I/III

On a beaucoup parlé de Pain Noir mais il ne faut surtout pas passer à coté de Bruit Noir. Un rock déprimé mais très vivant.

Il faut avoir les idées claires et ne pas avoir d'une facilité à la dépression. Pascal Bouaziz et Jean Michel Pires, deux membres de Mendelson, groupe français extrêmement ambitieux (ils viennent de sortir un très chouette triple album), fabriquent dans leur coin, une musique protéiforme, engagé et plutôt pessimiste.

Un boeuf entre amis est devenu un disque furibard et lorgnant sur un rock noir et décalé: pas étonnant qu'une chanson se nomme Joy Division. L'introspection des auteurs est totale et pas franchement optimiste. Cela broie du noir. Pour en sortir un son énergique!

Le coeur des musiciens bat au travers de dix chansons sans filtre, basés sur des rythmes binaires et une voix qui nous offre des confessions que l'on entend peu sur les sillons d'un disque. C'est très étrange. On ne serait pas loin de l'univers claustrophobique de 1984 de George Orwell. Bruit Noir se nourrit des misères de l'existence et des angoisses existentielles. Très belles interrogations sur le départ en province ou l'enfermement dans le travail. Que des sujets stressants et une vraie misanthropie!

Pourtant ce n'est pas déprimant. L'étrangeté est omniprésente. L'adjectif baroque irait bien au concept des deux musiciens. Mais il y a de la vitalité qui transperce. Les musiciens se promènent sur des terres inconnues et Bruit Noir est un groupe vraiment avant gardiste. Il se transporte ailleurs: il transforme sa morne déprime en musiques passionnantes. Un vrai ovni!

Ici d'ailleurs - 2015

Roméo et Juliette, Éric Ruf, Comédie française

ROMEO ET JULIETTE - De William SHAKESPEARE - Mise en scene et scenographie : Eric RUF - Costumes : Christian LACROIX - Lumiere : Bertrand COUDERC - Travail choregraphique : Glyslein LEFEVER - Avec : Suliane BRAHIM (Juliette) - Jeremy LOPEZ (Romeo) - Le 24 11 2015 - A la Salle Richelieu de la Comedie Francaise - Photo : Vincent PONTET
(c) Vincent Pontet

La pièce des amoureux de Vérone publiée en 1597 a ici son action déplacée dans l’Italie pauvre des années 1930. Surpris d’apprendre que la pièce n’a pas été donnée à la Comédie française depuis 1954, le moment s’en révèle d’autant plus historique.

Dans un décor de Vérone décrépite, Roméo et Juliette mis en scène d’Eric Ruf veut déjouer les attentes, démystifier l’histoire. Il réjouit parfois, déstabilise aussi. Pas de coup de foudre, une scène du balcon difficile à comprendre, un bal version music-hall, une Juliette aux allures d’Audrey Hepburn, un père déchainé déclenchant des scènes de rire impromptu.

Après un début difficile accentué par des approximations de texte, l’arrivée de Juliette impulse une belle énergie. Le rythme rapide témoigne de la fulgurance de cet amour culte. A chaque représentation de cette pièce de Shakespeare sur les planches, l’on se met à nourrir l’espoir vain que dans ce Roméo et Juliette l'amour durera toute leur vie.

C’est non sans audace qu’Eric Ruf a choisi ses comédiens dans la troupe. Serge Bagdassarian en Frère Laurent est convaincant. Laurent Lafitte et Pierre-Louis Calixte en Benvolio et Mercutio nous amusent, nous séduisent. Ils portent la fougue des jeunes de manière remarquable. Le choix de Jéremy Lopez pour Roméo laisse plus à désirer. Mais Suliane Brahim, malicieuse, gracieuse et encore petite fille en présence de son père incarne une Juliette extraordinaire.

Le nouvel administrateur général de la Comédie française reconnait en note d’intention avoir voulu retirer tout romantisme superflu. Mais un Roméo et Juliette intellectualisé qui ne fait pas rêver d’amour a des chances de décevoir.

« Pourquoi insultes-tu la vie, le ciel et la terre ? La vie, le ciel et la terre se sont tous trois réunis pour ton existence ; et tu veux renoncer à tous trois ! Fi ! fi ! tu fais honte à ta beauté, à ton amour, à ton esprit. Usurier, tu regorges de tous les biens, et tu ne les emploies pas à ce légitime usage qui ferait honneur à ta beauté, à ton amour à ton esprit. Les bénédictions pleuvent sur ta tête, la fortune te courtise sous ses plus beaux atours ; mais toi, maussade comme une fille mal élevée, tu fais la moue au bonheur et à l’amour. Prends garde, prends garde, c’est ainsi qu’on meurt misérable. Allons, rends-toi près de ta bien-aimée, comme il a été convenu : monte dans sa chambre et va la consoler ; mais surtout quitte-la avant la fin de la nuit, car alors tu ne pourrais plus gagner Mantoue ; et c’est là que tu dois vivre jusqu’à ce que nous trouvions le moment favorable pour proclamer ton mariage, réconcilier vos familles, obtenir le pardon du prince et te rappeler ici. Tu reviendras alors plus heureux un million de fois que tu n’auras été désolé au départ… Va en avant, nourrice, recommande-moi à ta maîtresse, et dis-lui de faire coucher son monde de bonne heure ; le chagrin dont tous sont accablés les disposera vite au repos. » Acte III, scène 3

Jusqu'au 30 mai 2016 Comédie française, salle Richelieu

Roméo et Juliette de William Shakespeare
Mise en scène et scénographie : Éric Ruf
Costumes : Christian Lacroix
Avec :
Suliane Brahim (Juliette)
Jeremy Lopez (Romeo)

 

Ze Craignos Monsters Le retour du fils de la vengeance

Personne ne me met à la porte donc je continue avec mes petits bouquins favoris de l'année. Et on profite du nouveau Craignos Monsters pour célèbrer Jean Pierre Putters et son magazine, Mad Movies.

Car tous les jours, on l'entend: la presse va mal. Le papier n'est plus à la mode. Pas besoin d'un kiosque pour s'informer. On peut tout trouver sur internet désormais. Alors les journaux sont devenus frileux. Même les Cahiers est moins mordant qu'avant. Le cinéma sur papier, c'est de la publicité et des belles photos, point!

Heureusement il y a Mad Movies! La passion qui habite le titre ne faiblit pas. Quarante ans que ça dure. Et on doit cela au sympathique Jean Pierre Putters. Il boude un peu la nouvelle rédaction depuis quelques temps mais ce monsieur a bien senti qu'il y avait un public pour disserter sur les vampires, les robots et les monstres de tout poil.

Le revoilà donc avec un 4e volume des Craignos Monsters, anthologie sans fin sur les bestioles qui hantent les nanars, les séries B et l'inconscient collectif. Il a changé sa méthode de classement mais il se veut plus rigolo et joue plus sur les effets visuels avec quelques créatures en caoutchouc magnifiquement loupées.

Préfacé par Joe "Gremlins" Dante, le livre brosse le portrait de quelques papes du genre (Franco Nero, Roger Corman) et les grandes figures de la série B. On a donc droit à nos monstres géants, les créatures de Frankenstein et quelques morts vivants très à la mode ces dernières années.

Par apport aux essais précédents, celui ci sent un peu la redite mais le plaisir est communicatif. Même la répétition ne fait pas de mal à l'érudit ou aux amateurs de films de genre. Ca fait parti du jeu: car les films aux titres grandiloquents se succèdent et Putters prend un malin plaisir à nous conter des récits improbables, idiots ou politiquement incorrects.

Ca part un peu dans tous les sens mais c'est une vraie joie de lire cette histoire Bis du cinéma, beaucoup plus abordable que la grande, l'officielle, la vertueuse! Pas si craignos que ca!

Vents d'Ouest - 240 pages

Christmas song: Mary’s Boy Child

RockyRama Video Club

Ha ha ha, c'est toujours moi: je continue ma liste de Noel avec ce petit recueil qui va ravir les trentenaires et les quadras en réunissant tous les films qui ont fait une génération. Le choix est évident et judicieux. De Spielberg à Police Academy en passant par Predator... un programme alléchant non?

Pour apprécier ce best of des films à regarder entre amis un samedi soir, il faut avoir grandi dans les années 80. Il faut avoir transpiré devant Sharon Stone dans Basic Instinct. Il faut s'être marré dans les Hollywood Nights de TF1. Il faut être un quadra apaisé, un peu bobo, un peu cinglé derrière la cravate ou les responsabilités!

On retombe en enfance dès que l'on feuillette les fausses et belles pochettes de VHS, refaites par l'équipe de RockyRama qui réunit des fans de films rigolards et d'une nouvelle cinéphilie qui n'a pas besoin de Truffaut ou Murnau pour défendre le cinéma avec un grand C.

Car les articles montrent que la perception de la série B peut faire marcher les méninges. Il y a même beaucoup de choses à prendre dans ses films divertissants. Il y a les films qui ont consacré un acteur, un genre, un réalisateur, une mode. Il y a des choses plus honteuses où pourtant il y a des règles de vie et des souvenirs marquants comme les oeuvres de John Hughes (Breakfast Club ou La Folle Journée de Ferris Bueller).

Tous les films choisis sont franchement sympas. Certains sont réussis et d'autres sont des bons gros ratés irrésistibles car très premier degré ou parce qu'ils sont une source de dialogues mythiques, souvent d'une vulgarité affolante!

Mais l'ensemble est cohérent. Les choix sont pertinents.On aime les comédies idiotes américaines tout comme les polars esthétiques des années 80 avec coupes mulets éclairés par des néons de toutes les couleurs. On apprécie que Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin soit un maître étalon du film à voir entre copains.

C'est bien écrit. Certaines théories sont surprenantes. Des anecdotes font sourire. Des souvenirs se partagent avec une vraie tendresse. C'est nostalgique mais très vivant en même temps. La richesse des choix est irrésistible. Ce n'est pas le style de la maison mais de temps en temps, regarder derrière soi, ca a du bon.

Video Vision - 222 pages

Free as a Bird

Pour nous attraper notre attention, Soom T balance un bon groove qui pourrait ressembler à une vieille démo des Jackson 5. Des cuivres accompagnent une voix pleine d'espièglerie aidée par un orgue hammond d'un autre temps. City Zoo souligne tout de même que la demoiselle qui se présente sous le nom de Soom T n'est pas un singe savant obéissant à un papa producteur dictateur.

Ce petit bout de femme a un sacré caractère. C'est une tradition dans l'industrie britannique: les petites nanas peuvent être aussi impressionnantes que les lads qui s'unissent pour défendre une idée de la pop. Des banlieues mornes peuvent émerger des petites fleurs de bitume douées pour la vanne et la musique!

La plus célèbre reste Lily Allen mais tous les mois, on peut découvrir une chanteuse un peu moins niaise que les autres, un garçon manqué qui apporte pas mal de féminité aux genres qu'elle aborde. Ici, les musiques urbaines et plus particulièrement le ragga.

La demoiselle a un sacré caractère. A Glasgow, elle fait parler d'elle en montant un parti politique à 15 ans avant de découvrir les musiques "exotiques" et les ambiances underground. Free as a bird est son troisième opus et semble vouloir conquérir la planète. Son ambition n'a pas de limite visiblement.

Elle est plutôt douée. Son flow peut tenter des choses comme glisser sur des lignes plus commerciales. Mais le résultat n'est du tout arriviste. La production est riche. Elle est libre comme un oiseau, elle vole sur plusieurs contrées en même temps.

Engagée, elle peut aussi écrire de hits qui pourraient prendre d'assaut les sommets des charts. Elle est rieuse mais ne fait pas dans la facilité. Elle défend le rap et le raggamuffin mais elle n'a pas peur d'amener une touche de pop pour plaire à tous. Le carriérisme est une qualité de l'autre coté de la Manche. En tout cas ne vous fiez pas à son premier single, Broken Robots, un peu trop calibré pour les passages télé et la diffusion dans tous les H&M du Monde entier.

Le reste de l'album est passionnant. Elle semble avoir tout compris à la musique, ses origines, ses racines et ses buts. Ca donne une cocktail détonant et parfaitement secoué. Elle remue les genres avec une dextérité incroyable. C'est une femme savante. Que c'est bien quand les femmes sont au pouvoir!

Chapter 2 - 2015

Marion, Marine, Cazeneuve, un procureur…et finalement Candy… bah oui

candie

En ces temps on ne peut plus perturbés ma bonne dame, et c’est rien de le dire, il faut que tu respires, merci Mickey 3D pour ce moment ; en fait soit tu te colles derrière ton écran de tv durant des heures et auquel cas tu n’as de cesse de rédiger des chroniques que sur l’actualité brulante, et tu te mets à empiler les mots les griffes et tu te fais les ongles sur les frontistes nazillons un soir d’élections régionales avec un goût de nausée dans la bouche et tu fustiges Marion et Marine les deux aryennes pas rigolotes et tu y vas de ton jeu de mot pourri du style « Attention amis de l’Est Florian Philippot va tous vous enc***** et en plus il va prendre du plaisir »…

…soit tu fais une ode à Bernard Cazeneuve l’homme à l’emploi du temps le plus chargé de tous les français et sans RTT ni vacances en prime, oui c’est ça la vie d’un ministre de l’intérieur, soit tu fais façon Libé une déclaration d’amour télévisuelle au Procureur Molins l’homme au 2ème emploi du temps le plus chargé de France mais de très loin le plus pédagogue pour t’expliquer comment on a retrouvé de l’ADN de méchant dans une Seat et que du coup on a été déloger des très très très méchants complices dans un appart de Seine-Saint-Denis sous-loué par un blaireau qu’a rien vu rien fait c’est pas lui le chat…

…soit tu zappes comme un malade mental de la tête et tu tombes sur de la matière à chronique pas fraiche à base de programmes d’NRJ 12 dans « tellement Vrai » et tu t’en prends gratuitement à une pauvre bougresse qui dit avoir les plus belles fesses du monde ou encore qui « est trop bien pour avoir un mec car trop stylée » mais attention garantie sans bulbes neurologiques auquel cas tu passes ta haine sur lesdites nanas et tu les détruits au napalm en 4 phrases…ou alors, bah tu t’abstiens de faire des chroniques pendant un temps certain, histoire de ne pas sombrer dans la plume acide et tirer comme un sniper dans tout ce qui passe devant tes yeux de surcroit quand ça n’a pas de cerveaux..

…soit t’as aussi la possibilité de regarder Narcos sur Netflix, d’ailleurs c’est ce que je fais et d’ailleurs j’ai eu raison car c’est vachement bien dites moi, ou encore de prendre BeinSport gratuit pendant 1 mois, au moins les mecs sur un terrain qui le soir venu font des sextapes entre eux bah au moins c’est drôle et ça t’évite de réfléchir…pas con non plus par ces temps on ne peut plus perturbés, toujours ma bonne dame.

Ou alors, en ultime recours, tu mets la chaine « Manga » un dimanche de pluie et tu essayes tant bien que mal de convaincre tes enfants que oui, oh que oui, ce truc là était populaire quand tu avais leur âge, même si c’était fleur bleue, même un peu carrément guimauve, mais au moins, dès le générique, bah t’es fixé sur ce qu’est la vie, même en 2015, car en France, comme au pays de Candy, on s’amuse on pleure on rit, il y a des méchants et des gentils, et tu dis à tes mômes que pour sortir des moments difficiles bah d’avoir des amis c'est très utile, que pour s’en sortir des fois il faut un peu d'astuce, d'espièglerie, bref, que personne dans le monde ne marche d’un même pas et que même si la Terre est ronde on ne rencontre pas forcément les méchants…faut de tout c’est vrai oui faut de tout pour faire un monde…bah quoi ?!? Bah oui, je philosophe aussi avec Arnold et Willy.

Allez j’vous embrasse,

 

Orestie, une comédie organique, Romeo Castellucci, Odéon

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Un spectacle hors normes, pour les amateurs de sensations fortes.

Romeo Castellucci revient au Théâtre de l'Odéon avec "Orestie, une comédie organique?" d'après Eschyle, 20 ans après sa création. Il est à l'honneur du festival d'Automne, avec 3 spectacles à l'affiche à Paris ("Orestie" à l'Odéon, "Odipus der Tyrann" au Théâtre de la Ville et "Le Metope del Partenone" à la Villette), quasiment un festival. L'occasion de le découvrir ou redécouvrir...

Avant "Orestie", mieux vaut parcourir le livret car le spectacle est essentiellement visuel (mais pas seulement) et fantasmagorique. Petit résumé de l'intrigue:

Première partie: Agamemnon. Nous sommes dans un sous-terrain obscur, une sorte de bunker, on entend des déflagrations à l'extérieur. La Reine Clytemnestre couve une vengeance contre le Roi Agamemnon, son mari, avec l'aide de son amant, Egisthe. Car Agamemnon, sept ans plus tôt, a sacrifié sa fille Iphigénie. Le Roi, de retour victorieux de la guerre de Troie, est assassiné comme prévu par les deux amants. Les prédictions de la prisonnière Cassandre n'y auront rien changé.

Seconde partie: les Choréphores. Dans un paysage lunaire, immaculé (carrière de marbre? Cimetière? Chambre d'hôpital?), Électre invoque son père défunt, le roi Agamemnon, par le sacrifice d'un bouc. Avec son frère Oreste et son ami Pylade, ils projettent et mettent en œuvre le meurtre vengeur de leur mère et de son amant.

Troisième partie: les Euménides. Les figures du passé viennent hanter Oreste. Les anges de la culpabilité, les Erinyes, sont à sa poursuite...

Le théâtre de Roméo Castellucci est un théâtre visuel qui créé des images totalement folles qui saturent le regard. Cet opus sur la tragédie grecque interroge la violence à l'oeuvre dans l'Histoire des hommes: la violence du sacrifice est supplantée par le crime. Aux images obsédantes s'ajoute une musique industrielle, répétitive, le tout faisant effet d'hypnose. Des images nées du tragique, Romeo Castellucci dit : "En soutenir la représentation sera comme ne pas pouvoir détourner son regard de celui de Méduse".

On peut déplorer des longueurs, en particulier au début de la seconde partie, et trop d'effets sanguinolents, mais les curieux d'images nouvelles et les amateurs d'expériences insolites seront conquis. C'est cauchemardesque et ça se tient. C'est une réalité amplifiée (toutes les voix sont retravaillées, des corps difformes sont exhibés) au pouvoir sidérant.

Un spectacle hors-normes, différent, dérangeant sûrement. Pour les amateurs de sensations fortes et les psychologies un peu barrées.

Jusqu'au 20 décembre
Théâtre de l'Odéon, Paris 6ème.

AVERTISSEMENT du Théâtre de l'Odéon:
"Certaines scènes du spectacle sont de nature à heurter la sensibilité du public:
- des effets spéciaux sonores et visuels sont susceptibles de surprendre les spectateurs,
- des animaux en cage sont présents sur le plateau sous le contrôle de conseillers animaliers.
Ce spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans."


ORESTIE (une comédie organique?) - Eschyle... par TheatreOdeon

Nanarland le livre des mauvais films sympathiques

Ha ha ha, je m'empare de la section livres d'Etat Critique pour vous présenter ma petite liste de Noel avec des monstres en caoutchouc et des acteurs en carton... on commence par une super compilation de nanars méconnus et qui gagneraient à... le rester!

Car les petits gars du site de Nanarland sont de grands malades! Ils collectionnent les cassettes video les plus déviantes, les plus racoleuses et donc les plus drôles. Ils nourrissent leur cinéphilie bizarroïde avec leurs souvenirs des vieilles VHS vendues au rabais, avec des affiches mensongères et des histoires qui en copient d'autres... pour la millième fois.

Voici donc Le livre des Mauvais Films Sympathiques. Il y a de films turcs, des nanars américains, des suites honteuses ou des films érotiques des années 70. Le livre nous promène sur toute la planète: partout, on trouve des oeuvres grotesques qui ne peuvent se regarder qu'au 70e degré.

Puisqu'elles nous font rire, ces nullités d'un autre temps méritent d'être redécouvertes. Quand on voit l'état de la comédie française, on sait que faire rire, ce n'est pas si facile et ce n'est pas donné à tout le monde. Ici, c'est un florilège impressionnant et érudit.

Présenté comme une cassette vidéo, le bouquin résume avec gourmandise les films, leurs créations, leurs créateurs. Le style est truculent. Les anecdotes sont simplement hilarantes et relèvent du grand n'importe quoi. Entre les productions indonésiennes, les tentatives de fantastiques à la française où les catcheurs mexicains, il y a d'autres pépites aux destins incroyables!

C'est toujours difficile d'écrire sur des films, surtout lorsqu'ils sont peu connus. Pourtant les zozos de Nanarland nous font partager leur passion. L'écriture renseigne mais aussi donne à voir ce plaisir à découvrir un film malage ou un ratage grandiose.

Ici, le livre nous ouvre sur un champ des possibles nouveau. On est bien fier d'en connaître quelques uns mais on a hate de se marrer devant les autres. On court sur le net pour trouver les bandes annonces et on regrette le temps béni des vidéo clubs où les distributeurs étaient peu scrupuleux de respecter les copyright et faisaient des efforts considérables pour nous faire croire à n'importe quoi... c'est ca aussi la magie du cinéma!

265 pages - 619 label

Au coeur de l’Océan

Moby Dick à l'heure de la 3D et des effets numériques? Ron Howard contre toute attente, tente autre chose que le spectacle épique pour un survival assez brutal et inattendu! Un accident industriel bienvenu!

Car Ron Howard c'est l'image idéal du faiseur d'Hollywood, doué et sympathique. Ses films valent ce que vaut le scénario. Il y a des ratés dans sa carrière (Horizons lointains) et des grands succès (Cocoon, Apollo 13). Il y a des nanars épatants (Da Vinci Code ou Willow) et quelques grands films qui s'ignorent (Portrait d'une famille modèle, Le Journal). Il touche à tous les genres avec un savoir faire qui ressemble à un grand classicisme!

Les premières images de Au Coeur de l'Océan donnait l'impression d'un film épique. Rush le précédent effort de Ron Howard montrait que le cinéaste avait retrouvé une vraie énergie visuelle. On pouvait donc s'attendre à un beau film avec du bruit et de la fureur. Et un vilain cachalot blanc qui veut faire la peau à quelques hommes un peu trop prétentieux!

Le film s'inspire des mésaventures de l'Essex, un bateau qui a réellement subi l'attaque d'un monstre des mers. Cette histoire fut le point de départ de Moby Dick d'Herman Melville. Ainsi le réalisateur de Backdraft peut présenter une autre histoire, en décalage avec la légendaire histoire du capitaine Achab et la baleine blanche.

Le monstre sera donc un élément du film. Il est certes le plus impressionnant et la valeur ajoutée du film réalisé en 3D. Certains plans sont simplement monstrueux. On devine la bête dans toute sa force et la 3D trouve une vraie fonction.

Mais ce n'est pas le sujet du film: Au coeur de l'Océan est un survival ultime. Au bout d'une heure sur les mers avec des personnages charismatiques et stéréotypés dans le bon sens du terme, Ron Howard dirige son film d'aventures vers un intime peu spectaculaire mais qui nous met sous très haute tension. Car l'histoire de l'Essex est effrayante mais on ne va pas vous gâcher les surprises que réservent ce gros budget qui traite de l'effroi et de la mort de manière frontale!

Ron Howard n'est pas un homme qui veut choquer: il ménage son spectateur avec un film techniquement parfait mais le destin des marins est funèbre. Mais présenté avec honnêteté. Bien entendu, il y a des défauts dans son film (des longueurs, des scènes explicatives et des méchants armateurs inutiles) mais à une époque où la production hollywoodienne est toute lisse, rasée de près par des super héros de plus en plus transparents), Au Coeur de l'Océan apparaît comme une accident industriel de la Warner, un film d'aventures comme on n'en fait plus, plus méchant que les apparences! Prenez le large avec ce funeste équipage. Le mal de mer est assuré pour les habitués de grosses productions sans saveur.

Avec Chris Wensworth, Benjamin Walker, Cillian Murphy et Brendan Gleeson - Warner Bros - 9 décembre 2015 - 2h02

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