What For?

What For? A quoi bon rendre hommage à la pop légère?

Allez savoir si ce jeune artiste de Caroline de Sud connaît les Ecossais de Teenage FanClub mais son premier titre est résolument et génialement pop, entre légèreté du refrain et ruptures de ton bienvenues. Buffalo, le single de ce nouvel album, lui se promène dans un pays plus funk mais qui possède lui aussi une espèce de dépouillement heureux, comme si le musicien cherchait le bonheur musical le plus simple possible...

La troisième chanson s'échappe dans d'autres contrées encore plus "chill out". Un style calme aidé par une guitare héroïque. The Flight pourrait être dans un disque de Carlos Santana. En tout cas on a bien pris son envol avec ce nouvel album de Toro y Moi.

Connu pour ses idées plutôt electro, il s'affirme comme un amateur de pop avec l'enjoué Empty Nesters, le psyché et court Ratcliff et le plus soul Lilly. Ce que l'on entend c'est un habile musicien qui se sert idéalement de toutes ses influences et de tous les instruments.

Les synthés ne sont pas envahissants et ca ne vire jamais à la démonstration de patchwork entre les genres. C'est un disque harmonieux, reposant et agréable. Le sourire sur la pochette est bienveillant. Ce disque veut nous faire du bien.

Le rétro Spell it Out est un pur délice. Chaz Bundick se cache derrière le nom étrange et généreux de Toro y Moi, ce sont les qualités de Half Dome qui donne de beaux reflets à la pop indé et le rock défraîchi. Run Baby Run pourrait être son hommage aux Beatles et tout une partie de la britpop.

Il respecte les traditions du bon disque de pop avec une dernière chanson un peu plus longue, au tempo bien détendu. Yeah Right est un dernier petit plaisir pour la route. A quoi sert ce disque? A rien si ce n'est se faire du bien! Idéal quand on se fait engueuler par les mauvaises nouvelles sur tous les médias!

Carpark Records - 2015

Le Baron Fou

Voilà un personnage fascinant que s'est approprié le monde de la bande dessinée depuis des années.

Parler de la révolution russe de 1917 sans parler du Baron von Ungern-Sternberg est pratiquement impossible. Pourquoi ce personage permet-il encore à Rodolphe et Faure de nous sortir un merveilleux album d'aventures?

On trouve Ungern aux côtés de Corto Maltese. Quand celui-ci part pour la Sibérie et traverse les steppes dans des trains blindés. Ungern représente la fin de la Russie Blanche et l'utopie d'un homme qui à la tête de quelques cavaliers se voit poursuivre le destin de Gengis-Khan.

On ne peut qu'être fasciné par cet homme capable d'une violence extrême aussi bien que d'une grande délicatesse. Les références de Rodolphe sont les mêmes que celles de Pratt. Tous 2 sont partis du récit de Ossendowski "Bête, homme et Dieux". Comme Pratt, Rodolphe est capable de mélanger personnages historiques et personnages de fiction. Notre héroïne à la recherche de son époux disparu croisera Ossendowski.

Rodolphe fait de ce dernier un type un peu menteur, qui a certainement exageré son récit et sa rencontre avec Ungern. Peu importe, cela fonctionne pour avoir lu "Bête, homme et Dieux" adolescent j'en garde des images spéctaculaires et impressionnantes!

On retrouve dans cet album tout le talent de Michel Faure, qui sert à merveille le récit de Rodolphe. On y trouve tous les ingrédients d'une bonne BD d'aventure avec une trame historique solide.

Le récit est prévu en 2 tomes, c'est donc avec impatience que l'on attend la fin de ce récit même si celle-ci est déjà connue, ce qui est la force des grands conteurs

Glénat - deux tomes

Cake

Enfin le film de la consécration pour Jennifer Aniston, éternelle Rachel dans Friends et habituée des comédies.

Elle livre une performance dignes des plus grandes. Il est de notoriété publique qu'après 50 ans, une carrière d'actrice est dure à conserver. Grace à ce film, celle de Jennifer Aniston vient peut être de décoller et ce, dans un registre qui lui est complètement inconnu.

Alors espérons pour elle! Elle excelle en femme déchue. Elle s'est physiquement impliquée dans le projet et s'est métamorphosée. Elle joue une femme qui tente de s'en sortir petit à petit après avoir vécu le pire, qui a réfléchi à toutes les solutions pour mettre fin à ses souffrances.

Malgré les apparences du film glauque et lourd, Cake bénéficie d'un casting atypique. De Friends à Desperate Housewives, il est très télévisuel mais convaincant. En contrepoint du sujet grave, il y a aussi une très belle photographie aux couleurs pastels.

Ce que l'on retient, c'est le superbe scénario: une écriture tout en finesse et poésie, sur la perte, la solitude et la renaissance. Cake ressemble à un film juste, tendre et touchant qui nous raconte une histoire comme avant de s'endormir. La tranche de vie contée dans Cake ne manque pas d'humour malgré tout et se révèle contre toute attente léger et frais comme un glaçage de cupcake!

Avis aux amateurs!

Avec Jennifer Aniston, Anna Kendrick, Felicity Huffman et Chris Messina - Warner Bros - 8 avril 2015 - 1h42

Poison City

Après la série d'articles de Pierre sur le manga 20Th century boys, je vous propose....un autre manga! POISON CITY.

Si Poison City a bénéficié d'une grosse mise en avant, la publicité faite autour de celui-ci est tout a fait justifiée, c'est du très haut de gamme! Ce manga a de nombreux atouts pour un public adulte, pour un public européen et pour un public qui ne lit pas ou peu de manga.

D'abord l'éditeur annonce la couleur: Il n'y aura que 2 tomes quasi impensable pour un manga qui plus est,le premier tome ne fait "que" 230 pages. Ensuite, il s'agit d'une mise en abîme fort subtile avec un manga dans le manga. Le scénario démontre une certaine compléxité et une thématique inhabituelle: la censure dans les mangas.

La mise en abîme se fait autour d'un jeune et prometteur auteur de manga qui vient présenter un projet à un éditeur. 2 jeunes gens sont au milieu des zombies dans le Japon contemporain. On est assez proche de la trame de "Walking Dead". L'éditeur parait enthousiaste, lui donne quelques conseils et signe un contrat.

Nous sommes en 2019 et Tokyo sera l'organisateur des Jeux olympiques l'année suivante. Le contexte n'est pas neutre, car le Japon veut donner la meilleure image de lui-même. Alors à chaque rendez-vous, Mikio Hibino, le jeune auteur se voit conseiller de réduire les scènes de violence, de modifier certaines cases et d'arranger son récit. Son espace de créativité se réduit au fur et à mesure de l'avancée du récit.

Tetsuya Tsutsui est l'auteur de Poison City. Il était aussi celui de Prophecy et Manhole (mangasque doivent connaitre les aficionados...Personnellement, je suis passé à côté...) Tsutsui s'est rendu compte que certaines pages de ses mangas avaient été considérées comme "nocives", classant son ouvrage dans les mangas adultes à faible diffusion.

Il est aujourd'hui en procès avec plusieurs comités de censure pour faire valoir ses droits (il n'a jamais été informé de cette censure) et se bat sur les contradictions de ces commissions qui a priori ne lisent même pas les ouvrages.

Poison City est une façon de raconter son histoire et celle d'autres auteurs dans un Japon aux multiples contradictions. Si le thème n'est pas simple, le récit est vivant, soigné et plaisant. Un vrai bon manga.

Mr Wonderful

Kendrick Lamar sonde l'âme noire américaine avec son tout nouvel album si parfait! Action Bronson réalise aussi un disque rap imposant, lui le petit blanc new yorkais, cuisinier devenu rapppeur east coast!

En quelques semaines, deux disques nous rappellent que le rap peut être un genre stimulant et intelligent. Loin des éloges de la société de consommation. Kendrick Lamar vient de sortir un disque incroyable entre introspection jazzy et rap hargneux. Le son californien a été volé aux gros vendeurs de disque et c'est franchement une bonne chose. Une vraie réconciliation.

De l'autre coté des Etats Unis, le rap new-yorkais continue de se nourrir de ses entrailles underground. C'est un son plus exigeant et le style est résolument plus baroque. C'est ce qu'on aime tout de suite chez le truculent Action Bronson.

Il en impose pas mal. Il a déjà un physique massif, tatoué, barbu et tout en rondeur typiquement américaine. Juif New-yorkais, d'origine albanaise, on sait ce que ca peut donner: les Beastie Boys. Très vite, on entend chez lui un mélange de genres qui ne fait pas la joie des producteurs mais celle des mélomanes. Ses boucles et ses beats ne sont pas celles des codes commerciaux, des radios qui veulent vendre de la publicité et des rappeurs qui veulent une grosse voiture et des chaines qui brillent.

Action Bronson signe pourtant avec Warner. Il le laisse tranquille et le rappeur peut continuer d'explorer son rap bigarré, enthousiaste et plus urbain que la plupart des rappeurs que l'on entend. On apprécie particulièrement ses samples inspirés par des morceaux peu utilisés et extrêmement judicieux: Sa version d'Easy Rider est un tube imparable et envoûtant.

Sur la voie royale, il ne se trahit pas. Après des années dans la contre culture, Action Bronson a l'air solide sur ses bases, entre constats amers sur la vie en générale et sa vie personnelle (la très sympathique chanson Baby Blue, alternative rap de Randy Newman). Entre efficacité massive et emprunts spectaculaires. Entre hits accessibles et délires typiquement new-yorkais.

Comme Lamar, Action Bronson, le cuisinier devenu rappeur, nous immerge dans tout un univers codifié par des racines musicales passionnantes et des flows énervés. Il parvient lui aussi à une sorte d'équilibre entre poses obligatoires liés au genre et vraie réflexion musicale. Laissez vous tenter par ce copieux menu!

Vice records - 2015

Le cercle des utopistes anonymes, Grand Parquet

2_Utopistes Anonymes  (HD) � Thierry Laporte

Un Cabaret mêlant chansons, poésies et conversations sincères, comme autour d'un feu de camp, sur le seul sujet qui vaille (peut-être) encore la peine: l'espoir d'un monde meilleur.

Et si on réinventait TOUT, par quoi faudrait-il commencer? Le langage? L'amour? Le lien social? La place de l'homme sur la Terre? Le rapport entre les genres? Entre les espèces?

Entre les chansons de Serge Rezvani ("Le tourbillon de la vie", de Jules et Jim, c'est lui) et les discours pataphysiciens d'Alfred Jarry (Ubu Roi, c'est lui), il y a : Eugène Durif. Eugène Durif et ses comparses (la comédienne Stéphanie Marc et le musicien/comédien Pierre-Jules Billon) nous invitent à rejoindre une société secrète, joyeuse, agitée de débats, qui apprécie le comique de répétition et les bons mots.

Ainsi, le Théâtre du Grand Parquet confirme la cohérence d'une programmation exigeante et irrévérencieuse, répondant à la très sérieuse vocation de faire rêver et réfléchir...

Le texte d'Eugène Durif (auteur entre autres de "Tonkin-Alger", "Les Petites heures", "Kiss-Kiss", aujourd'hui co-interprète de son propre texte), s'intéresse avant tout à la réinvention du langage et de l'amour. Érudit et poète, il partage avec nous ses lectures les plus éclairantes sur ce thème: légendes médiévales, extraits de Marx, Fourier, tentatives historiques (hussites, adamites, mai 68...) mais aussi des citations de Hölderlin et Maïakovski.

Le trio burlesque formé par l'auteur, la comédienne et le musicien, recrée et fait vibrer toute la palette d'émotions qui accompagne ces discussions animées: méfiance à l'égard des hommes, fol espoir d'un renouveau total, désillusion sévère de ceux qui choisissent de s'enterrer la tête dans le trou... Eugène, acteur touchant et humble, partage avec nous jusqu'à ses doutes les plus sincères d'auteur: "Je voudrais parfois savoir parler du bonheur que j'ai de vivre, sans avoir l'air d'un con ou d'un ravi de la crèche. Dès que j'essaie, les mots me manquent."

Dans "Le cercle des utopistes anonymes", Eugène, le doux rêveur, Stéphanie, l'éternelle amoureuse, et Pierre, le désabusé, sous la direction du chef de troupe Jean-Louis Hourdin (cofondateur du GRAT, des Fédérés, par ailleurs enseignant au TNS...) nous invitent à entrer dans ce cercle, cette société secrète (ou inavouée) d'utopistes.

Poètes subversifs, altermondialistes ou sceptiques: rejoignez-les !

du 9 avril au 3 mai 2015,
Théâtre du Grand Parquet, Jardins d’Éole, 35 rue d'Aubervilliers, 75018 Paris (métro Stalingrad ou Max Dormoy),
Du jeudi au dimanche: jeudi vendredi et samedi à 20h, le dimanche à 15h,
Réservations au 01 40 05 01 50,
Tarifs: de 3 à 18€.

 

Enfant 44

Des têtes d'enterrement et des "r" roulés, voilà le programme d'Enfant 44, adaptation d'un roman beaucoup moins grotesque sur le papier!

Dans la famille ratage, je voudrais le lointain cousin russe! Réalisé par un tâcheron sans envergure, produit par Ridley Scott mais écrit par l'écrivain Richard Price, Enfant 44 aurait pu être un curieux polar mais il n'est qu'un ratage bordélique et d'une lenteur aussi imposante qu'un défilé en Corée du Nord.

Il y a donc quelque chose de pourri au royaume des Soviétiques. 10 ans après la Seconde Guerre Mondiale, tout le monde espionne tout le monde. La police arrête de manière arbitraire ceux qui éternuent dans la rue ou prononce le mot "capitalisme". Staline et sa dictature sèment la terreur. Un super flic au service de l'état découvre un concept nouveau: le serial killer.

Il en fait part à ses supérieurs qui lui expliquent que le meurtre est une invention capitaliste donc ça ne peut pas exister. Le meurtre n'existe pas au Paradis. Chaque protagoniste va le dire au moins une fois. Donc il a tort. S'il persiste, ses amis deviendront ses ennemis. Le super flic persévère dans sa théorie et c'est le début d'emmmerdes Kolossaux!

Comme on est chez les cocos, tout se passe dans la crasse, la poussière, le charbon et tous les autres clichés du genre. L'illustration de l'univers stalinien est une immense caricature qui ne fonctionne plus. Les Russes ne connaissent pas les couleurs, ni les sourires, ni le beau temps. Les cocos ont des tronches patibulaires, sont des traîtres et rigolent quand ils se brûlent. Le peuple n'est qu'un putching ball pour une police qui a la main lourde.

Le réalisateur Daniel Espinosa tente le "Seven" de l'Armée rouge mais fait dans la pellicule binaire, grise et sans réelle intention. C'est assez mal filmé. Le scénario patouille dans la gadoue. Les comédiens font le concours de celui qui va être le moins expressif. Tom Hardy joue bien le fin limier juste avec ses oreilles. Noomi Rapace base son succès sur ses pommettes. Vincent Cassel passe pour montrer qu'il est capable d'avoir des cernes profondes. Gary Oldman n'a rien compris: il est bon! Même avec l'accent qui force sur les "r"!

C'est un carnage mais pas celui que l'on pensait voir. Car le bouquin était efficace. Ici on décroche rapidement pour finir dans une usine d'ennui, peu intéressante, sans grande cohérence et souvent tartignollesque. Au goulag!

Avec Tom Hardy, Gary Oldman,Noomi Rapace et Fares Fares - SND - 15 avril 2015 - 2h15

To Pimp a butterfly

Petit jeune  surdoué du rap US, Kendrick Lamar confirme qu'il a tout d'un grand et qu'il peut éviter les écueils si contrariants du "jeune qui n'en veut".

Il n'a pas de surnom. Il vient du rap West Coast mais possède un style bien à lui. Kendrick Lamar se livre sans fard et avec une conviction certaine pour le rap et la musique en général. Bien entendu, il a un goût certain pour la mégalomanie et se considère comme le meilleur de sa génération. Il se compare aux plus grands vendeurs du rap comme Eminem ou Jay Z.

Quand on se la pète, il faut assurer ses arrières. Son troisième album est donc une jolie pépite de rap comme on n'en trouve trop rarement. Il pousse l'arrogance à sortir son disque quelques semaines avant sa sortie. To Pimp a Butterfly a bien un éclat particulier, rutilant et produit par tout ce qu'il se fait de mieux. On y croise encore une fois, l'inamovible Pharell Williams. Il a aussi son lot d'invités prestigieux comme Bilal, George Clinton ou Snopp Dogg. Mais on dépasse la performance: Kendrick Lamar dit souvent faire de la poésie urbaine et cela se confirme ici. Les nuances et les ruptures de ton sont nombreuses.

Tout semble réfléchi et on est loin du défouloir machiste, social ou tout simplement régressif. Musicalement, Lamar bouillonne dans un échange permanent entre les musiques noirs américaines. On restera scotcher par le jazz agressif de For Free et les instruments qui s'incrustent dans pas mal de morceaux pour montrer que l'on n'est pas uniquement dans la compétition de gonflettes et de vulgarités!

Le hip-hop de Kendrick Lamar fuit la facilité et les effets bling bling. Il observe avec une intelligence formelle son petit monde. C'est un grand huit urbain, passionnant et qui ne laisse jamais l'auditeur sur le coté. On est embarqué dans cette foule que l'on voit sur la pochette de l'album. Constats et pamphlets sont au programme mais la violence est contenue: tout devient une énergie plutôt plaisante lorsqu'elle traverse nos oreilles. On est très loin des stéréotypes. Il y a de fortes chances que ce disque reste un album important du genre. De tous les points de vue, ce disque est culotté et tout pour surprendre!

Une belle expérience de rap!

Interscope - 2015

« Anthologie d’une conférence de presse foot »

foot

Pardon pardon pour l’absence, je vous ai vu de là hurler au loup sur mon silence mais d’autres préoccupations photographico-repos-twitto-instagramo plus une bonne louche de vraie vie hors du numérique m’ont accaparé plus que je ne le pensais.

Me voilà donc revigoré, cessez donc vos impatiences aux piaillements mi-tigre mi-goret et je m’en vais vous narrer sublimement bien avant août, l’anthologie d’une conf de presse foot (sinon j’avais yaourt, out et knok-le-zout pour la rime mais pour le coup ça faisait vraiment rime aux chausse-pieds, sans crampons).

Alors voilà, j’avoue, je le confesse (j’aime ce verbe qui sent la sueur des 69 des nuits d’été) mon côté beauf bière canap s’accapare de moi une fois le dimanche venu, une fois le ventre repus, une fois le rosé du 18h ingugertu (je fais ce que je veux sur les verbes pour la rime, vous êtes pas contents vous écrivez votre chronique).

Il n’est pas rare, non, que dans un élan de fainéantise exacerbé (l’élan, pas la fénéantise, donc exacerbé ne prend pas de E), je m’affale dans le cuir moelleux voire en poussant un peu dans les bras de Morphée (une bonne amie). Et, par réflexe, et pour éviter de ronfler, j’enchaine frénétiquement un zapping ballon-rond ballon-ovale ballon-de-rosé, les 2 deux premiers entrainant le 3ème et inversement.

Oui, je m’abreuve m’asperge m’imbibe du combo canal+/canal+ sport/infosport/l’équipe TV pour enlever mon cerveau de dégénéré, et là, ultime bonheur, tomber sur une conférence de presse post-match. A l’instar des chaines infos, les chaines infos mais de sport(s), aiment à breaking-newser comme des sauvages. Schéma type, le débat est en cours sur le match qui vient de se terminer, débat qui se joue en 1-2-1-1500000 (1 présentateur, 2 mecs qui lancent les résultats et 1 consultant barbu jeune retraité du monde du ballon, rond ou ovale ou qui plonge doucement dans le rosé et 150 000 mecs qui regardent le truc dans leur canap comme moi), on donne des tops et des flops, tout le monde s’en fout mais ça passe le temps, on crache à la tronche de l’arbitre tout en discrétion et subtilité (phrase type : Monsieur Turpin a tué le match d’entrée quand il a expulsé le bastiais alors que y’avait pas carton), puis soudain, alerte Amber, cri d’alarme, bandeau déroulant, je suis charlie, toi lulu, c’est le Hit MachinEEEEEE, on interrompt le direct pour laisser la place à l’entraineur de l’équipe gagnante ou perdante ou nullante (en cas de match nul, cela parait évident à écrire mais je suis quand même le 1er à le faire dans l’histoire de la chronique de foot) qui se pointe en conférence de presse.

A ce moment précis, 3 cas, à retenir si vous veniez à prendre un poste de manager en milieu footballistique, sait-on jamais ça peut servir :

  1. Le mec est « équipe gagnante » : auquel cas il convient de minimiser la victoire car le plus important c’est le jeu, et là, y’a pas à dire, les « garçons » (oui y’a un côté paternel gentil) ont été à la hauteur de l’événement (même pour un Lorient-Reims, le mec parle d’événement, la loi de la relativité dans le monde du ballon n’existe pas) ; il convient également de saluer l’arbitrage, exemplaire, comprenez donc en la faveur de l’équipe du gars ; et important, le plus important, se projeter, parler d’une étape, juste une, que le chemin vers le titre est encore long, et ou le maintien, et ou l’europe, en fin bref, si t’es 18ème tu parles maintien si t’es mieux tu parles europe ou titre, pas compliqué merde !!!
  2. Le mec est « équipe nullante » : Bon bah là t’arrives tu fais la gueule, pas juste pour le plaisir de faire la gueule, d’ailleurs 9 entraineurs sur 10 font la gueule, chez les joueurs c’est 12 sur 10, donc bon t’es chef donc tu fais la gueule, toi t’as une raison, le joueur lui, même après un but, c’est la gueule, même après le virement de son salaire de 300 000 euros, c’est la gueule, même après une turlutte d’une escort girl à 1500€ la ½ heure c’est la gueule, pourtant ça fait chère la gougoutte de jus de kekette sur le string, bah oui mais la gueule quand même. Bon, t’expliques que ce match vous auriez du le gagner, mais que t’as vu des belles choses sur le terrain (t’es bien le seul connard !!! Lorient-Reims merde !!!) et tu expliques le pourquoi du comment vous avez manqué de « réalisme dans la finition mais que vous avez solide à l’arrière, c’est important », phrase toute faite, c’est cadeau, vas-y t’es presque prêt à prendre un club !
  3. Le mec est « équipe perdante » : Alors plusieurs modes : chien battu, triste, c’est la fin, ça pue, encore une semaine et t’es viré ; rebelle, les « gars ont tout donné mais à cause de cet enc**** de monsieur xxxxx, qui a donné penalty d’entrée de jeu et qui en plus t’as éjecté le dernier défenseur alors qu’il était pas dernier défenseur, même pas vrai d’abord, et l’autre qui s’est fait fauché il a simulé, comme la dernière escort girl avec qui t’étais, tout pareil le string en moins » ; enfin, dépité-résigné-hagard, c’est moche, c’est triste, l’autre équipe a mérité, de toute façon « pour gagner faut être 11 et pour un beau match faut être 22, bon bah là c’est comme si on était 3 », bon bref tu sais même plus compter, c’est le bordel dans ta tête, tu prends ton téléphone, t’appelles l’escort girl et hop une turlutte à 1500 boules !

Voilà, fin de la conférence de presse, t’as rien appris, t’es pas moins con, pas plus non plus, tu zappes, tu tombes sur Drucker, t’éteints et tu vas reprendre un coup de rosé bien frais et pis tu dors. La belle vie !

J’vous embrasse,

No Pier Pressure

Brian Wilson sort un nouvel album. Une fois de plus  le génie fou des Beach Boys tangue sur son large spectre musical entre pop lumineuse et FM franchement pas terrible. Nous, on continue à être indulgent !

Il a tout vu le leader des Beach Boys. Il a connu la gloire avec ses frères. Il est tombé dans une grave dépression. Il est ressuscité des morts avec quelques albums impressionnants et un recyclage habile de ses influences  et de ses succès.

Que peut on donc encore attendre de ce génie troublé qui a secoué la musique dans les années 60 ? Après un hommage à Gershwin, on lui avait confié quelques chansons de Disney. Papy s'amusait bien et semblait ne plus être très offensif. Au lieu de fêter le cinquantième anniversaire du groupe, il se lance dans un tout nouvel album.

Il n'a peut être plus le goût aussi sûr lorsqu'on entend le début de ce No Pier Pressure qui de toute façon ne fera pas date dans sa carrière. Le tout premier titre est un régal, habile mélange d'harmonies vocales et de plages musicales finement écrites. Une minute vingt de bonheur gâché par un second morceau massacré par une boite à rythme d'un autre monde. Hallucinant.

La suite est un peu mieux. Mais rien de renversant. On appréciera la rencontre complètement logique entre She & Him et l'auteur de Goods Vibrations. Ils partagent un son vintage et lounge du plus bel effet. On s'amusera aussi de Half Moon Bay, instrumental tiré d'un polar des années 70 80 assez croquignolesque.

Mais il y a de sacrées rechutes. Des trucs indignes qui rappellent au mieux Glen Medeiros ou les 3T. Si au niveau des vocalises, Brian Wilson semble gérer une petite bande de chanteurs ravis d'être invités à ses cotés; musicalement, les épreuves du passé ont marqué son bon sens commun. On assiste sur une chanson sur deux environ, à un petit massacre d'une bonne idée, une jolie mélodie ou un refrain efficace. C'est un peu triste.

Quelques éclats sauvent l'ensemble mais pour mieux se souvenir de ce génie véritable, jetez une oreille à son Orange Crate Art, petit chef d'oeuvre pop, californien et entêtant!

Capitol - 2015

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