Origins Vol.1
A 65 ans, le guitariste de Kiss cesse enfin de se maquiller et rend hommage aux chansons qu’il a tant aimées. Avec sa manière de guitar hero !
Il fait du rock circus. Il en fait des tonnes et il adore ça. Il est l’archétype du guitariste de hard qui fait couiner sa guitare comme un virtuose du tricot électrique. Ace Frehley a fait rêver des milliers de guitaristes avec sa démesure et son maquillage qui a fait la légende de Kiss !
Il a tout connu. Les hauts comme les bas. Franchement on n’attend plus grand-chose de ce papy du rock qui de temps en temps continue à faire le clown avec son groupe pétaradant et s’excuse toujours d’avoir joué dans le nanar culte qui colle aux baskets, Kiss contre les fantômes.
En tout cas, il est extrêmement sympathique. Le temps passe. Il n’a plus rien à prouver. Mais il profite d’une vague retraite pour rendre hommage à ses maîtres et tous ses plaisirs coupables. Son nouvel album solo est donc un disque de reprises. Il nous conte à sa manière ses origines.
Il fait le boulot correctement. Les morceaux de guitare sont épiques comme il faut. Il a surtout la bonne idée d’amener des copains à lui comme l’inévitable Slash, le discret Mike McReady de Pearl Jam ou son pote de Kiss, Paul Stanley.
Ensemble, ils reprennent joyeusement des standards où ils peuvent se défouler et nous aussi. Ce n’est pas du meilleur goût mais ca sent bon la sueur et le bonheur de transpirer sur quelques notes mythiques.
On entend donc les refrains des Stones, d’Hendrix, de Steppenwolf et même des Kinks ! Il y a toutes les petites textures du rock heavy. C’est simplement fun. On écoute et on oublie vite.
Entertainment One Music - 2016
Und, Howard Baker, Jacques Vincey, Natalie Dessay, Théâtre de la Ville
" En retard"; elle attend un homme en retard.
Diva à la silhouette artificiellement allongée, elle va égrener un monologue acrobatique engoncée dans ses apprêts baroques. Autour d'elle, un environnement sonore fantastique et inquiétant réalisé par Alexandre Meyer. Au dessus d'elle, en guises de lustres étincelants, sont suspendues des lames de glace qui fondent inexorablement, forment des flaques qui progressivement mangent le sol sous ses pieds.
Elle, Natalie Dessay, a une voix indescriptible, claire comme le cristal, vibrante, pleine. Sa diction est parfaite; une interprétation directe, face publique, certains mots suspendus en l'air comme figés dans un instant fulgurant, comme ce goutte à goutte de glace, comme des lames de couteau. Le propos évoque l'attente anxieuse d'une femme, l'attente d'un amant sombre; un homme qui enlève les juifs... Elle évoque ses manières à elle, elle tente de faire l'aristocrate, plus que les aristocrates eux-mêmes; mais elle est juive... Elle évoque une vie de simulacre. Elle se dévêt finalement pour que la vérité sorte.
La cloche sonne quelque part. Le bruit des vitres qui se brisent rencontre bientôt le vacarme des lames de glace fondues qui tombent sur scène. Elle est toujours très digne et maniérée, cette voix toujours si extraordinaire tandis que l'environnement autour d'elle vole en éclat, et lui envoie les signes annonciateurs des derniers égards, de mort et de sépulture, et qu'elle entend les pleurs d'un amour désavoué...
Dans ce théâtre beckettien, hors lieu, hors temps et pourtant si sensoriel, où l'on sent le froid, où le sonore nous éclabousse, Natalie Dessay est implacable, inoubliable.
Cette pièce courte est un formidable exercice de mise en scène.
Si l'on arrive tôt au théâtre des Abbesses, on entend Natalie Dessay faire ses vocalises de Soprane... Un enchantement.
Jusqu'au 14 mai 2016
Und, de Howard Baker, mise en scène de Jacques Vincey, avec Natalie Dessay
au Théâtre de la Ville aux Abbesses
Delta Force
Après le patriotique Independence day, place à une autre machine de guerre avec du poil et de la sueur: Chuck Norris! On lui doit un magnifique traité autour des problèmes au Moyen Orient idéal pour un samedi soir . En plus on fête ses trente ans!
Bien avant le 11 septembre, les barbus cherchaient des noises aux Américains. La démocratie, ça fait peur à ces fachos ! Ils ne supportent pas ce vent de liberté qu’apportent les Américains et leurs idéaux. Ils sont tellement énervés qu’ils passent leur temps à kidnapper des yankees.
Heureusement il y a la Delta Force, mené par le major Mc Coy et le lieutenant Alexander. Eux, ils n’ont pas peur des terroristes. Ils sont l’élite des Forces spéciales. Ce ne sont pas des Libanais manipulés par l’Iran de Khomeiny qui vont leur faire peur. Cependant, des terroristes ont détourné un avion et vont s’en prendre aux passagers.
C’est arrivé pour de vrai en 1985 et Delta Force est une vision très américaine de ce fait divers. Les méchants terroristes sont joués par des acteurs Américains. Le conflit israélo-palestinien est traité avec un sens de la nuance qui ne déplairait pas à Stallone ou Schwarzenegger. C’est totalement partisan et c’est ce qui fait de Delta Force, un film extrêmement drôle.
Chuck Norris, bien avant sa série réactionnaire, Walker Texas Ranger, en fait des caisses comme défenseur de la justice et de liberté. Lee Marvin sucre les fraises avec Robert Vaughn et tous les autres comédiens grimacent, qu’ils soient du bon ou du mauvais coté du flingue.
Réalisé par Menahem Golan, le film pourrait être sorti de l’imaginaire de Donald Rumsfeld. Le réalisateur fut un grand bonhomme des années 80. On lui doit des productions prestigieuses (façon de parler) comme American Ninja, Le justicier de New York ou l’hilarant Les Maitres de l’univers.
Populaires et musclées, ses productions ne font pas dans la dentelle et Delta Force restera l’un des sommets de sa carrière. On pourrait mépriser une œuvre aussi simpliste mais le spectacle est une succession de scène cultes car totalement réalisées au premier degré. Heureusement que le ridicule de ne tue pas… quoique : peu de temps après, Lee Marvin disparaîtra.
Et puis il y a la musique d’Alan Silvestri qui donne envie de défendre la patrie. Un Main Theme inoubliable qui fait bomber le torse et qui fait de nous des Chuck Norris en puissance. Plus qu’un film, une vraie leçon républicaine !
Phrase culte : I was in Beirut 20 years ago.You should've been here then. It was beautiful! Beirut had casinos, dances, parties, concerts. It was the Las Vegas of the Middle East.
Hills end
Bon je sais que l'on va me dire que ca vire à l'obsession mais sérieusement la Britpop n'est pas morte. Après les vieux groupes qui reviennent de nulle part, voici les petits jeunes qui rêvent de remonter le temps, 20 ans en arrière.
Ils ne sont pas Anglais. Mais ce sont des cousins éloignés: des Australiens. Ils sont trois et visiblement ils ne se sont jamais remis de la découverte de Blur, Oasis et tous les autres. Le trio a tout écouté dans le genre et surtout il a parfaitement digéré ce mouvement, 20 ans après son succès.
C'est une imitation qui force le respect. Le premier morceau relève de l'exercice de style mais le second titre balance sérieusement dans les années 90 et le troisième finit de nous convaincre. Voilà encore des petits jeunes qui recyclent le passé mais le font avec une conviction qui semble profonde. C'est une profession de foi.
Il y a dans ce disque un concentré d'attitudes identifiables. Il y a le respect pour le parrain Paul Weller. Il y a l'humour de la pop londonienne. Il y a les mauvaises manières du lads. On a bien du mal à croire que ces gars là vivent de l'autre coté de la planète. Sur leur pochette, on voit des supporters de Manchester United et pourtant ce sont des fins musiciens, qui connaissent la pop jusque dans les échos de la guitare.
Tommy O'Dell, le leader du groupe a tout du petit frère des arrogants frères Gallagher. On sent les sales gosses, doués pour la pop électrique et simple. Ils nous plaisent par cette insolence digne de l'adolescence passée sous le signe des fish & chips. Ils sont nostalgiques mais leur musique est remuante.
Le trio fantasme sur la britpop et se love dans des mélodies qui font plaisir à entendre. Ce n'est pas original mais en ressuscitant un genre, ils ont le grand mérite de réveiller nos souvenirs et notre curiosité! En tout cas après tout ca, je vais me faire une bière dans un pub!
Infectious - 2016
Sea of Brass
Retour en fanfare d'un groupe so british.
Mine de rien, British Sea Power poursuit son aventure pop loin des sentiers battus et des ambitions commerciales. Tout avait bien commencé pour ce groupe très brit pop à l'aube des années 2000. Le groupe avait tous les symptômes du groupe à succès. Ils viennent de l'une des capitales de la musique, Brighton. Il y a deux frangins au sein du groupe. Ils connaissent l'histoire de la pop sur le bout des doigts. C'est un petit joyau à l'éclat discret.
On a même cru qu'il était éteint. Mais les revoilà avec une fanfare. Rien de tel qu'un bon gros orchestre de cuivres pour vous remettre en forme. C'est drôle en apparence. Cela fait même rustique en invitant une tradition très anglo saxonne venir nourrir une autre spécialité du coin. De la fanfare dans de la pop. Ca n'aurait pas déplu à ces gros réac' de Oasis ou les Londoniens prudents de Blur.
Après avoir réalisé la musique de plusieurs longs métrages, British Sea Power a prouvé qu'il aimait bien les ambiances plutôt que l'efficacité. Ils sont plus proches de Arcade Fire ou Elbow que des deux champions cités plus haut.
Le tout premier morceau nous immerge dans ce doux mélange qui a le grand mérite de surprendre. On finira par se laser mais le groupe a le mérite de foncer vers une idée fixe avec une vraie envie qui s'entend dans des arrangements parfois impressionnants.
C'est donc de la pop à l'ancienne avec une production inhabituelle. C'est simple. Carré. Ca fait son petit effet. Ca sent bon les plaisirs d'Outre manche . C'est peut être lassant mais l'exotisme est là! Il y a de l'emphase et de la rudesse. Et derrière tout ca un peu de douceurs qui font du bien au moral!
Rough Trade - 2015
Le Chasseur et la reine de Glaces
Bah oui c’est comme ça : les contes pour enfants sont cruels. Et si on veut les mettre littéralement en scène cela peut donner un truc un peu sadique, pas du tout pour les petits et franchement bizarres pour les plus grands.
Dans le premier film, Blanche Neige se transformait en guerrière comme sa copine Xena. Dans cette suite pas du tout obligatoire, le Chasseur du premier volet doit de nouveau affronter le beau miroir du conte des frères Grimm ; qui est en fait une version girly de l’anneau de la fameuse trilogie de Tolkien.
C’est toujours le Bien contre le Mal sauf qu’ici le Mal fait vraiment du mal à son entourage. Au bout de cinq minutes de métrage, il y a par exemple un bébé qui brûle dans son berceau. Un peu glauque n’est ce pas ? Et ce n’est pas la seule idée décalée de ce blockbuster qui joue à fond la carte de la dark fantasy.
Cependant ce n’est pas un chef d’œuvre subversif. L’Heroic fantasy est un art difficile sur grand écran et de temps en temps, le film se plante méchamment avec des touches d’humour malvenues ou des personnages trop grotesques.
Le réalisateur (français cocorico) a pourtant la chance de faire jouer un trio d’actrices incroyables. On peut oublier Charlize Theron qui ne fait pas du tout dans la nuance pour jouer la méchante reine qui bave du sang noir. Mais on est toujours charmé par Emily Blunt, brindille parfaite pour jouer une Reine de Glaces un peu moins niaise que la Reine des Neiges. Et Jessica Chastain arrive à ne pas être ridicule en guerrière marié à cette barrique sympathique qui sert de héros, toujours interprété par Chris Hemsworth.
Ce conte sombre se regarde sans déplaisir mais aussi sans passion. On se dit que tout cela manque un peu de sexe et de quelques autres déviances. Mais le ton reste, par sa noirceur, est un peu surprenant. Il y a encore du boulot pour que l’on assiste à une version épique et crue de Blanche Fesse et les sept Mains !
Avec Chris Hemsworth, Jessica Chastain, Charlize Theron et Emily Blunt – Universal – 20 avril 2016 – 1h54