Girls Only
On fait un gros hug a l'équipe marketing et on les fout à la porte. Si le film ne fonctionne pas, ca sera de leur faute! Ce film est une bonne surprise.
Car il y a bel et bien tromperie sur la marchandise. Le titre lui même est scandaleux et réducteur. L'affiche pique les yeux avec son rose bonbon alors que le film observe plutôt le coté gris de l'existence. Bref, on s'attend à un truc mielleux, cucul et exubérant. On a une chronique tendre, acerbe et drôle. On est tout de même plus proche du film indé que de la comédie sentimentale. Tout faux pour la vente de Girls Only (Laggies en anglais: toujours amusant de changer un titre en anglais par un titre en anglais mais nul)!
Les premières minutes font un peu peur avec une satire un peu forcée et désormais connue de la vie en banlieue dans l'Amérique de l'ennui. Là bas la vulgarité est la normalité et attention si vous ne rentrez pas dans le moule! C'est le cas de Megan, une trentenaire qui se pose des questions sur son quotidien, entre un fiancé barré, un papa gâteau et des copines un peu niaises.
Elle rencontre alors Annika, une jeune fille de 16 ans, tout aussi paumée. Ensemble, elles ne vont pas faire les 400 coups et d'autres bétises à la American Pie. Loin de là, la réalisatrice va se concentrer sur les doutes de l'héroïne, parfaitement jouée Keira Knightley, que l'on n'avait pas vu aussi bonne depuis un paquet d'années!
Le scénario est très classique. Une adulescente prend conscience de ses petites misères, ses grandes faiblesses et finalement, découvre au contact de sa nouvelle amie, de nouveaux espoirs. Mais c'est bien fichu. La différence entre le film et sa campagne de pub est telle que l'on est agréablement surpris. Sans l'emphase, on pense parfois à l'oeil affuté et passionné d'un Robert Altman, référence trop rare dans le cinéma américain.
Il y a aussi de l'émotion. Quelques idées de cinéma marrantes et une réinterprétation habile des codes du film de filles. Il y a aussi Sam Rockwell, incroyable en papa poule. Bref, on se fait avoir par le charme discret de cette petite production: on signerait presque pour une pyjama party.
Avec Keira Knightley, Chloe Grace Moretz, Sam Rockwell et Mark Webber - Version Originale Condor - 13 mai 2015 - 1h41
Sound & Color
Deuxième album d'un groupe déconcertant,qui tourne autour du southern rock mais célèbre la soul music. Tout en trompe l'oeil, Sound & Color est un disque passionnant.
Brittany Howard, Heath Fogg, Zac Cockrell, Steve Johnson et Ben Tanner. Voilà des noms qui logiquement composent Alabama Shakes, groupe de rock qui rappelle logiquement les prestigieux Lynyrd Skynyrd et tout un genre très sudiste, très rock, très électrique! Ca sent bon le sud des Etats Unis. On devine la poussière, la sueur et tous les mythes musicaux de cette contrée fascinante.
Première surprise: Sound & Color est un disque mid tempo. Pas d'hymne patriotique. Pas de guitare qui s'emballe. Pas de batterie qui cogne brutalement. Tout d'abord la voix de Brittany Howard, ambiguë et étonnante, aspire toute l'attention. La jeune femme n'aime pas trop la comparaison avec Janis Joplin. Elle n'a pas tort: elle a plutôt une voix masculine, qui gronde et qui lorgne sur la soul.
Deuxième surprise: c'est un disque assez suave et groovy. L'héritage du sud américain est nettement plus maîtrisé. On devine désormais une vraie personnalité dans ce groupe. Il joue habilement avec les faux semblants. C'est funky en diable même si les apparences sont tranquilles.
La première écoute peut décevoir. La seconde commence à révéler ses secrets. Le revival de surface est rapidement égratigné pour libérer un style libre, décontracté mais s'appuyant sur la performance vocale de Brittany Howard, révélation incroyable. Très vite, ce disque rend accro. On l'imaginait lisse: il devient labyrinthique et passionnant. Les musiciens ont caché des mystères dans toutes leurs chansons.
Comme le dit le titre de l'album, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. La qualité de ce disque est discrète et vous pète à la gueule. C'est un plaisir rare dans la musique: c'est indiscutable!
ATO - 2015
Les Chiens ne font pas de Danse
Voilà un chien un peu rondouillard peu commun
Quand on lui lance un bâton sa jeune maîtresse est obligée d’aller le rechercher elle- même ! En fait Boléro ne fait rien comme tous les autres chiens !
Ce qu’il préfère au Monde – après sa maîtresse bien sûr – c’est « écouter de la musique, admirer le clair de lune et faire des pointes » !
Et comme c’est un chien il est têtu et obstiné ! Sa jeune maîtresse va bien essayer de l’aider à réaliser son rêve de danseur, mais les adultes ne comprennent rien et vont lui barrer la route : les chiens ne font pas de la danse, un point c’est tout !
C’est sans compter sur la ténacité de ce chien …
Drôle et rondement mené, cet album est une vraie bulle de légèreté ! Et ça fait du bien ! Et en même temps ce chien est exemplaire : il va au bout de ses ambitions, ce que peu de gens ont le courage de faire « dans la vraie vie » !
Les illustrations sont franchement réussies, leurs détails drôles et parfois un peu grotesques égratignent gentiment les « Zhumains ». Qui est le moins malin au final ?!
Un album à lire dès 5 ans dans la joie et la bonne humeur !
Ce n’est pas si grave d’être un être humain … On peut se soigner !
De Anna Kemp et Sara Ogilvie - Milan
La Tête Haute
Catherine Deneuve et Rod Paradot font de ce film engagé, qui rappelle les mérites de l’éducation, un émouvant duo d’acteurs.
Le festival de Cannes 2015 s’est ouvert sur un film engagé, « un film sur l’éducation » et ses vertus, d’après la réalisatrice, Emmanuelle Bercot (interview du Figaro), qui rend hommage aux travailleurs sociaux et au personnel de l’administration judiciaire française pour leur dévouement en faveur de la réinsertion sociale des jeunes délinquants.
On suit le parcours chaotique de Malony, un enfant élevé par une mère célibataire trop jeune et immature, de sept à dix-sept ans, un parcours marqué par des rencontres régulières avec la juge qui le suit, une formidable Catherine Deneuve, figure de l’autorité à la fois ferme et (grand)-maternante, et de fréquents séjours en centres de rééducation. « La tête haute », c’est à la fois l’attitude de Malony, qui tient tête aux adultes, fait la « forte tête » plutôt que de trahir ses secrets, mais c’est aussi la dignité de tous ceux qui l’accompagnent, lui et ses compagnons de galère, qui croient en eux, les traitent avec respect et ne baissent pas les bras.
Comme Polisse, dont Emmanuelle Bercot était la coscénariste, (mais dans une moindre mesure), le film prend parfois des allures de documentaire, en particulier lors des scènes de groupe dans les nombreux centres de réinsertion pour mineurs que fréquente Malony. On y perçoit alors le climat de violence latente et la vigilance des éducateurs, prêts à intervenir à la moindre altercation. Les rechutes et récidives de Malony et ses entretiens répétés avec la juge, s’ils peuvent lasser, sont pourtant tout à fait réalistes. On sent là un film bien documenté, soucieux de montrer avec exactitude le quotidien de ces jeunes et de leurs accompagnateurs, dont la principale qualité est la patience.
Le parti pris de montrer le système social français sous son meilleur jour – tous les travailleurs sociaux, jusqu’au directeur de la prison, ont un comportement exemplaire et font un travail remarquable, à l’exception peut-être d’un proviseur de collège qui commet une maladresse – est quant à lui discutable. Il est bien possible que de nombreuses mains soient tendues à ces jeunes en difficulté, mais des dysfonctionnements existent sûrement et il serait plus honnête de les évoquer
Contrairement à Polisse, qui mêlait les histoires personnelles des policiers à leur vie professionnelle, La Tête haute se concentre sur l’adolescent, dont le visage et les mains, nerveux, sont filmés de très près, et son parcours – pas d’incursion dans la vie privée de sa juge et de son éducateur. Cette sobriété bienvenue permet de mieux ressentir la tension de Malony lors de ses confrontations avec les différents adultes et offre quelques scènes marquantes, comme celle de sa première expérience amoureuse. Rod Paradot, révélé par le rôle, incarne avec une grande sensibilité cet adolescent farouche et hypertendu, incapable de maîtriser sa violence, à la fois exaspérant et attachant.
Le personnage de sa mère, en revanche, (interprété par Sara Forestier) immature et vulgaire à outrance, affublé d’une dentition gâtée, est caricatural et du coup moins crédible. C’est dommage, car ce manque de finesse fait pencher le film du côté de la démonstration, alors qu’il gagne à être vu comme une belle histoire singulière, celle d’un adolescent en manque de repères et de la relation privilégiée qu’il a nouée avec « sa » juge.
avec Catherine Deneuve, Rod Paradot, Benoît Magimel, Sara Forestier - 13/05/2015 - Wild Bunch Distribution - 2h
La maison de Bernarda Alba, Comédie française
Une pièce de femmes éprises de liberté et de passion, ployant sous le poids des traditions. Une ambitieuse entrée au répertoire de la Comédie française.
Cinq sœurs viennent de perdre leur père. Comme le veut la tradition andalouse, leur mère leur impose huit années de deuil. Huit années isolées, enfermées, frustrées.
Au milieu des querelles familiales, Adela, la plus jeune sœur incarne une soif de liberté, d’amour et de jouissance. Dans sa robe d’un vert éclatant, elle offre de l’air à l’oppressante tension de l’histoire. Ses nuits avec Pepe le Romano offrent un splendide tableau d’amour sur un air de violoncelle. Et le passage dans la blanchisserie, une merveille.
Par une mise en scène intelligente, Lilo Baur illustre la violence de la société espagnole à l’aube de l’arrivée de Franco. Elle nous plonge dans son carcan catholique pudibond. Sa morale implacable et son effroyable austérité s’illustrent dans une ambiance cloitrée. Dans l’ombre, on ne manque pas d’applaudir le travail remarquable de la lumière de Fabrice Kebour qui perce à travers les moucharabiehs d’Andrew D Edward ainsi que la beauté de la musique de Mich Oscowiak.
On salue enfin et surtout la performance des comédiennes. Cecile Brune en matrone acariâtre et Elsa Lepoivre en servante exubérante sont criantes d’une humanité complexe. Adeline d’Hermy en cadette espiègle et excitée attendrit, comme Anne Kessler en aînée enlaidie fait rire. Félicitations à elle de s’être si bien appropriée le rôle d’Augustias en quelques jours.
Dans cette pièce huis-clos de femmes écrite en 1936, l’auteur espagnol Federico Garcia Lorca puise dans ses souvenirs d’enfance, entouré de femmes, et ses années de jeunesse, marqué par l’annonce de son homosexualité, vécue comme une transgression de l’ordre social de l’époque.
Du grand art. A voir avec audace.
Jusqu'au 25 juillet 2015
Comédie Française, Paris
The Waterfall
A la première écoute, on ne sait pas si le septième album de My Morning Jacket sera grand, on sait juste qu'il est de saison avec sa pochette qui fait respirer le bon air et sent bon la nature. Un disque chlorophylle?
Le disque 100% bio, c'est une oeuvre acoustique, centré sur la nature, celle qui nous entoure et celle de nos sentiments les plus mélancoliques, les plus romanesques, les plus efficaces lorsqu'il faut plaquer quelques accords et travailler le regard triste. En ce moment il y en a beaucoup.
Avec une pochette et un titre aussi écologique, on pouvait croire que les barbus de My Morning Jacket plantaient désormais des choux et vivaient dans une communauté isolée et joyeusement baba! Heureusement il n'en est rien. My Morning Jacket reste un pur groupe de rock, avec des guitares salaces et des harmonies vocales qui ne sont pas angéliques!
Ils alternent les humeurs mais ca plane pour eux. Et pour nous. Jim James et ses amis du Kentucky. S'ils naviguent sur plusieurs genres, il y a chez eux, un fond roots captivant qui aspire toutes leurs idées pour en faire ressortir une vision philosophique et un peu vaporeuse du rock'n'roll!
Au bord de la rivière, leur inspiration ne se limite pas aux ritournelles de bardes! Visiblement elle déborde en ce moment leur inspiration: The Waterfall sera suivi par un autre disque dans quelques mois. En attendant ce premier disque peut faire des vagues. On est immergé par la diversité intelligente des styles du groupe et la richesse de leurs compositions.
Il y a bien entendu des jolies plages de calme avec une voix élevée et douce. Et quand les musiciens s'énervent un peu, ils restent généreux en soignant l'aspect mystique de chacun de leurs titres ensoleillés. Le passé s'invite dans le présent. Les utopies des vieux routards du rock (Neil Young en tête) se retrouvent ici, à nouveau, scintillantes et convaincantes. On a bien envie d'y croire!
ATO - 2015
deGeneration, Hofesh Shechter, Abbesses
Eurovision 2015 : 10 raisons du pourquoi c’est encore loupé !!!
Ah bah mince alors, comme d’hab, franchement, là oui, parce qu’à nous les français faut pas nous la faire à l’envers, on y croyait comme des bêtes à not’ victoire à l’Eurovision, sorte de Nouvelle Star kitch pour vieux ! Et puis bah non, comme d’hab, encore loupé ! pffffff…c’est pas du juste !
Creusons donc, si vous le voulez bien, les 10 raisons plus que probables de cette nouvelle foirade tricolore en terre autrichienne et le pourquoi du comment Lisa Angell est arrivée 25ème sur 27 :
- Déjà oui, Lisa Angell, tout portait à croire qu’avec un nom ça nous allions être représentés par une bombasse au pseudo plus proche d’une actrice de gonzo spécialisée dans le gang bang multicolore qu’une chanteuse populaire…les jurés estoniens, moldaves et autres gars de l’est ont forcément été déçus, eux qui se voyaient déjà vendre des DVD des coulisses avec la Lisa déchainée en string.
- Il fallait faire revenir Marie Myriam, y’a qu’elle qui peut gagner un Eurovision, coommmmeeeeee un enffaaaanttt aux yeuuxxxxx de lumièrrreeeeeeee !!!
- Même quand on a envoyé Patricia Kaas, on a fini 963ème derrière la Guinée-Bissau, donc Lisa Angell…connue seulement des habitués du Bar des 3 fontaines à Vesoul y’a encore 15 jours…forcément…
- Marie Myriam au moins elle, elle savait comment que c’est qu’on gagne un Eurovision !
- L’an dernier c’est un travesti autrichien qui a gagné, il y 2-3 ans un groupe de hard rock finlandais déguisé façon « Le retour des poulpes géantes mangeuses de martiens »…nous, on persiste à envoyer du classique, du pas décalé pour deux sous, mais envoyez moi Garou déguisé en truie qui reprend Tata Yoyo sur un sample des Daft Punk bordel ! Osons l’originalité…quoi ? Garou est canadien ! Ah…bon bah Patrick Fiori ! Ah, déjà fait…bon, bah passons alors.
- De toute façon les belges, les suisses, les luxembourgeois, chaque année on vote pour eux pensant qu’on est copain et jamais eux ils votent pour nous, c’est dégueulasse comme mentalité, après tout ce qu’on a fait pour eux, de Cahuzac à Depardieu en passant par Johnny et la famille Mulliez, avec tout l’exil fiscal qu’on leur a donné, ils pourraient faire un geste, merde, 3 points quoi, même pas 10, même pas 12, juste 3 points, pour l’honneur !
- Le mec qui a écrit la chanson de Lisa Angell s’appelle Goldman…bah oui mais Robert, pas Jean-Jacques, forcément si on prend pas les bons Goldman aussi…
- Marie Myriam, ça c’était de la chanson bien de chez nous ! Bah oui, on le dit pas assez ! D’ailleurs faut voir la carrière qu’elle a faite derrière ! Hein ? quoi ? bah si, moi j’ai tous ses 2 albums.
- Finalement ce sont les Suédois qu’ont gagné, ça c’était comme Edberg à Roland Garros dans les années 90, ça fait pas de bruit le suédois et bam, en finale, et bam vas-y que je te mets un Ikea à côté du rond point de la ZAC des peupliers, et bam vas-y que je te fais bouffer des Krisprolls au petit déj sans que tu t’en aperçoives, et bam, le suédois te gagne l’Eurovision et t’as rien vu venir.
- Bah finalement, le samedi soir, en plein mois de mai, tu bois des coups, tu fumes, tu te marres, tu fais du barbecue…bah Lisa Angell, François Valéry ou Brigitte Lahaye derrière un micro sur une scène autrichienne, bah tu t’en tapes pas mal…
Allez, zou, apéro !
J’vous embrasse,
Für die kinder von gestern, heute und morgen (2002), Pina Bausch
La scène est immaculée une virginité trois ouvertures noires : deux portes une vue.
Si grandes ouvertures que les danseurs minuscules les mouvements immenses.
L’équilibre des corps balanciers les limites de la chute.
C’est la main qui retient le corps, c’est la chaise qui redresse l’homme à terre.
Le corps, ce miracle.
Une petite danseuse une très grande il y a ici et tout du long des déséquilibres des tremblements de cœur des certitudes et des normes. Des inversions.
Sur la scène blanche chaque corps possède cinq ombres.
La danseuse minuscule n’a qu’à bouger les doigts et c’est son corps entier qui danse.
On porte, à deux, à trois, des corps de femmes des corps d’hommes, des grands des petits des vieux des nous. Ils deviennent pont marée rivages, architecture ils épousent ils progressent ils volent culbutent.
Le corps, cette architecture.
Un solitaire s’élance et s’empêche, s’enivre se brutalise. Se décontrôle.
A distance il tire un fil invisible, articule et manipule la danseuse couchée jusqu’à ce qu’elle l’enlace puis debout toujours la conduit la dirige et lorsqu’enfin elle trouve son autonomie, c’est pour danser, nous danser.
Un cœur est un cœur est un organe et un LOVE
Le corps, cet amour.
Des corps-oiseaux, des bras-ailes des hanches porteuses une ronde de femmes volantes, déplacement d’air dans un tourbillon nous sommes emportés, le cercle de plus en plus large se fend, fondent sur nous les oiseaux ailes déployées, des corps qui ne s’arrêtent plus même assis sautent, tressautent.
Le corps, cet infini.
Au jeu de la corde à sauter les brutalités enfantines, au jeu de la corde lance-femme dans les bras, des étreintes des unions.
Une étreinte est un O - Un baiser un X
OXOXOXOX
Le corps, cette équation.
Tant de façon di dire « une étreinte », de dire « un baiser », tant de mouvement pour danser une étreinte, pour danser un baiser, tant de partitions pour s’aimer « Est-ce que tu m’aimes ? Je ne crois pas. Peut-on essayer, commencer par cinq minutes ? Cinq secondes. »
Tentative d’une demi-minute, c’est beau un couple qui s’aime une ½ minute, c’est long.
Le corps, cette éternité.
Perdre les mesures, mesurer de l’espace de son corps, de son amour.
Petits arrangements avec les sentiments, comportement animal.
Le corps, cet animal.
A chaque scène, à chaque danse, chaque musique, chaque mouvement, s’écrit un précis d’anatomie, l’anatomie de la danse, des corps, des invisibles. Précis d’anatomie, précis d’autonomie, des détails des séductions, des pommes rouges des chevelures rousses et brunes, des regards.
Le corps, cette séduction.
Se coiffer à la pointe de son talon aiguille, brûler les pages de son livres, prendre le feu dans ses mains, se cracher s’étreindre, une nuit et sa continuité impensée, impensable, des jeux cruels, des amours violentes.
Le corps, cette longue nuit.
Brûler encore, son pull à la cigarette, se brosser au balai, anatomie de l’image, un corps vieux en tutu nuage vaporeux et arrosoir, mû par un souffle, construire des châteaux de sable, faire avec la fragilité les éboulements, un bac à sable d’adultes.
Le corps, cette image.
Ruptures des phrases et des habitudes dites au corps et à la bouche, les mots de la fin, le disque rayé des sentiments. Corps de femme avec adjonction de bras d’homme, les murs bougent, les armoires roulent, les danseurs tanguent, mouvement ininterrompu, une ivresse, des codes renversés, on se serre trop fort ou trop loin, on se blesse on se délaisse, on cherche l’amour on le refuse, on s’accroche, on s’approche
Le corps, cette danse.
Für die kinder von gestern, heute und morgen (2002)
(Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain)
Jusqu’au 30 mai 2015
Théâtre de la Ville, Paris
Soft Connections
Un disque sans prétention donc forcément sympathique!
Nic Hessler se bat contre une maladie rare. Il a beau être jeune, le musicien a déjà bien vécu. Il a besoin d'ailleurs de douceur comme le souligne le titre de son disque, Soft Connections. Sa jeunesse ne veut pas correspondre à la révolte et la sauvagerie. Il préfère le travail d'orfèvre.
Il défend donc une idée précise du rock. Celui qui travaille les harmonies malgré une production simple. Quelques voix et des instruments en osmose, voilà sa recette désuète mais pas désagréable du tout. Nic Hessler est souvent comparé avec Big Star et quelques groupes anglais.
Comme eux, il cherche la légèreté et la fausse candeur pour se libérer du quotidien. Pour rendre la vie plus belle l'espace de quelques minutes. C'est sacrément vintage mais cet aspect inoffensif est presque rassurant, reposant et rappelle que la musique peut être autre chose qu'une expression contemporaine.
Ce qu'on apprécie ici, c'est le lyrisme des chansons. Nic Hessler a bien réfléchi son album, parfaitement dosé. On ne peut pas l'accuser de reprendre des vieilles formules. On ne peut pas crier au souci d'indépendance forcenée. Tout est moelleux dans ce disque. La maladie n'a pas eu raison de son enthousiasme.
Le chanteur est bien dans sa peau. La voix est cristalline et se faufile entre une guitare capricieuse et quelques rythmes synthétiques. C'est gentiment FM mais dans le bon sens du terme: c'est bien fichu. Un travail d'artisan, obsédé par le refrain magique et la mélodie élégante. Aucune révolution ici: juste un disque de rock, un peu l'ancienne mais totalement sincère. Soft et bon!
Captured Tracks - 2015