Facteur pour femmes

"Moi mon colon, celle que je préfère c'est la guerre de 14-18!" Mael, le jeune facteur de la petite île bretonne pourrait facilement s'approprier les vers de Georges Brassens pour décrire sa situation tout au long du premier conflit mondial.

Quella-Guyot et Morice, après nous avoir transporté à Papeete en 1914, nous ramènent à la même époque mais sur une île bien plus proche de l'Hexagone puisque celle-ci se trouve au large de Vannes.

Ces 2 compères nous avez amenés sous le soleil de Papeete, nous décrivant à des milliers de kilomètres de l'Europe comment le conflit avait pu s'installer au sein de populations bien loin des préoccupations des européens, ne comprenant pas forcément l'intérêt de se battre. Ce récit montrait déjà toute l'absurdité de la guerre et de celle-ci en particulier.

L'angle d'attaque si je puis me permettre...) est ici le même: décrire l'horreur de la guerre sans jamais la montrer. Ils nous font percevoir sa folie sans chercher dans la souffrance directe des tranchées, des conseils de guerre arbitraires et expéditifs, ou dans les portaits de gueules cassées tout ce qui le prouve.

Le ressort utilisé par les auteurs est bien pire. Ils mettent en scène le destin d'un épargné de la guerre. Mael a un pied bot. Du fait de son handicap, le voilà réformé. Il reste un des seuls hommes sur cette île. Comme il est vigoureux et qu'il sait lire, le maire lui confit la fonction de facteur.

Bien vite Mael devient le confident de ces femmes qui attendent des nouvelles d'un mari, d'un fiancé d'un fils ou d'un amant. Celles-ci s'aperçoivent que Mael n'est ni aussi nigaud ni aussi laid qu'elles le croyaient. Il s'avère être un confident capable de les écouter attentivement, voire de les consoler de leur solitude.

Lui qui se croyait à jamais loin des joies de l'amour, se retrouve bien vite comme le coq de la basse cour au milieu de toutes ces femmes. C'est une revanche totale sur tous ces camarades d'avant. Pour lui, la guerre est une merveille!

Le récit est long, 110 pages, mais sans longueur. Les étapes de la métamorphose du jeune homme sont bien décrites, en parallèle avec le conflit qui s'enlise et ces femmes qui s'ennuient. Le récit n'est pas qu'anecdotique, il y a du cynisme dans la description de celui qui prend la place des hommes du village. La guerre amène bien le pire en même temps qu'elle contribua à l'émancipation de la femme.

Le dessin de Sébastien Morice est magnifique, sa mise en couleur parfaite. Je vous laisse découvrir les nombreux rebondissements de cette histoire qui nous amènent jusque dans la France des années 60, bien loin de cette guerre de 14 qui n'en finit pas de nous fasciner.

A quelques semaines du 11 novembre, sans pour autant vous salir dans les tranchées, laissez vous emporter par ces bigoudens et leur facteur! Vous ne le regretterez pas!

Grand Angle 110 pages

b’lieve i’m goin down…

Le temps passe et ce grand dadais de Kurt Vile continue de pondre des disques régulièrement et surtout d'une égale qualité. Faussement innocent, son style commence à s'imposer.

Vous verrez: un jour Kurt Vile, fera les gros titres de la presse. Ancien membre des déprimés War On Drugs, il a pris son indépendance en 2009 pour bâtir une solide carrière solo. Bizarrement sa carrière est d'une discrétion assez incroyable.

Il sort un album par an environ. Il fait du rock comme personne aux Etats Unis. Avec sa tronche de baba cool perdu dans le 21e Siècle, il a le charisme d'une allumette mais travaille avec le feu sacré: déjà son sixième album. Pourtant son style est passionnant et ses chansons représentent l'Amérique si chère à Springsteen ou Mellencamp.

Il a travaillé sur des chantiers dans sa jeunesse. Il a baroudé et transpiré derrière sa tignasse épaisse et raide du coté de Philadelphie. Il rentre dans la mythologie des songwriters américains immédiatement et naturellement. En quelques albums, il a imposé sa patte, son rock détraqué entre le lo-fi et un classicisme d'écriture. Malgré son look inoffensif, Kurt Vila a prouvé qu'il était un gentil punk au pays du son "Americana".

Il a cette naturelle facilité pour les chansons entêtantes qui racontent les petits riens qui font le grand tout du quotidien ou les sentiments qui habitent nos pensées; Rien de spectaculaire mais tout pour faire plaisir aux amateurs de folk rock "made in USA" de qualité!

Sa voix est un peu criarde mais maîtrisée. Le boulot est fait avec une humilité et un humour que l'on entend à chaque morceau. Cette façon de faire de la musique est plus que plaisante. L'aspect anodin est trompeur. Il y a beaucoup de choses à écouter dans ce disque paisible, assuré et rassurant. Petit mais costaud, le Kurt Vile!

Matador - 2015

Too

Fuck it dog, life is a risk! Fidlar ou une vision bien raide de faire du punk à Los Angeles.

De loin on dirait du punk! ou du garage rock! Ou de la musique de petits branleurs doués qui sniffent de la colle et font du skate! Le papa du chanteur a inventé une planche de surf. Les frères Khuen ont un père musicien. Le bassiste lui n'a rien de spécial mais accompagne les trois autres larrons dans une aventure sonore qui fait plaisir à entendre.

Après un premier disque foutraque, le quatuor a eu le droit de s'offrir une forte dose de "Sex, drugs & rock'n'roll". Maintenant ils seraient sobres mais ca ne les empêche pas de jouer du punk bien californien et un peu plus d'ailleurs. L'ironie n'est pas loin chez eux. Ils se moquent même du genre sur l'hilarant West Coast dans ce nouvel album nommé justement Too.

Le groupe joue vite et bien. Il sait aussi regarder autour de lui. La musique vire vers des sons plus indépendants comme le très bon Why Generation et des choses plus commerciales comme le très efficace Punks. Ce qui est sûr: la débauche d'énergie n'est pas filtré. Le disque est mieux produit mais conserve toute la sincérité du groupe, petit paquet de nerf électrique.

Too pourrait plaire à un adolescent qui écoute Eminem (le speed Sober) ou Muse, un adulte fan de Green Day et surtout des mélomanes vieillissants qui ne se sont jamais remis de Sonic Youth. Ils pourraient plaire aux tordus qui aiment les comédies pour boutonneux et les amateurs de Gus Van Sant.

Les Khuen et leurs copains respectent les traditions mais vont toujours voir un plus loin. Ils jouent avec les limites de la culture populaire et l'attitude avant-gardiste. C'est joyeux et triste en même temps. Glorieux et nihiliste. On passe par tous les stades. Une vraie machine à laver. On sort de là lessiver. Mais heureux!

Wichita - 2015

Everest

Désolé,ne comptez pas sur moi pour émettre une critique à l'égard d'Everest, film très classique qui se passe sur le toît du Monde! Moi, dès que ca se passe dans la montagne, je suis séduit!

C'est pourquoi j'aime en particulier Cliffhanger, nanar alpin qui a relancé la carrière de Stallone dans les années 90 ou Vertical Limit, grand n'importe quoi pétaradant dans l'Himalaya. Même Les Bronzés font du ski garde tout mon estime malgré ses multiples diffusions. Quelques sommets, et zou, c'est fini pour moi: je suis incapable de juger ou critiquer.

Imaginez le problème que me pose Everest: il s'agit de l'endroit le plus dangereux et haut du Monde. Entouré d'une chaîne de montagnes hallucinantes et vertigineuses. Avec du vent, des cailloux, de la neige et des sherpas! Et pour une fois la 3D fait son boulot: on a vraiment des sensations de vide. Et pas à cause d'un scénario pourrave!

Non, Everest est l'adaptation du livre Tragédie à l'Everest de Jon Krakauer, auteur d'Into the Wild, témoin d'une véritable tragédie à plus de 8000 mètres d'altitude en 1996. C'est donc un film plutôt sobre par sa nature. On voit beaucoup de types en doudounes marchés au ralenti, entourés de glace et de pierre sombres, communiqués avec des vieux talkie walkies.

L'Islandais Baltasar Kormakur filme cela avec une gourmandise évidente. Le lieu est filmé sous toutes les coutures. Les effets spéciaux permettent les angles les plus affolants et en toute discrétion, ils disposent une douce terreur au milieu des alpinistes, conscients au fil des camps qu'ils se mettent en danger, surtout pour une question d'ego. Quand ils ont froids, nous aussi.

Le film suppose que le drame est dû à la rude concurrence commerciale entre quelques aventuriers mais le film arrive surtout à nous isoler dans le drame humain. Le film n'en fait pas trop dans la démesure et les effets gratuits. C'est classique mais c'est très beau et on est souvent scotché par les décors gigantesques et les performances tout en humilité de comédiens confirmés comme Jake Gillenhaal ou Josh Brolin.

Dans leurs grosses doudounes, on devine la fragilité et la grandeur de l'homme. Ou on voit juste des gars galérer dans les montagnes. Moi, je ne sais pas trop: la montagne ca me gagne!

Avec Jason Clarke, Josh Brolin, John Hawkes et Emily Watson - Universal - 23 septembre 2015 - 1h59

La Face Cachée de Margo

John Green écrit des histoires tristes pour les adolescents. Il intéresse Hollywood qui fait par hasard renaître le charme (très) discret des premiers succès John Hughes.

Le monde adolescent se limite au cinéma à des êtres frustrés, obsédés ou innocents. Il peut être un affreux queutard (la série des American Pie) comme le gardien de cette Amérique qui rêve et croit aux miracles (les héros de Spielberg). C’est un animal complexe qui fascine les auteurs comme les producteurs qui veulent leur faire les poches !

John Green est un écrivain qui s’est spécialisé dans le mélodrame pour adolescents. Il comprend le jeune et parle de lui avec une vraie affection et une certaine humilité. Il a visiblement gardé des souvenirs émus des films de John Hughes qui a su raconter la jeunesse américaine avec une douce amertume dans des films cultes comme Breakfast Club ou La folle journée de Ferris Bueller.

Dans cette adaptation de John Green, la musique rappelle ce souffle nouveau que fut les premières réalisations de Hughes dans les années 80. Même le look des jeunes héros pourrait être celui des personnages de 16 Bougies pour Sam !

On reconnait cette même banlieue où la jeunesse s’ennuie. Quentin est un geek poli et sage. Sa voisine Margo est une jolie peste au sourcil épais (le mannequin Cara Delevingne imite très bien Elle Fanning). Elle est un mystère pour son voisin transi d’amour. Lorsqu’elle fugue, il décide de la retrouver…

C’est donc une douce romance contrariée entre deux lycéens qui se demandent bien ce qu’ils vont faire de leur existence. Deux choix se dessinent au fil d’une enquête lente mais sympathique, aidée par des seconds rôles stéréotypés mais bien assumés. Le réalisateur filme très bien cette Amérique endormie mais ne s’échappe jamais d’un romantisme un peu niais malgré quelques volontés de révolte. Les angoisses des bambins américains n’ont pas beaucoup changé en 30 ans. Si le film se regarde, derrière l’humour et l’aventure, le constat est amer.

Avec Cara Delevigne, Nate Wolff, Halston Sage et Austin Abrams – 20th century fox – 12 août 2015 – 1h45

Gauthier Fourcade, Essaïon

fourcade

Un one-man show intelligent sur la place de l'enfance et de la poésie dans une vie d'homme.

Si vous attendiez une révélation sur le Saint Graal, vous êtes mal tombés car le "seul-en-scène" de Gauthier Fourcade ne nous emmène pas du tout dans la Grande Histoire des Templiers, mais dans les méandres de la petite histoire d'un homme que sa femme vient de quitter. Le temps d'une nuit blanche, tout en veillant sur le sommeil de son fils, il se livre à des élucubrations poético-magiques sur le sens de la vie et de l'amour.

Gauthier Fourcade évoque un clown triste qui cherche à comprendre "qu'est-ce-que l'amour?", "Comment ça marche?", "A quoi ça sert dans l'univers?", tout en répondant à la question plus urgente: "Comment reconquérir ma femme?"...

Cela donne une sorte de conférence burlesque, avec détours par les souvenirs d'enfance, emprunts à la physique quantique, mais surtout à la pataphysique, car si les bases du raisonnement sont fondées, les conclusions sont elles, complètement fantaisistes!

Amateurs de jeux de mots et de délires physico-magiques, vous serez servis! Vous pourrez même en redemander car Gauthier Fourcade joue 2 spectacles en alternance à l'Essaïon à 19h30 :

Les lundis : "Le secret du temps plié"

Les mardis : "Le bonheur est à l'intérieur de l'extérieur de l'extérieur de l'intérieur, ou l'inverse"
Il est également possible de relire ses textes en les commandant via son site officiel: http://www.gauthier-fourcade.com/

Un bémol: à l'oral, les traits d'esprit fusent parfois si vite que le spectateur, bien qu'averti, peine à suivre...

A voir du 7 Septembre 2015 au 30 Novembre 2015
6, rue Pierre au lard (à l'angle du 24 rue du Renard)
75004 Paris 
 
 

Quand Canal rime (presque) avec napalm

canal+

Avant d’attaquer en règle la nouvelle ère de Canal+ et partir tête baissée façon raffut fidjien sur 50m (c’est Coupe du Monde de Rugby hein, on y a va de sa petite métaphore) sur un Bolloré bashing, dès l’été, comme bon nombre de bloggers ou autres influenceurs de la toile digitalo-numérique, j’avais dessiné, sur le sable, son doux visage…

…Non, c’est pas ça, ça c’est Aline, aucun rapport, enfin si, si on parle d’Adeline, presque comme Aline hein, (ex) Halliday qui accuse le gars Johnny de viol durant leurs années de mariage, lui répond que c’est « sans fondement » (sic), autant dire viol ok mais pas dans l’anu’…bon, bref, c’est pas ça non plus.

…Bolloré bashing, donc, car depuis la reprise en main de Canal+ par le roi d’Havas, des auto-lib, et fut un temps des différents Direct (8, matin, 17…) le petit monde médiatique s’outre, à raison, au final, je pense, de la stratégie de Rambo, warrior, ils sont où les viets qu’on leur pète la gueule, j’en voulais pas de cette guerre, de Vincent Bolloré.

Rappel des faits: par un subtil tour de passe passe, genre oui cher Canal+ je veux bien te vendre Direct 8 et Direct 17 en échange de quoi tu me payes en actions Vivendi, mais pense à prendre de la vaseline au passage car dans quelques mois je vais te racheter tout entier en mode sens inverse baisse ton slip demande pas pourquoi mais non ça fera pas mal, mais si vas-y allez, rhoooo t’es pas cool tu verras c’est juste la première fois que c’est douloureux, Bolloré a pris le contrôle du tout Canal (+, Canalsat, I-télé, D8, D17…autrement dit avait vendu ses enfants pour les racheter moins chers une fois l’adolescence arrivée, pratique afghano-pakistanaise très courante) et à entamer un vaste programme de « c’est qui le patron ?! toi, ta gueule me plaîs pas tu dégages ».

En gros, au vu des coups de pieds au cul pris par une majorité d’artisans de Canal+, on peut sans nul doute voir d’ici quelques morceaux choisis de la philosophie du nouveau boss : « de toute façon l’humour c’est pour les cons, je préfère KTO à Groland, les Guignols c’est ringard, le bébête show ça au moins c’était plus marrant, Les Nuls ils parlaient trop de zizi et le zizi c’est mal sauf pour faire des enfants, comment ça y’a des mecs de gauche dans ma boîte, les syndicats c’est pour les feignasses, Antoine de Caunes n’a plus trente ans de toute façon il parle trop vite les vieux le comprennent pas, le foot c’est pour les beaufs, le rugby c’est pour les brutes, le basket c’est pour les blacks, le Canal Football Club c’est pour les mauvais catholiques qui ne vont pas aux vêpres le dimanche soir, I-Télé si on pouvait en faire un Fox News à la française ça serait quand même super cool, tiens d’ailleurs si on faisait une soirée spéciale Thanks Giving, on est américain nous aussi »…bref, on efface tout et on recommence.

A ce jeu, à la con, sur le thème de « j’écoute personne je fais ce que je veux et si ça te plaît pas tu vires », le Directeur Général, le Directeur des Programmes, les producteurs historiques du Grand Journal, les auteurs émérites des Guignols, le patron des sports, la patronne d’i-Télé, le patron des magazines sport…tout le monde a foutu le camps (de concentration) ou a surtout été sommé de.

Bolloré, lui, continue sa purge, joue avec les programmes comme on joue au rubix-cube un lendemain de cuite, y’a pas les carrés de la bonne couleur sur la même face, ça ressemble pas à grand-chose mais on joue ça passe le temps et si on te fait une remarque, bah t’es gentil c’est mon rubis cube à moi je fais ce que je veux avec.

Oui mais voilà, le problème, c’est qu’en regardant les précédentes aventures télévisuelles du camarade Vincent, on a déjà vu ou entrevu (faute d’audience) le talent et le pif du gars pour bâtir des programmes et trouver un public. Preuve en est le lancement de Direct 8 lors des débuts de la TNT avec une chaîne qui, tout en direct, était juste pas regardable, sentait bon la télé faite par des roumains bourrés à l’alcool de patate, le tout avec une mascotte oiseau nommée Thui-thui (huit à l’envers x2 pour ceux du fond, merci de pas toucher au radiateur, c’est sympa) qui aurait même fait honte aux créateurs de Nicolas et Pimprenelle dans les 50’s. Autant le dire, quand Bolloré vire Le Van Kim (ex producteur du Grand Journal ou encore des Césars) en le traitant d’has been c’est un peu comme si un teckel disait à un doberman qu’il avait une plus grosse kékette…pas crédible et à un moment tu risques gros.

Bah oui, mais justement, à force de virer à tour de bras des mecs et des filles qui savent faire de la télé ou des programmes, t’as beau avoir de la tune plein les poches, bah t’es vite en slip, et les téléspectateurs te regardent amusés pour se foutre de toi avec les tâches de pisses qui ressortent de ton slibard et vont vite voir les mecs habillés, c’est plus propre.

Sans doute dans une idée cachée d’espérer lui voir un bout de soutif aux détours d’un couloir, Bolloré s’est précipité à mettre Maïtena Biraben à la tête du Grand Journal, ne nous trompons pas, Maïtena est une grande pro, s’est levée des années à 3h du mat pour animer la matinale, se parfume à la bobotitude parisienne mais connait le job et le fait bien. Problème, c’est qu’un talk show quotidien c’est lourd à porter, le mélange des genres politiques+justin bieber+on a aimé les livres que personne ne lit…forcément, bah tu vas voir « C à vous » parce que plus frais, Money Drop parce que plus con mais que ça détend, voire « Les Chtis chez les nudistes » ou un truc dans le genre parce que plus… là j’avoue faut pas déconner (mais, oui, ils font désormais plus que le Grand Journal…c’est la plaie).

De plus, le mec a de la classe, en annonçant, par exemple, la probable suppression des Guignols le jour où De Greef, leur fondateur, meurt…oui, Bolloré, y’a pas à dire, c’est mettre Staline maire de San Francisco en pleine Gay Pride, c’est demander à Barbelivien d’écrire un titre aux Daft Punk, c’est exiger à Nana Mouskouri de tailler une pipe à Rocco Siffredi (non non vous n’êtes pas obligé d’imaginer…) ou encore de mettre Le Pen à la tête de Touche pas à mon pote…ça troue l’oreiller, y’a un truc qui fait masse…en plus de faire du bashing, voyez, je cite du Bashung.

Allez, j vous embrasse, j’ai rugby.

Dog Man Star 20th anniversary Live – Royal Albert Hall

Vestige encore vivace de la brit-pop des années 90, Suede prouve qu'il reste un groupe de scène et qu'il conserve toute sa verve. Un putain de live.

Avec sa mèche bien étudiée sur le front, Brett Anderson avait tout de la tête à claque. En 1993, cette endive prétentieuse montre qu'il a quand même du talent avec le premier disque de Suede qui coup sur coup lance la période glorieuse de la brit-pop et remert au goût du jour le glam-rock, jouant avec les ambiguïtés sexuelles si chères à David Bowie.

Fondé en 1989 à Londres, le groupe était promis à un destin funeste rapide avec un turbulent chanteur dépendant aux drogues et surtout un guitariste inspiré qui claque trop vite la porte, Bernard Butler. Juste avant de partir, les deux hommes et leurs camarades discrets mais solides, réalisent un second disque qui reflètent beaucoup cette partie sombre de leur rock, Dog Man Star.

Un petit bijou, décrié à son époque (Blur sautillait déjà au sommet du hit parade, talonné par ces gros lads d'Oasis qui voulaient leur botter le cul) et qu'il faut réévaluer aujourd'hui. Le groupe nous aide avec ce live anniversaire au Royal Albert Hall, édité en peu d'exemplaires.

Depuis 2010, le groupe s'est reformé. Butler fait toujours la tronche mais le remplaçant Richard Oakes (embauché à 17 ans en 1996) assure toujours aussi bien derrière les guitares alertes du groupe et les riffs flamboyants de quelques uns de leurs hits. Ils font une série de concerts et reprennent goût au travail collectif. En 2013, sort un nouvel et bon album, Bloodsports. Pour la fin de l'année, un nouvel effort est prévu. Suede est un revenant inattendu.

D'autant que sur scène, Brett Anderson n'a plus sa jeunesse mais un sacré coffre et une envie d'en découdre quasi intacte. La guitare virevolte tout autour et les copains discrets qui assurent la rythmique, continuent de rester à l'ombre tout en conservant leur efficacité. Suede rejoue l'intégralité de ce disque mal aimé (pour la bonne cause puisque les recettes sont reversées pour la lutte contre le cancer), les faces B inédites et quelques succès incontournables.

La nostalgie fonctionne à fond: la débauche d'énergie est spectaculaire. Ils avaient tellement sombré dans nos mémoires, que les petits gars de Suede impressionnent, loin du star system. Une résurrection comme on n'en fait plus! L'endive n'est plus là: un vrai dandy (et un bon groupe) est de retour!

Import - 2015

Pageant Material

Elle s'appelle Kacey. Elle est belle. Elle a des jambes sans fin. Elle a un sourire désarmant. Elle fut élevé dans le Texas, à Golden (ça ne s'invente pas). Elle fait de la country. Si l'amour est dans le pré, elle est à coup sûr la belle des champs!

Voilà une jolie chanteuse de country, Kacey Musgraves. Je sais que beaucoup d'entre vous résument le genre à des cow boys républicains et des cow girls avec des fringues pas possibles sortis d'une comédie musicale des années 70. Cette musique sert à faire danser les ploucs, les fachos et autres rednecks!

Mais on sait aussi depuis Johnny Cash que la country a un courant alternatif et souffre des clichés les plus éculés. Kacey Musgraves est étiquetée: charmante bimbo du Texas. La pochette de son disque se moque de cette vilain raccourci.

On tombe sous le charme car ça sonne d'abord juste. Les plus virils voudraient bien jouer au cow-boys et aux indiens avec elle, mais elle calme facilement les ardeurs. Son talent est une bouffée de chaleur.

La chanteuse coquette de Golden nous séduit. Parce que son style est abordable, plutôt simple. On est très loin d'un rock indépendant: à l'exact opposé. C'est bien produit. Le son est léché. Les orchestrations sont agréables à l'oreille. Ca sonne américain avec Slide guitar et banjo. Mais un peu comme dans un rêve! On passe de Dusty Springfield à Allison Krauss avec une aisance déconcertante. Une touche de pop rend la country accessible sans jamais être ridicule.

C'est frais et léger. Ca lave la tête. On se voit bien dans un pickup truck au milieu d'un champs de maïs, avec une vieille maison en bois et un soda dans la main (une Bud pour les plus costauds). De la bonne valeur conservatrice mais gentiment détournée par la chanteuse. Là encore c'est un gros stéréotype que je viens d'imaginer mais avec Kacey Musgraves, cela devient un doux idéal. Cette jeune fille peut vous rendre chèvre! Je vous laisse: je vais faire du taureau mécanique!

Mercury Nashville - 2015

The Program

Une enquête bien documentée mais un film qui pédale un peu dans la choucroute!

La performance de Ben Foster est incroyable. Tout le monde va vous le dire. C’est vrai qu’il est troublant dans son imitation du plus célèbre tricheur du cyclisme. C’est mérité pour ce comédien, habitué aux seconds rôles, découvert par Barry Levinson en 1999 dans Liberty Heights, remarqué et remarquable dans quelques séries B.

Comme un bon vieux briscard adepte des techniques de l’Actor’s Studio, Foster a du se transformer pour être cet athlète ambigu qui a fasciné puis déçu la planète. Car on croyait en ce héros magnifique, qui après la maladie, a décidé de transformer son expérience en moteur pour multiplier les victoires au Tour de France.

A n’importe quel prix ! Stephen Frears, après The Queen, semble apprécier les destins contemporains : Lance Armstrong est un personnage passionnant qui hélas n’inspire pas le scénario le plus dingue que l’on est vu. Au contraire.

De la part d’un cinéaste confirmé, on aurait pu attendre quelques prises de risques. Frears reste très sage dans sa réalisation. C’est avoué par un panneau à la fin du film : ce dernier doit beaucoup au rapport à charges qui a détaillé la fraude monstrueuse et dangereuse du sportif et de ses complices.

Le film dépeint sagement le parcours du cycliste, avide de reconnaissance et de performances. Il y a bien l’ironie anglaise, aidé par le personnage du journaliste qui a osé mettre les pieds dans le plat mais la reconstitution du milieu est faible, entre images d’archives, reconstitutions tristes et un personnage central qui vire au groteque : le bon docteur Ferrari. Le pauvre Guillaume Canet est ridicule avec sa moumoute.

Il y avait matière pour un grand film mafieux (Armstrong se comporte comme un parrain de la pègre) et Stephen Frears réalise une petite épopée, intéressante par sa documentation précise mais tristounette dans sa réalisation. Comme si la désillusion autour du héros déchu avait envahi tout le long métrage. Si peu d’énergie dans un film sur le dopage, c’est franchement bizarre !

Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Jesse Plemons et Guillaume Canet - Studio Canal - 16 septembre 2015 - 1h40

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