Tell me if you like to
Des gringalets se prennent pour les rois du rock anglais. Ils ont pas le physique mais à Manchester, les geeks aussi peuvent nous faire la leçon! God save the kings!
Bon, on espère simplement que le Brexit ne va pas nous interdire d'écouter ce qu'il se passe outre Manche. C'est toujours plus intéressant que chez nous avec nos Tal et nos Louise Attaque. On dealera sous le manteau les nouveautés venues de Londres, Brighton ou Manchester.
C'est de cette cité que viennent les quatre larrons de Spring King. Comme ça, on ne peut pas dire qu'ils aient le look de rockers charismatiques. Ils ont plutôt des bouilles d'étudiants en informatique. Ils n'ont pas l'air de toucher à la bière. Encore moins aux gonzesses. On les voit mal derrière des instruments pour défendre un garage rock directement issu de l'héritage des Clash.
Pourtant Tarek Musa et ses copains ne font pas dans la dentelle. Spring King aime les rythmes endiablés et les guitares violentes. Ce n'est pas du punk mais on est franchement à la limite du défoulement général. On a hate de les voir en salles.
Car les quatre Mancuniens ont une énergie incroyable. En trente cinq minutes, ils nous embarquent dans un monde électrisant et électrisé. Ils aiment sûrement les Sex Pistols mais aussi les Beach Boys. Ils ne font pas dans la nostalgie. Leur musique est contemporaine car extrêmement bouillonnante avec des accès de rage et des idées plus calmes comme quelques emprunts à Springsteen, avec un saxo et quelques touches de synthés.
Ca ne part pas dans tous les sens pour autant. Les chansons sont carrées et taillées pour vous faire remuer le popotin. On a l'impression d'entendre un potentiel hit à chaque nouvelle plage. Le quatuor est sacrément doué tout comme le chanteur qui occupe aussi la place du batteur. C'est un concentré de liberté, ce disque! Vivement un petit passage dans cette vieille Europe qu'ils pourraient réveiller de la meilleure des manières! On vous laisse la reine, on prend les rois!
Island - 2016
Foreverland
Le plus francophile des auteurs britanniques est de retour. Après une longue de période de calme, il remet à jour toute sa formule de pop sous forme de musique de chambre. Toujours aussi plaisant!
Neil Hannon adore la France. Celle de Victor Hugo, de Napoléon ou des actrices plus récentes. Il aime les romans épiques. Il aime l'emphase des orchestres et l'élégance des violons. Il n'aime pas la facilité et la laideur. Il compose depuis plus de vingt ans des douces harmonies pour croquer ses contemporains à la manière des Monty Pythons. C'est un dandy impertinent et un musicien comme on en fait peu, fan de Scott Walker et de Jacques Brel!
Ce type bien sous tout rapport s'est fait plus rare ces derniers temps. Il s'est marié et gère désormais sa petite entreprise pour produire ce qui lui plait! Il retrouve donc le nom de son groupe fétiche pour retourner à ce qu'il sait faire de mieux: de la pop de salon, avec violons et choeur! Toujours aussi loin des tendances.
Pourtant il opère un petit retour en arrière puisque ce onzième disque est plus économique et minimaliste que les autres. Plus de lyrisme et moins de refrains entêtants. Cela n'empêche pas le disque d'être abordable. Bien au contraire. C'est un ravissement. Un divertissement pédant. Une petite pépite musicale.
Comme d'habitude, il y a des textes décalés, à l'humour acerbe accompagnés des clavecins, des harpes, des cordes et des cuivres pour nous faire croire que le romanesque peut être une affaire très actuelle! Comme toujours, c'est poignant et poilant. Neil Hannon est un grand chanteur (de petite taille comme Napoléon qu'il chante en tout premier), qui vit littéralement chacune de ses chansons.
Il réalise à chaque fois le même album, mais toujours avec des nuances. Avec le temps, son écriture devient essentiel car il est l'un des rares auteurs à se répéter avec un certain génie et une classe sans nom, qui plait tant aux chanteuses françaises qui lui réclament des ritournelles passionnées et dérisoires.
Neil Hannon nous fait aimer le trop plein et les joyeusetés baroques. Il prête des émotions que l'on connait tous à des grands de l'Histoire, il fait de la pop avec un orchestre. Il ne fait rien comme les autres: c'est pourquoi chaque sortie d'un de ses albums est une vraie fête!
DCR - 2016
Confirmation
Dites donc, c'est moi ou la belle Kerry Washington adore la politique?!
C'est une histoire vraie! Le sexe est chez nous plutôt bien vu. Nos politiciens sont libidineux mais finalement ils sont pathétiques. Ca suffit pour l'opinion publique, comme sanction. Mais la vieille Europe est beaucoup moins prude que les Etats Unis où le harcèlement sexuel est la pire des accusations.
C'est ce qui arrive au juge Thomas qui devait entrer à la Cour Suprême! En 1991, il se retrouve dans la plus violente des controverses. La victime de harcèlement est une ancienne collègue. Elle est belle, fière et intelligente. C'est Kerry Washington! La belle de Django Unchained et l'héroïne de la série politique, Scandal!
Elle est donc la productrice de ce film de procès qui une fois de plus nous plonge dans les eaux troubles de la politique, et de toute la boue qui peut éclabousser dès qu'on appuie sur les cerveaux malades des ambitieux. A Washington, la vertu cache bien souvent le vice et c'est ce que montre allègrement cette production HBO.
Avec Kerry Washington, Greg Kinnear, Wendell Pierce et Jeffrey Wright - 2016 - 1h50
La Reine de Beauté de Leenane, Martin Mcdonagh, Sophie Parel, Lucernaire
Une comédie noire décapante !
Dans un coin perdu de la campagne irlandaise, une mère est prête à tout pour garder sa fille auprès d'elle.
Le poêle est allumé, la télé aussi. La télécommande à la main, en pantoufles dans son fauteuil roulant, la mère regarde son feuilleton, l'air pas facile. Elle attend sa fille et par là, son porridge et son Complan®. Sans grumeaux si c’est pas trop demander. Dehors, derrière la porte d’entrée battue par un vent incessant on imagine le froid hostile et glaçant d’un village de campagne en plein hiver.
Il faut tout le talent de Catherine Salviat pour interpréter de façon aussi remarquable et redoutable la mère esclavagiste, acariâtre et tyrannique dépeinte par Martin Mcdonagh dans sa délicieuse comédie noire. Aucun rictus ne lui échappe. Aucune réplique assassine ne lui résiste et on ne peut que reconnaître, accablé par les ressemblances, les traits familiers d'une grand-mère ou d'une grand-tante. Le cœur sec, dur comme une pierre, elle manie avec brio la torture psychologique et sa victime, sa fille, pourtant consciente, ne peut que se résigner à la servir, encore et toujours, pour le temps qu’il faudra. La fille, interprétée par Sophie Parel (également à la mise en scène), incarne avec beaucoup de justesse l’ambivalence de ses sentiments : culpabilité de l’abandon; infini dévouement; envie irrépressible de vivre pour soi; de s’enfuir; rancœur; amour devenu haine. Face au couple mère-fille, les personnages des frères Dooley interprétés avec grande sensibilité par Grégori Baquet et Arnaud Dupont réagissent à leur manière, toujours touchante souvent malhabile, car ils ne peuvent que compatir, eux-mêmes également prisonniers de cette terre ingrate, face à l’impossibilité d'une autre vie.
Ainsi, avec à un décor simple mais hyper efficace et des lumières subtiles qui augmentent habilement la tension générale, les quatre comédiens sonnent parfaitement justes et profondément humains. Toujours comiques. Tous ont l'air de se régaler et d'être hyper à l'aise dans la mise en scène et leur plaisir est contagieux.
La pépite de Mcdonagh est très efficacement mise en scène et on ne peut que recommander !
Jusqu’au 16 octobre 2016
de Martin Mcdonagh
mis en scène par Sophie Parel
avec Catherine Salviat (de la Comédie Française), Gregori Baquet (Révélation masculine 2014), Sophie Parel et Arnaud Dupont
Burying the ex
L'immense Joe Dante n'a plus sa place dans l'industrie hollywoodienne. Quand il peut, il réalise ses séries B, toujours avec passion! La mort lui va si bien!
Joe Dante est un fan de films d'horreur. C'est un faiseur de séries B. C'est le papa de films cultes comme Gremlins, Hurlements ou L'Aventure Intérieure. Joe Dante est une figure importante du film de genre et c'est en quelque sorte, une version indépendante de Steven Spielberg. Les deux hommens profitent du cinéma pour réaliser leurs rêves.
Joe Dante, à la différence de son ami, n'a plus la cote à Hollywood pour réaliser des films. Il s'est arrangé avec la sitution. Il fait nettement moins de films et ces derniers ne trouvent même plus le chemin des grands écrans. Les derniers titres du bonhomme sont directement sortis en vidéo. C'est triste mais c'est ainsi. Pourtant même un tout petit Dante vaut un énorme blockbuster.
Car avec peu de moyens, Joe Dante fait du cinéma. Celui qu'il aime. Le cinéma fantastique comme conte moraliste et non moralisateur! La comédie grinçante! La subversion tout en douceur! Normalement c'est cela le cinéma de Joe Dante.
Dans Burying the Ex, Dante observe un couple mal assorti. Max rêve d'avoir sa boutique autour de l'épouvante, les vieux films d'horreur. Sa copine, Evelyn est une obsédée de l'écologie. Ils pensent s'aimer mais Max constate que leur vie à deux est trop compliquée. Trop de compromis
Malheureusement elle est victime d'un accident! Evelyn meurt. Mais revient à la vie, d'outre tombe! Entre temps, Max a rencontré Olivia, qui partage avec lui son goût pour le fantastique en noir et blanc ainsi que les vieux zombies. Le trio amoureux avec une morte vivante va se révéler évidemment difficile à gérer...
Car en plus Evelyn est une jeune femme autoritaire. Max est le double de Joe Dante. Comment ne pas voir en lui, le gars un peu décalé, un peu nostalgique, coincé dans une société qui ne comprend pas, face à la modernité, conquérante et aveuglé. Max est donc poursuivi par cette petite amie revenue d'entre les morts!
Les scènes de vie conjugale sont parfois longuettes mais Joe Dante semble bien s'amuser avec ses comédiens. Anton Yelchin, décédé dans un accident de voiture il y a quelques semaines, doit donc affronter le charme lumineux de la splendide Alexandra Daddario et la passion dévorante d'Ashley Greene, comédienne au potentiel comique assez surprenant. Le réalisateur tire le meilleur de son petit budget et de son vaudeville.
Ca ne donne pas un chef d'oeuvre mais une oeuvre sincère, assez drôle, qui ne manque pas de nous faire réfléchir. Ce qui est souvent la marque des grands!
Selection BD: les idées noires
Roman Muradov est illustrateur. Il habite San Francisco et s'est fait une solide réputation avec son dessin protéiforme et son lettrage pour le moins anarchique. Aux Etats Unis, on trouve ses histoires dans de prestigieuses publications comme le Boston Globe. En France c'est un total inconnu. Et la découverte de son oeuvre est pour le moins déconcertante.
Car cela part dans tous les sens. Ce premier recueil en français va dans tous les sens. On a beaucoup de mal à appréhender son oeuvre tellement le style est baroque. Il croque. Il dessine. Il peint. Il observe ses contemporains. C'est parfois sans queue ni tête. Une certaine désespérance transpire de ses variés efforts. C'est bien entendu de la poésie mais les 200 pages ne sont pas à lire d'un seul coup. Vous pourriez être dégoûtés!
Aujourd'hui Demain Hier ne laisse pas insensible. Mais il faut y revenir plusieurs fois pour apprécier l'oeuvre au noir de ce drôle d'auteur! Sa folie graphique est impressionnante. Il a des idées originales qui ne manquent pas de charme mais c'est quand même la tristesse qui perce au final. Une atypique lecture!
De son coté, le dessinateur de la gentille sorcière Mélusine, Clarke s'échappe du monde de l'enfance en mettant un peu de noirceur dans ses dessins. Son nouveau projet a un format tout carré car il s'est donné des limites précises. 4 pages. 4 cases sur chaque page. Une seule morale. Sombre et cruelle!
On pense un peu aux Tales from the crypt ou La Quatrième dimension avec ses récits simples, muets, en noir et blanc. Les Mondes Obliques broient du noir autour de la condition humaine et toutes ses folies. Là c'est un peu répétitif. Mais il est toujours plaisant de voir un dessinateur fuir un peu le succès pour tenter autre chose. Comme son lointain camarade, il y a une espèce de détresse qui flotte de case en case. Si la liberté de Muradov peut effrayer, Clarke réussit lui aussi nous faire regarder les abysses avec une rigueur formelle qui pourrait rappeler les terribles et cultes Idées Noires de Franquin...
Aujourd'hui Demain Hie de Roman Muradov - Dargaud - 200 pages
Les Mondes Obliques T.2 de Clarke - Le Lombard - 160 pages
Everything in between
Bon c'est sûr: nous ne sommes pas des spécialistes en matière de rap. Nous sommes peu sensibles au bling bling. On avoue que l'on a quelques clichés sur le genre. Pourtant quand on entend quelque chose de bien, on prend plaisir à partager!
L'année dernière fut une grande année pour le rap américain. Kendrick Lamar a réalisé un magnifique album et quelques autres rappeurs ont échappé aux stéréotypes. Il y avait beaucoup de disques passionnants, des états des lieux sans concession mais avec pas mal de mélodies, ce qui nous change des habitudes!
Ugly Heroes réunit le producteur Apollo Brown du Michigan et deux rappeur du cru, Verbal Kent et Red Pill. En 2013, ils sortent un premier album remarqué et trois ans plus tard, ils récidivent avec un album âpre mais aux samples exceptionnels.
Car il y a un subtil lyrisme dans leurs choix sonores. C'est un très beau disque de musique. Les petits gars de Detroit ont une vraie culture musicale. Cela s'entend sur chaque morceau, parfaitement taillé pour en découdre avec leurs colères et leurs revendications.
Il y a bien entendu de gros samples et des bidouillages sur des titres très soul mais ils sont peu connus donc ils nous poussent vers une vraie écoute. On est vite attentif aux boucle et même les couplets qui s'acharnent sur une vision acerbe du Monde. Ce n'est pas nouveau mais c'est tellement bien fait. La déprime les inspire!
C'est simple: on a bel et bien le sentiment de redécouvrir le rap, très loin des lourdes et coûteuses productions. Le trio est d'une honnêteté éclatante dans sa musique et dans son flow. Si vous voulez vous réconcilier avec le rap, choisissez cet album. Si vous désirez écouter tout simplement un bon groupe, découvrez Ugly Heroes! Si vous adorez le rap, ne loupez pas ce Everything in Between!
Mello music - 2016
Dernier train pour Busan
Les blockbusters de l'été vous désespèrent un peu. Tournez vous vers cette série B nerveuse qui nous réconcilie avec les zombies, la baston et le train. Pas mal du tout comme exploit!
Faisons un petit bilan de l'invasion des morts vivants sur tous les médias. Dans les jeux vidéo, ils sont trop nombreux. A la télévision, ils assurent le minimum cannibal sauf dans la série phare The Walking Dead. Dans les salles de cinéma, ils sont de moins en moins présents: on les trouve plus souvent des direct-to-video complètement fauchés et de plus en plus ridicules.
C'est donc une très bonne surprise de les retrouver en grande forme dans Dernier Train pour Busan, nouvelle série B sud-coréenne qui prouve que là bas, on fait son boulot avec passion. Le réalisateur fait mieux en quelques plans, que le blockbuster très contestable avec Brad Pitt, World War Z.
Les zombies (ou plutôt infectés) ont eux aussi une facilité à courir comme Usain Bolt. Ils sont aussi numériques pour faire nombre ou des cascades impressionnantes. Ils ne font pas vraiment peur non plus. Pourtant le réalisateur Sang-Ho Yeon embrasse sans ménagement son concept. Un train. Une invasion de zombies. Et puis des survivants pour quasiment se bouffer entre eux!
Parce qu'il décrit parfaitement ses personnages, son film échappe à son amusante idée (bloqués dans un train avec des zombies...tiens la ligne 13) pour nous choper émotionnellement et finir sur un poignant final assez loin des conventions et des facilités qui peuplent le cinéma "de divertissement" en Occident.
Le film n'est pas gore mais il refuse de brosser le spectateur dans le sens du poil. Venu de l'animation, Sang-Ho Yeon a le sens du cadre, ruse avec son espace restreint et abuse de la bonne petite idée qui va faire la différence. Il retrouve même le sarcasme social d'un Romero. Il maîtrise l'émotion, l'humour, la violence et l'action. S'il y a des défauts, ils sont tous excusés par l'énergie de la fiction, bluffante et irrésistible.
Le résultat est jouissif. C'est du vrai cinéma du samedi soir. C'est fun mais pas que. On sort même de là un peu moins stupide. On aurait même l'impression d'avoir réfléchi. On savez que les zombies étaient stimulés par le cerveau, mais la grande astuce de Dernier Train pour Busan c'est qu'il s'adresse à nos neurones. Une nuance qui fait toute la différence!
Avec Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Yu-mi Jeong et Dong-seok Ma - ARP - 17 aout 2016 - 1h55
La Carrière du Mal
Vivons heureux, vivons cachés! JK Rowling a donc utilisé un pseudonyme viril pour écrire des aventures policières bizarres et pas loin d'être horrifiques. Attention les yeux! Même s'il est question de jambes coupées et envoyées par colis!
Très occupé par la pièce de théâtre Harry Potter et la sortie d'un film dérivé de la saga culte, la Britannique JK Rowling se métamorphose de temps en temps en Robert Galbraith pour nous conter les enquêtes difficiles de Cormoran Strike. Fils de star, ancien militaire, estropié indélicat, gros costaud au coeur tendre, ce détective privé connaît les bas fonds de Londres comme sa poche.
Depuis deux livres déjà, on a vu qu'il ne perdait que très rarement son sang froid pour affronter des tueurs de la pire espèce et des situations extrêmement dangereuses. Armé d'un solide humour noir, il a aussi la chance d'avoir Robin, une secrétaire prête à tout pour l'aider, même si cela sème la zizanie dans sa vie privée.
JK Rowling profite de cette parenthèse policière pour se lâcher et décrire des monstres qui hantent nos sociétés. Le nouvel ennemi de Strike est intime et certaines pages sont anatomiques puisqu'il est question de découpage de gambettes et d'ablations chirurgicales plus ou moins violentes.
Franchement, ce troisième volet va assez loin dans l'horreur et heureusement les turpitudes amoureuses de Robin contre balancent avec une candeur déconcertante, cette violence glaçante qui va donner quelques suées à notre héros londonien, toujours aussi attachant et solitaire malgré son faible de plus en plus évident pour son associée.
Comme pour Harry Potter, la romancière sait fabriquer un univers. Celui ci est glauque. Les apparences sont trompeuses. Le mal est insidieux et seule, l'amitié est le rempart à la folie. Un peu moins prenant que les deux autres volumes, La Carrière du Mal reste d'une efficacité redoutable et évidemment on espère qu'il y aura autant de romans autour de Strike qu'il y en a eu autour d'Harry Potter!
Grasset - 608 pages
La maison sous les eaux
Deux chanteurs décalés du rock français quittent les routes bruyantes pour les petits chemins folkloriques qu'ils prennent plaisir à déblayer pour nous accueillir! Superbe randonnée!
Sammy Decoster est connu pour être un rockeur à la française. Défendu par la critique, il n'a pas beaucoup de succès mais son charisme est là. De même pour l'iconoclaste Fabien Guidollet qui avec son duo, Vérone, a su suprendre de la plus belle des manières. On les imagine urbains, usés par la vie nocturne parisienne, fascinés par les lumières de la ville. On les retrouve en chaussures de rando, à respirer le grand air!
Les deux musiciens se sont échappés à la campagne! Si vous revenez de vacances, vous pourrez avec ce duo musical redécouvrir les joies de la campagne, de la montagne et de la nature. C'est l'album le plus proche de la terre sorti cette année. Les deux hommes se sont laissés prendre par les charmes bucoliques de la verdure et de la vieille pierre.
Une source d'inspiration visitée rarement finalement. Beaucoup d'artistes se réclament de la folk mais ces deux là collent vraiment aux caractéristiques primaires du genre. Ils ont la définition la plus réelle. Ils ont la maison en bois, la guitare de la même matière et un jeu de voix pour nous conter des histoires, qui se sont cachés dans un vieux monastère ou derrière un rocher.
C'est un album minéral. Ce n'est pas facile d'accès mais comme une randonnée, il y a des vrais moments de doute et d'intenses moments de joie. Les voix proposent une harmonie étrange. Fabien Guidollet aime bien se faire conteur mais Sammy Decoster le ramène souvent vers le chant. Puis on se fait charmer par leurs chansons lentes et bavardes où les guitares montent une scène vieillotte, une répresentation qui pourrait avoir lieu dans une église.
Une fois que l'on a accepté la démarche, le premier disque des apprentis troubadours est d'une séduction palpitante. Avec leurs moyens, ils nous projettent effectivement dans un univers boisé où l'épure va bien aux légendes découvertes par les deux hommes. Le mysticisme envahit tous les morceaux, qui doivent être revisités à chaque fois car ils livrent petit à petit leurs secrets.
La rencontre entre les deux hommes profite du dépouillement total. Pourtant c'est un disque ample, vraiment spécial et qui sort obligatoirement du lot! Si vous voulez vous échapper un peu, fuir la ville ou découvrir un vrai voyage sonore, tentez l'aventure. Pas de crampe et certainement de la joie!
Modulor - 2016