Cannes Amnesia

Du domaine des murmures, Poche Montparnasse

AFF-DOMAINE-MURMURES1

1187, le domaine des Murmures. Lothaire-le-brutal, le châtelain de ce domaine, a imposé à le mariage à sa fille Esclarmonde. Mais celle-ci, le jour de sa noce refuse et fait le choix de se trancher l’oreille et d’épouser le Christ. Protégée par l’Église, elle est emmurée vivante. Recluse. Neuf mois plus tard, elle donne naissance à un fils portant aux mains des stigmates.

Seule en scène, Valentine Krasnochok révèle toute la singularité et la force de son personnage, Esclarmonde. Ce monologue libère le poids et la violence des mots entre révolte et chuchotement. L’audace du personnage est muée par son désir de liberté qui se caractérise par son en-murement et la solitude plutôt que la contrainte et la soumission aux hommes. Elle est maîtresse de son destin, celui de l’enfermement. Cette radicalité forge son don de soi. La parole est essentielle et exprime toutes ses vérités et ses secrets, ses désirs et ses doutes dans la douleur, celle de son amour pour son fils et l’espoir d’une vie meilleure pour lui.

Cruauté de l’histoire, des sous-entendus, la voix est amplifiée, déformée. Le spectateur est confronté à cette violence, frontalement, plongé dans cette intimité.

Intimité du décor : mur de pierres, sol recouvert de cailloux. Intimité des lumières, entre ombres et lumières : à la fois dans le domaine des vivants et des morts. Le spectateur devient le témoin de la souffrance et la douleur de cette jeune femme, confiné avec elle dans sa quête absolue de spiritualité et de liberté.

Pari audacieux et réussi grâce au jeu, à l’énergie et à la justesse de Valentine Krasnochok. La mise en scène intimiste de José Pliya fait de ce spectacle, Du domaine des murmures une expérience mystique dotée d’une puissance poétique qui ne laisse pas le spectateur indifférent. La magie de cet univers singulier est à découvrir sans plus attendre ! Plongez sans retenue dans l’univers et la quête de liberté d’Esclarmonde !

 

 

Jusqu’au 12 juillet 2015

DU DOMAINE DES MURMURES

D’après le roman de Carole Martinez

Mise en scène de José Pliya

Avec Valentine Krasnochok

Théâtre de Poche-Montparnasse

 

Cannes Irrational Man

Mad Max Fury Road

Avec son casting métamorphosé haut en couleurs - Hardy, Theron, Hoult - ce nouveau Mad Max propose le plus grand défilé de Monster Truck de tous les temps: des décors impressionnants et presque iréels, des véhicules ahurissants d'ingéniosité et des effets spéciaux ultra chiadés.

Tout ca pour une mécanique très bien huilée. Quand Twisted Metal rencontre Prometheus, le film soigne son esthétique! Des costumes travaillés servent des personnages tout aussi particuliers les uns que les autres!

Quel reproche peut on bien faire à ce film qui a tout pour plaire? He bien malgré tout cela, je me suis ennuyée du début à la fin. C'est presque trop parfait. Tout est trop maîtrisé, convenu et finalement sans surprise. J'ai l'impression d'avoir assisté plus que participier à cette énorme bataille des sables.

Rien ne m'a fait décoller de mon siège. J'espère en vain. Les intermèdes où l'écran se fond dans le noir ne m'ont pas aidés à m'extirper d'un ennui évident., Mais mis à part "ce petit défaut de fabrication" que je suis peut être la seule à ressentir, il est incontestable que le film vaut le coup et rien que pour la perfection du détail, je vous invite aussi furieusement à tailler la route direction le cinéma.

Avis aux amateurs!

Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult et Zoe Kravitz - Warner Bros - 14 mai 2015 - 2h

On Stage Tonight

Venus de Nantes, les petits gars de Malted Milk nous font vibrer comme dans le sud des Etats-Unis. Ils mettent la fièvre.

Leurs guitares ont le son brut de la Louisiane. Le groove pourrait gronder vers Atlanta. Les cuivres semblent s’échapper de la Nouvelle Orléans. Pourtant Malted Milk est un groupe made in France. Ca ferait plaisir au ministre du redressement productif.

Il y a presque vingt ans, un harmoniciste rencontre un guitariste chanteur. Emmanuel et Arnaud débute comme duo très roots et petit à petit, le groupe va évoluer pour être aujourd’hui une machine à funk teinté d’un blues implacable.

Leur passion pour la musique noire a fait d’eux, les têtes pensantes d’un groupe qui pique toutes leurs bonnes idées dans la soul, le jazz et les grandes références du genre. On Stage Tonight est leur premier album live. Un moment assez renversant.

On devine aisément la chaleur, le plaisir et le groove de Malted Milk. On pense à toute vitesse aux libertés électrisantes de Maceo Parker. En plus ils ont des amis sympas comme les gars de C2C et Nina Attal, chanteuse au timbre exotique.

La force de frappe du groupe prend tout son sens sur scène. On a la bougeotte en quelques notes. La guitare, omniprésente, s’accompagnent des meilleurs accords funky. Les trompettes sonnent avec excitation. La batterie est endiablée. Bref, le démon vous envahit durant toute l’écoute. Même si vous n’avez pas le rythme, vous aurez le groove et une envie folle de danser. Ca du bon le Made In France!

Dixiefrog - 2015

Cannes Amy

The Tree of Life

Des algues, des dinosaures et un drame familial! Malick n'a vraiment pas choisi la simplicité. Trip philosophique et Palme douteuse!

Une lumière évanescente et le bruit de la mer ! En voix off, on entend « Mon frère » puis c’est le grand déballage philosophique de Terrence Malick. Le cinéaste discret et mystérieux continue de suivre les traces de Stanley Kubrick et se laisse aller à une réflexion massive sur la vie, la mort, la religion et la famille !

Le film devait être à Cannes l'année dernière mais le réalisateur a préféré revoir et refaire son montage. On sait que Malick est pointilleux et qu'il est capable d'oser et innover! Le sujet de The tree of life est pourtant simple.

Un homme (Sean Penn) se souvient de la rude éducation de son père dans les années 60 et l’influence de la mort de son frère cadet. Pour raconter cela, l’auteur du Nouveau Monde déconstruit au maximum sa narration. Il va très loin : on assiste à la création du Monde. On croise des dinosaures et on danse avec des algues.

Terrence Malick réalise des images somptueuses, renversantes, qui veulent bien dire quelque chose. Il est aussi doué pour filmer l’usure d’un couple (Brad Pitt parfait en papa lourdaud et Jessica Chastain jolie révélation) et observer la fratrie qui se rebelle doucement contre l’autorité parentale.

Il nous promène avec une aisance déconcertante entre le passé et le présent, le songe et la réalité.

Pourtant on s’ennuie. La virtuosité finit par bercer. Le cours de philosophie agace. Depuis son premier film, Terrence Malick a une vision panthéiste de l’existence. "La nature ne cherche que son profit". L'homme porte en lui la faute et le pêché.

Dans Tree of life, il engoble sa philosophie connue dans des digressions répétitives. Les tics visuels se multiplient (Toutes les trois minutes, la caméra contemple un arbre et ses branches). La musique classique assomme.

Pire, le film se termine dans une esthétique de publicité avec un Sean Penn largué dans le désert, inquiet de passer une porte qui donne sur rien, heureux de retrouver toutes les personnes qui ont compté dans sa vie sur une plage déserte.

Depuis longtemps, on sait ce que pense Malick de l'homme et sa destinée. Jusqu'à présent, il se servait des genres (polars, films de guerre, film historique) pour suggérer ses pensées.

Ici, le drame familial est une petite excuse à une vaste divagation quasi mystique, parfois intense, parfois franchement risible. Famille, je te hais! Déception, je te hais aussi!

Cannes the Youth

Belle gueule de bois

Dure, dure la vie de Pierre … cet ado a choisi de vivre avec son père dans un maison très isolée dans un coin rude, en montagne, près d’une forêt.

Après le divorce de ses parents, il a préféré quitter sa mère et ses deux sœurs pour vivre avec ce père qu’il aime tant et qu’il déteste tant aussi, ce père alcoolique.

Oui il aime vivre dans ce refuge isolé avec cet homme bourru et malade, même si le quotidien rime souvent avec saleté, fumée, alcool et promesses non tenues. Ce qu’il déteste, c’est aller au collège, véritable enfer pour lui. Son rêve plus tard serait de devenir vagabond, il le dit à ses profs qui ne peuvent évidemment pas comprendre.

Bien que soutenu par un ami plein d’empathie bienveillante, Pierre est à bout de souffle. Son père pourra-t-il ouvrir les yeux et reprendre sa place de père avant que le pire n’arrive ?

Voilà un récit très court, pressé, presque urgent, d’une grande richesse, magnifique ! C’est écrit comme un journal. L’auteur et illustrateur a ajouté des dessins, comme griffonnés par Pierre. Cela ajoute beaucoup à l’ambiance sombre et lourde de l’ouvrage.

Il y a de l’amour filial et paternel, il y a de l’amitié, il y a de la haine, de l’incompréhension, de la résignation, de la détresse, de la faiblesse et de la force … On aborde là les questions si cruelles de l’alcoolisme, de l’alcoolique, de l’entourage si démuni et bien souvent si inutile, de la violence de l’opposition de sentiments ; effectivement dur, dur !

À lire dès 15 ans

De Pierre Deschavannes Rouergue

Kaktuszliget

Du rock hongrois! Un produit exotique qui offre pas mal de bonnes surprises!

Quimby ne fait pas dans la demi mesure. C'est du rock, du vrai. Celui qui fait danser Emir Kutsurica, Aki Kaurismaki ou Quentin Tarantino. La barrière des langues n'existe pas: le hongros va très bien à la déglingue! Ces six rockers ont de l'ambition et un vrai sens des valeurs.

Ensemble, ils veulent faire bouger les foules et défendre une idée très festive du rock. Les guitares se languissent ou glissent sur des notes mais il y a un rythme soutenu sur l'intégralité de leur album assez joyeux et pétaradant. Ils ont l'air d'être des lointains cousins de Nick Cave et ceux qui creusent les parts d'ombre du rock'n'roll et derrière, l'âme humaine.

En opposition il y a la musique qui doit prendre toute son ampleur sur scène (à Paris avec les camarades Psycho Mutants le 21 mai au Divan du Monde), inventive, intuitive et presque rigolarde. Habitués du festival monstre de Budapest, Sziget, les gaillards de Quimby nous entraînent dans un rock paillard mais jamais vulgaire, car il est viscéral!

Chaque chanson est un petit univers plus ou moins heureux mais jamais inintéressant. On ressent pas mal d'émotions et surtout on aime l'ambiance générale, entre fiesta et introspection. Le tout a quelque chose de cinématographique. C'est un vrai plaisir exotique. A découvrir dans une époque où les frontières font "rêver" certains.

Tom tom records - 2013

Trending

L’Apparition, Perrine le Querrec

Dulcolax, pub au vent

Loomie et les Robots, Le Funambule

Most Discussed

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

Et la laïcité bordel !

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?