For One to Love
Disque pour Noel. Ca y est. On arrive bientôt à l'heure du bilan et voici quelques albums de l'année que l'on doit retrouver dans la hotte du Père Noel. On commence par cette chanteuse acrobate des gammes et véritable rayon de soleil pour lutter contre la morosité.
Car Cecile McLorin Salvant n'est pas une décliniste, une gardienne du temple, une chanteuse qui brode sur des vieux répertoires. Bien entendu elle n'a pas peur de se confronter à des chansons connus mais elle a surtout la volonté évidente de se différencier des autres.
Sur le marché du jazz féminin il y a (beaucoup) de monde: pour se faire une place, il faut du caractère. Après un premier disque remarqué et la première place du concours Thelonious Monk en 2010, la jeune femme franco américaine, affirme ici un appétit vorace, prêt à casser la baraque.
On est happé par son espièglerie et sa voix qui fait littéralement le grand huit. Il y a des classiques. Elle semble avoir un petit faible pour Julie Andrews et les comédies musicales de Broadway. Mais l'emphase n'est pas musicale.
Tout est dans la voix. Elle en fait parfois des tonnes mais c'est toujours au service de la musicalité (elle rappelle de temps en temps Bobby McFerrin et ses expérimentations vocales). Elle en fait peut être un peu trop mais Cecile McLorin Salvant met beaucoup de coeur dans ses interprétations. On ne peut pas être insensible à cette façon de chanter qui pourrait être une façon de jouer la comédie.
Elle remet au goût du jour cette sorte d'exagération qui ne tourne jamais à la démonstration. Elle visite le répertoire large du jazz mais elle ose aussi de belles compositions plus contemporaines, aidés par une orchestration classique, discrète mais d'une redoutable sensibilité. Elle s'affranchit l'air de rien, avec une aisance spectaculaire.
C'est un disque de jazz qui refuse de regarder complètement derrière et n'a pas peur de l'avenir, de la nouveauté et de l'originalité. A une époque où le mot frontière fait frissonner, ce disque nous console. Un petit bonheur à écouter et réécouter.
Mack Avenue - 2015
Convergence
Pour votre liste de Noel, on vous se permet de vous proposer quelques idées. Si vous voulez être au top de la hype, voici le disque le plus ouvert et moderne de l'année: un concentré d'intelligence et de beats entraînants!
Il se passe des choses dans le monde de l'electro made in France. On a vu la naissance cette année d'un chouette dj, The Avener et maintenant c'est un nouveau duo de bidouilleurs qui fait parler de lui, Synapson. La French Touch semblerait se renouveler.
Air est divisé. Justice a un peu disparu. Et on ne parle pas de Daft Punk qui réalise son rêve: ils sont désormais américains! Synapson arrive donc sur une place chaude et abandonnée: ils devraient être le nouveau duo à la mode et cela serait amplement mérité.
Il y a des hits pour danser mais pas que. Ce que l'on apprécie énormément chez ce duo c'est son ouverture d'esprit. Effectivement, leurs neurones et leurs synapses fonctionnent bien: leur electro se nourrit de musiques très différentes. Il y a des choses commerciales comme l'imparable All in You ou le contemporain Fireball.
Il y a aussi de l'inspiration africaine et des blues électroniques du plus bel effet. Les gaillards apprécient les sonorités différentes, peu conventionnelles. Ca fonctionne parfaitement. Le disque nous permet d'échapper aux habituelles effets de style ou ils sont réhabilités par une voix nouvelle ou une idée inattendue. En tout cas, les morceaux se succèdent mais ne se répètent jamais.
Alexander Chiere et Paul Cucuron, les deux musiciens de Synapson nous font danser mais avec une grande exigence, lorgnant sur l'afrobeat, le funk et le jazz. Les sonorités electro souvent froides sont ici, chaudes et même brûlantes. Il y a un désir de metissage et de jeunesse qui font plaisir à entendre. Ce disque a tout pour plaire: une bonne occasion d'avoir de l'espérance!
Parlophone - 2015
Le Pont des Espions
Un avocat découvre le monde de l’espionnage et des agents doubles en pleine Guerre Froide. L’idéaliste Spielberg réussit l’un de ses meilleurs films. En toute simplicité. Comme Star Wars, ce serait dans les vieux pots qu'on ferait les meilleurs films.
Rudolf Abel est arrêté par la CIA. Nous sommes en 1957, en pleine guerre froide et ce peintre serait un espion au service des Soviétiques. Un avocat doit le défendre. James Donovan se retrouve dans un drôle de sac de nœuds lorsqu’un pilote américain est capturé par le camp adverse.
Donovan est un peu obligé de défendre le traître. Tout le monde se met à le regarder de travers. C’est justement sur ce regard que Spielberg va construire sa mise en scène. Sage et mature, le cinéaste retrouve son ami, Tom Hanks, incarnation bienfaisante de l’américain moyen, pétri de valeurs humanistes.
Avec un autre réalisateur, cela aurait pu virer au pamphlet patriotique. Avec Spielberg, on se met à aimer ses ennemis, pris dans l’Histoire. Car le manichéisme ne tient pas la route. Spielberg connait bien ce penchant américain mais il le balaie par un jeu de miroir et de regard qui fonctionnent avec une élégance rare par les temps qui courent.
C’est une mise en scène délicate, entrecoupée par des morceaux de bravoure incroyables comme le premier quart d’heure silencieux et chorégraphié ou une scène de crash prodigieuse. Mais dans l’ensemble ne fait pas de vagues. Car il défend un propos. A la manière d’un Clint Eastwood, Spielberg défend un humanisme posé et rassurant dans notre époque trouble.
Le jeu de diplomatie est jubilatoire. La négociation est subtile. La mise en scène s’amuse des ambiguïtés des deux (ou trois) forces en présence. Il n’y a pas de cynisme dans ce film mais un vrai esprit ludique qui doit peut être beaucoup à l’intervention des frères Coen dans le scénario.
Rudolf Abel (l’excellent Mark Rylance) pourrait apparaître dans un film des Coen : personnage opaque et résolument comique. Il ne fait pas grand-chose mais apporte un décalage étonnant qui permet au film d’ouvrir des parenthèses presque drôles. On est au-delà de la reconstitution historique, elle aussi, très impressionnante.
Le Pont des Espions ne sera pas le plus grand succès du réalisateur mais une de ses réussites les plus abouties. Un thriller hors norme alors qu’il célèbre un certain académisme. Un dualité qui va bien à un film où tout le monde joue un double jeu !
Avec Tom Hanks, Mark Rylance, Austin Stowell et Sebastian Koch - 20th century fox - 2 décembre 2015 - 2h12
Star Wars VII le réveil de la Force
Non non cette chronique ne veut pas vous spoiler et on se taira sur les nombreuses surprises du film et les clins d'oeil nombreux qui font sourire. Nous on est plutôt surpris par les nouvelles planètes. La première planète ressemble à la Mer de Sable; la seconde, à la colline des Teletubbies; la troisième, à la petite station de ski de Saint Pierre de Chartreuse et la quatrième, à la Bretagne typique...
On fait les malins mais c'est pour vous préserver même si depuis quelques mois nous sommes tabassés par la promotion virale de la nouvelle trilogie initiée par JJ Abrams, roi des geeks, créateur des meilleures séries (en tout cas Alias et Lost), docteur Frankenstein de vieilles franchises (Mission Impossible et Star Trek).
On ne veut pas gâcher le plaisir. Abrams l'a bien compris lui aussi. Il reprend donc tout le vocabulaire visuel des premiers épisodes. Les vrais. Les authentiques. Les parents seront ravis. Les enfants se demanderont où sont les monstres géants, les batailles homériques et les chateaux gigantesques, en effets digitaux.
C'est fait, artificiellement, à l'ancienne. Abrams accompagne avec son habituel et judicieux sens du rythme, son goût pour les rebondissements et un renouvellement évident du serial old school. Ca bouge sans cesse dans ce nouveau Star Wars. Mais nous resterons silencieux.
D'ailleurs, vous connaissez tout sur la production de cette saga. Sur le choix des acteurs. Des retours annoncés. Du rachat de la franchise par Disney. Du coût. Des jouets. Des Vêtements. Des Happy Meal avec du Vador dedans. Bref, vous êtes encerclés par Star Wars mais est ce que cela empêche d'apprécier le spectacle?
La réponse est non: le revival de Abrams impressionne. Il nous venge des derniers épisodes, désincarnés, ratés, longs et pénibles. George Lucas sucre les fraises mais Abrams croit encore en sa potion magique qui avait la gloire des premiers films. Il ajoute quelques trucages plus sophistiqués mais conserve le charme simple de cette saga, son illustration naïve de la mythologie.
A une époque où l'on tue au nom de la religion, l'écho universel de la Force résonne très fort avec ce nouveau combat du bien contre le mal. Abrams ne fait pas dans la simple nostalgie: c'est un film contemporain qui dit des choses sur notre époque, un miroir déformant et passionnant sur l'humanité et ses symboles manichéens. La dérision avait parasité le travail de George Lucas: Abrams s'amuse comme un petit fou.
Bien entendu il ressort de vieux personnages. Il y a de l'émotion lorsque l'on retrouve les héros de notre enfance. L'arrivée de Han Solo dans son Faucon Millenium c'est une icone ressuscitée. Les batailles dans l'espace doivent tout aux appareils de l'Empire et des rebelles, rebaptisés ici le Premier Ordre et la Résistance.
Il y a les clins d'oeil et les nouveautés. Il fait table rase de la trilogie précédente sur la jeunesse de Dark Vador (il y a UNE référence aux Sith) tout en jouant sur l'humilité. Le film ressemble vraiment au tout premier film. Dans le fond comme dans la forme. L'Histoire se répète. C'est ce que semble dire le réalisateur. Il prépare une nouvelle guerre des étoiles: les méchants sont déjà d'affreux nazis fanatiques et les nouveaux héros sont de belles promesses pour l'avenir.
Il y a de la bienveillance chez Abrams et dans son nouveau film. C'est communicatif: non, on ne vous dit rien ici. On vous souhaite bonne chance.
Que la force soit avec vous pour le voir avant qu'un ami ou collègue vous lâche des infos!
Avec Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega et Harrison Ford - Lucasfilm Ltd - 16 décembre 2015 - 2h15
Louis Matthieu Joseph et Anna Chédid
Normalement, j'aurais dû démonter cette réunion de famille avec tous ses bons sentiments et tout ça. Mais le 13 novembre est passé par là et depuis ce boeuf familial est rassurant et fait fuir un peu nos idées noires. Salvateur!
A la première écoute, c'est presque insupportable. Les Chédid s'enferment une semaine dans un studio en Provence et font un disque avec les titres qu'ils reprennent sur scène. Cette tournée était inévitable. Le père est sympathique. Le fils aîné est surdoué. Le second garçon a une vraie personnalité et la fille a une voix impressionnante. Ils nous énervent avec leur succès et leur talent, les Chédid.
En plus ils sont plein de bons sentiments et de bonne volonté. Ils dénoncent la guerre, la violence, la maladie et chantent joyeusement l'amitié, la famille et l'amour. C'est un peu le monde des Bisounours. Heurusement leurs reprises sont séches et vont à l'essentiel. Il y a peu d'artifices, c'est ce qui sauve le projet!
Et puis il y a eu le 13 novembre 2015 et toutes ses horreurs. Ils passaient pour une bande de boy-scouts: ils nous rassurent avec leurs chansons pleines d'utopies, sans cynisme, sans sarcasme. Les Chédid, ils nous font du bien à la tête et même aux corps. Les riffs électriques de Matthieu sont explosifs dans ces nouvelles interprétations qui mélangent les compositions des quatre Dalton.
Les voix s'entremêlent bien et visiblement l'ego est oublié sur ce double album qui passe pour une lettre d'optimisme, de joie et de bien être. Une fois que l'on écoute ce disque, on n'a plus l'envie de s'informer, de se faire engueuler par les nouvelles, d'avoir peur d'ouvrir un journal.
On se voit juste dans une voiture à chanter ces quelques hymnes à la joie avec les gens qu'on aime. On veut répéter leur amour de l'autre. On se sent bien entouré de mots doux, de rythmes gentillets et de musiciens passionnés. On chanterait bien leurs variations de leurs hits autour d'un feu avec des chamallow. C'est le monde des Bisounours mais qu'est ce qu'on est bien avec eux! Pour l'instant, c'est un cadeau que peut nous donner la musique: profitons en!
Universal - 2015
Orestie, une comédie organique, Eschyle, Odéon
Justice divine et justice humaine, créatrices de mythe, destructrices de vie, destins innocents, destins corrompus, nous voici face à nos origines.
En une Trilogie
En trois actes
En une famille
Romeo Castellucci crève nos yeux, les scènes dépècent nos inhumanités, rien, rien auquel se raccrocher, il faut abandonner jalons, prudence, la quiétude si elle a jamais existée. La tragédie, la tragédie grecque, l’humanité son berceau de sang, les meurtres infanticides matricides parricides, les guerres les folies les viols les incestes, les vengeances le destin les jugements engagent le combat
La famille, la sacrée la putain le bras armé
Jalouse, menteuse, injuste
A la pointe de beautés dépouillées, hallucinées, Castellucci nous empale
Nus d’excès, abondance des chairs
« Si tu ne parles pas mon langage, parle avec ta main »
Elle parle, modelée sur des mots violents face au lapin blanc luisant, son masque colle à nos blessures, la boue du sang laboure nos esprits
Merde, cadavre, le fracas des origines
L’organique, la guerre de sang, la guerre des chairs
Leçon d’anatomie, sacré des scènes, tableaux éclairés à la bougie du temps
Clair-obscur, l’histoire universelle aux portes de l’Antique, le roi est fou, la guerre est folle, la chair est folle
Cannibalisme du regard, derrière le voile du mythe se joue notre raison
Les souillures au tranchant de la hache aux cris des larmes
Coups portés, disque déraillé, tout ce qui est matériel est suspendu au-dessus du plateau, les corps y rampent y souffrent y saignent y jouissent
Exécutions sommaires, dépouilles et drapeaux noirs, images d’apocalypse baignées de rouge
Têtes découronnées
Tirades la peau collée au visage, les mots collés à la bouche
Guerres sources de sperme de trahisons de pouvoirs, les mythes se croisent, se chevauchent jusqu’à la CHUTE
Histoires du langage dévoreur de langage, il faut tuer la mère baiser le père tuer son père baiser sa mère tout est à recommencer réinventer répéter, mouvement de balancier, les corps blancs comme de Butô, les sources originelles, l’écho, on rhabille l’hérésie on immole le rêve
Terre d’inceste, tête à cornes, oscillation du temps sur le poitrail de la bête
Les singes pleurent
Un souffle vital élève les dépouilles et ressuscite les morts
Les symboles à toute allure inscrivent leur langue
Aveugles, à présent nous pouvons voir
Jusqu’au 20 décembre 2015
Au théâtre de l’Odéon - Paris 6e
Orestie (une comédie organique ?) d’après Eschyle
de Romeo Castellucci
avec Loris Comandini, Giuseppe Farruggia, Marcus Fassl, Carla Giacchella, Antoine Marchand, NicoNote, Marika Pugliatti, Fabio Spadoni, Simone Toni, Georgios Tsiantoulas
Ben, Eco-responsable, Lucernaire
Vous l’avez entendu sur les ondes ou vu à la télé, BEN est « en live » au Lucernaire jusqu’au 3 janvier prochain!
Le Lucernaire, ce lieu mythique de Saint Germain des Prés, qui a accueilli Laurent Terzieff mais aussi Sylvie Joly ou Michel Boujenah, a aussi une tradition du stand-up (et du spectacle jeune public, mais c’est un autre sujet…).
BEN, c’est cet élégant trentenaire avec des airs de Guy Bedos et un style bien à lui, plutôt cruel et absurde, mais pas seulement.
BEN ne sourit jamais et n’aborde que des sujets sérieux, en s’autorisant de longues digressions dans un univers complètement loufoque.
Comme il s’ennuie beaucoup dans la vie, et parce qu’il est un peu fainéant, il regarde la télé et ses nombreux documentaires. De ses heures de visionnage solitaires, il tire une compilation de sujets qui donne un aperçu de notre monde d’aujourd’hui…
Pourquoi manger bio? Que répondre à ceux qui prétendent que le bio, c’est de la foutaise? Quelles sont les véritables conditions d’élevage des animaux dont nous consommons la viande? Pourquoi le frelon asiatique décime-t-il nos abeilles européennes? Notre ventre est-il notre deuxième cerveau? Pourquoi le même jargon managérial s’est-il imposé dans les entreprises, quel que soit leur objet et leur taille? Que raconte au juste « Phèdre » de Racine? Qui est « Oui-Oui »? Autant de questions passionnantes qui éclairent notre époque et notre « environnement » psycho-social. Le public, conquis, en redemande.
Des bons mots, de la lucidité, un jeu d’acteur sensible et un rythme énergique: excellente soirée garantie!
jusqu’au 3 janvier 2016
Du vendredi au dimanche,
Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006
Vendredi et samedi à 21h30, le dimanche à 20h
Réservations: 01 45 44 57 34
Le Club des Divorcés
A mon tour de vous donner quelques conseils de cadeaux imparables. Pas de robot géant dans ce manga mais une étude fine et passionnante de l'extrême solitude au Japon.
Yuko est une jeune divorcée. Nous sommes au tout début des années 70 et ce n'est franchement pas bien vu. Son mari continue de la voir et de la torturer. Elle, tente de tenir son bar d'hôtesses avec sérieux et professionnalisme. Mais l'intime se mêle au boulot et Yuko n'en finit pas de payer son statut de femme divorcée.
Mentor de Jiro Taniguchi, Kazuo Kamimura est mort à 45 ans mais il a laissé une oeuvre conséquente, avant gardiste et surtout féministe. La place de la femme est omniprésente dans ses récits qui ont touché tous les genres. La production du maître est impressionnante.
C'est un bonheur de redécouvrir son oeuvre dont ce Club des Divorcés qui sera publié en deux tômes. Le premier est copieux mais montre le morne quotidien d'une marginale qui ne veut pas le rester avec un sens de la mise en scène d'une modernité assez renversante.
Le coup de crayon est charmant car marqué par les années 70. Mais on est abasourdi par la spectaculaire mise en page dont est capable de dessinateur qui décrit avec un culot monstre la vie de Yuko. La femme est femme d'affaires et une personne sensible. Le manga est une vraie étude de moeurs, délicate mais aussi capable de crudités étonnantes pour l'occasion.
L'oeuvre est ambitieuse et dépeint avec une justesse évidente la condition des femmes dans un Japon réactionnaire et défend tous les marginaux, les rêveurs et les noctambules. Entrez dans le Club, vous ne le regretterez pas!
Kana - 504 pages T.1