Undertaker, la danse des vautours
La balade pour un cerceuil reprend! Non, je ne me suis pas trompé, si l'hommage à Blueberry est ici encore plus appuyé que dans le tome 1 de la série, il ne s'agit plus d'une chanson mais bien des pérégrinations d'un cercueil tout aussi convoité que celui que le célèbre lieutenant tenté en vain de ramener avec l'aide de Jimy Mc Clure et Red Neck.
Il voyage ce corbillard! Et notre débonnaire ancien militaire est accompagné d'un équipage hors norme puisqu'il s'agit de 2 femmes restées fidèles à la mémoire du défunt, souhaitant impérativement que ses dernières volontés soient respectées.On avait quitté notre croque mort à 2 doigts de passer l'arme à gauche et bien le revoilà avec son équipage atypique, sous l'étroite surveillance de la jeune Rose qui a fini par renoncer à occire notre héros .
Derrière le corbillard, on retrouve un peloton de cavalerie qui essaye de comprendre la situation, ramassant à chaque étape de nombreux cadavres et de l'autre côté, tout aussi déterminés, les hommes réunis par Kern qui espèrent leur part du butin. On s'en souvient le schérif et ses hommes ont été liquidés au cours du précédent tome.
Les rebondissements sont multiples, ingénieux et bien amenés. Jonas Crow est toujours aussi cinique, mais il est aussi vif et inventif et contrairement à ce qu'il laisse parfois entendre, il dispose d'un instinct de survie très développé...A ses côtés, Rose se met à douter que Crow soit juste un criminel.
Tout cela nous vaut donc un récit alerte, vivant, bien raconté par Xavier Dorison. Ralph Meyer y développe toujours son style reconnaissable et en même temps il est le digne héritier de Jean Giraud. Ce second volume arrive rapidement après le précédent. On est même en droit de penser que les 2 tomes en moins d'un an relèvent simplement de la pure opération commerciale. Avec un peu de chance ils seront réunis en un seul volume dès Noêl prochain...Ca c'est pour le côté agaçant!
Pour le reste, on prend un réel plaisir à suivre les aventures de ce cow-boy sur lequel nous disposons de plus d'interrogations que de certitudes.
Alors, longue vie au croque-mort! si vous me permettez l'expression...
Songs for Quintet
Mort en 2014, le vénérable trompettiste Kenny Wheeler a laissé un album réalisé du coté d'Abbey Road. Une visite paisible dans le monde du jazz!
Il est Canadien mais c'est bien en Angleterre qu'il a construit une solide carrière en accompagnant les plus grands noms du jazz. C'est un artiste discret mais qui a toujours de l'astuce dans son souffle. Une sorte de légèreté qui l'a entraîné vers le free jazz ou même le rock.
Kenny Wheeler est connu aussi pour être un arrangeur incroyable. Ce disque sort comme un testament tranquille qui fait état de son talent sûr et maîtrisé. Il n'y a pas frivolité ou une grande sortie libératrice: c'est du jazz assez classique. Les morceaux sont écrits par le trompettiste qui a invité des musiciens qu'il admire à Abbey Road, mythique studio.
Il y a donc une dernière fois, le musicien face aux mythes du jazz. La rythmique est discrète mais envoûtante. Les réponses entre les instruments soutiennent l'ensemble. C'est généreux et très beau. L'électrique a sa place comme des parties plus acoustiques. Le vieil artiste retrouve sa jeunesse. La quiétude n'empêche pas la beauté du geste et la rigueur de l'artiste qui semble être un jeune homme de plus de 80 ans.
C'est un album qui réserve des jolies surprises, à la suite de plusieurs écoutes. Kenny Wheeler est un fantastique trompettiste. Son expérience n'a jamais abîmé sa passion et son sens éblouissant de la mélodie et de la composition. C'est une belle façon de pour commencer un petit répertoire sur la trompette et le jazz, qui se sont offert une sacrée java en 2015!
ECM - 2015
« Et toi dis…tu regardes quoi comme série ? » – Episode 2.
Je suis hyper embêté, confus, vraiment navré, mais alors, vous m’en voyez désolé, mais non j’vous en prie je n’en ferai rien, passez devant, mais non non si si après vous, oui toutes mes excuses. Je vais venir en deuxième semaine avec une nouvelle chronique intitulée « Et toi dis…tu regardes quoi comme série ? » alors que je vous vois d’ici m’assaillir en silence de questions !
Au premier rang desquelles « Mais pourquoi n’a-t-il pas fait une chronique sur le départ à 1,3M€ de Julien Lepers de Question pour un champion, il y avait de la matière avec le Julien qui pleure de partout sur son éviction dudit jeu alors qu’après avoir arrosé 25827 candidats d’encyclopédies Larousse en 56 volumes des meilleurs plats cuisinés haut savoyards avec la préface de Micheline Dax, y compris pour un candidat champion des champions des champions…le vrai champion des champions finalement bah c’est le Julien…alors pourquoi il a pas fait une chronique sur le sujet !? »…
Au deuxième rang desquelles « Mais pourquoi n’a-t-il pas fait une chronique sur l’abandon de 30 millions d’amis en bord de forêt de St-Germain, juste à côté de Svetlana et son collant panthère, de Gilberta ex-Gilberto et sa jupe cuir classieuse très près du corps où l’on peut deviner de par la protubérance légèrement bombée qu’elle n’est pas encore complètement devenue Gilberta ; oui pourquoi ne s’insurge-t-il pas sur la 3ème mort des Mabrouk, bergers allemands portes étendard de l’émission, de père en fils, qui galopait dès le générique la merde au cucul plein de poil dans le jardin du producteur !!! »…
Bah non, pas envie, voyez, encore une fois, je fais ce que je veux.
Mais là où ça coince et que vous n’allez pas être content content mes petits lapins c’est que des séries à regarder, bah en fait, j’en ai un peu fait le tour la semaine dernière en vous parlant de Narcos et consort…
Bon bien sûr, il m’est facile de partir en vrille en vous suggérant, si n’arrêtez pas très très vite de gueuler, de vous acheter les 25 saisons en DVD d’Arnold et Willy, et de les mater sur une télé Noir et Blanc, de toute façon ça changera rien, et comme le vinyle et les platines qui vont avec reviennent à la mode, pourquoi ne pas regarder une série vintage sur une vieille télé black and white, hein pourquoi !
Il m’est tout aussi facile de vous dire d’attendre les fesses au chaud dans votre canapé Conforama acheté à bas prix il y a 15 ans, le retour d’X-Files, oui oui le retour est prévu pour cette année, on les pensait enterrés les Mulder et Scully, mais non ! Ils reprennent langue le fan des ovni à la sœur kidnappée et la folle rouquine forcément un peu lesbos sur les bords sinon elle se le serait tapé le Mulder depuis le temps ! D’où l’expression du très fameux Scully lingus…
Comme vous m’avez l’air bien drogués et surtout fanatiques de vins de table voire de bière de chez Lidl, je vous pense donc armés pour vous enfiler…attendez attendez n’enlevez pas votre slip, le terme enfiler n’a ici aucun rapport, l’intégralité des Shameless qui, pour mémoire, à l’aube d’une nouvelle saison à venir sur Canal+ séries, narre la vie glauque quoique drôlissime de la famille Gallagher dans les rues sordides de Chicago, sexe drogue rock cul sexe et encore drogue au programme…
Ah autant pour moi, vous êtes très pauvres et vous n’avez ni Netflix ni Canal+, oui je sais, pas Bein Sport non plus, mais sachez braves bougres qu’il n’y pas de série sur Bein Sport, de fait, vous voulez à travers cette chronique être orientés vers des séries phares de la TNT. Et bien je dis oui avec plaisir, et ne saurais que trop vous conseiller, dès 6h30 du mat’ sur HD1, si si, cherchez bien, c’est loin loin sur le canal genre 25 26, je sais plus, une série romanesque et pleine de suspens, je veux bien sûr parler de « Petits secrets entre voisins »…vous allez vous régaler, quoi ? comment ça je l’ai pas vue et je meuble ma chronique avec des conseils de séries à la con trouvés au hasard dans mon Télé2semaines à 0,75€ la semaine seulement, quand on fait le calcul, 1,5€ sur 2 semaines bah si ça fait ça, mais non, pas du tout, je suis allé pisser le matin dernier, avec 1h d’avance sur mon horaire habituel, et plutôt que de taper 2 sur ma zapette pour regarder la meuf de télématin qui présente les infos, j’ai appuyé sur le 2 et le 5 ou le 6, oh et puis merde, puisque je vous le dis qu’il faut regarder, ça va là !
Bon puisque c’est ça, je ne parlerai pas des Experts saison 19 pour Las Vegas, saison 18 pour Miami, saison 156874 pour Manhattan, et encore moins de Deutschland83 qui est super bien…quoi je vous en ai parlé la semaine dernière, oh mais comme vous êtes désagréables cette semaine, mais qui m’a foutu des lecteurs désagréables en plus d’être pauvres !
Allez, j’vous embrasse quand même, à la semaine prochaine.
Festival Animal.es – Luc Petton & Antonia Baehr
« Un festival transféministe antispéciste » enfin à Metz, une programmation pluridisciplinaire qui aborde la thématique des animaux pour déconstruire les normes et les lieux communs.
La soirée du 22 janvier, au théâtre de l’Arsenal, est consacrée à la danse et à la performance, d’abord avec la pièce Light Bird de Luc Petton, puis avec Abecedarium Bastiarium, une performance intimiste de l’artiste allemande Antonia Baehr.
Nous pouvons évoquer rapidement Light Bird : une salle comble et enthousiaste pour un spectacle mettant en scène 4 grues de Mandchourie à côté de 4 danseurs (2 hommes et 2 femmes) et un musicien. Après le succès à Metz en mai dernier, pendant le festival Passages, du Jour du grand jour du Théâtre Dromesko, une pièce bouleversante, mettant en scène de manière vibrante notamment un marabout, nous nous attendions à un autre spectacle capable de jouer de la relation avec les animaux avec la même grandeur et intelligence, de donner une raison profonde à leur présence sur un plateau, de nous faire oublier les tristes clichés d’un zoo... Light Bird déçoit en proposant une danse « humaine » assez banale car entièrement portée par la puissance d’ambiance de la musique, et surtout bien trop genrée dans ses représentations masculine et féminine. A côté de cela, l’apparition des 4 grues ne trouve jamais une réelle motivation, leur présence ne donne lieu à aucune réflexion esthétique ou philosophique sur la danse entre humanité et animalité, nous avons plutôt l’impression d’animaux finalement quand même en cage, obligés à être partie d’un dispositif qui avance à vide, sans but et sans un réelle force de proposition.
Un sentiment opposé se dégage de la performance Abecedarium Bastiarium d’Antonia Baehr. Un spectacle surprenant pour une jauge limitée : une trentaine de spectateurs entre dans l’univers de la performeuse qui évoque des animaux disparus et des amitiés personnelles en jouant des déguisement de genre, en leur donnant un sens profond et extrêmement vif grâce au prisme de l’animalité. Les questionnements de genre – le plus immédiat est celui de la performativité cher à Judith Butler – activés par le biais du déguisement en des êtres mi-bêtes mi-travestis acquièrent dans les différentes saynètes mises en scène une vérité bouleversante, drôle et touchante. Aux antipodes d’un théâtre qui se veut pur effet tape-à-l’œil par l’éloquence facile des nappes sonores et la spectacularité des grues sur scène, la performance d’Antonia Baehr dévoile sa puissance révélatrice : à la fois pour l’artiste (révélation de son intimité, de son discours ingénieux et pénétrant, de son corps mis à l’épreuve de l’animalité et de la nudité) et pour le public (mis doucement en danger, car présent sur le lieu de jeu et mené à se déplacer sur la scène avec l’artiste).
Abecedarium Bastiarium construit un dispositif savant et amusant, extrêmement riche dans ses réflexions sur les corps, les genres et les espèces animales. Et Antonia Baehr nous fait aussi le cadeau de mélanger délicieusement le français, l’anglais et l’allemand : une couche réflexive supplémentaire absolument exaltante.
Victor F. – Laurent Gutmann – Théâtre de l’Aquarium- La Cartoucherie
Victor F. comme Frankenstein ?
Nous sommes en 2016. La décapante adaptation contemporaine de Laurent Gutmann évacue toute la noirceur gothique du roman classique du début du XIXe siècle. Si la réflexion sur l’immortalité du corps est évoquée en début de pièce en lien avec notre modernité technique et scientifique, toute métaphysique et magie est abandonnée au profit d’un matérialisme déconcertant reflet de notre époque. La complexité des personnages et des enjeux a disparu. La fable devient une histoire linéaire qui abandonne tout cauchemar tragique au profit d’une structure narrative digne d’un feuilleton sentimental.
Le point de vue finit progressivement par transformer Victor F. en comédie avec des scènes d’une drôlerie parfois digne d’un Woody Allen. Remarquable Cassandre Vittu de Kerraoul qui interprète une Elizabeth castratrice amoureuse du docteur. Digne et poétique Serge Wolf dans un Henri aveugle qui fait avancer l’action en échangeant avec Victor.
La scénographie d’Alexandre de Dardel présente un plateau valorisant une forme pop-kitch. La suisse refuge du docteur a des airs de paysage Milka, et le masque très réussi de Frankenstein rappelle les créations contemporaines hyperréalistes d’un Ron Mueck, les sculptures carnavalesques d’un Jeff Koons. Un univers cohérent avec une vision qui accentue un côté parodique du Frankenstein du Mary Shelley.
Laurent Gutmann s’amuse avec le mythe. Sa version, farce contemporaine, est un miroir d’une époque cynique qui ne prend pas assez le temps de réfléchir une déontologie qui structure des codes moraux , ni même de penser l’action et ses conséquences à long terme. L’ensemble finit justement dans la judiciarisation comme dernier secours à la non-pensée. Victor F. Prométhée moderne ?
Vive la Marée
Vous grelottez? Vous avez le nez qui coule? Ha les joies de l'hiver! Ca y est: l'hiver est enfin là. C'est le moment idéal pour vous plonger dans cette chaude lecture, beau moment de poésie qui fait bronzer et sourire!
Pascal Rabaté est un amoureux des gens. Il le prouve dans ses bédés champêtres et même au cinéma, avec quelques films sincères dont l'adaptations des Petits Ruisseaux, son plus fameux ouvrage. La garçon cherche le charme discret du quotidien, la beauté de nos petites cruautés et les petites faiblesses qui nous perdront.
C'est souvent joli mais l'amertume perce toujours dans ces histoires simples et presque anodines. Avec l'aide de David Prudhomme, il scrute pour le plaisir, une plage en été. Car cela en dit long sur notre petite société. C'est déjà là que Jacques Tati y trouvait ses gags dans Les Vacances de Monsieur Hulot.
C'est sûrement à lui que les deux dessinateurs pensent. Car ils retrouvent toutes les saveurs des vacances à la plage. Les bonnes comme les mauvaises. Ils suivent une multitude de vacanciers qui cherchent à se reposer... tous ensemble! Dans un joyeux bordel qu'organisent les auteurs, brillants virtuoses.
On pense aussi à Bruno Podalydès pour cette comédie humaine chorale et lumineuse. Comme le réalisateur de Liberté-Oléron, on profite pleinement des scènes communes et dérisoires de personnes diverses à la plage. On est très différent en maillot sur la plage et en même temps, cela révèle pas mal de choses sur chacun.
C'est un gigantesque plan séquence de 120 pages, admirable, ensoleillé et qui nous réchauffe en quelques cases. Car Rabaté et Prudhomme sont bienveillants et leur description est franchement bluffante. Du matin au soir, des blancs de peaux aux vieux qui rougissent, en passant par les mômes imaginatifs et les adolescents à la libido crasseuse, on a droit à un joli portrait du vacancier! On y trouve forcément un écho à nos souvenirs. C'est pourquoi la bédé nous touche et nous donne un beau frisson... et pas seulement parce que ca caille dehors!
de Pascal Rabaté et David Prudhomme
Futuropolis - 120 pages
The Danish Girl
L'étrange destin d'un artiste danois qui rêvait de devenir une femme... à n'importe quel prix! Un sujet délicat pour un Hollywood qui se veut néo-classique.
Car, comme le réçent Carol, pour aborder des histoires un peu sulfureuses, les studios rivalisent de chichiteuses idées pour que l'ensemble soit présentable et abordable par le plus grand nombre. Une louable intention quand on veut que des histoires originales puissent être vus par le maximum de spectateurs.
Et la vie de Lili Elbe est pour le moins déroutante. Artiste danois, peintre prudent, Einar Wegener s'illustre dans les années 30 avec des jolis peintures. Sa femme est plus audacieuse mais les marchands d'art sont plus frileux. Jusqu'au jour où elle peint Lili, un faux modèle qu'elle imagine avec son mari. C'est lui qui se travestit en femme.
Le succès est immédiat mais l'homme connait une troublante transformation. On pourrait l'imaginer malade mais sous les yeux inquiets de son épouse, il métamorphose en femme et sa personnalité est totalement modifiée. A l'époque, la médecine conclut qu'il s'agit là de la perversion...
Le film va donc raconter le combat de cet homme qui a toujours été une femme. Il s'agit là de la première femme transgenre, reconnu par la société danoise et qui a été jusqu'à l'opération chirurgicale. Le plus troublant évidemment c'est la présence et l'accompagnement de sa femme, Gerda Wegener.
Pour ne pas choquer l'auditoire, les producteurs ont proposé le film à Tom Hooper, réalisateur oscarisé de Le Discours d'un Roi et auteur d'un inaudible Les Misérables tout en musique. Ce dernier sait s'entourer. On sera bluffé par la beauté des images. Il fait un cinéma de chiffon et de brocanteur. Tout est dans le détail. C'est justement les petits détails qu'il faut surveiller dans la douce mutation d'Einar vers Lili.
On appréciera les décors, les costumes, les petites musiques de chambre, les scènes de ménage feutrées, les confusions sexuelles chastes. Et bien entendu des comédiens épatants à commencer par la merveilleuse Alicia Vikander, découverte il y a quelques temps dans Royal Affair et qui depuis a conquis l'Amérique. Tom Hooper est un styliste qui fait néanmoins de très jolies ambiances, entre le Copenhague rugueux, un Paris bohême (tourné à Bruxelles, plus art nouveau) et la ville de Dresde, presque bucolique.
C'est un classicisme éclairé, faussement artisanal mais qui va bien à cette histoire incroyable qui ne peut pas laisser indifférente. Sauf que le scénario est paresseux et tarde sur les états d'âme. Hollywood doit tout clairement expliqué. Les zones d'ombre doivent êtres mises en lumière. Si le film est un faux théâtre de tréteaux, il y a là une vraie élégance un peu trop sage, qui ne veut froisser personne... La vieille Europe effrontée s'incline encore devant les prudes studios.
Avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Matthias Schoenaerts et Ben Whishaw - Universal - 20 janvier 2016 - 2h
No cities for love
10 ans que les filles de Sleater Kinney n'avaient pas décidé de faire la fête ensemble. La porte est ouverte: n'hésitez pas à écouter leur punk féministe et inspiré!
Corin Tucker et Carrie Brownstein sont de vieilles copines. Ensemble elles ont monté un groupe à l'époque du grunge et des guitares bruyantes. Sleater Kinney a connu son heure de gloire entre les délires punk des uns et les vacheries électriques des autres.
Douze ans d'aventures punk et puis plus rien. Les filles font donc leur come back en 2015, dix ans après leur dernier disque. L'âge n'a pas freiné l'ardeur rock et indie des filles accompagnées de la batteuse Janet Weiss. Elles ont toujours la rage et un sens précis du riff saccageur et de la voix portée fièrement vers des paroles fiévreuses et engagés.
C'est old school mais terriblement attachant. Les dames sont rayonnantes, héritière du rock spontané des Runaways et de la radicalité des Sonic Youth. Ce ne sont plus des adolescentes. Elles ne veulent pas rester sages. Leur rock est une bannière, un étendard, une volonté spectaculaire d'exister.
Les choses fades sont si appréciées de nos jours que le rock de Sleater Kinney nous venge un peu. En 32 minutes, sur le prestigieux label Sub pop, elles réaniment tout une partie du rock des années 90, qui voulait se sentir libre et sans contrainte. Bien loin de nos valeurs actuelles.
Les fleurs sur la pochette sont fanées mais ce n'est pas le cas de ce groupe palpitant qui rappelle de la meilleure des manières à notre bon plaisir!
Sub pop - 2015