Connasse Princesse des Coeurs
Warning ! Cette review sera en version originale francaise.
Prenez garde ! Elle arrive telle une tornade, un torrent... que dis-je ? Une fucking shinny princesse, débarquant full gaz sur l’Angleterre. Une chose est sûre : nos voisins n’ont pas l’habitude du french parlé de notre Camille Cottin nationale, but they’ll get to use it someday.
OR NOT ! Nos amis british au shitty gout n’ont qu’à bien se cramponner à leur food dégueulasse et le bordel de weather. La connasse débarque en long métrage, completly maitrisé sur l’improvisation des sketchs. Des jokes s’enchaînent à la minute. Le rythme ne tombe jamais. Le tout est entièrement filmé en caméra caché qu’on a le plaisir de découvrir while le générique où elle ose tout et plus qu’elle n’est autorisée la french biatch !
Le style et l’élégance de Camile Cottin traversent la Manche : elle est so fucking drôle, impulsive et belle. On sent que le plaisir est communicatif : pour nous faire plaisir, elle se fait plaisir pour que son scénario tienne du début til the end.
Le pire in all that is que ca marche so fucking good. On resort de là avec la banana alors allez voir ce film bordel de shit. Avis aux amateurs !
Gaumont - 29 avril 2015 - 1h20
Sound of Shambala
Ils sont dans un registre ultra balisé mais Chateau Marmont pour son second disque réussit à surprendre. Plus qu'une réussite, ce disque est presque une aventure!
Chateau Marmont est le nom du célèbre hotel à Los Angeles. On pourrait imaginer aussi le nom d'un domaine de champagne.Le groupe qui a repris ce nom pourrait devenir légendaire. Leur art de la musique est précieux. Depuis une dizaine d'années, les petits malins qui ont pris la célèbre appellation de Chateau Marmont méritent un vrai titre de noblesse pour leur musique, petit traité sur le bon goût et l'élégance en toute circonstance. Plusieurs mix ont fait leur réputation. Le premier album, The Maze, a pris tout le monde à rebrousse poil et marqué les esprits avec un disque electro impressionnant.
Les petits Frenchys sont légion dans le genre mais Chateau Marmont s'offre la voie royale avec des vrais partis pris et ne sacrifie jamais leurs chansons pour quelques minutes de haute efficacité avec du beat sous influence. Pourtant leur formule ne diffère pas tellement des autres.
Le désormais duo a un regard acéré sur le passé et ne jure que par le synthétiseur analogique et des effets de voix trafiqués "à la mode de chez nous". Ils prient Herbie Hancock et avouent sûrement connaître par coeur les premiers disques de Jean Michel Jarre. Ils sont la hype.
Malgré tout, ils font d'abord transpirer une vraie sincérité et une humilité incroyable: ils bossent surtout les arrangements et les ambiances. Sound of Shambala fait de la musique d'aujourd'hui comme si c'était de la musique d'hier. Titres electro pour grandes enseignes, les nouvelles chansons sont néanmoins écrites avec un soin particulier, y compris sur les voix. Ils ont ouvert les portes de leur studio pour inviter du monde. Cela renouvelle leur démarche même si musicalement, ils restent identifiables.
Plus débridé que l'album précédent, on se laisse charmer par les envies de fiesta du groupe. Naturellement, on se fait avoir. C'est très french touch mais on a tout de même l'impression de découvrir quelque chose de nouveau. Ce n'était pas si facile à réaliser. Une touche de soul permet de faire chauffer l'atmosphère pour que l'on s'y sente bien. Les idées venues de l'exotique Shamabala permettent un vrai exotisme d'apparaître au fil des écoutes. Ce disque a de nombreux mystères et surprises à proposer. La musique serait elle la dernière grande aventure?
Arista - 2015
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Un choix éclectique de reprises en anglais de chansons de Jacques Brel, enregistrées entre 1967 et 2004 par un aréopage d’artistes très inspirés. Etonnant et excellent !
Attention : cet album n’est pas un "tribute". Je veux dire qu’on n’a pas réuni une brochette d’artistes exprès pour rendre hommage à Jacques Brel par des reprises plus ou moins inspirées. Non, ce disque est constitué de morceaux de Brel enregistrés en anglais par des chanteurs de tous styles, dans leurs versions personnelles, au fil du temps. Ce qui confère à cet ensemble décousu, une intéressante et excitante variété dans la découverte de morceaux connus revisités, relookés et redimensionnés. Et parfois même magnifiés.
Mais il faut d'abord savoir que l’impact des chansons de Jacques Brel sur le public anglophone est originellement indirect. D’ailleurs Brel s’en foutait bien de conquérir les ricains et les roastbeefs (1). En fait, c’est via les adaptations du poète Rod McKuen puis de Mort Schuman (oui-oui, l’homme de la neige sur le Lac Majeur !) interprétées façon "crooner" par le chanteur Scott Walker, que les chansons du grand Jacques ont passé la Manche et l’Atlantique. Et la plupart des artistes ici présents sont en réalité, à la base, des admirateurs de Scott Walker qui n’ont découvert Brel que par conséquence procurative.
En tout état de cause, c’est la qualité et la force des chansons elles-mêmes qui a inspiré nos repreneurs, au rang desquels quelques pointures comme David Bowie dont on découvre une version en public d’Amsterdam (1&2) datant de 1970, voix-guitare 12 cordes, mal enregistrée mais extrêmement poignante.
Tout comme la très différente version du même morceau par l’excellente Anne Watts.
Scott Walker est là aussi, normal, mais un peu suranné quand même.
Ce qui n’est pas le cas d’Alex Harvey, interprète en 1973 d’un sensationnel Next (Au suivant), grand moment de l'album, extraordinairement déjanté et magnifiquement orchestré. Génial !
Divine Comedy donne un excellent Jackie accordéon-guitare et la très jeune Emiliana Torrini (petite Björk) une très sensible version trip-hop d’If you go away (Ne me quitte pas) allégé de ses ridicules paroles françaises.
Marc Almond (ex-Soft Cell) est magnifique dans sa Litanie, tout comme l’ex-Virgin Prunes Gavin Friday dans son Next électrique qui rebondit sur celui d’Alex Harvey .
On appréciera énormément la voix chaude de Paul Armfield pour une déclinaison folk irlandaise d’un morceau peu connu de Brel à la mélodie proche d’un Vesoul lent.
Et puis Terry Jacks qui fit un tube en 74 avec un Moribond parfaitement pop.
Sans oublier les deux grandes : Dionne Warwick - parfaite dans un If we only have love plein de brio, de voix et de corps - et Nina Simone - tout en sensibilité et en retenue, piano seul et voix susurrante.
Formidable réussite, cette compilation n’est pas un hommage à un chanteur belge; plutôt un hymne à l’universalité des bonnes chansons populaires et à l’infinité de leurs déclinaisons.
Barcly universal - 2009
The Rise & Fall of Ziggy Stardust
'The man who sold the world' (avril 71), 'Hunky Dory' (Décembre 71) et '...Ziggy Stardust' (juin 72) : trois albums d'anthologie en à peine plus d'un an ! Epoque bénie de création frénétique pour David Bowie, assisté dans son art par deux personnages essentiels : l'excellent producteur Tony Visconti et le formidable guitariste-arrangeur Mick Ronson.
Frénétique est d’ailleurs un faible mot , si on considère que sur la même période, Bowie offrira le magnifique tube All the young dudes au groupe Mott the Hoople (juillet 72), produira (avec Ronson) le mythique "doo-doo-doo-walk-on-the-wild-side" "Transformer" de Lou Reed (décembre 72), préparera son prochain chef d’œuvre ("Aladdin Sane" qui sortira en avril 73) en même temps qu'un album de reprises ("Pin-Ups" sorti en octobre 73), collaborera à une quantité de projets musicaux et même à une sorte de mascarade sous le nom d’Arnold Corn.
Mais revenons à notre histoire. Car c’est bien d’une histoire dont il s’agit. 'The rise and the fall…' est ce qu’on appelle un album concept : une suite de chansons qui se tiennent à peu près toutes autour d’un fil conducteur. Dans notre cas et littéralement, la montée et la redescente de Ziggy Poussièredétoile et de ses Araignées martiennes. Ziggy étant une rock star (tiens tiens) et les Araignées son groupe.
Mis à part ça, la signification précise des paroles des chansons échappe encore de nos jours à l’ensemble des analystes. David Bowie écrit sous forme d’images, d’impressions, de sensations ; des bouts de phrases qui valent plus pour leur son et leur couleur que pour leur sens précis. On pourra qualifier l’ensemble de tragédie rock sur fond d’apocalypse (thème récurrent chez Bowie. Five years : c’était selon lui le temps qu’il nous restait à vivre à l’époque. La date fatidique sera ensuite repoussée à 1984 dans l’album "Diamond Dogs", puis il abandonnera ses macabres prédictions, sûrement par crainte d’un ridicule troisième échec).
Par ailleurs, la notion de concept déborde même sur tout un univers où Bowie se confond avec Ziggy, personnage androgyne, complètement fabriqué, des cheveux orange aux platform shoes, du maquillage outrancier aux vêtements à paillettes : caricature du star system, de la rock star bouffée par son public (le tragique destin de Vince Taylor aurait servi de modèle), nourri de Marc Bolan et d’Alice Cooper, notre drôle de Zig’ s’installe par la force sur le trône très convoité de roi du glam rock. Comble du tragique : David Bowie tombera lui-même dans le piège qu’il avait décrit, sur scène et dans la vie, au point de devoir saborder (sur scène, à Londres, le 3 juillet 73) son personnage et son groupe pour en sortir.
Ce groupe, emmené par Mick Ronson, qui atteint la perfection : un son qui claque nerveusement, rapide, riche ; le fabuleux jeu de basse de Trevor Bolder, la précision de la batterie, tout en cymbales, de Woody Woodmansey rehaussés d'envolées orchestrales et de saxophone free (avec Bowie lui-même à l'anche) imposent un rythme et une ambiance à couper le souffle. Et c’est presque avec soulagement, comme à la fin d’un tour de grand huit, qu’on pleure sur la poignante issue fatale du héros déchu, abandonné de tous, qui se rock’n’roll suicide devant nos yeux ébahis.
Systématiquement catalogué comme l’un des plus grands albums de tous les temps, Ziggy Stardust... est sûrement, en tout cas et qu’on le veuille ou non, l’œuvre maîtresse qui a happé la majorité des fans de David Bowie avant de les canaliser vers la multitude d’autres sources de bonheur qui irradient la majorité de son œuvre.
Si vous en êtes toujours vierge, il est encore temps de prendre un ticket...quarante ans pile plus (mais jamais trop) tard...
EMI - 1972
The Magic Whip
Retour en fanfare (bidouillée) du groupe de Damon Albarn! Magique effectivement!
Il s'en est passé des choses depuis la première fin de Blur en 2003. Damon Albarn a muté en chanteur multimédia avec son groupe virtuel Gorillaz, petite révolution sonore et visuelle. Il a aussi participé à d'autres projets plus ou moins surprenants avant un premier vrai disque son nom, l'année dernière, qui a connu un beau succès.
Graham Coxon lui a continué a assumé ses choix sur des disques bien électriques. Le bassiste produit du fromage et le batteur se lance dans la politique. Blur rentrait dans la légende de la Britpop. Les membres se sont faits quelques concerts pour entretenir le mythe. Réunis en 2014 à Hong Kong pour un concert en Asie, finalement annulé, les quatre musiciens rentrent en studio et réalisent en quelques jours un nouvel album.
Après toutes ses années, les retrouvailles furent donc fructueuses. Car The Magic Whip est une clinquante réussite. Le savant cocktail entre les joyeux drilles de Parklife et les quadras un peu angoissés d'aujourd'hui. Le rythme n'est plus aussi sautillant mais il y a des idées toujours aussi pertinentes. Les Londoniens manient la musique avec un second degré rare et font un disque vraiment urbain, où se superposent des sons et des instruments sans finir en bouillie. L'expérience Gorillaz est passée par là.
Ce n'est pas de l'electro pour autant ou un mutant de la Britpop. Blur ne se renie jamais. Cela ressemble à ce que faisait le groupe à partir de 1999 et l'album 13: le groupe casse les conventions sans sonner la révolte. Tout se fait en douceur, avec une intelligence d'écriture qui a toujours fait la différence!
Stephen Street, le producteur des grands titres de Blur, fait lui aussi son retour. Ce sont de grandes retrouvailles. On assiste à un habile mélange entre les expérimentations, les bidouillages et les lignes classiques de la pop. Il y a quelque chose d'apaisé et de serein dans ce huitième album.
De l'ancienne colonie anglaise, le quatuor a retrouvé une certaine ardeur pour chroniquer nos quotidiens. La loufoquerie a disparu mais il y a cette faculté importante à comprendre notre temps et le mordre avec jouissance, à travers des chansons ici hybrides mais passionnantes d'un bout à l'autre.
Il y a des retours programmés et financiers. Ce n'est pas le cas de ce disque qui pourrait relever de la magie, tellement Blur semble ressusciter!
Parlophone - 2015
Caprice
Clément rencontre Alicia. L'amateur de théâtre ose inviter la grande comédienne pour un dîner. L'instituteur et l'actrice tombent amoureux. La vie est belle. Pourtant il y a dans la vie de Clément, la sautillante Caprice, étrange objet de désir...
Pour ceux qui ne connaissent pas Emmanuel Mouret, il pourrait être présenté comme le gardien des vieilles traditions. Il s'est spécialisé dans le recyclage parisien des stéréotypes d'un autre temps, convoquant en même temps le style particulier d'Eric Rhomer et le ton vaudevillesque des comédies légères des années 50 ou 60.
Les artifices sont totalement assumés. C'est très littéraire. Ca peut être agaçant, rétrograde ou réac. On peut voir cela comme un hommage au cinéma de papa, à la fausse inconséquence du cinéma. Mouret a le grand mérite d'avoir une marque de fabrique et il ne laisse pas indifférent.
Dans son style, Mouret soigne très souvent son casting. Il a pris la bonne habitude d'enfermer dans des petits appartements de la capitale des grands comédiens et des lumineuses comédiennes ravies de badiner avec l'amour et dialoguer avec une chaste trivialité sur les sentiments.
Pour Caprice, après le drame raté Une Autre Vie, Mouret profite des qualités comiques de Virginie Efira et Anaïs Demoustier. Leur grâce nous berce et leurs erreurs font rire. Drôles et touchantes, elles tirent le film vers le haut tout comme Laurent Stocker, une fois de plus, parfait.
Ce sont eux qui nous font apprécier les manières old school de l'acteur-cinéaste. On regrettera tout de même un rythme qui baisse au fur et à mesure des rebondissements amoureux plus ou moins grotesques et téléphonés. Mais cette passion pour les énormités de mise en scène, les effets abandonnés depuis des lustres, le ton qui lorgne entre la nouvelle vague et Woody Allen, peut amuser.
Cela fait longtemps que Mouret use et abuse de cette pratique mais il arrive ainsi à se faire une place dans le paysage bien médiocre de la comédie française. Et son charme discret parisien et prétentieux apparaît dans Caprice comme une qualité plutôt qu'un vilain défaut!
Avec Virginie Efira, Anaïs Demoustier, Emmanuel Mouret et Laurent Stocker - Pyramide - 22 avril 2015 - 1h40
Diamond Dogs
CAVE CANEM : La fin du monde n’est toujours pas là et tant mieux ! On va pouvoir continuer à l’imaginer en écoutant cette histoire hallucinante de chiens aux diamants, dont les multiples facettes brillent aujourd’hui encore des mille feux du génie de Bowie. Expo oblige, retro courte et efficace!
1974 : Bowie persiste à programmer la fin du monde (il l’annonçait déjà pour « dans 5 ans » en ouverture de Ziggy Stardust… en 1972) et en repousse l’échéance à 1984. Trente ans plus tard, bien qu’ayant frôlé à plusieurs reprises la catastrophe, le monde est toujours en (sur)vie…et Bowie – qui a abandonné son plumage de prédicteur de mauvaise augure- aussi.
Riche, inventif, personnel et transitoire, Diamond Dogs – avec ses qualités, ses défauts et ses trente ans d’âge - fascine et allume encore comme un vieux whisky, en commençant par cette pochette (œuvre du belge Guy Pellaert), effrayante, avec un Halloween-Jack-Bowie mi-homme mi-chien (finalement asexué pour cause d’attributs trop proéminents au goût d’une censure castratrice ) dans un univers apocalyptique de gratte-ciels en ruines.
Halloween Jack, rare survivant de l’ère post-atomique, celle des Diamond dogs, mutants qui font main basse sur la ville dévastée, sol jonché de cadavres, de rats pourris, d’insectes monstrueux… « This ain’t rock’n’roll – This is genocide ». Ceci pour vous donner une petite idée du contexte de l’histoire, inspirée à la fois de William Burroughs (The wild boys), Harlan Ellison (A boy and his dog) et naturellement du 1984 de George Orwell.
Ayant viré au préalable et sans ménagement l’ensemble de son groupe (les fameux Spiders Ronson, Bolder et Woodmansey), Bowie prend ici en main la composition, la production, les arrangements, les guitares et même le saxophone (son instrument d’origine). Musicalement, contrairement à ce qu’on a pu en dire, on trouve beaucoup d’idées remarquablement modernes, d’expériences dans les sons et les enchaînements ; Bowie alterne les passages déstructurés et les tubes imparables. Exemples : la fin de Sweet things (reprise), complètement destroy sur son tempo de locomotive (un avant goût de Station to Station ?) qui aboutit au riff mythique de Rebel Rebel (joué par Bowie lui-même, les doigts en sang) ou le symphonique Big Brother qui donne naissance à la très hachée ronde de la famille squelettique qui clôt le débat. Rock’n’roll with me, c’est la facette crooneuse . 1984, c’est la facette soul . We are the dead, sorte de slow sensuel et stressant brille lui aussi, sur son lit d’orgue électrique, feutré et irréel. Ambiance pesante et fascinante, accentuée encore par un son volontairement métallique et froid, mais aussi par la nouvelle utilisation que fait David Bowie de sa voix dont il commence avec bonheur à utiliser les tessitures graves.
Bref, tout pour déstabiliser les rock critics de l’époque, qui réservèrent injustement un accueil mitigé à cet album, pourtant tellement emblématique de ce qu’est David Bowie : un être en permanente recherche de changement, d’expérience inédite et qui va au bout de ses voyages. Même les plus risqués.
EMI - 1974