Star Trek Premier Contact
Après des débuts timides, Picard et ses amis prennent totalement possession de Star Trek. Le résultat donne un magnifique film d'aventures, un peu kitsch mais foncièrement réjouissant. Make it so!
Picard est aux commandes et le film nous entraîne sans attente dans le vif du sujet: l'affrontement avec les Borgs, société mécanique qui anéantit tout libre arbitre. Une organisation de nid pour détruire l'humanité. Le pire poison de l'univers!
Il faudra donc remonter dans le temps en 2063 pour que le premier contact entre les Humains et les Vulcains se fasse. Il faudra que Data, l'androïde de l'Enterprise, disserte avec la reine des Borgs, pour que le combat s'équilibre. Il faudra la science de Picard et ses hommes pour mener la bataille contre un ennemi sans pitié.
Il faudra se frotter les yeux pour avouer voir un chouette film de science fiction, où l'on voit réflexion et divertissement équilibrer une aventure sans temps mort, drôle et enlevée. Le temps ne va pas jouer en sa faveur. Bientôt vingt ans au compteur, Premier Contact aborde un esthétisme un peu vieillot, pas loin d'une candeur surprenante mais c'est franchement sympa.
La simplicité rappelle nos peurs et rêves d'enfance. Star Trek profite d'un vent de fraîcheur, réalisé par Jonathan Frakes, acteur plutôt mauvais du commandant en second, Ryker. Il reprend ainsi la vieille tradition qu'un acteur de la série réalise un film de la saga. Ce ne fut pas la meilleure idée mais ici, cela fonctionne à merveille. On regrette juste que Ridley Scott et John McTiernan aient refusé la place de metteur en scène. Ca faisait rêver.
Sans connaître les us et coutumes de Star Trek NextGe, on peut suivre ce film d'aventures, qui se divise en trois axes, un peu comme le final fondateur de Star Wars mais sur tout un long métrage. Les réjouissances se multiplient aussi vite que le mal représenté par les Borgs.
Inspiré par le travail de Spielberg et de Ridley Scott, Frakes réussit à gommer les défauts par un rythme nerveux et une mise en scène plutôt roublarde. Car la suite le prouvera: ce n'est pas un génie de la mise en scène.
Mais il nous laisse croire que la saga a retrouvé enfin ses couleurs. Que la science fiction est un noble art doublé d'un honnête divertissement. Que l'humanisme de la série est honorable et rassurant.
En tout cas le mardi 5 avril 2063, levez les yeux au ciel. On ne sait jamais!
The Mandé Variations
Du soleil du Mali, voilà ce que l'on peut entendre dans ce disque! Le grand maître de la kora n'avait pas enregistré en solo depuis 20 ans. L'attente est méritée : le résultat est tout simplement prodigieux de virtuosité maîtrisée, d'inspiration et de spiritualité. A écouter d'urgence et dans le calme.
"Toumani, c’est le dieu de la kora, il est incomparable et fait ma fierté (…) Les mots me manquent pour qualifier ce qu’il fait pour l’art africain. Il n’a pas de rival dans son métier, il est né dans la kora, il sait ce qu’il en fait et c’est unique au monde. N’importe quel joueur de kora essaie d’être Toumani Diabaté, mais c’est très difficile".
Ainsi s'exprimait Ali Farka Touré, qui enregistra avec Diabaté le très beau "In The heart Of The Moon" en 2005. Et ne croyez pas qu'il s'agit là d'une éxagération toute africaine : Ali Farka n'était pas le seul à vouer un culte à Toumani. On pourrait aussi citer la journaliste et productrice de BBC 3 Lucy Duran, qui le compare à Glenn Gould ou Rostropovitch, "un de ces musiciens comme on n'en rencontre qu'une fois ou deux dans sa vie".
Issu de la 71e génération d'une lignée de griots joueurs de kora, musicien professionnel depuis l'âge de 13 ans, Toumani Diabaté ne s'est pas contenté de perpétrer une tradition qu'il maîtrise avec perfection. Attiré très tôt par les musiques du monde entier, il n'a cessé d'enrichir son répertoire au contact d'autres cultures. Dès 1987, il enregistre avec l'ensemble flamenco Ketana. Depuis, sa kora a accompagné Taj Mahal, Björk ou encore les rappeurs maliens Les Escrocs.
Mais, curieusement, il n'avait pas réalisé d'album en solitaire depuis 1988. Il aura suffi de quelques jours d'enregistrement à Londres pour y remédier.
C'est donc la kora, cette harpe à 21 cordes montée sur une grosse calebasse, et la kora seule, sans aucun overdub, qu'on entend ici. Un instrument qui, dans les mains de Diabaté, sonne comme un orchestre entier. On a l'impression parfois d'entendre à la fois une ligne de basse, une rythmique, une ligne mélodique et un solo. Et pourtant il ne s'agit que d'un musicien qui nous emmène pour un fabuleux voyage au long de ces huit morceaux qui eux-mêmes ne cessent d'évoluer, de muter, de varier (comme le nom de l'album l'indique) au-delà de toutes barrières musicales : musique africaine, jazz, musique classique, folk, reggae, on entend tout cela et bien plus encore. Comme tout grand interprète, Toumani sait utiliser sa virtuosité, la retenir ou l'exprimer au moment voulu, selon la direction qu'il donne à ses morceaux. On saluera également l'exceptionnelle qualité de l'enregistrement, qui permet d'entendre chaque frottement des cordes, chaque vibration de la calebasse, et même parfois la respiration du koraïste.
Une écoute confortable, si possible hors du vacarme ambiant (idéalement : au casque) est fortement recommandée pour apprécier ces variations mandingues, quelque peu exigeantes, et se laisser envoûter par ces longues ballades qui évoquent la lumière, les paysages de terre rouge, le fleuve Niger ou les orages de l'été malien. "Kaounding Cissoko", sommet de virtuosité mélodique et rythmique, sonne comme une averse avec ses accélérations et ses accalmies. "Elyne Road", nom d'une rue londonienne, revisite un standard du reggae, "Kingston Town". "Ismael Drae", et son introduction parlée en arabe, ressemble à une prière soufie, "El Nabiyouna" évoque la musique arabo-andalouse. Et Toumani se paye même le luxe, sur le dernier titre "Cantelowes", de varier sur le thème d'"Il était une fois dans l'Ouest", avant de nous laisser pantois et songeurs.
Dans un style éloigné de l'afro-pop de ses compatriotes Amadou et Mariam ou Rokia Traoré (auteurs eux aussi de forts bons albums en 2008), Toumani signe là un des chefs d'œuvre de la musique mandingue, non seulement de cette année, mais peut-être bien de tous les temps.
World circuit - 2008
Derrière la Haine
Dans ce roman, Barbara Abel nous plonge dans l'univers sombre de l'amitié-passion qui vire à la haine. Un thriller défini comme noir mais qui vire plutôt au gris clair. L'Eté du polar!
Une maison mitoyenne. D'un côté, David et Laetitia Brunelle, jeune couple, sans autre famille que celle qu'ils ont formé. Laetitia vient de perdre ses parents dans un accident et David est orphelin et a un lourd passé judiciaire derrière lui. Pour seul ami, Ernest son ancien agent de probation. De l'autre, Sylvain et Tiphaine Geniot. Eux, sont entourés mais les réunions de famille sont sources de discordes entre eux, chacun ne supportant pas la famille de l'autre.
Les deux couples, que seuls une haie sépare, se lient très vite d'une amitié qui devient rapidement fusionelle voire obsessionnelle. Ils passent leur temps ensemble et Laetitia et Tiphaine tombent même enceinte au même moment. Naissent alors Maxime et Milo, qui au fil du temps vont devenir aussi proches que s'ils étaient frères.
Survient alors un drame qui va sceller le sort de ces deux couples. La perte de leur enfant Maxime, va entrainer les Geniot en enfer. Laetitia, elle,sombre dans la paranoïa. Le cauchemar peut commencer...
L'amour, la haine, l'amitié, que de thèmes cent fois évoqués avec plus ou moins de succès ! La quatrième de couverte nous invite à lire ce "roman noir". Oui, sans doute, car il n'y a pas ici de happy end à l'américaine. En revanche, thriller, non. Il y a du suspens, oui, mais au cours du dernier tiers du roman. Le reste raconte une histoire d'hommes et de femmes.
On pourrait plus facilement imaginer ce roman sur grand écran, avec une atmosphère sombre à souhait et des actrices comme la Glenn Close de Liaison fatale ou la Jessica de Mornay de La main sur le berceau. Mais à la lecture, pas de déclic, pas de sueurs froides en tournant les pages, une intrigue qui surprend peu. Bien sur, il reste ce fameux final de 20 ou 25 pages…
On pourrait renommer ce roman Derrière la haie, mais forcément, c'est moins vendeur.
Pocket 342 pages
Star Trek Generations
Papy fait de la résistance. La Nouvelle Génération de Star Trek a ringardisé l'ancien équipage mais le légendaire Capitaine Kirk est increvable. Il a bien fallu un dernier petit nanar pour l'enterrer définitivement!
Après un épisode six convaincant, on revient sur la planète du naveton rigolo. Spock et McCoy ont quitté l'orbite désormais. Ils ne veulent plus participer à Star Trek. Des années de service ont raison de leur bonne volonté. Kirk, lui, reste vaillant et prêt à en découdre avec la moindre aventure.
En 2293, il se lance dans une mission de secours qui tourne mal. Il est présumé mort. En 2371, le commandant Jean Luc Picard dirige l'Enterprise qui répond à un appel de détresse. Il se retrouve face à Soran, un des survivants de la mission qui a coûté la vie à Kirk. Bizarre vous avez dit bizarre?
Avec ironie, il va être question de temps qui passe dans ce premier film sur grand écran du second équipage de l'USS Enterprise NCC 1701 D. Pour les producteurs, c'est le moyen de rajeunir les aventuriers. Se débarasser des vieux de plus en plus exigeants. De tenter de sauver la franchise. De préparer d'autres séries télé tout en s'imposant sur grand écran. Bref, d'un point de vue industriel, nous sommes à l'apogée de Star Trek.
D'un point de vue artistique, c'est autre chose. Les producteurs de Star Trek NextGe n'ont pas le même poids face à la Paramount. Rick Berman, Ronald D.Moore et Brannon Braga ont un contrat pour deux films et un budget limité.
Cela se ressent. Le casting sucre les fraises entre un William Shatner qui rentre le ventre face à un méchant gériatrique, le sympathique Malcom McDowell qui roule des yeux depuis des décennies, depuis son rôle dans Orange Mécanique. Ce dernier est aidé par des vilains klingons qui ressemblent aux Kool & the Gang, menés par des jumelles peu avenantes et crédibles!
Patrick Stewart et les autres comédiens de la nouvelle génération sont bons mais les vieux cabotins ont la vie dure. Toute la mythologie de NextGe est parasitée par ce gros lourdaud de Kirk et ses blagues à quatre sous. Il essaie de faire jeune et sautille de caillou en caillou dans un final sans fin, puisque tombé dans une faille spatio temporelle et une panne d'inspiration pour le scénario
Réalisateur sur les séries en cours, le Britannique David Carson n'arrive pas à mettre de l'emphase aux intrigues et sous récits nombreux, confus, souvent maladroits. C'est plat. Désespèrement plat. Un comble pour un film qui se passe dans l'immense cosmos!
Maintenant que le relais a eu lieu, le nouvel équipage et son shakespearien capitaine vont voler de leurs propres ailes! Pour le meilleur avant le pire!
Meo suo i eyrum vio spilum endalaust
Les petits anges islandais profitent de l’été. A l’occasion, ils abandonnent leur ambiance cotonneuse pour une musique plus terrienne. Ce disque peut être la bande son parfaite de l’été.
Meo suo i eyrum vio spilum endalaust de Sigur ros, c’est d’abord la pochette ! Une traversée d’autoroute en toute liberté et sans vêtement. Le quatuor nudiste nous invite à la grande évasion et, quand on les connaît, on est prêt à les suivre partout.
Ce nouvel album au titre imprononçable commence sur un ton enjoué, tout en rythme et balance de la fraicheur là où il y avait un délicieux confinement. Sigur ros s’éloigne de son style élégiaque et déplace son rock progressif vers quelque chose de plus apaisé et plus rieur.
La suite sera tout de même plus classique. Tout paraissait brouillardeux (mais envoûtant) auparavant ; aujourd’hui tout s’apparente à une ode piquante à la légèreté. On retrouve ce doux langage barbare parfois inventé (la fameuse langue volenska), les orchestrations minimalistes puis les emprunts grandiloquents du classique.
Pourtant c’est un disque qui s’oppose à l’hivernal Takk et à une grande partie de la discographie du groupe. Comme la pochette, l’ensemble est chaleureux et se révèle libre. Le quatuor se défait un peu de son style identifiable et le transcende sans le révolutionner.
Cependant il y a bien une atmosphère différente. Comme d’habitude, c’est planant et propice à la rêverie. Mais elle paraît ici plus concrète. Les morceaux semblent plus carrés. Peu de grandes plages de musiques épiques. A peine deux chansons atteignent péniblement les neuf minutes !
Sigur ros propose toujours une musique sensationnelle, qui transporte et se défait des clichés autour du post rock ou rock progressif. Même s’ils semblent revenir sur terre, les musiciens de ce groupe restent en contact avec une musique d’un autre Monde. A visiter d’urgence !
EMI 2008