Yes
Jason Mraz est un type à la sympathie évidente. Depuis ses débuts, il n'est qu'amour, fraternité et harmonie. Il est un rayon de soleil. Il veut transmettre ses bonnes ondes au plus grand nombre. Il aime le soleil, la nature et l'amour. C'est un grand benêt au talent sûr pour inventer des ritournelles mainstream, idéales pour les radios du monde entier.
Personnage inoffensif, ses albums lui ressemblent. Ils ne vont pas du tout vous troubler. Ils vont vous bercer. Ce n'est pas désagréable du tout. Au contraire. Sa guitare a du rythme et ses chansons sont enthousiastes. Avec un titre comme Yes, ce nouvel album ne peut être que positif.
Il vit sur sa planète de béni oui oui. Les thèmes sont encore une fois, l'amitié, l'amour à partager et toutes les choses qui font de la vie, un cadeau merveilleux! Pour l'occasion il s'est entouré d'un groupe féminin, ce qui doit augmenter son karma. Il est heureux et il est content de le chanter.
Le disque est un peu plus convaincant que le précédent. Il fait du Jason Mraz. Il prend la pose romantique lorsque le tempo baisse et devient tout sourire dès qu'il faut sautiller sur un refrain charmant. Ca peut être agaçant mais son obstination force pas mal le respect.
Ce n'est pas du cynisme. Jason Mraz a l'air d'y croire. Plus acoustique, il est parfois touchant sur certains morceaux. Yes est donc une oeuvre chaleureuse, un peu niaise mais qui ne manque pas de rappeler les bons moments de la vie, nos copains, nos amours et pas trop nos emmerdes!
Atlantic - 2014
Eloge de la Pièce Manquante
Une enquête comme un puzzle de 48 pièces qui prennent place chacune à leur tour pour finir par dessiner le portrait du serial-killer recherché. Un polar de jeunesse original d'Antoine Bello.
Si Antoine Bello est aujourd'hui l'auteur à succès que l'on connaît grâce, notamment, aux Falsificateurs et aux Eclaireurs, on se rappelle moins ses débuts de nouvelliste et son premier succès d'estime dans un genre bien différent, le polar.
Et il convient de reconnaître que, dès cette époque (1998), le goût marqué de Bello pour les histoires originales, les univers extraordinaires et les personnages singuliers étaient à l'oeuvre.
C'est ainsi que Eloge de la pièce manquante nous plonge dans le monde impitoyable, et imaginaire, du puzzle professionnel. Figurez-vous un engouement planétaire, des compétitions (de vitesse) diffusées en mondovision, des champions internationaux s'affrontant sans merci pour des gains faramineux et une notoriété digne des plus grandes stars du ballon rond ou de la petite balle jaune.
Vous y êtes ? Alors observez maintenant les conséquences de l'assassinat successif de plusieurs de ces champions. Assassinés, mais pas seulement. Mutilés également, ou plutôt démembrés. Qui un bras en moins, qui une jambe, qui "seulement" une main... et à chaque fois, à la place du membre manquant, un Polaroïd le représentant. Vous l'aurez compris, un funeste puzzle est en train de se constituer sous l'oeil impuissant de policiers dépassés par les événements.
Si la mise en scène des crimes hallucinés d'un serial-killer n'est pas nouvelle, la narration d'Antoine Bello est intéressante par son choix de ne justement rien raconter directement. Comme dans un puzzle, le lecteur ne progresse dans la compréhension de l'énigme que par la lecture des 48 pièces qui la constituent : lettres privées, articles de magazines spécialisés ou de quotidiens, comptes-rendus d'assemblées... Petit à petit, les personnages se dévoilent, les enjeux et les rivalités apparaissent plus clairement jusqu'à ce que le coupable finisse par émerger en pleine lumière.
Avec ce roman de genre, Antoine Bello réussit un polar original qui, s'il n'en possède pas encore toutes les qualités, annonce déjà les derniers (remarquables) romans de l'auteur.
336 pages - Folio
L’Insolitude
Ca faisait très longtemps que l'on avait entendu des textes aussi poétiques, amusants et mélancoliques. Andoni Iturrioz ex "Je rigole" file la banane!
Son nom basque a décidé de s'étaler plus que ce drôle de nom "Je rigole". Un premier disque remarqué au titre délicieux: "Qui chante le matin le matin est peut être un oiseau". Des rencontres. Deux années écoulées et revoilà ce drôle de musicien qui a décidé de mettre en avant des textes aussi farfelus que lyriques. L'insolitude est une vague de folie dans le monde poli de la chanson française.
Pourtant son orchestration est chaotique. Mais n'oublie pas d'être mélodieuse! Il ne souffre de solitude: il est aidé par une contrebasse, une clarinettes, une batterie et une guitare plutôt discrète, un fil suspendu dans une musique hybride.
En fonction des humeurs et des idées, la musique est sensible et très impressionnante!
Ca nous change de la production habituelle. Plus encore, ce sont l'importance du texte, l'exigence de la parole et l'humour aigre doux du chanteur, qui n'hésite pas à titiller nos oreilles et quelques préjugés, qui soulèvent l'album vers un inconnu assez agréable. Il y a pas mal de surprises dans ce disque qui pourrait rappeler une version un peu plus marginale des Têtes Raides, La Tordue ou encore les Ogres.
L'amour du verbe submerge tout. En plus de convoquer les voyous de la chanson à texte, son goût pour la parole est le même qu'un Allain Leprest: le coeur est à vif. Le mot est vivant. L'incarnation de l'émotion enveloppe les notes de musique. C'est très beau. Et touchant. Ultra sensible ce disque est un drôle d'objet où la parole est d'or!
Musicast - 2014
61 Heures
Vous trouvez que l'été était pourri? Vous n'avez pas encore découvert la tempête que va traverser le mutique et efficace Jack Reacher! Avec lui, vous pourrez vous dire que finalement un quinze degrès au quinze aout ce n'est pas si mal!
Lorsque les températures descendent encore plus, les soucis remontent rapidement à la surface et tombent sur l'ancien policier militaire devenu un mystérieux sauveur. Depuis le film avec Tom Cruise, on a pu mettre un visage au justicier mais cela provoque une curiosité pour les aventures de ce type bizarre, jamais en danger mais toujours là pour causer des problèmes aux malfrats de tout poil.
Ici, dans un froid polaire, il doit donc affronter un baron de la drogue, des flics corrompus et des assassins discrets qui harcèlent une petite ville du Dakota du Sud juste à coté d'une prison en ébullition. Ils veulent faire taire une vieille dame et en plus mettre la main sur un terrain qui aurait pu appartenir à l'armée américaine.
Votre été est pluvieux mais vous pourrez vous consoler avec l'écriture plus qu'efficace de Lee Child. Il s'agit vraiment du polar américain dans toute sa splendeur. Chaque fin de chapitre ouvre sur la curiosité du lecteur qui bien entendu va vite s'accrocher aux baskets mal assurés de Jack Reacher sur la glace sanglante.
Il est notre seul repère dans cette petite ville bien trop tranquille, qui cache des secrets étonnants. Il glisse un peu dans ce volet mais il se ressaisi dès qu'il faut faire régner la justice de manière plus ou moins légale.
On pourra toujours s'interroger sur les motivations du dur à cuire et son caractère un peu manichéen mais ce livre se lit facilement et propose un roman d'action redoutable et habile dans la multiplication des rebondissements. 61 heures, c'est le temps maximum qu'il vous faudra pour dévorer ce polar simple et dur!
Le livre de Poche - 543 pages
A letter Home
Neil Young est un vieux monsieur désormais. Il a toujours des idées aussi folles et font de lui un artiste toujours aussi jeune. Ou va t il s'arrêter?
Il est devenu hyperactif! Neil Young est à 68 ans, un artiste surbooké, un activiste forcené et un explorateur à la curiosité étonnante. Il a retrouvé récemment le Crazy Horse pour quelques morceaux furieusement électrique. Il a sorti une bio où il déclare la guerre au mp3 et émet d'autres idées passionnantes et loufoques. Il continue de trouver de vieux trésors dans ses archives. Tous les trois mois, il a une actualité et ne semble pas faiblir.
Il refuse la retraite et s'encanaille avec des petits jeunes comme Jack White. Ce dernier, pour fêter le Record Store Day, enferme le Loner dans un Voice O Graph, grosse boite d'un autre temps, où l'on peut s'enregistrer. Le son est daté, grésille et semble trembler.
Neil Young voyage ainsi dans le temps. Il est pourtant bien dans son époque avec tous ses combats et sa production colossale. Il profite de l'idée de Jack White pour célébrer ses illustres ancêtres avec une imitation quasi parfaite. Sa voix claire se mélange à de vieilles compositions folk et les chansons des copains comme Bruce Springsteen ou Willie Nelson.
Il fait passer cela pour un vieux souvenir. C'est touchant. Il rend hommage aux racines de son art. Comme d'habitude, il met beaucoup de coeur dans la réalisation. Comme il gosse, il joue avec le gros et vintage jouet de son ami Jack White. Ca l'émeut. Il pense à sa mère dans une intro sensible.
Hélas, le disque n'existe que sur son artifice d'enregistrement. C'est un peu lassant. Ce 34e album restera sûrement anecdotique. Un petit clin d'oeil au passé. Au temps qui passe. Mais ca prouve une fois de plus l'ouverture d'esprit du bonhomme, sa force et son inspiration folle qui semble sans fin.
Reprise - 2014
Hercules
Hercules et les 7 mercenaires! Retour de la grosse série B musclée qui fait franchement n'importe quoi avec le mythe grecque. Ce n'est pas pour déplaire!
Fut un temps où au cinéma, il n'était pas étonnant de croiser Zorro et les trois Mousquetaires sur la même pellicule. Mais c'est bien notre bodybuildé antique qui a fait des rencontres encore plus folko: on se souvient des titres comme Hercule contre les Vampires ou Hercule à New York (avec Schwarzie). La figure du demi dieu a servi à tout et n'importe quoi. C'est souvent la seconde catégorie qui emporte le morceau.
Ici, Hercules n'est donc plus vraiment le demi dieu qui a réalisé les douze travaux mais un simple mercenaire, avec une grosse voix pour faire rugir les foules et les soldats! Un peu décevant. Si vous pensiez que la bande annonce racontait la légende (comme elle laisse imaginer), vous avez tout faux!
Cet Hercules est une invention d'un roman graphique américain. Il s'agit du chef des 7 mercenaires de l'Antiquité. La première Agence tout risque. Il est donc la dernière chance, au dernier moment. Il a donc avec lui des spécialistes pour défoncer du tyran et des sauvageons de tout genre.
Il y a le spécialiste de la dague (Rufus Sewell qui n'a aucun mal à voler la vedette au champion de catch, Dwayne Johnson), la super amazone qui tire des flèches, le beau parleur, le chien fou et le vieux briscard qui a tout vu tout connu.
Ensemble ils vont se battre contre plein de brigands, des armées et un village de punks à chien verts qui imitent des zombies. Oui c'est franchement n'importe quoi mais comme c'est ce gros nigaud de Brett Ratner qui réalise (les Rush Hour), c'est fait avec une assurance assez drôle. On croit rêver. Non, c'est mal foutu, pas très lisible et joué par des acteurs qui visiblement sont fatigués. Après le tournage, ca devait danser le sirtaki jusqu'à pas d'heure!
C'est du péplum au rabais. C'est souvent drôle. Assez grotesque. Et on se demande s'il ne serait pas tant de ressusciter ce bon vieux Masciste car lui aussi il en connait des aventures bigarrées comme Maciste contre les Hommes de pierre, Maciste contre le fantôme et Maciste contre Zorro... Lui aussi il mérite une petite adaptation abracadabrantesque!
Avec Dwayne Johnson, John Hurt, Rufus Sewell et Peter Mullan - Paramount - 27 aout 2014 - 1h35
Puzzle
Dans les brumes des bars s’écrivent les chansons. Le rock français se puise dans les failles, les faiblesses et les lumières faibles des heures tardives. Beaucoup sortent usés de cette expérience. Miossec boit de l’eau. Bashung s’est fatigué de manière héroïque. Noir Désir a contribué à cette notion bien française d’un rock local qui s’engouffre dans la noirceur des villes et des âmes.
Echappé de l’excellent groupe, Les Hurlements d’Leo, Laurent Bousquet a bien compris que le rock est viscéral. Un cœur se découpe en puzzle sur la pochette de son album. Une belle image pour résumer ce rock qui avoue la fragilité des êtres à coups de mélodies et riffs électriques.
Le ton n’est pas à la rigolade. Avec un esprit aventureux, Laurent Bousquet et sa bande font un voyage au pays de ce rock écorché mais sincère. C’est ce qui transpire de leurs douze chansons qui forment une carte, un état des lieux de l’esprit « rock à la mode de chez nous ».
Les mots frappent autant que la batterie. Le groupe ne se cache pas derrière une démonstration de force. Une chanson comme L’homme libre est l’exemple type de leur style, introspectif et fascinant. C’est peut être un peu répétitif. Un peu triste aussi. Mais Puzzle dessine un rock artisanal à la volonté farouche de faire la différence. Le rock est un combat : c’est ce que révèle ce Puzzle !
L'autre distribution - 2014