Villa avec Piscine
Le livre qui pourrait gâcher vos vacances!
Attention, il faut s'accrocher à la lecture du roman de Herman Koch, auteur néerlandais déjà auréolé du succès du livre Le Dîner! Le romancier aime bien dépeindre les noirceurs de l'âme humaine. Il le fait sans concession et son roman solaire est finalement sombre et déprimant.
Si vous emmenez ce livre en vacances, vous allez peut être avoir de drôles de sensations et des doutes sur la nature même du repos au soleil. Car le triste héros de Villa avec Piscine, va vivre un calvaire au bord de la mer. Marc Schlosser est médecin. Il rencontre un comédien célèbre et sa femme. Lui et son épouse sont séduits par le duo au point de se retrouver en vacances ensemble. En famille. En danger. Car les adultes sont d'un cynisme absolu qui va finalement nous rapprocher inexorablement d'un triste drame...
Et il faut donc constater que la bêtise, la faiblesse et le désir sont les plus caractéristiques qui habitent les malheureux vacanciers, d'un médecin sans scrupule et aucune compassion à un comédien lubrique et un peu bête. Au fil des pages, l'humour est d'une noirceur quasi déprimante. Herman Koch nous met dans un état assez cafardeux.
Le décor est paradisiaque. Mais les hommes et les femmes sont des êtres désespérants que Koch observe avec une gourmandise qui file la nausée. D'ailleurs un rebondissement narratif est franchement gênant, car démonstratif et sans nuance. On est mal à l'aise et surtout on se sent pris au piège, que l'on voyait d'ailleurs se tendre depuis quelques pages. C'est dommage d'autant que l'écrivain a un style assez réjouissant.
Villa avec Piscine est un livre d'une misanthropie stéréotypée. Ce n'est vraiment pas le bouquin à mettre dans son sac de plage. Il pourrait vous donner des frissons pas forcément bienvenus.
10/18 - 430 pages
Nous vieillirons Ensemble – Live à La Gaîté Lyrique
"Transformer cette rage en énergie"! C'est ce qui habite le rock primitif et passionnant de Michel Cloup!
C'est un héros ardent mais trop discret du rock made in France. Michel Cloup n'a besoin que de sa guitare et de sa voix scandée pour vous happer dans un rock raide, dingue et radicale! Il n'est pas glamour. Il ne prend pas de pincette. Michel Cloup aime les choses claires et saisissantes.
La musique est l'expression de l'émotion. Elles sont chez lui vives. Heureusement cela se ressent à chaque note dans ses compositions qui peuvent dérouter. La force de son duo explose sur scène: c'est une très bonne idée que de sortir un live. Effectivement on y entend son énergie rock et rocailleuse! Il sort en édition limitée. On s'interroge souvent sur la nécessité des Live. Ici, c'est justifié: on redécouvre le style de Michel Cloup.
En gros il a une démarche très indépendante comme Fauve ou Saez. Sa sauvagerie et sa vision écorchée de l'existence se canalisent dans une musique sans concession, entre trip primaire et démarche sophistiquée. Le duo guitare batterie est à la mode (et rentable) depuis les White Stripes. Avec Patrice Cartier, Michel Cloup ne joue pas de la production bidouilleuse mais de l'échange des sonorités.
Cela ne donne pas un truc hyper avant gardiste. Au contraire, on plonge dans le rock passionné et passionnant. Celui qui s'écrit avec du sang, de la sueur et des larmes. Quelques riffs et on se love dans une ambiance particulière, souvent désenchantée où pointe toujours une lueur d'espoir. Atypique, digne et hypnotique, ce duo ne peut pas vous laisser indifférent. Plus qu'un live, c'est une vraie expérience! Unique en son genre!
Ici d'ailleurs - 2015
Kiddo
Une petite voix suave. Quelques beats. Pas mal d'inspiration. Et voilà un disque pop, dans l'air du temps, qui pourrait même plaire aux vieux cons!
Vous n'aimez pas la musique de David Guetta. La techno vous hérisse les poils. Les chansons que vous entendez dans les commerces, celles qui sont mises à fond pour que vous achetiez, vous rendent fous. Vous désespérez de l'industrie musicale, de moins en mois mélomane, accro aux succès faciles et aux bas instincts.
Ce qu'il y a de pire ce sont les jolies jeunes filles qui glacent les magazines en couvertures et qui ensuite veulent se lancer dans une carrière musicale. En France, on se remet mal du cas Carla Bruni Sarkozy. La belle et jeune Tove Styrke aurait donc de quoi vous donner des boutons.
Sa nationalité suédoise a de quoi susciter votre curiosité. En plus elle est copine avec Lykke Li. Elle a posé pour des magazines et elle a participé a un télé crochet suédois. Mais son deuxième album est tout de même exotique. Il n'est pas révolutionnaire. La jeune femme au regard triste cache une belle inspiration.
Le disque est joliment produit autour d'un style électro lounge, qui pourrait agacer mais qui n'oublie pas d'accompagner la voix fêlée de Tove Styrke. Pour une teen pop idol, on est très loin des vulgarités américaines. Pour une adepte du son électro, on est très loin de la démonstration pompeuse avec du gros beat, de la provocation avec du poil sous les bras et les hormones en guise de muse!
Comme la pochette le souligne, c'est bien la simplicité de la chanteuse qui plait. Loin du chaos de l'adolescence, elle réussit quelques morceaux franchement envoûtants ou entraînants. On y revient volontiers sur ses petites chansons faussement légères. Les vieux cons peuvent donc croire en une jeunesse pas si abrutie par la société de consommation, la peur de l'autre, les médias, les ordis et les vieux cons!
RCA records - 2015
J’vous ai apporté des bonbons, Brel, Saramango, Lucernaire
Les chansons de Jacques Brel rythment et retracent, ici, l’histoire de trois amis d’enfance : Jef, Pierre et Jacky. A chacun son caractère, ses révoltes, ses peines, ses joies et ses déboires amoureux.
(Re)découvrez les grands classiques de Jacques Brel mais aussi les chansons du répertoire moins connues du grand public, mis en scène par Sébastien Saramango, rendant un bel hommage à l’artiste mêlant à la fois, humour et poésie.
L’originalité de la mise en scène de J’vous ai apporté des bonbons provient de sa forme : trois personnages issus du répertoire de Jacques Brel, croisant les femmes qui l’ont rendu si populaire : Mathilde, Madeleine et Frida. Trois destins racontés ici à travers les âges, de l’enfance à la vieillesse. Des tranches de vie en chanson, des chansons mises en scène, des textes qui prennent corps et vie le temps d’un délire festif et jouissif.
Le public est convié à cette comédie musicale à la fois spectateur, personnage furtif participant le temps d’un instant à une valse ou simple témoin de ce que ressentent et vivent Jef, Pierre et Jacky. L’interactivité de la mise en scène renforce son originalité et ne laisse personne indifférent. Dans un décor intimiste, l’énergie et la passion débordantes des personnages occupent tout l’espace, faisant la part belle aux textes de Brel et au jeu des comédiens. La sobriété et la justesse de l’accompagnement révèle toute la puissance des chansons. Le spectateur ne peut qu’embarquer dans ce tourbillon musical et poétique.
Venez découvrir ce trio chantant, vous en serez enchantés !
Jusqu’au 9 août 2015
Chansons : Jacques Brel
Mise en scène : Sébastien Saramango
Avec : Sébastien Saramango, Guillaume Fortineau, Jean-Baptiste Schmitt
Accompagnement : Clément Simon
Contes Italiens
Les frères Taviani ont mis dans ces contes italiens ce qu'il y a de plus beau en Italie - collines et palais de Toscane, fresques du Trecento, séduisantes jeunes femmes, vertueuses ou délurées... pour le plaisir des yeux. Passée la première demi-heure au ton un peu trop dramatique, les cinq nouvelles du Decameron sont mises en scène avec verve, alternant humour et passion.
Les dix personnages de Boccace, un peu affectés au début de l’histoire, se révèlent ensuite d’excellents conteurs. Alternent alors assemblées de demoiselles et damoiseaux dans la nature formant de lumineux tableaux vivants et récits courts rondement menés et bien joués, plein d’humour ou de passion.
Voici un film résolument esthétique – l’affiche, qui évoque une chorégraphie, donne le ton –, mais au charme désuet, dont on peine à ressentir la modernité. Les réalisateurs, âgés, prétendent pourtant avec ce film adapté du Decameron de Boccace, essayer de se « rapprocher des jeunes d’aujourd’hui et du présent difficile qui est le leur » (dans l’entretien du dossier de presse). Cependant, peu importe si les émotions des jeunes gens, fuyant la peste qui sévit à Florence au XIVe siècle, semblent factices, on se laisse séduire par la beauté de la campagne et des palais toscans, la perfection des images rappelant des œuvres peintes et la vivacité des récits que content les jeunes Florentins pour passer le temps et se distraire de leurs chagrins.
Les frères Taviani proposent une version du Decameron empreinte de poésie courtoise, dans laquelle sexualité et vulgarité sont gommées au profit d’un romantisme un peu mièvre. D’autant plus que tous ces jeunes gens éplorés sont anormalement beaux… Ce manque de profondeur fait craindre, au début du film, une adaptation de médiocre qualité.
Heureusement, une fois les dix personnages arrivés dans la villa champêtre où ils ont trouvé refuge, le décor devient enchanteur et la beauté des jeunes femmes prend tout son sens quand elles composent dans la nature, vêtues de robes chatoyantes, leurs longues chevelures dénouées, de superbes tableaux vivants.
Le jeu théâtral, un peu outré, des acteurs se prête mieux à l’interprétation des cinq nouvelles (choisies parmi les cent que compte le Decameron) racontées par les fugitifs. Pour le plaisir de leur auditoire et pour notre plaisir, les conteurs usent alors de tous les procédés de la narration pour rendre ces récits captivants, variant les tonalités de la farce à la tragédie en passant par la satire et le conte moral, ménageant le suspense jusqu’à la chute.
Commence alors un voyage dans la Toscane ensoleillée, de Pistoia à Montepulciano, dont les palais révèlent parfois furtivement de somptueuses tapisseries et des peintures murales rappelant l’art de Giotto. De nombreuses images évoquent en outre des peintures célèbres, par exemple la belle amante nue de dos prenant la pose de la Vénus au miroir de Velazquez.
Le titre italien, « Maraviglioso Boccaccio » (« le merveilleux Boccace ») tient finalement sa promesse : comme Boccace a accompli le prodige de divertir ses contemporains en temps de crise grâce à son imagination et son art de la narration, ce film des frères Taviani est une merveille pour les yeux et fait merveille sur l’humeur.
Avec Riccardo Scamarcio, Kim Rossi Stuart, Jasmine Trinca et Paola Cortellesi - Bellissima films - 10 juin 215 - 1h55
Zombis enquête sur les morts vivants
Ils sont partout. La contre culture n'a pas vu l'invasion se répandre dans les médias. Un scientifique décide de revenir aux sources d'un mythe contemporain. Dépaysant et inquiétant.
Médecin légiste, spécialisé dans l'étude des restes humains, Philippe Charlier se pose des questions d'ordre historique et scientifique sur un sujet très à la mode: le mort vivant. Il a toujours donné son point de vue sur des questions un peu éloignés de sa spécialité néanmoins ce médecin sait écrire et la première chose que l'on apprécie dans son enquête, c'est son voyage.
Il est parti à Haïti. C'est là bas que commence l'aventure ténébreuse des zombis. Entre le vaudou béninois et le catholicisme, les hommes conjuguent leur religion avec la mort et la peur. Sur l'île, les morts ont une place à part, au milieu des vivants. La mort n'est pas une fin. Le vrai drame c'est perdre son libre arbitre, assister à sa mort sans pouvoir profiter de la paix éternelle. Le zombi est une peine finalement pire que la mort!
On peut donc être la victime de sectes secrètes qui vous condamne à devenir zombi. Philippe Charlier fait des rencontres mystérieuses lors de son séjour. C'est franchement étrange. Il parvient à nous faire sentir les souffrances d'un peuple, traumatisé par l'Histoire mais aussi le récent tremblement de terre qui a rasé la capitale.
Philippe Charlier va bien entendu s'interroger de manière logique sur le mythe. Il va découvrir l'importance d'un poisson hautement toxique. Il va se confronter à des sorciers, garants d'obscurs rituels. Dans ce dédale d'émotions et de violences, le zombi est une sentence sans appel. Le scientifique nous fait bien sentir le poids de la tradition qui pèse sur le peuple et raconte les faits qui sont à la base de ce mythe qui a inspiré Hollywood puis un certain George Romero qui va démocratiser le mort vivant, loin d'Haïti.
Ce qui est amusant dans son récit, c'est bien l'impression que l'auteur se fait aspirer par les croyances locales. Il nous perd entre deux mondes. C'est parfois un peu confus mais on devine l'émotion, première chose qu'il manque à un zombi.
Tallandier - 224 pages
Beneath the Skin
Retour de la révélation de l'année 2012. Que peut on faire après un disque consacré comme l'un des meilleurs de la décennie? Les Islandais de Of Monsters of Men n'ont pas froid aux oreilles et s'offrent encore un moment folk!
Après le succès international de My Head is an Animal, le groupe islandais aurait pu se disloquer par une longue tournée et cet intérêt soudain qui parfois gèle vos inspirations. Leur projet ne devait pas dépasser le succès sur l'île. Ils se sont retrouvés au coeur d'une tempête médiatique.
Première sensation sur ce deuxième effort: l'aspect folk refait surface. Nous ne sommes plus trop dans cette tendance dans l'industrie et pourtant le groupe ose encore les croisements harmoniques, les rythmes acoustiques et les voix hantées comme des bois humides. Amusant.
Dans le sillage d'Arcade Fire, le groupe construit donc un mur de son beaucoup plus nuancé et rustique que les amateurs de guitares électriques et de rythmes binaires. Hélas, de temps en temps on est plus proche des Corrs et quelques gloires irlandaises que de musiques farouchement indépendantes.
Les trompettes de la gloire ont sonné. Le groupe est peut être un peu plus sourd à l'innovation et l'originalité. Ils se font un disque d'une propreté étonnante et un peu lisse. L'économie de moyens de la première session a laissé la place à une confortable production, supervisé par Rich Costley (Muse, Interpol... tiens tiens Sigur Ros). La prise de risque est nulle mais le résultat n'est pas désagréable.
Il n'y a rien de déshonorant. Mais c'est nettement moins prenant que le précédent disque, assez étourdissant, rivalisant avec les meilleurs titres de Arcade Fire. Finalement nos Vikings sont des grands tendres. On est un peu déçu mais comment leur en vouloir?
Island - 2015
Vice Versa
Pixar au meilleur de sa forme. L'émotion, élément central du film mais aussi du cinéma: une belle idée pour un dessin animé coloré qui en a dans le ciboulot.
Les artistes de Pixar sont souvent traités de grands enfants. Ils jouent là dessus. Les chemises à fleurs de la star du studio, John Lasseter sont légendaires. Néanmoins ce sont de redoutables business men. Ils sont garants de l'enfance, de ses joies, ses peurs et même ses désillusions. Depuis Toy Story, ils fouillent régulièrement grâce aux nouvelles technologies le monde merveilleux, imaginaire et dingue de l'enfance avec une originalité qui amuse autant les petits que les grands!
Depuis quelques années Pixar s'est acoquiné avec Disney et on a pensé un temps que le studio avait décidé se consacrer au commerce et rien d'autre avec la saga Cars ou Rebelle, plus proches des cahiers des charges de la grande entreprise dirigé par Picsou. Vice Versa nous rappelle en couleurs que Pixar est un succès commercial mais aussi artistique.
Pete Docter est à la manoeuvre. Auteur de Monstres et Compagnie puis de Là-Haut, il est l'une des personnalités fortes du studio, cultivant une mélancolie dans le récit doublé d'efforts graphiques incroyables. Il amène de la nouveauté et de la réflexion dans toutes ses oeuvres, qui forment un tout autour de l'enfance.
Logiquement il plonge au plus profond de l'âme enfantine avec les émotions qui régissent la vie de Riley, 11 ans, obligée de déménager du Minnesota à San Francisco. Joie dirigeait toute la vie de la jeune fille. Mais tristesse commence à prendre de l'importance tout comme Colère, Dégoût et Peur.
San Francisco n'est pas une ville choisie au hasard. Vice Versa est un super trip coloré. Rarement les couleurs furent aussi criardes et importantes dans un dessin animé. L'esthétisme est psyché et les émotions semblent échappées des années 60 avec leur look détaillé, emprunté à Mad Men.
Si le récit est classique, rien ne l'est dans ce dessin animé qui a le grand mérite de ne pas mettre en avant de méchant ou de nemesis cruel. C'est juste une course poursuite dans la tête d'une gamine qui grandit et qui doit enterrer son enfance. Les psys de tout bord vont se régaler avec ce film, "Voyage Fantastique" revu et corrigé pour les plus jeunes.
Vice Versa aborde de nombreux sujets avec une virtuosité sans aucune comparaison. C'est drôle, poignant et cela nous touche. Le dessin animé convoque les souvenirs des plus grands, ravis de retomber en enfance et explique peut être des choses aux plus jeunes, qui resteront de toute manière hypnotiser par les idées folles et les personnages caractériels du film.
Pour faire la fine bouche, il y a peut être quelques répétitions dans le scénario mais c'est d'une intelligence incroyable, qui force le respect, entre contraintes commerciales et réflexions d'une pertinence époustouflante. Un film sur le cerveau d'une intelligence stupéfiante, vous n'allez pas rater ça quand même!
Disney - 20 juin 215 - 1h34
In Colour
Allez hop! C'est l'été. On sort la crème solaire. On fait de la musique puisque c'est la fête aujourd'hui! On vous propose peut être la meilleure bande son pour cette saison!
Leader du groupe XX, Jamie "le bien nommé" XX a décidé de nous faire danser et chanter comme des cigales et réussirait bien à transformer les fourmis en flambeurs de dance floor! Anglais jusqu'au bout des doigts, ce producteur musicien chanteur bidouilleur, fin connaisseur de la pop, a trouvé une fable musicale estivale!
Bien entendu pour son premier effort, il a invité les autres membres de XX mais son disque est ouvert sur plein d'horizons, tous ensoleillés. Les platines fonctionnent. Il y a du gros beat. Mais il y a surtout de la légèreté, un croisement entre le passé et le futur qui se fait avec une fluidité incroyable. I Know there's gonna Be Good Times est le symbole de la méthode. Gospel et ragga font bon ménage!
Tout le reste de l'album évolue sur des couleurs chaudes et offre des envies de sautiller bêtement. Un peu de house et de trip hop pour rappeler que nous naviguons sur un navire britannique mais il n'y a pas de frontière à sa musique. C'est pop et soul. C'est jazzy. C'est commercial et exigeant. Il y a des cotés loung pour se reposer et des parties plus rapides pour avoir les bras en l'air.
Sur le même modèle, Jamie XX rappelle un peu Roudoudou et ses albums exaltés. Ce n'est pas le disque essentiel mais Jamie XX se démarque avec sa science évidente de la musique électronique. Il est bien dans l'air du temps. Ancienne fourmi, il a l'air d'être une cigale épanouïe qui veut absolument nous faire danser. Ca marche!
Young Turks - 2015
Comme un Avion
Il y a des films qu’on n’attend pas, qui ne font pas de bruit dans le grand vacarme cinématographique, et pourtant.... Une fois encore, les frères Polydadès ont touché juste.
Il y a déjà plus de vingt ans, Versailles rive gauche, des deux frères Podalydès, rencontrait un succès inattendu. Quiproquos, imbroglios, cette histoire de couple un peu insensée était déjà très drôle. Cette fois-ci, un type fou de l’Aéropostale se prend soudain de passion pour le… kayak. Jusqu’à y consacrer temps, argent et décider d’une équipée pleine de rebondissements.
Bruno Podalydès se prénomme cette fois encore Michel, et sa vie lui semble bien morne, entre son travail autour de la 3D, sa boite avec son frère Rémi (Denis Podalydès) et le reste. Seule sa femme (Sandrine Kiberlain, toujours parfaite dans des rôles comiques) semble l’écouter, le comprendre et partager avec lui une certaine complicité. Lorsque le kayak prend le pas sur Vol de nuit et les avions d’autrefois, elle n’émet pas de critiques, elle suit.
Ce qui amène cet aventurier de pacotille inspiré par Gérard d’Aboville à partir avec du matériel professionnel et une foule de gadgets. Tout cela est énoncé avec un ton toujours décalé, filmé avec un tempo idéal. Le réalisateur aussi semble redécouvrir la lenteur. La campagne est ci superbement mise en valeur, alors que la ville du début semble si terne.
Certains trouveront peut-être cela un peu facile : oui, les gens qu’il rencontre semblent plus détendus, plus simples. Oui, les gags rapides, clins d’œil aux débuts du burlesque, sont vraiment drôles. Mais cela n’empêche pas les déconvenues, les déceptions, les embûches. Pourtant, plus le film passe, plus Michel « lâche prise ». Certes, la technologie n’est jamais loin :
un, pardon, deux téléphones portables l’accompagnent. Vuillermoz est fidèle au poste et campe un type complètement décalé qui ne cesse de peindre tout et rien en bleu. Agnès Jaoui –plus assez présente au cinéma – n’a plus rien à voir avec une égérie de la gauche bobo, mais interprète une femme pudique, bourrue et sentimentale, avec une grande justesse. Avec trois fois rien, ce film fait vraiment du bien.
Avec Bruno Podalydes, Sandrine Kiberlain, Agnes Jaoui et Denis Podalydes - UGC - 10 juin 2015 - 1h45