nanny vous jette un œil noir au travers ses lunettes de tenancière de bordel BDSM de la Gare du nord et commence à vous faire une liste de 10 points, tous aussi cons les uns que les autres, aider à faire la vaisselle, tondre la pelouse, faire du zizi avec Jenni au moins pour des raisons hygiéniques et éviter tout problème de grossissement testiculaire surdimensionné, pis, elle vous oblige à être poli, j’en passe !!! Mais où va le monde !!!
4ème jour : Vous faites semblant de tout bien faire, mieux, vous emmenez Jennifer à la « Pattaterie » pour une tartiflette en tête-à-tête, vous donnez le bain aux enfants sans leur mettre de grandes baignes, pourtant c’est pas l’envie qui vous manque, vous embrassez votre belle-mère pourtant elle pique avec ses piercings, vous en profitez quand même pour lui mettre une tite au cul, sur un malentendu vous pourriez avoir une érection, ça serait toujours ça de pris…Mieux que mieux, Super Nanny a fait venir un coach de vie, qui vous fait faire du théâtre au milieu du salon, c’est l’horreur, vous êtes à deux doigts d’aller acheter un poing américain à votre pote Khaled, seul rebeu que vous connaissez depuis l’enfance, et c’est pas pour autant que vous ne voterez pas Marine Le Pen, mais il est sympa quand même, et vous transformer en DragonBall Z pour exterminer à grand coup dans la tronche l’ensemble de la famille et passer de Super Nanny à Faites entrer l’accusé…mais non, vous vous retenez.

5ème-6ème-7ème jours : Super Nanny est repartie, mais vous observe de loin, tout est à peu près clean le 5ème jour et ça repart en vrille dès le lendemain…8ème jour, Super Nanny revient et vous fout dans la tronche que vous êtes une sombre larve…9ème jour au matin…on vous retrouve pendu dans votre cuisine, l’épisode ne sera jamais diffusé…la télé ne fait pas tout.

J’vous embrasse mec.

Love Whip Blues

Allez hop, pour les élections américaines, on fait un tour au fin fond des Etats Unis, au pays du blues, de la country et quelques réjouissances bien de chez eux! Yahoooo!

Erin Harpe est née dans le Maryland, a vécu à Boston pour devenir une fervente chanteuse d'un bon vieux blues du sud de l'Amérique. Un blues joyeux et très enjoué. Pas celui des vieux bluesmen endimanchés. Elle ressuscite le ragtime, le boogie et revendique le Delta blues, un sous genre où l'harmonica et la guitare ont l'avantage.

On apprecie tout de suite la modestie de Erin Harpe, petite dame venue d'une autre époque, qui visiblement s'amuse bien avec son groupe qui "jam" avec souplesse. On tape du pied, du début à la fin. Pour la nouveauté, il faudra repasser mais on tombe vite amoureux de la légèreté du style, qui emprunte quelques touches de soul.

La rousse chante avec une malicieuse complicité. Il y a vraiment quelque chose d'authentique dans leur musique. Qui va justement au delà des conventions du genre, dont on a souvent du mal à se défaire. C'est une ambiance très décontracté que l'on découvre. Qui fait du bien lorsque l'on constate à quel point la société américaine peut se tendre, au moindre fait divers, au moindre commentaire politique. Ca existe encore des gens qui font de la musique pour le bonheur de jouer, chanter et profiter.

Fille d'un véritable bluesman, Erin Harpe a vraiment un charme fou et sait jongler avec toutes les racines de ce blues spontané et mélodique. Elle joue avec le coté vintage du blues mais compose des chansons qui nous cajolent aujourd'hui et qui pourraient nous trotter longtemps dans la tête.

Juicy Juju Records - 2016

RICHARD III – LOYAULTÉ ME LIE – WILLIAM SHAKESPEARE – Jean Lambert-Wild – Elodie Bordas- Lorenzo Malaguerra- Gerald Garutti- Stephane Blanquet et Jean-Luc Therminarias

Fantastique !

Il y a du génie dans cette mise en scène. Du génie parce que malgré une adaptation qui paraît lointaine, l'histoire du théâtre élisabéthain traverse le plateau en permanence. Ici, le théâtre se joue à 3 : Jean Lambert-Wild qui joue un Richard III aux allures de Joker mélant folie barbare et tendre solitude, Elodie Bordas qui joue, métamorphose, une pléiade de personnages skakespeariens, et cet impressionnant carrousel forain, décor source et mise en abyme permanente qui collabore à la spirale du pire. Le ballet s'enchaîne.  Le spectateur est emporté dans une danse clownesque tragique. Richard III erre. Perdu, happé par le goût de la mort et déconnecté de toute valeur humaine. Le clown de Lambert-Wild est un chef d'orchestre, un metteur en scène, un funambule qui joue sur le fil de la mort plus que sur celui de la vie. On suit la chute inévitable de ce Richard III carnavalesque qui finira par s'engloutir lui-même. Une variation spectaculaire et directe qui mérite toute notre attention.

http://lambert-wild.com/fr/spectacle/richard- iii-loyaulte-me-lie-william-shakespeare

http://www.theatredelaquarium.net/

 jusqu' au 3 Décembre 2016

Le 6 Décembre 2016

Le CarreauForbachFrance

Du 13 au 17 Décembre 2016

Le 10 Janvier 2017

Le 14 Janvier 2017

Le 17 Janvier 2017

Le 27 Janvier 2017

théâtre PalaceBienneSuisse

Brighton

Bon d'accord, au début, j'ai bien cru qu'il s'agissait d'un vieux groupe irlandais de rock! En fait, The Shondes revendiquent son coté juif new-yorkais: ce n'est pas non plus Woody Allen et sa clarinette!

Il y a bel et bien du violon mais on entend surtout du gros rock, qui a trouvé ses racines dans le punk. C'est le cinquième album du groupe, composé de trois filles et un gars. Ils viennent de Brooklyn et ont commencé par du punk féministe. Effectivement après dix années d'existence, le quatuor s'est assagi. On pense désormais pop rock.

C'est un gros mot en France mais franchement The Shondes sont assez abordables. Ils font bizarrement penser aux Cranberries. Ils ont des engagements et profitent d'une musique standard pour faire passer le message. Est ce vraiment un mal que de vouloir se faire entendre par le plus grand nombre.

Les chansons sont donc calibrées et sans surprise. Ca finirait presque par surprendre. On retourne au début des années 90 avec une batterie bondissante et une voix combative qui profite de quelques riffs glorieux. Le groupe ose encore des choeurs qui font "HouHou". C'est assez accrocheur par ce coté complètement démodé: ca sort tout droit d'un épisode de Friends.

Franchement, c'est hors du temps et ce n'est pas désagréable. La musique peut être un art nostalgique et c'est ce qu'il provoque ici: de la douce mélancolie. Rien de grave. Pour les quadras, c'est un saut dans le temps. Pour les plus jeunes, ils ne risquent de rien comprendre. Pour la postérité, il y a du boulot!

Exotic Fever records - 2016

Telling It Like It Is

Des petits Danois doués imaginent le rock comme une gueul de bois. Ca fait presque du bien

C'est sans compromis. C'est donc un plaisir. Voilà un rock qui matraque, qui cogne, qui se croit à un match de boxe. La voix se prend pour Nick Cave et tournicote autour d'un rock plaintif mais costaud sur ses bases. Elias Bender Rønnenfelt est un esprit tourmenté. Il doit appartenir à la grande famille des corbeaux noirs qui s'installent sur une branche du rock pur et dur.

Du fin fond du Danemark, le jeune homme et ses musiciens font des confessions musicales. Il y a de la candeur et de la noirceur sur les mêmes morceaux. La cohabitation est étrange. On repense à toute l'angoisse discrète qui transparaissait dans les oeuvres du grunge, des groupes remplis d'énergie.

Les membres de Marching Church sont de jeunes adultes qui n'aiment pas grandir. Elias Bender Rønnenfelt est un peu trop jeune pour être aussi sombre. C'est l'impression que font leurs compositions, des bizarreries au look de rock garage mais beaucoup plus harmonieuses si on s'y intéresse. Ce troisième album pioche dans dans le rock qui veut se faire mal.

Il y a donc des guitares capricieuses. La batterie peut se transformer en tempête. La basse met la pression. Mais il y a aussi des pianos et des violons qui s'émancipent des clichés. Avec peu, le groupe parvient à une intense mise en scène. On peut leur reprocher cet aspect mais la démarche reste louable.

Ce second album du groupe est un peu foutraque de temps à autre. Le chanteur en ferait un peu trop dans la déprime mais on est avec eux sur la bonne voie, celle d'une musique complètement habitée, qui ressemblerait à une thérapie de groupe, à une belle aventure venue du froid mais qui réchauffe clairement les oreilles.

Sacred Bone Records - 2016

We Got It from Here… Thank You 4 Your Service

Après De la Soul, A Tribe Called Quest rappelle que le rap peut être une question de mélomanie et d'envie!

Cela faisait 18 ans que le groupe de Q-Tip avait coupé les vannes d'un flow soul, post jazz et particulièrement généreux. Depuis on sait que le coté obscur du Bling Bling a bel et bien gardé la guerre. Jusqu'à la nausée, le mauvais goût! Nos oreilles saignent bien trop souvent dès qu'une nouvelle sensation déboule sur nos platines.

On va jouer les vieux cons dans cet article mais qu'est ce que ca fait du bien d'entendre des musiciens dans un genre massacré par David Guetta, qui lorgne de plus en plus vers la dance et les sons synthétiques! Quand des rappeurs invitent Jack White, Elton John ou encore Andre 3000, on peut être sûr que l'on a en face de nous un trio amateurs d'abord de musiques!

Cela s'entend rapidement. Les premiers titres nous renvoient à la culture jungle qui régnait sur le genre au début des années 90. Plus que les samples, ce sont les instruments que l'on entend autour du trio devenu duo après la disparition du fondateur Phife Dawg. Mais la révolution du groupe résiste à tout.

Jamais belliqueux, toujours réfléchi, le rap du groupe nous emmène dans une belle ballade urbaine, où le groupe ne se concentre pas sur la détresse sociale ou la misère américaine. Une si longue attente récompensée de la sorte, c'est assez rare pour être signalé. Le temps n'a pas usé le talent de A Tribe Called Quest.

L'album est incisif. Le jazz et les touches electro ont même le droit de citer. Mais il y a chez eux, cette science exceptionnelle de faire cohabiter les styles au delà de toutes les barrières. Le groupe est plus un touche à tout qu'un nom de l'histoire du Rap. On dirait encore des petits nouveaux, trop brillants et trop sincères. C'est d'une fraîcheur inattendue!

A tribe Called Quest vit bel et bien dans son époque. Ils dépassent les clivages et les stéréotypes. Les prestigieux invités restent à l'ombre de leur immense créativité. Leur musique est assez unique. Leur rap est encore excitant et aventureux. C'est peut être leur dernier album mais c'est à coup sûr un petit coup de maître.

Epic - 2016

La fille du train

Bon je l'avoue: je n'ai pas lu le livre. Je ne peux que me baser sur le ressenti du film: il est bon. Tout ce que j'ai à dire, c'est qu'il s'agit d'un putain de film, en toute objectivité!!!

On y retrouve, sans imitation laborieuse, tous les éléments de l'excellent Gone Girl de David Fincher (oui encore lui, je n'y peux rien si c'est LA référence): une intrigue similaire. Une narration aussi. On est pourtant en présence de deux écrivains différents. En tout cas, méfiez vous des apparences, c'est le même constat.

Tout s'adapte donc. Il n'y a pas de magnifique Rosamund Pike dans La Fille du Train mais un trio d'actrices tout aussi formidables, secondés par d'autres tout aussi intéressants. Aucune fausse note dans le casting: Emily Blunt est incroyable dans le rôle d'une femme désemparée, qui ne demande qu'une chose: être entendue et crue.

Suite à la disparition soudaine de celle qu'elle observe depuis un moment, assise dans son train quotidien, cette femme fragile va basculer dans l'horreur sous les apparences d'un quotidien si neutre. En tout cas, ce nouveau registre tragique va très bien à la comédienne.

Tout comme on redécouvre Rebecca Ferguson, qui troque son flingue du dernier Mission Impossible pour un tablier de mère au foyer. Quant à Hayley Bennett, habituée au rôle de bimbo, montre qu'elle sait aller au delà et s'affirme comme une bonne actrice... en jouant la nympho du quartier.

Il y a de quoi faire avec ce trio gagnant dans ce thriller alambiqué qui utilise les flash backs pour tout mettre en place habilement dans le souci du détail, mais sans trop en faire. On est tenu en haleine dès le début et je ne peux pas malheureusement vous spoiler la fin mais à ma grande surprise, j'avais envisagé tous les scénarios possibles et je suis ravie de me faire prendre au piège par un retournement inattendu.

La performance des comédiennes y est pour beaucoup:  vont elles vous convaincre? En tout cas, une chose est sûre: un bouquin bien adapté est un pur plaisir de cinéma: je ne vais pas quand même me mettre à lire!

AVIS AUX AMATEURS.

Avec Emily Blunt, Rebecca Ferguson, Haley Bennett et Justin Theroux - Metropolitan filmexport - 26 octobre 2016 - 1h50

Love & War

Euh sinon, Fiona Apple, vous connaissez?

Si vous voyez la pochette dans un bac, vous vous arrêterez peut être pour voir s'il ne s'agit pas d'un nouvel album de la rare Fiona Apple qui serait passer sous le radar! La jeune femme se cache derrière son col roulé pour ne mettre qu'en avant deux grosses billes dans un noir et blanc d'une étrange élégance!

Fleurie vient de Nashville (décidément, il y a du monde là bas) et ne pratique pas le rock ou la country: elle aime les chansons tristes, maussades et sensibles. Elle a visiblement pas mal de points communs artistiques avec son aînée. Ca doit l'énerver mais la copie est quasi parfaite.

Cela reste une copie. On préfère toujours l'original. Mais la jeune femme fait de gros efforts pour ne pas se laisser aller à la facilité. Les chansons sont épiques pour sonder la tristesse ou l'amertume. Les chansons sont habitées. Il y a des nappes de synthétiseurs pour planter un beau décor.

La voix est calme et forte. On sent qu'il y a de beaux sentiments et des belles émotions pour faire pleurer le maximum de gens. Les rythmes sont nonchalants pour mieux nous piéger dans une succession de chansons malheureuses. C'est bien fait mais ca manque d'âme. D'autres font cela beaucoup mieux et depuis plus longtemps. Fleurie n'est pas encore assez mure. Le talent s'entend mais on la devine encore à l'ombre de ses références. Omniprésentes. Ecrasantes comme un pavé de Leon Tolstoi!

Fleurie - 2016

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