Chansons d’actu: Mobilis in Mobile

La maison de pain d’épice

L'ancien chanteur élastique de L'affaire Louis Trio joue le crooner revenu de tout avec une classe toujours savoureuse. doué et sans ego démentiel, Hubert Mounier va sacrément nous manquer!

Hubert Mounier restera le chanteur de L'affaire Louis Trio. Il est donc attaché au succès eighties Chic Planète. On se souvient de lui pour sa banane extravagante et ses danses endiablées. On n'oubliera pas son goût pour le chant emprunté aux crooners américains.

Pourtant on doit aussi se souvenir que le groupe fut responsable d'un authentique chef d'oeuvre de la pop française, "Mobilis in mobile". Un album concept d'une incroyable fraicheur qui continue de faire naviguer sur une mer mélodique d'une rare beauté.

On profite du nouvel album solo du chanteur pour le signaler. Ecoutez "Mobilis in mobile"! Mais attardez vous aussi sur "La maison de pain d'épice" qui propose elle aussi une visite agréable. Depuis "Le grand huit", en 2001, Hubert Mounier a fait quelques disques sympathiques. Discret, il est motivé par Benjamin Biolay pour continuer à écrire. Il s'installe en Ardèche et s'adonne aussi à sa passion, la bédé.

Hubert Mounier est un excellent dessinateur et il le prouve avec ce disque, accompagné d'une bédé sur les soucis créatifs du chanteur.

Ses chansons sont toujours douces et de plus en plus aigres. Hubert Mounier se raconte à travers de jolis titres, parfois un peu stéréotypés, parfois percutants. Avec le dessin et la musique, il a réussi à se trouver une place (sa maison en pain d'épice). Elle est à l'ombre. Mais il a un point de vue particulier sur la pop française.

Sa modestie l'empêche peut être de rester à la lumière mais son savoir faire est éclatant. Il compose avec une simplicité qui fait la différence avec une production actuelle un peu trop sophistiquée. Mounier s'adresse à son auditeur comme à un vieux copain, au moment d'une confession.

Il a une tendre ironie et un sourire un peu triste. Trop sage, Hubert Mounier reste un artiste troublant. C'est fin et habile. C'est classique et sans prétention. La sobriété de Mounier est rassurante et très attachante.

Au bout du compte, sa maison en pain d'épice a plus de goût que l'on croit !

Naive - 2011

Captain America Civil War

Ca commence sur une idée assez marrante ! Dans les blockbusters, les héros généralement détruisent allégrement des villes entières et les destructions massives sont très courantes dans ce genre de produits de consommation.

Des milliers de personnes périssent et à la fin, on applaudit tout de même le courage des super héros qui ont limité les dégâts et éloigné le pire du pire de l’Univers. Imaginez donc que cette chair à canon se rebelle. C’est bien gentil de nous sauver des monstres de tout poil mais faudrait faire attention au pauvre petit peuple de la Terre.

Quand on a de grands pouvoirs, on a aussi de grandes responsabilités ! C’est le constat que fait l’athlétique Captain America et ses amis Avengers. Entre nous, les super héros se multiplient actuellement jusqu’à la nausée. Et le plus Américain d’entre eux est aussi le plus agréable à suivre.

Le premier film était résolument pensé comme un film d’aventures à l’ancienne avec nazis tarés et bastons épiques. Le second faisait dans le film d’espionnage old school et ce nouvel épisode lorgne sérieusement du coté de Jason Bourne (qui revient cet été d’ailleurs).

Il est beaucoup question de politique et de tactique avec, au milieu, un bon gros complot qui cache une rancune tenace d’un obscur agent secret. Le Captain America est droit dans ses bottes et s’accroche à ses valeurs d’un autre temps tandis que les autres super héros se posent de sérieuses questions d’éthique. Cela donne dans sa première heure un très étrange et malicieux spectacle où l’on voit des super héros aux pouvoirs plus ou moins extraordinaires s’interroger sur leur nature profonde.

Les frères Russo, comme dans le précédent épisode, apporte de la matière au genre et font de leur héros au bouclier yankee, le catalyseur d’une vraie introspection sur le super héros. On assiste à une analyse où chacun réagit à sa manière.

Inévitablement les points de vue sont remplacés par les poings et Captain America s’oppose à Iron Man. Moins sombre que le Batman Vs Superman, ce troisième volet n’oublie pas d’être un film d’action et les super personnages sont nombreux mais jamais délaissés. Les petits nouveaux qui entrent en scène dont Spider-Man ne servent pas de faire valoir.

Cela dure deux heures trente mais on ne s’ennuie jamais et le scénario jongle entre les rebondissements et l’humour sans fausse note apparente. Les Russo nous réconcilient avec les hommes masqués ou volants. Comme les milliers de morts innocents en arrière plan, on a l’impression d’avoir été pris en considération. C’est déjà ça !

Avec Chris Evans, Robert Downey Jr, Sebastian Stan et Scarlett Johansson - Marvel Studio - 27 avril 2016 - 2h28

Cleopatra

Fort d'un premier album qui a cartonné un peu partout dans le Monde, The Lumineers doit continuer d'éclairer son son folk teinté de pop! Le deuxième album est un effort périlleux.

Il faut tout casser. Ou tout assumer. The Lumineers, auteur de l'imparable titre Ho hey, est un gentil trio du New Jersey qui a tout connu surement trop vite! Leur premier disque fut un énorme succès et le groupe a pris tout son temps pour composer leur second opus nommé Cleopatra: eux aussi, ils ont senti les sentiments grisants de la fortune et de gloire!

Maintenant, ils ont les moyens de leurs envies et Cleopatra n'est plus le sympathique geste folk de trois amateurs de country à l'ancienne, entre attitude bobo et idées un peu rustiques! Le premier album a placé le trio dans la mouvance de cette néo folk qui ose des intrusions dans la pop et l'efficacité rock. Ils font un peu pensé à Mumfords and Sons ou Of Monster and Men.

Donc que vaut ce second disque évidemment attendu? He bien, rien de très nouveau. Rien de décevant. Les chansons sont entraînantes quand il faut. On irait bien se rouler dans l'herbe ou courir dans les champs comme dans le générique de La Petite Maison dans la prairie. C'est rafraichissant. La musique idéale pour une promenade dans les bois!

Cependant ce n'est pas très nouveau. Le trio assure dans son style et prend peu de risques. La production est un peu meilleure mais moins spontanée. Les titres se perchent tout de suite au dessus de la nuée de chansons que l'on entend. C'est du bel ouvrage. Les salles vont reprendre a tue tête les refrains. La fraicheur du premier album a bien entendu disparu. A la place, on a des musiciens qui savent faire bouger l'audience et qui a désormais un savoir faire.

C'est bien mais on aurait aimé être un peu plus surpris. Mais c'est ce qui arrive quand on aime trop vite: on peut déchanter ou être exigeant plus rapidement.

Dualtone Music - 2016

Independence Day

A peine est il aux Etats Unis que Roland Emmerich célèbre la fête nationale. Avec lui, l’impérialisme américain se la joue cool et détendu ! Tout ce qu'il faut pour être le film du samedi soir avec pizza, bières et copains!

" Good morning. In less than an hour, aircraft from here will join others from around the world. And you will be launching the largest aerial battle in the history of mankind. "Mankind." That word should have new meaning for all of us today.

We can't be consumed by our petty differences anymore. We will be united in our common interests. Perhaps it's fate that today is the Fourth of July, and you will once again be fighting for our freedom...

Not from tyranny, oppression, or persecution... but from annihilation.

We are fighting for our right to live. To exist. And should we win the day, the Fourth of July will no longer be known as an American holiday, but as the day the world declared in one voice: "We will not go quietly into the night!"

We will not vanish without a fight! We're going to live on! We're going to survive! Today we celebrate our Independence Day! "

Non, un discours de George Bush ne s'est pas perdu sur cette chronique. Il s’agit tout simplement de la plus hilarante élocution du président Whitmore, dirigeant américain devant faire face à des aliens adeptes de la destruction massive.

Comme nous sommes dans un film amércain pour tout public (du Monde), l’Amérique triomphera grâce à sa diversité culturelle, ses prières et sa force de frappe. C’est un phare dans la nuit qui éclaire toutes les nations du Monde.

C’est beau comme une cravate de Donald Rumsfeld et c’est complètement assumé par l’Allemand Roland Emmerich. Il respecte un cinéma yankee jusqu’à la caricature.

Il y a donc le black tout feu tout flamme (Will Smith), le président guerrier (Bill Pullman dans son meilleur rôle), un scientifique rusé (Jeff Goldblum), une famille qui va resserrer ses liens face à l’adversité (Randy Quaid et des têtes à claques), un ministre aveuglé par la puissance (il a un nom un peu balkanique), des femmes courageuses, des généraux crispés et un vieux juif qui fait des bonnes blagues.

Ils animent l’entracte entre les scènes d’action : pour la première fois, Emmerich ravage la planète. Ca sera désormais sa marque de fabrique. Toutes les villes disparaissent. Les militaires n’ont pas vu la série V et donc comprennent trop tard que les extra-terrestres veulent nous exterminer comme dans toutes les bonnes vieilles séries B des années "bouh on a peu des communistes qui rêvent de nous envahir"!

Les références se multiplient et Independence Day s’étale sur plus deux heures pour nous dire que l’union fait la force, que les Etats-Unis c’est top et qu’il ne faut pas s’inquiéter avec les aliens : ils font des milliards de kilomètres pour vous transformer en merguez vivante mais ils ne sont pas foutus de protéger leur ordinateur d’un virus lancé d’un TO7… Depuis on ne les a pas revus ! Ils sont la honte de l’Espace. Jusqu'à cet été!!!

JoLLy TRouBLE

Retour des trublions de la musique ! Inclassable, GaBLé continue à dévaster les notes avec humour dadaïste et second degré polisson !

Polisson car lorsqu’on voit la jolie pochette de leur nouvel album, on devine que le trio ne veut pas nous laisser indifférent. Si vous aimez la musique bien barré, nous vous conseillons l’écoute plus qu’attentive de ce groupe pas comme les autres.

C’est donc un disque une fois de plus bizarre. Avec des découpages faussement approximatifs. On pourrait imaginer des improvisations. Le trio aime les ruptures et ne peut pas rester en place. On est certainement plus proches des arts plastiques que la musique. Ils bricolent des chansons branlantes mais pas anodines.

C’est leur force. Ils fascinent tout de même. On pourrait imaginer des glaneurs mais sous leurs sottises sonores, il y a bel et bien des harmonies, des mélodies et des ambiances. Ils pourraient faire n’importe quoi, mais c’est maîtrisé et c’est ce qui rend l’écoute de JoLLy TRouBLe assez palpitante.

Car les apparences sont trompeuses. Le bordel est très bien organisé. Les chansons veulent simplement nous chahuter mais on pense à Frank Zappa dans ses œuvres les plus folles. C’est du psychédélisme poussé à l’extrême. Pas de lyrisme ici ! Les chansons se succèdent joyeusement en montant sur différents styles et différents instruments. C’est bigarré.

Ca peut prendre la tête. Ca demande une véritable initiation mais dès la seconde écoute, ce nouvel album délivre ses petits secrets et c’est ce qui le rend très sympathique. Un brin de folie, ca fait toujours du bien!

Ici d'ailleurs - 2016

Le Douanier Rousseau, L’innocence archaïque, Musée Orsay

rousseau
Nul besoin que l'on guide mon regard comme un petit enfant par la main
On ne m'autorise pas mon regard
Cette insistance actuelle à mettre côte à côte l'Œuvre et d'autres, d'autres artistes, d'autres époques
Mon regard est libre puissant fertile
Les œillères de la Culture de la Communication du Commissaire d'exposition - CCC - le gênent, le rendent fou
Regarde. Le Douanier a copié telle œuvre
Regarde ! Le Douanier a inspiré telle autre
Regarde ! Une œuvre du Douanier coincée entre deux que l'on tire du côté Rousseau pour faire coïncider pour rassurer pour une petite cuisine ridicule. Regarde !

Je regarde, bien obligée, si j'arrache des cimaises ce qui perturbe mon union au Douanier je gage que je n'aurai pas le temps de terminer mon voyage
Je regarde et mon regard ne voit que le Douanier Rousseau
que les perturbations soient contemporaines / anciennes / classiques / d'avant-garde
je ne vois que lui sans époque sans explication sans raisonnement sans référence
Lui l'étrange étranger le différent le grand le pur l'imperturbable le nouveau-né l'incompréhensible l'entier

Il ne plaît pas, n'a pas plu à son époque, moqué ridiculisé il n'est pas dans l'air du temps il ne respire pas le même air il n'est pas élégant facile léger, il est obscur dense singulier toujours aujourd'hui il tranche il est différent son langage ses couleurs ses formes son instinct

Lettre à Ambroise Vollard, juin 1910
"Cher Ami,
Je donne avant les vacances une fête familiale artistique littéraire musicale (...)"

Il m'entraîne dans sa fête familiale artistique littéraire musicale, il m'isole il est l'isolé, l'isola, l'île sur laquelle s’échouent toutes interprétations.

Le ballet silencieux et flou du public devant la guerre la jungle la muse, des aplats nets des narrations denses des étranges vifs saillants des ciels bleus des corps masses des fleurs hautes des regards droits des exotismes clos des tueries figées des faims transformées des paradis inconnus

Je m'assois avec mes deux yeux mon regard seul dans la dernière pièce celle des jungles de ton atelier
à force de temps de silence d'immobilité, les bêtes commencent à rôder les plantes à frémir les singes à crier la terre à suer les femmes à se dénuder les sexes à se dresser
Mon regard se déshabille je me déshabille enjambe le bord de ta palette et vous rejoins.

 

Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque.

22 mars - 17 juillet 2016

Musée d'Orsay

Le livre de la jungle

Sauvage et beau. Quand Hollywood se prend Frederic Rossif...Ou quand Disney, maître incontesté de l'entertainment recycle son catalogue. Après Alice au Pays des Merveilles et Maléfique, l'empire propose une version live du Livre de la Jungle, autre classique de l'animation.

Il met aux commmandes Jon Favreau, acteur sympa et réalisateur poli (Iron Man, Chef), habitué des sommets du box office pour mettre en scène la savane joyeuse du Livre de la Jungle. Le cinéaste s'applique donc avec tous les moyens numériques à respecter le cahier des charges du classique.

Il y aura donc des chansons joyeuses, des animaux qui parlent et de spectaculaires décors. Le film est à ce niveau, impressionnant. La bande annonce donnait mal au coeur avec ses images trafiquées. Le film a le mérite de nous réconcilier avec toutes les effets spéciaux du moment. Tout est faux à l'exception du petit comédien (assez insupportable au passage) mais l'immersion est totale.

La jungle de Favreau est graphique et idéale. On se pourrait se promener sur l'île de King Kong. Depuis Avatar ou L'Odyssée de Pi, on n'avait pas vu ça. Le réalisme est troublant. le grain de l image est étrange. C'est une véritable expérience sensorielle. L'anthropomorphisme des animaux renoue avec toute l'ambiguïté de l'exercice faussement enfantin de faire parler les bêtes. On n'attendait pas cela de Jon Favreau mais il faut bien avouer que le film ne peut vous laisser de marbre. Il se passe quelque chose.

Mais on est plus intrigué par la technologie que par l'enjeu de la fiction, que l'on connaît trop bien et qui n'avait pas forcément besoin d'un nouveau film. La version live montre néanmoins la noirceur que le dessin animé avait volontairement gommé. La cruauté est ultra présente et glaçante aussi.

Pour apaiser les esprits, Favreau a une grande idée: donner à l'ours Baloo, la voix du fantastique Bill Murray. Juste pour ça, le film mérite d'être vu. Avec lui, il y a un peu de second degré dans la rutilante mécanique Disney. Un peu d'âme. C'est ce qui manque à l'ensemble mais on est très loin du produit de consommation décérébré.

Avec Neel Seethi - Disney - 13 avril 2016 - 1h45

Red Flag

Puisque mon collègue vous dit que c'est le grand retour en Angleterre des années 90! Une nouvelle preuve: les filles des All Saints ne se crêpent plus le chignon. Elles chantent de nouveau ensemble!

Car je vais vous parler d'un temps où les jeunes ne fantasmaient pas sur Nabila et toutes les crétines gonflées de partout qui bullent à la télévision, débiles grandioses qui ne se rendent même plus compte de la vacuité. Je vais vous conter une époque où les filles savaient chanter et se battre comme des championnes. Elles étaient populaires, et cela était bien!

Pendant que Blur et Oasis se souhaitaient les pires choses, les Spice Girls, elles, voyaient d'un mauvais oeil le succès des All Saints. Pour le coup, elles avaient bien raison. Ce girls-band avait presque quelque chose de sincère et les filles ressemblaient à s'y méprendre à des chanteuses. Des Anglaises jolies et butées. Un truc incroyable qui sentait bon le fish & chips et les amourettes foireuses à l'odeur de bière, au coin d'une boite.

Elles étaient fiers de se montrer brillantes et tentaient d'écrire des choses futées et qui avaient du sens. Quand on voit les têtards chanteuses d'aujourd'hui, on se dit que les chanteuses de cette époque, elles avaient du caractère. Un peu trop: le groupe n'a pas duré longtemps! Les Spice Girls sont restées le maître étalon du fameux Girl Power!

Mais les All Saints ont marqué leur décennie avec des titres bien groovy et par nostalgie, on veut bien écouter leur quatrième album. Aujourd'hui, on n'en est plus au formatage pour plaire aux masses et aux puceaux. Elles se retrouvent avec de nouvelles chansons pop bien fichues, typiquement british.

C'est donc un mélange de white soul, de pop proprette et de funk mid tempo. Elles ont encore la classe et surtout les textes sont lucides, un peu désenchantés et très bien défendus par les soeurs Appleton, Melanie et Shaznay. Avant on regardait leurs fesses maintenant c'est le contenu qui nous intéresse. On veillit après tout!

Mais pas de regret. Il y a des fautes de goût propres au genre mais ce n'est pas désagréable de les entendre à nouveau. Elles se sont embourgeoisées mais ont des choses à dire. Simples et dérisoires. Comme on était un peu amoureux d'elles, on les écoute avec attention. Elles n'ont pas beaucoup changé en 20 ans... nostalgie, quand tu nous tiens!

London - 2016

LOTUSFLOW3R – MPLSOUND – ELEXER / PRINCE – (Because music – 2009)

prince 2

Prince est de retour avec un triple-cd sur le label indépendant Because Music. Triple injection pour trois facettes : soul, rock et funk. Triple injection pour montrer que le Prince aime plus que jamais le mélange des genres tout en renouvelant son statut d’incontournable musicien. Enfin !
Le Prince a choisi Because Music pour la France, un label indépendant. Prince entretient la singularité. On se rappelle que le Prince a été un des premiers a claqué la porte des majors, ouvrant la voie à bien d’autres depuis… Si le nom du Prince était sous licence à la Warner jusqu’en 2000, Rogers Nelson de son vrai nom n’a jamais cessé de produire, écrire sous d’autres pseudos, même si les medias l’ont beaucoup moins exposés.

De retour cette année à Londres et cet été en Suisse au Festival de jazz de Montreux devant 8 000 fans, le voilà désormais en pleine lumière dans les bacs sous deux versions : un album simple "Lotusflow3r" et un triple cd en édition limitée dans lequel l’album central est rejoint par « Elixer » et « Mplsound » (Minneapolis Sound). Pochette surréaliste, le Kid de Minneapolis au centre d’un lotus renaît. Bienvenue dans la Galaxie du Prince...

L’Elixir de Bria Valente : se Souler au « 2nite »

Le triple-cd est forcément surprenant. Parce qu’il donne une formidable rampe de lancement à Bria Valente, la nouvelle protégée du Prince dans un album clairement conçu pour activer les hormones. Si l’album est inspiré d’une soul entourée d’étincelantes touches de guitare électrique au son jazzy et parfois de lourde basse (« Here Eye Come »), le rythme vacille entre son hip-hop (« Home ») et disco comme en témoigne le sulfureux « 2nite » qui fera chanceler tous les night dancers avec un langoureux beat disco qui va faire transpirer les boules à facettes. Le song lover n’oublie pas qu’il est une icône sexy, Bria est là pour le rappeler, effets de voix séducteurs à l'appui. La galaxie du Prince, c’est aussi l’univers de la nuit. « 2nite » va tourner en boucle sur les platines, tandis que les autres morceaux parfois sombres vous plongeront dans une soul propre mais qui ne révolutionnera pas le genre. « Every time » donne même un côté fleur bleue kitchissime. L’album s’écoute très bien même si les fans ne comprendront peut-être pas l’immersion de cette nouvelle icône dans le paysage du Prince.

"Lotusflow3r" : la guitare-power

"Lotusflow3r" remet la guitare en pole position et on sait qu’en ce domaine le Prince est largement compétent. Les sonorités sont variées et rejoignent celles d’Hendrix. L’influence est telle dans « Dreamer » (la wah-wah se lâche un peu) qu’on ne peut le prendre que comme un hommage. Les fans ne s’y retrouveront pas forcément, - on est loin de « Purple rain »- les mélomanes peut-être davantage avec des touchers de gratte qui font du bien entre blues (« Colonized mind ») et pop (« 4ever »). « Boom » alterne guitare nerveuse et voix calme, « Wall of Berlin » vire carrément au psychédélique et promet des concerts explosifs. Cet album est le plus rock des trois mais aussi le plus complaisant : il annonce le retour musical d’un Prince qui se fait plaisir en jouant. C'est la nouveauté du tryptique. Cette complaisance pourrait en agacer certains qui préfèrent la concision au bavardage musical. De notre côté, ça passe. « …Back to the lotus » le dernier morceau instrumental clôt l’album comme il s’est ouvert : sur une guitare qui improvise et s’amuse à serpenter sur des sonorités électro qui annoncent désormais le troisième volet funky et le plus surréaliste : "MplSound".

"MplSound" : attention, le Kid est toujours là

C’est l'abum qui ressemble le plus à la production passée du Prince. Ca décape comme le spasmodique « Dance 4 me », et ça roucoule comme le doux « U’re gonna c me » dans lequel Prince laisse entendre sa fragilité vocale. Le vocoder (effet vocal sur la voix) est usé avec parcimonie tout au long de l’album. Prince a dépoussiéré les synthés et les effets. (« There’ll never B) Another like me » et « Chocolate box » vous convaincront dès l’ouverture. Le synthé en fond de « Valentina » et les paroles-gimmicks nous rappellent que le Prince s’est fait une renommée mondiale grâce à sons sens de la mélodie. Enfin le morceau « Ol’skool company » s’impose comme le morceau phare par sa variété et son culot. Enorme. On pourrait regretter qu’il n’y ait pas plus de cette folie tout au long des trois albums. Pas de doute, le Prince est de retour. C'est funky-electro, ça bouge, ça a du pep's. On retrouve le brin de folie du Kid de Minneapolis.

Pour l’ensemble, la production orchestrée par le Prince marque donc le grand retour de la star mondiale. Une semi-renaissance. Musicalement, l’ensemble est bon, même très bon par moment et montre que le Prince est là. Prince se fait plaisir en mettant en avant ses guitares et Bria Valente, refuse de faire des compromis. Sur la quantité de morceaux, certains vont faire date dans les discothèques, on pense à « 2nite » ou « Ol’skool company ». A écouter, donc. A danser, évidemment. A quand les concerts en France ?

Chronique publiée le 7 septembre 2009

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