Mommy
Déjà cinq films alors qu'il n'a que 26 ans, Xavier Dolan réussit un coup de maître avec Mommy.
Le réalisateur nous raconte l'histoire de Diane, une jeune veuve qui hérite de la garde de Steve, son fils de 15 ans hyperactif et violent. Les médecins la prévienne: garder un fils jugé «opposant-provocant» n'est pas facile. Diane va alors tout faire pour élever son fils. Elle sera aidé par Kyla, la voisine d'en face, une prof bègue et dépressive en congé sabbatique. Le trio va se serrer les coudes tout le long du film pour s'en sortir.
Quel film! Xavier Dolan film à la perfection les relations mère-fils. Les images sont magnifiques avec un style vintage apporté par la spécificité du cadre utilisé par réalisateur. Le trio d'acteurs est exceptionnel, on retrouve Anne Dorval et Suzanne Clément déjà présentent dans d'autres films de Dolan.
Célèbres au Canada elles sont parties pour conquérir d'autres territoires du cinéma international. Le jeune prodige Antoine-Olivier Pilon est lui aussi présent, peu connu, il a notamment fait partie du clip choc d'Indochine «College Boy» réalisé par... Xavier Dolan!
Ce trio d'acteurs interprète à merveille leurs rôles. Chacun apporte sa personnalité pour le plaisir du spectateur. Ce film nous fait passer par toutes les émotions possibles, que ça soit la joie ou la tristesse.
Coup de chapeau pour Xavier Dolan qui signe un magnifique film. Le jeune réalisateur modernise le septième art et apporte son propre style. On attend impatiemment son prochain film!
Avec Viviane Pascal, Antoine Olivier Pilon, Anne Dorval et Suzanne Clément - TF1 Video
Blasted, Sarah Kane, Karim Bel Kacem, Nanterre Amandiers
Pour oser monter Blasted, la pièce de Sarah Kane, il faut un certain culot. Héritière du théâtre d'Edward Bond, Sarah Kane est une jeune auteur anglaise, suicidée en 1999 à l'âge de 28 ans lors d'un séjour en HP. Son théâtre est d'une lucidité tout à fait effrayante: on y questionne les limites de l'humanité. Que devient-on quand l'Etat s'écroule, la police, l'armée, les conventions sociales, quand disparaissent le respect mutuel, la politesse et toutes les petites attentions de chacun envers autrui ? En temps de guerre, on le sait, l'homme devient un simple moyen pour l'homme d'arriver à ses fins. S'il n'y a sans doute pas de limite à la cruauté, y a-t-il une limite à l'humanité? Au-delà ou en-deçà de l'humanité, qu'y a-t-il? L'animal? La folie?
De ces deux êtres qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel après une longue séparation, on devine qui a déjà basculé dans l'affrontement et la haine, et qui s'abstiendra de choisir un camp. Cette pièce est donc un huis-clos, qui commence comme une pièce sur le couple (sa cruauté inhérente), jusqu'à l'éclatement d'une guerre civile, et au surgissement d'un soldat affamé dans la chambre dont le toit et la porte ont été défoncés par une explosion.
Le metteur en scène Karim Bel Kacem, formé au jeu d'acteur, à la sculpture, à la performance, et par ailleurs artiste résident au Théâtre Saint Gervais de Genève, crée pour l'occasion une forme complètement originale qu'il appelle "pièce de chambre". A Nanterre, "Blasted" est accueilli dans l'atelier d'assemblage de décors du Théâtre des Amandiers. Le spectateur est donc accompagné dans un hangar, à l'intérieur duquel est installée une boîte en bois de la taille d'une grande chambre d'hôtel. La boîte est trouée de fenêtres en plexi sur ces quatre côtés: fenêtres de l'extérieur et miroirs de l'intérieur. Les spectateurs prennent place sur des bancs situés le long des quatre côtés, chacun devant sa fenêtre particulière, met un casque sur ses oreilles pour une expérience tout à fait personnelle et extraordinaire. Le casque retransmet en direct les échanges qui ont lieu à l'intérieur de la boîte, mais pas seulement: ambiance sonore, explosions, bruits de bottes, chants de supporters dans un stade de foot bondé, contenu de rêves ou souvenirs (la création sonore est signée Oriane Duclos).
A l'intérieur, les acteurs évoluent dans une boîte sans voir les spectateurs, jouant pour quatre côtés, ou plutôt semblant ne jouer que l'un pour l'autre, dans l'intimité. Les murmures, les paroles dites pour soi-même, nous sont aussi clairement audibles que les cris, grâce au son spatialisé et amplifié. Quand un personnage s'éclipse dans la salle de bain, on l'entend aussi sans le voir. La réception du spectateur s'en trouve tout autant bouleversée que le jeu de l'acteur. On voit parfois un visage en gros plan, parfois seulement son reflet dans un miroir, on observe l'acteur de dos, attentif à sa posture, la courbure de son dos, le mouvement de ses épaules, la crispation de ses doigts. On est en position de voyeur bien sûr, mais heureusement pour notre sensibilité et notre santé mentale, les scènes les plus cruelles sont quasiment hors-champ (viols, tortures...).
La dissociation entre ce qu'on voit et ce qu'on entend, ainsi que le travail sur le hors-champ, permettent de rapprocher la représentation au théâtre du travail cinématographique. En effet, chaque acte peut apparaître comme un long plan séquence.
"Blasted", de Sarah Kane et "Gulliver", d'après le récit de Jonathan Swift, sont les deux premières "pièces de chambre" de Karim Bel Kacem. La troisième sera "Mesure pour mesure" de Shakespeare. Ensuite, que deviendra ce dispositif? Une école pour acteurs de cinéma? Un outil pour chorégraphes ou performers? La carrière de Karim Bel Kacem ne fait que commencer.
Une expérience à découvrir jusqu'au 19 avril 2015
au Théâtre Nanterre-Amandiers
tous les jours à 20h30
le dimanche à 18h
relâche le lundi et le 14 avril
durée: 1h30
Le théâtre met à disposition une navette gratuite jusqu'à la gare RER Nanterre-Préfecture et/ou jusqu'à Charles-de-Gaulle Étoile à l'issue de chaque représentation.
Reason
Deuxième album et déjà l'album de la maturité... de la raison pardon! Selah Sue a décidément tout compris!
Une petite blondinette avec un regard perçant et une choucroute sur la tête. En 2011, Selah Sue impose une présence étonnante en chantant en acoustique des petites ritournelles très libres, entre folk et reggae. Plutôt séduisante, la flamande fait le tour du Monde (des beaux compliments de Prince dans les valises) et revient donc quatre ans plus tard avec un second album marqué par son expérience.
On n'est plus dans l'hymne de nos campagnes. Selah Sue a toujours ce regard bleu déroutant mais sa musique est devenue beaucoup plus sophistiqué. La production de ce second disque est dans l'air du temps avec un intrusion de l'electro et de la soul. Ce qui n'est pas pour déplaire. On peut encore emmener Selah Sue en vacances dans notre mp3: elle chante bien entre douceur et amertume avec des petits accents champêtres.
Elle conserve une vraie fraîcheur alors que la musique elle est plus travaillée, avec des samples efficaces, des choeurs soul et des échos à d'illustres chanteuses comme bien entendu Amy Winehouse. Mais on se souvient tout le temps qu'il s'agit de Selah Sue. Tout se réalise dans la continuité du précédent et premier essai.
Elle vise clairement le succès commercial mais ne se trahit pas trop. Ses chansons ne sont pas de hits pour publicité uniquement. Il y a du coeur et de l'âme. Le tout forme un ensemble cohérent, aux frontières d'influences diverses et variées. On n'oublie pas sa voix qui révèle l'ambition mais aussi une certaine pudeur car elle cherche pas à faire l'étalage de toute sa puissance. C'est un disque tout public, populaire dans le bon sens du terme.
Warner - 2015
Innocence, Dea Loher, Comédie française
Dans des costumes de Jean-Paul Gaultier, les comédiens du Français interprètent un texte allemand exigeant, matière à réflexion. A voir.
Suite à une noyade qui s’est déroulée sous leurs yeux, Fadoul et Elisio, deux jeunes amis sans papier, s’interrogent sur leur destinée. L’un essaye de se racheter, l’autre sombre dans la culpabilité. L’espoir renait au détour d’une rencontre. Fadoul croise la route d’Absolue, une jeune fille aveugle qui danse dans des bars. Elisio celle d’une mère fabulatrice, obsédée par un couple pleurant la mort d’un enfant. Leurs histoires s’entrecroisent.
Innocence parle d’espoir et d’illusions déçues. D’individu et de collectif, de solitude et de rencontre, des désabusés et d’absurdité. La force de la langue sert la profondeur des thèmes abordés. Reste à signaler une écriture parfois obscure qui s’apparente plus à un roman. La voix du narrateur déstabilise. De longs monologues philosophiques peu adaptés à la scène provoquent l’ennui. Ils sollicitent l’esprit critique des spectateurs dans la lignée des pièces de Bertolt Brecht.
La troupe de la Comédie française rend avec excellence la singularité des personnages. Bakary Sangaré impressionne tant dans l’éveil du sentiment amoureux que dans la colère face à une caissière. Danièle Lebrun est très juste dans le rôle d'une ancienne postière diabétique, comme son nom Frau Zucker, qui signifie sucre en allemand, la prédisposait. Entre imaginaire et réel, elle s’invente une vie de courage. « Ça aurait pu se passer comme cela » répète-elle sans cesse à sa fille.
Une vraie leçon d’innocence vient de la jeune aveugle jouée par Georgia Scalliet. Elle éclaire la scène par sa beauté et sa candeur. Dans un trench ou une robe à corset signé Jean-Paul Gaultier elle rend une forme d’hommage à tous ceux qu’on ne regarde pas ou mal. Elle donne beaucoup à voir sur le monde qui l’entoure. Déjà saluée dans La double inconstance de Marivaux, elle apporte toute la lumière et la touche légère à la pièce.
Dea Loher est la première auteure de langue allemande à entrer à la Comédie française de son vivant. Allez voir, vous comprendrez pourquoi.
jusqu'au 1er juillet 2015
à la Comédie-Française,
Salle Richelieu, en alternance
Sometimes I sit & think, Sometimes I just Sit
Courtney Bartnett pratique le rock avec simplicité et gourmandise. C'est notre petite chérie de mois d'avril! Coup de coeur!
Le mois dernier, on disait tout le bien que l'on pensait de Dick Diver, groupe underground Australien qui nous mettait la tête à l'envers. C'est encore en Australie que l'on trouve la révélation du mois, Courtney Bartnett, songwriter qui n'aime pas la fioriture et qui n'a rien à voir avec la tradition australienne du rock poilu, collant et cognant!
Basse, guitare, batterie. Sans effet particulier. Juste des instruments pour faire sortir l'énergie de cette chanteuse qui ne fait pas dans la performance. Comme le titre de son album, on pourrait l'imaginer désabusée mais en réalité, elle file la patate. Il y a une vraie personnalité qui ressort de sa collection de chansons!
Elle aime visiblement quand tout est un peu de dépouillé, débraillé et tout en vérité. Les 7 minutes de Small Poppies sont une merveille de blues déglingué au féminin. Un beau moment de rage rentrée qui rappellerait une autre Courtney, Love et princesse du grunge. Mais Bartnett se fait un nom avec cet album.
Il y a de la fantaisie dans ses textes. Une fausse candeur qui fait plaisir à entendre. C'est assez rare les touches d'humour dans le rock'n'roll. Elle se donne des airs de petite effrontée mais derrière les apparences, ses créations s'incrustent durablement dans la mémoire.
Cette façon de jouer de la musique est clairement revigorante. Antithèse de toute sophistication, ce disque aère la tête et les oreilles, sans faire de trou dans le ciboulot. C'est alternatif mais cela refuse de se la péter. C'est juste de la musique. Et ca fait un bien fou!
Mom+Pop Music- 2015
Cendrillon
Peut-on détester un film qui prône le courage et la bienveillance ?
C’est la nouvelle politique de Disney : adapter ses classiques de l’animation en film live avec acteurs réels et quelques images de synthèse pour les détails féériques. Depuis le très laid Alice au Pays des Merveilles, on avait le droit d’être sceptique.
Pour Cendrillon, Disney est allé chercher Kenneth Branagh, capable du pire (The Ryan Initiative) comme du meilleur (Beaucoup de bruit pour rien, Hamlet), adepte de l’emphase et des décors grandioses. On peut avoir peur car il peut se fourvoyer dans les excès les plus baroques. A force de voir Shakespeare dans chaque script, il voit des tragédies et des drames partout !
Dans Cendrillon, il y a donc trois parents qui décèdent durant le métrage. Le dessin animé était raffiné et joliment daté. Le film sera raisonnable et sentimental. Un parti pris finalement osé quand on connaît la tiédeur des grosses productions hollywoodiennes.
Branagh respecte le conte mais lui donne des accents anglais et dramaturgiques assez plaisants. On pensait vraiment assister à un naufrage : elle finit par nous toucher Cendrillon et sa solitude qui lui colle à la peau. Heureusement l’auteur de Peter’s Friends ne fait pas une psychanalyse.
Elle nous agace un peu cette Cendrillon avec sa candeur forcenée, sa blondeur idiote et ses dents toutes carrées ! Et on ne vous parle pas du prince charmant avec son sourire plein de dents carrés lui aussi. Une tête à claques.
Qu’est ce qui reste alors ? De chouettes seconds rôles avec bien entendu une Cate Blanchett qui fait une magnifique imitation de Greta Garbo ! On retrouve la musique passionnée de Patrick Doyle, complice du cinéaste depuis les débuts. Il y a aussi un premier degré totalement assumé. Il y a une infinie tendresse pour le spectateur et l’histoire. On devine le plaisir du cinéaste, qui ne fait jamais les choses à moitié.
Cendrillon s’attache tout le long du film à deux valeurs : le courage et la bienveillance. On dirait bien que Branagh a appliqué cette méthode pour ce film surprenant puisque agréable !
Avec Lily James, Cate Blanchett, Richard Madden et Helena Bonham Carter - Disney - 25 mars 2015 - 1h42
Still Alice
Un film bouleversant, sensible et touchant, traitant d'un sujet délicat, Alzheimer.
Julianne Moore interprète donc Alice qui se voit confronter de manière précoce à l'âge de cinquante ans. La particularité de son diagnostic est d'être porteuse héréditaire du gène et elle risque d'avoir transmise la maladie à ses enfants. Heureusement le film ne tombera pas dans le pathos ou l'exagération. Julianne Moore est simplement exceptionnelle et son Oscar, mérité.
Le niveau d'identification est incroyable. Cette Alice ressemble au delà du rôle à cette actrice facile. Il est aisé de se projeter dans cette maladie à long terme qui fait tous les jours des milliers de victimes.
Still Alice montre un combat essentiel: essayer de rester ce que nous sommes. Rester humble. Ne pas avoir honte. Essayer de conserver les souvenirs, coûte que coûte. Voici le combat de cette femme ordinaire et extraordinaire. C'est aussi le combat d'une mère qui voit sa vie basculer du jour au lendemain, qui se voit forcer de quitter son travail de linguiste, qui se perd dans son propre corps et son esprit.
Elle doit s'abandonner à son entourage, qui parfois lui semble inconnu et qui assiste, désarmée et impuissante à la déchéance croissante et inévitable. Au delà de la perte des mots et des douleurs, il reste l'amour, incontestablement le sentiment primaire, qui reste malgré tout.
Ajoutons à cela Kirsten Stewart, dont je ne taris pas d'éloge, et qui s'émancipe film après film tel un papillon. Elle a bien compris la force et l'importance du combat de Still Alice... Mon paquet de mouchoirs aussi.
AVIS AUX AMATEURS
Avec Julianne Moore, Alec Baldwin, Kate Bosworth et Kirsten Stewart - Sony - 18 mars 2015 - 1h35
Pichet Klunchun and myself, Jérôme Bel, Théâtre de la Commune
Conversation en mouvements entre une étoile de la danse de masque thaïlandaise traditionnelle, le khon, et le trublion Jérôme Bel, inventeur de la non-danse...
Au début, c'est l'esthétique du premier qui paraît assez impénétrable; répondant à l'interview béotienne de Jérôme Bel, il explicite dans un anglais approximatif les codes de cette pantomime où chaque geste est le fragment d'un long récit mythique.
Danse-théâtre de doigts et de regards, pour quatre types de personnages (femme, homme, démon et singe), elle se déploie dans une fluidité extraordinaire selon un principe organisateur, le tracé d'un cercle puis le retour à des jonctions corporelles qui rassemblent et ramène l'énergie vers l'interprète. Ces spectacles, offrandes aux statues des temples, durent jusqu'à plusieurs semaines; la mort évoquée fréquemment au cours de ces longs récits ne peut être représentée directement sur scène...
Au fil de cette causerie, hypnotisés par la beauté et la fluidité de Pichet Klunchun, nous voyons de plus en plus claires les formes tracées par son corps, nettement imprégné de ce vocabulaire. Nous entendons que Pichet a été destiné à cet art dès la naissance, et que son nom même est intimement connecté à cette pratique...
Aujourd'hui le khon est en plein déclin en Thaïlande et se pastiche autour des piscines pour des touristes mis à l'écart de la société thaïlandaise... Pichet Klunchun explique son œuvre de reconnexion à la tradition, dans la nouvelle donne contemporaine..
Jusque-là Jérôme Bel, presque condescendant, semblait traiter cette Autre danse comme étrangère... Puis c'est au tour de Pichet de l'interroger, et le rapport de force bascule.
Jérôme Bel n'est plus un danseur; il n'arrive plus à l'être reconnaît-il, il n'est pas un chorégraphe non plus... Jérôme Bel est un chercheur qui a posé son doute sur scène: "qu'est-ce que c'est être face public; pour y présenter quoi?"
Alors il sidère Pichet, lui aussi dans un anglais approximatif, lorsqu'il tache d'expliquer que la non-danse est une rupture avec le spectacle classique, qu'elle vise à niveler la frontière entre le performeur et le spectateur... Qu'il y est question de la mort du corps, de comment s'arracher au rien pour devenir dansant... Que ce qui est bon à montrer c'est ce qui va amener le spectateur à penser; et que c'est un pari.
Et Pichet Klunchun dit qu'il y a des choses qu'on ne veut pas voir dans son pays et que ces choses-là on les montre aux touristes dans des lieux où les thaïlandais ne vont pas...
Cette confrontation questionne finalement les modes d'accès à la culture: quel sont les spectacles qui élèvent, ceux qui aliènent...
Qui est ici le touriste sur la scène?
Quel touriste de la danse sommes-nous dans l'audience?
du 1er au 5 Avril 2015
Théâtre de la Commune, Aubervilliers
Durée 1h 45
pièce en anglais, traduction simultanée
Bonne Journée
Illustrateur breton, Olivier Tallec nous propose de passer un bon moment en sa compagnie.
Il est plein de bonnes intentions. Avec un titre comme Bonne Journée on ne pouvait pas s’attendre à autre chose. Cependant pour la politesse, ce n’est pas forcément son truc. Lui c’est plutôt le détail tout en décalage. L’ironie mordante mais pas agressive.
Visiblement il a beaucoup lu Gary Larson et ses petites illustrations en noir et blanc désopilantes. Comme lui, Tallec aime les bonnes blagues qui tiennent sur un seul dessin. Il gagne lui aussi en efficacité pour sonder le dérisoire et l’absurde.
Il y a donc des animaux qui se posent des questions existentielles et des hommes préhistoriques qui se révèlent plus tendres que leur réputation. On n’est pas loin du copié collé mais les dessins d’Olivier Tallec sont colorés et délicieux.
Il devient l’héritier de l’humour non sensique des Monty Python et d’autres dessinateurs qui se sont révélés par le dessin de presse. Il fait mouche et on lui souhaite une belle journée à lui aussi : il nous l’a éclairée avec quelques rires bien agréables !
Rue de Sèvres – 56 pages
Hawkdope
Hypnotise my soul with rock'n'roll. Juste pour le nom de ce titre, ce disque mérite tout notre intérêt. Encore un rock vintage et séduisant.
Ca cogne sévère. La batterie est maltraitée. C'est toujours bien. Une guitare crache un gros riff hargneux. La basse plaque ses accords. Tous les instruments préparent le terrain pour une voix nasillarde et fertile. Puis l'inévitable solo de guitare héroïque.
The Prophet ne révolutionne rien mais le premier titre de Hawkdope montre bien les intentions de ce groupe italien volontairement vintage. C'est du bon gros rock'n'roll énervé et carré. Ce que confirme Wolf Eyes et sa batterie assiégée par un batteur qui ne connait qu'un rythme: le binaire. Ca va tout droit et seule, la guitare a droit à des dérapages incontrôlées. Plus que vintage, on retrouve le goût du Stoner si cher au leader de Queens of the Stone Age.
Le troisième titre,Hawkdope se fait plus calme mais ca ne va pas empêcher le trio de bricoler solidement un mur de son assez impressionnant. Puis suivent d'autres morceaux musclés, spectaculaires et convaincants. Les Italiens arrivent à nous immerger de sons vintage mais jamais paresseux.
Ca sent la crasse et la sueur. Les instruments saturent de notes et d'effets flamboyants. C'est du rock de tatoués qui ne se posent pas de questions et qui vont jusqu'au bout de leur idée du rock'n'roll. Ce n'est pas nouveau mais comme dans un bon vieux Giallo italien, il y a de la conviction, du sang et du sensationnalisme.
Heavy Psych - 2015