Tiki, une année de chien, Fred Leclerc, David Azencot, la Boîte à Bulles

J'ai aimé cette bande-dessinée dès la première page.

Fred est tout chamboulé par le confinement Covid et il a bien envie de faire plaisir à sa fille et à sa copine. Il se laisse donc convaincre par deux vendeuses d'animalerie sans scrupules d'acheter un chien: Tiki.

C'est vrai qu'il est très mignon ce chiot ; et en plus il pourra servir de prétexte pour sortir pendant le confinement Covid. (Mais siiii, rappelez-vous, les attestations de sortie avec la case "Promenade de son animal de compagnie"!) Ce qu'il n'avait pas prévu, notre bon Fred, c'est qu'il lui faudrait aussi surtout la nuit pour faire pisser son nouveau compagnon. Ce qu'il n'avait pas anticipé non plus, c'est qu'un chien est possessif, pas forcément commode, et qu'il descend du loup (certaines espèce descendant plus vite que d'autres..)..

Dès le premier jour de leur vie en commun, Fred se sent dépassé et commence à se dire qu'il a fait une grosse bêtise, ce qui est bel et bien le cas !

Je tire mon chapeau à l'auteur, Fred Leclerc, qui a l'honnêteté de témoigner sans honte de son expérience afin d'édifier ses lecteurs et leur éviter de faire la même erreur que lui. Le Président de la Société Protectrice des Animaux signe d'ailleurs une postface très intéressante et affirme qu'il s'agit d'une "BD à lire avant d'adopter un animal".

Les couleurs et dessins sont simples mais pas du tout désagréables à regarder, et le récit est mené avec humour, ce qui allège la charge émotionnelle. Ce livre utile ne vous ôtera peut-être pas l'envie d'avoir un animal de compagnie, mais il vous évitera quelques pièges.

Si vous envisagiez de (vous) offrir un animal pour Noël, achetez donc plutôt l'adorable Tiki !

EAN13 9782849534199
ISBN 978-2-84953-419-9
Éditeur La Boîte à Bulles
Date de publication 24/11/2021
Collection BD ADULTE
Nombre de pages 144
Dimensions 26,5 x 19,8 x 1,3 cm
Poids 462 g
19€

Truffaut – Correspondance, David Nathanson, Judith d’Aleazzo, Manufacture des Abbesses

Ambiance feutrée. Nous prenons place à la Manufacture des Abbesses au son des notes du pianiste. Nous découvrons Truffaut à travers un choix de lettres qui parle de l'enfance (beaucoup), du cinéma (un peu) et surtout de ce qui nous construit et fait de nous des humains pétris de contradiction.

Par ses propres mots, Truffaut se révèle débordant d’enthousiasme sur la vie qui l’entoure. Il apparait à la fois sympathique et dur envers son entourage. Il converse avec diverses personnalités connues comme Alfred Hitchcock, Jean-Luc Godard, Alain Peyrefitte, ou Alain Souchon…

Cette sélection de lettres est extraite du recueil Correspondance édité par Gilles Jacob et Claude de Givray qui réunit environ 500 lettres rédigées par François Truffaut entre 1945 et 1983.

L’interprétation de David Nathanson est vivifiante. Il réussit à donner vie aux lettres sans artifice ni exagération. Il se fait interprète de ces lettres tour à tour pleine de passion, de joie ou de colère. On en comprend que mieux l’œuvre de Truffaut.

A côté du comédien, on peut observer une table basse motorisée avec des éléments visuels qui sont projetés sur grand écran. Pendant le spectacle, des éléments visuels seront ajoutés sur la table pour révéler des contenus qui viennent éclairer ou compléter les propos. Cette scénographie nous plonge dans un univers hybride théâtral et cinématographique.

La musique n’est pas en reste avec, pour partenaire de jeu, les airs de piano composés par Antoine Ouvrard. Cette musique qui a une place particulière dans la vie de Truffaut et qui viendra souligner les propos partagés tout au long de la pièce.

Comme pendant un instant suspendu, il a été très agréable de découvrir l’univers et la personnalité de François Truffaut dans le spectacle Truffaut Correspondance.

Jusqu'au 25 février 2022
Truffaut Correspondance
La Manufacture des Abbesses

Les Elfkins : opération pâtisserie

Les Elfkins, véritables rois de l'artisanat, effectuaient jadis le travail des humains pendant la nuit, du moins jusqu'à ce qu'une horrible mégère ne mette fin à cette harmonie entre les espèces. Depuis, les elfes vivent reclus au sous-sol où ils font des concours d'artisanat et médisent sur les Hommes, ces créatures méchantes et ingrates.

Mais un jour, Helvi, une jeune Elfe - intrépide mais maladroite - décide de renouer contact avec les Humains, sûre qu'ils pourront lui apprendre un métier. C'est accompagnée de deux compagnons qu'elle part à la découverte de notre monde... et de la lumière du jour.

Les trois lutins font bien vite la rencontre d'un pâtissier génial mais bougon qui s'est endetté auprès de son frère, un affairiste ayant fait fortune dans les gâteaux industriels. Mais heureusement, les Elfkins arriveront à point nommé pour mettre un peu de fantaisie et de bienveillance dans le monde des humains.

A l'image des dessins qui sont un peu lisses, l'histoire est sans surprise même si pas du tout déplaisante. Certes, vous ne trouverez ici ni double niveau de lecture ni humour au second degré à destination des parents, et vous vous ennuierez parfois un peu.

Par contre, les enfants trouveront pleinement leur compte dans ce conte tranquille et plein de douceur. J'ai moi-même accompagné un groupe d'enfants de huit ans qui étaient tous ravis et souriants à la sortie du film.

  • Et toi Aimé (8 ans), tu as aimé le film ?
  • Oui !
  • Et qu'est-ce que tu as préféré?
  • Tout !

au cinéma le 8 décembre 2021
un film de Ute von Münchow-Pohl

KMBO Distribution
1h18

Navdhara India Dance Théatre, Ashley Lobo, A Passage to Bollywood, Chaillot

Quelle joie, quelle énergie ! Avec A Passage to Bollywood, Ashley Lobo nous invite à découvrir l’exubérance du cinéma Bollywoodien. Préparez-vous pour un show délicieusement kitch !

Contraction de « Bombay » et « Hoolywood », c’est à Bombay que le genre particulier « Bollywood » émerge dans les années 70. Il s’agit le plus souvent de raconter des histoires d’amour impossibles en mélangeant danse traditionnelle indienne et autres styles musicaux tels que le jazz, le break et les danses orientales…

On doit le succès du spectacle A Passage to Bollywood au Navdhara India Dance Theatre qui est l’une des rares compagnies professionnelles en Inde. L’engouement du public pour ce spectacle n’est plus à démontrer puisqu’il enchante les scènes internationales depuis cinq saisons.

Après une tournée triomphale mondiale, la comédie musicale indienne s’installe pour deux semaines à Chaillot.

A Passage to Bollywood nous invite à suivre l’histoire d’un triangle amoureux en dix-sept chapitres sur fond de codes du cinéma bollywoodien. Une scène d’ouverture et de fermeture tiennent lieu de générique et des intertitres viennent rythmer chaque chapitre.

Les scènes se succèdent avec fluidité ; nous suivons les aventures du jeune Sandy qui part de son village natal pour chercher le succès dans la grande ville de Bombay. Il y rencontre Don, un gangster au grand cœur et surtout Leela dont il tombe amoureux. Et les péripéties vont s’enchainer…

Pendant toute la durée du spectacle, nous profitons d’un ensemble électrisant en découvrant de grandes chorégraphies d’ensemble, riche des deux chanteurs et vingt-deux danseurs. Les costumes haut en couleurs nous font voyager dans l’exubérance de l’Inde de Bollywood.

Ce spectacle plaira aux personnes désireuses de dépaysement, aux petits et grands curieux et surtout à tous ceux à la recherche d’une bouffée de bonne humeur ! C’est le spectacle parfait pour arborer un magnifique sourire !

Jusqu'au 25 décembre 2021
Théâtre National de Chaillot

A mettre sous le sapin

A Etat Critique, on se remet doucement du covid. Mais on est prêt pour fêter Noël. Peut-être que chez vous, dans l’isolement, vous avez redécouvert la nécessité de vous évader par divers moyens. Ici on vous conseillera la musique qui, par sa diversité, nous envoie un peu partout dans le monde, loin des problèmes sanitaires, des frontières fermées et de tous les soucis. Voici dix disques à offrir qui feront aimer cette bien étrange année!

10. Kiwi Jr - Cooler returns
Une bande de Canadiens se moque bien de la morosité et s’accroche à des refrains acérés. Ils font revenir l’insouciance d’un rock qui soigne encore ses boutons d’acné et se met joyeusement les doigts dans le nez. Et pourtant il y a un petit quelque chose de raffiné dans chaque morceau. Le retour du cool effectivement!

9. Geese - Projector
Encore une fois, on pourrait avoir mis la main sur un groupe de Brooklyn qui aurait la lourde tâche de sauver le rock mais on laisse le bénéfice du doute à Geese et son énergie juvénile. Geese a l’envie de foncer dans le tas. Seulement neuf titres dans ce premier effort mais avec son rythme trépidant et ses ruptures constantes, on est balancés dans une rafale de mélodies exaltées et exaltantes. Ils méritent un coup de projecteur.

8. Lightning Bug - A Color in the Sky
Audrey Kang se prend pour  la chanteuse des lointains Cowboys Junkies et organise elle aussi de jolies sessions musicales autour d’un feu au milieu des champs. C’est effectivement une invitation à se perdre dans la campagne, regarder le ciel ou écouter des guitares qui étirent le temps et le plaisir. La bouffée d’air frais!

7. Dodie - Build a Problem
Cette année, on a fait la rencontre de la petite sœur de Fiona Apple. Dodie est une jeune fille bien de son époque: névrosée des réseaux sociaux et inquiète de sa place dans le Monde. Vulnérable, ses chansons sont très sensibles mais elles révèlent des idées aussi simples que géniales. De tous ses problèmes existentiels, Dodie offre un album à la tendresse exceptionnelle.

6. Voyou - Chroniques Terrestres
Né à Lille, Voyou a grandi à Nantes: il connaît donc les soirées festives, arrosées qui se terminent dans les petits matins gris qui douchent les espoirs. Il préfère donc se taire dans cet album où les instruments prennent le pouvoir. Surtout sa trompette qui vient soutenir des rythmes urbains, des chansons heureuses et qui déconfinent à mort!

5. Mathieu Boogaerts - En Anglais
Exilé en Angleterre, le discret Mathieu Boogaerts continue de développer son écriture pleine de poésie et d’humour, mais cette fois-ci tout en anglais. Alors on retrouve son charme rétro qui rappelle Monsieur Hulot et sa candeur géniale. En anglais, il continue de travailler avec douceur cette pop bricolée mais terriblement sincère. Il revient ainsi en Majesté.

4. Japanese Breakfast - Jubilee

Sur la pochette de son album, Michelle Zauner joue avec son regard. Tout est question de point de vue. Avant, elle ressemblait à une triste chanteuse exorcisant ses douleurs. Désormais, il y a une lumière inouïe dans ses chansons qui piochent chez d’illustres aînées, de Kate Bush à Madonna. La pop standardisée explose par cette recherche de l’émotion juste, de l’espérance même fugace et l’on obtient un style hybride, fascinant et gourmand.

3. Baptiste W.Hamon & Bargagallo - Barbaghamon
On n’a pas eu le droit de voyager mais ces deux là se sont rencontrés malgré les restrictions. Barbagallo est le batteur frenchy de Tame Impala, en Australie. Baptiste W. Hamon joue au cowboy en France. La distance ne les empêche pas de faire un mini disque ensemble d’une fraîcheur inattendue. Entre chansons rétro et hymnes modernes, le duo s’offre une bonne tranche de pop épanouie. Un disque court qui donne l’envie d’une longue amitié.

2. Louis Jean Cormier - Le ciel est au plancher

Le meilleur chanteur français en ce moment est Canadien. Louis Jean Cormier avait signé un disque sensible il y a peu, il continue de développer un style bien à lui, armé d’un piano, avec une poésie musicale assez rare. Paroles touchantes, orchestrations à fleur de peau, structures originales, le ciel nous tombe sur la tête avec ce disque étrange et magnifique.

1. In the Heights - Bande Originale
Avec toute la pluie de mauvaises nouvelles qui bercent nos semaines, la légèreté d’une comédie musicale ne peut pas vous laisser insensible. Le nouveau génie du genre, Lin Manuel Miranda, a donc écrit une comédie musicale populaire et puissante. Tous les refrains donnent le sourire. Les rythmes sont ensoleillés. Les facilités cachent des morceaux de bravoure. Ce n’est pas le disque le plus raffiné de l’année mais certainement l’objet le plus euphorisant depuis l’arrivée du Covid. Le remède à tous vos soucis.

Les Producteurs, Mel Brooks, Michalik,

Au Théâtre de Paris se donne pour la première fois en français la comédie musicale de Mel Brooks LES PRODUCTEURS, dans une mise en scène d’Alexis Michalik : un spectacle désopilant à ne pas manquer.

Au départ, Mel Brooks a écrit et réalisé LES PRODUCTEURS pour le cinéma. Il remporte grâce à cette comédie l’Oscar du meilleur scénario original en 1967. Puis, 34 ans plus tard, (son sujet l’inspire toujours !) il l’adapte sous forme de comédie musicale. Le spectacle sera donné à Broadway pendant six ans, joué plus de 2 500 fois, c’est le spectacle qui a remporté le plus de prix dans l’histoire de Broadway : 12 Tony Awards ! 20 ans après sa création, LES PRODUCTEURS débarque à Paris, sous la direction d’Alexis Michalik.

Pour ceux qui ne les connaissent pas : on compare souvent l’humour déjantée de Mel Brooks à celui de Woody Allen des premiers films ou aux Monthy Python. Il a notamment réalisé Frankenstein Junior, Le Shérif est en prison, La folle histoire du monde, La Folle histoire de l’espace, Sacré Robin des bois ou Chienne de vie.

Alexis Michalik, lui, est comédien, metteur en scène et dramaturge. Il est l’auteur de : Le Porteur d’Histoire, Le Cercle des illusionnistes, Edmond (couronné de 3 Molière), Intra-Muros et Une histoire d’amour. Passionné par les comédies musicales, Alexis Michalik rêvait de présenter au public français un classique de Broadway. Le Théâtre de Paris associe le scénariste oscarisé et le metteur en scène multi primé : succès garanti !

Pour moi qui n’ai pas eu le bonheur de fréquenter Broadway, la comédie musicale adaptée en français ne m’avait jamais séduite. Mais avec cette adaptation des PRODUCTEURS, on profite à la fois de la fête et de l’excellence. Broadway, c’est la promesse de grands talents (musiciens, acteurs - chanteurs - et danseurs - et danseurs de claquettes), et de décors majestueux et astucieux. Broadway c’est le strass et les paillettes, c’est une fête permanente et ici le public y est pleinement associé et a de quoi se réjouir. D’après moi, le signe que la magie de Broadway opère, c’est qu’en quittant la salle, on a vraiment envie de chanter – y compris et surtout des bêtises et de faire résonner des claquettes sur le trottoir mouillé. Enfin un peu de légèreté !

Dans le cocktail du succès on trouve aussi l’humour inclassable de Mel Brooks. Un côté irrévérencieux pleinement assumé, des blagues de potache, des dialogues de sourds, des quiproquos, des jeux de mots et surtout l’absurde et improbable scénario : un producteur de spectacles ruiné envisage d’escroquer son assurance en programmant le pire bide jamais vu. Il engage donc les pires professionnels de Broadway et monte une pièce en hommage à … Hitler ! Surprise, le bide programmé est un succès incroyable. Cet argument à lui seul me séduit totalement…

Mais une autre raison du succès de ce spectacle, c’est bien sûr la direction d’acteurs d’Alexis Michalik. La troupe se meut comme un seul être. Certains personnages sont plus excentriques et sortent du lot, le jeu d’acteur est parfois poussé jusqu’à l’énorme. Mais globalement, on voit surtout une troupe homogène, aux déplacements fluides et élégants.

Il ne faut rien dévoiler des images stupéfiantes et des dingueries qui surprendront les spectateurs les plus endurcis.

C’est énorme, festif, beau et stupide à la fois.

On se demande comment c’est possible, comment ils ont osé, et surtout pourquoi la vie ne ressemble pas plus souvent à une comédie musicale, de Mel Brooks de préférence ?

Jusqu'au 27 février 2022
au Théâtre De Paris, 15 rue Blanche 75009 – PARIS
Réservations : 01 86 47 72 49
Une coproduction Stage Entertainement France, ACME, Alexis Michalik, Arts Live et le Théâtre de Paris.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=z6mDbizmHlI&feature=emb_logo

A partir de décembre 2021
Du mardi au samedi à 20h
Les samedis et dimanches à 16h
Théâtre de Paris
Durée 2h

La pièce rapportée

Joie et allégresse. Un film qui dure moins d'une heure et demi. Avec un début prometteur, un milieu nourri et une fin sarcastique qui en dit long sur l'humour étrange de Antonin Peretjatko. Franchement ça fait du bien un film qui ne s'étire pas jusqu'à l'ennui ou qui se termine en eau de boudin. Voilà un film qui nous venge de toute cette écriture formatée pour la télévision, explicative et souvent laborieuse. Depuis La fille du 14 juillet, on sait que Antonin Peretjako n'est pas le genre de cinéaste à se laisser aller à un strict cahier des charges. 

Le réalisateur signe avec son troisième film, une comédie déroutante et engagée. Un récit qui va vite et s'amuse lui-même de son absurdité. Peretjatko c'est un peu le Emmanuel Mouret de la comédie française. Il assume ses inspirations totalement désuètes et loin du réalisme.

Il aime les douces folies, les idées narquoises et les quiproquos que l'on pourrait retrouver dans les premiers films de Philippe de Broca ou Edouard Molinaro. La Pièce Rapportée est donc un vaudeville.

Avec une jeune candide rayonnante, une belle-mère mauvaise, un gendre idiot et un amant qui ne sait pas trop dans quel ménage il est embarqué. Le schéma est classique, presque vieillot.

Mais ça avance vite et avec une bonne humeur et une légèreté que beaucoup prennent pour de la nonchalance. Au contraire, c'est un film qui sait où il va et trouve facilement sa cible: voilà une comédie qui donne finalement à ressembler à une œuvre engagée et pas si drôle que cela.

Le burlesque survolté de Peretjatko cache des amertumes sur la société actuelle qui ne font pas plaisir à découvrir. Mais quand vous êtes en compagnie de Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil, Philippe Dusquesne ou encore le trop discret Sergi Lopez, vous vous ferez avoir par cette comédie loin de toute convention, qui réjouit par son intelligence et sa dérision. 

Comédie
Durée : 1h26
Sortie le : 01 décembre 2021

Fraternité, Caroline Guiela Nguyen, Odéon

La seule lecture du générique de la pièce est un voyage. Il a fallu du monde pour la créer, des tas d'énergies pour soutenir cette ambition, la rendre palpable, vivante.

C'est par Doan Bui, autrice de « Le silence de mon père », magnifique récit sur son père mutique, que j'ai entendu parlé de Caroline Guiela Nguyen, artiste associée à L'Odéon.

Quand elle a été programmée à Limoges, j'ai couru au Théâtre de L'Union dont la direction vient d'être prise par une jeune femme, Aurélie Van den Daele, après qu'un tenant du management à la pression ait été démis de ses fonctions.

Et, ça fait du bien de voir au plateau des corps non formatés, des personnes d'origines culturelles multiples. "Fraternité" est une fiction d'anticipation. Dans un centre de soin et de consolation, un groupe de personnes attend le retour de disparus. Rapidement, on comprend que ceux qui sont attendus, ceux à qui on peut adresser des messages d'une minute et trente secondes, ont disparu lors d'une grande éclipse. Une femme de la NASA est là qui vérifie les pulsations cardiaques des émetteurs de messages. Sous l'effet de la peine, leurs pulsations cardiaques ne cessent de baisser, au point de les mettre en danger, et pourtant, ils ne meurent pas. En revanche, leurs souffrances, directement reliées à l'Univers, entrainent une immobilisation de la Terre et des planètes.

Alors qu'ils attendent une éclipse qui, peut-être, ramènera les disparus, l'immobilisation de l'Univers rend cet espoir caduc. Plus rien ne bouge, tout est figé, à l'image de leurs souffrances et leurs souvenirs. 

Vient alors une nouvelle tentative, celle d'effacer les souvenirs des êtres chers pour dissoudre la souffrance et ainsi relancer le mouvement de l'Univers. Cette perspective est l'occasion de voir comment chacun aborde la question du souvenir, la relation à la mémoire, à l'affection, aux liens... Le tout vers un dénouement que je tairai. 

C'est beau, quand bien même la scénographie reconstitue un centre, type centre de quartier avec ses panneaux de liège, ses étoiles en papier brillant et tutti quanti. Ils sont nombreux au plateau, jeunes, vieux, gros, maigres, vietnamiens, africains du nord et du sud, indien, comédiens professionnels ou amateurs. Une représentation de la multitude qui permet de sortir d'une vision purement ethnocentrée et patriarcale.

Vu le 02 Décembre 2021
Au Théâtre de l'Union (Limoges)

http://www.leshommesapproximatifs.com/

Prochaines dates

du 8 au 11 décembre 2021 — Théâtre National Wallonie-Bruxelles
du 6 au 15 janvier 2022 — Célestins – Théâtre de Lyon
du 23 février au 3 mars 2022— Théâtre National de Bretagne – Rennes
du 9 au 11 mars 2022— La Comédie – CDN de Reims
du 17 au 19 mars 2022— Châteauvallon – Scène nationale
du 24 au 26 mars 2022— La Criée – Théâtre national de Marseille
les 9 & 10 avril 2022— Thalia Theater – Hambourg
les 26 & 27 avril 2022— São Luiz Teatro Municipal – Lisbonne
du 11 au 13 mai 2022 — La Rose des Vents – Lille 300 / Le Grand Sud 

Les Hommes approximatifs – Valence
Avec Dan Artus, Saadi Bahri, Boutaïna El Fekkak, Hoonaz Ghojallu, Youssouf Gueye, Maïmouna Keita, Nanii, Elios Noël, Jean-Claude Oudoul, Alix Petris, Saaphyra, Vasanth Selvam, Anh Tran Hghia, Hiep Tran Nghia, Mahia Zrouki
Texte Caroline Guiela Nguyen avec l'ensemble de l'équipe artistique
Mise en scène Caroline Guiela Nguyen
Collaboration artistique Claire Calvi
Scénographie Alice Duchange
Costumes Benjamin Moreau
Lumière Jérémie Papin
Réalisation sonore et musicale Antoine Richard
Vidéo Jérémie Scheidler
Dramaturgie Hugo Soubise, Manon Worms
Musiques originales Teddy Gauliat-Pitois, Antoine Richard

Blanche-Neige, Olivier Soliveres, Gaité Montparnasse

En ce dimanche après-midi, le joli théâtre de la Gaité fait salle comble. Un valet en livrée nous accueille, sonnant la trompette et annonçant les invités à haute voix. Chacun a droit à son petit clin d’œil personnalisé, en particulier les petites filles qui sont venues déguisées... ainsi que les retardataires.

Je ne vais pas vous résumer l'histoire mais simplement vous dire qu'elle est ici mise au goût du jour, avec des décors exclusivement numériques, ce qui ne manque pas d'épater les enfants. "Elle est dans l'écran Blanche-Neige?"

La pièce présente de vraies qualités du théâtre classique (Commedia dell'arte, danse, chansons). Comme souvent, le spectacle contient aussi son lot de blagues à destination des parents. Les références à la culture populaire s'enchainent à un rythme effréné (en vrac, à Abba, Google, E.T., Johnny Halliday, Fort Boyard et j'en passe), avec une mention spéciale pour le petit doigt de la reine "qui a grandi dans une cité médiévale voisine" et qui parle comme un loulou de banlieue.

Le spectacle fonctionne à merveille. Les enfants vivent l'histoire à 100% et - comme dans un bon vieux théâtre de Guignol - ils hurlent à Blanche-Neige de ne pas croquer la pomme. Une petite fille crie même à la Reine: "T'es très moche!"

La pièce repose presque entièrement sur le personnage de la Reine qui est la vraie star du spectacle. Avec sa voix rauque et ses grimaces cartoonesques, la comédienne qui l'incarne est irrésistible. Sa présence et son énergie sont impressionnantes, et l'on ne peut s'empêcher de la comparer à Jim Carrey (lorsqu'il était encore drôle). Et en plus elle chante remarquablement!

Malheureusement, si l'on excepte la Reine et son valet, les comédiens sont peu convaincants. Si Blanche-Neige danse bien, elle n'en demeure pas moins assez falote. Quant au Prince, il joue terriblement à plat. Est-ce un parti-pris de mise en scène visant à mieux mettre en valeur la Reine ? J'avoue à titre personnel, avoir toujours trouvé Blanche-Neige et son Prince assez cucul !

On regrette aussi que le metteur en scène n'ait pas su se dépêtrer du problème des nains. Peut-être aurait-il mieux valu avoir recours à des marionnettes, ou carrément assumer de faire un "Blanche-Neige et les sept géants" ? Toujours est-il que les enfants s'étonnent que les nains soient si grands ! Cette scène est d'ailleurs la seule où le rythme ralentit assez dangereusement (au point que mon voisin de devant s'assoupît...)

"J'aime pas être tous d'accord" dit Grincheux. Eh bien les spectateurs petits et grands, eux, sont tous d'accord pour dire que la Reine est épatante et mérite le déplacement.

Théâtre de la Gaité Montparnasse
A partir de 3 ans

Aladin, Jean-Philippe Daguerre, Igor de Chaillé, Palais-Royal

Un fois installé dans le majestueux écrin du théâtre du Palais Royal, ne vous attendez pas à un spectacle sage et convenu. Ici, les enfants sont en chaussettes, gloussent, chantent et tapent des mains.

C’est une adaptation assez décalée, voire déjantée d’Aladin à laquelle on assiste. Tout est jeux de mots, références et clins d’œil aussi variés que surprenants (Maxime Le Forestier, Claude François, Louis de Funès). Les parents et/ou grands-parents ne seront pas en reste.

On appréciera le rythme, l’humour, les personnages caricaturaux (tels le marchand - trafiquant d'épices à fumer ! - Aboul Latune et sa sœur jumelle Maboul Latune), avec une mention spéciale pour le génial Génie.  

Les enfants seront bluffés par les costumes, les chorégraphies, riront souvent et de bon cœur, y compris aux références et clins d’œil qu’ils ne saisiront pas tous. Les parents seront surpris par cette version peu orthodoxe du conte et surtout ravis d’entendre les réactions et rires des enfants.

Bref, un vrai spectacle à voir en famille !

"J'étais très contente de voir ce spectacle !" (Norma, 8 ans)

Spectacle vu le 13 novembre 2021
Théâtre du Palais Royal
Places de 12 à 38€

Trending

L’Apparition, Perrine le Querrec

Dulcolax, pub au vent

Loomie et les Robots, Le Funambule

Most Discussed

F.A.I. 2009 / BERTRAND BELIN et TATIANA MLADENOVICH

Et la laïcité bordel !

Diamond Dogs / David BOWIE / (EMI – 1974/ Rééd.2004)

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu?