Lost in the Dream

So 2014. Une petite liste d'artistes qui ont fait l'année 2014. Offrez les à Noel. Vous ne vous tromperez pas!

C 'est l'album qui commence à apparaître dans pas mal de best of de l'année. Pourtant il n'a pas eufait grand bruit. Le trio de Philadelphie est aussi charismatique qu'un cou d'autruche. Pourtant il faut bien sortir la tête du trou pour écouter ce disque qui prouve que Joy Division n'est pas mort.

Le leader de The War on Drugs se nomme Adam Granduciel et semble déprimé. Il a monté son groupe avec Kurt Vile qui depuis a connu le succès en solo. Une fois ce dernier parti, Adam s'est retrouvé bien seul et cultive ce spleen. A la fin de la tournée de leur second album, il a bien du mal à vivre normalement et sombre dans la dépression et la paranoïa.

Quels sont les thèmes du troisième album: la dépréssion et la paranoïa! Rien de tel donc qu'une lourde influence anglaise pour que le groupe redécouvre le meilleur des années 80. A ce petit jeu, The War on Drugs se débrouille très bien. Les nappes des synthétiseurs sont parfaitement disposés pour soutenir une voix chancelante mais passionnante à suivre. Il y a quelque chose de romanesque dans le style du groupe. La lenteur n'empêche pas le panache.

Puisque Adam Granduciel chante avec intensité! Il ne triche pas. La musique est son échappatoire. Le type est hanté. Les paroles s'engouffrent dans la moindre souffrance. Mais il y a un lumineux décalage avec la musique, dense et profitant des meilleurs artifices des années 80, entre Joy Division et des références plus américaines comme Lloyd Cole ou Springsteen. Sans la musique la vie serait une erreur. Adama Granduciel défend cette idée avec ardeur.

A offrir aux dépressifs, aux hipsters, à ceux qui veulent se réconcilier avec les années 80

Le Domaine des Dieux

Le massacre en live est arrêté. Astérix retrouve le format dessin animé. Même en infographie, Astérie gagne en profondeur et en humour. De vrais retrouvailles!

A part le film d'Alain Chabat, les adaptations du célèbre petit gaulois au cinéma ne font pas beaucoup rire. On est même pas loin du pathétique et du consternant. Beaucoup d'efforts mais peu de bonnes blagues en quatre films! Auteur adulé de Kaamelott, Alexandre Astier ne tombe pas dans le piège: il retourne vers l'animation, plus proche de la bande dessinée par nature.

En même temps il retrouve la verve délicieusement satirique des premières bandes dessinées. Le Domaine des Dieux singe avec humour les travers et les tics des Français, trop gaulois au goût des autres. Astier continue de piller avec intelligence le non sens des Monty Pythons et propose une nouvelle fois quelques dialogues hilarants, tout en décalage.

En moins d'une heure et demi, il réussit son adaptation qui devrait plaire à toute la famille. Il n'en fait pas trop. La mise en scène est précise et concise. C'est du travail sérieux pour développer un humour propre à la bédé mais aussi à Astier qui ne se trahit jamais en racontant une nouvelle fois une lutte entre Astérix et son rival surpuissant, Jules César.

On devine l'implication dans le projet de chacun. La réalisation ne manque pas d'entrain et le ripolinage infographique ne dérange pas beaucoup. Pour les nostalgiques, Astier a eu la bonne idée de retrouver Roger Carel qui prêtait sa voix aux vieux dessins animés.  La musique lorgne sur les années 70. C'est léger, tendre et fait avec beaucoup de coeur. Pour une fois, on ne va pas bouder son plaisir.

Avec les voix de Roger Carel, Guillaume Briat, Lorant Deutsch et Laurent Lafitte - M6 Studio - 26 novembre 2014 - 1h25

Mira

Dans la banlieue chic des Yvelines, on a vu naître la french touch et toute une ribambelle de gamins obsédés par des sons vieillots, charmants, sans vulgarité et lyriques. Gush est un groupe de rock des Yvelines. Leur style est donc vieillot et charmant. La production est soignée et il y a de l'ampleur dans leurs compositions.

Evidemment il y a eu dans leur premier disque, un fond d'electro et pas mal de funk mais leur pop anglo saxonne avait de quoi faire sautiller le plus boiteux des amateurs de musique. C 'est encore plus vrai sur Mira, leur second effort. Xavier, Vincent et les autres travaillent ce goût du revival. On pensait aux Beach Boys: désormais ils pourraient être les descendants des Bee Gees.

Ils empruntent beaucoup à leurs voisins Phoenix: c'est résolument vintage. Au point de transcender les emprunts. Les musiciens accentuent donc leur pillage étudié de la disco et de quelques tics musicaux des années 70. Le chanteur aurait même tendance à se prendre pour Prince. C'est culotté.

Les harmonies vocales sont toujours aussi respectables. Les rythmes nous entraînent facilement sur un dance floor où l'on voudrait être John Travolta dans La fièvre du samedi Soir ou Staying Alive. C'est un disque qui pourrait vous accompagner dans vos vacances au soleil. C'est chaleureux. Hélas, le groupe a un peu perdu de son originalité. On aimait bien le coté bricolé et plus sauvage du premier disque. Ici, c'est calibré, pesé et peut être un peu trop pensé. Mais ne boudons pas notre plaisir: cela ne empêche pas de secouer son popotin sur leurs chansons savantes et enthousiastes.

Cinq7 Wagram - 2014

Aucassin & Nicolette, Théâtre de Poche

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Approchez jeunes gens, venez écouter à tambour battant notre fable sur le jeune Aucassin et sa belle Nicolette. Venez découvrir notre histoire sur l’amour contrarié des jeunes gens qui n’écoutent que leur cœur et point leur parent. (suite…)

Cabaret Deret, Old man show, Jean-Claude Deret, Théâtre de Poche

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Un cabaret intime et facétieux mené par Jean-Claude Deret

 

Chansonnier contemporain, auteur compositeur et interprète, Jean-Claude Deret se rit de tout, en commençant par lui-même. Entouré de plusieurs membres de sa famille et d’amis complices, il propose avec son “old man show”, une soirée unique, sous le signe de la malice d’un jeune homme de seulement 93 ans. (suite…)

La danse des Obèses

Sophie Audoin-Mamikonian est un écrivain pour la jeunesse qui s’essaie au polar. Mais son polar ressemble davantage à un roman Harlequin. Jugez plutôt.

Le capitaine Philippe Heart est un flic brillant et sexy. C’est aussi un homme meurtri depuis le décès accidentel de son épouse Carla, fille du prince milliardaire Vilius de Sant’Eurabio Valito.

Il déprime chaque soir dans son trois cent mètre carrés et reste incapable de nouer une véritable relation amoureuse. Mais voilà que ce beau garçon tourmenté rencontre Elena, une superbe psychiatre "aux yeux d’un bleu profond", et qu’il en tombe éperdument amoureux.

Précisons qu’Elena travaille avec Ned, un docteur a la cinquantaine séduisante qui est secrètement épris d’elle. J’oubliais : Elena n’est pas tout à fait une fille comme les autres puisque c’est la fille du richissime industriel James Bartók. De plus, Elena a un passé douloureux qui lui fait renoncer aux hommes. Ouvrira-t-elle son cœur au capitaine Heart ?

En parallèle, le policier enquête sur les meurtres de plusieurs personnes obèses. Le tueur, que l’on surnomme l’Obèse Killer, les kidnappe et les fait mourir de faim avant de leur trancher les mains.

Sophie Audouin-Mamikonian invente le roman policier avec serial killer pour dames. Ajoutons : pour dames pressées et peu exigeantes. Car les personnages n’ont aucune épaisseur, le décor (social, géographique) est inexistant et l‘écriture insipide. Reste que l‘on ne s‘ennuie pas et que l’histoire est solidement construite. Ce qui est bien le moindre pour un polar.

Ici, on l’aura compris, le policier se mêle de romance fleur bleue. Quant au serial killer, c’est juste un truc à la mode qui permet de se dire que l’on écrit "des horreurs". Apparmment, c'est réussi puisque le mari de l’écrivain a trouvé que le livre était "yerk" (cf. remerciements en fin d’ouvrage).

D’autres auteurs français écrivent des romans policiers dans ce genre-là et s’en tirent beaucoup mieux. Ainsi de Jérôme Camut et Nathalie Hug, qui débordent d’imagination et font frémir le lecteur à la façon des grands romanciers populaires de la fin du 19e. Ou de Jean-Christophe Grangé qui, s’il ne bâtit pas des intrigues formidables, possède un style d’écriture particulièrement addictif.

En bref, il s’agit d’un bien mauvais divertissement que l’on termine le rouge au front, un peu honteux d‘avoir ainsi gaspillé son temps.
Pocket - 320 pages

Ready for the flood

Presque 15 ans après, le duo de tête des Jayhawks est de retour avec cet album acoustique, intime et nostalgique. Les fans seront comblés, les néophytes pourront découvrir leurs ritournelles folk aux harmonies vocales délicates et intemporelles.

On aime bien les Jayhawks à Etat critique. Pour ceux à qui le nom ne dit rien, il s'agit du groupe phare (avec Wilco) du mouvement Alternative country apparu au tout début des années 90. On dit aussi "Americana", mais en fait c'est tout simplement du country-rock inspiré par Gram Parsons ou les Byrds, sorte de réaction à la froideur distante du son eighties, et à la ringardisation à la même époque de la country "officielle" made in Nashville. 

Groupe du Minnesota au son californien, les Jayhawks nous avaient comblé avec deux très bons albums, Hollywood Town Hall  (1992) et Tomorrow The Green Grass(1995), pleins d'harmonies vocales célestes signées Gary Louris (voix aigue, look à la Voulzy) et Mark Olson (voix grave) et de parties de guitare électrique rappelant le meilleur de Neil Young avec Crazy Horse. Puis Olson était parti en 1995, les Jayhawks avaient continué sans lui jusqu'en 2003, dans une direction plus pop.

Depuis les deux compères ont mené des carrières solo respectives avec parfois de fort bonnes réussites (voir Vagabonds, de Louris, chroniqué dans nos colonnes, ouThe Salvation Blues de Mark Olson).

Cependant, on ne pouvait s'empêcher d'attendre de les entendre chanter ensemble à nouveau. Louris et Olson, en country-rock, c'est un peu les Lennon-McCartney, les Simon and Garfunkel, toutes proportions gardées bien sûr.

Et, tout de suite, dès les premières secondes de "The Rose Society", première et bien jolie chanson, on les retrouve, ces deux voix jumelles, un peu plus rauques et usées par l'âge, mais toujours aussi complices.L'album est nettement plus acoustique que ceux des Jayhawks, plus intime, les deux songwriters s'invitent un peu dans votre salon, et se payent par là-même un hommage appuyé à leurs idoles, les duos de country d'avant le rock, Monroe, Delmore ou Louvin Brothers, qui inspirèrent à leur tour les Everly puis Simon et son grand copain blond.

Privées d'électricité, les chansons n'en restent pas moins très Jayhawks, peut-être un peu plus matures, un peu plus indolentes aussi. Ca s'emballe rarement, sauf sur le bluesy "Chamberlain, SD," et les arrangements restent confinés au strict minimum : guitares sèches et parfois un orgue, une mandoline ou une slide guitar pour meubler le tout, une austérité qui, j'espère, ne découragera pas les néophytes. On remarquera deux superbes ballades aux parties de guitare en fingerpicking, "Saturday Morning On Sunday Street" et "Black Eyes"où la formule acoustique joue à merveille.

Les textes ne sont pas exempts d'une certaine amertume. On sent que depuis les Jayhawks la vie n'a pas toujours été rose pour ces deux quinquas. "Are we going to find each other/In this great big dark of night," se demandent-ils à un moment. Qu'on les rassure, même dans le noir, ils se retrouvent les yeux fermés. Et nous aussi, pour notre plaisir.

2008 - New West

Le moral des ménages, Théâtre de la Bastille

menageLE MORAL DES MÉNAGES" c'est une expression qu'on entend plus dans les débats télé qu'au théâtre. Une expression toute faite qui prétend que, si le moral des ménages est au beau fixe, alors les Français consomment, et c'est tout le système qui s'en trouve renforcé. Et inversement... Chez les parents de Manuel Carsen, quand il était enfant, le moral était plutôt en berne. En grandissant, il a tout fait pour échapper à vie morose de sa famille, en tout cas pour s'extraire de leur condition, cette condition de "classe moyenne" dont il est beaucoup question dans le roman d'Eric Reinhardt. (suite…)

Requiemachine, Marta Gornicka, Théâtre des Amandiers

requiemachine

Un chœur contemporain qui rend hommage aux exclus et appelle peut-être la chute d'un système.

Marta Gornicka est une jeune metteuse en scène et chanteuse, formée à Cracovie et Varsovie. Depuis 2009, elle cherche et crée un nouveau théâtre avec son nouveau jeu d'acteur propre et son nouveau type de récit.
Dans REQUIEMACHINE, 26 acteurs-chanteurs scandent notamment des vers du poète Wladislaw Broniewski, face public, dans une chorégraphie épurée et un décor minimaliste. (suite…)

Tant de temps

Une petite chronique pour célébrer un artiste qui nous manque: Amateurs de chansonnettes intelligents, vous apprécierez Tant de temps, en regrettant un peu la facilité de l’accompagnement musical.

Avec Tant de temps, Jacno nous livre son nouvel opus, quatre ans après le précédent. Il faut préciser ce genre de détails car Jacno semble figé dans le temps, prisonnier du temps. Et en écoutant ses nouveaux titres, on se sent pris au piège soi-même, enfermé dans un espace-temps situé entre 1978 et 1986. Jacno, dès qu’on l’écoute, on se retrouve dans le filet des années 1980.

Est-ce étrange et va-t-on reprocher à un artiste de toujours sonner pareil ? Après tout, il est rassurant de reconnaître un auteur à la première note. Ce qui est un peu plus gênant, c’est que l’étendue musicale des talents de Jacno ne tend pas vers l’infini. Ce serait plutôt le roi de la petite mélodie plus ou moins oubliable.

Je me sens un immonde salaud de dire ça, d’autant plus que Jacno est quelqu’un d’éminemment sympathique, un dandy spirituel dont la figure autant que les réparties n’ont rien à envier à Jacques Dutronc. Je me sens mal à l’idée de dégommer l’auteur d’un titre emblématique (sur cet album) : Le sport, dont le refrain (le sport, c’est de la merde) devrait ponctuer tous les matches de footis ou de tennball, de tennall ou de footbis, de tennis ou de football qui encombreront les écrans de télé dans les semaines à venir.

Oui, c’est pas bien de dire du mal d’un type qu’on aime bien, qui passe rarement dans les médias et qu’on peut classer dans la catégorie enviée des chanteurs culte.

Alors, pourquoi le critique persévère-t-il dans la critique de Tant de temps ? Eh bien parce que cet album, le critique aurait adoré l’aimer, mais qu'il ne tient pas ses promesses sur la durée.

Et pourtant, au niveau thématique, y en a de la richesse : Tant de temps évoque la possibilité d’aimer quelqu’un depuis la nuit des temps et de le reconnaître, le temps servant en quelque sorte de fil d’Ariane de la rencontre amoureuse. Les amants, les clients est une chanson bâtie sur une formidable image : un couple d’amoureux seuls à Strasbourg-Saint-Denis, entre les putes et les clients. Ajoutons T’es mon château où, en œnologue averti, Jacno compare son amour à tel ou tel vin.

Eh bien, pour accompagner cet imaginaire, on ne saurait trop encourager Jacno à contacter Brian Ferry pour que des musiques envoûtantes nappent ses propos. Au plan musical, seul l’avant-dernier titre, Mars rendez-vous, chanté en duo franco-allemand parvient à nous envoûter.

Oui, c’est là où le bât blesse : Jacno est un vampire et tant qu’à faire on aimerait tendre son cou et qu’il y plante ses crocs. Au lieu de cela, il se contente de nous allumer et de nous faire croire que s’il voulait…

Cela dit, sur notre échelle de valeur, Florent Pagny est un cancrelat que les talons de Jacno écrasent d’un coup. Il ne faut pas confondre un ringard et un flemmard !

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