Wild

C’est un plaisir de marcher aux côtés de Reese Witherspoon le long des sentiers du Pacific Crest Trail, même si les souvenirs des nombreux malheurs de la randonneuse sont un peu trop envahissants.

La randonnée est à la mode. On redécouvre aujourd’hui les vertus de la marche pour la santé physique et morale et pour libérer la pensée. Marcher fait littéralement avancer, c’est pourquoi Cheryl Strayed, dont la vie est dévastée suite au deuil particulièrement douloureux de sa mère, choisit, pour prendre un nouveau départ, de se mettre à l’épreuve en parcourant à pieds les 1600 km du Pacific Crest Trail, le sentier de grande randonnée qui va de la frontière mexicaine au Canada.

En cheminant aux côtés de Cheryl, nous découvrons avec elle les très beaux paysages de la côte ouest, de l’inhospitalier désert des Mojaves aux forêts enneigées de l’Oregon. Là réside d’ailleurs le principal intérêt du film : il nous offre un grand bol d’air pur et le bonheur de superbes panoramas en dépit des souffrances que s’inflige la jeune femme, impitoyable avec elle-même. Son périple est filmé sous l’angle de l’effort physique et du dépassement de soi – sac à dos horriblement lourd, pieds blessés par des chaussures trop petites… – ce qui ne nous empêche pas de passer un très agréable moment.

Nous sentons aussi d’emblée que ce périple sera bénéfique pour Cheryl et riche en enseignements à travers le contact – ou l’affrontement – avec la nature, et de belles rencontres humaines. Et cela fait du bien de voir une personne meurtrie se reconstruire tout doucement, de croire en une possible rédemption après un traumatisme.

Tout au long de sa randonnée, Cheryl repense à sa vie passée, se remémore des dialogues et des bribes de chansons. Les voix et musiques assourdies que l’on entend, prises dans le rythme de la marche, reproduisent bien le flux de conscience de la marcheuse solitaire, tel que chacun peut l’avoir vécu. Sa route est aussi émaillée de flash-backs courts mais assez nombreux qui, du coup, rompent un peu le charme du voyage. Peut-être aurait-on pu en limiter un peu les occurrences en simplifiant la vie de l’héroïne, qui est passablement chargée en malheurs : enfance sous le joug d’un père alcoolique et violent puis pauvreté après la séparation de ses parents, mort prématurée de sa mère et, suite à ce deuil, quatre années d’autodestruction entre coucheries et drogue…

Fallait-il vraiment autant de misères pour nous faire comprendre combien le personnage avait besoin de repartir sur des bases saines ? Toutefois, malgré un pathos un peu trop prononcé qui nuit à une immersion plus profonde dans la nature – « the wild » – Reese Witherspoon est convaincante dans le rôle de Cheryl Strayed et parvient à nous emmener sur les sentiers du PCT, dans son voyage initiatique.

Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Thomas Sadoski - 20th Century Fox - 14 janvier 2015 - 1h56

Les rois de la galette sur D8 ou le reportage qui a changé ma vie.

galette

Après les événements que la France vient de subir, il est évident que la prise de conscience journalistique renaît, une envie forte d’investigation de toutes les chaînes, de reportages de terrain, de prise de risque absolue, d’un nécessaire investissement dans les entrailles des secrets, là où ça se passe ! Finis les marronniers ! vive les révélations loin de Nabila et des derniers artisans fabricants de sabot en poils d’huitre près de Vesoul dans le 13h de TF1 !

C’est en ce sens, dans cette logique, dans cette envie, dans cet élan, que dis-je, dans cette guideline, dans ce renouveau du reportage que l’ami Guy Lagache et son émission qui porte haut les couleurs de ce qu’est le journalisme à la française, sans barrières, sans frein, j’ai bien sûr nommé « Enquête d’actualité » sur D8, a décidé, embarquant toute sa rédaction (doivent être 4) dans un truc de malade, de déglingo foufou, oui, allez prendre les risques les plus brulants pour faire « Dans les coulisses des rois de la galette »…fallait oser !

Pour mémoire, « Enquête d’actualité » est une sorte de « Capital », mais version l’économie pour les nuls, avec un zest de « Zone interdite », mais en version sans zone et encore moins interdite, saupoudrée « D’enquête exclusive », les putes de Bangkok en moins, qui, une semaine sur trois propose un reportage dans les coulisses du RAID, une autre semaine sur trois une enquête sur les coulisses du GIGN et la dernière semaine sur trois une enquête au cœur des urgences de Seine-Saint-Denis. Attention attention, cela n’a absolument rien n’a avoir avec « Au cœur de l’enquête » également sur D8 ou « Enquête d’action » sur W9 ou encore « Au cœur de l’actu exclusive de l’action interdite » sur NT9TF5RMC89 qui, eux au moins sont originaux en proposant une semaine sur trois un reportage dans les coulisses du RAID, une autre semaine sur trois une enquête sur les coulisses du GIGN et la dernière semaine sur trois une enquête au cœur des urgences…de MARSEILLE !!! ça change tout bordel.

Bon Guy Lagache donc ! Donc mon Guy s’est dit, on est des foufous, on va tout péter et comme on dit au baby foot Epiphanie !

Alors là mes lapins en sucre, accrochez-vous. Lancement du reportage, mon Guy, beau gosse mèche à la Delahousse, regard genre me présente pas ta meuf sinon elle part avec moi et en plus elle aura la garde des mômes, te dresse le tableau de ce qui va te scotcher les fèves au fonds de la glotte, un reportage exclusif de 30 minutes sur « Les coulisses des rois de la galette »…non non ! pas dans les coulisses des mecs qui vomissent leur vodka-red bull à la sortie des boîtes à 4h du mat, un truc dans les méandres de la pâtisserie à base de frangipane ! Oui messieurs-dames !

Vous vous doutez bien qu’allongé sur mon pieu, un dimanche aprèm, la casquette NY vissée sur les oreilles et la bouche pâteuse d’un lendemain arrosé, j’étais comme un taré à me dire que j’allais vibrer sa mère !

Ca n’a pas loupé.

Les mecs, grands reporters de terrain, quasi-kamikazes de la caméra cachée dans le sac à dos, commencent à planquer devant un entrepôt de fabricant de galettes surgelées en région parisienne…là tu te dis que ladite usine doit être une plaque tournante de cocaïne et qu’ils alimentent les banlieues chic de panam en fournissant les doses dans des galettes…bah non…le camion se charge de 100aines de galettes que tu manges avec mamie-papy-les collègues avec le coup de cidre pas bon qui pue qui va bien…

La chasse est lancée, 5h32, 1ère livraison, une supérette dans le 18ème, oh bordel ! Quoi !!!! Les superettes se font livrer des galettes surgelées…la fin d’un mythe, vous vous doutez bien que les larmes ont coulé le long de mon string panthère. 5h46 « Et là, surprise, notre équipe découvre que c’est une boulangerie-pâtisserie qui vient d’être livrée et qu’il est possible que le brave boulanger-pâtissier ne fasse pas lui-même toutes ses galettes » !!! C’t’angoisse…

Fatalement, en bonne journaliste d’investigation qui a fait la Syrie, le Vietnam, la corée du nord, tu penses bien que la fille elle se déboite pas, et hop, l’aprem elle retourne sur les traces du crime, elle entre dans la boulangerie en caméra cachée et ose tout de go « Madame, est-ce que vos galettes sont faites maison !!! » haaaaannnnnnnnnnnnnnnn ! la folllllleeeeeeeee ! Et la boulangère, en face, peur de rien « Oui » ! Du coup, pas née de la dernière pluie journalistique, la nana de D8 redit, maligne « Vous êtes sure sure sure ? » ; et la boulangère « Bah oui oui oui»…haaaaannnnnnn, le suspens de malade !!!

Après quoi, la fille prend son téléphone et appelle un fournisseur de galette surgelée qui lui lâche tout « Oui, en effet, des fois, on livre des boulangeries » !!! Hannnnnnnnnnnnnn !!! L’enquête de fouuuuuuuuuu !!!

Re-après quoi, Guy Lagache t’annonce que tu vas de suite entrer dans les coulisses des coulisses de la fabrication des fèves de tout genre et que une fève, tenez vous bien, moi j’étais sur le cul, ça coûte 23 centimes et que ça se revend 56 !!!! Ohhhh mais merde.

Bon voilà, le tout pendant 45 minutes d’émission, vous me croyez ou pas, mais j’ai fini par regarder Les Experts Miami, c’était hyper moins violents en terme de révélation.

Vivement la chandeleur pour un reportage sur les coulisses du sucre en poudre.

J’vais pisser,

A la semaine prochaine,

http://www.d8.tv/d8-docs-mags/pid5198-d8-en-quete-d-actualite.html

Elephant Love

Jeunes, Pauline et son frère, font du rock rien que pour eux. A l'ancienne. Sans retenue. Leur disque est un plaisir partagé et une vraie petite révélation.

Je ne sais pas comment vous imaginez la jeunesse aujourd'hui mais les deux petits jeunes qui forment le groupe Ropoporose doivent être deux extraterrestres dans leur génération. Rarement un décalage fut aussi évident entre la musique et ses musiciens.

Pauline et Romain sont frère et soeur. Planqués chez eux, ils ont composé un disque incroyablement rock, dans ses digressions, sa simplicité, son hypnotique réalisation. Mais c'est du vrai rock comme on l'aime. C'est sauvage. C'est enregistré avec une irrésistible envie d'en découdre. C'est une digestion heureuse du rock lo fi ou du noise.

Ensemble, Pauline et Romain, dans la frileuse France, ressuscite les accords violents de Sonic Youth, jouent des boucles fascinantes qui permettent des échappées redoutables qui nous font bêtement secouer la tête. Pourtant ce n'est pas primaire. Ca s'écoute fort mais les nuances sont là, dans les cassures et l'arrivée d'instruments qui sortent de l'ordinaire rock et cette voix fluette de Pauline, qui apportent un peu de son charme adolescent.

Elephant Love sort vraiment du lot. On a bien l'impression de tomber sur un vestige underground arrivé de New York. Leurs créations sont complexes mais jamais prétentieuses. Ils se promènent sur des mélodies endommagées mais encore praticables. Les rythmiques soutiennent leur effort si inédit dans nos contrées. On est très heureux de rencontrer ce duo juvénile qui montre la valeur ne vient avec le nombre des années. Une bonne surprise pour tout amateur de rock libéré!

Vieux Garçon

Bernard Chapuis est journaliste. Contrairement à Paul, le personnage du film Vincent, François Paul et les autres, Bernard Chapuis à réussi à l’écrire, lui, son roman. C’était à la fin des années 1970.
Deux autres ont suivi dans la foulée, puis plus rien. Jusqu’en 1999. De nouveau, trois romans, dont Vieux Garçon, paru en 2007, est à la fois le dernier et le plus faible…

Entre les Cévennes et Paris, chez les Farnaret, on a le sens de la famille, et le jeune Farnaret celui de la tribu. Dans ces deux univers qui se superposent partiellement, il a troqué son prénom pour un surnom : Paul, Paulo, Paul Newman pour faire long. C’est lui, le narrateur de cette histoire. Et c’est aussi lui, le Vieux garçon du titre, mais on a quand même un peu de peine à le croire, même si l’auteur veut nous convaincre à la page 230 qu’il appartient irrémédiablement à l’arrière-garde de sa génération.

De retour d’une fête de famille, dans un Paris estival déserté par ses habitants, Paul, presque 18 ans, retrouve ses amis proches pour y draguer les touristes. Mais bientôt, dans l’immeuble familial transformé en maison des sept plaisirs, un vol est commis : Tong Tong, la jolie asiatique, a manipulé la manipulatrice Claire pour dérober quelques centaines de milliers de dollars dans un coffre-fort dont personne ne connaissait l’existence chez les Farnaret, mais dont la voleuse connaissait la combinaison.

A partir de là, l’histoire vire franchement au Club des Cinq : des policiers de bibliothèque verte, une chasse au voleur à la campagne, et finalement la découverte d’un père disparu depuis sept ans (“Il est aujourd’hui plus facile de changer de visage que de voiture, c’est moins cher.”), et des révélations dignes d’un épisode des aventures de Langelot. Ajoutons pour être honnête que ça ressemble à un Club des Cinq qu’on aurait pimenté de quelques scènes de sexe pour les grands.

Tant bien que mal, les thèmes de l’absence, du passage à l’âge adulte et de la famille se dégagent du roman, qui auraient pu donner lieu à un traitement plus intéressant. Le thème de l’absence était déjà abordé dans les deux précédents romans de Chapuis, mais c’est à peu près leur seul point commun avec Vieux garçon.

Ici, il y a trop de bons sentiments pour que le scénario fonctionne : une seule mauvaise action (et encore !) et pas un seul mauvais sentiment en 247 pages, c’est gentillet mais pas franchement crédible. Au bout de 120 pages il n’y a plus grand chose à sauver, on n’y croit plus, on reste indifférent au récit… Quelle plus belle illustration de l’échec du romancier que l’indifférence de son lecteur ?

Dommage, car une des idées de départ est séduisante : il est rare qu’un romancier se coule dans le rôle d’un narrateur de 40 ans son cadet. Peut-être Bernard Chapuis regrette-t-il de n’avoir pas croisé autant de femmes faciles que son personnage à l’approche de ses 18 ans, et fantasme-t-il une autre jeunesse. En tout cas ce décalage donne à la sexualité des personnages de Chapuis une légèreté, un côté années 1960, qui en fait le caractère attirant et anachronique : où est la crainte du SIDA, où sont les contraintes et les inhibitions qui s’y attachent ?

Bref, on a bien envie de dire des choses sympathiques sur un tel livre, mais vraiment la seconde moitié est trop ratée. Alors suivez mon conseil : découpez le livre, conservez pour les lire les 122 premières pages, jetez le reste. Vous y êtes ? Voilà, vous tenez entre les mains le portrait attachant d’une tribu modèle Malaussène, on pense un peu aux Fruits de la passion, de Daniel Pennac, paru en 1999. Ici aussi, la tribu s’élargit aux voisins, dans une sorte de vie de quartier rêvée, Amélie Poulain n’est pas loin, les générations se mêlent sans distance, une harmonie s’installe, et là, d’accord, ça fonctionne.

Pour le reste, et pour finir, voici une sentence qui surnage un instant dans le caniveau où les pages déchirées sont allées s’abîmer : “[…] une mère et son fils doivent s’abstenir de fréquenter le même club, si l’on excepte leur indestructible et destructeur club d’origine.” Elle fait penser à ce que pourrait être la morale de l’histoire : le Club des Cinq et la tribu Malaussène doivent s’abstenir de fréquenter le même livre, car ils n’ont pas le même public.-

272 pages - Folio

The Wanderings of the Avener

Cela commence par une jolie plage exotique de sons pimpants, chauds et ensoleillés. La pochette est bleue. Elle nous aiguillerait vers une cold wave, toujours aussi vivace. Un peu trop sombre. Pourtant le premier morceau de The Avener ressemblerait aux morceaux trop rares de Roudoudou.

La suite est plus convenue. Le second devrait tourner sur les radios. Derrière le nom de The Avener, il y a un dj venu de Nice. On comprend alors les idées lumineuses qui se promènent dans ses titres. Un troisième morceau montre son alliage sensible entre le gros beat qui fait secouer la tête et sa fine connaissance du groove en allant ressusciter des vieilles gloires.

Il y a donc des basses lourdes qui slappent, une guitare bluesy et les voix de Rodriguez  et John Lee Hooker ou des artistes plus récents comme Mazzy Star ou Adam Cohen. Le musicien ratisse large et cela fait du bien: il a l'air de s'y connaître en musique et cela l'inspire. Ce qui n'est vraiment pas la qualité des nombreux dj à succès!

The Avener retravaille donc les chansons des autres et apporte sa science du rythme sur ses coups de coeur et ses passions. Le résultat trouve ainsi une vraie cohérence. Très peu de déchets. C'est abordable. Rien d'underground. Vous pourrez entendre tous ses remix un peu partout dans les grandes surfaces. Ce n'est pas un défaut. C'est populaire dans le bon sens du terme.

Le type n'est fermé dans le hit absolu. Il bidouille quelques chansons qu'il considère méconnues. Pour l'efficacité ce premier album impressionne. Reste à savoir si The Avener va tenter lorsqu'il faudra créer ses propres créations. Il réussit en tout cas à titiller notre curiosité!

Capitol - 2015

L’affaire SK1

Yves Boisset et Costa Gavras ont désormais un rejeton : Frédéric Tellier. Venu de la télévision, il a visiblement tout compris du film à thèse et réussit un polar efficace à défaut d’être spectaculaire.

C’est le genre de film irréprochable en apparence. Le travail est minutieux : le film nous raconte la très longue traque de la police pour mettre la main sur Guy Georges, le tueur de l’Est Parisien. Un jeune policier du 36 Quai des Orfèvres met à jours les agissements de tout premier serial killer made in France.

Durant une décennie, il suivra sa trace sanglante à travers Paris. Il se trompera de pistes. Il devra faire face à l'administration trop lourde. Il affrontera des collègues qui veulent en profiter pour se mettre en avant. Mais la police sera hanté durant de longues années par ce tueur d'un nouveau genre.

Les détails sont nombreux et précis. Frédéric Tellier nous fait pénétrer dans le quotidien très ordinaire de la police et de ses enquêtes où les impasses sont multiples. Interprété par une Raphael Personnaz très concerné, ce flic nous promène dans la partie sombre de la police mais aussi de la société.

On pense souvent au film de Tavernier, L.627 dont on voit l'affiche sur un mur du 36. Tellier suggère ce travail qui se mélange à une vraie humanité. La fascination comme le dégoût que provoquent le tueur. Guy Georges soulève tout un tas de questions qui sont traités lors d'un procès illustre qui est mis en parallèle avec l'enquête pure et dure.

Le film est donc documenté comme jamais. C'est la qualité comme la limite. Le film finit par être un peu répétitif et finit par bercer plus que passionner! A l'exception de quelques personnages, tout semble artificiel. La minutie provoque aussi une absence de sentiments et peu d'empathie pour la police. Plus on approche du monstre, plus le film se désincarne.

Il reste néanmoins, nécessaire. Il trouve d'ailleurs un écho troublant avec l'actualité de notre pays. Même sans point de vue de cinéaste, le film de Frédéric Tellier remplit la mission de tout thriller: faire trembler!

Avec Raphael Personnaz, Olivier Gourmet, Nathalie Baye et Michel Viullermoz – SND – 7 janvier 2015 – 2h

Place royale, Pierre Corneille, Théâtre Aquarium

LA PLACE ROYALE (Francois Rancillac 2015)

 

Sur la Place royale de Corneille se croisent des destinées, des rêves de libertés, et tant de désir d’aimer. Les comédiennes Linda Chaïb et Hélène Viviès sont époustouflantes de vérité.

Alidor et Angélique s’aiment passionnément, mais Alidor redoute d’être captif d’un si beau sentiment. Pour rester maître de lui-même, il décide de quitter celle qu’il aime et de la proposer à son meilleur ami Cléandre. Quant à Philis, meilleure amie d’Angélique, elle préfère s’entourer d’amants que de s’attacher et va être au cœur d’autant de mélis mélos que de quiproquos.

Linda Chaïb incarne une Phylis éclatante de sincérité. Avec malice et prestance, elle est une amie des bons comme des mauvais jours. Déjà saluée dans A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayana, elle nous ravit de son franc parler et son rire pétillant. Hélène Viviès nous fait puissamment traverser tous les tourments d’amour d’Angélique. A leurs côtés, les comédiens mettent du temps à sortir leurs mains des poches.

Bien modernisé, la Place royale s’érige au Théâtre de l’Aquarium. Seuls les alexandrins et les ritournelles au clavecin rappellent le XVIIe siècle de Corneille. La mise en scène de François Rancillac donne toute la place au corps traversé d’amour. Des tables de maquillage symboles de séduction bordent le plateau. Les comédiens se placent tantôt dans la lumière tantôt sur les côtés dans l’obscurité. Chacun laissant libre cours à la joie comme au chagrin sous le regard ému du public.

Une comédie de Corneille pleine d’énergie et d’insolence qui questionne la liberté de l’homme amoureux. Entre amour absolu, amour par dépit, amourette et amour pur, l’autre est-il carcan ou libérateur?

 

Jusqu'au 1er février 2015

Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie - route du champ de manœuvre - 75012 Paris

Tarifs : 22€ / 15€

durée 2h

 

Les Disparus de Mapleton

disparus

La vie d’une ville du Midwest américain après la disparition d’une partie de ses habitants : tel est le thème des Disparus de Mapleton, le dernier livre de Tom Perrotta.

Partout dans le monde, des gens se sont évanouis dans la nature. Par millions. Cet événement inexpliqué a un nom, le Ravissement. A Mapleton, une petite bourgade tranquille du Midwest américain, un peu plus de quatre-vingts habitants ont disparu. Tous au même moment, alors qu’ils étaient soit dans une salle de sports, soit devant leur ordinateur, ou alors en plein dîner. Et soudain, plus rien, plus personne.

Parmi ceux qui restent, chacun tente de continuer à vivre avec ce manque. Les comportements sont très variés. Un révérend jette l’anathème sur les disparus, tandis qu’une communauté sectaire se crée et porte le nom de Coupables survivants (ou « CS »).

Le lecteur découvre ainsi la famille Garvey, pour qui cet événement a des répercussions. Au fil des pages, le père devient maire de la petite ville un peu malgré lui et la mère intègre les CS, une secte étrange où on n’a pas le droit de parler mais….l’obligation de fumer. Pendant ce temps, la fille, autrefois élève modèle, se livre à tous les excès et le fils va suivre un gourou. Peu à peu, ces disparitions ont un retentissement de plus en plus grand sur l’existence des habitants de Mapleton, qui changent à jamais.

Tom Perrotta n’est pas un novice en matière d’histoires étranges. Il a en effet écrit auparavant six romans, dont deux ont été adaptés au cinéma. Son style percutant, vif, ramassé, aux phrases courtes et aux chapitres denses, fait toujours mouche. L’humour est présent à chaque page, doublé d’un sens de l’excès dans certaines situations qui amène le lecteur à s’interroger.

Mais attention, ce n’est pas un livre de science-fiction…

10/18 - 470 pages

Restriction

Archive continue son bonhomme de chemin. Héros d'une électro lyrique, il propose un album protéiforme beaucoup plus spontané que d'habitude! De chouettes retrouvailles!

On aime bien se plaindre mais il faut aussi le dire quand on est content. Archive est de retour. Pour de vrai. le duo anglais revient à une proposition plus acceptable que les grandes messes qu'ils organisaient sur leurs derniers albums. Ca pourrait même plairte à des fans d'Indochine. C'est dire!

Archive ce sont des titres urbains et vaporeux où le rock s'accouple à des bidouillages électroniques. Mais nous ne sommes plus dans le rock prog qui avait concentré toute l'attention de Darius Keeler et Danny Griffiths, les musiciens en chef. Ils retrouvent sur ce onzième album un peu de sérénité et des envies plus simples.

Les titres sont nettement resserrés et les deux hommes sont allés chercher leurs premiers chanteurs et chanteuses pour se refaire une santé. Ca fonctionne. Le disque mélange mieux les genres et trouve un équilibre. On se sent très bien dans cette musique brumeuse mais envoûtante. Un peu de soul refait surface. Le coté dark et excessif se fait discret.

Il y a même des propositions de pop très sauvage comme Feel it qui ouvre l'album de fort belle manière et l'enragé Ruination. Il y a aussi des chansons saturées de notes, de chants et d'énergie. La véritable marque de fabrique. Quelques passages devraient plaire à Trent Reznor de Nine Inch Nails.

Mais ce n'est pas un album mélancolique. Bien au contraire. C'est terriblement vivant. Archive accepte ses différences et ses nombreuses mutations. Le duo tire le meilleur de ce qu'il a vécu et fait. Restriction est un disque somme, qui résume parfaitement l'histoire de ce groupe hors norme. C'est toujours mieux qu'un best of et on est content de retrouver l'envie des débuts!

Pias - 2015

Les Derniers Argonautes

Si je vous dis: un vieux guerrier barbu irascible, accompagné par un jeune homme fougueux, une jeune femme sexy et d'une bête étrange, vous pensez "Quête de l'oiseau du temps", et bien vous avez tort! Il s'agit des "derniers argonautes" dont le tome 2 vient de paraître aux éditions Glénat.

Vous pensez: "ben puisqu'il dit que c'est du plagiat, pourquoi il nous en parle?" Et bien pour plusieurs raisons mes amis! Tout d'abord en ces temps un peu moroses, une bête vieille quête à l'ancienne, cela ne peut pas faire de mal pour se changer les idées (bonne raison, vous en conviendrez).

Ensuite, parce que même si Nicolas Ryser a déjà commis une bonne dizaine d'albums, on sent que là, il tient LA série qui devrait faire exploser son talent. Et celui-ci n'est pas mince, vous verrez en ouvrant l'album. Je dis bien en l'ouvrant car la couverture du tome 1 est assez ratée: une succession de profils assez mauvais...Mais dès la première planche on est bluffé par les couleurs et la mise en scène.

Enfin, parce qu'on en est qu'au début de la quête et si les scénaristes Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand sont à la hauteur de leurs ambitions, on peut espérer une quête qui ne s'étire pas sur 50 albums, une sobre épopée sur 4 ou 5 albums. A dire vrai, c'est mon unique angoisse, car le nombre de tomes n'est pas précisé, donc il y a peut-être un risque. Risque d'autant plus incaculable que tellement enthousiasmé par le premier tome, je n'ai pas encore lu le deuxième avant de vous écrire ces quelques lignes...

De quoi s'agit-il une fois décrit les quelques protagonistes de façon à attirer votre attention sur la chronique de votre serviteur. Et bien le vieux barbon c'est Jason (c'est marrant, ça rime avec Bragon...). Oui, vous avez bien lu! Celui qui était parti à bord de l'Argos chercher la Toison d'or. Et bien sur ses vieux jours, il rempile! C'est Leitos, prince déchu d'un royaume indéfini qui vient le chercher accompagné par une amazone et un poète. Ces derniers sont mandater par leur roi pour retrouver le dit Jason, récupérer l'Argos afin de se rendre dans l'hyperborrée pour communiquer à nouveau avec les dieux de l'Olympe qui ne parlent plus aux humains depuis quelques temps. D'où l'angoisse des humains qui y voient un mauvais présage.

Le tome un est d'ailleurs judicieusement intitulé "Le silence des dieux". On croise des faunes (la fameuse bestiole qui accompagne le petit groupe), des centaures, et des sorcières. Tout le bestiaire antique est là pour la quête! Donc si les auteurs utilisent les ressorts classiques propres au genre, au regard du tome 1 on peut espérer un récit de qualité, ce qui n'est pas toujours le cas, même en respectant les canons du genre. Bon voyage!

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