Quand Rocco Siffredi prend le porno par les cornes

th

Alors que Nadine Morano, mi-chèvre mi-FN mi-black mi-beurre salé, a squatté à peu près tout ce qui se fait cette semaine de chaines info, de 20h, de 13h, de 7h, de moins le quart, à en frôler l’indigestion télévisuelle, pour une fachoterie primaire ; la Russie canardait la Syrie, coin coin, Platini et Blatter l’avait dans le cucul, l’ONU commençait son scandale de corruption, pourtant il joue pas au foot, enfin je crois pas et Nice nous refaisait le scénario des Revenants Saison 2 avec des inondations option barrage qui craque, avec module reportages façon « quitte à avoir des journalistes là-bas autant inonder (jeu de mot pourri, je vous l’accorde) les téléspectateurs d’histoires jolies pour faire pleurer ou faussement passionner » avec une foultitude de héros d’un jour, celui qui a sauvé le chien de la vieille, celui qui a stoppé la pluie avec son tahiti douche personnel, celui qui a sorti la vieille dame de la voiture et avec son chien en plus s’il vous plait, le tout sans même une chanson de Dick Rivers, qui n’a jamais autant bien porté son nom, pourtant promoteur s’il en est de la baie des anges…

Et en parlant de Dick, bah justement, parlons-en…y’a sujet.

Et oui ! Au milieu des giclées de catastrophes naturelles, des éjac de bombes sur la gueule à Daesh et des slips sales de la FIFA et de Ban-ki-moon n’amasse pas mousse, le king of the show me your dick, the porn star absolue, la poutrelle italienne, que dis-je l’anaconda du calebard, j’ai nommé Rocco Siffredi, annonçait une nouvelle qui allait réjouir les conseillers d’orientation de tous les collèges et lycées d’Europe, Rocco prenait le porno par les cornes, et annonçait en grande pompe (oui, florilège de jeux de mots luxurieux… et c’est pas fini) qu’il allait créer une Université du porno, mais puisque basée en Italie « Universita del porno » dans la langue des papes ! Pas très catholique tout ça.

On imagine d’ici les options et l’emploi du temps des jeunes étudiants de la kékette :

8h-9h : Levrette Niveau 2 avec Mme Samantha Youporn, réputée pour son tatouage d’un aigle en slip en bas des reins.

9h-10h : Musculation du prépuce avec élastique fluo avec Mr John Biroot.

10h-10h15 : Récrée avec nombreux jeux comme : chatte perchée, la Maquerelle, touche touche nunusse, boules au prisonnier, le facteur est passé mais dans ton cucul, l’épervers (1-2-3 épervers sortez !), échanges de cartes pazizi spéciales lauréates hot d’or 2015, shufumi-moilatoute-jsuispastasoeur.

10h15-12h15 : Histoire de l’art de la fellation asiatique avec Mme Katsumi

12h15-14h : Pause déjeuner avec spaghetti boulognaises au menu puis possibilité d’assister à la conférence de Jackie et Michel intitulée « Merci qui ? »

14h-15h : Cours de scénario avec écriture de textes principalement fait de cris à base de voyelles, exemple « o oui, o oui, o oui », option consomme niveau 2 à base de « mmmmmmmmmmmmmmmm »…avec le professeur Bobby Enlarge Yourpenis.

15h-16h : L’art du déguisement en réparateur de machine à laver, en chauffeur pour bourgeoise en chaleur ou encore en plombier animé par les Frères Mario.

16h-17h : Cas pratique : Le gang bang niveau 1, à 8, niveau 2, à 16, niveau 3, à + de 50 ; test de résistance et autorisation du médecin à fournir au préalable.

17h-18h : Conférence-débat « santé » animée par Angel Péné et JC Tration : Un régime diététique à base de pruneaux est-il compatible avec le métier ? Avec un débat qui risque de rentrer dans les anales.

Enfin, selon le règlement intérieur il est strictement interdit de fumer des cigarettes dans les locaux, seules les pipes sont autorisées.

Voilà, une nouvelle qui réjouit oh oui le plus grand nombre, qui change un peu de Morano et de la Syrie, caleçon propre exigé, Rocco nous fait rêver,

Allez, j vous embrasse, j’ai sexe.

Battlefield, Peter Brook, Bouffes du Nord

cote-slide-battlefield-1
Sept-cent millions de victimes, dont vingt-quatre mille chefs massacrés gisant sur un immense champ de bataille...
Ces chiffres donnent le vertige; ils sont démesurés, comme l'épopée dont est tirée la pièce "Battlefield". Oui, le "Mahabharata", considéré comme le plus long poème jamais écrit, date de plusieurs milliers d'années. Il conte la guerre entre deux familles cousines, les Pandavas et les Kauravas, de la jalousie des débuts à l'immense conflit final, en passant par les tentatives de conciliation. On y voit des amours contrariées, des apparitions et interventions divines, des actions héroïques: c'est un feuilleton de récits enchâssés, émaillé de fables, de contes de sagesse, dont la morale est à l'opposé de celle de La Fontaine (univoque et simpliste): subtile et surprenante.
En 1985, Peter Brook présentait en Avignon une version "épurée" de cette grande épopée de la mythologie hindoue, longue de 9 heures, d'après le texte de Jean-Claude Carrière. Aujourd'hui, avec la collaboration de Marie-Hélène Estienne, il en recrée (en 1h15) un passage seulement. "Battlefield" commence au moment où le vainqueur de la guerre, Yudishtira, réalise l'ampleur de la catastrophe et l'immense tâche à accomplir: gouverner. Comment trouver l'espoir et le courage nécessaires sur ce champ de batailles où ont péri presque tous ses proches? Yudishtira est épaulé par sa mère, son oncle, le vieux Roi aveugle, son grand-père et le Dieu Krishna. Ils évoquent pour lui des contes où les vers de terre parlent aux sages, où les hommes parlant aux Dieux font preuve de ruse, de couardise ou d'audace. 
Comme toujours, Peter Brook réunit une troupe d'acteurs très expérimentés venus des quatre coins du monde : Carole Karemera (qui est belge d'origine rwandaise), Jared McNeill (américain, qui interprétait en 2014 "The Suit" sous la direction de Peter Brook), Ery Nzaramba (formé à Bruxelles et au Royaume-Uni) et Sean O'Callaghan (irlandais). Le percussionniste japonais Toshi Tsuchitori accompagne sur scène les métamorphoses des différents personnages. A la lumière, on retrouve Philippe Viallatte, qui a avait créé la lumière pour le Mahabharata en 1985 et qui, depuis 1993, a signé la lumière de toutes les créations de Peter Brook aux Bouffes du Nord.
 
La direction d'acteurs est d'une simplicité, d'un dépouillement extraordinaires; le jeu, sans être dénué d'émotion, est d'une grande efficacité. C'est une interprétation "mûre", évidemment. A 90 ans, Peter Brook nous transmet la sagesse des textes anciens et continue à nous impressionner. 
Un très beau moment à partager.
37 boulevard de la Chapelle, métro La Chapelle.
Du 15 septembre au 17 octobre, du mardi au samedi à 20h30; matinées les samedis 3, 10 et 17 octobre à 15h30. 
Réservations: 01.46.07.34.50.
 
Ce spectacle sera en tournée en France : les 10 et 11 décembre à Amiens (Maison de la Culture), les 15 et 16 décembre à Châlons-en-Champagne (La Comète).

 

 
 

Night Run

Liam Neeson continue de dézinguer des malfrats avec sa morne attitude. On ne change pas une formule qui marche !

Cette fois ci il est très mal en point notre grande carcasse préférée. Depuis la disparition tragique de son épouse, le comédien Liam Neeson affectionne les rôles de flingueur, jusquauboutite, sans pitié et sans remord. Taken et ses suites remplissent son portefeuille. Il s’engouffre dans cette voie: il joue désormais toujours le même rôle depuis une dizaine de films. Avec une véritable efficacité.

Il interprète dans Night Run, Jimmy Conlon, un tueur à gages à la retraite, fauché et sacrément alcoolique. Seul, un vieux caïd, Shawn Maguire, continue de le protéger. Aux crépuscules de leurs vies, les deux hommes se respectent dans un monde qui n’est plus le leur.

Le début des ennuis commencent lorsque le fils de Jimmy tue pour se défendre le fils de Shawn, petite teigne sans scrupule. Les deux hommes n’ont pas d’autre choix que de s’affronter… En quelques heures, un carnage se met en place. Liam Neeson sort donc ses armes et tire sur tous les hommes de main de Shawn. Comme d’habitude !

Sur près de deux heures, le vieux tueur protège sa progéniture, découvre que c’est bien d’être grand père, que les valeurs, décidément, ca se perd et que les bons flics sont bien trop rares ! Tout ça dans un New York nocturne et dangereux.

C’est la qualité du film. Une vision très 70’s de Big Apple. Tout est crade. Les bas-fonds sont peuplés de personnages patibulaires. La crasse est résolument esthétique. Le réalisateur Jaume Collet Serra (déjà au service de la star avec Non Stop et Sans Identité) convoque les premiers films de Scorsese ou les séries B de Walter Hill. Son thriller est hard-boiled et presque vintage malgré quelques plans acrobatiques dont il a le secret.

Il a aussi la bonne idée d’embaucher l’impeccable Ed Harris et le « droopyesque » Vincent D’Onofrio, toujours parfait. Ce sont eux qui apportent un peu d’intensité à l’ensemble dans des partitions nostalgiques.

Ils nous aident à oublier les règles bien trop rigides du polar urbain new-yorkais. Ca court aussi vite que ca s’essouffle. Les temps sont durs pour les vieux durs à cuire.

Avec Liam Neeson, Ed Harris, Joel Kinnaman et Bruce McGill - Warner Bros - 2015

Henry Darger: Derniers Jours

The Story of the Vivian Girls, in What is known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinnian War Storm, Caused by the Child Slave Rebellion, voilà l’oeuvre principale de Henry Darger à découvrir de toute urgence au Musée d’art moderne de la ville de Paris.

Bien sûr il y a l’exposition là-bas sur Warhol mais l’exposition sur ce drôle d’artiste se termine ces jours ci et il ne faut pas la manquer. Car elle réussit à nous faire aimer l’art brut. Henry Darger est le stéréotype de l’artiste brut.

Il a eu une enfance difficile et a passé beaucoup de temps dans les hôpitaux psychiatriques. Au début du Vingtième Siècle, il fut un homme en souffrance, qui a passé la plupart de sa vie à Chicago. C’est dans cette ville qu’il a imaginé une épopée de 15000 au titre si long.

Le musée expose des illustrations de ce livre fleuve et fou. Il s’inspire de dessins de comic des années 20 pour composer de larges tableaux complétement déjantés où toutes les techniques se confondent et se renforcent.

Le résultat est un détournement poétique et inquiétant des illustrations populaires. Dans son immense folie, Darger invente tout un monde cohérent. C’est seulement après sa mort que l’on découvrira ces travaux délirants et profondément originaux, dans la forme et le fond.

C’est déroutant. Parfois choquant mais on se passionne pour ses croquis comme pour ses fresques (dé)culottés et colorés. On plonge dans un désordre organisé et parfaitement illustré. Les étrangetés sont des interrogations que l’on aime creuser. La cohérence dans l’illogisme devient un spectacle. L’asocial s’est fabriqué un univers qui en très peu de dessins nous immerge. C’est étonnant et mémorable. En quelques minutes, vous serez bouleversé par ce travail de titan !

jusqu'au 11 octobre 2015 au Musée d'art moderne de la ville de Paris

Welcome Back

On jette un coup d’œil sur Netflix, la toute puissante plateforme de séries et de films, et on trouve le nouveau film du gentillet Cameron Crowe. Il réalise de nouveau un film à son image.

Cameron Crowe fait des films qui ne font pas de vague. Welcome Back se situe à Hawaii et il y fait bon vivre. Comme toujours chez le réalisateur de Jerry Maguire, il observe un type chuté et décortique la façon dont il se relève.

Il met en scène le même film, dans des situations différentes. Dans Jerry Maguire, le héros tombait de haut. Socialement. Tout comme ses films suivants : Vanilla Sky (sur un mode polar), Rencontres à Elizabethtown, Un nouveau Départ et désormais Welcome Back, qui n’a pas droit à une sortie en salles : les films de Crowe sont très marqués par la culture américaine.

C’est ce qui fait aussi le charme de son cinéma. Il y a chez Crowe une vraie innocence profondément américaine : il croit à un monde meilleur, à la seconde chance et défend un optimisme à toute épreuve.

Ancien militaire, blessé au combat, Brian revient à Hawaii pour débuter une nouvelle carrière lié à l’aérospatiale. Il retrouve son amour de jeunesse mais tombe aussi sur une jeune capitaine pétillante. Cassé, il retrouve peu à peu le goût de la vie…

Sur le papier, c’est très classique et effectivement… à l’écran, c’est très classique ! Pas de surprise ! Une comédie sentimentale hors du temps, parfois hors sujet (faut aimer l’espace, les avions et les danses hawaïennes) et particulièrement bien jouée.

Bradley Cooper sourit à pleines dents mais on appréciera les rôles féminins et les seconds couteaux, tous savoureux et plus épais qu’à l’habitude. Bill Murray et Alec Baldwin sont comme on pouvait s'y attendre, parfaits. Il y a de la tendresse et aucun cynisme ici. C’est du cinéma qui relaxe et fait du bien. Comme une promenade au bord de la mer.

Avec Bradley Cooper, Emma Stone,Rachel McAdams et Alec Baldwin - 20th century fox - sur netflix a partir du 15 octobre

Nathaniel Rateliff & The Night Sweats

Un bon vieux rock teinté de soul et de bons bourbons du Texas. Une vieille tradition qui ne prend pas une ride. Enjoy the ride!

Il y aura toujours des gars, barbus, tatoués et doués, pour défendre le folkore blues rock du sud des Etats Unis. Il y a encore des types qui ne sont pas convaincus par les bidouillages en tout genre, les sons électro et les boites à rythme.

La Sun belt conserve un lot conséquent d'amateurs d'instruments de musique: des guitares, des cuivres, des batteries... des choses absolument datées. Mais si précieuses lorsque l'on veut respecter les canons d'un rock flamboyant et chaleureux.

Bon Nathaniel Rateliff vit un peu au dessus de la Bible Belt. Il vient tout de même du Colorado, contrée aride et typiquement américaine. Mais il a grandi aussi dans le Missouri. Il y a entendu la folk traditionnel, le gospel, le blues, le R&B à l'ancienne. Il a aimé. Il est un ardent défenseur désormais.

Après des albums folk, il se met donc à composer des chansons d'une ardeur incroyable, basée sur une soul décomplexée et sans fioriture. Il signe même son premier effort avec The Night Sweats sur la légendaire compagnie Stax Records, qui renaît doucement de ses prestigieuses cendres.

Tous les fantômes du studio se sont invités dans les morceaux raffinés, secs et passionnants du barbu Nathaniel Rateliff. Toutes les sources du rock'n'roll sont répertoriées dans les créations du groupe. On se demande s'il Rateliff et ses copains n'ont pas découvert de vieilles partitions dans un vieux coffre du studio. Résolument datés, leurs compositions font plaisir à entendre.

Les cuivres sont discrets mais d'une redoutable efficacité. La slide guitar a sa place de choix. Des pauses acoustiques s'imposent naturellement. Le rythme est prenant. La voix est parfaitement voilée pour se glisser à la suite de grands noms de cette soul blanche comme Van Morrison. Non, il n'y a rien qui dépasse dans l'album de ce drôle de chanteur résolument old school.

Ce n'est pas nouveau mais c'est assez jouissif.

Stax - 2015

Superdupont Renaissance

Lob, Gotlib, Alexis, Solé et maintenant François Boucq! Il fallait bien tous ces talents sans compter celui de Karim Belkrouf pour s'atteler à un tel monument de la littérature française, un tel élément de notre patrimoine!

Cette chronique sera truffée de point d'exclamation tant ma joie est forte à vous faire partager cette petite madeleine au goût de fluide glacial.Pour faire revire ce merveilleux héros, Gotlib a fait appelle à François Boucq.

Le choix est pertinent quand on connait les personnages qui accompagnent déjà cet immense auteur. Rock Mastard et Jérôme Moucherot entreront au panthéon de la BD la tête haute, rivalisant avec des Tintin, des lucky luke ou Corto maltese. Et puis Boucq c'est celui qui a redonné vie à San Antonio en illustrant les couvertures des aventures de Berrurier ses dernières années.

Et puis, quel plaisir de retrouver Marcel Gotlib après tant d'années d'absence du paysage du 9ème art.
Le flambeau est bien transmis entre les générations. Gotlib tend le camembert, la baguette et le béret à ses acolytes qui s'aquittent parfaitement de la tache. On est entre "Signé Furax" de Pierre Dac et le Rock Mastard de Boucq. C'est jubilatoire, drôle, génial.

L'histoire débute par l'accouchement de Mme Superdupont. Elle met au monde un petit garçon qui en tant que digne fils de son super héros de père dispose de toutes les super qualités de son géniteur: Une force hors norme, la capacité à voler et la même assurance et insouciance que son père (ce qui peut s'expliquer dans le cas du bébé...)
Le bébé après, quelques tours dans les nuages se fait enlever par un super vilain qui souhaite faire de l'enfant le rival de son père grâce à un sérum qui transformera ses qualités en force du mal!

Si le canevas est assez classique, le traitement est délirant. C'est un grand retour, un bonheur de retrouver notre héros national. On peut penser qu'il s'agissait d'une sorte de test, un essai. Cette mise en jambe peut annoncer le début d'une nouvelle épopée si le public accroche à ce héros second degré.

On regrettera juste que ces aventures ne soient pas un peu plus en prise avec le quotidien et l'actualité. Mais je réécris qu'il s'agit d'un retour et que par conséquent, tout reste possible. Une merveilleuse Renaissance, on attend la suite!

Dargaud - 68 pages

Summertime 06

Il y a vraiment un vent nouveau dans le rap américain. A 22 ans, Vince Staples éclabousse de son talent, les mauvaises habitudes du genre. Une découverte.

Le constat est toujours sans appel: on vit dans un monde de fou. La violence règne autant que le vice. Difficile d'exister entre les puissants et les tarés. La nouvelle signature du célèbre label Def Jam ne fait pas dans la nouveauté.

Ce qui surprend réellement c'est son style. Nonchalant et original. Ce petit gars de Californie qui avait pourtant tout le CV pour tomber dans le bling bling. Fils d'un papa taulard, il tombe dans la petite délinquance et les gangs. Un jour, son meilleur ami meurt et il prend conscience que sa vie ne tient à pas grand chose.

Il se met donc au rap et se révèle inventif. Le gamin des villes impressionne sur ce double disque qui multiplie les points de vue sur un monde de fous, avec une musicalité étonnante. Très indépendante. En tout cas, en quelques minutes, le rappeur évite tous les pièges et réussit même un rap alternatif qu'on entend trop rarement.

Pas de gros son west coast! La musique est aussi déglinguée que les descriptions et les visions de Vince Staples. Le titre fait référence à son houleux passé. Ca sent le vécu mais il y a vraiment un travail sur la musique qui fait clairement la différence. On remontrait bien plus que 2006: c'est un disque qui donne l'envie de revoir le polar Colors et réécouter les premiers NWA! Pas mal comme impression pour un premier disque.

Def Jam - 2015

José Montalvo, Y Olé!, Théâtre de la Ville de Luxembourg

#09 Y Olé! (c) Patrick BergerUn diptyque faisant dialoguer Les Demoiselles d’Avignon de Picasso et Le Sacre du Printemps de Stravinsky : une conversation chorégraphique entre culture savante et culture populaire.

La pièce est séparée en deux parties distinctes, dans lesquelles les 16 danseurs mettent leurs corps à l’épreuve des œuvres phares de la modernité. Deux parties dans lesquelles le flamenco est l’élément perturbateur de la représentation, de plus en plus présent, envahissant et source d’extrême délectation pour le public qui, à la fin du spectacle, applaudit longuement les danseurs.

Montalvo affronte donc Picasso et Stravinski par le spectre de ses souvenirs d’enfance dans le sud-ouest de la France, en les confrontant à toute une panoplie de gestuelles, de rythmes et de chants folkloriques, parmi lesquels le flamenco s’impose toujours.

Au fond, des images vidéos, assez kitsch et décalées, qui lancent ou répondent aux mouvements des danseurs sur la scène.

Le spectacle, dans sa globalité, nous laisse assez perplexe, il nous paraît un simple jeu personnel, jouissif et intimiste, sans une vraie tentative de dire quelque chose de la danse contemporaine, de l’héritage de la modernité par ces rapprochements entre culture savante et culture populaire. On est loin des saisissements théoriques et émotionnels que provoquent par exemple les pièces de Hofesh Shechter, dans lesquelles la gestuelle folklorique est une sorte d’excavateur pour bouleverser de l’intérieur les poncifs de la danse contemporaine.

Représentation du 25 septembre 2015

Berlin

Ce n'est pas le Berlin de Lou Reed mais c'est effectivement une vision rétro et très chevelu du rock made in Germany. Kadavar est un groupe très vivant.

Parce que remuant. Christoph "Lupus" Lindemann, Simon "Dragon" Bouteloup et Christoph "Tiger" Bartelt ressemblent à des vikings sortis de la glace. Tout frais, le trio a visiblement été électrisé par les sons féeriques et apocalyptiques de Black Sabbath et Led Zeppelin.

En quelques années, ils ont donc absorbé toute cette vieille tradition du rock. Ils ont conservé les artifices mais ils respectent avec un entrain spectaculaire l'iconographie physique et sonore d'un rock haut perché, entre métal et stoner.

Le trio fait couler des notes lourdes sur un rythme binaire célébré avec gloire et inspiration. On est même surpris par certains de leurs morceaux sur ce nouvel album. Cela a beau être connu, le rock de Kadavar parvient à surprendre au delà de son style.

Ils conservent sur leur troisième album, une étrange candeur en lorgnant entre le rock psychédélique, le rock primaire ou des choses plus sophistiquées comme l'acid ou le stoner. Les Allemands n'ont rien perdu de leur énergie. Avec toutes ses influences (ils reprennent une chanson de Nico, d'origine allemande elle aussi), avec ces racines aussi évidentes, le groupe a vraiment une identité, et même une certaine modernité.

Ils lorgnent désormais sur le succès international. Les chansons sont plus calibrés. On peut le regretter mais leur vivacité efface tout. Ils ont beau avoir des tronches de druides amateurs de tisanes un peu bizarres, ils sont vraiment attachants car ils croient résolument au pouvoir du Power trio, qui joue vite et fort! On ne va pas les contrarier.

Nuclear Blast - 215

Trending

L’Apparition, Perrine le Querrec

Dulcolax, pub au vent

Loomie et les Robots, Le Funambule

Most Discussed

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

Et la laïcité bordel !

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?