Les 400 Coups

MP1point2 pourrait réconcilier les rappeurs et les bidouilleurs d'électro. Un son frais qui annonce l'énergie des saisons plus chaudes. 

Car au milieu de ce morne hiver, les chansons scintillantes de MP1point2 font du bien aux oreilles et au coeur. Voilà donc un petit rap sans prétention et adepte des mélodies plutôt que des beats ultra-usés des radios commerciales. On ouvre ici le petit paragraphe pour dire que le rap français aujourd'hui ce n'est pas la gloire. Les bardes de la banlieue s'engluent dans leurs propres clichés. Trop de bling bling. Trop d'idioties sexistes. Trop de réflexions d'arriérés. Trop de flows réactionnaires. Le beaufitude ronge souvent le rap made in France. Fin du paragraphe.

Les 400 coups donne de l'espoir. On appréciera donc les deux  rappeurs de MP1point2, avec leurs accents chantants qui rappellent les voix d'IAM et qui semblent avoir la même vision satirique et nuancée que le groupe marseillais. Ils ne se limitent pas à quelques préjugés. Ils cognent sur tout avec une légèreté qui fait plaisir à entendre.

Ils ont sûrement fait les 400 coups mais les deux MCs et leurs deux DJs réalisent presque un coup de maître. Ils passent certes après Java ou M.A.P mais leur style est rafraîchissant. C'est intelligent car la facétie sonore permet de suggérer quelques vérités sur la société sans être dans l'attitude rebelle et révoltée. Leur mentalité est bonne et réjouissante!

Favo, MM, Riot et Le Z sont des garnements, assez lucides et des vrais musiciens. On apprécie la qualité des mélodies et le sens de la musicalité. Les beats ne sont pas martelés et se glissent des instruments délicats et des refrains entêtants. C'est un hip hop coloré et libre. Les 400 coups simplifie les musiques urbaines sans les abîmer: c'est le mix idéal des cultures. C'est le genre de disques que l'on peut entendre au moins 400 fois!

Bajo el Mar - 2015

Les 7 Fous

Une incroyable épopée au cœur de la misère. La flamboyance est spectaculaire et nous entraine dans une tempête des mots qui donne le tournis. Vent de folie!

Ca se passe en Argentine. Erdosain est un minable employé accusé d’être un voleur par ses patrons. Le même jour, il voit sa femme se barrer. Il devrait être au fond du trou mais il a d’étranges fréquentations qui vont lui redonner espoir.

Il est proche de l’Astrologue, un vieux monsieur qui a un projet secret qu’ils imaginent grandiose. Cela ressemble effectivement à de la folie. Le livre date de 1929. Roberto Arlt, son auteur, a défié les conventions de l’époque en observant avec une liberté totale les bas fonds de Buenos Aires.

Autour de ce héros médiocre vont se bousculer d’étonnantes ombres, parfois grotesques, souvent inquiétantes. Ils ont des noms bizarres comme le Major, le Ruffian Mélancolique ou L’homme qui a vu l’accoucheuse.

Ils sont sept et vont rêver de créer une société secrète sur le modèle du Klu Klux Klan. Elle serait financée par des maisons closes. Elle leur permettrait de prendre une revanche sur la société et surtout réaliser leurs rêves frustrés.

Ces hommes sont des dingues et le texte se nourrit de cette folie, de cette hargne. Les phrases sont longues et glissent sur les névroses de chacun. Très vite, la réalité décolle de la déchéance et la pouillerie.

Le lyrisme transcende le malheur et la méchanceté. Les convenances sont bousculése. Les sept fous adopte tous les styles et tous les langages. Le travail de traduction fut redoutable. Les traducteurs offre une introduction qui explique la particularité de l’écriture de Roberto Arlt, qui lui aussi ne fut pas gâter dans sa vie.

C’est un texte énervé mais terriblement vivant, une sorte de tango verbal obsédant et délirant. La décadence se donne des allures de grandeur. C’est aussi exotique qu’incandescent. Moderne, ce livre est aussi irracontable que jouissif. On finit lessiver mais heureux. La folie chatouille le romantisme et l’écriture surréalisme. C’est tout simplement beau… et fou bien évidemment !

le film adaptation des années 60:

Belfond - 371 pages

Jupiter: le destin de l’univers

Jupiter Jones contre le Capitalisme Galactique… ca sent bon le nanar italien mais non, c’est le nouveau gros machin bruyant des auteurs de Matrix.

Lana et Larry Wachowski n’ont plus de chance à Hollywood. Depuis la trilogie Matrix, c’est dur pour eux. Cloud Atlas, leur dernier et ambitieux projet indépendant n’a pas trouvé son public (et c’est bien dommage). Et Jupiter : Le Destin de L’Univers a connu une production houleuse pour un résultat assez bancal.

Ca sent terriblement le remontage à la va vite. Nous découvrons donc à toute allure, la charmante Jupiter Jones qui nettoie avec acharnement les toilettes des nantis de Chicago. Un body buildé avec les oreilles de Spock déboule dans sa vie car elle est la réincarnation d’une reine de la galaxie.

Ca vous chamboule pas mal l’existence ce genre de révélation ! Car des têtes couronnées ultra libéralistes d’une autre planète veulent vous assassiner. Des aliens veulent vous autopsier. Des gros lézards virils cherchent la baston. Des mercenaires sortis d’un sous Mad Max des années 80 sont à vos trousses. Des vaisseaux spatiaux se promènent un peu partout autour de votre tête.

Avec tout ce foutoir au-dessus de notre petite planète, ça devient le foutoir pour les deux réalisateurs, incapables de supporter ce monumental programme même si tout cela est bien fichu. Ils savent réaliser de belles scènes d’action mais l’apparente et sincère naïveté (on pense même à Flash Gordon, le magazine Metal Hurlant et le délires graphiques de Moebius) est aspirée par la lourdeur de la production, des dialogues explicatifs à rallonge et un scénario confus. Les kitscheries ne semblent pas toujours assumer. Le second degré n’est pas du tout maîtrisé.

Est-ce du nanar ou du cochon ? On ne sait pas trop. Les ambitions sont claires mais une fois de plus, l’entreprise visionnaire des Wachowski ne fait pas le poids face à la réalité de l’industrie hollywoodienne, qui a bien saucissonné le film pour un spectacle standardisé !

Avec Mila Kunis, Channing Tatum, Sean Bean et Eddie Redmayne - Warner Bros - 4 février 2015 - 2h01

Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi

sony

Hommage et témoignage d’un grand nom de la littérature africaine, la pièce résonne avec force dans l’actualité comme un appel à l’audace et à l’engagement.

« Métier : homme, fonction : révolté, nationalité : afro-humaine. » C’est ainsi que Sony Labou Tansi voit son identité projetée sur la scène du Tarmac à l’occasion des 20 ans de sa mort. Crée par Bernard Magnier, son ami et fidèle lecteur, la pièce rassemble des textes et éveille la curiosité autour de l’œuvre et de la personnalité du poète romancier.

« L’idée était de présenter les différentes facettes de Sony : ses engagements, son côté farceur mais aussi mystique et parfois grave. Sans édulcorer la réalité de sa vie, le spectacle résonne toute particulièrement dans l’actualité», confie Bernard Magnier, directeur des Lettres africaines dans la maison d’édition Actes Sud et conseiller littéraire pour le Tarmac.

Sony Labou Tansi, né Marcel Nsoni en 1947 en République Démocratique du Congo, a noirci des pages, transmis un savoir, combattu les injustices fragilisant le continent. La pièce porte la voix de cet homme pour qui les frontières se dessinaient par les fleuves et les rivières. Un amoureux des mots, auteur engagé comme engageant, insoumis et farceur. Elle relate sa destinée, ses combats, son attachement à la terre africaine.

Deux comédiens sur scène. Marcel Mankita joue Sony Labou Tansi et porte sa parole. Il nous révèle ses différentes facettes avec malice, intelligence et provocation. Crisse Niangouna incarne un lecteur, autrefois Bernard Magnier lui-même, bouleversé par l’œuvre de l’écrivain.

Mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté avec sobriété et esthétique, rythmé par des airs de rumba congolaise, Sony interpelle. « Je ne sais pas obéir », « j’en appelle au rire de sauvetage », « les mots revendiquent leur droit à la parole », « je sais que je mourrai vivant ». Des projections de vidéos et d’images apportent une modernité bienvenue à ses mots.

Titre de l’une des pièces du grand auteur africain d’origine congolaise, Une chouette petite vie bien osée retrace le parcours d’un homme engageant. Sa parole réveille les consciences et mérite une plus grande reconnaissance. Pari réussi dès la sortie, on passe à la librairie du Tarmac pour se plonger dans l’œuvre de l’auteur.

« Qu’elle vous soit laissée sauve, pleine et entière. A une condition : que vous fassiez de votre petite vie une chouette petite chose bien plus louable que la honte de foutre le terrorisme et la conjuration (…) Faites de cet endroit un lieu de prospérité, de culture et de progrès. » Extraits de la pièce Une chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi.

Jusqu'au 14 février 2015

au Tarmac

159 avenue Gambetta - 75020 Paris

 

Rain Dogs

S'il ne vous faut qu'un Tom Waits, c'est le foisonnant "Rain Dogs", plongée dans le bas ventre de New York, avec en prime la guitare de Marc Ribot.

Après Swordfishtrombones, c'est le deuxième album de sa période Island. On y retrouve les mêmes ingrédients : une musique plus personnelle, plus déjantée, pleine d'instruments incongrus en cette décénnie de synthés et de boîtes à rythme : contrebasses, marimbas, trombones, banjos, et toujours ces percussions d'origine indéterminée : "si on ne trouvait pas le bon son sur la batterie, on ramenait un vieux meuble de la salle de bains et on cognait dessus avec un morceau de planche", raconte Tom.

Mais Rain Dogs couvre plus de territoire que son prédécesseur. Avec ses 19 titres, c'est un faux double-album, un disque-grenier, en quelque sorte son "double blanc". Musicalement, ça part dans toutes les directions,  en une exploration des racines de la musique américaine, de toutes ces saveurs musicales apportées par les immigrants volontaires ou forcés qui se retrouvaient souvent dans les culs de basse-fosse de la Grosse Pomme. Accordéon tzigane, jazz New-Orleans, polka, blues, country, on entend un peu de tout cela, passé à la moulinette, distordu, faussé, cabossé mais toujours plein d'une poésie étrange.

Quasiment pas de piano, à part sur le superbe Tango Till They Sore, mais en revanche pas mal de guitares : celle de Marc Ribot qui fait des merveilles à chaque intervention, d'autant plus méritant que Waits ne lui accorde qu'une ou deux prises par titre et lui donne d'étranges instructions du type "joue-la comme à la bar-mitzvah d'un nain". On trouve aussi Keith Richards, qui de passage avec les Stones dans le studio d'à côté, prête sa guitare et sa voix sur trois titres.

Malgré l'apparente hétérogénéité, tout se tient, des morceaux les plus difficiles d'accès (Singapore, 9th and Hennepin) jusqu'à des chansons plus traditionnelles comme les magnifique Hang Down your Head ou la balladeTime. Et puis Jockey Full of Bourbon immortalisé par Jarmusch sur son magnifique travelling dans les faubourgs de la Nouvelle Orléans qui ouvre le film Down By Law.

Ou l'entraînant morceau-titre, ode à tous les chiens de pluie, ceux qui après un orage ne retrouvent plus le chemin de chez eux car l'averse a effacé toutes les odeurs. C'est à ce petit monde de la rue que l'album entier est dédié, à ceux "qui n'on pas de carte de crédit, qui ne vont pas à l'église, qui n'ont pas d'hypothèques". Pas vraiment un disque concept, pas une histoire linéaire, mais d'avantage un grand aquarium ou nagent pêle-mèle clochards (la famille cauchemardesque de Cemetary Polka), fuyards, barmaids déprimées, vagabonds perdus dans ce grand chaudron new-yorkais, ville où tout arrive et où Waits le Californien se sent tout de suite à son aise.

PS : en prime, une très belle pochette, étrange et que je trouve empreinte d'une grande tendresse. Ce n'est pas l'avis de tout le monde : un ami bloggeur texan, m'avouait ne pouvoir s'empêcher de penser que :
-         il a 14 ans sur la pochette
-         la femme est sa mère
-         la femme est une prostituée de quai de marchandises
-         la femme s'apprête à lui manger un morceau d'épaule
-         toutes les réponses à la fois

The Servant, Robin Maugham, Poche Montparnasse

servant

J’ai un souvenir de The Servant. Un souvenir vénéneux. Une mauvaise influence qui ressurgit parfois, encore, au détour d’une situation, d’une actualité.

Je n’ai jamais oublié Dirk Bogarde, je n’ai jamais oublié Joseph Losey, je n’ai jamais oublié Robin Maugham.

La mignonne adaptation qui s’étire sous mes yeux, je vais l’oublier. J’ai commencé à l’oublier alors même qu’elle jouait.

Les planches ne brûlent pas. Il manque de l’épaisseur. Sally ne cesse de cambrer sa taille fine, de minauder, Sally est en vitrine, est-ce le bon profil, la bonne moue ? Vera aka Kelly bondit, roucoule, dénude un morceau par-ci, un morceau par-là, fraiche et délicieuse, un bonbon. Baret, Tony et Richard flottent dans leurs costumes, au figuré bien sûr, car tout le tissu est bien ajusté, la représentation joue à plein, mais d’incarnation, point.
Ils manquent d’épaisseurs, ils manquent d’expérience, de chair, de tripes, de finesse.
Tout cela est bien lisse, gentil, parfois drôle, ce qui bon à prendre.

Malheureusement nulle tension ne vient inquiéter nos cœurs, ébranler nos esprits, la psychologie est noyée dans les verres de faux alcool dont chacun abuse, aucune ébriété en vue cependant.

Le désir est en berne.

La manipulation, l’insinuation la persuasion, l’érotisme, le lent bouleversement des rôles, les glissements de pouvoir, les inquiétudes, la montée du drame, non, rien.

Qui manipule qui ?

Personne.
Surtout pas les acteurs face au public. Le jeu est plein de compromis, de facilités.

Il ne devrait y en avoir aucun.

THE SERVANT
De Robin MAUGHAM
Mise en scène Thierry HARCOURT
Avec Maxime D’ABOVILLE - Roxane BRET - Xavier LAFITTE - Adrien MELIN - Alexie RIBES
A partir du 3 février 2015 - Du mardi au samedi à 19h, dimanche 17h30
Théâtre de Poche

Papa ou Maman

C'est un peu le couple idéal: Marina Fois et Laurent Lafitte. Elle, femme élégante pleine d'énergie au regard doux et fou. Lui, éternel grand dadais qui sait jouer avec les grands airs d'un homme responsable. Ces deux là ont ce grain de folie qui renverse tout.

Même dans un nanar, on les aime. Les films autour d'eux peuvent être ratés, ils restent des acteurs touchants et passionnants. Heureusement cette comédie est plutôt réussie. Loin de soigner les égos, c'est une comédie concept: et si les parents qui divorcent, se disputaient pour la NON garde des enfants!

Le couple de cinéma n'est donc pas un duo parental parfait: ils se chamaillent sans arrêt. Après quinze ans de vie commune, trois enfants et une jolie maison, les carrières évoluent dans des pays différents. Ils veulent se séparer mais ne pas s'occuper du trio de marmots insupportables.

Donc ils seront simplement odieux avec eux. Ca tarde un peu à arriver. La bande annonce saccage un peu le ton de la comédie. Ce n'est pas exactement le film entrevu. Il est plus doux, plus calme et plus raisonné que la bande annonce.

Le film parle avec légèreté de la solitude dans la famille et du nombrilisme contemporain, mais il ne cherche jamais à être plus futé que le spectateur. C'est carré. Sans fioriture. Il y a peut être quelques scènes qui ressemblent trop à un sketch mais on s'amuse bien dans cette Guerre des Rose à la française.

D'ailleurs on se met à penser ce que donnera le remake américain, forcément plus efficace. Car le concept est fort, drôle et convaincant. Les comédiens s'amusent. Nous aussi. Moins d'une heure et demi, le film donne le sourire. Quand la comédie familiale évite toute niaiserie...

Arthur Rimbaud, Les Illuminations

rimbaud

Des poèmes et une musique d’une grande beauté mais une orchestration perfectible.

Maud Philippon, Vincent Favre et Nicolas Thuet revivent les magnifiques "Illuminations" de Rimbaud. Envoûtés, ils semblent ne faire qu’un avec le poète dans sa contemplation, son imagination, sa sensibilité. Accompagnés par la superbe musique originale de Bob Boisadan, au piano, ils nous emportent dans le si-fertile univers Rimbaldien où tout est si observé, si détaillé, si ressenti, qu’on croirait voir la “pente du talus” et sentir “l’aube d’or et la soirée frissonnante”.

Mais, à vouloir nous faire savourer un trop grand nombre de ces magnifiques poèmes, les comédiens se retrouvent embarqués dans un rythme trop soutenu pour pouvoir nous les faire apprécier à leur juste valeur. Et à l’occasion du solo magnifique de piano, on se surprend à se demander s’il n’aurait pas mieux fallu alterner la musique et le jeu, essayer de faire dialoguer le musicien avec les comédiens, car la première recouvre parfois le second et donne le sentiment regrettable d’y perdre doublement tellement l'un autant que l'autre, aurait mérité notre attention totale.

 

 

jusqu’au 10 mars 2015
Au Théâtre de l’Essaïon, les lundi et mardi à 21h30,
Mise en scène : Nicolas Thuet
Musique originale et piano : Bob Boisadan
Avec Maud Philippon, Vincent Favre et Nicolas Thuet
 

Cockpit cuisine, Théâtre du Grand Parquet

04 Cockpit Cuisine - Thomas Faverjon

Une expérience de théâtre inédite, un spectacle visuel étonnant, A ne pas louper !

Marc Dabo doit se rendre dans la maison qui lui a été léguée par un certain Marcel Blondeau à Forbach et il doit faire vite, car les bulldozers sont sur le point de la raser. Une photographie de sa mère encore jeune, qu'il trouve sur place, attise sa curiosité. Dans le bric-à-brac de la maison abandonnée et peuplée d'objets (meubles, nappes, assiettes, vieux postes de télévision, lampes), des carnets de dessins et de notes ainsi qu'un album photo permettent à Marc de reconstituer la vie de Marcel.

Il s'aperçoit bien vite que Marcel a laissé plus que les pièces d'un puzzle, mais de véritables œuvres d'art: des films, fabriqués sans effets spéciaux, mais avec beaucoup d'ingéniosité. Les épisodes principaux de sa vie (l'enfance, l'absence du père, le rêve d'un ailleurs, la rencontre de la femme aimée, un long voyage en train, l'introspection et même la disparition finale) ont été représentés dans un théâtre d'objets: objets détournés (photos découpées, jouets, poupées folkloriques), animés (manipulation, fil de marionnette, circuit bricolé), et filmés.

La particularité de ce spectacle est - notamment - qu'il donne à voir les films (supposés de Marcel Blondeau) en même temps que leur fabrication. Car Marc et ses deux cousins, qui ont sauvé de la destruction ce fragile et désuet chef d'œuvre, nous offrent ce privilège: on voit les films de Marcel projeté sur des écrans (vieilles télé, fenêtres) en même temps qu'ils rejouent pour nous, en objets et en miniature, les scènes principales de sa vie. Sa vie et la fin qu'il s'est imaginée, c'est-à-dire sa vie réelle et sa vie rêvée.

COCKPIT CUISINE est un hommage à un artiste inconnu: artisan d'un cinéma d'une certaine contre-culture, peut-être pas convaincu d'ailleurs d'être un artiste, mais seulement un bricoleur.

Cette ambiguïté est au cœur de COCKPIT CUISINE: c'est du bricolage, mais d'une précision absolue; c'est de la récup, mais c'est très sophistiqué; ça a l'air bancal, mais c'est très bien rôdé.

Une douzaine de personnes ont "fabriqué" ce spectacle, de l'écriture au jeu, de la conception des images, des cahiers et des dispositifs à la scénographie, des costumes aux décors, dont les trois attachants comédiens qui interprètent Marc Dabo et ses deux cousins: Laurent Fraunié, Benoît Faivre et Francis Ramm.

Un genre hybride donc, à la croisée du théâtre d'objets et du cinéma, au service d'un récit émouvant: un spectacle à ne pas louper et à partager en famille.

 

Jusqu'au 22 février 2015

Théâtre du Grand Parquet

(rue d'Aubervilliers, Paris 18, métro Stalingrad)

Le jeudi à 14h, vendredi et samedi à 20h, le dimanche à 16h

Pour tout public à partir de 7 ans

Mauvaise Réputation

Bad boy de la Seine Saint Denis, habitué des faits divers, rappeur enragé, Joey Starr se raconte et fait de cette manière du rock'n'roll!

Ca doit être l'influence de Philippe Manoeuvre, sûrement admiratif de la bête de scène. Joey Starr aime les tournées, la vie avec d'autres artistes et les ambiances chaudes. Les pages les plus gourmandes sont ses souvenirs de concerts plus ou moins glorieux. Les petits MJC de banlieue ou le concert au Parc des Princes où le duo Nique ta Mère met une branlée au Wu Tang Clan.

Joey Starr n'est pas qu'un cogneur sur scène. Il assomme avec les mots mais aussi avec les poings. Il ne renie pas son coté bagarreur: il défonce gentiment IAM. Il égratigne d'autres collègues et fait de Doc Gynéco, un bouffon grotesque et hilarant.

Cette bio n'est pas une lettre d'excuse. C'est le point de vue d'un type un peu paumé mais un artiste véritable. Il raconte sa douloureuse enfance mais met en avant les espoirs et les plaisirs de gosse.

Il est même assez poignant lorsqu'il raconte sa dévouverte de la danse. Il a bien mauvaise réputation mais le rappeur montre qu'il a bien un petit coeur qui bat. Hélas, il avoue toujours faire les mauvais choix. Il est bouillonnant dès qu'il faut faire des conneries. Même les plus graves.

Il ne regrette rien. Mais il nous éclaire sur son existence artistique et personnelle sans enjoliver les choses. L'art. Les femmes. Les excès. C'est parfois trash. Parfois très touchant. En tout cas, il pourrait être le héros d'une chanson de Johnny Cash, un archétype rock'n'roll, un homme qui ne s'excusera jamais, opposé à la morale, mais pas à l'humanité!

285 pages - J'ai lu récit

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