Calexico et Lambchop au Social Club Joey BURNS et Kurt WAGNER
C’était un soir de septembre. Le 8. Carried To Dust, le nouvel opus de Calexico est annoncé. Joey Burns et John Convertino ont prévu de rejoindre sur scène Kurt Wagner de Lambchop dans une cave de Paris, Le Social club, pour un concert improvisé.
Le concert est privé. Nous sommes peut-être deux cents à faire la queue dans la rue Montmartre. Certains ont Libé à la main, d’autres des courriels de leurs réseaux mélomaniaques. Chacun son pass. Tous veulent rentrés. Tous rentreront. Nous sommes serrés mais contents. Qu’importe la promiscuité, Edvige et ses fichiers intimes peuvent gueuler à l’extérieur dans les canards, ici, on est heureux d’être cul à cul, épaule contre épaule. Drôle d’époque.
Soudain, le noir. Et une voix qui clame a capella des accents américains d’une contrée lointaine. Kurt Wagner traverse la salle en gueulant en rythme. Ca soul folk. Une impro buccale culotée. Kurt s’impose avec emphase dans notre intimité. Ca tord les mots pour les faire chanter. Casquette « Horse feeds » vissée sur la tête, lunettes « sécurité sociale », rouflaquettes grisonnantes, Kurt s’assoit et s’apprête.
Rapidement, le look de trappeur s’efface et laisse apparaître des mélodies et des ballades d’une étonnante sensibilité. Une simplicité qui n’en n’est pas une. La voix grave s’écoule sur les aigus de la guitare folk, l’effet est radical, on l’écouterait des heures chuchoter ses phrases. Une musicale mélancolie. Bien sûr, l’expression est souvent exagérée. Kurt joue du nez et de la bouche appuyant volontairement des syllabes chuchotées. Mais la reverb lui donne raison. Les cordes frappées au moment « t » donnent à sa prestation une sincère évidence. Le plaisir est là. Une soul music. Une voix chaude d’outre-tombe et les trente minutes passent à vitesse grand V.
Un réveil nous alerte un peu bruyamment du changement d’artiste et de la fin de la balade unplugged. Kurt qui n’a pas fini sa chanson sourit. Grand Prince. Joey Burns de Calexico attend en coulisse avec John Convertino, le batteur…
Kurt nous salue.
Les voilà. Bouteille de Kronenbourg à la main. Il fait chaud dans la cave. Ils ont soif. Nous aussi. Joey Burns, chemise Nashville rouge. La mèche toujours rebelle et l’œil bleu pince sans rire… Un autre style. John Convertino, cheveux en arrière, gueule cassée de musicien dormant peu a le sourire en coin. Et pour cause.
Joey Burns a décidé de se la jouer légère pour cette soirée privée. Il se lance dans un échange avec le public cherchant à le taquiner. Le public est acquis et Joey bavarde. Le voilà qui se lance alors sur l’énumération d’amis français rencontrés et qu’il adore. Dominique A entre autres puis Katerine. Prêt à tout les voilà alors en train de reprendre « J’adddoooore » de Philippe Katerine avec un clin d’œil pour la Carlita présidentielle… « Et je coupe le son ! »… John sourit mais suit Joey. Les californiens n’ont peur de rien. Pas de complexe. Un jack de micro essaiera bien de couper le son à son tour, rien n’y fera. Joey et John enchaîneront des morceaux plutôt rock loin des musiques hispanisantes auxquelles le combo nous avait habitué. A la guitare Joey s’amuse et attaque franchement. Ca tient plus que la route. Ils pourraient tenir des heures.
Pour finir, Kurt reviendra alors pour une reprise à trois de I Believe in you, extrait de « Oh (Ohio) », le nouvel opus de Lambchop prévu pour le 7 octobre. Joey chorusse à la guitare et donne des accents folks au morceau, tandis que Kurt sourit des effets détournés lancés par Joey. Joey essaiera bien de convaincre Kurt d’entamer une autre reprise mais en vain. Kurt sort. Joey n’a pas envie de quitter la scène. Il trinque à nouveau avec sa Kronenbourg et promet un retour en France avec Lambchop. On sent que Joey reste un peu sur sa faim. La seule solution : revenir.
10 questions à ALISTER
Alister vient de dégainer un album plus qu'encourageant. Il répond rapidement à notre "10 questions à "... Quelques lignes pour cadrer le personnage...
Bonjour, Alister !
Bon, alors voilà : Etat-critique.com a une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer… et dix questions à vous poser.
On y va ?
D'abord la mauvaise nouvelle : la fin du monde est pour la semaine prochaine.
- Vous voulez connaître ma solution contre la fin du monde ?... Le riz.
Merci Alister... Maintenant une bonne nouvelle : il y aura peut-être du riz, mais vous serez le seul survivant (ou presque) et vous avez, en plus, le pouvoir de sauver 10 monuments de votre Panthéon personnel.
Voici les thèmes, à vous de désigner (et de commenter) les heureux élus !
1. Le disque que vous souhaitez sauver ?
"Trust"- Elvis Costello... Cruel, romantique, ludique.
2. Le film que vous souhaitez sauver ?
"Nous ne vieillirons pas ensemble" - Maurice Pialat. Cruel, romantique, drôle...
3. Le livre que vous souhaitez sauver ?
"L'europe galante" - Paul Morand... Quintessence du style français.
4. La bande dessinée que vous souhaitez sauver ?
"Idées noires" - Franquin... J'aime plus la BD. Souvenirs de jeunesse.
5. L'homme que vous souhaitez sauver ?
Kaspar Hauser. Il a des choses à nous dire.
6. La femme que vous souhaitez sauver ?
Bernadette Soubirous. Elle a des choses à nous dire.
7. L'objet, le lieu ou le monument que vous souhaitez sauver ?
Le broyeur de documents.On ne sait jamais. Si finalement je suis pas si seul que ça.
8. L'émission de télé que vous souhaitez sauver ?
La Minute Blonde. Parce que c'était la meilleure émission du 21ème siècle.
9. Le plat que vous souhaitez sauver ?
Poulet Tikka. Parce que c'est bon.
10. Votre œuvre personnelle que vous souhaitez sauver ?
Poulet Tikka. Parce que c'est jamais pareil.
Merci Alister !
Nous transmettons votre liste à qui de droit…
Chronique de l'album : Aucun mal ne vous sera fait
Propos recueillis par Sébastien Mounié © Etat-critique.com - 01/06/2008
Aucun mal ne vous sera fait / Alister / (Barclay-2008)
Alister vient de sortir Aucun mal ne vous sera fait. Un premier album à ne pas manquer. De l’humour et une certaine désinvolture qui change du paysage actuel. Un regard décalé à découvrir sur fond de musique sixties. Faut y aller, c'est du tout bon !
L’ouverture de l’album annonce le style et le potentiel du chanteur. Alister est du genre à ne pas se prendre trop au sérieux. Une autodérision et un regard assez pessimiste en définitive sur la jeune génération. Entre leTanguy de Chatiliez et le looser, le djeune se cherche. Un coup d’œil goguenard et décalé qui cache une morosité de cœur, une amertume.
« Qu’est-ce qu’on va faire de toi » sent franchement le tube radio, avec une ritournelle qui reprend le titre ; le morceau, sur fond de chœurs masculins propose : « on va t’utiliser pour des crash-tests, on va te présenter à des derviches-tourneurs (… ) on va te dire les astres (… ) on va te saupoudrer de saccharine (...) On va t’occuper avec ton surmoi, on va t’aveugler avec ta libido, on va penser à toi avec des SMS, on va t’inoculer de l’allégresse, on va t’injecter de la graisse, on va te diviser en pixels(…) on va t’aimer sans fin, on va t’aimer sans fond »… La « romance nerveuse » d’une société de consommation où l’homme finit par se cannibaliser et ne plus savoir quoi faire de sa peau. De la psychologie curative pour neurasthénique !
Le ton est celui d’un pince-sans-rire désenchanté. « Est-ce que je suis normal ? » demande Alister dans « Fille à problème ». D’un côté, le texte, entre chanté et parlé, donne une pesanteur aux morceaux. De l’autre, les musiques, pêchues pour la plupart, donnent à l’ensemble une personnalité qui sort du lot. A l’écouter on pense aux débuts de Dutronc et à ses millions de chinois, au ton de Lou Reed. Incroyable. C'est possible en français ?
Deux styles. Le désabusé comique et le mélancolique. Quand Alister prend le piano sur « Quelque chose dans mon verre », les notes reprennent tantôt des lignes mélodiques de Berger, tantôt une pop anglo-saxonne sur « Barnum ». Un spleen musical qui laisse passer des textes en avant plan, ce qui n’est pas pour déplaire. Baxter Dury et Craig Silvey l’ont accueilli à Londres, rien que ça. On comprend pourquoi à l’écoute.
Alister sait mettre en réseau les mots. Les soupes de mots qui semblent balancés à la va-vite dans les textes jaillissent comme ceux bombardés par les médias. Posés les uns à côté des autres, la vacuité du réel amuse. Ces milliards de mots dont on nous rabat les oreilles… Les pamplemousses de « Miami » sonnent juste. « Paris by night » parlera forcément aux noctambules ainsi que le réussi « Hier soir »... Les chœurs féminins et masculins ont un petit goût d’Initials BB. Ils s’envolent souvent derrière les textes. Le loner glamour sait visiblement agencer les mélodies dans une pop sixties. Grand bien nous fasse !
Allez donc acheter l’album, ne vous faites pas avoir par les apparences. Du jaune orangé sur voix grisaillée, ce n’est pas si courant. A suivre, vous l’avez compris. Alister promet et nous on en redemande.
Sébastien Mounié
Justice, Friedrich DURRENMATT
Un député zurichois, clairement coupable d’avoir tué un professeur universitaire, demande, de sa prison, à un jeune avocat de concevoir l’hypothèse de son innocence.
Quelle relation entre le pouvoir et la justice ? Et quelles implications sociales, si le questionnement se situait dans la riche, neutre et pacifique Suisse des années 50 ?
Un jeune avocat, Spät, raconte à la première personne, sous forme de rapport pour la police, son expérience, cette histoire d’injustice dans laquelle il a été piégé. Mais le ton de son écriture n’est pas sobre et objectif du tout. Le style est tourmenté, la chronologie des événements se confond, faits concrets et émotions personnelles se mélangent sans arrêt.
Spät est devenu un avocat trop souvent ivre. Désormais ses seules clientes sont des prostituées. Il passe ses journées dans des bars malfamés et s’engage à cacher les crimes de quelques petits délinquants.
La justice n’a déjà plus aucun sens pour lui, depuis que le député Isaak Kohler a réussi à sortir de prison et à partir dans un long voyage autour du monde, alors que son crime était si évident. Elle ne peut être rétablie qu’en commettant un deuxième homicide, celui du député, et un suicide, évidemment celui de Spät.
Justice est à la fois une réflexion métaphysique touchante et une intelligente critique sociale, un lourd jugement sur un pays presque jamais nommé directement et un récit passionnant.
Un roman qu’il faut redécouvrir à tout prix. L’incipit de l’histoire, en ligne sur le site de l’éditeur, ne pourra que vous pousser à vous procurer rapidement ce livre.
Gloria Morano
© Etat-critique.com - 29/04/2008
No country for old men, Joel et Ethan COEN
C'est un peu à la surprise générale que le dernier film des frères Coen est sorti vainqueur de la dernière cérémonie des Oscars. Cela valait bien une nouvelle critique sur ce polar qui laisse personne indifférent!
Le dernier film des frères Coen est une réflexion puissante et profonde sur l’attachement que le spectateur peut avoir pour des personnages ambigus et glissants. C’est un merveilleux exercice de style – un western moderne : le désert et des 4x4 terrifiants, presque monstrueux, nous introduisent dans ce récit de poursuite de 2 heures – où les protagonistes dépassent tout cliché de bonté ou de méchanceté.
Bien sûr, Tommy Lee Jones joue le vieux et sage shérif méditatif et un peu moqueur, dont le calme presque flegmatique donne un ton épique au film. Bien sûr, Javier Bardem (dans le film Anton Chigurh), est effrayant dans sa cruelle logique muette et insaisissable. Et, pour finir, bien sûr, Kelly MacDonald (Carla Jean Moss dans la fiction) est tellement fragile et sans défense devant le destin de son mari (Josh Brolin alias Llewelyn Moss dans l’histoire)...
Seulement, tout cliché qui, dans un premier temps, pourrait nous paraître évident, presque banal, est, en fait, mis à mal, questionné silencieusement et sans arrêt par la force plastique que les frères Coen donnent aux corps et aux visages de leurs acteurs.
Mettons de côté le shérif. Chez les deux autres protagonistes masculins tout est fait de temps lents, mais déterminés, de mouvements réfléchis et précis, mais terriblement intimidants et surprénant pour le spectateur. Chacun suit sa logique, taciturne, comme dans la meilleure tradition du western, mais nous, nous nous y retrouvons pas, nous n’arrivons jamais à prévoir leurs actions, à comprendre leur cohérence, qui apparaît toujours à la fois perceptible et lointaine. Et aux spectateurs, il ne reste que leur regard, pour tenter de s’y retrouver d’une façon ou d’une autre, pour déchiffrer le sens de cette rationalité folle qui domine les actes de Anton Chigurh et de Llewelyn Moss.
L‘un incarne une sorte de diable aliéné et halluciné, dont la cruauté devient par moments amusante (nous sommes au centre du toujours savoureux jeu d’équilibre entre ironie et panique que les frères Coen mènent depuis désormais 20 ans). Ses yeux nous disent qu’il nous fera vivre le pire, jusqu’au bout et que nous en rirons tout au long du film, mais en souffrant avec ses victimes.
L’autre fera tout ce qui est dans ses moyens pour ne pas devenir un héros gentil et sauveur, même si le spectateur n’a besoin que de ça pour sortir de son angoisse existentielle. Car, d’accord, la poursuite n’est qu’une question d’argent à récupérer, mais elle est, au fond, l’histoire de deux hommes qui vivent la même précarité physique faite de sang et de blessures et qui, peut-être, ne sont pas si à différents dans leurs obstination que l’on pourrait penser au début.
Tout le monde y trouvera son plaisir : le fanatique des rythmes soutenus où l’action domine et coupe le souffle, autant que l’aimant des plans méditatifs, des choix cinématographiques intelligents de deux cinéastes qui savent encore oser nous transmettre une pensée à travers les corps des acteurs.
Les deux aspects, l’action et le cinéma d’auteur, se conjuguent merveilleusement, se fondent dans une histoire troublante et drôle. Les images sur grand écran nous parlent de maîtrise et de volupté de la caméra.
Gloria Morano
© Etat-critique.com - 07/03/2008
Angelin Preljocaj : Annonciation (1995), Centaures (1998) et Eldorado (création 2008)
Le Théâtre de la Ville présente trois pièces du célèbre chorégraphe Angelin Preljocaj : Annonciation (1995), Centaures (1998) et Eldorado (création 2008). Une soirée de danse à moitié concluante ! (suite…)
C’est l’argent qui fait la guerre / Mira LEON / (Kyrone – 2006)
Premier album réussi pour Mira Léon qui nous emmène dans un monde musical méditerranéen festif.
Mira Léon nous présente donc un album très bien produit qui alterne des musiques qui incitent à la danse, à la bonne humeur malgré un titre d’album qui pourrait paraître un peu moralisateur « c’est l’argent qui fait la guerre », et des mélodies plus calmes comme Kiss me cherie, La Fiaba di trilli e pan ou Le rêve d’Orient. Les gimmick jouent efficacement leur rôle et l’oreille reste souvent accrochée aux rythmiques.
L’ensemble des morceaux est composé de cuivre et de percussions très orientales qui donnent à l’album une couleur festive quand ce ne sont pas simplement les bruits de claps de mains qui mènent la danse, couleur flamenco. Mira Léon n’hésite pas à ajouter des cris lointains aux sonorités espagnoles et gitanes, entre programmation et voix naturelle (Chanson). Vous l’aurez compris, ça bouge beaucoup chez Mira Léon, qui n’hésite pas à agrémenter ces sonorités de beat binaires bien connus des danseurs de boîte de nuit mais si efficaces pour celui ou celle qui a envie de danser !
Entre danse et folie, on sent que Mira Léon s’amuse dans Lara notamment, où celui-ci compare sa Lara à une boisson de l’amour sur un rythme cuivré endiablé… Trompette en contre champ et percussion cubaine au lointain… Comme dans Tarabanda, on sent que c’est dans l’extravagance et la prise de liberté que Mira Léon est le plus à l’aise. On ressent cette envie de partager de la joie et les cris. Mira Léon chante, parle et nous donne donc à partager ses moments de vie. Le Vin Joyeux nous fait entendre une simple voix peut-être avinée sur un air d’accordéon… Tout est possible.
Ici la vie semble se vivre à 100 à l’heure autour de thèmes comme l’amour et la danse et ce, quelle que soit la langue utilisée, italien, français ou espagnol. Les amateurs de voix éraillée et de danses noctambules sortiront ravis de cette écoute !
Sites officiels : http://www.myspace.com/miraleonhttp://www.kyrone.com/
Sébastien Mounié
© Etat-critique.com - 29/01/2008
Higelin au Bataclan
Etat-critique.com était au concert de Jacques Higelin le 20 octobre 2007 au Bataclan. Photos d'un Frère Jacques loin de s'endormir : trois rappels et plus de deux heures de concert... De quoi en réveiller plus d'un...
Photos de Sébastien Mounié © Etat-critique.com
Sur nos forces motrices / Dominique A / (Cinq 7 – 2007)
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TA PAROLE 2007 / Photos de BISTANCLAQUE, LOU CASA, JOYET, LAFORE
Etat-critique.com était au Festival Ta Parole 2007 à Montreuil... Photos d'un festival haut en couleur... Deuxième jour (suite)
Bistanclaque en dernière formation... Renaud et Eric prennent des routes différentes pour quelques temps...
David Lafore trois têtes
Bientôt la suite avec le dernier jour du festival...
Photos de Sébastien Mounié