Le Groom de Sniper Alley
Tout va mieux pour Spirou et Fantasio. Ce nouveau volet est une belle aventure qui ne pouvait n'arriver qu'à eux!
Décidément Yoann et Vehlmann sont les hommes de la situation. Depuis 1998, le départ précipité de Tome & Janry de la série avait semé une sacrée zizanie.Le Groom et son ami journaliste ont connu plus de bas que de haut. La série One Shot était devenue beaucoup plus intéressante que la série principiale. Durant six années, la série est laissée à l'abandon. Un comble pour un mythe de la bande dessinée.
Pionniers de la série One Shot, Yoann et Vehlmann sont devenus les gardiens du temple en quelques épisodes. Ils reprennent toute la mythologie à leur compte. Ils parviennent enfin à faire entrer Spirou dans son époque, ils sont envoyés dans un pays en guerre pour mettre la main sur un trésor incroyable, la bibliothèque d'Alexandrie!
Le conflit trouve un écho avec l'actualité. C'est la bonne surprise de ce volet assez réjouissant. Les deux auteurs trouvent un rythme et maintiennent un intérêt jusqu'à la dernière page. Nos deux héros se font promener dans un pays sans dessus dessous mais rien de dramatique: ils parviennent à tomber dans un exotique labyrinthe avec des pièges abracadabrantesques!
C'est drôle et enlevé. L'humilité du personnage transpire sur le reste du récit. C'est décidément une très bonne période pour Spirou.
Dupuis - 46 pages
A la Poursuite de Demain
Le film avait tout pour lui... et pourtant A la Poursuite de Demain déçoit. Mais que s'est il passé?
Responsable de trois films d'animation majeurs (Le Géant de Fer, Les Indestructibles, Ratatouille), auteur d'un bon Mission Impossible (le Protocole Fantôme), Brad Bird se voit confier par Disney l'adaptation d'une de ses attractions dans ses parcs, Tomorrowland! La firme est au sommet de l'entertainment. Elle vient de s'offrir Marvel et Star Wars. Elle recycle à tour de bras ses catalogues variés. Et le succès de Pirates des Caraïbes ne peut que la pousser vers ce drôle de projet!
Brad Bird semble avoir compris l'intérêt. Une des premières attractions de Disney ne peut que nous envoyer vers une certaine nostalgie. Il célèbre donc les douces utopies des années 50. Sujet qu'il connaît bien, il en profite pour faire revivre le cinéma de notre enfance, avec des idées piquées à droite et à gauche. On pense à Spielberg, Lucas et tout le catalogue de Disney bien évidemment.
Pour réussir un peu plus cette plongée vers le passé, il embauche le plus prestigieux des Babyboomers, George Clooney, parfait en ingénieur qui a la tête dans les étoiles. Le reste du casting est réjouissant. La mélancolie fonctionne mais hélas Brad Bird obsédé par son illustration des années 50 et des rêves fous qui ressemblaient à de l'innocence, empêche le scénario de bien fonctionner.
Si bien que l'on s'ennuie face à cette recherche d'une contrée étrange nommée Tomorrowland où l'on pourrait trouver une solution à tous nos problèmes. Une jeune fille et un vieux bougon seront les héros d'une incroyable aventure qui pourrait être extraordinaire si elle n'était pas laborieuse.
Brad Bird est un cinéaste généreux. Il veut offrir un vrai spectacle. Il a plein d'idées enthousiasmantes. Avant de finir son film,il démolit une société d'information qui devient dangereuse et pessimiste. Il est force de proposition. Mais accouche d'un film assez long et lent. Parfois pénible. De temps en temps formidable! C'est donc agaçant. Bird nous électrise avec quelques scènes puis nous endort avec une narration trop classique.
C'est véritablement sur courant alternatif que le réalisateur rend hommage aux grands noms de l'aventure et de l'imaginaire, de Jules Verne à... Walt Disney. Maladroit, ce film frustre. On préfère relire l'excellent ouvrage du rigolard Bill Bryson, Ma fabuleuse enfance dans l'Amérique des années 50, tout aussi divertissant!
Avec George Clooney, Britt Robertson, Hugh Laurie et Raffey Cassidy - Walt Disney - 20 mai 2015 -2h05
Démons, Lars Noren, Lucernaire
Un couple se déchire dans un huis clos obsédant et excessif : Frank et Katarina libèrent leurs démons intérieurs. Au bord de la séparation, ils invitent un couple de voisins, le temps d’une soirée. Tomas et Jenna, jeunes parents, vont, au contact de leurs hôtes, se retrouver face à leurs propres tourments.
Lars Noren analyse dans Démons les méandres et les ambiguïtés de la passion amoureuse jusqu’au désir de destruction et de mort, de l’autre mais aussi de soi. Ce texte dévoile la mise à nu des sentiments où personne n’est épargnée et ne sortira indemne de ces échanges verbaux, obscènes, crus, violents. Révélation de soi et de l’exaltation passionnelle, tel un miroir tendu sur la difficulté de vivre à deux.
Frank et Katarina sont prêts à tout pour tester leurs limites et leur amour : désir, excitation, jalousie jusqu’à la mise en péril et au sacrifice de leur couple. L’affrontement est à la fois verbal et physique. Tomas et Jenna, témoins et acteurs malgré eux dans cet univers intime, vont être happés dans ce tourbillon : reproches, humiliations, frustrations.
Le traitement de la scène conjugale, de l’incommunicabilité du couple font échos à de grands auteurs : Strindberg, Rossellini, Bergman, aux héros ordinaires en quête désespérée de l’amour, de la reconnaissance de soi. Le décor moderne de ce huis clos plonge le spectateur dans une intimité féroce, proche, singulière, devenant à la fois témoin et voyeur de ces passions dévorantes.
Ce vaudeville montre toutes les facettes de la femme : l’enfant, l’épouse, l’amante, la mère (omniprésente dans la figure de Jenna et fantomatique – l’urne contenant les cendres de la mère de Frank). L’homme, lui, tente d’asseoir sa virilité parfois trouble face à toute la perplexité de l’autre et du monde qui l’entoure et qui l’effraie. La perte de repères, de soi, de l’amour de l’autre révèlent son profond désarroi et ses névroses.
Ce théâtre de la parole révèle toute la vigueur des mots et des maux des personnages dans une quête désenchantée de l’amour. Plongez dans cet appartement, dans ce huis clos sans retenue et laissez vous emporter et dévorer par ce tourbillon passionnel et passionnant…
Jusqu’au 4 juillet 2015
Le Lucernaire, Paris
Texte : Démons de Lars Noren
Mise en scène : Cyril le Grix
Avec : Xavier Bazin, Thibaut Corrion, Maud Imbert, Carole Schaal
Jazz Maynard
Les espagnols Raule et Roger font revivre Jazz Maynard 5 ans après le dernier album. Il fallait que l'histoire murisse, c'est réussi! L'album "à suivre" ouvre un cycle qui s'annonce comme aussi bon que le précédent le tome 4 étant vraiment indépendant des 2 cycles).
Revoilà donc notre saltimbanque, balèse,brun, barcelonais. Il s'est à nouveau adjoint les services de son ami d'enfance Théo, avec lequel il a grandi dans le quartier défavorisé de la capitale catalane : El Raval. L'histoire se déroule loin de Barcelone, voilà nos 2 cambrioleurs au coeur de la capitale islandaise.
Nos 2 acolytes sont ici pour dérober "l'Oeil doré", une pièce archélogique d'une valeur inéstimable. Très vite, on constate que les 2 hommes ne sont pas les seuls à s'intéresser à cette pièce unique. On croise beaucoup de monde à Reykjavik! Ainsi apparaissent les services secrets iraniens, des diplomates américains et israéliens, un groupuscule néo nazi entre autres...
Comme toujours, la puissance graphique de Roger, son trait net, efficace et moderne donne un souffle particulier à cette série. Les planches monochromes sont toujours aussi puissantes créant des ambiances particulièrement réussies. On notera enfin que sa capacité à créer des personnages aux faciès si différents les uns des autres et son goût pour les femmes aussi grandes que plantureuses permet à Raule de rivaliser avec un Marini période "Gipsy".
Quant à l'intrigue, dense et touffue, Raule sait la rendre claire et lisible tout en y ajoutnt à chaque fois des éléments plus personnels sur la vie de notre héros.
Voici donc un cycle qui s'annonce très prometteur. On est moins dans le côté "Kill Bill" des 3 premiers albums. L'intrigue est plus profonde. Cet album "à suivre" peut se lire indépendamment des 4 premiers bien sûr. Mais l'on perd beaucoup à ne pas commencer par le commencement.
Délectez vous de ce jazzman atypique, ce disciple de Chet Baker, s'il ne prend pas de substance illicite comme le faisait son maître, n'est pas plus en règle avec la loi, mais pour d'autres raisons...
Dargaud - 46 pages
San Andreas
« L’immeuble coule, il ne faut pas rester là » Quand on entend cette phrase, on sait que l’on est devant un très bon film catastrophe…
Et San Andreas fait énormément d’efforts pour nous en mettre plein les mirettes. Le tremblement de terre est réellement impressionnant. Le méconnu Brad Peyton applique toutes les recettes qui font le succès des films de Roland Emmerich (2012, Le Jour d’Après et d’autres pépites).
Ca secoue terriblement dans San Andreas. On ne sauve pas le chien : les victimes se comptent par milliers et un petit tsunami va achever une bonne partie des Californiens sous nos yeux ébahis. On est bien au cœur des secousses et on se prend à regarder à droite et à gauche pour éviter un parpaing.
On se trémousse de joie sur son fauteuil mais on s’amuse devant les clichés très bien respectés par le cinéaste, plus inspiré par son apocalypse que par son scénario ultra rabâché. C’est la grosse fanfaronnade américaine.
Pour cacher les failles (énormes) de son récit pas du tout crédible mais ultra spectaculaire, Brad Peyton a mis devant nos yeux, Dwayne The Rock Johnson, le catcheur XXL devenu (bon) comédien. Le type a le poignet épais comme votre cuisse. Massif, sachant jouer de son sourcil, il est crédible en pilote d’hélicoptère sans peur et sans reproche. Hilarant, on devinerait presque un second degré chez ce géant pas si mauvais. Les producteurs ont la bonne idée de le placer entre deux bombes : l’expérimentée Carla Gugino et l’affolante Alexandra Daddario.
Grâce à eux, on excuse les seconds rôles ridicules, les dialogues tartignolles, le couplet réac délirant (le tremblement de terre comme thérapie familiale) et les rebondissements ahurissants. Cependant il faut le répéter : le film assume son coté grand huit et joue à fond sur les grandes attractions de son concept simple et ringard. Il y a bien des immeubles qui coulent dans San Andreas mais le film navigue aisément sur notre indulgence. Une surprise !?
Avec Dwayne Johnson, Carla Gugino, Alexandra Daddario et Ioan Gruffudd – Warner Bros – 27 mai 2015 – 1h54
The Helio Sequence
Encore un duo qui fait tout seul. The Helio Sequence où l'art d'être dans son époque.
Depuis le succès des Black Keys ou Royal Blood, le groupe de deux musiciens, seuls sur scène pour tout faire, c'est le truc à la mode, une formule peu coûteuse pour des tournées ou l'enregistrement de disques. Ils font tout et jouent de tous les instruments pour un maximum d'efficacité.
A la différence des deux groupes cités, The Helio Sequence bosse un secteur beaucoup moins tapageur: le rock indé, franchement indé, typiquement indé. Avec des voix élégiaques, des boites à rythme et des guitares qui glissent sur quelques notes. Venus de Beaverton, Oregon, les deux barbus de The Helio Sequence sont de farouches amateurs de musique indé!
Ce n'est pas désagréable mais ce n'est jamais vraiment nouveau. Ils pourraient être plus, ce serait pareil. Leur duo n'apporte pas grand chose au rock alternatif sauf des jolies chansons, bien foutues mais pas inoubliables. ils ont travaillé durant tout un mois de manière ludique pour sortir les meilleurs morceaux possibles.
La paire est un pur produit Subpop. Il y a donc toute la culture underground dans leur musique mais avec une envie sourde aussi d'être mainstream. Cet album éponyme a quelque chose de frustrant: il y a des raisons de s'enthousiasmer mais en même temps il est impossible d'être convaincu totalement par cette collection de chansons un peu trop calibrées finalement. C'est bizarre. Un peu décevant aussi.
Sub Pop - 2015
LILIOM ou la Vie et la Mort d’un vaurien, Ferenc Molnar, Odéon
Pour tous ceux (comme moi) qui l’auraient raté au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis cet automne, les Ateliers Berthier du Théâtre de l’Odéon offrent une deuxième chance de découvrir « Liliom ou la Vie et la Mort d’un vaurien », l’histoire d’un bonimenteur de foire, écrite en 1909 par l’auteur hongrois Ferenç Molnar, génialement mise en scène par Jean Bellorini.
C’est dans un décor absolument grandiose de fête foraine, empreint, d’autant de magie que de désenchantement, que la Compagnie Air de Lune mise en scène et en lumières par Jean Bellorini, nous emmène dans une histoire brute et touchante à la fois. « Brute » car les cœurs - même amoureux – y sont durs et la violence pallient parfois l’absence de mots ou d’espoir, et « touchante » par la vérité et l’humanité dont les protagonistes transpirent. Comme dans ses œuvres précédentes, Jean Bellorini accompagne magnifiquement le tout en musique, soit pour nous entraîner par la force d’une liberté furieuse - qui n’est pas sans rappeler celle des films de Kusturica- , soit pour prendre le relai, dans les moments de doute ou de désespoir. Grâce aux superbes compositions de Sébastien Trouvé et de Hugo Sablic, les comédiens, tous également chanteurs et musiciens, interprètent une incroyable palette d ‘émotions. A cet égard, le solo de la harpiste Lidwine (à découvrir !) - complètement lunaire (dans le genre de Bjork) - laisse bouche bée et presque la larme à l’œil, devant tant d’énergie et de beauté.
Egalement drôle grâce à de subtiles créations dans les dialogues et au délicieux jeu des acteurs, « Liliom » est donc un spectacle complet, qui nous emporte hors du monde, pour notre plus grand bonheur.
Féérique, terrible, magique, fou, beau, poétique, drôle et touchant, le « Liliom » de Jean Bellorini a le talent d’être tout ceci à la fois. En un mot, exceptionnel !
http://www.theatre-odeon.eu/fr/2014-2015/spectacles/liliom
http://www.lidwine.com/
Jusqu’au 28 juin 2015
aux Ateliers Berthier du Théâtre de l’Odéon (Métro Porte de Clichy – Ligne 13), du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h.
texte: Ferenc Molnar
mise en scène: Jean Bellorini
distribution: Julien Bouanich (Liliom), Amandine Calsat (Marie), Julien Cigana, Delphine Cottu, Jacques Hadjaje, Clara Mayer (Julie), Teddy Melis, Marc Plas, Lidwine De Royer Dupré, Hugo Sablic, Sebastien Trouvé, Damien Vigouroux
scénographie et lumière : Jean Bellorini
costumes : Laurianne Scimemi
musique : Jean Bellorini, Lidwine de Royer Dupré, Hugo Sablic et Sébastien Trouvé
La princesse au petit pois, Comédie Française
Du swing dans l'air du Studio-théâtre pour cette réinterprétation irrévérencieuse du conte d'Andersen.
Qui ne connaît pas la trame du conte d'Andersen « LA PRINCESSE AU PETIT POIS »? Un couple royal cherche une épouse pour leur fils héritier; comme dans d'autres contes populaires « Cendrillon » ou « Peau d’Âne », les jeunes prétendantes au trône se succèdent pour passer une sorte de test, une épreuve qui permettra de distinguer l'heureuse élue. Dans le conte d'Andersen, la Reine imagine ce stratagème: la jeune fille dormira sur un lit composé de 20 matelas et de 20 édredons, parmi lesquels sera glissé un vulgaire petit pois. Seule une Princesse est assez sensible pour voir son sommeil gâché par la présence d'un petit pois, tel un minuscule caillou dans la chaussure. C'est certes un principe tout à fait absurde qui préside à cette histoire. D'ailleurs, pour le metteur en scène Édouard Signolet (remarqué entre autres pour ses mises en scène de textes de Sofia Freden à Théâtre Ouvert et ses nombreuses collaborations à l'opéra avec Jeanne Roth « La cenerentola » de Rossini et « La servante maîtresse » de Pergolèse, par exemple), le conte d'Andersen est une parfaite parodie de conte.Alors pourquoi ne pas en rajouter dans l'absurde et le plaisir de la moquerie?
Dans cette version écrite par Édouard Signolet himself, Antoine Guémy et Elsa Tauveron, c'est le Prince qui va parcourir le monde à la recherche d'une Princesse, encouragé par ses parents d'un royal coup de pied au derrière. Car il est bien innocent ce Prince qui réclame une présence à ses côtés, sans savoir ce qu'est l'amour. Et les parents de s'exclamer en chœur: « On aurait dû lui parler plus tôt! » Le Prince, malhabile et mal conseillé, part donc à la recherche d'une Princesse, oui mais, selon le précepte royal, d'une « vraie Princesse »! Et il est bien pauvre ce précepte! Aucune définition, aucune description, ni des valeurs de cette caste, ni des qualités à attendre d'une « vraie Princesse »! Encore un principe absurde, celle de la sauvegarde de la caste par son auto-suffisance et son auto-reproduction. Le hasard du conte faisant bien les choses, une Princesse qui n'avait pas l'air d'une Princesse déboule au château du Prince, revenu de son tour du monde. La Reine la soumet à la terrible épreuve du petit pois et...vous connaissez la suite. Quoique cette suite et fin orchestrée par Édouard Signolet réserve une belle surprise de grâce et de jeunesse.
Bravo à Édouard Signolet et à son quatuor d'acteurs: Elsa Lepoivre, Elliot Jenicot, Georgia Scalliet et Jérémy Lopez (qui interprètent en tout 16 personnages). La mise en scène sobre met en valeur les corps et visages expressifs des comédiens, les dirige avec entrain, leur autorisant toutes sortes de fantaisie, de la danse au mime, avec légèreté. Rien de pesant mais du swing dans l'air du Studio-théâtre pour cette reprise qui affiche presque complet et ravira petits et grands spectateurs.
du 29 mai au 28 juin 2015
à la Comédie française
durée: 1h
La princesse au petit pois
d'après le conte d'Andersen, adaptation de Antoine Guémy, Edouard Signolet et Elsa Tauveron
mise en scène d’Édouard Signolet
Reprise au Studio-théâtre de la Comédie française
avec Elsa Lepoivre, Georgia Scalliet, Jérémy Lopez, Elliot Jenicot
FIFA : Finalement Sepp c’est bien !
Rhoooo mais on peut jamais être tranquille nom de dla ! Alors que je m’affalais une nouvelle fois sur mon canapé aux alentours de 23h17 un soir de semaine, l’œil avide de résultats sportifs, dans un enchainement pas chassés triple lutz piqué 1,2,3 Mickey Donald et moi, Equipe21, Infosport+, Eurosport, Sport365, MCS, Infoquipe21sportnewsuncafél’addition ah oui quand même 8euros50 le café gourmand faut pas se faire chier les mecs et bah bordel elle est belle la France, tout particulièrement pour m’imbiber de terre battue french open grand chelem revers à deux mains oui parce qu’à deux pieds j’ai essayé c’est super moins pratique, boum patatra scandale à la FIFA, corruption frics pot de vin, en mode cubis familial 50L, tout le monde trempé jusqu’aux coudes, oui j’ai dit coudes.
Ca fait un moment que ça couvait, la bande à Sepp, ennemie de la bande à Michel (non pas Jackie et Michel, merci qui ? mais celle de Platini), on le savait, avant d’attribuer une Coupe du Monde dans des pays démocratiques comme la Russie ou le Qatar, pays du football s’il en est, aime bien demander des petites étrennes, ohhhhh étrennes étrennes étrennes ohhhhh tiens le bien ! D’ailleurs 30 ans plus tard on ne sait toujours pas où Guesh est pattie !
Sepp, donc, Blatter, c’est son nom, se retrouvait à la veille de sa potentielle réélection, au cœur d’un scandale qui alimentait les breaking news des chaines sports, avec le débat qui va bien, tralali tralala.
Là tu te dis, le mec, vue l’ampleur du bordel, vues les accusations graves sa mère de sous sous dans la popoche, il va démissionner direct, il va prendre sa valise et se tirer au Bahamas pour faire bronzer son corps d’athlète de sportif de 79 ans version le nombril qui se détache de la colonne vertébrale avec 120kg à la pesée pour 1m22…bah non, Sepp il a peur de rien, il reste, il monte à la tribune, il explique que bah rhoooo tout ça ça lui ressemble pas, pas de sa faute, pas pris pas puni.
Bon, bah du coup tu te dis que tous les mecs qui vont voter le lendemain, ils vont quand même pas le réélire, pas possible, ah non non non, surtout que Jackie&Michel Platini, merci qui, a appelé à voter pour le Prince Ali, pas Badou, pas Baba, le Prince Ali, c’est son nom au gars, vachement crédible un mec qu’a un nom de personnage dans la Reine des Neiges au sahara…et bien non…les gars en costard du ballon rond, ils prennent leur petit bulletin tagada tsoin tsoin et hop, vas y que je te vote Sepp !
Mais comment ont-ils pu ? Ok le type a percé dans l’électro ménager soit ! Foutu slogan « Sepp c’est bien » qui colle encore au corps et au cœur, c’est que le début d’accord d’accord ; il a écrit la plus belle page de la musique moderne avec ses neveux les New Kids on the Block et leur chanson Sepp by Sepp ouhhhhhh baby baby, give me up to the suunnnnn wowowowow (oui j’écris comme je chante en yaourt bulgare), soit ; il est l’inventeur des plans cul dans les hôtels minables avec les fameux 5 à Sepp, soit ; il a lancé Anne Sinclair et son émission Sepp sur Sepp, soit ; mais bon, ça fait pas tout (pas tout run run rho pas tout run run) !
Vendredi soir, le Prince Ali dit stop, j’m’en vais, z’êtes pas mes copains, et mon Sepp bah le voilà réélu pour 4 ans, 5ème mandat, de quoi donner des regrets aux familles Ceausescu, Franco et Kadhafi, ils auraient fait foot, ils seraient toujours là, c’est cooonnnnn hein !
Allez, j’vais regarder Rolland Garros à la cool en mode panda,
J’vous embrasse,
Saturn’s Pattern
Paul Weller est il à la pop anglaise, ce que Neil Young est au rock américain?
L'ex leader des Jam n'a jamais eu peur de changer de style, d'essayer de nouveaux effets, de troubler son auditoire avec des expériences sonores qui pourraient venir effectivement de l'imaginaire ouvert et débridé du Canadien Neil Young. Les deux hommes sont traverser par un courant électrique qui les libère de tous les stéréotypes.
Depuis son premier album solo au début des années 90, Paul Weller a trituré la pop typiquement anglaise. Il a souvent glisser vers des choses assez soul et ensoleillées ou des bidouillages urbains toujours au service de sa guitare protéiforme. Son douzième album continue d'explorer la culture britannique de manière aventureuse!
Car tout cela est typiquement anglais mais c'est aussi parfaitement Paul Weller. Qu'est ce que l'on trouve ici? Des collages. Des ambiances. Des styles différents. Tous liés par l'élégance désormais naturel du Modfather, toujours classe avec sa guitare capricieuse qui n'en fait jamais trop et sa voix vieillissante mais si classe.
Un riff pour donner le ton et on se promène sur un large éventail de la pop, imbibée de funk ou de punk, avec une jolie influence blues et soul, selon les humeurs du musicien, toujours heureux d'échapper à une étiquette, voulant finalement toutes les cumuler. La remise en question est permanente avec Paul Weller. C'est une grande qualité qui fait tout le charme de Saturn Pattern.
C'est un peu un extraterrestre! C'est un disque qui fait dans la simplicité mais on retrouve à chaque nouvelle écoute des petits touches qu'on ignorait. Weller renaît constamment de ses cendres pour extrapoler l'un des meilleurs morceaux de l'album (Phoenix) mais, en explorateur de la musique, il n'est pas étonnant de le voir se projeter jusqu'à la planète Saturne! Neil Young ne voyait pas si loin!
Warner Bros - 2015