Instrumentals 2015
On parlait y a peu de Star Wars, voici que resurgit 15 ans après sa dernière apparition, un groupe extraterrestre qui ne fait rien comme personne. Il est bien normal qu'on lui porte tout notre intérêt!
Parce que le groupe Flying Saucer Attack nourrit la légende de la musique britannique. Un duo de Bristol qui, à contre courant, ose une musique expérimentale basée sur une voix féminine et des délires d'orchestration proche du space opéra, et réussit à connaître un certain succès, vous pouvez être sûr que ca retient l'attention.
Ce n'est pas chez nous que ca arriverait! De l'expérimental doublé à du psychédélisme, sur le papier, il y a toute les raisons de fuir ou de rester dubitatif. Quinze ans plus tard, il ne reste plus que le musicien David Pearce. La chanteuse Rachel Brook a visiblement remis définitivement les pieds sur terre.
Ainsi, il est bien logique que le nouvel album de Flying Saucer Attack se nomme Instrumentals 2015. Ainsi on a un peu l'impression de retrouver les plages aventureuses du Brian Eno des années 70. Il y a certes deux ou trois morceaux un peu trop abrasifs, où les saturations et notes étranges prennent le pouvoir. Le coté obscur du groupe existe.
On imagine un musicien dans son studio qui lutte contre sa solitude, par des bidouillages incroyables pour agrandir ses sons, ses idées, ses vertus et ses quelques défauts. Mais ce n'est pas de la musique d'autiste. Après une longue absence, le disque reste la plupart du temps abordable par son lyrisme.
David Pearce réussit à nous faire voyager avec des feedbacks, des échos et une construction méditative qu'on a peu l'habitude d'entendre. Ce disque est très beau. Il aurait pu être écrit dans une cathédrale. Effectivement,c 'est un vaisseau qui fait planer. Il aime zigzaguer vers des contrées parfois inquiétantes mais on reste subjuguer par ce pilote musicien qui sait où il va malgré tout.
Domino Recordings - 2015
Amy
Ne vous dites pas: je n'aime pas, je n'y vais pas. Vous allez louper un documentaire qui présente à sa juste valeur la sulfureuse Amy Winehouse!
Je suis la première à ne pas connaître Amy Winehouse. Ni le personnage! Ni la chanteuse! Ni les chansons! Je suis loin d'être fan mais il faut reconnaître qu'elle a du talent. Elle en avait, sans forcer, sans artifice. C'était une femme simple.
C'est ce que l'on constate dans toutes les images d'archives et les films que faisaient constamment l'artiste et sa famille: c'est ce qui fait du film un documentaire très réussi. Il nous offre sans concession toute la personnalité d'une chanteuse incroyable.
Avec toutes ses qualités et ses défauts. On découvre tout ce qui a fait d'elle la chanteuse soul et jazz incontournable de ces dix dernières années. Alors certes, on s'attend à voir de l'alcool et de la drogue, mais surtout on en apprend beaucoup sur sa musique autobiographique.
Pour la première fois, j'ai écouté ses paroles et saisi les répercussions de sa vie sur sa musique et inversement! J'ai rencontré Amy Winehouse, une femme pleine d'humour et de sincérité que je ne soupçonnais pas du tout. Le documentaire dénonce ainsi les affres de la célébrité, la dépendance et l'environnement crucial qu'est la famille. Entre le père et le mari, les hommes de sa vie ont des comptes à rendre!
Heureusement ce n'est ni lourd, ni grotesque. On ne s'attrise pas pour elle. Ce n'est pas pathétique. Intelligente, elle a sûrement assumer tout jusqu'à la dernière minute. De sa construction jusqu'à sa destruction. La fin de l'histoire, on la connaît mais connaissez vous le début?
Avis aux amateurs
Mars Distribution - 8 juillet 2015 - 2h07
Second Helping
Porté par l'immense et incompris Sweet Home Alabama, le second album des Sudistes sera l'album de la consécration, confirmant notamment le talent d'écriture de Ronnie Van Zant sur fond de roots rock endiablé.
Sweet Home Alabama est probablement, avec Born in the USA de Springsteen ou Okie from Muskogee de Merle Haggard, un des plus grands malentendus de l'histoire de la musique américaine. Comme les deux autres chansons, elle fut récupérée par les éléments les moins fréquentables de la vie politique américaine, afin de servir des causes racistes et conservatrices. D'où l'image de rednecks qu'on colle souvent à Lynyrd Skynyrd et au rock sudiste en général.
Petit rappel : la chanson est une réponse à Southern Man et Alabama, deux titres de Neil Young dénonçant le racisme des habitants du Sud. Dans Sweet Home Alabama, Ronnie Van Zant, chanteur de Lynyrd Skynyrd, réplique "J'espère que Neil Young se souviendra / Qu'un gars du Sud ne veut pas de lui ici".
Ces paroles, mêlées d'allusions à la popularité du gouverneur ségrégationniste George Wallace, et ajoutées aux drapeaux sudistes tendus en fond de scène lors des concerts du groupe, eurent vite fait d'entretenir le malentendu.
Car malentendu il y a, tout simplement car Van Zant et Neil Young étaient potes et s'admiraient respectivement. D'ailleurs leurs musiques, nourries aux mêmes mamelles, celles du rock'n roll, du blues, de la country et des guitares, sont là pour l'attester. Ronnie Van Zant, qui n'avait rien d'un redneck, trouvait juste que Neil, depuis sa Californie dorée, généralisait un peu, commme il le déclara à Rolling Stone : " Neil Young shootait tous les canards afin d'en tuer un ou deux". D'où ce titre, plutôt ironique, que Lynyrd Skynyrd avait écrit rapidement, comme une blague sur les clichés et la fierté du Sud profond. D'où, aussi, l'accueil triomphal fait par le public à cette chanson venue redorer le blason d'une région et d'un peuple systématiquement montrés du doigt à cause des mauvaises actions de quelques-uns. Et en plus, le groupe n'était même pas de l'Alabama, mais de la Floride voisine.
Lynyrd Skynyrd, à part ça, est bien le groupe sudiste par excellence : influences rock'n'roll, country, blues et soul, et bien sûr la marque de fabrique du groupe : trois guitaristes électriques, qui font un tabac dès le premier album (1973) avec le magnifique Free Bird. L'association Kooper-Skynyrd fait des merveilles sur "Second Helping" qui reprend la formule, avec un côté encore plus carré, plus pro. Groupe de scène, ils arrivent à retranscrire en studio la folie et la générosité instrumentale de leurs concerts (Call Me The Breeze emprunté à JJ Cale), et surtout ils disposent de la plume de Ron Van Zant, aiguisée, avec un côté honnête et franc du collier qui le rattache plus à la country qu'au rock.
C'est ce mélange de rock débridé et d'écriture poétique qui fait toute la force de Lynyrd Skynyrd : Working for MCA précède dans son sujet le EMI des Sex Pistols, The Needle and The Spoon est une superbe chanson sur la drogue, et The Ballad of Curtis Loew, histoire d'un bluesman noir, l'hommage à leurs racines, celles d'un Sud ambigu, et bien plus complexe qu'on veut bien le penser.
MCA - 1974
Princesse Vieille Reine – Pascal Quignard – Marie Vialle / Théâtre du Rond-Point
Il était une fois un joli jadis
Il était une fois une comédienne nommée Marie Vialle et un écrivain, Pascal Quignard. Tous deux décident de travailler à la représentation de contes écrits par celui-ci. Un plateau est alors composé d’un sol miroir- mon-beau-miroir, d’enceintes verticales côté cour côté jardin, de lumières. Marie Vialle n’a pas d’accessoires, juste quelques robes de Chantal de la Coste que la comédienne se plaît à composer et décomposer au gré de la narration. Un dos nu, une voix, des regards, du rythme et quelques transitions sonores envoûtantes qui évoquent la foulée d’un cheval qui traverse le temps.
Le résultat est une perle. Une perle de justesse et de créativité. Avec humilité et délicatesse, Marie Vialle tresse en mots l’histoire de femmes le temps d’une soirée. Un work in progress dans lequel Eros et Thanatos ont le beau rôle, avec toute la violence que cela implique parfois. Un brin érotique et charmeur, les contes rappellent la structure des contes traditionnels japonais. Ils en ont toute la tenue. Quand la nature et les cris d’animaux s’en mêlent alors c’est une poésie du vivant qui s’installe. Un parfum de liberté.
La représentation est savamment orchestrée et amuse comme ce premier conte des origines qui explique pourquoi les femmes portent souvent les hommes. Pascal Quignard a la plume fine, Marie Vialle sait l'utiliser. La femme est une princesse en début de récit mais finit vieille reine proche d’une vieille pierre qui blesse dans le conte final. Entre temps la cruauté, la jalousie, l’impatience, la colère sont venues polir des âmes humaines rongées par les passions.
Le spectateur écoute, se laisse volontiers porter par cette jolie danse verticale de mots et de gestes. Les jadis n’ont pas tous la même valeur, ce jadis-là est apaisant et séduisant. Un réel plaisir à ne pas manquer.
3 sept. - 27 sept., 20:30
salle Roland Topor
dimanche, 15:30
relâche les lundi
887 – Robert Lepage – Théâtre de la Ville
A la page du « je » me souviens, Lepage nous perd
Robert Lepage est un grand. Nul besoin de présenter l’influence de son regard scénographique sur les plateaux contemporains. Depuis ses succès historiques dont La Trilogie des dragons, ses compétences lui ont permis d’aborder une réflexion pluridisciplinaire sur l’esthétique théâtrale contemporaine qui a su largement se diffuser.
Ici, Robert Lepage se présente seul comédien sur l’immense plateau du Théâtre de la Ville. Seul, avec son immense technicité, son micro, ses télécommandes, ses écrans, la machinerie théâtrale de sa compagnie concentrée sur la réalisation d’une boîte à dimension humaine en centre scène. Pour la boîte, il s’agit de déployer selon chaque face un décor spécifique : appartement intérieur, façade d’immeuble, intérieur de bar, intérieur de taxi, écran de projection. La technique est toujours stupéfiante. Pour Robert Lepage, il s’agit de travailler sur les souvenirs. Il convoque pour cela ses souvenirs d’enfance du 887 rue Murray en confrontant cette mémoire permanente à la mémoire à court terme du comédien, sportif de la mémoire, et à la mémoire historique.
Le texte que Robert Lepage est chargé d’apprendre, est Speak White, poème de Michèle Lalonde écrit en 1968. Le poème est emblématique de la Révolution tranquille au Québec, décennie de réflexion et de construction de l’identité nationale. Les communautés anglophones, francophones et amérindiennes cherchent à trouver un nouvel équilibre. Le drapeau canadien actuel en est un de ses fruits.
Lepage s’amuse alors en croisant l’apprentissage de ce texte avec sa vie d’enfant et la vie sociale du Québec. Ses mémoires se croisent. Mais voilà. Robert Lepage ne tranche pas. Ni théâtre social, ni théâtre esthétisant, ni one man show, le JE de Lepage erre et rebondit d’un sujet à l’autre durant 2h15 sans éruption scénique. Entre récit autobiographique et sociologique, le choix timide du mi-chemin finit par appauvrir le discours et par nous perdre. La résonnance est faible, l’ennui pointe plusieurs fois le bout de son nez. Essoufflement ? Volonté de repositionner son art théâtral à davantage de simplicité ? La démarche interroge.
Les pointes d’humour, les figurines et les appartements miniatures ou grandeur nature attirent le regard et l’attention du spectateur mais ni les sujets, ni les effets ne produisent la magie théâtrale escomptée, le décor semble inadapté au volume du plateau. Et si les références au père chauffeur de taxi sont touchantes, la tirade finale attendue de Speak white ne suffit malheureusement pas à rehausser un spectacle qui appartiendra à une mémoire à court terme. Dans la salle du théâtre de la Ville, le succès ressemble davantage à un succès d’estime qu’à un succès théâtral. Décevant.
La Belle Saison
Solaire, juste, nostalgique et pourtant si contemporain, tel est le nouvel opus de Catherine Corsini. Sorti en plein été, La belle saison, tendre et lumineux, nous réchauffe le cœur.
C’est vrai, il y a Cécile de France, qui à force, devient l’égérie des lesbiennes, avec son sixième rôle d’homo au cinéma. C’est vrai, il y a la fille de… Jacques (Higelin). Tout cela aurait pu être rédhibitoire. Et pourtant, dès les premières minutes, on se laisse emporter par l’histoire de ces deux femmes qui n’avaient rien pour se rencontrer et s’aimer.
Carole (Cécile de France) est hétérosexuelle et vit en couple. Professeur d’espagnol, elle est féministe et résolument citadine. Delphine (Izïa Higelin), elle, est lesbienne, paysanne, et vit dans la ferme familiale avant de décider de monter à Paris. On est au tout début des années 1970 et les mouvements féministes –contrairement à aujourd’hui- signifient quelque chose et sont même très actifs. Les filles n’ont pas froid aux yeux ni aux mains, qu’elles mettent allègrement sur les fesses des types qui, de harceleurs, deviennent les humiliés. Carole est de celles-là et, dès leur première rencontre, Delphine en tombe amoureuse.
Histoire banale, histoire d’amour s’il en est. Mais aimer une autre femme à cette époque est encore difficile. Se battre pour les droits des femmes au fin fond des campagnes relève du délire.
Mais, au-delà de ces arguments, le film est tout sauf passéiste et, dans la deuxième partie, grâce au talent des deux comédiennes, il prend une autre dimension, toute d’ampleur et de force. Les images de lumière et de blés - comme sur l’affiche magnifique - la campagne opulente, les corps enlacés sans voyeurisme mais avec un étonnant naturel, tout cela est superbement filmé par Catherine Corsini. Ces instants de cinéma-là, ces moments cadrés serrés ou ces plans larges sur les champs, sonnent particulièrement juste.
Les séquences d’échanges entre jeunes de mondes différents, comme Carole et les jeunes paysans, ne comportent rien de trop. Quant à Noémie Lvovsky, elle incarne avec un réalisme sidérant une mère rigide qui, pourtant, s’échappe lors d’un instant magique de son carcan de paysanne rugueuse.
Le film est sorti il y a déjà un mois mais on peut encore le voir et le revoir dans de nombreuses salles. Pas d’hésitation !
Avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky et Kevin Azaïs - Pyramide - 19 août 2015 - 1h45
Les Beaux étés
Les enfants ont repris le chemin de l’école. Les parents sont au travail. Le bénéfice des vacances est déjà bien loin. Le stress et la fatigue vont revenir avec le mauvais temps. C’est nul la rentrée ! On est déjà nostalgique du farniente estival.
Heureusement le scénariste Zidrou joue avec cette mélancolie pour sa nouvelle saga, Les Beaux Etés. Avec l’excellent dessinateur Jordi Lafebre, Zidrou convoque de doux souvenirs et l’ambiance innocente des années 70.
A cette époque, les vacances, c’était l’aventure pour toute la famille. Les parents devaient pousser leur lourde voiture dans des coins paumés mal desservis tandis que les enfants pouvaient s’émerveiller d’un rien. Les vacances de masse n’existaient pas encore ! Les campings et les voyages étaient bel et bien rustiques, avec des surprises plus ou moins heureuses.
Pierre est un dessinateur belge. Il rend ses planches en retard alors que sa femme et ses quatre enfants patientent pour partir dans le sud de la France. Au bout de trois jours d’attente, toute la famille part pour l’Ardèche sauvage…
Ils ont beau partir loin, les problèmes les suivent. Les enfants sont turbulents. Le couple pense au divorce. Une tante atteinte d’un cancer les inquiète. Mais il y a aussi des joies. Les petits plaisirs simples d’une aventure en famille et la complicité qui (re)nait au fil des kilomètres avalés.
Sardou chantait la maladie d’amour et c’est bien le mal que guette les deux auteurs, tendres et optimistes avec leurs personnages. Ca fait un bien fou et ca déconnecte d’une réalité jamais très exaltante au mois de septembre. Un moyen efficace de garder un peu la tête dans les vacances !
dargaud – 56 pages
The Night Creeper
Décidément cette rentrée est très rock. Motorhead bombarde encore ses riffs violents quarante ans après sa création. Iron Maiden sort un double album chroniqué ici. En même temps la relève semble assurée avec ses Britanniques amateurs d'un rock lourd et hypnotique.
Uncle Acid & the Deadbeats a peut être piqué son nom à un groupe techno mais c'est bien du rock dont il est question dans leurs disques. En 2009, à Cambridge, un quatuor chevelu décide de défendre le vieux rock, puissant, sonore et décoiffant si possible!
Ce rock qui veut vous embrouiller l'esprit et les sens. Le rock qui glisse sur des rythmes sombres et s'articule sur des héroïques guitares. On pense un peu à Alice in Chaines et des choses beaucoup plus vieillottes. Les pochettes du groupe rappellent les vieilles affiches de séries B d'horreur: on est résolument dans le vintage, terme à la mode mais qui ne peut pas échapper à The Night Creeper.
Marqué par les premiers Black Sabbath, le groupe des frères Rubinger arpente les rives douteuses mais fascinantes d'un rock psyché, noir et ensorcelant. Les instruments cherchent la messe hypnotique et le riff assassin. Comme dans une église, on a parfois envie de bailler.
Mais trouvent cette ambiance étrange et respectent une vieille tradition du heavy metal, plus lyrique qu'agressif. Malgré une voix un peu surestimé, cet album est assez massif. On en prend plein les oreilles. Ce quatuor, tout en décalage contrôlé, vit dans une autre époque... et ce n'est pas si mal!
Rise Above - 2015
Défense de tuer
Lecture old school mais jouissive. Louise Penny soigne les crimes au Canada. Ils sont élégants et élémentaires. La nature est bien plus sauvage qu'on l'imagine.
Tout se passe loin des villes. Le meurtre crapuleux au coin d'une rue, ce n'est pas la tasse de thé de l'inspecteur chef Gamache. Il a découvert dans le premier livre, Nature Morte, le village boisé de Three Pines et ses habitants excentriques. Le policier est "tombé en amour" pour ce bled. Pourtant les secrets sont nombreux et certains, très dangereux. Ce qui faisait le charme des autres livres.
Pour une fois, Gamache s'éloigne encore un peu plus de la civilisation pour un bel hotel perdu dans la campagne du Québec. Il y a ses habitudes, avec sa femme, depuis des années. Toutes les occasions sont bonnes pour y aller. Le manoir est un havre de paix.
Mais le calme sera bien perturbé par l'arrivée en fanfare d'une riche famille canadienne. Ils ne sont pas discrets et semblent agacer par cette réunion de famille. La tension est telle qu'un meurtre sera commis alors que notre héros voulait juste se reposer avec son épouse...
A l'inverse de l'efficacité des romans américains, Louis Penny prend le contre pied ultime. Les armes privilégiés de Armand Gamache sont la politesse et la gentillesse. Sa bonhomie est redoutable: tout le monde se confie devant ce drôle d'enquêteur calme, qui ferait passer Derrick pour un énervé.
Il ne provoque pas la somnolence. Louise Penny a toujours l'art de dépeindre les oppositions avec une élégance qui rappelle le plaisir que l'on peut trouver chez Agatha Christie. La critique sociale est évidente. La clientèle prestigieuse et les employés aux petits soins. Les agacements de la famille et la réserve subtile du héros. La nature flamboyante et l'arrogance humaine. Même dans l'équipe de Gamache, il y a des styles et des contradictions. Sans cesse, l'écriture s'amuse à percuter les personnages.
Le tout avec une finesse venue d'un autre temps. Penny est de la vieille école mais ca fonctionne à plein régime. On trouve de nombreuses choses dans ses livres, un peu plus que le plaisir d'un bon polar. Il fait presque méditer. Ce quatrième volet décrit parfaitement cette humanité déboussolée. Sans faire de vague. Sans explosion... On est sérieux: défense de critiquer!
498 pages - Babel Noir
Mission Impossible 5: Rogue Nation
Rien n’est impossible pour Tom Cruise : à 53 ans, il continue de se prendre pour James Bond avec un certain panache !
James Bond a le blues. Dans son dernier film, il est pris d’une crise existentielle et oublie peut être de passer à l’action sans se poser de questions. Ce n’est pas le cas de Ethan Hunt qui lui cavale toujours pour déjouer les plus dangereux complots contre le Monde libre.
Mine de rien la franchise Mission Impossible a trouvé son style et offre de chouettes divertissements. Ils sont oubliables mais on s’amuse beaucoup devant les pérégrinations de cet agent secret capable de tout et donc de l’impossible.
Nouveau sbire de la star Tom Cruise depuis Jack Reacher, le scénariste d’Usual Suspects, Christopher McQuarrie n’a pas de mal à imposer son style avec une permanente ambivalence des personnages qui permet un spectacle ludique et pas seulement sensationnel.
Cela va très bien à ce petit monde de l’espionnage. Notre pauvre Ethan Hunt devient un pestiféré du métier. Il a à ses trousses la CIA et une association de malfaiteurs qui veulent réduire en miettes le héros et ses copains, obligés de courir à travers le globe pour trouver une solution.
Moins loufoque que le précédent, ce cinquième volet propose une succession massive de scènes d’actions impressionnantes. Ca mange un peu la compréhension du récit mais le film refuse le sérieux pour assumer son statut de divertissement total.
Ca fonctionne. C’est un très bon film pour les chaudes soirées d’été. Il n’y a pas beaucoup d’originalité mais la présence des comédiens, le savoir faire des cascades à l’ancienne, la découverte d’une actrice surprenante (Rebecca Ferguson) et un scénario à rebondissements font que les deux heures et quart de métrage passent à toute allure. La mission est remplie !
Avec Tom Cruise, Rebecca Ferguson, Alec Baldwin et Simon Pegg - Paramount - 12 aout 2015 - 2h15