The Deram Anthology

"Pour moi, un caméléon c’est quelque chose qui se déguise pour ressembler le plus possible à son environnement. J’ai toujours pensé que je faisais exactement l’inverse de cela" (David Bowie, 1993) On continue de sonder les étrangetés de Monsieur Bowie

Fin 1963. A peine sorti de l’adolescence et d’une formation d’ébéniste, le jeune David Jones commence à composer, chanter et jouer du saxo au sein de différents groupes éphémères comme les King Bees, les Manish Boys, les Lower Third, les Buzz… avec des petits enregistrement et quelques 45t à la clé (je vous dis pas ce que ça vaut aujourd’hui).

Fin 1966 - Deram, filiale de Decca, engage David Bowie et édite dans la foulée un album éponyme de 14 titres ainsi qu’une série de singles. Sans aucun succès. Elle le vire donc dès 1968, (excellente maison, Decca qui avait déjà retoqué les maquettes des Beatles en 1962 !), laissant - entre autre - en plan, inexploitée, une première version du chef d’œuvre Space Oddity, l’incontestable pivot de la carrière commerciale de l’artiste, qui fera le bonheur de Mercury Records quelques mois plus tard (et qui sera utilisé par la BBC comme générique aux premiers pas de l’homme sur la lune !)… Ensuite, c’est une autre histoire, mieux connue, pleine de glam, de génie et de gloire.

Bon, maintenant que vous situez bien les 27 plages qui vous sont ici offertes, on y regarde de plus près ?

Tout d’abord ne vous attendez pas à y retrouver vos repères : le principal intérêt de cette série de chansons très variées, de facture globalement assez classique, distinguée et très orchestrée, est d’y observer les graines en germe de ce qui jaillira en gerbes multicolores dans les années qui suivront. Mélodies, interprétation, idées… on se régale, on est épaté du brio et de la maturité de ce gamin autodidacte, encore un tout petit peu emprunté, mais dont le talent transpire déjà comme une évidence.

On repère les prémices du théâtral (Please Mr Gravedigger) ; on sourit à quelques niaiseries (The laughing gnome, assurément son morceau le plus débile, toutes époques confondues, petite voix niaise en prime… qui atteindra pourtant le top 4 en 1973, quand Decca choisira de le ressortir, en pleine vague Ziggy ! Décidément, Decca…) ; on groove (In the heat of the morning) ; on admire les harmonies (Sell me a coat), les arrangements (The gospel according to Tony Day)… et on tombe par terre quand on constate à quel point la poignante version originelle de Space Oddity est forte et magnifique.

Une extraordinaire brassée de titres prophétiques oubliés et pourtant indispensables à ces imbéciles qui ont l'immonde culot de comparer l'homme aux yeux vairons à un caméléon !
Et aux autres aussi, bien sûr !

Un jour avec Un jour sans

Nouvelle chronique amoureuse du cinéaste coréen Sang-soo Hong. Un type qui nous fait aimer les cuites d’un soir et les brèves rencontres. Malgré l’alcool, ce film est d’une incroyable fraîcheur romantique !

Ham Cheon-soo est cinéaste. Il vient donner une conférence sur son dernier film dans une petite ville coréenne. Il visite le château du coin et rencontre Yoon, une jeune artiste peintre. Ils sympathisent. Il lui propose un café et passeront toute la journée ensemble.

Il ne se passera rien de plus. Ils vont boire un verre de trop qui va délier les langues et révéler les vérités. En quelques plans, le cinéaste coréen Sang-soo Hong va scruter les petits mensonges et les rudes émotions sur une histoire courte et amoureuse.

Il fait cela avec sa simplicité légendaire. Son cinéma est désuet. Il tourne autour des petites choses de la vie et surtout de l’alcool. Pour lui c’est le plus gros détecteur de mensonges mais aussi la seule façon de passer un peu au-dessus des conventions. Ce n’est pas pour rien qu’il est un grand amateur du cinéma d’Eric Rhomer.

On retrouve dans son cinéma en état d’ébriété, cette légèreté absolue et ce ton presque littéraire. Au fil de ses films, il a raccourci jusqu’au dépouillement visuel son procédé pour y puiser l’essence de son cinéma : la solitude moderne et le besoin d’amour. C’est un cinéaste doux, qui prend son temps mais surtout se plait à décrire constamment les jeux de l’amour et du hasard.

Son précédent film, Hill of Freedom était jouissif car il s’amusait à déconstruire le fil du temps. Ici, roublard, il raconte deux fois la même histoire avec de petites variations qui feront le sel de l’ensemble. On pense aussi à Woody Allen dans cette volonté de jouer avec le récit. Moins misanthrope, un peu pessimiste, il filme le trouble éclat de l’existence, les petits riens qu’on réprime ou qu’on assume.

On appréciera alors le jeu malicieux des comédiens, absolument incroyables. Les deux tourtereaux vont passer par tous les états. Sans fureur. Mais avec une belle gueule de bois. Déroutant par sa mise en scène simplissime, Sang-soo Hong confirme qu’il est le digne héritier des romantiques français, ceux qui ont soif d’amour et de partage ! A votre santé !

Avec Jae-yeong Jeon, Kim Min-Hee, Yeo-jeong Yoon et Ju-Bong Gi – Les Acacias – 17 février 2016 – 2h01

Bowie at the Beeb

Même si en 1968 l’homme n’était pas bien vieux, même si sa carrière n’en était qu’à ses premiers pas, traduire « BOWIE at the BEEB » par "Bowie au biberon" serait un faux sens. The BEEB, en Angleterre, c’est simplement le gentil surnom attribué à la BBC, la radio...

Car à l’époque, les artistes anglais se produisaient à la BBC, en direct, dans des émissions comme « John Peel in Top Gear », « The sunday show » ou « Sounds of the 70’s ». Et, thank's God, les bandes ont été conservées, témoignages inestimables de la richissime et magique période pop-rock !

Ici, on retrouve tout d’abord, le 13 mai 1968, un jeune homme de 21 ans, fraîchement débaptisé Jones pour Bowie, qui entre dans le métier par la porte de la variété proprette, légèrement démodée.

Et pourtant, si on approfondit l’écoute, on identifie déjà dans une intonation, un timbre, une mélodie, les fondamentaux qui feront bientôt sa gloire et notre plaisir.

Tout le premier disque pourrait être sous-titré « la génèse » (ou « les préliminaires »).

On sent, au fil des séances (entre mai 68 et juin 71) se mettre en place la voix, le style, le groupe, le son. Tony Visconti - futur producteur des albums de légende - est déjà là, à la basse. Puis Mick Ronson - guitariste mythique des « Spiders from Mars »- fait son apparition à la guitare. Quelques morceaux destinés aux tout proches chefs-d’œuvre (la mythique série « The man who sold the World »-« Hunky Dory »-Ziggy Stardust »-« Aladdin Sane ») sont livrés ici, en avant-première et c’est vraiment très excitant à écouter.

Attaquons maintenant le deuxième disque, que je sous-titrerai « l’envol » (ou ... je sais pas, moi, qu’est qu’il y a normalement après les préliminaires ?...)

Entre septembre 71 et mai 72, la BBC peut se vanter d’avoir accueilli sur ses ondes plusieurs performances historiques, versions extrêmement enthousiasmantes du gratin des albums ci-dessus , avec en prime deux reprises de Lou Reed/Velvet Underground pas piquées des hannetons. C’est vraiment fabuleux. C’est vraiment Bowie, en pleine forme, avec son meilleur groupe, sa meilleure inspiration, ses meilleurs morceaux. Ah là là, quel pied mes amis ! Incontournable pour les fans, révélateur pour les amateurs, initiatique pour les néophytes, ce CD2 emporte tout le monde au Nirvana !

On recommande chaudement à qui souhaite découvrir Bowie d’aller téter de ce BEEB là plutôt que de ces médiocres compilations sans queue ni tête proposées par ailleurs : la découverte pédagogique sera dix fois meilleure, le plaisir dix fois plus grand. Et pour longtemps.

EMI - 2000

Deadpool

Rien de mieux qu'un Deadpool pour nous faire oublier un triste Green Lantern: Ryan Reynolds s'en donne à coeur joie en détruisant tout sur son passage, même la précieux carte de l'ex super costume, dans la première scène du film, furtive mais indispensable.

Ce petit clin d'oeil plein d'auto-dérision donne le ton de tout le film. Celui ci se moque ouvertement des super héros, de la culture pop et geek et de ce qui a déjà été fait. Le tout est fait avec brio: ce film est un nouvel ovni du genre.

C'est politiquement incorrect. Etonnant pour Marvel! C'est assez sombre dans la ligne des DC Comics (Superman, Batman). On regrette malheureusement quelques vulgarités inutiles et certaines blagues qui tombent à plat. Les dialoguistes se sont lachés: ca parle non stop et on aurait préféré savourer les meilleures répliques.

Mais on finit par s'habituer au style Deadpool, non conventionnel et loin de tout ce que l'on a vu jusqu'à présent. On appréciera même le découpage du film, beaucoup plus novateur que d'habitude!La force de ce nouvel opus Marvel est de vraiment surprendre.

Le spectateur ferait partie intégrante du scénario, comme une troisième voix dans la tête de ce schizophrène de super héros: on est du coup complice de toute cette violence ultra réaliste qui fait parti de l'univers de ce personnage hors norme dans la galaxie très proprette de Marvel.

N'oublions pas que son costume est rouge pour que l'on voit pas le sang dessus. Je viens de passer un moment indescriptible, où tout s'enchaîne. Tout est raccord. Tout est fou. De la mise en scène aux cascades en passant par la musique.

Il manque un "je ne sais quoi" pour kiffer grave. Cela reste un film de fou traitant de la folie par d'autres fous cachés sous des costumes de super geek. Je pense que même Stan Lee ne s'en remettra pas et on se demande ce que sera Suicide Squad, autre coté obscur des super héros qui va arriver sur nos écrans bientôt.

AVIS AUX AMATEURS!

Avec Ryan Reynolds, Moran Baccarin, Ed Skrein et Gina Carano - 20th century fox - 10 février 2016 - 1h48

The Voice la classieuse VS Nouvelle Star la rance…

voice

Tradition radiophonico-télévisuelle revenue au début des années 2000, pourtant vieille de 60 ans, enfin je crois, j’étais pas là pour le voir, le télé-crochet rempli encore assez copieusement nos antennes télévisuelles.

Le télé-crochet génération « digital native », pour ceux qui sortirait d’un coma vieux de 16 ans sans être passé par la case Star Ac, est en effet un mega casting pour faire émerger des chanteurs-chanteuses de talent, enfin pas tous, et de mettre en lumière, de 30 secondes à toute une vie, c’est selon, un/une organe de qualité venue de Picardie ou du Cantal, et qui, si elle/il gagne, finira par sortir un disque chez Universal, puis en concert plein rempli ras la gueule post sorti de disque, puis en pub, puis un petit passage dans une série de TF1 du jeudi soir, puis sortira un 2ème album qui marchera moins bien, donc qui partira après en tournée avec les enfoirés.

En une quinzaine d’années, nous avons eu droit dans le désordre à des chanteurs mode lofteurs dans un château (Star Ac, précurseur), à des groupes mixtes drivés par des chorégraphiques sous amphétamine et aux coupes de cheveux mode poulpe sous acid (Pop Star), à des scènes façon plus grand cabaret du monde où se mélangent des clowns, des beaufs, des chanteurs nus dans des brouettes ou encore des humoristes de 24 ans à l’humour très Grosse Tête de 1975 (La France a un incroyable Talent) ; j’en passe…

En ce début d’année 2016, dans une belle logique de samedi soir, très rare me concernant, préférant le goût du rhum arrangé entre amis jusque tard dans la nuit, à devoir être passé devant la télé, la vox populi familiale m’incita lourdement à me poser les fesses dans mon canapé tout en sirotant un Pomerol, digne récompense pour avoir passé une journée à la Japan Expo pour faire plaisir à ma fille fan de manga, et à regarder The Voice.

J’avoue, si Nikos est un copain...et oui…je n’ai pas pour autant d’affinité particulière avec les shows qu’il présente et encore moins pour les télé-crochets…it’s like that.

Dans le même temps, au détour d’un fil facebook, mon œil n’étant jamais très loin des réseaux sociaux, je tombais sur une vidéo d’un récent casting made in « Nouvelle Star » sur D8, visant donc à concurrencer The Voice dans le même tempo saisonnier, où les 4 coachs, Manoukian, Joey Star, Elodie Fréget et Sinclair, partaient de façon parfaitement inexcusable (et c’est moi qui le dit, c’est dire…) dans un bashing odieux d’un jeune candidat d’origine asiatique…choquant, moche, ras du sol, pourave bas bien bas…

Dans le même même temps, oui j’ai une vie trépidante devant ma télé vous en conviendrez, je regardais donc la réplique de TF1 et donc The Voice, tout en, dans le même même même temps, là tout s’accélère vous me suivez ou pas ?!? sinon je fais une pause hein ! creusant l’histoire de La Nouvelle Star, en me matant des extraits des castings.

Bim bam boum, le comparatif faisait état en 10 minutes d’un décalage de classe et d’envergure télévisuelle venant à peu près à comparer une bouffe chez un resto étoilé dans un château de Touraine et une sortie chez un routier un dimanche de pluie en ZAC de Vesoul…le classieux le velouté la volupté le velours d’un côté ; le mal à l’aise le ça sent la frite et le graillon même sur les fringues et le confins du dégoût de l’autre.

Si The Voice s’attache, sous la houlette de Bruno Berbères son dénicheur de talent, à mettre sur scène dès les premiers épisodes de chaque saison, des « diamants bruts », qui une fois mis dans le moule des mois plus tard, je vous l’accorde, peuvent sombrer dans de la pisse musicale pour adolescente pré-pubère, mais qui, avouons-le, comme cette jeune Tamara, sorte de Tracy Chapman des temps moderne vue samedi soir, peuvent vous mettre les poils en 10 secondes ; nos amis de D8 et leurs 4 coachs, eux, font de la phase casting une sorte de chasse à cours gratuite avec pour cible de jeunes proies fébriles, leur kalachnikov verbale prête à dégainer de répliques foireuses et mal jouées, écrites sans nul doute à l’avance par des auteurs de caves, ayant pour potes des rats avides de buzz et tueur d’ado sur Twitter…tellement facile.

Si Mika, Garou, Pagny et Zazie, transpirent le naturel, l’envie de découverte et le professionnalisme dans leurs propos, leur façon d’être et leur succulent emballement dans The Voice ; les 4 de la Nouvelle Star, pourtant non sans talent à la base, dégagent une sensation de on est là pour le fric en mode pantin de la production et dans l’unique but de faire les bêtisiers de Noël sur NRJ 12 animés par Clara Morgane…ça suinte et ça touche le fond profond…d’où le point commun avec ladite ex-actrice de X. Une mention d’ailleurs toute particulière à Elodie Fréget, elle-même sortie d’une émission de ce type, qui, si Joey Star a quasiment inventé le rap en France, Sinclair a réinvité la soul blanche made in France et Manoukian est un artiste pur jus loin d’être con, n’a a peu près rien fait de marquant dans sa vie, à part avoir eu la chance, elle, de ne pas tomber à 20 piges sur quatre snipers à vannes débiles pour mieux la renvoyer dans sa maison familiale à chanter le dimanche en fin d’aprèm devant Tonton Roger qui, bien fin farci au calva de papy, lui disait qu’elle avait beaucoup de talent tout en lui reluquant ses miches de nièces qui prend des formes…

Voilà, samedi prochain, je serai en soirée pour les 40 ans de ma copine Delphine, la semaine d’après avec des potes chez moi, la semaine d’après en voyage en amoureux avec la femme de ma vie, la semaine d’après en bringue…je ne regarderai donc que d’un œil et après coup l’évolution de The Voice, mais clairement, par solidarité avec ce jeune sud-coréen amoureux de la France et qui voulait gentiment chanter du Edith Piaf qui a vu sa jeune existence défoncer aux napalms par les 4 marionnettes de D8…je m’abstiendrai et vous remercie d’en faire de même, la vie est trop courte…vous avez mieux à faire.

J’vous embrasse.

Zootopie

Trop mignon! Trop mignon! Trop mignon... non plus sérieusement ces petites bébêtes sont super mignonnes!

Ces petits poils! Ces grandes oreilles: J'y ai même aperçu mon Edward! C'est vraiment un Disney qui se rapproche de Pixar. De plus en plus. De mieux en mieux. Oui, c'est désormais la même boite mais on arrivait encore à faire la différence.

Le lieu de convergence serait donc Zootropolis, ville de petites proies et de grands prédateurs. Tous vivaient en parfaite harmonie. Soyez les bienvenus dans un monde idéal: c'est super beau. Les décors sont bien travaillés et on a bel et bien l'impression de regarder un films avec de vrais comédiens!

Il y a une véritable intrigue digne des films d'action actuels. C'est même mieux: les personnages sont parfaitement décrits, entre autres les paresseux qu'on a pu tous découvrir dans la bande annonce. Mais sans spoiler, il y en a bien d'autres animaux qui nous caricaturent!

Ce Disney sort de l'ordinaire. C'est un grand Disney avec un satire du Monde d'aujourd'hui. Il aborde les thèmes pas si commerciaux et divertissants que sont la corruption ou la discrimination. Il faudrait plus de films comme celui-ci.

Où l'on substitue l'humain pour l'animal, le réalisme par l'animation. Pour une fois on peut dire que la leçon de morale façon Disney n'est pas niaise: chaque espèce est remise à sa place et ce n'est certainement pas le sergent Hopps qui dira le contraire.

AVIS AUX AMATEURS

Avec les voix d'Alexis Victor, Pascal Elbe, Marie Eugénie Maréchal et Claire Keim - Disney - 17 février 2016 - 1h48

Outside 1.

Si je dois me souvenir d’un disque de Bowie, je serais assez tenté de citer 1.Outside, un drôle d’album bidouillé, pas parfait, qui marquait tout de même le retour de Bowie… avec Brian Eno !

En 1992,  David Bowie épouse le mannequin Iman et profite de la cérémonie pour renouer avec le producteur qui lui a offert sa triologie berlinoise. Les retrouvailles donneront ce drôle de disque concept qui devait être le début d’une nouvelle trilogie autour d’une société futuriste et d’une curieuse idée : l’Art crime.

Tout cela était bel et bien fumeux mais on sentait revenir le David Bowie qui veut en découdre avec les idées préconçues et qui n’a pas peur de se mettre en danger. Durant les années 80, il s'était comme pas mal de ses copains, pris les pieds dans le mauvais goût. Il se cachait même dans un obscur groupe de rock, Tin Machine. Mais ça bouge dans les années 90. Les crasseux et les marginaux prennent le pouvoir.

A cette époque, la techno se battait ardemment avec le rock. Prodigy cartonnait par exemple. En 1995, e rock ombrageux lui ne se remettait pas de la mort de Kurt Cobain. Bowie lui concentre tout cette rivalité dans ce disque de déglingués.

Car Bowie et Eno expérimentent à nouveau. Il y a des défauts devenus désormais folkloriques.  En 1995 on voyait la fin du monde parce que la fin du 20e Siècle approchait. l’ambiance « 1984 » est assez caricaturale mais l’aliénation est un thème cher à Bowie, insaisissable et rebelle face aux modes ou aux mœurs !

Brian Eno est lui aussi tout excité : Il a métamorphosé U2, groupe Irlandais généreux en monstre médiatique aventureux avec deux albums uniques, Achtung Baby et Zooropa ! Avec Bowie, il a totalement confiance et se jette dans les dissonances et les patchworks sonores. A l’époque, les deux hommes admirent Nine Inch Nails et les voilà donc tous les deux face à un genre barré : le rock industriel.

Entre les côtés martiaux et le souffle épique, le disque conjugue tous les plaisirs de l’artiste entre le cinéma, la littérature, la psychologie et bien entendu la musique. Il y a des mélodies redoutables et des bizarreries tout droit sorties du bocal scientifique de Brian Eno, jamais avare en tentatives vibrantes et recherches  sonnantes. Bowie hurle I’m deranged sur l’un des meilleurs titres de sa carrière : il a totalement raison. Ce costume de fou à la clairvoyance évidente, de marginal épanoui lui va si bien. Ca résume parfaitement sa vie! Ce disque inégal (comme une bonne vieille série B) condense sa folie qui a fait sa réputation et son immense talent!

BMG - 1995

Bliss

Portrait touchant et énergique d'une adolescente perdue dans le quotidien américain. Roulez jeunesse!

Faire du roller est il le dernier geste punk? C'est bel et bien une vraie révolte et cela fait tout le charme de la première réalisation de la comédienne Drew Barrymore. Connue pour sa jeunesse délurée, la jeune femme a toujours fait preuve d'une irrévérence dans le choix de ses rôles. Entre girl power et doigts d'honneur, la blonde n'est pas une prune: son film a autant de caractère que son initiatrice!

Dans la banlieue d'Austin, Bliss s'ennuie. Sa maman voudrait qu'elle soit une jolie princesse. Bliss voudrait simplement vibrer un peu. Sa vie quotidienne est triste. Elle découvre alors une bande de jeunes femmes qui profitent de leur week end pour participer à la ligue des courses de rollers féminines...

Ces filles se mettent des coups. Elles vont vite. Elles jurent. Elles assument leur indépendance et leurs mauvaises manières! Elles sont drôles et déroutantes. Elles semblent sorties d'une autre époque. Excellente idée de la réalisatrice: nous perdre dans le temps. On a bien du mal à dire à quel moment se situe l'aventure sportive de Bliss.

Drew Barrymore réunit dans son film les attitudes rocks et rebelles de plusieurs décennies. Le rock, la baston, la vulgarité mais aussi l'amour et la solidarité deviennent les preuves d'une désobéissance nécessaire.

Car la vie américaine est filmée avec une haine de la monotonie assez jouissive. L'actrice Marcia Gay Harden (Into the Wild, The mist) défend des valeurs niaiseuses sans donner la nausée. Malgré les courses énergiques des sportives insoumises, le long métrage filme la révolte avec une étrange douceur et un humour assez finaud.

Bien entendu, tout vient de la grâce d'Ellen Page, héroïne de Juno et une fois de plus, exceptionnelle en jeune fille en crise. Le parcours initiatique est classique mais le traitement surprend et surtout séduit.

En plus d'Ellen Page, le gang sur roulettes revisite la comédie pour teenagers avec une hargne assez savoureuse. Les blagues et la romance sont revus et corrigées par des nanas bien barrées et franchement étonnantes. On appréciera les seconds rôles jamais lisses, toujours dépeints avec tendresse. Cela donne une excellente comédie, vraie surprise à découvrir, à apprécier et surtout à revoir...

Blackstar

Allez on profite des vacances d’hiver pour se réchauffer auprès de David Bowie qui mine de rien nous a laissé un puissant testament qui marque la grandeur du personnage. Chapeau l’artiste !

Il avait donc tout prévu. On trouvait les paroles de son petit dernier, assez sombres. Son clip le montrait agonisant ! David Bowie préparait bel et bien sa mort. Deux jours après la sortie de son 26e album, Bowie tirait sa révérence après une dernière mutation musicale.

The Next Day était un disque commercial, plus traditionnel avec des hits et des ballades. Cette fois ci il expérimente de nouveau. Il s’acoquine avec un saxophone libre et il a visiblement des envies de jazz et d’électro. Difficile de ne pas prendre en compte la mort soudaine de l’artiste, mais Blackstar est drôlement inventif.

On reconnait donc le Bowie sauvage qui au crépuscule de sa vie, se lance dans une dernière bataille contre les stéréotypes et les étiquettes. Il s’arrache à la retraite bien sage qu’on lui a promis. Son espiéglerie prouve qu’il a toujours été un jeune homme sacrément ingénieux. Aidé par le fidèle Tony Visconti, il secoue de nouveau son sac à malice pour nous offrir des petites surprises, peu nombreuses, mais assez fascinantes.

Il théâtralise radicalement sa façon de chanter. On se croirait chez David Lynch, un univers feutré, moderne mais à cheval sur le passé. Les machines sont derrière l’homme. Le saxophone de Donny McCaslin est d’une précieuse aide pour intriguer l’auditeur avant de le séduire. On est au croisement de tous les styles qui font la gloire de l’artiste protéiforme, à l’aise dans tous les genres, toutes les exubérances.

Il livre certes son œuvre la plus sombre depuis très longtemps mais elle est surtout marquée par l’originalité. Il cherche cet espace de créativité qui lui reste entre l’artiste et le succès colossal qui a fait la légende de Bowie. On est encore surpris par cette façon d’aborder de nouveaux genres, l’air de rien, avec un naturel classieux et une voix qui défie encore le temps !

Son sens de la mélodie et sa voix subtile résistent aux capricieuses envies de la star de se réinventer à nouveau, créer une nouvelle étoile dans sa discographie. Elle est noire. Mais son éclat est évidemment éblouissant juste après sa disparition. Il faudra peut-être réévaluer la dernière œuvre du grand Bowie dans quelques mois, mais elle est à coup sûr étonnante et déroutante.

Columbia - 2016

Ce qu’il en reste

Ce qu'il en reste de cet album? L'idée d'un beau voyage en Irlande. Mais en français!

Avant de parler de la musique, saluons la jolie pochette de ce premier effort de Parnell. Une pochette qui vous transporte dans un ailleurs, une belle invitation sépia marquée par la mélancolie et l'harmonie. Il y a un homme seul sur la jetée... Il avance vers la ligne d'horizon...

Et visiblement Parnell se promène beaucoup en Irlande. Parnell est français mais sa musicalité s'est construite dans les plaines écorchées de l'Irlande, grand pays de la musique populaire. On applaudit l'exploit: il exporte toutes les qualités du folk anglo-saxon.

Il y a là tous les stéréotypes du genre: on entend même la petite rivière coulée derrière quelques accords. Mais on il y a tout le coté rustique de la musique irlandaise, des bardes torturés et des constats doux amers sur l'existence.

Vous savez quoi? Parnell est un digne représentant du genre. Il y a toute la sincérité dans ses compositions. Il parle beaucoup de ses bobos au coeur mais il le fait avec d'une habile manière. Il fabrique de jolis petits objets mélodiques où la voix rappelle celle de Damien Rice à ses débuts! Et puis la voix fait aussi penser à Manset, petite référence qui vaut son pesant d'or quand on voit comment plusieurs artistes courent après le respectueux chanteur de Saint Cloud.

C'est de toute façon, un disque qui s'échappe de l'hexagone, qui prend de l'élan pour aller à la rencontre du Monde. De son expérience, Parnell prouve que la vérité est ailleurs, dans les voyages, dans les rencontres. Ce qu'il en reste, c'est ici l'amour de la musique.

Wallou prod - 2016

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