Toi Non Plus
En trente minutes, Maud Lübeck s'attarde sur l'amour qui s'en va. Nous on s'installe avec bonheur dans son petit cocon synthétique et doux amer.
Dans son premier disque, on avait bien remarqué que la jeune femme avait du caractère et mettait dans sa musique, tout ce qui la tourmentait. Le second opus a tardé à venir mais prouve que Maud Lübeck a travaillé sa formule: des synthés et des émotions. Beaucoup de vérités sur un tapis sonore délicat et plus nuancé qu'il n'y parait.
La première écoute pourrait presque énervée. Les vieux synthés sont bel et bien à la mode. Les jeunes gens modernes aiment chanter actuellement leurs petites misères comme s'ils étaient au Palace, face aux journalistes d'Actuel. Maud Lübeck pourrait appartenir à ses nostalgiques d'une époque pleine de fantasmes!
Mais la chanteuse est une mélancolique! Ses chansons sont des romances très tristes qui se découvrent petit à petit. En dix titres, elle rassemble tous les ressentis d'une histoire déçue, d'un amour qui s'est éteint. L'authenticité des textes va droit au coeur. Voilà quelqu'un qui profite de la création pour affronter la vie qui passe et l'émotion qui dépasse!
Il y a donc un son rétro mais aussi un peu d'électro et un piano malheureux pour accompagner cette âme qui s'interroge et s'apaise. C'est une sorte opéra pop et intime qui s'organise en quelques instants. Le minimalisme ne gène pas l'ambition. Le disque est court mais il gagne rapidement en intensité pour être l'une des heureuses surprises de l'automne.
Finalistes - 2016
Deepwater
Certes c'est un bon gros film catastrophe qui ferait passer Backdraft pour un pétard mouillé! Mais c'est aussi un film avec une conscience. Inhabituel à Hollywood!
Le nouveau film de Peter Berg charge la compagnie pétrolière, BP. Il lui en met plein la tronche. Son avidité. Sa dangerosité. Son inconscience coupable. Peter Berg est un réalisateur populaire. Il aime son pays, l'Amérique. On l'imagine comme le cousin de Michael Bay: il film bien les jolies pépées et adore quand ca pète de partout. Il a réalisé des navets à peine regardables (Battleship) et des choses plus louables (Du sang et des larmes) mais il fait rarement dans la demi mesure.
Sa vision du drame survenu sur la plateforme Deepwater Horizon est tout simplement apocalyptique. En 2010, les ouvriers sont confrontés à une éruption sous marine qui va atomiser l'endroit. Quelques héros ordinaires vont tout faire pour aider leurs collègues. Petit à petit la prétention des patrons de l'entreprise pétrolière se cachera dans la honte, le silence et la boue.
C'est bel et bien ce que l'on voit dans le film de Berg: une dénonciation simple et efficace du capitalisme. Les ouvriers sont tous conscients de l'aveuglement des industriels. Ils se taisent et s'accrochent à leur travail. Même s'il est hautement inflammable. Et cela va prendre des proportions dantesques. Le film peut se voir comme une fable sur cette folie qu'est devenue le pouvoir de l'argent et l'obsession du profit.
C'est le film américain que va devoir défendre l'Humanité. Berg observe les petits. Il fait du populisme à sa manière. Néanmoins son film ne laisse pas indifférent. La première partie nous plonge dans l'univers très complexe de l'ingénierie. On se perd dans les méandres de l'exploration maritime et des questions mécaniques. Puis tout s'écroule et c'est franchement impressionnant.
Comme c'est du grand spectacle, il y en a trop mais on est très loin des blockbusters avec des super héros interchangeables. On est dans le réel, la reconstitution passionnée et parfois passionnante. Avec des acteurs investis, on a vraiment les mains dans le cambouis.
Avec Mark Wahlberg, John Malkovich, Kurt Russell et Kate Hudson - SND - 12 Octobre 2016
We’re all someone from somewhere
Cet été, ce n'était pas très gai, mais on a eu des nouvelles plutôt réjouissantes des éternels et toxiques leaders d'Aerosmith qui en profite pour se lancer dans une dernière tournée d'adieu qui devrait être héroïque.
Car les deux têtes pensantes du groupe ne sont pas tout à fait dans le même état. Le guitariste a fait un malaise cardiaque en jouant en compagnie de Johnny Depp (ce type a la poisse en ce moment) et le second lui a décidé de sortir son tout premier album solo... à l'âge de 68 ans.
En toile de fond, il y a donc une tournée d'adieu que certains membres du groupe voudraient en fait sans fin. En tout cas, ca sent le crépuscule pour Aerosmith. Les héros de la débauche et du rock'n'roll le plus déluré ou caricatural n'ont plus la pêche. Il y a a bien l'envie mais ca ne suit pas trop, les muscles et l'énergie.
D'ailleurs pour son envol en solitaire, Steven Tyler est d'une sobriété étrange. Il s'imagine d'un seul coup en vieux sorcier cajun avec un album volontairement roots mais tout de même produit pour les radios. Il n'a jamais perdu le sens des affaires, le papa de Liv Tyler (qui a d'ailleurs un peu disparue des radars ces derniers temps).
C'est de la country soyeuse, assez pop pour être entendu par le plus grand monde. Il y a ici et là des guitares qui s'agacent mais sinon, c'est en mode retraité en Louisiane, que Steven Tyler, venu de Boston, se montre pour son premier essai, tout seul comme un grand.
Il a un bon carnet d'adresses. Plusieurs grands noms de la musique country dont l'inévitable et doué T Bone Burnett participent à la production de l'album. Ca ne change pas grand chose au résultat: on dirait une musique de films pour un blockbuster, grande spécialité d'Aerosmith.
Ce n'est pas toujours désagréable mais sur presque une heure, ca sent un peu la redite. On sent que le chanteur à grande bouche voudrait faire sa révolution mais il n'y arrive pas totalement. Ca sonne toujours comme du Aerosmith qui s'est désormais mis à la camomille! C'est un trip de vieux hippy qui est revenu de tout et qui se fait un petit plaisir, un peu coupable en se prenant pour un vieux cowboy. Tyler est rentré dans le rang. Vivement la tournée d'adieu...
Dot Records - 2016
Preliminator
Comme tous les papys du rock, ZZ Top a cherché dans sa barbe quelques vestiges de leur longue carrière pour faire saliver les fans. Facile mais efficace!
Il y a eu pour le trio texan, un avant et après Eliminator, incroyable succès de l'année 1983. Avant ce disque emblématique, le groupe était un sérieux défenseur du rock viril, très western avec grosses voix à l'accent tonitruant et guitares capricieuses.
Par la suite, le groupe rentrera dans une longue période de hard rock fm qui ne fera pas l'unanimité et mettra ZZ Top au sommet des gros vendeurs de galettes dans les années 80. Et pourtant avant de se perdre devant quelques synthétiseurs et des ballades un peu trop sirupeuses, le groupe faisait bel et bien du rock.
A l'ancienne. Basse, guitare, batterie. Ca gratte vite et ca rigole dans un rade du New Jersey en juin 1980. Un an avant la sortie de El Loco où les barbes de Dusty et Billy commenceront à se faire sérieusement remarqués. A l'heure de MTV et des premiers clips, ce détail aura évidemment son importance!
En attendant cette captation de live montre la douce rage de ZZ Top qui a toujours aimé les traditions du rock texan, entre boogie et hard. Deux ans avant Eliminator, le trio ne rénovait pas du tout le genre. Il le respectait scrupuleusement et c'est ce qui fait le charme de cette archive.
Le style est donc dépouillé. Le boulot est fait avec sérénité et maîtrise. Le succès est confirmé depuis longtemps mais le charme du groupe est certain et on le retrouvera bien des années plus tard avec le succès de La Futura en 2012 et une tournée sans fin où Billy Gibbons et ses potes sont revenus aux bases. Roots comme dans ce morceau d'histoire assez plaisant et bon enfant!
Désolé, c'est facile mais on se poile bien grâce à ce live!
FMIC - 2016
La Chute de Londres
le film parfait pour illustrer le Brexit! Merci Gerard Butler pour cette évocation politico géo stratégico grotesque!
Nous sommes donc dimanche! Il faut se reposer de la semaine et oublier les mauvaises nouvelles qui s'étalent dans le journal. Vous pouvez compter sur Gerard Butler pour mettre vos neurones sur off avec La Chute de Londres, super nanar qui plaira à tous les coups à Donald Trump et tous ses fans.
Car Butler sait flatter le meilleur du républicain. Ses films sont souvent limiter à une pensée bien réac et des scènes d'action crétines. On avait déjà apprécié le patriotisme mal placé de La Chute de la Maison Blanche et ses Nord Coréens violents qui s'en prenaient au président des Etats Unis.
On reprend les mêmes et on recommence: cette fois ci, le méchant, ce sera un trafiquant d'armes Pakistanais qui en veut à la Terre entière puisque les Etats Unis font le ménage à travers le Monde sans se soucier des dommages collatéraux. Qu'il est susceptible! Face au terrorisme, on ne fait dans le détail monsieur!
Bref, le Pakistanais n'est pas content et s'en prend tous les grands de ce Monde, réunis pour l'enterrement du Premier Ministre Britannique à Londres. Des types endimanchés défendent tous les clichés de chaque pays du Monde (l'Italien est avec sa maitresse, le Francais est en retard, le Japonais a un petit zizi etc.) avant de se faire exploser par des gros terroristes qui ne font pas dans la demi mesure et qui veulent faire la peau du président des Etats Unis. Heureusement, il y a Gerard Butler en super agent secret, qui n'aime pas la violence mais faut pas le faire chier quand même...
Il va donc passer son temps à dessouder des méchants qui détestent la démocratie et les monuments de Londres. Il est très efficace dans ce job. Après Washington, il joue au chat et à la souris dans Londres et forme avec le président, un duo de choc qui ferait passer Charles Bronson pour un pacifiste mou.
Comme le célébre moustachu justicier, la plupart des acteurs sont là pour cachetonner et prendre assez de dollars pour la construction du jacuzzi au fond du jardin. En tout cas voilà une bien belle variation sur le Brexit. Comme dans la vraie vie, cela nous pète à la tronche!
Avec Gerard Butler, Aaron Eckhart, Morgan Freeman et Robert Foster - M6 Vidéo
Gods of Egypt
C'est le week end! C'est détente! C'est relache! C'est pourquoi on vous propose un petit duo de nanars haut de gamme, à voir en famille, avec des amis ou tout seul, au fond du canapé. Avec en guest star: le gueulard Gerard Butler!
Car si on se moque souvent de la filmographie de Christophe Lambert ou de Steven Seagal, certains de nos contemporains tentent eux aussi de faire ressembler leur filmographie à celle d'un acteur viril, pas trop regardant sur la qualité, mais adepte de la violence, de la vengeance ou du patriotisme mal placé.
C'est le cas de l'Australien Gerard Butler, connu pour son rôle dans 300 et qui depuis cumule les films d'action bas du front et qui échappe à tout contrôle moral ou artistique. C'est une belle catastrophe, la filmo de Butler. On a bel et bien l'impression que le comédien (enfin si on veut) fait un effort pour se vautrer dans le film loupé, l'action rance ou le navet presque nauséabond. Du mauvais gout à ce niveau là, c'est fort. On respecte!
Donc dans Gods of Egypt, l'acteur massif et beuglant joue le frère félon d'un dieu egyptien. Il bute le frangin et envoie en exil le neveu pour devenir un tyran sur Terre. Mais un petit voleur, Bek, va contrecarrer le plan diabolique du Dieu Butler! C'est vraiment un dieu: les autres acteurs sont si mauvais qu'il devient un véritable comédien shakespearien dans ce film qui ne ressemble à rien d'autre.
C'est le grand mérite de Gods of Egypt: c'est nouveau. Il ne fait pas dans la redite. C'est franchement inédit. Dans la mare que représente la carrière de Butler, Gods of Egypt aura un éclat particulier. Le film fait hélas tous les mauvais choix pour finir en pyramide du mauvais goût! Alex Proyas, auteur de The Crow et Dark City se plante dans les grandes largeurs mais semble tout assumer.
Il veut un grand spectacle populaire: c'est une immonde évocation fantastique de l'Egypte et ses mythes. Les comédiens ne sont pas du tout à l'aise avec les décors virtuels ou les dieux qui se transforment en Chevaliers du zodiaque dès qu'on leur tire un poil du nez! Mais même au delà de ça, le casting est une réunion de comédiens ratés entre le jeune têtard charismatique comme un pin's et une bimbo ringarde. L'accumulation d'erreurs est tout simplement fantastique elle aussi!
Même Geoffrey Rush ne résiste pas au ridicule en jouant le papa des Dieux, assis sur une barque invisible dans le ciel, poursuivi par un ver de terre qui veut manger la Terre... Si si, vous avez bien lu. Le scénario est tout simplement hallucinant. Ecrit sûrement avec des hiéroglyphes.
Tout semble inutile et artificiel. La transparence: voilà effectivement la thématique de Gods of Egypt, le film d'aventures le plus ubuesque de cette année.
Le réalisateur multiplie les grands espaces en CGI pour oublier la vacuité du propos. C'est une grand aberration. Un mystère de plus autour de l'Egypte ancestrale.
Avec Gerard Butler, Nikolaj Coster Waldau, Geoffrey Rush et Brenton Thwaites - M6 Vidéo
Higelin 75
Et si Jacques Higelin était le Neil Young français? Un disque étrange, fou et présomptueux!
Comme le fameux Canadien, le papa de Izia a une capacité à se renouveler, tout à fait stupéfiante. A 75 ans, il refuse la retraite polie et sage. Il est encore un explorateur de la musique. Il ose encore là où beaucoup prospèrent sur une gestion sage d'un patrimoine. Higelin se met en danger et décide de secouer ses fans et les amateurs de variété française.
A 75 ans, Higelin est à la recherche de sa jeunesse, celle des années 70 où l'on n'avait pas peur d'expérimenter. Franchement ce disque est inclassable. Un adjectif usé par la critique mais le bonhomme n'a pas peur de sortir de sa zone de confort. Il est le parrain d'une certaine scène française. Il est le papa de beaux artistes. Il s'en fout: il poursuit son aventure folle, un peu punk et toujours passionnante.
Il y a ce visage sur la pochette, usé par le temps, marqué mais on remarque aussi ce regard perçant. Higelin vieillit mais ne change pas. Il ne laisse toujours pas indifférent. Il y a encore de la poésie en lui. C'est évidemment un disque au crépuscule d'une vie mais qu'est ce qu'il est vivant.
On retiendra ce titre de plus de vingt minutes (autre point commun avec le Loner) mais les autres sont longs eux aussi comme si Higelin faisait durer le plaisir. Il est un peu plus sombre que d'habitude mais musicalement, c'est riche: il est aidé par l'excellent Rodolphe Burger et l'indispensable Edith Fambuena.
Les musiciens montent donc un cirque sonore, où Higelin fait le clown. Il n'a pas peur d'être triste. Comme Nick Cave dans son tout dernier disque, la création permet d'exorciser et d'échapper aux peurs. Il en sort quelque chose de fort et de sincère. Il n'est pas content. Il est touchant. Il s'emporte puis se fait affectueux. On est pris aux tripes. Il faut peut être plusieurs écoutes pour s'habituer à cette poésie bizarre mais la folie créatrice d'Higelin fait du bien aux oreilles et au moral.
SME - 2016
Hollow Bones
Après un excellent album, les petits gars de Rival Sons sont ils encore à la hauteur? On continue notre promenade au pays du bon vieux blues rock qui sent le whisky et la poussière.
Rival Sons sont les auteurs d'un grand disque de rock poilu et psyché où le chanteur imitait parfaitement Robert Plant, où les guitares étaient au delà de l'héroïsme. Great Western Walkyrie a tout du plaisir coupable qui nous permettait d'oublier nos exigences intellectuelles ou notre prétention culturelle. Efficacité à tout prix, ce disque était une pépite du genre.
Difficile pour eux donc d'offrir un digne successeur! C'est le défi de Hollow Bones qui d'abord, nous déçoit obligatoirement avec sa pochette un peu trop vaporeuse qui veut montrer que le groupe veut absolument évoluer. Jay Buchanan, pur produit Californien, est un chanteur qui s'éparpille parfois ( dans le style Morrison Buckley) et qu'il faut maitriser dans des compositions bien solides.
Ce que fait généralement le reste du groupe dont un batteur sacrément cogneur, Mike Milley. Ce dernier montre qu'il fait de la batterie comme s'il était dans une salle de sport. C'est ce coté primaire de la rythmique qui fait le charme des titres de Rival Sons.
En tournée perpétuelle, le groupe a donc eu le temps et la charmante idée d'un album assez court. 37 minutes de rock à l'ancienne. Ils ont l'air d'éviter le piège du trop plein. Mais certaines chansons se veulent un peu trop planantes. Le groupe privilégient plus l'ambiance que l'empoigne rock'n'roll, rude et électrique.
Heureusement il y a toujours les décharges amicales du guitariste, Scott Holiday. Ce gars là est un des guitaristes les plus intéressants à suivre: il transforme toujours avec justesse le son de son instrument et apporte toujours quelque chose aux conventions que respectent bien souvent le groupe.
Un bon disque de rock donc, ni plus, ni moins!
Earache - 2016
Don’t Breathe – La maison des ténèbres
Voici le film que Kim Kardashian, victime d'un braquage dans son loft confortable parisien, aurait dû voir! En plus de traiter d'un sujet qui la touche (ou la saucissonne), le film est bon et c'est assez rare pour être signalé.
Car les films d'horreur ne font plus vraiment trembler: ils tremblent. Depuis Paranormal Activity, les films d'épouvante joue sur une telle économie de moyens qu'il n'y a plus grand chose à voir au final. On ne compte plus les nanars filmés avec maladresse ou cynisme. Ou les deux.
Le réalisateur du remake de Evil Dead est, quant à lui, un passionné. Sa relecture du chef d'oeuvre de Raimi avait le grand mérite d'oser le premier degré et le gore... à fond! Fede Alvarez aime visiblement les films concis et sérieux. C'est encore le cas avec Don't Breath, film d'horreur qui a du style malgré son sujet un peu scabreux.
Dans la banlieue de Detroit, ville maudite depuis la crise des subprimes, un trio d'adolescents braquent des maisons. Un vétéran aveugle, vivant dans un endroit isolé, assis sur un pactole, semble être une cible facile. Le chat et la souris ne sont pas ceux que l'on croit... Comme l'aveugle a le physique massif de Stephen Lang, on se dit rapidement que ca va mal se passer pour les pauvres cambrioleurs!
Doucement mais sûrement, Fede Alvarez, toujours soutenu par Sam Raimi à la production, fait monter le curseur de l'ignominie et de la terreur. Si le cinéma est une histoire d'espace et de temps, le réalisateur va à l'essentiel en isolant les ados dans une maison perdue qui deviendra un lieu de cauchemar.
La réalisation est virtuose mais défend la volonté de piéger les anti héros et le spectateur. C'est du cinéma ludique. Alvarez nous promène littéralement dans la demeure du vétéran pour mieux nous surprendre. Il y arrive sans trop de "jumpscares" trop souvent vus ailleurs. Ici, c'est l'ambiance qui vire au drame moral. C'est un film d'indices. D'abord pour présenter les protagonistes puis pour les mener vers leur chemin de croix où le diable s'annonce plus sournois que prévu.
Le réalisateur cite Panic Room, Le Sous sol de la Peur ou Cujo. Il fait référence en tout cas à des films qui dépassent un peu le simple spectacle horrifique. Le film en dit aussi beaucoup sur l'état de la société américaine. Le portrait est cinglant. Il permet d'oublier les quelques facilités d'une dernière partie beaucoup moins convaincante.
Mais c'est du vrai cinoche qui veut faire peur. Il refuse la connivence avec le spectateur. Juste un film sec et méchant. Malin et flippant. Mille fois plus intéressant que la vie d'une starlette en tout cas!
Avec Jane Levy, Dylan Minnette, Dylan Zovatto et Stephen Lang - Sony - 5 Octobre 2016 - 1h26