Love Circus, Stéphane Jarny, Folies Bergère –

 love

Une histoire d’amour chorale aux allures de Crazy Horse, de Broadway et de cirque Pinder.

Rose et Garance sont sœurs. Artistes, elles vouent leur vie au cabaret des Folies Bergère. Une légende familiale transmise de générations en générations les contraint à mettre de côté leur vie sentimentale. Mais le retour de la troisième sœur va briser leurs chaînes. (suite…)

Avant le Nuage

L’ambiance est bien morose ce dimanche matin chez Gaston. Pas d’inspiration !  Une fille adolescente peu loquace et peu aimable ! Et surtout plus une cigarette !

Vous l’aurez compris, Gaston doit réagir. Il doit arrêter de fumer…

Il rencontre alors un vieil homme qui lui propose de l’aider avec une méthode révolutionnaire : ce dernier est capable de faire revenir Gaston dans le passé (tout simplement ! En chair et en os ! ), le jour où il a fumé sa première cigarette. Il pourra alors décider de ne pas la fumer, cette affreuse première clope.

Que les choses soient claires, ce n’est pas sans risque !

Et voilà donc Gaston qui déboule au collège 20 ans plus tôt,  âgé alors d’une douzaine d’années…

Le début de ce roman est un peu déroutant : on se demande vraiment s’il s’agit de littérature de jeunesse.  Le lecteur est embarqué dans les états d’âme existentiels d’un adulte et c’est un peu longuet.

En revanche, dès que le « départ vers le passé » est amorcé, les choses s’accélèrent.

D’abord, le personnage n’est plus adulte mais franchement ado et là, ça décoiffe !

Suspens, aventures, quiproquos et drôle de magie rythment les pages.

Ben voui, nos parents aussi ont eu des premières fois, et ils ne s’en sont pas toujours sortis avec brio !

Une fois passées les premières pages, ce roman se laisse lire avec plaisir. On y parle d’amitié, d’amour, de profs, de parents, de victoires, d’erreurs… de la vie à douze ans quoi !

Ah j’oubliais aussi de vous poser la question essentielle avant que vous ne vous lanciez dans cette lecture : c’est quoi un walkman déjà ? Et une mobylette ?!

Dès 10 ans

 

Sirènes, Pauline Bureau, Rond Point

sirenes"Sirènes" naît d'une écriture collective de la compagnie LA PART DES ANGES, d'après le projet de sa metteur en scène Pauline Bureau. C'est son second spectacle accueilli au Rond-Point (son premier, intitulé "Modèles" explorait le thème de l'identité féminine). "Sirènes" sonde les secrets de famille, l'héritage (féminin et masculin cette fois) conscient et inconscient d'une génération à l'autre. La sirène, c'est une chimère, une porte d'entrée dans un monde de l'esprit où la réalité est ambigüe, où ce qui devrait se dire, se tait et où éclate le non-dit, toujours déplacé.

Le point de départ de cette introspection (cette enquête?), le voici: Aurore, chanteuse, perd sa voix en plein concert. Un médecin spécialiste, ne trouvant rien à lui diagnostiquer, l'oriente vers un psychanalyste, avec qui elle va évoquer ses manques et ses terreurs. Cette histoire donne à voir les ricochets d'un drame (la désertion soudaine du père de famille) sur trois générations; une scénographie habile rend intelligibles les trois époques tandis qu'un ingénieux système de cadre dans le cadre isole certaine scènes lointaines (en Chine précisément).

C'est aussi l'histoire d'une révolte (contre une certaine loi du silence) où l'énergie du rock, légitime, s'exprime en un concert live nerveux et débridé de chant, guitare électrique, basse et batterie.

La distribution est étonnante et efficace: Marie Nicolle explosive en Aurore, Géraldine Martineau (la mère d'Aurore, enfant), Catherine Vinatier (la fragile mère d'Aurore, adulte), l'élégant et sobre Yann Burlot, l'excellent Nicolas Chupin (tour à tour inquiétant et drôle), Philippe Awat (l'oncle inconnu / retrouvé) et Anne Rotger (la grand-mère d'Aurore) sont à applaudir au Théâtre du Rond-Point (salle Jean Tardieu) jusqu'au 6 décembre.
 
Jusqu' au 6 décembre 2014 (relâche les lundis),

Théâtre du Rond-Point

à 15h30 le dimanche et à 21h les autres jours.

Eagle Rock Fire

Un petit jeune qui défend de la musique de vieux. Ce n'est pas nouveau mais c'est toujours appréciable!

Le titre de gloire de Joe Purdy: avoir une de ses chansons dans la bande originale du premier épisode de Lost, Wash Away. Une chanson qui a marqué les esprits et s'est imprimé dans la conscience comme la série tropicale et bien barrée de JJ Abrams. En tout cas, cela suffit au bonheur du musicien pour poursuivre une carrière dans la folk bien ancrée et lancinante.

Chez lui, la guitare sèche est reine. Quelques guitares ont le droit de slider sans trop s'énerver. Il y a de toute façon une mandoline quelque part pour surveiller tout ça. La voix est joliment nasillarde et convoque tous les vieux chanteurs pionniers de la musique traditionnelle américaine. Pour nous, c'est vraiment exotique.

Avec ses bretelles, sa longue barbe, son harmonica attaché autour du cou, Joe Purdy pourrait être un gardien de la tradition. En tout cas il est très inspiré. Treize albums en treize ans! Et ce petit dernier a mis quatre années à venir. Et pas grand chose n'a changé.

C'est de la chanson boisée avec des textes chaleureux sur les petites gens et les souvenirs plus ou moins douloureux du chanteurs. Le sentiment est chanté avec une vraie humanité. Tout est fait à l'ancienne. A 34 ans, ce natif d'Arkansas respecte scrupuleusement la musique des anciens.

On ne peut pas lui en vouloir car il fait cela très bien. Mais évidemment pour l'originalité il faudra peut être encore attendre quelques albums et quelques années. Quand on est avec lui, le temps s'écoule paisiblement et franchement, c'est déjà pas mal!

Mudtown Crier Records - 2014

Mudtown Crier - 2014

Docteur Pim et Moi

Tous les vendredis, le service des enfants de l’hôpital semble totalement déboussolé. Les docteurs clowns font leur visite hebdomadaire.

Seul Nino semble rester tout à fait imperméable aux pitreries du Docteur Ketchup, du Docteur Chipolata ou encore du Docteur Tartiflette … Un jour, le docteur Pim fait son apparition…

Irène Cohen-Janca propose là un roman très sensible et plein d’à propos. L’hôpital, la maladie, ce qui y est dit, ce qui est sous entendu, ce qui est compris, ce qui est interprété, l’avenir, le quotidien, l’imaginaire, les rêves des grands et des petits sont autant de thèmes abordés, sans jamais donner aucune leçon, sans voyeurisme.

On suit Nino dans son quotidien d’enfant malade - mais surtout dans son quotidien d’enfant tout court - avec émotion et parfois avec drôlerie. Docteur Pim et moi offre aussi la possibilité de s’interroger sur soi, sur ce qui est important dans sa vie…

Et si j’étais à la place de Nino ? De ses parents ? Du Dr Pim ? De Cruella ? Comment je réagirais ? Bonne lecture !

Editions du Rouerge

Bad Little Bubble B. – Laurent Bazin – Théâtre du Rond-Point

Bad Little Bubble B

Aux frontières du pulsionnel et du théâtre

Elles sont cinq en scène. Cinq jeunes femmes libres de faire exploser les codes et les formes. Cinq jeunes femmes avec une énergie vitale débordante  pour casser les frontières du regard et du voyeurisme, pour transformer l’espace scénique en objet esthétique, en un espace de propositions.

Les tableaux se succèdent dans les clairs obscurs, dans les noirs, dans des faisceaux de projecteurs pour montrer des corps de femme en proie à la mécanique et aux pulsions des mots, du toucher, du regard. Il y est question de violence, du Ça originel, de blessures, de sauvagerie et de barbarie. Les morceaux de corps nus donnent naissance à des fantasmagories, des corps sans tronc, des corps sans visage, d’étonnantes images.

Laurent Bazin s’attaque à l’impossible et à l’intolérable, la femme objet, victime du pornographique, à ses spectateurs subjugués, hypnotisés par les contrées de l’organie. L’écran n’est plus là, impossible de zapper ou de refermer le magazine. La tension naît alors de ces successions d’uppercuts théâtraux fondés sur une exposition en dérapage contrôlé de l’intime. La mécanique s’exprime, implacable. Une extériorisation des conflits intérieurs qui s’expriment par le cri, des courses, des chocs, des bruitages.

Ce geste théâtral est une révolte de matière et du code théâtre. Une intellectualisation nécessaire pour affronter ce qui pourrait être déplacé, un non-objet ou un hors-sujet. Une interrogation à aborder avec toute la prudence qu'il se doit devant l’exploration de l’inconnu et la naissance de l’instable informité.

Mise à nu / Bad Little Bubble B. par WebTV_du_Rond-Point

LUX

Un disque d’EZ3kiel c’est bien. Voir le groupe en concert c’est mieux.

Le souci du groupe, axer son développement graphique dans ses concerts. Cela dévalorise un peu les disques du groupe. Qui reste attachant : en 20 ans, les membres du groupe sont passés par tous les genres pour soigner les ambiances et emporter l’auditeur dans une spirale de sensations.

Les petits gars de Tours expérimentent sans arrêt, ce qui est souvent preuve d’intelligence. Avec cette ambition ne soyons pas surpris que voir EZ3kiel prendre tout son sens et son ampleur sur scène. Avec tant d’années et de tournées, le groupe a une forte identité dans le milieu de la musique indépendante.

Ce nouvel album a le grand mérite de nous transporter dans un prog-rock qui oscille entre trip hop discrète et gentil metal. C’est assez incroyable tous les styles qui peuvent muter dans une seule chanson du groupe qui en plus a la bonne idée de ne pas faire des titres beaucoup trop longs (8 minutes maximum pour le premier morceau).

A l’heure où Pink Floyd pille ses archives, les Français cherchent vraiment à créer quelque chose de cohérent. On n’a peut être moins d’interactivités que sur scène mais le disque nous oblige à tendre l’oreille et nous attire dans un monde sonore assez fascinant, où tout semble à sa place pour choyer l’auditeur.

C’est un disque qui vient piquer notre curiosité. Il y a des pirouettes mélodiques qui donnent le vertige. Des plages calmes et lancinantes et des morceaux beaucoup plus cogneurs mais jamais disgracieux ou prétentieux. LUX impressionne et permet d’échapper aux monstruosités qui se collent à nos télés et nos médias. Il propose un rêve protéiforme. On plane avec eux ! Volez jusqu'à eux...

Interstellar

Pendant qu'un petit robot s'accroche à une comète, Christopher Nolan veut nous mettre sur orbite avec son nouveau film de science fiction!

Ce n’est pas un rigolo, Christopher Nolan. Depuis ses débuts, le temps l’obsède et nourrit sa virtuosité. En matière de science-fiction, il n’aime que les histoires de temps, d’espaces et de physique quantique. Pour lui, les mathématiques sont la solution à tout, la porte ouverte à tous les fantasmes.

Il nous fait tout de même rêver avec son concept de conquête spatiale en compagnie du meilleur acteur américain du moment, Matthew McConaughey. Au début du film, il a un look d’un agriculteur. Dans un futur proche, tous les pilotes ingénieurs deviennent agriculteurs pour sauver la planète de la famine. A trop polluée, la population est désormais piégé sur une Terre aride.

Mais notre agriculteur a toujours une petite navette dans la tête ! Un étrange concours de circonstances le pousse à grimper dans une fusée pour découvrir une possible planète habitable. En bon Américain, c’est un explorateur qui n’a pas peur du danger, un pionnier pour la visite de nouvelles galaxies, un ancêtre idéal du capitaine Kirk !

Avec Matthew McConaughey, les incohérences deviennent de délicieux sophismes scientifiques. Il est certain que le réalisateur de la trilogie Batman profite de la sympathie du comédien pour nous bricoler un film d’aventures tortueux, prétentieux et peut être plaisant.

Car Nolan veut ratisser large. Il y a comme dans Inception des boucles spatio-temporelles qui font creuser les ménages. De jolies actrices qui prouvent que les femmes sont sûrement l’avenir de l’Homme. Des théories grandiloquentes sur le destin, la vie, la place de l’homme dans l’Univers.

C’est indigeste mais comme il y a un acteur cool, pas de souci, on veut bien voyager même si on ne comprend pas tout ! Ce n’est pas grave : Nolan a quand même le sens du spectacle et sa vision des galaxies et des cinq dimensions (rien que ça) ont le mérite de dépayser grandement.

Nolan est très didactique, cela peut être pénible. Il n’oublie pas qu’il est dans la grosse industrie hollywoodienne et il faut du rebondissement à tous les étages de la fusée. Il voudrait être Kubrick pour le lyrisme ou pour la théorie. C’est un bon gros faiseur et si son film nous perd de temps en temps, il propose effectivement une vision nouvelle d’une obsession typiquement américaine : l’inconnu. Les grands espaces. La découverte. C’est cette volonté primitive qui fait de ce blockbuster présomptueux, un drôle de spectacle, parfois agaçant, parfois fascinant.

Avec Matthew McConaughey, Anne Atthaway, Jessica Chastain et Michael Caine - Warner - 5 novembre 2014 - 2h49

The Phosphorescent Harvest

Si vous voulez planer sans être hors la loi, le nouveau groupe de Chris Robinson vous offre sa dose d’effets ouatés et de rock psychédélique. Intemporel !

Quand il ne fait pas des tournées avec les Black Crowes et son frangin, Chris Robinson bricole une musique beaucoup moins blues que son premier groupe et plus ouverte sur des musiques pleines d’utopies mystiques, de visions colorées et de soleil californien.

L’illustration du troisième album du Chris Robinson Brotherhood est un modèle du genre : un pur produit psychédélique avec petites fleurs, paysages et créatures cosmiques. Chris Robinson, barbu et perché, disparaît totalement dans ce groupe où l’on retrouve entre autres, le guitariste de Ryan Adams, Neal Casal, assez inspiré par cette ambiance fumeuse et trippée.

Dans ce nouvel opus, Chris Robinson tente donc un rock plus barré que les Black Crowes. C’est tout aussi roots mais la nature des ambitions est différente. Effectivement, ici on navigue au bord de plages délirantes de sons bidouillés et vintage.

On pense évidemment au Grateful Dead car Robinson partage ce goût pour les rythmes qui s’étirent mais qui conservent leur influence rock. C’est un joyeux foutoir où l’on devine sur chaque solo, un plaisir partagé.

Les musiciens assurent. Il y a des références multiples mais le groupe réussit sa mission : nous faire voyager. Avec une pointe de funk, des instruments libérés et des idées retro, cette récolte phosphorescente nous plonge dans un univers barré et résolument vieillot. C’est le charme et la limite. On s’en moque, les vibrations sont bonnes. Sans nostalgie, le Chris Robinson Brotherhood est une belle découverte typiquement américaine !

Silver Arrow - 2014

Petit art de la Fuite

Si lire est l’un des grands plaisirs de l’existence, découvrir de beaux livres nous entraine toujours dans des moments de bonheur inégalables. Et celui-ci est un véritable enchantement.

Enrico Remmert est italien et ce Petit art de la fuite  est son troisième romain. Le turinois a en effet déjà été remarqué à la fin des années 1990 pour Rossennotti, qui a obtenu de nombreux prix.

L’auteur a également étudié dans une école de « creative writing » et la fréquentation de ce genre d’ateliers aurait pu lui donner des réflexes, des tics. Pas du tout. L’écriture de Remmert est fluide et vive. Ce roman dégage d’ailleurs un dynamisme, une énergie incroyables. Chaque page est pleine de punch, de bruits et de couleurs. Vivante. Et le choix de donner la parole tour à tour à chacun des protagonistes, entre monologue et tutoiement, donne au texte une véritable légèreté.

Dès le début, l’histoire est prometteuse. Trois copains qui vivent à Turin, à peine sortis du monde étudiant, partent ensemble jusqu’à Bari. L’un d’eux, violoncelliste, doit en effet  y jouer pendant quelques mois dans un orchestre.  Quant aux deux filles qui l’accompagnent, l’une d’elles les embarque dans « La Baronne », une vieille Fiat d’auto-école, tandis que l’autre ne sait plus où elle en est dans sa vie amoureuse. Cela pourrait paraître convenu mais, dès les premières pages, les situations cocasses, les événements loufoques, les quiproquos, les frayeurs et les grosses cuites s’enchainent.  Bref, très vite, le petit week-end calme devient un road-trip complètement déjanté.  Évidemment, rien ne se déroule comme prévu mais le lecteur est toujours surpris et amusé. Leur équipée, de jour comme de nuit, ne leur permet pas de repos ni de répit. Ils dorment parfois quelques heures au hasard des arrêts. Sans oublier les rencontres : un vieux sage, un restaurateur pressé ou encore un boucher pervers…

Portrait tendre d’une jeunesse qui a grandi trop vite et se retrouve aux prises avec ses doutes, histoire de belles amitiés et de sentiments forts, ce livre touche au cœur et met de bonne humeur. Un seul regret : il se lit tellement bien qu’on le finit trop vite !

éd.10-18, 240 pages.

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