Purple Rain – PRINCE et THE REVOLUTION – (Warner – 1984)

prince

Le kid de Minneapolis domine de la tête et des épaules cette année 84 avec l'album de sa consécration en tant que super star des eighties. Et pas pour rien : Purple Rain est sans doute son meilleur album. Explications en 4 points.

 

Risqué comme ça d'avancer, surtout pour un génie aussi prolixe que Roger Nelson, que Purple Rain est son "desert island album", comme disent les Anglo-Saxons. On s'en mordra peut-être les doigts au moment d'aborder 1987 et Sign O' The Times, mais tant pis. Voici quatre raisons d'y croire :

D'abord parce que ce disque illustre le mieux le style musical de Prince, qui, sur les traces de Sly Stone et Stevie Wonder, a su réaliser un parfait métissage entre funk et pop. De ce point de vue-là, Purple Rain est son œuvre la plus consistante et la plus équilibrée. Il y a dans Purple Rain   le funk furieux de 1999, que tous lesfanatiques du bonhomme portent aux nues, et aussi la pop à la Sergeant Pepperd'Around The World In A Day. En fait tout ce que Michael Jackson tentait de faire, mais en dix fois plus génial et surtout avec dix fois plus de prise de risques.

Ensuite, parce que c'est son album le plus intense. Il suffit d'écouter Let's Go Crazy, morceau complètement barré, qui commence par un prêche pas très catholique sur fond d'orgue, enchaîne sur une rythmique funk-metal endiablée pour finir sur un incroyable et orgasmique crescendo de guitare. Album intense musicalement, avec une invention musicale à la seconde, des arrangements et des structures rythmiques et mélodiques incroyablement complexes, des couches d'instruments qui semblent infinies, et des plus belles parties de guitare de tout Prince. Intense aussi dans l'attitude et les textes, où Prince se montre tout aussi vicelard qu'à ses débuts. A ce sujet, une adectode : c'est après avoir entendu sa fille Kareena écouter "Darling Nikki" dans sa chambre que Tipper Gore ( la femme d'Al) eu le choc de sa vie et décida de lancer la campagne qui aboutit au  fameux sticker  "Parental Advisory" qu'on vit ensuite sur maint pochettes, des Guns n'Roses à Ice T.

Enfin, l'album mérite le panthéon du rock car il hébèrge deux bombes classés au patrimoine : When Doves Cryet Purple Rain, soit la quintessence de l'art princier, un slow épique dans la continuation du Maggot Brain de Funkadelic, et une sorte de funk psychédélique qui marque dès la première écoute (pour moi ce fut sous la tente une nuit de l'été 1984 dans le jardin de mes parents à la campagne).

Et puis aussi car c'est l'album qui fit de Prince, exactement comme lui-même l'avait prédit, une énorme star, et un exemple de réussite à la fois artistique et commerciale : 10 millions de galettes vendues alors que ses 5 albums précédents cumulaient à trois milions de ventes, c'est pas rien…

Truth: le prix de la vérité

Ce n'est pas en France que l'on verra une fiction autour de PPDA! Aux Etats Unis, Dan Rather, idole médiatique et journalistique, a droit d'avoir la tronche de Robert Redford! Hélas, c'est dans un film un peu soporifique aux intentions louables.

Comment expliquer Dan Rather? C'est LE journaliste américain. Voilà le type qui défend les valeurs de l'Amérique, qui veut la justice, qui dénonce ce qui est caché par les plus grands. Derrière son costard, il y a un vrai héros de la presse qui a dans son émission, 60 minutes, éveillé les consciences et affronté les puissants.

Il n'y a pas d'équivalent en France. Pourtant ce type irréprochable a un jour chuté. C'est ce que raconte le film de James Vanderbilt. En s'attaquant à George W.Bush (il venait de dénoncer les tortures dans les prisons irakiennes), Dan Rather et sa productrice vont connaître un véritable tsunami médiatique qui pourrait tout emporter.

Lui, c'est Robert Redford. Toujours la grande classe avec son style cool et coulant! Elle, c'est Cate Blanchett. Inutile de vous dire qu'elle est remarquable! Après Spotlight, Truth le prix de la Vérité montre le travail d'un vrai journalisme au service des autres et de la liberté. Mais là, la machine s'emballe et le film observe la corruption des esprits et la violence du cynisme.

Dans le fond, il est très difficile d'attaquer ce film à la gloire de l'honnêteté avec des seconds rôles parfaits dont un Dennis Quaid qui vieillit décidément très bien. Hélas, dans la forme, Truth le prix de la vérité, est laborieux. Scénariste de Basic ou de Zodiac, James Vanderbilt n'arrive pas à porter son récit avec une vraie vision. C'est très linéaire et didactique.

C'est intéressant mais ensuite il multiplie les réunions jusqu'à l'ennui. On comprend la crise de nerf de la productrice et la résignation d'un vieux lion journaliste: on a tout de même le droit à deux heures de coups de fil, d'engueulades autour de l'éthique et d'entourloupes du gouvernement Bush. Le film enfonce un peu des portes ouvertes mais mérite le coup d'oeil car en période de chaines d'info continu, ce petit cours sur le journalisme est une bonne piqure de rappel.

Avec Robert Redford, Cate Blanchett, Topher Grace et Dennis Quaid - Warner Bros -  6 avril 2016 - 2h06

Et Joey claqua Gilles…

joeystarr_agressif_avec_gilles_verdez_juste_avant_la_gifle

Dans le petit monde, aux confins du microcosme, médiatique, il est désormais curieux de voir à quel point un petit événement insignifiant pour une énorme majorité des terriens fait le tour de la planète, juste quelques heures, soit, mais fait le tour de la planète…quand même.

Au commencement, la routine, un soir d’avril de l’an 2016, Hanouna et ses chroniqueurs s’apprêtent à dégainer, comme tous les soirs, plus de deux heures d’avis aussi avisés sur la télé et la société que ma concierge peut en avoir sur la politique ou qu’un pilier du bar-PMU « la Civette » peut en avoir sur la sélection des 23 joueurs que Deschamps prendra pour l’Euro 2016, autant dire des avis qui ont une importance cruciale pour le bien fondamental de la planète…

Comme tous les soirs, 1,5 millions de téléspectateurs étaient branchés sur D8 et sur « Touche pas à mon poste », un œil sur la TV, un œil sur leur feed Twitter, oui, le fan de TPMP tweet, en attendant, non sans une certaine délectation pubère, qu’Hanouna couine comme une hyène qui seraient coincées les couilles dans un piano à chaque vanne de haute volée d’un de ses chroniqueurs, qu’Enora s’énerve toute rouge en parlant façon fille du 9.3 sur telle émission sur NRJ12 dont tout le monde se contre carre ou que l’on se moque de Gilles Verdez, ancien chroniqueur sportif aux points de vue rebelles mode cheguevariste anti-sport business, désormais passé du côté obscurs de la force passant son temps à se mettre des perruques et en étant « une des choses » du trépidant et désormais tout puissant Cyril…

Pendant ce temps, à quelques studios de là, le public était chauffé à blanc dans une salle surchauffée à vide devant les audiences refroidies à sec semaine après semaine, pour une énième semaine de « La nouvelle Star », dans une saison d’avance écourtée, devant le flop intégral, il était temps, avec, en loge, peinards, Joey Star, Sinclair, Elodie Fréget et l’inoxydable André Manoukian, en mode peignoir concentration à 1h du direct, car, même avec peu d’audiences…oui, quand on connait, c’est un job.

En mal d’audiences, donc, en mal de popularité, soit l’exact contraire de TPMP, donc, la production de la Nouvelle Star avait, donc, en off, demandé à celle de la bande d’Hanouna, de faire un petit spin off, comprenait, de façon plus brute, que TPMP parle à 1,5Millions de gens du fait que la Nouvelle star n’était pas morte et qu’il serait bon de rester sur D8 pour la regarder…

Bon camarade, Hanouna envoya donc Gilles Verdez, grimé en livreur de Pizza, allez savoir pourquoi, pour venir s’introduire dans les loges des jurys…et faire un joli happening en mode « regardez même Joey Star est un mec cool, il déconne sur les vannes foireuses des mecs de TPMP, allez y faites un effort, restez sur D8 »…

A l’arrivée, Verdez, outrageusement ridicule, va voir l’animatrice, dont j’ai zappé le nom, en fait des tonnes, et propose, cash, de rendre visite à Joey Star dans sa loge ; connaissant l’ours brun, celle-ci met en garde Verdez sur le fait que, je cite, « ce n’est pas sûr qu’il ait très envie de te voir ». Encouragé par Hanouna et sa meute dans son oreillette, Verdez s’en cogne et s’introduit dans la loge de l’ex NTM, s’assoit à ses côtés, le Joey Star, égal à lui-même, commence à sortir ses griffes et sa voix rauque, l’autre s’en tape et va même jusqu’à vouloir lui faire un bisou, genre t’envoie ta fille de 5 ans avec ses couettes faire une caresse à un tigre blanc qu’a rien bouffé depuis 1 mois en pleine forêt népalaise…connement, la probabilité que le truc finisse mal est moyen neutre quand même…bah là ça loupe pas…le Verdez s’en prend une, saigne…s’en suit une indignation d’Hanouna, des chroniqueurs, tout le monde cri au loup, ou au tigre népalais, c’est au choix, bref, ça vire vinaigre…

Ok, et donc me direz-vous ? Si dans la même journée vous avez allumé France 24 et vu les 244 morts post séisme en Equateur, un nouvel attentat à Jerusalem Est, et un reportage sur la famine des porteuses de SIDA emprisonnées au Kenya…bah non… mais pour les autres…le truc de la mandale de Joey à Gilles fait le tour de Twitter, Hanouna ne veut pas rendre l’antenne, les dirigeants de D8 deviennent liquides de peur de voir leur bête de foire, leur vache à lait, créer le scandale…et l’événement fait « top tweet monde »…et oui…le truc de la taloche est le truc le plus commenté au monde durant 2h sur le réseau socila…véridique…

Le lendemain, Joey Star fera de minuscules excuses, mais on s’en branle, Hanouna sera à l’antenne avec des spectateurs pour chroniqueurs car les « vrais chroniqueurs » feront grève…bah oui Mme…ma concierge m’avouera qu’elle voterait bien Rama Yade car « il a l’air bien cet homme là », le pilier de bar-PMU « la Civette » se fera licencier de sa boîte après 30 ans d’alcoolisme déguisé qui ne trompe plus personne et du coup aura moins le goût à l’Euro 2016, un des rescapés du Bataclan sortira enfin de l’hopital une jambe en moins…et Prince sera retrouvé mort dans son ascenseur de son immense baraque à Minneapolis…Twitter et les JT seront enfin émus pour quelques choses car à l’échelle de la baffe de Joey à Gilles, la perte d’un des génies de la musique du dernier millénaire, mine de rien, oui, tu as le droit d’être ému.

Allez j’vous claque…euh, j’vous embrasse…

Barbara Barbara we face a shining future

De la bonne vieille techno made in England. On vous le dit depuis quelques chroniques, les héros des Nineties vieillissent assez bien.

En tout cas, ils reviennent tous avec de nouveaux titres et quelques classiques pour mélomanes qui rentrent dans la quarantaine ou célèbrent cinq décennies. Suede et compagnie profitent de l'absence des gros poissons de la britpop pour pousser de nouveau la chansonnette. L'année c'était Blur. L'année prochaine, on pourrait parier sur un rabibochage entre Liam et son frère Noel pour qu'Oasis retrouve un second souffle.

Nous n'en sommes pas là: c'est le duo de Londres, Underworld, qui fait un retour remarqué aujourd'hui. On se souvient bien sûr de leur monstrueux Born Slippy qui a fait danser tous les lads d'Angleterre et le reste du Monde puisque la chanson illustrait le film culte Trainspotting.

Mais depuis, on avait un peu oublié les deux zigotos, Karl Hyde et Rick Smith, deux farfelus de la musique, entre post punk et techno festive. La fête semblait permanente pour Underworld mais l'inspiration semblait s'être fait la malle après des années d'existence. Leurs disques étaient assez décevants au fil du temps.

D'où cette bonne surprise avec ce regain de forme. Effectivement l'avenir semble radieux pour les deux quinquas qui réalisent un sacré de disque... de rock. Avec leurs armes. Des mixes. Une voix sombre. Des guitares et des envies de trance. Le duo avait attendu six années avant de se reformer. Ils ont repris des forces.

Cet album est plein de surprises! Il ne veut pas rester dans la même voie: chaque titre a un style et une volonté d'en découdre avec les habitudes de l'auditeur. Il y a de jolies nappes de synthés mais aussi des choses plus rudes et des rythmes plus agressifs.  L'electro a été digéré par les deux hommes qui se consacraient à autre chose pendant de longues années. On devine à quel point cela a fait du bien au groupe: le son est posé, calculé, apprécié. C'est d'une soudaine élégance qui explose les oreilles. Dans le bon sens du terme.

On sait que l'immédiateté et l'efficacité ont leur importance dans la techno. Ici, le temps a sa place et les idées s'articulent parfaitement sans être une grosse démonstration de gros sons. On ne s'attend vraiment pas à cela dans cet album au titre long mais optimiste.

D'ailleurs on se dit que l'on avait un peu oublié ce groupe: c'est un petit bonheur qu'il se rappelle à notre bon souvenir de cette manière.

Astralwerks - 2016

Sunrise to sundown

Du matin au soir, les petits gars de Spiritual Beggars rêvent d'être Black Purple ou Deep Sabbath.

Si un jour, la tournée sans fin du mythique groupe de hard rock, Deep Purple, passe en Suède, il ne faudra pas que le pianiste s'étonne si son instrument disparaît. Per Wiberg du groupe Spiritual Beggars en a toujours rêvé! L'hommage est évident sur chaque note de musique. On pourrait croire à une nouvelle chanson de Deep Purple.

Mais non, il s'agit du neuvième album des Suèdois, vikings qui ne se sont jamais remis des années 60 et 70. Ils vouent un culte à tous les groupes fondateurs du heavy metal mais conservent toujours la petite touche retro. On n'est pas dans les extrêmes du metal mais on se promène dans sa version présentable, rustique et sympathique.

Il n'y aura rien de nouveau dans ce neuvième épisode des aventures électriques de Spiritual Beggars. Ils fabriquent un petit cocon autour des nombreuses légendes, celles qui se racontent en Suède et celles firent le heavy metal. Plus qu'un cocon rassurant, avec les idoles mis en évidence, il s'agit d'un petit théâtre musical.

C'est parfaitement mis en scène. On se demanderait même si les gaillards du groupe n'auraient pas pris comme argent comptant, le mockumentary de Rob Reiner, Spinal Tap! C'est une ribambelle de clichés mais ils sont tous rigolos. Ce qu'on aime c'est la volonté du groupe à faire vivre les premiers sons du hard rock, ce qui les rend assez attachants.

Il y a donc la voix qui hurle à la mort et nous conte des histoires. Il y a les guitares furieuses qui se lancent dans des cavalcades. Les rythmiques sont lourdes mais lyriques. Et puis il y a cette orgue hammond déjà cité plus haut qui nous rappelle qui est la principale référence des Scandinaves.

Ca ne sent pas trop le renfermé ou la redite. On se plait à les écouter. On vogue sur leur drakkar old school mais encore en bon état!

Inside Outmusic - 2016

Patch the sky

Du rock nostalgique et bruyant... he bien vous savez quoi, ca peut le faire!

Il faut bien l'avouer: l'envie de simplicité prend le dessus lorsqu'on passe nos journées autour de mauvaises nouvelles qui surenchérissent dans l'horreur. Bob Mould a cinquante cinq ans et joue du rock, comme s'il était un adolescent. Simple, rageur et salutaire!

Husker Du était un groupe bruyant des années 90. Leur chanteur, Bob Mould, continue bien des années après le succès, a s'acharner sur sa guitare. A 55 ans est ce bien raisonnable? Oui quand on devine la jouissance du chauve à gratter ses accords comme un forcené. Mould sait ce qu'est le hardcore et joue encore les révoltés avec quelques potes.

L'énergie n'est plus juvénile mais on sent que cela maintient à flot un artiste tourmenté mais ravi de se réfugier dans le rock qui fait du bruit, qui fait chauffer les décibels et qui ne veut pas se prendre complètement au sérieux. Patch the sky est un disque de rock.

Celui qu'on entendait quand Kurt Cobain était vivant, lorsque Alice in Chains avait un chanteur, quand Seattle était la capitale du Monde musicale! C'est un geste de survivant que ce disque! C'est un devoir de mémoire que réalise Bob Mould. Il y a là les guitares héroïques, des rythmiques orgueilleuses et des chansons qui s'écoutent en montant le volume à fond. C'est peut être un peu nostalgique comme plaisir, mais Bob Mould est un héros discret qui fait des disques simples, à l'ancienne et ce n'est pas si mal. La musique ne doit pas toujours nous transporter dans le futur!

La passé, ca a parfois du bon!

Merge records - 2016

L’Apparition, Perrine le Querrec

L'Apparition

 

Si le vœu du lecteur est de sortir indemne d’un livre, qu’il ne s’aventure pas dans celui-ci. A l’encontre des écrivains qui chantent les vertes prairies de l’enfance et ses sucreries, Perrine Le Querrec explore avec « l’Apparition » des territoires plus reculés aux ritournelles singulières.

« Trois pas du côté du banc, et trois pas du côté du lit. Trois pas du côté du coffre, et trois pas. Revenez-ici. » Dans le village intemporel d’Ici- Bas, le roman de Le Querrec lance ses dés au gré d’une aventure peu commune, et comme une pièce de monnaie tombe de manière exceptionnelle sur la tranche, le sort en est jeté entre prédestination au malheur, longue traîne des siècles de folie humaine, magie du hasard élémentaire.

Aux confins de la psychiatrie et des anciens mystères, Perrine Le Querrec fraye le chemin d’une écriture hallucinée au service d’une urgence à portée universelle. Elle est une des rares auteures contemporaines dont la forme rattrapée par la transe, rend grâce à la Matière tout en l’accouplant à l’Esprit par l’entremise d’un souffle tectonique qui se fond dans la langue. Leur osmose aux abois constitue le porté à connaissance de dégâts séculaires dont Perrine Le Querrec a hérité par contumace, et qu’elle transcende dans la ferveur d’un imaginaire contraint de se pacser avec la sauvagerie du quotidien.

Dans « l’Apparition », le miracle, avant d’être récupéré puis galvaudé par la cohorte des marcheurs du temple, s’entend au sens médiéval, quasi mystique, du terme. Il se débat dans l’espace d’une gouvernance des hommes par les dieux, les croyances, et leurs avatars. « - C’est tout juste si nous savions où se trouvait notre main droite, tellement nous étions isolés. »

« L’Apparition » raconte l’histoire de PetraPieraPierette, trois sœurs qui n’en font qu’une, et de Létroi, l’idiot du village qui les veille pour trois et s’arrime à Piera jusqu’au cataclysme. La chute finale de Piera retournée, lapidée par la multitude, nous renvoie à celle de Basile, engloutie par la foule, dans le un-happy end de « Têtes Blondes ». La geste incantatoire de Laitroi (orthographe à bascule), conjuguant scansion catatonique et mantra d’amour de longue haleine, clôt ce livre hors normes où, comme chez Rilke « Tout ange est terrible ». « Mon nom Létroit / Ma bien aimée apparue te rends en hâte à la montagne offrir tes trois trous des yeux de la bouche / Tu es juste des os de la peau du jus de pierre mon amour ». A la dernière ligne, le lecteur « s’assoit par terre étourdi ». La messe est dite, aussi profane que sacrée.

Toute révélation des grades supérieurs s’acquière à l’arrache. Il est des extases trop profondément outragées pour ne pas exiger des suites littéraires. Au terme de la transmutation des métaux, fussent-il vils et douloureusement abrasifs, Perrine Le Querrec accouche de l’or fin. On ne saurait trop conseiller aux éditeurs qui ont compris que l’écrivaine est un trésor, de la laisser mettre bas sans péridurale ni entraves.

 

Parution :

Éditions Lunatique

140 pages

14€

Siestes acoustiques et littéraires Colibris, Bastien Lallemant, Maison de la Poésie

01-30-Sieste_acoustique-©-Ch.-Berberian

 

 

Poésie et musique aussi engagée qu’enchantée. Le tout, allongé. Un plaisir intense !

A la Maison de la poésie, on n’est pas au bout de ses surprises. Ce dimanche, petits et grands prennent place sur la scène. Devant les instruments, chacun est invité à s’allonger. Oreiller sous la tête, les visages se détendent, les corps s’étirent, les esprits se prélassent.

Entre un univers à la Léonard Cohen, des contes créés la veille où l’on croise des loutres, des scarabées et des attachés case, on part loin. Très loin.

Dans l’esprit des colibris, la sieste invite à ralentir le rythme, à renouer avec la terre, avec ses sens. On retrouve l’intériorité militante du film documentaire En quête de sens. Marc de la Médadière au micro nous transporte dans une histoire pour reprendre confiance en soi.

Dans l’obscurité, les sens sont chamboulés. D’où provient ce son si étrange ? D’une bouche ? D’un instrument de musique ? Nul ne sait, les yeux fermés. La guitare de Seb Martel et le violoncelle de Maëva Le Berre apaisent. Les voix elles-mêmes sont un instrument d’où sortent des mots chantants. Dans une langue simple et élégante : « Le soleil et la lune : Deux astres amoureux se tournant autour depuis si longtemps », l’oreille savoure de douces mélodies.

C’est Bastien Lallemant qui est à l’origine de ce réjouissant concept : inviter des spectateurs à s’allonger dans une salle de spectacle faiblement éclairée (coussins fournis !), réunir une poignée de musiciens et d’écrivains et, sans micro ni amplification, offrir un concert tout acoustique.
Bastien Lallemant revient cette fois-ci à la Maison de la Poésie pour des siestes « spécial Colibris», mouvement créé en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi pour la construction d’une société écologique et humaine.

Une expérience d’écoute inédite pendant laquelle certains se sont endormis, tous se sont sentis vivants. Bravo. A quand la prochaine ?

Dimanche 17 avril 2016

www.maisondelapoesieparis.com

IV

Black Mountain continue sa lente progression sur le rock psychédélique. Cette quatrième étape est importante et réjouissante! Pas un sommet non plus!

Mothers of the sun: 8 minutes de pur psychédélisme à l'ancienne. On sent que ca cogite dans ce groupe pour triturer une fois de plus les bons vieux clichés du genre. Le groupe de Vancouver a l'esprit du Grateful Dead qui plane au dessus de la tête. Ce n'est pas le premier groupe à s'imaginer dans les utopies des années 70 mais il faut le reconnaître: ils font correctement le boulot!

La présence d'une fille y est sûrement pour beaucoup de choses. Avec son goût pour la démonstration tout en sueurs, le psychédélisme peut se révéler ennuyeux, un petit concours de masturbations de manches à guitares. Ici, il y a certes de grosses guitares mais la voix de Amber Webber calme un peu les ardeurs.

Elle participe aussi au bouillonnement des bonnes idées de synthés ou d'autres instruments qu ne nous font pas penser aux habituels stéréotypes du genre. C'est un groupe qui visiblement soigne les nuances. De loin, ca ne parait pas évident avec sa grosse pochette bien ridicule et son titre qui ose se comparer à Led Zep.

En écoutant le disque, on entend des petites choses qui réveillent notre intérêt puis notre curiosité. Finalement le groupe jongle avec les vieux trucs et des tics un peu plus indépendants, plus dans notre époque. C'est habile. Mais ca ressemble parfois à une exercice de style. Le groupe prend peut être un peu trop la pause!

Il ne faut pas non plus bouder son plaisir. Black Mountain a une autre estime du rock et c'est l'essentiel. Produit par un spécialiste du son vintage, Randall Dunn (producteur de Suun O), on a droit à une renversante collection de morceaux puissants. Et quand on lorgne du coté de Led Zep, l'efficacité est bien la principal qualité à posséder. L'air de rien, ils ont toutes les armes pour être un grand groupe... on attend encore le grand album!

Jagjaguwar - 2016

Mais pourquoi Elise est-elle si méchante ?!!

cash

Vraiment désolé pour cette si longue absence, je vais bien, juste très pris entre différentes activités un peu folles, un peu de repos loin des bornes Wifi mais me revoici, me revoilà.

A l’image d’un Renaud, en moins vieux et surtout moins marqué par des années de vies de litres d’alcool anisé dans le fond d’un bar chic, je suis bel et bien toujours debout, toujours la banane, etc…oui, je sais, plus personne ne peut entendre cette chanson qui, à son écoute, à demi-mot, grince au niveau des tempes tellement la voix de l’ami Renaud a morflé…

Mais nous ne sommes pas là pour parler du come-back fulgurant, et espérons le durable, du vieux renard dont tout le monde reste profondément morgane de lui.

Non, cette semaine, je voudrais vous parler de ma banquière. Brave femme d’une cinquantaine d’années, l’allure pimpante et ma foi de bons conseils, mais qui était presque les larmes aux yeux, un lendemain de « Cash Investigation, spécial Panana Papers », tellement elle en prenait plein la tronche depuis le matin. Bien sûr, il me serait facile et populaire de lui cracher mon venin de gauchiste de bas étage sur son bureau laqué de bois de Suède et partir en vrille en suivant la meute hurlant d’un même organe sa vox populi anti banquiers.

Après en avoir fait leurs cibles préférées et les désignant comme à l’origine de tous les maux de la planète, nos journaux télévisés, mais aussi et surtout les « magazines d’investigation », aiment à fusiller sur la place publique médiatique…les banques, les banquiers, les méchantes cravates toutes vilaines et par ricochet leurs humbles salariés.

Donnant, à chaque « affaire » la parole à des phœnix beaucoup moins talentueux que Renaud, type Mélenchon ou Kerviel, dont chacun sait qu’ils ont apporté à la France et au Monde autant d’idées et d’avancées qu’un labrador nain peut en apporter à un cercle de scientifique débâtant sur les origines de la vie (oui il n’y a aucun rapport mais ça pèse le poids de la contribution des Heckel et Jeckel invités stars de BFM TV à chaque débat post sujet sur le sujet) ; nos chaînes infos mais aussi nos bons vieux JT n’en finissent plus de prendre la vague du désormais follement populaire « ouais les banques c’est que des méchantes qui volent aux pauvres pour donner aux riches, pour voler aux riches, pour garder pour elles ».

Assez curieusement d’ailleurs, à en lire les commentaires déchainés (et accessoirement bourrés de fautes de français qui font vomir les pupilles) sur les forums ou des posts desdites chaines ou émissions sur les réseaux sociaux, un enfant de 5 ans supérieurement intelligent et sachant lire pourrait tendre à penser naïvement que Hitler, Pol Pot, Mussolini et Staline étaient membres du conseil d’administration d’une fameuse banque rouge et noire, que cette même banque a fait assassiner Frantz Ferdinand en 1914 pour volontairement provoquer la 1ère guerre mondiale, qu’elle a exigé de créer Daesh histoire de foutre le bordel dans l’occident avec des bombes et rendre le moyen orient aussi joyeux et accueillant qu’un mouton de poussières dans un western, qu’elle avait formé aux pilotages 6 tarés fous de dieux en vue du 11 septembre 2001, que si un mec qui n’a rien branlé de sa vie, picole, tape sa femme et accessoirement aime bien toucher sa fille dans les bas fond de notre France profonde…et bah, oui, ma bonne dame, je vous le donne en mille, et bah c’est de la faute des banques, car elles ont un super pouvoir pour créer des méchants qui font des méchancetés à des gentils, c’est comme ça, c’est la vie, et d’ailleurs comme ils le disent à la télé, bah ça doit être vrai et comme en plus Tonton Dédé, qui fait rien depuis 25 ans, à part jouer au PMU, bah c’est dégueulasse car les banques bah elles ont pas voulu lui prêter de l’argent pour sa nouvelle voiture…bah c’est encore plus dégueulasse.

Ces dernières semaines, est donc en ce sens sorti d’à peu près nulle part, mais relayé en mode 24/24 partout où un écran se trouve dans nos barraques, le désormais célèbre Panama Papers. Si l’on oublie de préciser que ladite affaire a été le fruit journalistique mandaté par le Consortium des journalistes d’investigations aux USA (soutenue par différents grands truck US comme Kellogs, Ford, RockFeller…jamais mis en cause assez curieusement dans leurs enquêtes…drôle…), il a été de bon ton de dégommer des jours durant tous qui a de près ou de loin l’allure d’une banque, de surcroit, si, comme celle où j’ai mes comptes, elle a hébergé Jeckel (J. Kerviel donc) pendant quelques années.

Evidemment, si cela est vrai, et ne nous trompons pas dans mes propos, il est bien sûr abjecte de voir des millions d’euros ou de dollars partir sous le soleil des Bahamas, enterrés sous le sable chaud, quand ceux-ci auraient pu/du, une fois encaissés sous forme d’impôt, aider au mieux vivre de la Société…en général. Néanmoins, aux vues des réactions outrées à base de grands yeux écarquillés de tous nos gentils journalistes et de la fameuse voix populaire, il semble se confirmer que nombre d’entres eux habitent dans des maisons en forme de champignon dans des forêts avec du coton et des nuages partout, ont des Bisounours pour animaux de compagnie, que Bambi vient les réveiller tous les matins en leur léchant le lobe de l’oreille et que quand quelqu’un dit un gros mot dans la rue bah ils pleurent à chaudes larmes en hurlant « maiiiissss c’esssstttt malllll de dire des gros mots, c’est passss biennnnn, le monde est teeellleeeemmmeeennttt moche, à coup sûr c’est de la faute des banques ça s’il dit un gros mot lui ! » ; oui, ils découvrent que des gens très très très riches, des fois, ne sont pas nécessairement philanthropes, voire que s’ils le sont, très riches, c’est qui le sont rarement, philanthropes.

Dans cette affaire du Panama Papers, sorte de PQ puant et délateur de méchants, un magazine a brillé, « Cash Investigation ». Depuis une 15aine d’années, la télé, de surcroit publique, aime à rappeler sa totale indépendance d’esprit, et c’est tant mieux, mais, semble tirer de plus en plus à gros trait ce côté « ouaaiiiissss nous les journalistes on est des gentils qui dénoncent les méchants de la planète, parce que nous en plus d’être des gentils et bah on est intelligents en plus », dans une sorte de camouflage et de dédouanement à enfanter par lot de 50 des émissions aussi somptueuses que « Les anges de la télé réalité », « Super Nanny » ou encore qui mettent en avant la vie du peuple en les faisant pleurer à l’antenne comme juste après le JT de 13h sur France 2 dans « Toute une histoire ».

Il convient par ailleurs de rappeler que le journaliste de télévision publique est en terme d’éthique et de morale ce que l’Abbé Pierre ou Sœur Thérésa sont à la planète, des êtres bien évidemment parfaitement irréprochables, qui n’ont jamais fauté de leur vie, sont fidèles en amour, reversent 85% de leurs revenus à des associations caritatives, passent leur dimanche à ramasser les déchets sur les plages de Bretagne, sortent le soir donner des couvertures chaudes à des SDF, en hébergent pour la plupart, accueillent les migrants venus de Syrie dans leur humble appartement parisien, demandent à ne pas bénéficier de réduction d’impôts quand ils emploient des femmes de ménages ou des gardes d’enfants, profitent de leurs vacances pour rejoindre l’Afrique pour faire de la prévention contre le SIDA, ne disent du mal de personne à part les méchants, n’ont bien sûr jamais bu d’alcool, fumé un splif, pris de la coke, eut la tentation de foutre un baffe à un gamin qui hurlait dans un supermarché, ont des mômes qui ne font pas de conneries, ont 20/20 dans toutes les matières, et sont programmés pour faire Gandhi comme métier quand ils sont plus grands.

Parmi eux, Elise Lucet. J’avoue, plus jeune, avoir eu un faible pour la belle Elise, mode yeux bleus sourire ravageur, moins tendance que Claire Chazal, moins gay friendly Pop culture mais cool quand même, ce genre de charme que l’on croise aux détours d’un resto routier quand on est producteur de ciné perdu en rebord d’A6 un dimanche de pluie et que tes yeux s’arrêtent sur une bougresse à la vie pas simple à force de servir dans une jupe et un polo Malboro trop serrés des pichets de rosé qui suintent la coopérative viticole du coin. J’aimais aussi ses éclats de rire en recevant Jamel ou Luchini dans la fameuse tranche d’ITW de fin de JT 13h, elle sentait bon le naturel. Oui mais voilà, à la tête de « Cash Investigation », Elise se transforme, elle est gentille jusqu’à 13h45, puis soudain, elle pénètre dans les bureaux de son émission de creusé de sujets chauds et elle devient morpion à petites pattes griffues, elle n’est plus la même, elle met des lunettes de prof de science nat de 4ème B qui fait peur même aux rebelles du collège, alpague les méchants qui n’ont pas d’éthiques, qui aux contraires de ses équipes, ne sont pas fidèles en amour, ne reversent pas 85% de leurs revenus  sont fidèles en amour, ne passent leur dimanche à ramasser les déchets sur les plages de Bretagne, ne sont jamais sortis le soir pour donner des couvertures chaudes à des SDF, n’en hébergent d’ailleurs aucun, n’accueillent les migrants venus de Syrie dans leur très grands appartements parisiens, font exprès d’employer des femmes de ménages ou faire faire des gardes d’enfants pour bénéficier de réduction d’impôt, disent du mal tout le monde, boivent de d’alcool, fument un splif et prennent sans nul doute de la coke. Et ça, Elise, bah elle aime pas ça et du coup elle leur fait bien comprendre…

Quoi ??? Vous avez l’impression qu’elle sur-joue la Robin des bois de la morale sociétale ? AH bon ? Qu’on ne la reconnait plus au point qu’elle en deviendrait carrément détestable ? Ah boooooonnnnn ? Qu’elle en fait des caisses dans le mode, attention moi je suis une gentille qui dénonce les méchants du grand capital ??? AH booonnn ? Ok, Elise n’a pas été épargnée par la vie en perdant son mari, jeune, très jeune, elle a vécu l’enfer quand deux de ses potes Hervé Ghesquière et Stéphane Tapo­nier ont été séquestrés par des grands malades en 2009…mais merde Elise, arrête de faire la méchante, c’est pas toi, nous aussi, on trouve ça moche le monde, mais arrête, sois toi.

Allez, j’vous embrasse.

 

Trending

L’Apparition, Perrine le Querrec

Dulcolax, pub au vent

Loomie et les Robots, Le Funambule

Most Discussed

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

Et la laïcité bordel !

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?