Chaosmosis

La mélancolie va bien à ce grand dadais de Bobby Gillepsie, désormais vestige de la musique pop anglaise.

Le nouveau disque de Primal Scream débute sur quelques notes de piano qui d'un seul coup convoque tout un pan de la culture pop britannique et nous offre une bonne dose de madchester, ce rock acid teinté d'électro et d'excès en tout genre. Les noms de Happy Mondays ou Stone Roses reviennent à l'esprit. A 53 ans, Bobby Gillepsie reforme une nouvelle fois son groupe pour une petite fiesta dont il est le seul désormais à connaître le secret.

Car le bonhomme a emmené son groupe sur tous les territoires de la musique. Depuis 1982, Primal Scream a touché à pas mal de genres et ne sait pas laisser aller à une quelconque redite. Il y a bien des obsessions comme les Rolling Stones, dans leur style le plus toxique, alcoolisé, débridé. Lorsque Keith Richards pensait qu'il était un guitariste du sud des Etats Unis alors qu'il enregistrait sur la cote d'Azur. Les six cordes ont leur importance chez Primal Scream.

Mais elles n'ont pas le monopole. Combien de fois on a fouillé les jaquettes du groupe pour savoir ce qu'il se passait dans la tête de Gillepsie, véritable amiral d'un bateau ivre mais qui ne coule jamais? Le groupe a fait dans la techno ou l'acid house. Au nom de quelques rythmes entraînants, Gillepsie peut abandonner ses habitudes pour de la nouveauté. C'est ce qui fait la richesse du groupe, qui sait aussi dérouter. Quelques albums sont vraiment déconcertants.

Chaosmosis est un titre qui résume bien la carrière longue du groupe. Et ce nouvel album a tout du disque somme.En trente sept minutes, Gillepsie aborde les trente ans de musique de Primal Scream. Tout le disque va s'articuler sur des souvenirs. Mais la nostalgie ne fait pas dans le réactionnaire.

L'enthousiasme des débuts remonte à la surface. On découvre une seconde jeunesse. Le pantin de la pop a tout du sorcier désormais. Il mixe sa potion jouissive autour de cette belle utopie qu'est l'hédonisme. Il s'amuse avec les nombreux ingrédients qu'il a utilisé par le passé. La pop, le rock, la techno, la cold wave, tout y passe avec une générosité qui manque à beaucoup de jeunes groupes aujourd'hui.

C'est une vraie fiesta ce nouvel opus. C'est coloré, loufoque, politique, dansant. Bref, c'est un beau bordel organisé et Primal Scream semble être les derniers à posséder ce savoir si rare. Un vestige encore bien vivant, Primal Scream!

1st international - 2016

Randonnée pour un tueur

Fin de l'hiver, début du printemps. Les soirées se rallongent et on vous propose de vous oxygéner! Les polars urbains se multiplient dans les années 80. Ce bon vieux Sidney Poitier préfère le grand air. Tant mieux!

Avec le succès de L'arme fatale ou les bons vieux films réac de Chuck Norris ou Charles Bronson, la ville fait peur et recèle de nombreux dangers qu'il faut éradiquer. Le noble et vieillissant Sidney Poitier ne voulait pas faire comme les autres. Il décide de déplacer l'action à la montagne.

Pour voler des diamants, un voleur un peu serial killer provoque les autorités et les morts violentes sous les yeux de l'agent du FBI, Warren Stantin (Sideny Poitier). Le tueur s'échappe dans les montagnes et se cache parmi des randonneurs.

L'agent doit alors se faufiler dans les forêts pour rattraper le tueur. Il est accompagné d'un guide expérimenté, Jonathan Cox (Tom Berenger sanguin), petit ami de la guide (Kristie Alley et ses grands yeux) qui a parmi ses clients, un méchant plus que vicieux.

Juste avant Le silence des agneaux, le film de Roger Spottiswoode annonce le règne des psychopathes bien énervés et adeptes de rituels étranges. Le voleur de banques révèle donc un homme aussi cruel qu'un membre du jury de Masterchef!

Il cuisine méchamment les pauvres touristes. Il malmène l'agent Stantin, perdu dans les montagnes, obligé de laisser sa place de héros au bondissant Cox. Le film peut être vu comme le chant du cygne de l'acteur noir américain le plus célèbre du cinéma au genre.

Il participe tout de même à un thriller physique et aéré. Cela commence comme un polar classique puis on glisse vers le whodunit habile puis on vire vers le film d'aventures avant de replonger dans l'enfer de la ville et de sa violence.

Le film n'est pas une évocation sur l'état de Nature. C'est un concentré d'action parfaitement mené par Roger Spottiswoode (Demain ne meurt jamais, un des meilleurs James Bond). Pas de temps mort. Des personnages taillés à la serpe. Un coté rugueux assumé.

Classique, Randonnée pour un tueur (on préfère l'efficace titre en anglais Shoot to kill) n'est pas un chef d'oeuvre. Non dénué de défauts, ce drôle de thriller est une bouffée d'air. Il nous fait oublier en tout cas Chuck Norris et Charles Bronson!

Phrase culte: Everybody else up here acts like they've never seen a black man before. Why should the bear be different?

Les grandes villes sous la lune, Odin Teatret, Eugenio Barba, Théâtre du Soleil du 8 au 20 mars

image1Crée en 1964 tout comme la compagnie d'Ariane Mnouchkine, l'Odin Teatret d'Holstebro est invité au Théâtre du Soleil, dans un "troc" de richesses cher aux principe du "Tiers-théâtre" selon Eugénio Barba. Les Grandes villes sous la Lune, deuxième pièce présentée par la troupe durant son séjour parisien, est une oeuvre jouée, chantée, dansée et virevoltante, malgré les sujets du traumatisme de guerre, et de la violence de l'altérité. Plusieurs figures défilent: un soldat écrivant à sa mère les paradoxes de ses "missions de paix" en zones de génocides, des exilés tricotant le fil de leur souvenir et leur conflit d'appartenance empêchant toute forme d'attachement pour le pays d'accueil, l'enfant muette sacrifiée de Mère Courage dans un hommage à Brecht; les voix, les chants sublimes, la danse de masques du théâtre asiatique.... Les interprètes sont très beaux, et musiciens émérites. On est les deux pieds dans le "Tiers-théâtre": une forme théâtrale troubadour, avec le groupe au centre de tout et une dimension politique intense; le théâtre qui se loge à l'interstice du social pour le regarder face à face. Mais l'élégance et la poésie de la mise en scène sont telles qu'il ne se dégage nulle violence; au contraire une humanité superbe que chaque membre du groupe prolonge. Le corps est intensément engagé. On pourra songer au Tanztheater Wupperthal de Pina Bausch; d'ailleurs l'Odin Teatret, boudé par Oslo, s'est lui aussi implanté dans une petite ville du Danemark qu'il a métamorphosée pour toujours. Courez voir cet enchantement, le phénomène est rare, l'émotion immense.

Mass B, Béatrice Massin, Théâtre national de Chaillot

Mass b

Anti-Radeau de la Méduse, cette Messe en Si de Bach (Mass B en anglais) est une chaîne humaine ivre de vie.

La chorégraphe Béatrice Massin condense dans cette pièce son vocabulaire habituel issu de la Danse Baroque. Vrilles des poignets, relevés sur demi-pointes, demi-couronnes... scandent les circulations très contemporaines (on songe à De Keersmaeker ou même Lucinda Childs, au risque de noter un style un peu daté) en conférant une grande élégance à cette façon intense d'"être ensemble".

On notera les deux modules du décor, proposés par les scénographes et plasticiens Frédéric Casanova et Caty Olive, tantôt disposés en croix, tantôt portés à bout de bras comme des cercueils par le corps des danseurs, et qui rappellent l'arrière-plan de toute cette proposition.

Il est en effet question de se mettre ensemble pour franchir des espaces dont l'accès peut être barré ; en témoignent les interludes à la musique de Ligeti et Bach, sombrant dans des sons actuels, Lynchéens ou cold wave, comme autant de plongées cauchemardesques.

Inspirée de l'expérience de la migration, Mass b pourrait-être un "Maybe?" Peut-être si nous trouvions à travers les différences - les interprètes de Béatrice Massin ont des "physicalités" et des techniques diverses - une manière de danser ensemble, mains tenues, sourires échangés, peut-être pourrions ouvrir une nouvelle manière de partager un territoire..?

On apprécie les farandoles planantes, les moments aériens; des interprètes sortent du lot, certains retrouvent dans cette parenthèse enchantée leur placement de danseur classique... Le choix des vêtements aux couleurs douces et aux matières simples met en valeur la tendresse de certains portés; les séquences d'ensemble sont superbes. La pièce n'est pas exempte d'une force brute pour autant; et son rythme effréné est manifeste, certains danseurs en ont le souffle coupé...

Cet ensemble, doux-amer, nous emporte tantôt dans le rêve puis dans l'anxiété du réveil imminent, mais ne manque pas de soulever des émotions.

du 9 au 18 mars 2016
Mass b, Béatrice Massin
Théâtre national de Chaillot

 

La Musica, La Musica Deuxième, Marguerite Duras, Anatoli Vassiliev, Comédie française

image1

 

La Musica, la Musica deuxième, mises en scène par Anatoli Vassiliev, traitent de l'impossible colimaçon de la séparation.

Vassiliev a fait du théâtre sous le joug soviétique; il en a développé un laboratoire du jeu où la voix et le corps, dans des modulations précises ou infimes, créent l'intentionnalité des personnages plus que les mots. La Musica datée de 1965 et écrite par Duras pour la BBC, est ici suivie de la Musica Deuxième qui date de 1985. L'ensemble évoque les exercices de style, la variation sur thème ou la répétition traumatique; comment termine-t-on la Passion, ou n'en termine-t-on pas..?

Sur le plateau, un escalier digne d'une illustration de Dante, qui ne part de rien et n'arrive nulle part de haut en bas; un autre plonge dans le sous-sol pour en ressortir aussitôt. Au milieu du plancher, un encombrement de meubles, les reliques de ce couple qui n'est plus, aujourd'hui divorcé.

Tout est "à l'avenant" comme "Lui" dit; tout est resté là, au début comme à la fin, comme il en va dans l'univers Durassien.

Il est dit qu'après la passion morte, l'adultère sans jalousie, l'on retrouve goût à la vie dans une relation contingente, superficielle...

Le problème dans cette proposition sera plutôt comment cela est dit.

Les deux sociétaires Thierry Hancisse et Florence Viala forment un couple mal assorti, ce qui n'est pas inintéressant; il est maladroit et mélancolique, elle trop légère, trop vive... Cela pourrait marcher; mais les émotions sont vacillantes.

La tâche est ardue il est vraie de reprendre deux fois de suite cette abominable récit de la destruction de l'amour, une première fois dans le marasme, la seconde au son d'un jazz dansant, couleurs vives, sourires hystériques...

L'ensemble reste esquissé, quelque chose n'est pas tenu...

On ne l'attrape pas facilement ce texte de Duras.

Elle ne savait pas écrire pour le théâtre, elle ne voulait rien lui lâcher (elle donnait des indications de jeu impossible, dans des didascalies insensées). Elle écrivait sans le savoir un théâtre imaginaire; je pense qu'il pourrait convenir aux textes théâtraux de Duras d'être simplement lus devant un théâtre d'ombres, je crois que peut-être on pourrait les danser...
Si les intentions scéniques sont bonnes, on en retire la déception d'une rencontre manquée; le spectateur finit donc parfaitement identifié à ce couple défait...

 

Du 16 mars au 30 avril 2016

La Musica, La Musica Deuxième
Théâtre du Vieux Colombier Comédie Française

Zoo

Elle ne donne pas souvent de ses nouvelles. Quand on en a, c'est un vrai plaisir d'entendre la voix douce et apaisée de Francoiz Breut!

Compagne de l'immense Dominique A, Francoiz Breut a toujours été discrète. On pensait même qu'elle en avait finie avec la musique, la pop ou les copains d'une génération (Kat Onoma, Philippe Katerine ou Autour de Lucie). La jeune femme timide est devenue une personnalité épanouie, sûre de ses forces, ravie de son exil en Belgique, à Bruxelles. Le succès est enfin arrivé pour Dominique A. Il pourrait surgir de nouveau pour cette artiste des années 90 qui, en fait, apparaît par éclipse.

Elle représente effectivement la face cachée de la pop. Francoiz Breut  aime prendre son temps. Elle a tout d'un artisan qui ne veut pas se laisser aller aux conventions, aux modes et aux obligations. Elle est plutôt fuyante mais jamais elle ne fut désobligeante ou prétentieuse. Bien au contraire: sa simplicité a prouvé sa sincérité. Ses chansons sont de plus en plus claires. Dans le bon sens. Elles vont à l'essentiel et ne s'adresse qu'à l'intelligence de l'auditeur.

Breut compose donc de jolies chansons bien tricotées. Elle est douée: c'est de la dentelle. Elle tente même des combinaisons difficiles en chantant en allemand! Ca fonctionne! Elle ose des choses mais toujours avec cette fausse candeur qui cache une fine connaissance de la musique pop.

Les apparences futiles se transforment au fil des minutes en savantes compositions où Breut peut, après vingt ans de carrière et cinq albums, assumer toutes les féminités, entre glamour lumineux et matière grise. Elle croque gentiment son époque tout en pensant à faire de belles ritournelles qui vont se scotcher au fond du cerveau. Elle travaille le fond et la forme.

Elle est douée pour ça et ce sixième opus montre définitivement qu'elle a cette part de mystère qui fait un grand artiste, capable de nous embarquer ailleurs, nous faire prendre du recul sur notre temps, qui nous éloigne du zoo médiatique entre buzz, réseaux sociaux et selfie. C'est une grande dame qui ne veut pas le savoir. L'humilité est peut être la très grande vertu de Francois Breut et ses disques!

Caramel Beurre salé - 2016

Ramo

Xavier Plumas et ses copains de Tue Loup continue leur chemin vers un rock apaisé, de plus en plus prenant. Une bonne note pour commencer le printemps.

Bientôt vingt ans que le groupe de la Sarthe gratte sur ses guitares des airs de rock, à la française, sans se prendre la tête et toujours imaginés avec du coeur et de l'intelligence. Tue Loup joue les marginaux pour mieux assumer sa liberté dans son style, sa musique et son petit bonheur d'être un fleuron d'un art fougueux. Au bout de vingt ans, le groupe continue d'aimer les nouveautés et prendre de nouveaux chemins.

Tue Loup a connu tous les états, toutes les joies et toutes les alertes. Il y a eu les départs et les arrivées. Le succès et la dégringolade. Les remises en question. Quand on regarde leur discographie, le groupe semble s'être toujours remis en question. Il a joué avec les genres, les modes et les styles. Sans se renier. Un tour de force que l'on entend une fois de plus sur ce dixième disque, relaxé et entêtant.

Cette fois ci, l'inspiration est venue du Portugal. Là bas, Tue Loup s'est laissé prendre par la vie locale et ses coutumes, son vague à l'âme et son fado si exaltant. Leur disque Ramo ressemble à une douce mélancolie décomposée sur une dizaine de chansons, qui sortent les tripes et les amertumes avec un charisme lusitanien et un charme indéniable.

La musique soigne les maux du coeur et cela fait du bien. Ramo a le goût du partage: la mise à nu des textes s'allient à une orchestration distinguée. Le trio a l'art de souffler sur le chaud et révéler des parties froides de l'existence. C'est un disque mûr, d'une sagesse étonnante et qui n'oublient pas ce que l'on sait du fado: que la musique est le meilleur remède au spleen!

L'autre distribution - 2016

The Keyboard Songs

Don Nino rend hommage à toute la noblesse de la pop!

Derrière le nom mystérieux de Don Nino, se cache le Français Nicolas Laureau. Un type qui a toujours défendu l'indépendance de la musique, son absence de compromis et sa liberté folle. Il a commencé dans le rock bruitiste à la sortie de son adolescence puis le temps lui a offert une vision simple mais pas simpliste de la pop music.

Il compose donc sous un pseudo exotique, une musique de plus en plus exigeante, bien loin des codes commerciaux. Il aime le mystère de la création et les prises de risques discrètes mais réelles! Dans son tout nouvel album, il rend hommage à tous les défenseurs des harmonies douces et subtiles comme Randy Newman ou Elton John, celui des débuts!

Comme l'indique le titre du disque (et la très jolie pochette en noir et blanc, toute épurée), les synthés et les pianos ont une place très importante. Ils permettent de jolies harmonies et des mélodies à la délicatesse venue d'une autre époque. Don Nino défend cette noble idée de la musique, comme un outil de liberté, un art qui rend la vie plus belle.

Nicolas Laureau a tout du bon artisan qui réussit de faire avec peu, de belles choses qui bercent mais qui n'emdorment pas, car techniques et réfléchies. Les chansons se succèdent et nous apportent un vrai plus avec une pop soyeuse. Musicalement, on devine un artiste accompli qui profite de sa curiosité et de son expérience dans le métier.

Le bémol, c'est la voix, un peu trop timide par apport à l'ensemble orchestral. Les chansons en imposent mais réunies, elles ne marquent pas les esprits. C'est le genre de disque que l'on voudrait aimer mais il reste un peu fermé sur lui-même, pas si sûr de ses forces. Mais il ne faut pas non plus bouder son plaisir: c'est un bon disque pop comme on en fait peu chez nous!

Prohibited records - 2016

Il faut sauver Hitler

"Il faut sauver Hitler". Vous avez bien lu le titre des nouvelles aventures de Kaplan & Masson.A la lecture de ce titre provocateur, vous êtes obligés de jeter au moins un oeil furtif à cette deuxième aventure de Kaplan et Masson imaginée par Jean-Christophe Thibert. Et là, vous êtes pris par ce récit "ligne claire" qui vous maintient en haleine jusqu'à la dernière image.

C'est sûr maintenant, avec Kaplan et Masson, on possède les dignes descendants de Blake et Mortimer! Je dois dire qu'à l'issue du premier tome, la partie n'était pas gagnée. En effet, quand en 2009 sort 'La théorie du chaos', on ne sait pas trop ce que l'on a entre les mains. Le dessin est proche de celui de Berthet. C'est à dire un graphisme d'une bonne tenue, fin et élégant, mais pas beaucoup plus. Et le scénario de Didier Convard à qui l'on doit pourtant quelques morceaux d'anthologie depuis plus de 30 ans maintenant est assez convenu. En effet, un groupe de savants dans les années 60 qui se font assassiner les uns après les autres au motif qu'ils ont travaillé de près ou de loin à la création de la bombe atomique, on a vu plus original.

Alors dans ce premier album, ce qui donne du goût, ce sont les 2 héros. L'un, grand blond, beau gosse et tombeur est un scientifique. J'ai nommé Nathan Masson. L'autre, brun, à la fine moustache bien datée est Etienne Kaplan, colonel des services secrets français. Comme dans le binôme british on retrouve un scientifique et un militaire. Ici, le scientifique est le plus aventurier. Le militaire est une sorte de OSS 117 version Dujardin en moins réac et moins abruti quand même.

Ces 2 héros, s'ils paraissaient prometteurs, auraient tout aussi pu être oubliés s'il n'y avait pas eu, voilà quelques jours la sortie de l'excellent 'Il faut sauver Hitler". Voilà nos 2 héros, accompagnés d'une galerie de seconds rôles dont la très sexy Mlle Valmont (secrétaire de Masson) et le très honorable Watabé (ami scientifique japonais de Masson), sans compter les auxiliaires de Kaplan, partis en Italie pour exfiltrer un faux Hitler.

Ouf, voilà les soupçons dissipés...Il s'agit d'un leurre mis en place par les services secrets français pour mettre à jour les réseaux nazis encore existant en ce début des années 60.

Je passe sur les multiples rebondissements qui font le sel de cet album, ainsi que le second degré permanent et m'attarde un peu sur le dessin de Thibert qui outre les qualités décrites plus haut n'a fait que gagner en puissance et mouvement depuis le précédent tome. Côté scénario, Convard a laché l'affaire laissant seul Thibert aux commandes. Et ce dernier s'en tire plutôt bien! L'album a la tenue et l'esprit des "Ailes de plomb" BD d'espionnage qui se situait à la même période. Vu la tournure prise par ce deuxième album, on n'espère qu'une chose que le délire aille en augmentant!

Longue vie à Kaplan et Masson!

48 pages - Glénat

Stachelight

Kaya, Pépé, Pietre, Soubri, Kilo et même la chanteuse LiliBoy transpirent de la moustache pour nous proposer un groove irréprochable. C’est peut-être le seul vrai défaut du disque.

Vous allez pouvoir chercher longtemps pour trouver le moindre reproche au nouveau disque de Deluxe, joyeuse bande de musiciens, biberonnée au funk. Trois ans après leur premier essai, ils confirment tout le bien que l’on peut penser d’eux.

Les rythmiques vont automatiquement vers vos gambettes qui veulent d’un seul coup se défouler. Les cuivres sont aussi séduisants qu’un crooner au charme suranné. Les guitares sont des coups de griffes funk. La voix de LiliBoy n’a rien à envier à celle des chanteuses d’acid jazz qui faisaient la température dans les années 90.

Pris au sérieux, ils invitent des copains prestigieux désormais. On reconnaîtra les voix de M ou de IAM. Mais surtout ils sont armés d’une incroyable production. C’est parfaitement léché. Pas une fausse note. C’est impressionnant de perfection pour un second disque: le son est digne des grandes productions soul !

C’est aussi le défaut : on s’ennuie un peu. Il y a peu d’écarts. Les chansons sont carrées. Les coins sont très anguleux. Le calcul est précis. Au point que cela relève un peu de la démonstration de force.

Mais on ne va pas bouder notre plaisir : la déflagration de funk est joyeuse ! Les tubes s’enchaînent. Ils ont l’art de bien mélanger le hip hop avec la pop, la soul, le funk ou le ragga.

Comme le souligne la pochette, c’est un peu une idée de la fiesta qu’ils proposent. La boule à facettes reprend des couleurs et de luminosité avec les six zigotos d’Aix en Provence. On est très loin de la dance et des hits de NRJ. Pourtant ça bouge sacrément. Ils arrivent à nous faire suer de la moustache, leur emblème !

Chinese man records - 2016

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