Christmas Party
Premières neiges sur la France, c'est bien le moment de vous parler de chansons de Noel!
Aux Etats Unis, c'est une tradition. Le disque de Noël avec de grosses sucreries pour les oreilles. On reprend des classiques. On tricote des duos entre vieux chanteurs. On chante pour la bonne cause. Les bons sentiments ont le droit de citer le temps d'un album, avec des reprises et des titres chaleureux... et parfois insupportables.
C'est au tour cette année du duo She & Him de s'essayer, une seconde fois, à ce périlleux exercice! Et finalement l'ambiance de fin d'année va très bien à ce groupe qui a toujours joué la carte du vintage et du vieillot revendiqué! Le groupe est donc composé de la comédienne Zooey Deschanel (les plus beaux yeux du cinéma) et du producteur M. Ward. Il y a quelques années, ils avaient déjà joué les petits lutins avec un album retro.
Et aujourd'hui on retrouve tout le charme de ce groupe qui fait copain copain avec Brian Wilson. On s'imagine dans les années 60, dans la série Mad Men ou sur une plage avec les Beach Boys. Ce qui veut tout de même dire que la production est d'une élégance assez folle. Pour les reprises, tout est soigné. L'éclairage musical est de qualité.
Comme leurs propres productions, She & Him soigne les arrangements et surtout la voix de la belle Zooey. On entend toutes les divas de la white soul. Elle est aidée en plus par des choeurs discrets et plaisants. Ca bercera effectivement vos longs repas du mois de décembre.
C'est sans surprise mais c'est toujours marrant de voir ce retro pédalage dans le temps. Car le duo arrive à ne pas être rétrograde ou nostalgique. Il y a toujours un petit second degré qui fait qu'ici l'esprit de Noël n'est pas trop indigeste. On prend un peu d'avance, mais on vous souhaite un joyeux Noel à tous!
Columbia 2016
Super Nany, Jason, Brenda et les autres…épisode 1
Souvenez-vous, il n’y pas si longtemps, vous étiez célibataire, seul, vous fumiez de la drogue de type cabani, vous buviez de la bière, vous jouiez toute la nuit à FIFA sur votre PS3 dans votre studio près de Valenciennes tout en écoutant du heavy metal et vous arriviez la tête dans le froc à l’usine, mais personne au grand personne pour vous faire le reproche d’avoir pissé à côté de la cuvette et le soir si vous vouliez vous faire pousser le bide affalé comme une loque sur votre canapé Conforama premier prix, bah vous pouviez.
Puis, lors d’une soirée tunning à la Tchounga Night, gratuit pour les filles jusqu’à minuit, un verre acheté un verre offert, si tu conduis bois du jus de fruit, apparition en guest pour 3 chansons de Ken’V, puis Strip-tease bonus d’une hardeuse locale vue dans « Artoise moi bien fort j’suis pas ta mère, quoique… », vous avez fait la connaissance de Jennifer, apprentie coiffeuse au salon Infini’Tif de Tourcoing, blonde aux racines pourpres comme vous aimez, des prédispositions mammaires comme vous aimez, un string rose bonbon avec une vie autonome apparente comme vous aimez.
Ni une ni deux, vous l’avez draguée comme un guedin, tout ça a fini dans la Clio Sport GTI sur le parking derrière le Auchan, coup de foudre, coup de kekette, prend ta cannette touche la belette.
Elle avait 17 ans, vous en aviez déjà 29, il fallait rattraper le retard, tout ce temps perdu devant les matchs du RC Lens, toutes ces années, sans amour avec un A comme Anavientlàquej’t’attrape j’vatemettreunepétée.
Oui mais voilà, 17 ans, en âge de Tchounga Night tunnning, c’est déjà pas si jeune ; alors, très vite Jennifer a arrêté son apprentissage chez Infini’Tif, a pris un job de caissière chez Lidl route de Valenciennes ZAC sud, a ramené son sac et sa déco Hello Kitty à votre studio, vous êtes allés tous les deux à la Banque Postale pour voir si c’était ben possib de faire un prêt, un pavillon au terrain sans pelouse et aux murs intérieurs jaune casto vous tendait les bras et la bourse ; let’s go, le ménage et le trousseau étaient formés.
Mais la Jennifer, les 18 ans approchants, voulait, et c’est bien normal, avoir un voire deux voire trois voire quatre enfants, et très très vite. Dans les règles de l’art et pour lui permettre bientôt 9 mois de règles de retard, vous avez fait un mariage en grande pompe : Photos de mariés sur une moto Kawazaki prêtée par Fred, dit Kiki, l’avant-centre du club du FC Portugal Nord, un bon copain d’enfance à la moustache fine et au cuir râpé ; location de la salle des fêtes Pierre Bachelet, réservation de DJ Stef3000 (élu meilleur DJ du Benelux sud en 2002), service traiteur façon buffet campagnard orchestré par Michel et Michelle Dugounet de « Dugounet traiteur& pieds de cochon », amis intimes des parents de Jennifer, tout le monde bourré dès 22h30, 50L de Valstar enquillés, on fait tomber la chemise à 3h du mat’, gâteau de mariés sur « Allumez le feu » de Johnny, témoins du mariés avec un écusson texan en guise de cravate, le tout sur chemise à carreau rouge et marron, magnifique.
Mariage passé, lune de miel au Look Club Voyages Leclerc de Houlgate, vlatipa que tous les soirs, Jennifer, qui, la plénitude aidant sûrement, a déjà pris quelques kilos pour désormais finir sa croissance à 1m56 pour 79kgs, vous grimpe dessus comme une sauvageonne, car oui, rappelez vous, elle veut un enfant, voire deux voire trois voire quatre.
Bingo, en 5 ans, verront le jour les petits Jason (blonds, coupe playmobil, chambre Cars2), la petite Brenda (rousse, nez péguy the groigroin, chambre Princesse des Neiges, oui, Reine c’était trop cher chez Baboo), et double bingo royal au bar, les jumeaux Aydan et Rayan.
Au début c’était cool d’être pôpô mais là , faut avouer, vous commencez à regretter sérieusement les périodes PS3 Tchounga Night, bière de table et heavy metal.
Pis, pour nourrir la portée de loups, vous avez demandé à faire des heures sup’, vous attaquez à l’usine à 4h du mat’, vous finissez à 16h30, Jennifer n’en branle plus une, au sens propre et figuré du terme, les chambres sont en bordel permanent, vous ne voyez plus Kiki, Kéké, JC, Jean-Mi et Titi, les copains du foot, qui, année après année ont mystérieusement disparu des radars ; vous maigrissez à vue d’œil, pendant que la Jenni, bah elle, elle enfle comme un ballon Dragon Ball Z de la braderie de Lille ; votre salle de bain ressemble à une arène de chez Prénatal en moche, vous sentez que votre dulcinée lâche l’affaire, l’envie de lui mettre des grandes baffes dans la gueule ne vous effleure plus mais vous démange carrément, sans compter que son jogging noir à bande rose bah vous commencez à avoir du mal et pas qu’un peu.
Bien évidemment, que Jason pisse toujours au lit à l’aube de ses 6 ans, joue à Warrior Battle 8 sur votre vieille PS3 jusqu’à 22h30 sans que personne ne lui dise rien, passe encore, mais que Brenda découpe le canapé aux ciseaux de cuisine quand sa mère a le dos (large) tourné, et que les jumeaux se frappent à sang tous les jours, ça, c’est plus possib’.
Alors, avant d’exploser en vol, de burn-outer comme un fou, de sombrer dans la Villageoise, vous décidez de faire appel à Super Nany, et ça, oui ça, nous verrons ça dans l’épisode 2.
J’vous embrasse quand même, dis donc vous avez une sacrée vie de merde mon garçon…
The Green Room
Punks versus Nazis! Concept fort pour film rude!
Jérémie Saulnier est finalement un cinéaste assez vieillot! Vous devez comprendre par là qu'il n'aime pas les choses qui vont vite, les raccourcis rapides et les images hystériques. Voilà un type de 40 ans qui croit aux vertus des ambiances, des atmosphères et des personnages. Son dernier film aurait pu être une grosse bouillie filmique avec un sujet aussi cru et violent.
Une bande de punks traversent les Etats Unis, sans le sou, pour une série de concerts miteux. Ils se retrouvent au fin fond d'une forêt de l'Oregon pour un concert. Manque de bol, ils tombent sur une morte dans leur loge. Les témoins gênants ne sont plus les bienvenus dans la salle de concert. Comme le propriétaire est un vieux facho qui rêve du troisième reich, la cohabitation va se révéler très compliquée...
Saulnier, auteur d'un polar sec Blue Ruin, confirme donc qu'il est un vrai metteur en scène puisque son survival est un habile jeu de chat et de souris avec des personnages tous pathétiques et un peu désespérants. Pourtant, il n'y a pas de recul ou de second degré dans l'approche du cinéaste. C'est ce qui fait toute la joie de ce film noir comme jamais et beaucoup plus intéressant que toutes les productions hollywoodiennes.
Car si le film dépeint une situation sociale complètement hallucinante de l'Amérique profonde, il ose l'intensité et la violence. Ici, la mort n'est pas spectaculaire. Au pire, elle est dégueulasse. Saulnier ne veut pas ménager le spectateur. Il est honnête. Et cela rend l'ensemble encore plus flippant. Car finalement ce huis clos ressemblerait presque à un film d'horreur.
Jérémie Saulnier s'amuse donc à nous mettre mal à l'aise, du début à la fin. Il joue les sales gosses. Et c'est tant mieux. Car son intention est de faire réagir ce qui n'est plus le cas d'un bon nombre de films. Indépendant, son oeuvre est farouche et sans concession. Franchement, si vous n'aimez pas les films tièdes, The Green Room est chaudement recommandé!
Avec Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart et Callum Turner - M6 Video - 2015
Brighter Future
Nous voilà dans le déprimant et long mois de novembre. Le futur vous semble un peu bouché: écoutez donc ce disque vitaminé qui a le grand mérite de vous remuer un peu, envisager l'avenir avec un peu de confiance et d'énergie.
Des cuivres éclatants et des beats costauds, voilà comment vous êtes accueillis par le duo de Big Gigantic qui se fait une haute idée de la musique. Dynamiques, les petits gaillards du groupe américain ont de la dynamite entre les mains. Et ils manient cela avec une dextérité impressionnante.
Si vous aimez Caravan Palace, C2C ou Deluxe, vous ne serez pas insensibles au charme de Big Gigantic, composé du producteur et saxophoniste, Dominic Lalli et le batteur Jeremy Salken. Les deux musiciens veulent que ca déménage, que ca vibre, que leur auditeur rebondisse dans tous les coins des salles de concerts ou dans les festivals poussiéreux et ensoleillés.
On connait la légendaire efficacité américaine. L'adjectif "efficace" a dû être inventé pour eux. Big Gigantic fait donc dans l'énorme, l'emphase et le quasi héroïsme sonore. Venu du Colorado, ils soufflent avec eux un vent chaud et jazzy sur l'electro. Ils vont plus loin que les autres. Ils n'ont pas peur de trop en faire.
Ca fonctionne. Difficile de résister à leur mélange savant d'electro et de jazz. Cela dépote sur chaque titre de ce tout nouvel album: on est obligé de se mettre à danser comme des pantins, emportés par des sons... efficaces! Ils ont clairement la science du bel ouvrage ces deux là.
Le cocktail est savoureux. A l'image de leur pochette, c'est coloré, bariolé et festif. Dans le futur, la mixité et la diversité seront des vertus et non des inquiétudes. Effectivement, avec eux, la vie est un peu moins grise. Leurs chansons donne de la couleur au morne quotidien. Mieux qu'une cure de vitamine C en plein mois de novembre!
Big Gigantic - 2016
Duo sur Nougaro, les demi-frères, Archipel
Un duo sans cheveux offre un tour de chants, ponctué d’imitations et de sketchs autour du chanteur poète toulousain. Doués de talents complémentaires, les deux hommes prennent plaisir à entrer dans l’univers jazzy et humoristique du grand Claude. Chanteurs, musiciens, comédiens ils se frottent aux titres mythiques comme aux plus méconnus.
Vous serez troublés avec une vache au piano, une Marie-Christine comme vous n’avez jamais osé l’imaginer. Vous retrouverez les intonations de Nougaro en fermant les yeux, jubilerez devant des versions décalées d’Amstrong, Tu verras et Je suis sous mettant en scène des personnages loufoques.
Petit regret sur le choix des chansons. Certaines évidentes manquent et d’autres plus imperméables ternissent le spectacle. On n’évite pas les passages à vide. Mais une version innovante d’un grand classique ravive l’attention. Les meilleures reprises sont celles avec humour ou assez proches de l’originales. On repère alors les fans de Claude Nougaro dans la salle qui chantonnent dès les premières notes de musique.
Fan inconditionnel du maitre ou simple amateur de la chanson française, venez rire et danser sur lui.
jusqu’au 14 janvier 2017
les jeudi et vendredi à 19H et les samedi à 16h30
New Folk
De loin, on aurait bien l'impression de voir un rasta qui va encore y aller de sa petite reprise de Bob Marley ou Peter Tosh. Oups, trop facile d'étiqueter juste sur une pochette. Il s'agit d'un barde à l'ancienne et ça ne manque pas de charme champêtre!
Franchement on penser qu'il s'agissait d'un album de reggae mais on a ici un très joli disque de folk. Fallait juste se fier au nom du disque. New Folk. Pour la nouveauté, on nous ment un peu sur la marchandise. C'est très classique mais c'es surtout très agréable. Lion Says, alias Lionel Gardina, s'emploie à faire le joli métier de troubadour.
Son disque est un festival de guitares sèches. On est littéralement dans une forêt de guitares. Elles sont bien accordées et proposent de beaux accords, bien taillés. Ce n'est pas l'aventure avec ce jeune homme mais une promenade bucolique. On n'est jamais contre une petite sortie dehors!
Donc il faut profiter des douces harmonies vocales. Il y a un violon qui papillonne. La batterie ne s'excite pas. C'est toujours maîtrisé et très plaisant à l'oreille. Un échappatoire délicat et anglophile. Il fait penser à Richard Thompson, avec cet amour du travail bien fait et surtout pensé avec simplicité.
La spontanéité est la qualité de ce disque qui ne fait donc pas du tout dans l'originalité mais qui s'adresse à notre coeur avec sa joliesse et sa cohérence. Il n'y a pas de prétention chez Lion Says. Il arrive ainsi à nous laver la tête de tous nos soucis! Il rugit sagement mais pour mieux nous embarquer dans son petit univers boisé, à l'humilité bien agréable!
SSI Records - 2016
Cabaret Siméon L’amour n’ya qu’ça de vrai, Jean-Pierre Siméon, Essaion
Dans la cave en pierre de l’Essaïon, le nom de spectacle vivant n’a jamais aussi bien porté son nom. Ce cabaret rend vivante la poésie du directeur artistique du Printemps des poètes Jean-Pierre Siméon. Il la sort de sa forme écrite pour la faire voyager, nager se révolter et s’amuser.
On perçoit le monde dans toute sa complexité, de l’intimité d’un couple à l’âpreté de la vie à la rue, de la diversité du métro parisien au bricolage en passant par des mouvements de brasse en piscine. La poésie de Jean Pierre Siméon parle de tout. De ceux qu’on ne voit pas, comme de ceux qui se serrent dans le métro, ceux qui s’aiment ou qui s’enlisent dans une vie mollassonne. Les notes d’humour succèdent aux notes de gravité, les jeux de mots aux instincts de contestation.
L’auteur selon qui la poésie sert « à mettre les pieds du poème dans le plat de l’existence » a rencontré une compositrice et un chanteur. Et tous les trois se sont mis en cuisine pour concocter ce cabaret poétique musical. Avec son accent chantant, Wolfgang Pissors nous raconte ses poèmes comme des histoires qu’on écouterait bien chaque soir. Sa voix se marie à merveille avec celle d’Isabelle Serrand à qui l’on doit des arrangements musicaux réussis et une grande qualité de jeu au piano. D’abord assez strict, elle offre quelques scènes drôlissimes de lâcher prise.
On sort avec l’envie de lire : La poésie sauvera le monde.
« La vie et moi on est en froid »,
« J’aurais tant voulu pour toi faire le beau temps »,
« Le moustique pique La sangsue suce et le croco croque et le chat chasse
Tout décidemment menace et toi tu m’enlaces chéri et toi tu m’embrasses merci
L’amour n’ya qu’ça d’vrai »
Essaïon, du jeudi au samedi 19h30
Your Wilderness
Il y a peu on parlait d'un petit groupe qui n'en veut! Maintenant on va vous éclairer sur un autre groupe anglais qui date du Siècle dernier et qui n'a pas encore réussi à sortir de ses terres.
Your Wilderness est le onzième album de The Pineapple Thief, un groupe de Somerset, Angleterre. On pensait avoir une bonne vision d'ensemble sur la production britannique. He bien non, voici un groupe qui est bel et bien passé sous le radar et qui se fait remarquer aujourd'hui d'abord par sa jolie pochette, qui fait respirer le bon air!
Mais il y a donc un groupe derrière tout cela. Qui a de la bouteille. Visiblement, Bruce Soord est l'âme d'amnée de Chris Martin, le chanteur écolo humaniste et sympa de Coldplay. Comme lui, il défend un pop assez lyrique et qui peut s'écouter un soir de pluie ou durant une après midi de farniente. Sauf que ce chanteur joue un peu plus fort avec ses camarades.
Parce qu'il se rapproche plus d'un rock progressif, The Pineapple Thief a eu du mal certainement à s'imposer sur les radios. On a donc parfois des envolées électriques et des montées d'hormones sonores. Ca peut paraître kitsch mais c'est franchement sympathique car le groupe semble encore et toujours y croire.
Si on excepte une échappée atmosphérique de neuf minutes sur la fin de l'album, le groupe se résout à ne pas dépasser les cinq minutes ce qui rend l'ensemble lisible et assez appréciable. On peut se moquer - il y a de quoi - mais l'authenticité a quelque chose de touchante. Il y a toujours dans le rock progr, une candeur qui toucherait presque à l'enfance, avec ses héros, ses mondes imaginaires et cette volonté d'un ailleurs!
Kscope - 2016