Deadpool & Wolverine, Studios Marvel

Deadpool n'est pas un super héros comme les autres. Il fait des blagues tout le temps et se fiche du politiquement correct. Du moins, c’est ce qu’il donne à croire. Deadpool a des punchlines crades mais derrière tout cela il a un vrai sens de l'amitié et ferait tout pour sauver son premier amour. A l’heure actuelle beaucoup de commentaires vont diront comment Deadpool est trash mais ces personnes là ne connaissent sûrement pas un type comme John Waters. Ou Bertrand Blier.

Deadpool se moque de Marvel et fait des blagues qui, effectivement, le placent dans une situation à part: le méta film de super héros. Ce qui donne des moments sympas dans ce troisième épisode: il ressuscite des vieux tocards super héros comme Blade ou Elektra. Si vous n’avez jamais vu de film de super héros, vous pouvez abandonner ici.

Car le troisième opus de Deadpool ne fera que cela : citer des références obscures et parfois amusantes à toute la saga Marvel et autres. Les navets. Les projets avortés. Les bides et les succès, bien entendu.

Donc pour faire cela, il faut raconter une histoire. Deadpool 3 ne va pas faire cela: il va juste accumuler les détails, à défaut de construire un récit. Le spectateur est donc prié de se limiter au nombre de références et de clins d’œil à toute la culture super héros. Pour avoir une histoire avec de l’émotion, vous devrez peut-être attendre le prochain volet.

Pourtant sur le papier, le buddy movie à la sauce super héros déconnants, ça donnait une grosse envie. D’un coté, le gros bavard de Deadpool. De l’autre, ce nihiliste de Wolverine. Au milieu, bah pas grand chose.

Deadpool dit des gros mots. Wolverine grince des dents. Et puis c’est à peu près tout. Ils ne peuvent pas se blairer mais finalement se trouvent des points communs et, au bout de dix mille batailles, avec du faux sang généré par ordinateur, les deux larrons se disent qu’avoir un bon copain, c’est ce qu’il y a de meilleur au monde.

Le scénario est un immense courant d’air qui fait du bien en période de canicule mais effectivement les neurones peuvent être emportés dans une tempête de grand n’importe quoi.

Alors oui, c’est marrant de voir Hugh Jackman jouer différents Wolverine. Oui il y a une certaine clairvoyance dans les répliques de Deadpool qui dénigre l’univers Marvel. Mais bon, en réalité, on voulait juste un simple film divertissant ce que n’est jamais vraiment Deadpool & Wolverine.

Le film souffre comme les dernières productions d’un design dégueulasse, des effets spéciaux faciles, d’une bande son répétitive et surtout d’un récit décousu qui ne tient personne en haleine. Et quand on apprécie les deux personnages, assez iconiques, on se dit juste que c’est dommage !

Mais quand il fait très chaud à l’extérieur ou que les vacances autorisent quelques écarts, ce film n’est pas si mauvais. Il est nul mais frais si on compare aux désastres industriels de Marvel… 

Au cinéma le 24 juillet 2024
Avec Hugh Jackman, Ryan Reynolds, Emma Corin et des stars qui font des blagues
Marvel Studios - 2h02

Et c’est ainsi que nous vivrons, Douglas Kennedy, Pocket


En 2045, les USA n'existent plus. Ils ont été remplacés par d'un côté une République réunissant les états côtiers (est et ouest) et de l'autre une Confédération des états continentaux (les "Fly over", titre original du roman). Le scénario de cette Amérique divisée entre progressistes et conservateurs religieux semble très séduisant.

Malheureusement, au lieu de traiter du sujet, Douglas Kennedy se focalise sur son personnage de Samantha Stengel, agente secrète pour la République envoyée en mission pour tuer sa sœur, agente à la solde de la Confédération. Deux sœurs ennemies pour symboliser un pays où la fraternité régresse, c'est assez lourdingue comme procédé.

Ce n'est pas un roman d'anticipation, c'est un vulgaire thriller dont l'intrigue est assez médiocre et totalement prévisible. D'ailleurs, l'auteur en est tellement conscient qu'il le formalise: "Apprendre que c'était toi derrière le masque - toi, ma demi-sœur en mission pour me tuer... c'est à la fois incroyablement cliché et vraiment tordu." (page 420).

Kennedy n'a pas travaillé son sujet. Il fait l'impasse sur les technologies du futur, se contentant d'imaginer qu'on implantera une puce électronique aux individus et que les espions disposeront de masques leurs permettant de changer d'identité sans être reconnus (c'est tellement innovant qu'on voyait déjà ça dans les romans d'Alexandre Dumas ou dans Fantomas !). J'ai vraiment regretté que le livre n'ait pas été plutôt écrit par Marc Dugain qui aurait donné toute son ampleur à cette dystopie.

Avec Kennedy, il n'y a pas que les technologies qui sont dépassées (c'est vraiment l'an 2000 des années 80 !), les références aussi sont datées. A en croire l'auteur, en 2045, on ne s'intéressera qu'à des vieilleries en noir et blanc des années 1950. Mais oui bien sûr...

Pour faire bonne figure, Douglas Kennedy patine tout ça d'un vernis philosophique peu convaincant.
"A l'image des cellules biologiques qui nous composent, il est dans notre nature de nous diviser. L'histoire de l'humanité, individuelle et collective, n'est qu'une longue succession de schismes et de ruptures. Nous brisons nos familles, nos couples. Nous brisons nos nations. Et nous rejetons la faute les uns sur les autres. C'est un besoin inhérent à la condition humaine: celui de trouver un ennemi proche de nous afin de l'exclure en prétextant ne pas avoir le choix.
Vivre, c'est diviser" (page 448).

Amen !

Paru en poche le 06 juin 2024
chez Pocket
Traduction (anglais USA) Chloé Royer
456 pages

Ce qui nous tue, Tom McAllister, 10/18

Pour mon plus grand plaisir, le hasard a mis sur mon chemin Ce qui nous tue de Tom McAllister. Je n'avais jamais entendu parlé ni de cet auteur, ni de ce livre au titre bizarrement traduit puisqu'il s'intitule en anglais How to be safe (qu'on pourrait traduire par Comment s'en sortir). Un livre de 2021 qui reste terriblement d'actualité et qui aurait mérité un grand succès.

Toute la ville de Seldom Falls, petite bourgade de Pennsylvanie autoproclamée "LA VILLE LA PLUS AIMABLE D'AMERIQUE" (page 25) est sous le choc après qu'une tuerie de masse a lieu au lycée. Professeure récemment renvoyée du lycée car trop peu conventionnelle, Anna Crawford, voit les forces spéciales débarquer chez elle et la ranger au titre des suspects potentiels.

Avec son humour noir, la narratrice un brin parano dénonce le cynisme des politiques qui déclarent la guerre aux armes (sic) et utilisent la tragédie à leur avantage.

"Les politiciens adoraient les petites villes. Ils croyaient qu'on passait notre temps à manger de la tarte aux pommes et à agiter de petits drapeaux à l'église. Ils n'aimaient pas penser au fait que tout le monde prenait des opiacés, avait un boulot ingrat et vivait constamment dans la peur. Leur amour pour une vision idéalisée de l'Amérique profonde était pervers. Tandis qu'on mourait, ils s'enrichissaient sur notre dos en nous félicitant pour notre résilience. Ils s'arrêtaient pour boire une bière avec un gars du coin. Ils promettaient que, la prochaine fois qu'ils viendraient, ils apporteraient la prospérité." (page 129)

Bien que rapidement innocentée, Anna est toujours harcelée par des chaines d'info qui surfent sur le sensationnalisme. "L'appétit des médias (...) était insatiable. Ils avaient besoin d'images de mort pour rester en vie". (page 196).

Au gré de ce roman assez court et terriblement percutant, Tom McAllister évoque la difficulté qu'il doit y avoir à vivre dans l'Amérique profonde lorsqu'on n'est pas un homme blanc viril, pro-life et pro-armes.
J'ai beaucoup ri en lisant ce livre tant le regard de la narratrice est féroce, drôle et acerbe. Le virilisme - et la violence qu'il véhicule - en prend pour son grade. Savoureux !

Paru en poche le 18 février 2021
chez 10/18 Littérature étrangère
traduction Anne Le Bot
237 pages | 8€

Le Schpountz, Marcel Pagnol, Delphine Depardieu, Sanary

Cette pièce de théâtre est très comique et bien jouée.

Trois metteurs en scène se moquent d'Irénée en lui disant: "tu es fait pour le cinéma !" (son rêve !). Françoise, l'une des trois metteurs en scène, le prévient que c'était une farce, mais il ne la croit pas. Les deux autres continuent à l'humilier, jusqu'à ce qu'il comprenne.

Il se retrouve alors dans des "petits emplois", mais Françoise le pousse à jouer dans un film. Va-t-il réussir, ou est-ce que ce sera une catastrophe ?

Norma D., 10 ans.

Le 24 juillet 2024
Théâtre Galli, 83110 Sanary-sur-Mer

Festival de théâtre à Sanary

Des disques anti stress pour les vacances

Je ne vais pas vous dire d’éteindre vos portables, vos ordis et vos réseaux, sinon vous ne lirez pas cet article. Mais en cette période estivale, voici quelques musiques qui vont vous faire totalement décrocher.

Pourtant Human Cocoon n’est pas un disque léger. La pianiste Beyza Yazgan a produit son disque en pensant aux tremblements de terre en Syrie et en Turquie. Bouleversée, la jeune femme s’est concentrée sur des pièces simples, douces et évocatrices.

Au point de rivaliser avec un Keith Jarrett en concert. La virtuosité n’empêche jamais l’émotion. L’exécution des chansons répond à une vraie urgence d’écriture, de se retrouver entre mille mauvaises nouvelles.

Il y a quelque chose d'existentiel dans son style. Human Cocoon est d’une beauté sèche qui va pourtant droit au cœur entre classique et jazz. On se met au rythme de la pianiste. La grâce se devine au fil des pièces complexes et qui s’ouvrent petit à petit. C’est un joli labyrinthe qui se visite et où on aime se perdre pour oublier les bruits du monde.

Ce que propose aussi Ezra Feinberg, ancien adepte de la musique psychédélique devenu un hédoniste de la mélodie reposante. Mais pas ennuyeuse. On est loin de la musique d’ascenseur.

Le musicien lorgne un peu sur la new age vintage mais il faut bien avouer que sa musique est caressante et nous demande simplement de nous arrêter. Est-ce un geste politique de nous suggérer de rompre avec un rythme effréné? Les instruments se conjuguent ici pour former un barrage au stress et au surpassement.

D’ailleurs ce n’est pas pour rien que le disque se nomme Soft Power. On retrouve les bons vieux effets du new age avec des synthés cosmiques, des flutes naturelles et un petit fond de jazz à la Herbie Hancock des années 70 : le résultat est évidemment au delà de nos fades quotidiens. Le disque nous emmène vers de jolies utopies et des pensées positives. Un petit cour de Yoga musical en quelque sorte.

Un peu plus stressante mais d’une vraie beauté minérale est la musique du film japonais Le Mal n’existe pas / Evil does not exist, sorti en avril sur nos écrans. Une fois de plus, elle marque la collaboration entre le réalisateur Ryusuke Hamaguchi et la musicienne Eiko Ishibashi. Leur travail commun faisait le charme de Drive my Car en 2021.

Une fois encore, il y a un piège dans ce disque comme les deux autres. Nous sommes aux frontières de styles différents. Sans un mot, l’émotion existe dans le mélange des genres et la beauté qui en sort est vraiment singulière. Ayant travaillé sur plusieurs continents, l’artiste touche à tout avec une vraie dextérité et un plaisir à susciter la surprise.

Brian Eno n’est pas loin. C’est exactement ce que l’on peut attendre de la musique contemporaine. Elle explose nos habitudes. Elle déroute mais ici elle séduit avec ses choix érudits parfois étonnants. En bonne musique de film, se trouve dans les morceaux une tension qui charpente l’ensemble. Avec des idées minimalistes qui se superposent, on se retrouve dans une atmosphère hypnotisante. Une fois encore, à la fin, on a tout oublié sauf l’envie de recommencer encore: découvrir des sons étonnants et qui nous sauvent de la vitesse étourdissante du Monde… bonnes vacances!

Enfermés, Amaia et Sophie Teulière, Funambule

Moi j'aurais voulu voir Le nectar des Dieux, l'histoire du vin en une heure au théâtre Funambule, mais je me suis retrouvé spectateur d'Enfermés, une pièce qui a pour thème les Escape games. C'est donc peu dire que je me suis identifié à Alex, ce personnage qui voulait juste aller récupérer un recommandé à la Poste et qui se retrouve contre son gré dans un escape game avec ses deux copines, Léa et Jo.

Nos trois protagonistes sont enfermés dans un escape game où ils sont censé trouvé le sceptre du Pharaon Pasmoualtournevis mais où ils vont finalement lutter pour leur survie. Bon déjà, j'ai horreur des escape game, des labyrinthes et autres palais des glaces ; rien que l'idée me fait frémir. Et je n'ai aucune admiration pour l’Égypte antique. Des mecs qui ne savaient pas dessiner et qui adoraient les chats, tu parles d'une civilisation...

Malheureusement, cette pièce qui n'était pas faite pour moi n'a pas réussi à me convaincre. J'ai souffert pendant un peu plus d'une heure, avec une furieuse envie de m'échapper, moi aussi.

Les autres spectateurs ont eu l'air d'apprécier et de s'amuser, particulièrement ceux qui ont (su garder) une âme d'enfant et qui ne sont pas de vieux râleurs comme moi. Il faut dire que les gags fusent à un rythme effréné et que les comédiens donnent tout ce qu'ils ont: ils jouent, chantent, dansent, se roulent par terre pour emporter le public et le faire participer activement à cette grande aventure en chambre close.

Jusqu'au 1er septembre 2024
Funambule Montmartre

La Compagnie des brunes
de Amaia et Sophie Teulière
avec Antoine Ody ou Antoine Demière, Laura Hatchadourian ou Charlotte Bottemanne, Sophie Teulière ou Laurine Mével
mise en scène Amaia
création lumières Robin Belisson
durée 1h15

Twisters, Lee Isaac Chung

Le film Twister date de 1996. C’était un blockbuster un peu vain à l’époque. Aujourd’hui c’est un chef d’œuvre quand on considère son duo d’acteurs Bill Paxton et Helen Hunt et l’efficacité intelligente de Jan de Bont, chef op de Piège de Cristal et réalisateur de Speed. C’était bêta mais au moins ça avait de la gueule.

Parce que Hollywood n’a plus d'idées, les tornades de l’Oklahoma sont donc de retour pour tout faire voler en éclats. Ne vous inquiétez pas: avec les effets spéciaux d’aujourd’hui on navigue entre les forces de la nature avec une virtuosité inouïe. Ça décoiffe.

Pourtant ça n'impressionne pas du tout le spectateur, ni les protagonistes de ce nouveau film avec un “s” à la fin. Bon faut dire que c’est leur boulot de chasser les tornades qui ravagent le centre des États-Unis. Comme dans le premier film, les héros ont de bonnes intentions pour chercher une solution à cette catastrophe naturelle assez esthétique pour être un sujet de film. Mais ils ont tous des méthodes un peu tordues pour percer le secret de ce phénomène météorologique.

Le réalisateur Lee Isaac Chung n’a pas le talent de Jan de Bont. Il arrive à créer de temps en temps de jolies images lorsque l’héroïne observe le ciel à la recherche de son intuition. Une soudaine poésie s’immisce dans un amas de stéréotypes aussi énormes que les destructions.

Il faut donc se farcir un héros tête-à-claques (joué par Glen Powell, carnassier déjà tête-à-claques vu dans Top Gun Maverick) qui porte son pays dans son cœur et dans son âme. Au point de redonner confiance à l’héroïne bien entendu traumatisée par une mortelle rencontre avec une tornade géante. Entre les deux, il y a un petit gars pathétique qui se fait doubler par le héros youtubeur musclé et qui fait tout de travers pour réaliser son rêve américain. A la différence du premier film, on devine dans ce nouvel épisode, un patriotisme un peu rance.

Dans le premier film, les héros retrouvent la flamme parce qu’ils avaient les mêmes passions. Ici, c’est l’Oklahoma qui rapproche les principaux personnages. Okay, c’est un point de vue… Bon heureusement qu’il y a les dialogues scientifiques très brumeux, une bande son bien yankee qui donne envie de faire du rodéo et des seconds rôles croquignolesques pour faire passer la pilule.

Lee Isaac Chung fait un vague copié collé du premier film. Là où Jan De Bont semblait vraiment s’amuser; ici, c’est sagement exécuté. Le spectaculaire devient presque banal car le rythme du récit est extrêmement répétitif. Malgré trois studios derrière lui (Universal, Amblin et Warner Bros), la déception souffle assez fort sur Twisters. Envolez vous vers une autre salle!

Au cinéma le 17 juillet 2024
Avec Daisy Edgar Jones, Glen Powell, Anthony Ramos et Maura Tierney
2h02

Only the river flows, Shujun Wei, Ad Vitam

Ça se passe dans les années 90 au fin fond de la Chine. L’inspecteur Ma Zhe trompe son ennui entre des parties de pingpong avec son chef, grand patriote, et ses paquets de cigarettes. Lorsque des meurtres sont commis au bord de la rivière, il se confronte à une réalité sordide qui va le broyer.

C’est donc un thriller. Il y a un mystère. Il est enfoui dans la folie des hommes et le pauvre héros doit aller le chercher. Le réalisateur Shujun Wei fait tout pour nous mettre dans un ambiance acre et malaisante. Il pleut tout le temps. La région vit sous un perpétuel crépuscule.

Le film débute comme un polar puis, comme son héros, va basculer vers autre chose. On se met même à penser à David Lynch. D’ailleurs l’acteur principal est extraordinaire. Zeng Meihuizi est dans une espèce de torpeur qui cache en réalité une fureur sourde mais qui sort de plus en plus au fil de l’enquête. Le regard du flic devient une énigme supplémentaire dans une œuvre qui devient opaque. Au point de dérouter dans sa dernière partie.

Car le film est aussi un film social. Comme toujours dans le cinéma chinois qui arrive chez nous, la subtilité se trouve dans l’illustration. Les détails sont intéressants. La description de la vie d’usine, du commissariat (qui remplace un cinéma, ce qui n’est pas anodin évidemment) et même du couple: tout est réuni pour comprendre la machine à broyer. Les individus sont des pantins. Il est impossible d'être autre chose que ce que vous dit la société. Froide et implacable.

Et pourtant le film va glisser vers un flou émotionnel qui surprend. L’idée de tourner le film en 16mm apporte un trouble physique qui va servir une dérive vers une déprime totale où la logique perd prise. Les tourments du personnage principal sont mis en images. Ils étonnent mais nous passionnent aussi. Car le film est osé. Il ne cherche pas la sympathie du spectateur. Il va au bout de son idée. Cela explique son pessimisme: cela donne à voir une œuvre atypique. 

Au cinéma le 10 Juillet 2024
Avec Zeng Meihuizi, Yilong Zhu, Tianlai Hou et Kang Chunlei
Ad Vitam -

Football politiques, Pauline Londeix, 10/18

Peut-on encore aimer le sport de haut niveau ?

Peut-on encore aimer le sport de haut niveau ? Peut-on encore aimer le sport business ? Cette question pertinente est posée par Pauline Londeix dans ce fort intéressant petit ouvrage de sociologie.
Comme toujours avec la collection Amorce de 10/18, le livre est d’une clarté lumineuse. Chaque idée est bien expliquée, le plan est méticuleusement annoncé et d’utiles mises en exergue des points importants sont proposées.

Dans une première partie, Pauline Londeix commence par dresser la longue liste des défauts du football, le plus emblématique des sports business mais aussi celui qui connait le plus grand nombre de dérives. Sexisme, inégalités, argent roi, violence, tricheries… le sport roi concentre tous les défauts d’une société aussi machiste que capitaliste dont il est un véritable miroir grossissant.

"Les maux qui touchent le sport de haut niveau semblent refléter ceux dont notre société dans son ensemble est atteinte. Ainsi, savoir si on peut encore aimer le sport de haut niveau revient, d'une certaine façon, à se demander si on peut encore aimer le monde tel qu'il est, avec ses inégalités, son élitisme, ses injustices, sa cruauté." (page 16)

Malgré tous ses défauts, il faudrait néanmoins sauver le soldat football au motif qu'il serait un formidable vecteur de communication entre les hommes. (C'est à dessein que je ne mets pas majuscule à hommes, tant la meilleure moitié de l'humanité semble peu concernée par ce jeu qui passionne littéralement des mecs, les vrais, les virils !).

Dans une seconde partie, l’autrice cherche donc une solution pour racheter le plus populaire des sports (popularité qui n’est pas faite pour me rassurer, soit dit en passant!). Pauline Londeix se prend ainsi à rêver que le foot féminin (moins athlétique mais plus technique, avec du vrai "beau jeu" et du collectif dedans) puisse un jour avoir une bonne influence sur le football masculin. Autrement dit que la footballeuse soit l'avenir du footballeur.

L'espoir fait vivre...

Paru le 06 juin 2024
chez 10/18 Amorce
144 page | 6€

Tous les membres de ma famille ont tué quelqu’un, Benjamin Stevenson, 10/18

D'une façon générale, je ne suis pas fan de romans policiers et encore moins de livres à énigmes (ça fait longtemps que j'ai quitté l'école primaire et que je n'ai pas lu Agatha Christie...). Et je n'aime pas non plus cette manie anglo-saxonne des titres à rallonge. Oui, je sais, je n'aime pas grand chose.
Le roman de Benjamin Stevenson, intitulé Tous les membres de ma famille ont tué quelqu'un, une parodie de livre de détective à la Sherlock Holmes partait donc, de mon point de vue, avec un handicap certain.

Mais que voulez vous, je suis le genre de gars qui, au restaurant, est capable de choisir le menu surprise. En matière de livres c'est pareil, je suis ouvert aux découvertes. C'est comme ça que je me suis retrouvé à lire des bouquins de Patrick Sébastien ou de Christine Angot (qui ont en commun le même talent littéraire doublé d'une grande prétention, mais c'est une autre histoire).
Bref. Je me suis laissé tenter par ce livre car ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de lire un auteur australien.

L'écrivain joue avec son lecteur et annonce dès le départ la liste des pages où auront lieu les meurtres.

"Si vous ne lisez ce livre que pour les détails sanglants, les décès surviennent ou sont rapportés page 29, page 69, page 93, il y a un doublé pages 103-104 et un triplé page 113. S'ensuit une petite accalmie, mais ils reprennent page 230, page 274 (grosso modo), pages 286-288, page 298, page 325, quelque part entre la page 317 et la page 326 (c'est difficile à dire avec précision), page 340 et page 457. Je jure que c'est la vérité, à moins que le compositeur se plante dans la numérotation." (page 14)

Tant qu'à faire, il aurait pu aussi me prévenir qu'en page 144 on trouvait un chapitre récapitulatif du début du bouquin, ça m'aurait permis de gagner un peu de temps.

Tout au long du livre, Benjamin Stevenson joue avec les codes du roman de genre et respecte scrupuleusement le cahier des charges du bon auteur de livre à suspens. Malheureusement, lorsqu'arrive l'heure du dénouement (la scène se déroulant, comme il se doit, dans un bibliothèque où sont réunis tous les protagonistes ; du moins ceux qui ont survécu), je me fiche bien de savoir qui a tué le Colonel Moutarde avec une clef anglaise dans l'entrée.

En plus de soigner la construction de son énigme, l'auteur multiplie les clins d'yeux au lecteur. "Si vous suivez correctement les numéros de page, vous savez que quelqu'un vient de mourir." (page 69)
Le livre est supposé être drôle, moi je l'ai trouvé assez puéril et lourdingue ; et comme je suis sensible, j'ai eu du mal à rire d'une histoire qui multiplie les morts violentes, y compris les morts d'enfants.

Être curieux me réserve souvent de bonnes surprises. Mais parfois non. Tant pis.

Paru en poche le 06 juin 2024
10/18 Polar
480 pages | 9,60€

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