Gamera / Noriaki Yuasa
Godzilla attitude. Effectivement on parle beaucoup du monstre atomique mais on oublie un peu sa cousine la tortue préhistorique qui a un moteur à réaction dans les fesses. Pas mal non?
En 1965, la Toho adoucit le caractère de Godzilla. Il devient gentil et sauve bien souvent l'humanité de belliqueuses créatures ou des extraterrestres. Il est même papa d'un mignon fiston qui crachouille du feu. La concurrence se met alors en tête d'avoir elle aussi sa bestiole géante qui détruit des maquettes.
La compagnie Daiei propose donc la sortie des glaces de Gamera, la tortue préhistorique. Un joli coffret M6 Video (y en a meme deux) permet de découvrir ses aventures vieillottes mais tout à fait charmantes. Car Gamera est bien sympathique. Dès le premier volet, la tortue fait preuve d'une compassion sans nom à l'égard des humains. Certes elle casse tout sur son passage, ridiculise l'armée, fait crier les scientifiques mais sauve déjà un petit garçon. Le public visé est familial et Gamera deviendra ainsi le plus sérieux challenger de Godzilla.
Gamera sera donc au cours de sa longue carrière, invincible, super monstre, gardien de l'univers, brave, héroïque ou encore "ami de tous les enfants" et ça, ce n'est pas tous les jours qu'une créature de plus 65 mètres de haut peut se vanter de ce titre.
Trop sympa notre tortue. Un peu plus envahissante que nos tortues qui baignent dans les eaux stagnantes de nos aquariums. Elle fait donc rapidement du catch contre d'autres affreuses bestioles dont Gyaos, son meilleur ennemi, un truc improbable ailé. Elle a des techniques de combat absurdes et vole dans le ciel avec une aisance étonnante. Tout un poème cette tortue!
Jusqu'à la faillite de la Daiei dans les années 80, Gamera aura le droit de rivaliser avec Godzilla. Mais il faudra tout de même quinze années pour que la tortue revienne à la mode. Elle devient la star d'une trilogie délirante, qui en dit bien plus sur ses origines. Visiblement les Atlantes sont responsables de pas mal de nos problèmes pour gérer la bête!
Là, c'est un joyeux délire avec toujours les clichés du genre dont le fameux discours pseudo écolo scientifique qui relève franchement sur surréalisme pour justifier ce que l'on va voir. C'est finalement cette naïveté qui fait tout le sel de cette saga très nippone, exotique à souhait, qui fait passer les Tortues Ninja, pour une petite bande de voyous de banlieue qui vont au bal masqué!
Coffret Gamera Classiques
Coffret Gamera Classiques II (69 - 80)
Coffret trilogie
Gamera l'héroïque... tout ça chez M6 Vidéo qui a même fait un coffret intégral (12 films) en 2010
Et DD en annonça 23…
MMMmmmmmmm, tudo bom, buento cha est la copa del mundo de la Brasiiilllll, mmmm, cha va être chaleur, cha va être samba, ça va être fournaich dans les shorts, cha va être les rues de la Sao Paulo toutch pleinch dé chouperbes fechs qui danchent au choleil, mmmmm…toutoutou toutoutoutou, lala lalaaaaa lalalaaaaa
LalaAAAAAAAAAAAAAAAAA, Samba di janeiro, bonne année !!! ah non c’est pas là…pardon…je reprends…mmmm…ché cinquounte euroch pour la pipch et chent euroch pour l’amour dans ton fech…mmmmmm…j’ai m’appelch Roberto et j’ai gros lolo mêmch chi j’ai gros kiki auchi.
Donc voilà, dans même pas 1 mois, on vire les femmes, on appelle les potes, on pousse les tables, on met le maillot avec la bedaine qui dépasse par dessus le jean, on déclenche les bières, on commande des pizzas, on tient à 12 sur le canapé du salon, on croise les doigts, on picole de trop, c’est la Coupe du Monnnnddeeeeeeeeeee !!!! Yeahhhhh ! Oé oé oé oé, allez la Franccceeeeee, allezzzz la Frannnccceeeee ! Qui ne saute pas n’est pas français é ! Qui ne saute pas n’est pas français é ! Bordel j’ai une beauf érection direct en chantant, pourtant je m’étais promis de pas pleurer lors des hymnes, mais c’est plus fort que moi.
Évidemment, cela va de soit, même nous les beaufs on a du coeur, nous avons tous une profonde pensée pour les quelques centaines d’ouvriers brésiliens qui, quand ils ne meurent pas, finissent à mains nues et torse poil en plein cagnard, les quelques stades qui tiennent encore sur pilotis, pourtant entamés il y 7 ans. Mais bon, c’est pour la bonne cause, merde, Ils sont des centaines de millions au Brésil, ils sont pas à quelques ouvriers près, non ? Et puis dites donc, au Qatar pour la Coupe du Monde 2022, c’est par paquet de 1000 ouvriers somaliens que les pertes se comptent, alors hein, qu’ils arrêtent les brésiliens !!!
Et puis leur histoire de crise économique, ça va hein, sont pas les seuls, j’en parlé avec un
pote sur l’Esplanade de la défense pas plus tard qu’hier qui me disait que ses Stock Options de 2010 avaient perdu toute leur valeur et que du coup, il pourrait même pas s’acheter un nouveau Home Cinéma et un nouveau canapé pour nous accueillir, donc voyez les brésiliens, vous êtes pas les seuls hein !!!
Alors qu’ils arrêtent de nous faire leur manifestation, en plus ils vont avoir dans deux ans les J.O !!! Si c’est pas la fête ça, encore des stades à construire, encore des rues pleines à craquer, encore des favelas toutes vieilles pas belles à démolir pour être mieux logés dans…bah on sait pas où mais si si si, ils vont être relogés, quoi ? ça existent pas les HLM là-bas ? Euhhhhh…mon oeil oui, sûr que ça sera toujours mieux que des favelas (à ne pas confondre avec les faritas, non non non, on ne vit pas dans un tacos, quoique…).
Nous, nous serons donc devant nos télés, comme des foufous, comme des foufoots !
Comme chacun sait, et TF1 remercie encore Mamadou Sakho pour ses deux buts contre l’Ukraine, la France sera bel et bien du voyage après avoir réussi à se qualifier brillamment, limite haut la main, en survolant, que dis-je, en planant grave sur la planète foot…souvenons-nous, 0-0 contre la Géorgie (le pays de l’est bande de nases, pas l’État de les états-unis de les Amériques où se situe Atlanta, royaume du Coke et du Cola et de CNN toussa toussa), une partie de plaisir contre l’Espagne (défait 2-0 comme des chefs !), et bien sûr un barrage où on s’est frisé les testiboules de facilité contre l’Ukraine…donc on mérite largement d’y être !
L’hiver passant, le printemps pas loin non plus, Didier Deschamps (dit DD, comme ses initiales en fait, c’est ça qu’est bien), chef de meute, autrement dit sélectionneur, c’est à dire le mec qui va devoir se cogner quotidiennement la bande d’ados, plein aux as durant plusieurs semaines et subir les « bah moi a rien compris coach, pourquoi qu’il faudrait que Franck et Karim y me passent la balles alors que je l’ai déjà quand j’avance, au fait elle arrive quand Zahia, j’ai envie de sortir mon zizi car l’est tout raide là… » ; Didier, donc, a observé, scruté, tout bien analysé, pour au final, choisir 23 mecs à emmener avec lui et représenter notre mère patrie
en juin…et peut-être en juillet.
Attention subtilité cette année, contraint par la FIFA (Fédération Interplanétaire de le Foot et du Franc suisse), au-delà desdits 23, DD a du en plus en choisir 7 autres et dont il aura la garde jusqu’à fin mai, c’est les parents qui sont contents !
Très attendue, car sujet sans fin parfois sans fonds de tous les débats télévisuels et radiophoniques « sportifs » des semaines en amont, l’annonce de la fameuse liste des « 23+7 » (ce qui fait 30 pour nos amis de centre de formation) avait donc le droit à son JT de 20h, le 13/05 dernier. Gilles Boulleau recevait donc notre DD en grande pompe.
Juste avant ladite annonce, l’ami Gilles expédiait dans le désordre les dernières bastons ukrainiennes, les dernières nouvelles de nos jeunes dhjiadistes qui plutôt que faire foot ont choisi d’aller se faire démonter la tête en Syrie et encore plus brièvement la mort ignoble et lâche de Camille Lepage, grande photographe partie saisir des scènes chocs en Centre-Afrique…RIP Camille et bravo pour ton œuvre, trop peu connue.
Soudain, pic d’audience et décapsulage de bières à l’horizon, il était l’heure de l’annonce des 23+7…attente des fans d’une « petite surprise » (normalement c’est tradition)…bah non…même au niveau du nombre, pas de surprise, sont bien 23+7..voilà voilà.
Donc c’est parti pour la jolie colonie de vacances do brasil, 1er match contre le Honduras (Non Franck, c’est pas une marque de Moto, c’est un pays…) dès le 15 juin et après…bah vous avez qu’à acheter un programme TV hein…
Tudo bom !
Cannes en fait on s’en fout, non?
Cannes, en fait on s’en fout, non ?
Mesdames messieurs, revoilà c’est fête, c’est senteur estivale, c’est festival de Cannes !
Je vous vous vois de là, vous, fans inconditionnels de cinéma iranien, de films d’auteur franco-belges où ça parle en flamand une phrase sur deux et que « c’est ça qui donne la force profonde aux sentiments de ce jeune acteur moldave tellement vrai de vérité vrai et tellement saisissant que les
marches du palais en pleuraient d’émotion de bouleversement »…
Vous qui suivez passionnément ce Festival de Cannes, tellement beau, tellement chic, tellement tendance, oui mais tellement chiant en fait…
Et oui, chaque année, Cannes devient pour quelques dizaines de super hype fashion mega trendy boys and girls LE LIEU où il faut être… oups pardon, The place to be…mais pour des millions d’autres, de Brest à Cergy en passant par l’Alsace et la Lorraine (que vous n’aurez pas d’ailleurs) bah en fait…on s’en fout, non ?
Chaque année, ramdam, paillettes et robes longues au programme pendant près de 15 jours sur Canal +, en direct des marches, en clôture de tous les JT, mais en fait, on s’en tape, non ?
Chaque année, Cannes devient l’épicentre d’une petite planète médiatique aux narines toutes blanchies par l’écume de la méditerranée pour tenir le choc des nuits de tournage, bah oui d’accord mais nous on bosse demain et des enfants à emmener à l’école, donc l’épicentre médiatique on s’en balance, non ?
Chaque année, des dizaines de post sur Facebook ou sur Twitter pour buzzer sur la dernière
conquête nocturne de Beigbeder ou la dernière photo d’un chroniqueur du Grand Journal farci raide de mojitos shooté dans les toilettes de la soirée d’une marque de chaussures ou de montres, là parce que le cinéma à Cannes c’est quand même quelque chose d’à part et comme le Dircom de la marque de montres ou de chaussures est un mec super branché cinéma d’Amérique du sud depuis qu’il a sauté sa stagiaire d’origine bolivienne, et bah il vient à Cannes avec toute son équipe malgré la crise… Wouahh, cool, il est trop fort…
Mais nous en fait on a fait un barbecue avec des potes samedi soir, au soleil, on était 20 et c’était vachement bien et détendu, donc le Dircom de la marque de montres ou de chaussures qui est fan de cinéma bolivien et qui saute des stagiaires…bah en fait on s’en fout carrément, non ?
Chaque année, on nous dit que ce jeune cinéaste japonais du nom de Hirovatani Chidansonslip a un talent fou qui devrait l’emmener vers les hautes sphères du cinéma nippon, tel que pouvait l’être le réalisateur aujourd’hui quasi centenaire Hirotavunu Cunulechemoi, lui aussi japonais, et qui avait tourné en 1967, grande année en matière de cinéma asiatique, le célèbre film « Hiro a vu l’amour derrière un galet qui sentait le sable », wouahhh, c’est trop beau, tellement d’émotion palpable dans les boîtes de Cannes le soir… que bah…en fait nous regarder des films japonais ça nous fait ch*** et ça faisait déjà ch*** nos parents en 1967… alors en fait on s’en fout, non ?
Chaque année, on nous explique sur I-Télé et BFM Tv qu’être membre du jury du Festival, c’est quand même super fatiguant, carrément éreintant et qu’à raison de 2 voire 3 films par jour (et ouais quand même c’est dingue quoi !!!), les membres du jury sont quand même super contents que ça se termine.
Bah oui, tu penses on les comprend ! Comment ça doit être dur, on n’imagine même pas !
D’ailleurs mon voisin de quartier dont la femme fait maintenant des ménages depuis qu’elle a perdu son taf y’a 1 an suite à la restructuration de sa boite me disait justement qu’en se levant à 4h du mat’ jeudi dernier elle avait eu une larme à l’œil pour les membres du jury du Festival tellement ça devait être dur ! Merci pour cette pensée, je suis sûr qu’ils sont très touchés les membres du jury.
Chaque année, Cannes, en fait, c’est beau, c’est bien, mais en fait on s’en fout carrément.
Vivement l’année prochaine, hâte de s’en foutre encore.
Pacific Rim / Guillermo del Toro
Godzilla attitude! Des monstres affrontent des robots et vous savez quoi? C'est très rigolo!
Parce que c'est très original! Pour une fois, il ne s'agit pas d'une suite, d'un remake ou d'une adaptation. Ce joyeux farfelu Guillermo del Toro a trouvé le budget maousse costaud pour une histoire entièrement nouvelle!
Après deux ans sur Le Hobbit et son éviction par les producteurs, le cinéaste a prouvé qu'il n'avait pas peur de l'ampleur et du stress hollywoodien. Il met dans Pacific Rim une hargne que l'on devine spontanée après sa participation à la trilogie de Peter Jackson.
Allait-il perdre son âme? On est vite rassuré. Sur un scénario qui ressemble beaucoup à celui d'Independence Day, le réalisateur d'Hellboy s'amuse comme un petit fou avec des nouveaux jouets! Et nous aussi.
Il y a donc des gros monstres, cousins effrayants de ceux que l'on voyait dans les films de Godzilla. Ils sortent de la mer pour détruire le Monde. Ce dernier répond par la création de robots géants et destructeurs.
Un des pilotes, meurtri par la disparition de son frère durant une mission, revient après 5 ans d'absence alors que les monstres semblent de plus en plus nombreux à sortir de la bréche sous marine...
Les geants de fer affrontent des créatures baveuses et impressionnantes. Del Toro a bien du mal à faire exister les humains au milieu de ce bestiaire atypique. On l'excuse tellement son univers sort des sentiers battus et des bastons monumentales.
En axant ses références sur les charmes de la série B japonaise et du manga (Idris Elba est tout simplement le général monolithique d'Akira), Guillermo Del Toro arrive à surprendre avec son blockbuster.
Suivi par ses nombreux collaborateurs (dont le grimacant Ron Perlman) dans cette grosse production, le réalisateur surpasse avec sa classe les codes du genre. Les lumières, les décors, la musique, le design, tout est différent.
On pourra donc regretter un scénario un peu faiblard au niveau de la caractérisation des personnages mais Pacific Rim est un vrai film dépaysant, parfois touchant (magnifique scène de souvenir avec une petite fille en rouge) et très loin de la simple mécanique hollywoodienne.
Live at Eddie’s Attic / The Civil Wars
En matière de country, on ne peut pas faire plus lyrique. Et réussi!
Pourtant le schéma est assez classique. D’un coté vous avez une jolie jeune femme avec une voix cristalline qui file des frissons. De l’autre vous avez un beau barbu avec une voix claire et une guitare peu aventurière mais d’une redoutable efficacité pour accompagner les roucoulades entre les deux chanteurs.
The Civil Wars a cependant ce feu sacré d’une country très soft, très loin des clichés et plus proche des traditions qui font la musique américaine. Leur duo a explosé aux Etats-Unis il y a trois ans avec un premier album d’une élégance rare. Même ce couineur de Damien Rice ne pouvait pas rivaliser avec ses émotions à vif. Mais ce qu’on apprécie chez Joy William et John Paul White, c’est leur retenue et leur délicatesse.
Un second album sorti l’année dernière a confirmé tout le bien que l’on pensait du duo (qui ferait tout de même une pause en ce moment) et ils prouvent cette fois ci que leur formule fonctionne très bien en live. Entre deux blagues, les chansons coulent de source et font un grand bien aux amateurs de folk sec et lyrique.
Il s’agit d’un enregistrement de 2009. Il était téléchargeable sur le site du groupe. Il existe désormais sur d’autres supports. On apprécie le geste de matérialisation. Car cet enregistrement mérite d’être rangé dans une discothèque.
Les chansons sont enivrantes. L’interaction entre les deux chanteurs est total et fascinante. Ca ne tourne pas à la démonstration. C’est du bel ouvrage, un artisanat de haute précision, de la tradition dans ce qu’elle a de plus agréable. C’est un live pas du tout racoleur. Un petit moment de country folk exquis et travaillé.
2009 - 2014 - Columbia
Tas de ferraille – Prisca – (WTPL/Pias)
Un joli caprice de printemps
L'album Tas de Ferraille est un joli album de chanson française réaliste. Avec en voix lead, Mahfoud Bettayeb, le groupe parvient à harmoniser des sonorités au carrefour de différentes cultures avec talent. Bouzouki et mandoline côtoient guitare électrique, contrebasse et clarinette avec une facilité déconcertante rappelant la bonne pêche des Zebda des années 90. L'écart va de la présence de Christian Olivier des têtes raides sur "On est", à celle de Tul Bero, chanteurs gambien qui vient poser sa voix sur "Keloo".
Le groupe signe des titres qui revendiquent leur liberté d'artiste et le refus des conventions. "Pas un mouton" avec Fabien Boeuf est une chanson très enlevée à méditer qui raisonne étonnamment en ces temps de vache maigre où le nationalisme semble reprendre du poil de la bête. Résister, ne pas être un mouton, voilà un beau programme. "Si j'avais" chante avec humour et sur une mélodie dansante la volonté de ne pas monter dans le train fou de notre société. Le groupe assume l'héritage de la chanson réaliste avec une reprise hommage de "Potemkine" de Jean Ferrat, chanson relatant la mutinerie du cuirassé Potemkine en 1905. La révolution gronde...
Prisca nous montre qu'il est toujours possible de produire une chanson réaliste française qui maintient en éveil les consciences. Tout cela avec une grande générosité et une sincérité permanente. L'amour est présent du début à la fin de l'album."J'saurais pas dire", dès l'ouverture, interroge les raisons de l'amour, tandis que "Tas de ferraille" boucle l'ensemble avec une comptine qui devrait avoir un grand succès auprès des bambins.
L'album Tas de ferraille est beaucoup moins rugueux que son titre, une fantaisie qui mérite bien quelques piécettes sonnantes et trébuchantes. A connaître.
https://www.facebook.com/legroupeprisca
La Nueve / Paco Roca
La Libération de Paris, de Gaulle arrive à négocier avec ses alliés anglais et américains que ce seront les français qui entreront les premiers dans Paris. Alors, le général Leclerc entrera fièrement dans la capitale française à la tête de sa division blindée.
Ce que nous apprend cet épais ouvrage de 300 pages fort bien documentés, c'est que parmis les soldats qui accompagnaient le général figurait une compagnie composée d'anciens républicains espagnols. Là est l'intérêt de ce livre qui fait ressortir un épisode peu connu.
Celui qui met cette histoire en avant est un auteur dont les précédents ouvrages traduits en français ou pas sont toujours riches et intelligents, même s'ils peuvent parfois être un peu didactiques. J'ai pour ma part une préférence pour " Le phare", "Rides" devenus par la suite "la tête en l'air" qui eu droit à une belle adaptation en dessin animé et quelques autres titres tout aussi fameux.
Un bémol pour "l'hiver du dessinateur" un peu sec à mon goût, mais il est vrai que j'avais voulu faire le malin en le lisant dans la langue de Cervantes...Voilà ce que c'est de vouloir plaire à son épouse espagnole...
Pour en revenir à l'album qui nous occupe, on notera un procédé narratif assez ressemblant à celui d Art Spieglman dans "Maus". Aller-retour entre présent et passé. A la différence qu'ici, le passé est en couleur et le présent monochrome.
C'est le fil rouge du livre, le procédé qui permet à Roca d'humaniser son histoire, de lui donner de la profondeur. Paco Roca, en l'illustrant différemment avait déjà utilisé ce procédé dans "l'Ange de la Retirada".
L'histoire débute donc en couleur et en 1939,en mars exactement sur les quais du port d'Alicante. Aux propos des protagonistes, on comprend vite qu'ils sont républicains; à leur empressement à monter à bord du bateau on comprend aussi que la guerre est perdue que l'on est en pleine débâcle, assez proche finalement du destin que connaitront bon nombre de français quelques mois plus tard...
Puis on trouve Paco Roca en France, qui cherche à se rendre chez un espagnol. Aux personnes rencontrées, il explique le but de son voyage. Et voilà, le livre est monté entre flash-back sur le destin de ses réfugiés et dialogue entre ces 2 hommes.
Paco Roca sait humaniser avec brio ses récits, comme lorsqu'il aborde la maladie d'Alzheimer dans "Tête en l'air", ou déjà la guerre, mais celle d'Espagne au travers du destin de ce jeune soldat républicain de 17 ans qui cherchait lui aussi à passer en France dans "Le phare".
"La Nueve" est un magnifique récit qui aménera ces hommes de l'Afrique du Nord où ils rallient la France LIbre, jusqu'à la libération de Paris.
Alors, même si cette compagnie ibérique n'a pas fait basculer la guerre dans un sens ou dans un autre, ce livre est d'une grande actualité à l'heure des prochaines élections européennes; à l'heure où certains cherchent à diviser les pays européens. On se souvient qu'enfin, les espagnols ne furent pas rancuniers à aider la France qui avait laché le gouvernement républicain et enfermé bons nombre de ces représentants dans des camps comme ce fut le cas à Rivesaltes bien que dans une moins grande mesure que ce qui avait été envisagé au départ, lors de la Retirada.
Et voilà la boucle est bouclée. Mais sutout si vous m'avez trouvé donneur de leçon un peu sentencieux, ne vous arrêtez pas là, "La Nueve" est un bon livre d'aventure qui a l'avantage d'avoir du fond, alors plongez-y avec plaisir. En plus 300 pages pour 29€, ils y en a qui vont encore dire que les espagnols cassent les prix...
Delcourt - 312 pages
Little Secret / Nikki Yanofsky
A peine 16 ans, Nikki Yanofsky avait tout d’une grande chanteuse. Elle a désormais 20 ans et s’offre un disque produit par Quincy Jones. Pas mal !
Brune et canadienne, Nicole Yanofsky a conquis le public par sa précocité et la force de sa voix. Un premier disque cadré et précis a fait son succès. La petite star est désormais une adulte et montre un sacré aplomb en demandant au vénérable Quincy Jones de produire des titres de son second opus.
Le maître s’exécute et cela donne donc un nouveau style chez Nikki Yanofsky. Désormais elle aborde la soul et le rythm’n’blues. Cependant elle n’oublie pas ses racines jazzy. Son petit caprice fait la malice de ce disque. Les renards de studio squattent le disque, irréprochable dans sa production. Le son est classieux avec quelques beats et samples pour faire moderne.
Elle capte les charmes de la white soul (on pense à Dusty Springfield ou Nancy Sinatra). Elle rappelle les vieilles chansons chaloupées (excellent Jeepers Creepers 2.0). Les cuivres sont lascifs et sa voix impose une séduction évidente et très plaisante. Impossible d’être insensible à tous ces efforts.
Elle en fait peut être un peu trop. Son disque fait parfois un peu trop patchwork de tout ce que l’on peut faire avec une chanteuse de jazz. Des digressions pop ne sont pas toujours les bienvenues. Ca pourrait ressembler à du Christina Aguilera et sa reprise des Doors pourrait être une chanson mielleuse de comédie musicale. Mais, on est très méchant lorsque l’on dit cela !
C’est tout de même moins agressif. A 20 ans, Nikki Yanofsky a du coffre et du talent. On ne peut pas lui reprocher de vouloir plaire au plus grand nombre. On critique souvent la jeunesse. Une gamine qui veut dynamiter le jazz, ce n’est pas forcément une mauvaise chose !
Decca - 2014