Trois Soeurs, Anton Tchekhov, La Tempête
Sur scène, trois femmes seules dévoilent leur histoire de cœur. Elles racontent tour à tour la relation qu’elles entretiennent avec leur père, leur frère, leur amoureux. De la scène à l’écran, les trois sœurs s’adressent à eux dans un récit navigant entre passé et futur. (suite…)
Là où j’en suis, Florent Mahoukou
Une performance de danse contemporaine intéressante mais déstabilisante.
Originaire du Congo Brazzaville, Florent Mahoukou rapproche dans ce spectacle son univers à celui de la danse japonaise. Deux pays qu’on ne verrait pas d’emblée si aisé de rapprocher. Des passerelles se créent à travers les pas et le maquillage traditionnel congolais tacheté dans la blanche peinture de Geisha.
Sur le plateau parsemé de chaises en plastique, le corps de quatre danseurs congolais et une danseuse japonaise s’emmêlent. Mais sans rapport de séduction. La danseuse japonaise Arisa Shiraishi danse sur un pied d’égalité masculin-féminin.
Quelques scènes de danse au ralenti accompagnées à la guitare offrent des moments de grâce. Le mouvement de Brazzaville, son sens de la débrouille, sa lutte, son entraide jaillissent. On semble admirer de belles scènes de rue au milieu de l’agitation urbaine.
Mais la deuxième partie se montre plus obscure, plus décousue. Des bruits assourdissants agressent l’oreille. Puis une bâche noire recouvre le corps des danseurs. Sont-ils ensevelis sous le poids d’un sombre passé ? Ou rampent-ils pour montrer le risque qu’encourt l’homme face aux déchets plastiques ?
Dans la continuité de Sac au dos et My Brazza, Florent Mahoukou explore de nouvelles pistes créatives. Façonné dans la terre congolaise, il trouve son inspiration dans l’énergie qui l’a vu grandir. Loin d’être déraciné, il porte un message d’espoir à travers la danse pour déjouer les clichés sur le continent.
La découverte d’artistes et de leurs univers, telle est bien l’un des ingrédients si apprécié du Festival de danse Instances à Chalon sur Saône dont la douzième édition connut un grand succès.
Là où j’en suis part en tournée en 2015, notamment au Cdn de Rouen en avril 2015
Eden
La réalisatrice d'Un amour de Jeunesse s'inspire cette fois ci de son frère, proche de la french touch. Une oeuvre nostalgique sur l'émergence du mouvement qui a conquis le Monde entier.
Réalisatrice atypique et délicate, Mia Hansen Love renoue ici avec une veine intime pour raconter la grande aventure de la french touch et tous les DJ qui ont secoué la France puis le Monde avec des soirées à concept. Paul monte donc des soirées Garage qui prennent de plus en plus d'ampleur. Au début des années 90, avec ses amis, ils recyclent les vinyls de papa avec des sons électro. Les soirées Cheers sont très prisées par les fêtards de Paris mais aussi des grandes capitales.
Paul a un rêve musical. Il l'approche concrètement. Mais cela se fait au détriment de ses amours et de ses faibles revenus. Loin de vouloir s'imposer comme un récit historique, Eden raconte donc la naissance d'un genre et en même temps l'évolution sur plusieurs années d'une génération qui fuit la réalité dans les boites de nuit et l'électro.
Mia Hansen Love ne fait rien comme les autres. Son film se refuse toute morale ou tout jugement qui rassurerait le spectateur. A la différence des biopic américains ou luxueux, l'apparition de l'electro vient de l'intime, du coeur et du destin de quelques amis, fans de musique et d'excès adolescents.
Comme toujours, la réalisatrice préfère l'esquisse à la démonstration. Ce n'est pas le succès de la French Touch qu'elle met en scène, ce sont les désirs et les désillusions des petits matins gris après la fête. Ce sont les réveils où les promesses amoureuses peuvent s'éteindre très vite. Ce sont les besoins de s'évader d'un monde trop terre à terre. Finalement la passion de Paul le coince dans une adolescence qui va lui coûter cher.
Découverte par Olivier Assayas comme actrice, Mia Hansen Love s'inspire de la vie de son frère. Ca explique peut être quelques répétitions et de longueurs qui rappelle effectivement Assayas. Elle s'attarde trop sur le destin héroïque et pathétique de Paul. Cependant elle aime ses personnages, parfaitement joués. Mention spéciale à la toute belle et belge Pauline Etienne, actrice incroyable. Aidé par une bande son pétaradante, le film réussit à ne pas être mélancolique et nous conter une histoire tendre et intime, qui touche le coeur autant que les oreilles.
Avec Félix de Givry, Pauline Etienne, Vincent Macaigne et Greta Gerwig - Ad Vitam - 19 novembre 2014 - 2h10
L’indien dans la nuit Blanche
Sam, c’est l’indien. Son grand frère est le cowboy. Entre eux, c’est la guerre, la vraie guerre. Une nuit, à bout, Sam décide d’aller planter son tipi sous la table de la salle à manger. Puis, le cowboy arrive …
Quelle merveille que cet album !
Le texte de Didier Lévy est touchant, percutant et sensible. Les illustrations de Laurent Corvaisier sont magnifiques alliant avec précision et justesse la violence du jeu imaginé à celle de la réalité quotidienne. Les couleurs sont flamboyantes, le trait précis et efficace, tout cela sur un papier presque luxueux.
On le sait, on ne se le dit pas toujours, mais parfois, on se débarrasserait bien de son frangin ! Pourtant, comme il est bon de jouer ensemble ! Comme il est bon surtout de sentir sa présence rassurante.
Vous l’aurez compris, L’indien dans la nuit blanche est un incontournable pour tous les frères et sœurs de plus de 5 ans ! Foncez !
Oskar Jeunesse - 24 pages
L’Azerbaïdjan, l’élégance du feu, Reza
Paysages étonnants d’Azerbaïdjan en face de visages aux regards perçants. Élégante exposition photos de Reza dans un décor inattendu du Petit Palais. (suite…)
Eskelina – Le Matin du Pélican
Une bonne nouvelle pour la chanson française
Eskelina sort un premier album, Le matin du Pélican. Guidée par Christophe Bastien, guitariste du groupe Debout sur le zinc, et par Florent Vintrignier, parolier qui travaille régulièrement avec la Rue Kétanou, Eskelina produit un bel album, frais, acoustique et très mélodieux.
Avec un phrasé léger accentué par ses origines suédoises, la chanteuse a incontestablement un don pour les ritournelles qui restent en tête. La voix est timbrée et vole avec facilité dans des aigus vibrants qui invitent au voyage. Les arrangements sont simples et mettent à l’honneur guitare folk et contre-chants. Les chansons se baladent de ballades en ballades, sans prétention et avec efficacité.
Cette simplicité apaise. On remet l’album en boucle pour accompagner ses soirées ou ses virées dans la ville. Onirique. Emouvant. L’album est réussi. Les chansons s’enchaînent avec cohérence. « Je reviens » ouvre l’album et reste incontestablement le titre qui sera sans doute le plus écouté et, on l’espère, diffusé sur les ondes.
Une bien belle découverte, une bien belle interprète. A connaître.
Hunger Games La Révolte – Partie 1
Résumé des épisodes précédents: Les Etats Unis ont connu un désastre qui a profondément modifié la société: d'un coté vous avez des riches habillés comme des clowns qui jouissent du pouvoir et qui martyrisent des pauvres qui vivent comme des amish dans des districts. Pour effacer toute rébellion, les riches organisent les Hunger Games.
Des gamins s'entre-tuent pour divertir le peuple et les nantis. Venue du district 13, Katniss va surmonter cette épreuve, réveiller la colère sourde et provoquer une véritable révolte. Nous voilà donc au temps de la lutte entre les districts et le Capitole, impitoyable et protégé par une armée de types déguisés en Daft Punk.
Tirée d'une série de livres pour adolescents, la saga Hunger Games a le grand mérite de pervertir avec bienveillance ce genre de produit hollywoodien, très à la mode depuis le succès de Harry Potter et Twilight. Il y a donc une double lecture facile à remarquer: le film dépeint finalement une société du spectacle devenue dictature, une version violente d'Hollywood: ses besoins en chaire fraîche, l'illusion qu'elle projette au Monde entier, sa nature propagandiste. Pour cela, les films sont plutôt intéressants. Comme dans Matrix, l'héroïne est perçue comme une terroriste, une anarchiste, un concept difficile pour l'industrie du cinéma américain!
Mais les films sont hélas d'une rare laideur. le design, les costumes, les décors sont d'un kitsch assez renversant. Dans cet épisode on n'est pas loin du nanar italien (avec des sous tout de même) ou pire: Fortress avec Christophe Lambert, mètre étalon du naveton sympathique. Donald Sutherland est ainsi momifié. Woody Harrelson a une nouvelle perruque. Jennifer Lawrence joue l'aventurière au mental de Laura Ingalls dans La Petite Maison dans la Prairie. Une partie du casting du sexy Boogie Nights (Julianne Moore et Philip Seymour Hoffman) se retrouvent pour prononcer des discours pesants sur la liberté et le combat; fringués dans des blouses de mécaniciens.
Dans les deux épisodes précédents, on se tuait au grand air. Ici tout est confiné et un peu terne. Même l'histoire qui s'étire un peu (on a divisé le dernier livre en deux films pour cause économique évidente) est un peu timorée. Le film devient bipolaire entre le production design catastrophique et la nature un peu rebelle du récit. Cela amuse car Hollywood s'écartèle tout seul avec Hunger Games, mais à la longue, c'est désormais sans grande surprise. C'est quand le grand jour? La lutte finale? Vivement la fin!
Avec Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Woody Harrelson et Julianne Moore - Metropolitan filmexport - 19 novembre 2014 - 2h
Interlude
Coucou le revoilou ! Jamie Cullum reprend une vieille habitude de jazzman, reprendre les classiques. Avec son talent, le résultat est réjouissant.
Jamie Cullum est peut être l’homme à abattre chez certains puristes du jazz. Le petit et bouillonnant pianiste a versé sur les recettes du jazz une bonne dose de pop pour son plus grand bonheur. Le résultat est commercialement efficace et cela a fait le succès d’un artiste passionné, se foutant des conventions mais pas des mélomanes.
Il réalise donc une discographie inégale mais souvent avec un entrain qui force le respect. Animateur d’une émission télévisée anglaise sur le jazz, il a eu le temps de revoir ses classiques et de faire des rencontres étonnantes. Ainsi il a rencontré un jeune producteur et des musiciens prêts à en découdre avec les standards du jazz.
Malins, Cullum et ses nouveaux amis ne choisissent pas les incontournables mais plutôt des références un peu moins usées par d’autres artistes. Ils s’enferment tous dans un studio et enregistrent sur un vieil analogique tout un album en quelques jours. Le résultat fait ressentir cette exaltation et cette excitation.
Plus que dans ses albums originaux, on devine l’espièglerie de l’artiste, ravi de s’amuser une fois de plus avec les règles du genre et les lois de la production. Après un disque un peu décevant, on retrouve ici le trublion ravi et motivé. Dans les pompes des géants (Nat King Cole, Nina Simone), Jamie Cullum traverse à grandes enjambées les classiques avec jubilation communicative.
En plus il a la bonne idée d’inviter les nouveaux héros du jazz comme Laura Mvula et sa voix rétro ou l’excellent Gregory Porter. L’habit du crooner classique va très bien à Jamie Cullum. Interlude est peut être son meilleur disque et un des albums les plus séduisants de l’année !
Island - 2014
Fratricide – Jean-Pierre Kalfon – Pierre Santini – Théâtre de Poche Montparnasse
Jean-Pierre Kalfon et Pierre Santini sur scène.
Cela fait longtemps qu’on ne les a pas vus sur une scène de théâtre alors quand l’occasion se présente, on ne les loupe pas. Jean-Pierre Kalfon et Pierre Santini sont au Théâtre de Poche Montparnasse dans une pièce de Dominique Warluzel. (suite…)