La femme qui décida de passer une année au lit
À lire d’urgence, un petit bijou d’humour, de finesse et de sensibilité. La littérature anglo-saxonne est décidément toujours aussi surprenante.
Il y a des livres qui vous accrochent rien qu’avec leur titre. Et celui-ci ne peut que retenir l’attention : La femme qui décida de passer une année au lit. Mais un titre n’est rien s’il n’y a pas d’histoire derrière. Et Sue Townsend ne nous déçoit pas. Cette Anglaise née en 1946 à Leicester avait déjà fait parler d’elle, pas seulement avec ses livres pour la jeunesse, mais aussi grâce à son style caustique, voire franchement drôle. La Reine et moi, un de ses ouvrages précédents, imaginait le déménagement de la famille royale en banlieue, excusez du peu. Tout simplement hilarant.
Ici, c’est une histoire de tache de soupe sur un fauteuil qui déclenche tout. Eva, bientôt quinquagénaire, réalise soudain que sa vie lui échappe depuis bientôt vingt ans. Elle est une mère et une épouse modèle, certes, mais elle s’est surtout perdue de vue, ne sait plus ce qu’elle aime ni ce qu’elle veut, ce qu’elle attend de l’existence. Elle décide donc de se coucher et ne bouge plus de son lit.
Les situations cocasses et loufoques vont alors s’enchaîner, de la famille perplexe aux enfants ingrats en passant par les admirateurs qui s’installent par centaines devant chez elle. Le mari et les voisins s’y mettent aussi. Bref, tout dérape, son geste est (mal) interprété et elle ne contrôle plus grand-chose. Critique acerbe et pertinente de notre monde dominé par les nouvelles technologies, observation juste d’une époque où les illuminés en mal de repères sont légion, cet ouvrage est un régal. Les cyniques semblent les plus forts, les opportunistes n’ont plus aucune morale, mais finalement, les perdants ne sont pas ceux qu’on croit. Fable folle, conte tendre et saugrenu, ce livre est aussi très émouvant. Beau, tout simplement.
Marie Léon
Sue Townsend
10-18- 470 pages
Pixies / Indie Cindy
Black Francis retrouvent ses copains et font renaître le groupe mythique des années 80. Tout est sous contrôle mais les fans devraient être comblés.
Les autres retrouveront le son faussement hargneux du groupe qui acheva les synthétiques Eighties pour faire des années 90, le temps de la sauvagerie de Nirvana et de quelques autres énervés poilus qui prendront le pouvoir. Oui, Black Francis et ses hommes (Kim Deal n'en finit pas de claquer la porte en réactivant comme elle peut ses vieux projets dont les mythiques Breeders) sont des marqueurs dans l'Histoire du rock.
Pas vraiment de l'industrie musicale. Les disques ne sont jamais bien vendus. Le groupe s'en fout totalement. Indie Cindy devrait connaitre le même destin. La plupart des titres existent déjà. Mais le trio veut faire plaisir et marquer le coup. Ils reviennent après des années sans actualité réelle: Trompe le Monde date de 1991.
Black Francis avait tenté plein de choses jusqu'à aujourd'hui. Il reprend son rôle comme s'il ne l'avait jamais abandonné. Après quelques scènes, il retrouvent donc Joey Santiago et David Lovering pour enregister au Pays de Galles. Sa voix est claire, donne l'impression de contrôler des orchestrations fragiles, un peu moins furieuses qu'avant mais toujours aussi solides pour marquer les oreilles!
Le groupe n'a pas perdu la main: il sait ce qu'il a à faire. Un rock détraqué mais pas hors de contrôle. Le disque balaie toutes les dispositions du groupe. Punk élégant (chouette le titre qui donne son nom au disque). Pop foutraque (Ring the Bell). Rock venu d'ailleurs (Greens & Blues). Et parfois tout à la fois.
Le groupe ne fait pas dans la nouveauté. Le rock a une forte tendance à baigner dans la nostalgie et cela fonctionne pas mal ici. Car le son des Pixies a tout de même une vraie identité et propose un dépaysement certain. Et puis on préfère voir un artiste comme Black Francis, boulimique de musiques, sur le devant de la scène qu'isolé dans des projets plus ou moins brumeux. Ici, il assure et rappelle tout le talent qui l'habite! Rien de neuf ici, mais rien de catastrophique. Juste d'agréables retrouvailles!
Pias - 2014
Le projet Bleiberg / David S.Khara
Un polar haletant avec en prime un savant fou comme on n'en fait plus.
Ce livre se dévore à toute vitesse. David S.Khara connaît les ficelles et termine ses chapitres avec des climax un peu honteux mais qui nous poussent à tourner rapidement la page. Ca ne fait pas dans la nuance mais on est pris par son texte.
Un incroyable complot autour d'un secret nazi où un banquier dépressif se retrouve coincé entre un agent secret israélien, une garde du corps sexy et des assassins qui lui courent après. Ca se bastonne sévère dès que les héros freinent la course pour découvrir ce qu'il se trame. Alors ils foncent. Tout cela parce que le vieux père du héros a sacrifié sa vie pour cacher un sinistre secret...
La vie de ce pauvre type était faite de cuites, de culpabilité et d'excès en tout genre. Il est obligé de traverser l'Atlantique pour faire la lumière sur tous les meurtres qui se multiplient autour de lui... Ce n'est pas nouveau mais le livre ose tout avec une certaine décontraction.
Rapidement, la science est au coeur du sujet et l'auteur fait renaître une figure du mal que l'on avait un peu oublié: le savant fou. Le vrai. Celui qui veut contrôler le Monde avec des idées aussi farfelues que dangereuses.
Fu Manchu pourrait retrouver le sourire (jaune) devant cette lecture: le génie du Mal megalo et taré a encore de beaux jours devant lui et pourrit avec délectation la vie des protagonistes de cette aventure trépidante. C'est carré. Abracadabrantesque. C'est tant mieux pour une lecture pleine de panache et dont on n'attendait rien.
Mein Sohn William / Every Day In Every Way
Deux musiciens français foutent le bordel dans la chanson. Ces garnements sont dorénavant nos chouchous!
Non, il ne s'agit pas d'un groupe obscur allemand! Derrière le doux nom de Mein Sohn William se cache le doux dingue Dorian Taburet, un drôle de type qui a une idée assez minimaliste de la musique et propose une certaine radicalité au niveau de ses compositions. Son approche de la musique est pour le moins artistique. C'est résolument avant gardiste. Mein Shon William doit faire de "la performance", une spécialité!
D'abord seul, Dorian Taburet a accueilli ensuite un autre joyeux saltimbanque, amateur de sample et de bidouillages en tout genre, Antoine Bellanger. Ensemble Mein Sohn William approche encore un peu plus de l'expérience sonore que la musique standard. Avec eux tout saute!
On ne va pas s'en plaindre. Depuis quelques temps, des groupes comme GaBLé ou Hoquets, ont la ferme intention de ne rien respecter, au prix du bon goût, la bienséance et de toutes les normes. Vos oreilles ont besoin d'un temps d'adaptation mais ensuite c'est un vrai régal.
Car les deux zozos sont d'incroyables artistes, qui trouvent dans la simplicité, une vraie énergie débordante et communicative. L'adjectif "original" leur va très bien. En quinze chansons et une trentaine de minutes, il compose et fabrique une petit univers pop convaincant, délirant et pas si foutraque que ça!
C'est résolument barré mais ca ne part pas dans tous les sens. La liberté ne veut pas dire faire n'importe quoi! Le duo s'applique à trouver des mélodies accrocheuses dans leur folie d'apparence. Les arrangements sont vintage mais la construction est réelle et assez impressionnante (la très courte afropop Avoid ou l'hypnotique Famille).
L'album est plus qu'une surprise. Il faut y revenir pour y découvrir ses petits secrets et ses bonnes surprises. C'est une belle déocuverte qui doit prendre toute son ampleur sur scène. On a hâte. Un disque qui donne envie de sortir ne pas être un mauvais disque!
Ici d'ailleurs 2014
The amazing Spider-Man 2 / Marc Webb
Vous vous souvenez de Superman 3 où Richard Pryor faisait atterrir l'Homme de Fer sur la planète "Gros nanar farfelu"? L'acteur noir américain livrait une performance venue d'ailleurs dans le monde des super héros. Grâce à lui, toute la franchise fut coulée. Le genre super héros a eu du mal à éclore après cet "événement". En 2014, c'est Jamie Foxx qui accroche l'homme araignée dans la zone rouge du nanar!
L'acteur de Ray rend hommage à Richard Pryor en reprenant quasiment le même rôle: un ingénieur marginal. Lorsque ce dernier se fait mordre les fesses par des murènes génétiquement modifiées (dans le Spider Man précédent, c'était un lézard), il devient un homme électrique qui ressemble pourtant à une version sous haute tension de Schwarzie en homme glaçon dans le très mauvais Batman & Robin (un chef d'oeuvre pour les drag queens me signale t on).
En méchant de service, il n'est pas très crédible. Tout comme Dane DeHaan, sosie officiel de Leonardo DiCaprio et acteur intéressant, complètement largué dans le rôle d'Harry Osborn, héritier malade d'une compagnie financière et scientifique, ancien meilleur ami de Peter Parker et néo bouffon vert peu intéressant.
C'est toujours Andrew Garfield qui interprète Spidey et il s'en sort pas mal en jouant l'adolescent qui ne veut pas grandir (il a une coupe comme les One Direction) mais qui va payer cher son insouciance. A coté de lui, Emma Stone continue de concourir au prix du regard le plus langoureux de l'industrie hollywoodienne. On oublie quelqu'un? Ha oui, l'excellent Paul Giamatti fait une apparition tellement ridicule que l'on se demande si le fisc n'est pas à ses trousses pour oser une telle performance.
Sinon la ville de New York joue toujours aussi bien. Décor épatant pour les envolées du tisseur!
Le commentaire se limite aux comédiens puisqu'il n'y a pas grand chose à raconter. Le scénario place des pions pour les prochaines productions Marvel. L'histoire alterne entre chamailleries amoureuses et bastons homériques. C'est du cinéma mécanique, sans âme, sans volonté et sans surprise. Dans le monde bien fourni des héros masqués , on a déjà vu pire mais notre ami Spider-Man est de moins en moins "amazing"...
Avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx et Dane DeHaan - Sony Pictures - 30 avril 2014
London Western / Coffees & Cigarettes / Tekini records
Album concept, London Western ne veut pas faire comme tout le monde mais ne défend peut être pas assez son ambition première.
Car lorsque l'on convoque le décor de Whitechapel, les légendes urbaines de l'époque victorienne, on a intérêt à assombrir les textes, plomber les espoirs et se marquer d'une écriture noire. Ce qui n'est pas le cas de Renaud Druel, auteur de ce projet multimédia.
Ne nous trompons pas: London Western est un disque à découvrir. Il y a de très belles chansons et Renaud Druel a des idées intéressantes. Un album concept reste une aventure. Il mélange les styles entre rap et rock, avec des textes plutôt élégants. Il ne choisit pas la facilité et c'est toujours bon signe pour la suite.
Mais le titre du disque et même du groupe trompent un peu sur la marchandise. Même la pochette ne reflète pas vraiment l'ambiance. Il n'y a rien de toxique ou de spectaculaire. Avant même l'écoute, on pense à Jim Jarmusch ou Terry Gilliam.
On veut voir des cadavres dans une impasse, des flics pourris, des putes désespérées, de la noirceur dans chaque coin. Et peut être une poésie au ras du bitume. Sur disque, cela ressemblait à la promesse du groupe.
Rien de tout ça. Les orchestrations sont trop habiles. Le son - sans être péjoratif - est trop clair. La musique est légère alors que l'on s'attendait un esprit bd un peu moins évident. C'est une relative déception car Renaud Druel sait écrire des chansons inédites par le style défini comme du Hop'n'roll.
Le décalage entre le fond et la forme se creuse au fil de l'écoute mais on est ravi de se promener dans des contrées inédites. On apprécie les ruelles visitées par le groupe. Ces petits Français ont le goût du risque et de l'aventure, c'est assez rare pour ne pas être souligné ici!
Childhood Home / Ben & Ellen Harper / Universal
Ca ne fait pas très rocker de faire un disque avec sa petite mÔman, non?
Ben Harper est une star du rock. Génie de la six cordes, il a tout de suite été populaire. Son succès fut largement mérité. Il s'est imposé à un croisement des chemins entre le blues, le rock, le reggae et toutes les musiques noires traditionnelles. Difficile de lui reprocher une faute de goût ou une ambition folle! Passionné, ce type a conquis le Monde entier!
Pourtant depuis quelques temps, il se fait plus discret. Il fabrique des disques selon songoût et ses envies. Plus besoin de démontrer sa toute puissance musicale et sa virtuosité. Il invite ses héros. Peu connus et souvent aussi doués que lui. Il a produit pas mal de potes et maintenant il chante avec sa petite maman!
Un sacrilège dans le monde du rock'n'roll! Peut on imaginer un message aussi ringard dans le grand barnum du rock et de l'industrie musicale? A quand Ozzy Osbourne et sa nounou? Marilyn Manson et sa génitrice? Ben Harper a t il perdu les pédales -wah wah - ?
Ben Harper a évidemment une mère pas comme les autres. Un type aussi brillant ne pouvait pas avoir une simple ménagère qui retend les petites guitares du fiston? Madame Ellen Harper dirige le Folk Music Center & Museum, fondé par ses parents. Ceci explique en grande partie le talent de Ben Harper!
Elle aussi touche à tous les instruments et compose des chansons sèches et folk. Quatre chansons sont écrites par Ellen et on ne les reconnait pas de celles écrites par le fils! Ben & Ellen Harper se font une réunion de famille sur galette! Le disque est donc chaleureux, doux et amoureux.
Ben a débranché sa guitare. Le son acoustique est de rigueur dans la maison familiale, simple et accueillante! On s'imagine devant le feu de cheminée, avec un bon chocolat chaud ou dans le jardin avec les enfants dans l'insouciance générale!
La simplicité fait plaisir à entendre. Le foyer familial est fait de vieilles traditions agréables, entendus mais jamais réactionnaires ou rétrogrades. Pas de révolution mais une vraie tendresse musicale se cache dans cet album.
En tout cas, ce sont des chansons douces que chanteraient ma maman, hélas, ni elle ni moi sommes doués pour la guitares!
A new day / Winston McAnuff & Fixi – réédition 2014 / (Chapter Two / Wagram Music)
Un très bel album de reggae
On a découvert Winston Mc Anuf en France en 2007 quand celui-ci apparaît pour la première fois avec la formation musicale de Java. Depuis de l'eau a coulé sous les ponts. R-Wan a continué sa route hors Java avec Camille Ballon et Radio Cortex. Fixi a rejoint Winston. Camille Ballon est toujours là dans les deux projets, sous le nom désormais de Tom Fire. Et voici the album.
L'album qui fait du bien par où ça passe. Léger comme l'air, dansant, et surtout créatif. On sort du traditionnel combo orgue, guitare, basse, cuivre qui a jalonné des décennies l'histoire du reggae. Ni Dub, ni traditionnel, la présence de Fixi à l'accordéon apporte incontestablement une couleur planante à l'ensemble, Wha Dem Say est magnifique. L'album est à la hauteur de la présence de Winston. Pas une scène où le jamaïcain ne parvient à conquérir le public. L'aura d'un sage trublion de la musique qui sait alterner rythme paisible presque trip-hop avec le citadin et malheureux - Johnny- et cadences joyeuses dans le titre qui ouvre l'opus : Garden of love.
-M-, Cyril Attef, Tony Allen sont passés par là. Le voyage fonctionne, les variations sont là. Alors on veut bien croire Winston qui clame Its' a new day. A new reggae, créatif et somme toute assez classe. C'est à la fois mélancolique et frais, on plane à l'écoute. La chaude voix de Winston rasssure. La réédition propose quatre chansons de plus : un bon gros after-beat sur Jah is all we've got qui devrait faire sautiller les foules dans les festivals de l'année où le groupe est programmé joliment mixé, alors que Sankara apporte une note afro-cubaine. L'album finit sur Strange, un Dub jazzy. L'ensemble est très réussi. A connaître et à voir en concert.
JIMI 2014
La JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes)
Vendredi 10 et samedi 11 octobre 2014
Ivry-sur-Seine (94)
Ouvert au public comme aux professionnels, la JIMI est également l’occasion, pour les indés, de faire (re)découvrir leurs projets et parfois de trouver de nouveaux partenaires.
La JIMI accueille ainsi, chaque année, entre 100 et 160 exposants.
Depuis 2007 la JIMI a, déjà, accueilli plus de 850 exposants indes dont : Underdog Records, Guerilla Asso, Jarring Effects, Mondomix, l’Autre Distribution, Les Barrocks,Les Boutiques Sonores, Le Calif, CD1D, Concertlive.fr, Ferarock , Fraca-Ma, Gonzai, Goéland Distribution, Hammerbass, Infoconcert, Kicking Records, Fréquence Paris Plurielle, Crash Disques, Kronik, Life Live, Longueur d'Ondes, Madame Macario, Monster K7, Otoradio.Com, la Station-Service, la Triperie, Vacarm, Yokanta, A Quick One Records, AssoYouz, Irfan, Makasound, PatateRecords, Radio Néo, Clapping Music, Francofan,...
La réservation des stands, pour l'édition 2014, est maintenant ouverte.
Plus d'informations : https://www.facebook.com/jimi.festivaldemarne - http://www.jimifestivaldemarne.org/
Arthur H et Nicolas Repac / 20 et 21 mai 2014/20h au centquatre à Paris
Arthur H et Nicolas Repac
Le Rouge et Le Noir
lectures musicales - événement: une soirée, deux spectacles
20 et 21 mai 2014/20h au centquatre à Paris
A ne pas rater les 20 et 21 mai au centquatre à Paris, deux soirées exceptionnelles de lectures musicales avec Arthur H et Nicolas Repac intitulées Le Rouge et Le Noir. Arthur H et Nicolas Repac ont conçu ensemble L'Or Noir, voyage sensoriel autour de la poésie créole contemporaine, d'Aimé Césaire, chantre de la négritude, au contemporain Dany Laferrière en passant par le regretté Edouard Glissant. L'occasion de sonder la part noire de deux musiciens assumant allègrement des identités métisses. Pour L'Or d'Eros, tous deux rendent hommage aux auteurs les plus libres et les plus sulfureux du XXe siècle. La musique de Nicolas Repac oscille entre les largesses symphoniques et les grooves sexuels‐mathématiques, tandis que la voix d'Arthur H effleure le chant pour produire une hypnose sensuelle.