D’Artagnan et les trois Mousquetaires
Aaah, Les Chiens Mousquetaires, une vraie madeleine de Proust ! L’un de mes dessins animés favoris dans les années 80 ; et pourtant, avec Albator, Goldorack, Inspecteur Gadget, Candie, Fraggle Rock, il y avait une sacrée concurrence !
Les Chiens Mousquetaires (Dogtanian) est un dessin animé charmant qui s’inspire des aventures des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, père. Dans l’édition originale du dessin-animé, tout était encore fait à l’ancienne, avec de belles couleurs faites au pinceau. Dans la version moderne actuellement au cinéma, on est passé au numérique ; pourquoi pas ? Par contre, pourquoi une telle laideur dans les couleurs ? Tout est ultra brillant et flashy, c’est visuellement assez indigeste.
Pour le reste, on n’est pas dépaysé : on retrouve nos sympathiques héros, dont le prétentieux D’Artagnan qui ne doute pas un seul instant ni de son talent, ni de son destin. « Mais qu’ont-ils tous à se prétendre la plus fine lame du Royaume, alors que la plus fine lame du Royaume, c’est moi ?! »
Le rythme est tranquille (j’adore quand ils courent sur place !), ce qui change de certains dessins-animés ou films actuels qui font 120 plans à la minutes pour faire moderne et combler le vide du scénario.
L’intrigue est très bien expliquée et compréhensible, vous pourrez donc sans crainte y amener les petits (5 ans) comme les moyens enfants (8 ans).
Star Invest Films France 2021
De Toni Garcia. Espagne, Japon. 1 h 29. Animation.
L’envol du moineau, Amy Belding Brown, 10-18
Inspiré d’une histoire vraie, L’envol du moineau est une épopée féministe, historique et terriblement actuelle !
1672 en Amérique. Mary est la femme respectable d’un pasteur puritain, dont la soumission est mise à l’épreuve lorsqu’elle continue, malgré l’interdit posé par son époux et maître, à rendre visite à Bess, une toute jeune femme de sa communauté qui vient d’accoucher d’un enfant conçu avec un esclave noir. Scandale et réprobation chez les bigotes.
Puis la vie de Mary bascule totalement lorsque des indiens détruisent son village avant de la faire prisonnière. Elle qui, au contact de Bess, commençait à douter du bien-fondé de l’esclavage, soit disant permis si ce n’est voulu par Dieu, se retrouve elle-même esclave. Un comble. Or, au fur et à mesure de sa vie au quotidien avec les Indiens, c’est toute sa conception puritaine du monde, et plus particulièrement des rapports entre hommes et femmes, qui est ébranlée.
« Il lui vient à l’esprit qu’elle devient de plus en plus indienne dans son apparence et son attitude. Elle sait qu’elle devrait craindre pour son âme. Pourtant, elle ne ressent que de la paix et du réconfort. Et de la gratitude. »
La surprise de Mary est grande lorsqu’elle se rend compte que son propriétaire n’est pas l’homme de la famille mais sa femme qui est une cheffe et une guerrière respectée par toute sa tribu. « Il est inconvenant – et tout à fait effrayant – qu’une femme détienne un tel pouvoir sur les hommes. », pense-t-elle alors.
Bien que l’action se déroule au XVIIème siècle, cette histoire est d’une redoutable actualité à l’heure où tant de femmes attendent encore leur émancipation. La dénonciation factuelle du patriarcat est implacable et convaincante. Et le tout est plutôt bien écrit.
« L’amour. On attend d’elle qu’elle aime, honore et écoute son mari. Mais que signifie un tel amour ? Ce n’est ni du désir ni de l’affection. Ce n’est qu’une obligation de plus. »
L'envol du Moineau
Amy Belding Brown
464 pages
Éditeur : Le Cherche midi (21/03/2019) / 10-18 en édition poche
BAC Nord, Cédric Jimenez
Avec BAC Nord, vous allez prendre une grosse claque !
Film événement de la rentrée, BAC Nord nous narre le quotidien de trois « baqueux » de Marseille, Antoine, Yassine et Cyril. Trois potes aux caractères différents, mais qui sont inséparables à force de passer leur vie ensemble à arpenter Marseille dans leur bagnole et à traquer les voyous. Leur quotidien est rythmé par des interpellations de délinquants assez minables (vendeurs de tortues à la sauvette, voleurs de scooter…) dans une ville aux allures de Tiers Monde.
Le film - porté par des comédiens tous impeccables et extrêmement convaincants - est magistral du début à la fin. Dans la scène d’ouverture, nos trois flics se donnent à fond pour interpeler le conducteur (sans casque) d’un scooter (volé) qui finit par leur échapper. Blasés par cet échec, ils décident de faire un « plan stup » : Antoine et Yassine enfourchent le scooter afin de pénétrer incognito dans une cité où, faisant mine d’acheter de la drogue, ils arrêtent le dealer qu’ils jettent dans la voiture conduite par Grégory qui les a rejoints entre-temps. Mais au moment de sortir de la cité, ils endommagent la voiture pour forcer un barrage de fortune, ce qui leur sera plus tard reproché par leur capitaine. « Un gros dealer ou un pickpocket, ça fait pas de différence pour (le Ministère) », leur dit-il. Il leur faut donc faire du chiffre plutôt que de chercher à être utiles.
Prise de risque, adrénaline. Frustration. Esprit d’équipe et petits arrangements avec la procédure. Tout est dit.
« Le terrain, c’est des frustrations ». « On ne sert plus à rien »
Ces histoires de flics découragés, décrédibilisés et impuissants face à des délinquants qui les narguent éhontément, on les connait par cœur et on les a déjà vues mille fois. Sauf qu’ici, on a l’impression de les vivre. On est avec eux, on est eux. Que peuvent-ils faire contre des coqs dont la testostérone est la seule valeur ? Comment composer avec une hiérarchie veule et changeante ? Comment ne pas tomber dans des petits arrangements coupables (une cartouche de cigarettes de contrebande ou un kebab offert par ci, un barrette de shit confisquée puis fumée par là) ?
Le portrait qui est fait de la France est triste à pleurer. Tout est dans un état lamentable : les « quartiers » comme les institutions (police, prison, politique). Le décalage est saisissant entre la misère ambiante et le cadre magnifiquement de la Méditerranée.
Et lorsqu’enfin ils donnent l’assaut dans une cité, on tremble pour eux ; la tension est presque insoutenable dans une scène de guérilla urbaine d’anthologie.
Ce film est un modèle du genre et le réalisateur Cédric Jimenez n’a pas à rougir, même face à Martin Scorsese, Michael Mann ou Ridley Scott.
Drame, Policier
Sortie nationale le 18 août 2021
104 minutes
Festival de Cannes 2021 : sélection officielle, hors compétition
The Normal Heart – Larry Kramer – Virginie de Clausade – Théâtre du Rond-Point
« Il y a toujours une Peste sous une forme ou sous une autre. »
Larry Kramer, écrivain, dramaturge, co-fondateur d’Act up et de Gay Men’s Health Crisis est une figure emblématique activiste militant pour la reconnaissance des droits de la communauté homosexuelle. Connu et reconnu aux Etats-Unis pour la force de ses combats, son texte écrit en 1984, The Normal Heart, est le premier mis en scène sur la scène théâtrale française.
Mis en scène par Virginie de Clausade et interprété par sept comédiens, le texte projette le spectateur dans les années 80 aux Etats-Unis dans la communauté homosexuelle alors que naît une Peste inconnue qui n’a pas encore le nom de Sida. Cette nouvelle Peste frappe et tue, par centaine, dans l’indifférence générale. Ned Weeks, envahi par la colère face au déni général, se met alors en action, à la recherche de fonds et de vérité sur cette maladie qui ne dit pas son nom, qui génère crainte et désespoir parmi ses proches et au sein de la population.
Porté par une jeune équipe de comédiens et un Dimitri Storoge qui interprète avec talent Ned Weeks, The Normal Heart interroge sous forme argumentative la place des minorités discriminées, celle des homosexuels aux Etats-Unis, leur rapport à leur identité, la reconnaissance de leurs droits, et la responsabilité des autorités gouvernementales en situation de crise sanitaire. Le texte fait écho à la situation vécue aujourd’hui : quand le gouvernement doit-il intervenir et prendre des décisions qui ont un impact sur les libertés individuelles ? Quand cela doit-il être considéré comme une priorité nationale qui s’impose à tous ? Qui croire lorsqu'une maladie inconnue apparaît ?
Les dialogues, souvent formulés sous forme de questions-débats, posent des dilemmes moraux élémentaires percutant qui viennent remettre en cause : la construction d’individus dont les fondations reposent en partie sur leur appartenance sexuelle, la construction de modèles sociaux qui éludent les problèmes des minorités, les liens familiaux et amicaux quand les différences deviennent plus fortes que le commun. Le texte volontairement combattif et représentatif des années 80 est un plaidoyer vivant pour l’inclusion sociale et l’universalité des droits fondamentaux au-delà des différences de chacun. On écoute, on pense, on suit les comédiens et les enjeux vitaux mis en évidence. Efficace et touchant.
The Normal Heart est une très jolie découverte à ne pas manquer. Une évidence à partager.
Extrait :
« Je viens d’une culture qui compte Proust, Henry James, Tchaïkovski, Cole Porter, Platon, Socrate, Aristote, Alexandre le Grand, Michel-Ange, Leonard de Vinci, Christopher Marlowe, Walt Whitman, Herman Melville, Tennessee Williams, Byron, E.M. Forster, Lorca, Auden, Francis Bacon, James Baldwin, Harry Stack Sullivan, John Maynard Keynes, Dag Hammarskjöld... Ce ne sont pas des invisibles. Pauvre Bruce. Pauvre petit Bruce apeuré. Il était une fois, t’as voulu être un soldat ? Bruce, tu savais qu’on devait la victoire de la 2ème guerre mondiale à un homosexuel anglais autant qu’aux autres ? Il s’appelait Alan Turing, il a déchiffré le code Enigma, ça a permis aux Alliés de savoir ce que prévoyaient les nazis. Quand la guerre a été finie, il s’est suicidé tellement il avait persécuté à cause de son homosexualité. Pourquoi on n’apprend pas ça à l’école ? Si c’était le cas, peut-être qu’il ne se serait pas suicidé et peut-être que tu n’aurais pas aussi peur de qui tu es. La vraie fierté, on la tirera d’une culture qui ne sera pas seulement sexuelle. C’est là, partout autour de nous dans l’Histoire. Il faut identifier ceux qui ont été présents, définir clairement ce qu’on a dans la tête et dans le cœur et l’affirmer. Tant qu’on ne fait pas ça, tant qu’on ne se structure pas par quartier, par ville, par région, pour devenir une vraie communauté visible, nous sommes condamnés. Se définir par nos bites est littéralement en train de nous tuer. En est-on est réduit à devenir nos propres assassins ? »
theatredurondpoint.fr/spectacle/the_normal_heart2/
Jusqu'au 9 octobre 2021.
AVEC MICHAËL ABITEBOUL, JOSS BERLIOUX, ANDY GILLET, DÉBORAH GRALL, BRICE MICHELINI, JULES PELISSIER, DIMITRI STOROGE.
The Artist, The Voice Old Stars en moins bien ?
Tout a commencé dans l’après-midi. En ligne de mire, la 1ère de The Artist.
Je finissais mon déjeuner. Décalé par un running d’une heure sur les bords d’un canal, une douche et la préparation du repas. Ben ouais le samedi matin c’est comme ça. C’est plus tout à fait un vendredi mais c’est pas encore un dimanche. Alors lever pas trop tard, course à pied, un peu comme si tu courais au boulot mais là c’est avec les écureuils. Installé dans le canapé avec mon plateau repas, je décompressais peinard devant un reportage rappelant les conditions sordides de décès de Cold cases finalement résolus –non pas grâce à Marie-Drucker-toujours-pompommée-comme-d’habitude-quelle-chevelure-noire !-la-Delahousse-de-France-2-tiens-elle-a-un-peu-de-ventre- mais grâce aux juges d’instruction et flics de province-tiens-lui-aussi-il-a-du-bide- qui travaillent pour résoudre des faits divers. Punaise, ils sont balaises les enquêteurs. Cela vous fout les jetons. Ils dénouent de ces affaires. A côté Colombo, c’est un rigolo. Tiens ils pourraient mettre Marie Drucker avec l’imper de Colombo ! Non c’est bon arrête ! Tu pars en vrille là…
En écoutant Marie-qu-elle-est-belle, mon super regard d’enquêteur s’attarde en mangeant sur un chronomètre en haut à droite de l’écran. C’est quoi ce machin ? Tiens, ils mettent le chrono pour annoncer la fin de l’émission ? Ils sont malades chez France 2, 5h45 ! Non pas possible. Marie Drucker est jolie mais il faut pas déconner, je vais pas la regarder 5h45. En plus j’ai fini de manger.
Puis Pub et là jingle à l’ancienne pour annoncer The Artist, la nouvelle émission de France 2. J’avais vu la veille dans la grille des programmes de ma super télé le nouveau dilemme cornélien de la rentrée qui allait s’imposer à tous les téléspectateurs qui n’ont rien à faire ce samedi soir : regarder The Voice qui reprend avec les anciens ou la nouvelle émission de France 2 ? Voilà une question existentielle ! Je partais pour un a priori positif : France 2. Enfin du nouveau et ras-le-bol de gaver TF1 ! Vive le service public ! Et là Nagui arrive. Le chrono laisse la place à « en direct » à droite de l’écran. Nagui s’avance près de la caméra et lance qu’on est maintenant à quelques heures de The Artist. Ok ! Pas con ! Je comprends ! Le chrono c’était pour lui ! Sacré Naguiiiiii ! Genre, on est impatient de te retrouver !
C’est le 11 septembre, une date hyper glauque, on allume des bougies pour les milliers de morts du World Trade Center sur toutes les chaînes depuis deux jours et Nagui, tranquillou avec une veste à paillettes, il te balance un chrono-jour-de-l’an ! Hier, en plus de l’émission sur les Tours qui s’effondrent avec de la musique dramatique genre film américain, j’ai vu une émission sur le 13 novembre et les événements à pleurer du Bataclan suite au procès qui s’ouvre. J’ai versé ma larme. Comment faire autrement ? Et aujourd’hui, Nagui nous projette dans un moment festif avec chrono-jour-de-l’an grâce à The Artist ! Dingue, ce soir on va changer d’année ! Enfin le nouveau monde ! 12 septembre 2022 … Sacré Naguiiii !
Nagui continue ; il s’approche de la caméra et annonce qu’il y aura des musiciens. Il les montre et balance :
- Les musiciens sont sceptiques, c’est pour ça qu’on les a mis dans la fosse !
Je me dis, j’ai mal entendu là ? J’ai mal entendu là ! Répète pour voir ! Qu’est-ce qu’il a dit ? Y a un replay ? Plan large. Un musicien le regarde dépité en hochant la tête. Ben oui mon gars, il vient de dire en une phrase que tu n’es pas loin de la m... Donc, j’ai bien entendu ! J’ai bien entendu ! Punaise ! J’ai bien entendu ! Le mec, il a en face The Voice sur TF1, que tout le monde attend, ils vont faire un audimat de dingue, et il balance la vanne intergalactique la plus pourrie du monde face aux zicos qui ne disent rien et ne peuvent pas riposter ! Le chrono, le direct, la vanne, ça c’est de la com !! Mais comment je n’y ai pas pensé plus tôt !!! A la prochaine réunion que j’organise au boulot, j’installe un chrono géant dans le bureau de mes collègues, 5h avant je balance une vanne pourrie qui les compare à de la m….e et là…. Je suis sûr qu’ils vont venir hyper motivés à ma réunion !!! Nagui, t’es une star ! Tu veux pas enlever ta veste noire à paillettes ? Franchement, soit c’est un clin d’œil mal placé au Trade Center et tu restes tout en noir ou alors, tu colles d’ici ce soir toutes les paillettes qui manquent et tu nous la jour Meneuse de revue et là, on va vraiment se marrer ! Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Franchement ! Fosse septique ? Les musiciens ? Mais comment ? Mais je te lui balancerai ma guitare à travers la tronche en direct si j’étais à leur place !
La pub de Nagui s’arrête. Le Cold Case de Marie Drucker reprend. J’éteins là télé et je dis à ce soir Nagui. Fosse septique… Non mais t’es un malade, toi !
Le soir.
20h. Comme prévu France 2 fait son JT sur les commémorations des 20 ans du 11 septembre. A peu près comme tout le monde entier qui rend hommage à ce drame historique. Pas Nagui. Nagui, et France 2 sont malins. Pour devancer TF1, ils débutent l’émission à 20h40 pétantes ! Et là, je comprends, Nagui joue la carte du service public mais sans dire un mot sur le 11 septembre. Bon… Le service public, cela aurait pu aussi être aussi un clin d’œil… Non… Sûrement le stress. Il annonce qu’un Prime time, cela doit commencer plus tôt – c’est vrai -, que les sms pour participer aux votes du public du Prime ne sont pas surtaxés ! Pas comme sur TF1, tu piges le message ? Ça c’est du service public ! Merci France 2 ! Et en plus c’est du direct et il n’y a pas de pub ! Que demande le peuple ?
Ben oui mais du coup, comme il y a moins de sous, il n’y a pas 5 membres de jury comme sur TF1 mais 3. Je zappe je vérifie. Sur TF1 c’est Pagny, Zazie, Mika, Jenifer, Patrick Fiori … Du lourd... Mais... toujours les mêmes. Houlà les coups de vieux !! Ou punaise… C’est pas The Voice All stars c’est The Voice Old Stars ! Même truc que pendant les dernières années. Pas d'innovation, rien. Pire, on rappelle les anciens comme sur Koh-Lanta. Comment faire du neuf avec du vieux. Je zappe. Vive France 2 ! Ils sont 3. Et sur les 3, la seule tête d’affiche c’est… Clara Luciani. Tu serais pas la sœur de Marie Drucker ? Les cheveux noirs tout ça… Les deux autres, c’est qui ? Emmanuel Viro ? Elodie Mermoz ?... C’est qui ? Des chanteurs québécois ? C’est quoi ce blouson en daim ? C’est un Quentin Dupieux ? Hein ? Des directeurs artistiques ? Ah ok. Mais qu’est-ce qu’ils font là ? Ils sont en coulisse normalement, non ? Pour le grand public, c’est qui ? C’est un peu comme si aucun artiste n’avait accepté de monter sur le plateau en direct pour défendre le projet The Artist et que du coup Nagui avait demandé à ses potes. Mais du coup le public, c’est tous des potes de Nagui ? Gros doute…
Je reste sur France 2. La prod est moins importante malgré un plateau immense qui ressemble à Taratata– mais pourquoi si grand pour rien y mettre ou si peu ? - mais ça tient encore en ce début de soirée. Les 22 artistes sélectionnés doivent chanter une reprise d’un artiste français. Le concept tient même si je comprends pas le message. Ils sont auteurs compositeurs mais ils chantent des chansons connues d’autres... Y a comme un truc. Ils n’ont pas tous une Voice, mais ils ont un projet sincère qui leur ressemble, ils choisissent des arrangements et une scénographie qui leur ressemble. Tous auraient déjà une expérience professionnelle, auraient fait des premières parties. Ah ! Chouette alors ! Bon. On réentend des chansons françaises plutôt bien arrangées même si le charisme manque un peu.
Les chanteurs défilent. « J’ai fait la première partie de Daniel Guichard ». De qui ? Daniel Guichard ? Alors Daniel Guichard, tu penses bien que pour les jeunes d’aujourd’hui, ça parle autant que Mireille Mathieu. Pour les faire fuir sur TF1 eh bien y a pas mieux. Mais je reste toujours, par curiosité. Voir comment cela évolue. Je zappe vite fait sur The Voice – Luc Arborgast est sur The Voice… Ah non pas lui… Je reviens sur France 2 y a pas moyen… Le chanteur avec les grelots aux pieds, faut arrêter là… C’est visuel certes, mais je ne suis pas prêt à tout quand même. En plus il fait déjà une carrière, je vais pas en plus lui filer mes parts d’audimat. Vive France 2 et le service public ! Tu sens la fibre républicaine ?
Les chanteurs défilent… puis cela commence à devenir long... Très long… Ma fibre militante service public prend le relais mais c’est dur. Je persiste. Je veux comprendre. Mais pourquoi ont-ils choisi de faire défiler les chanteurs les uns après les autres sur le modèle Champs Elysées des années 80 ? Pourquoi 22 ? Pourquoi pas 44 pendant qu’on y est ! La soirée dure. C’est un peu l’Eurovision en France. Aucun rebondissement. Aucune tension tous sont sélectionnés à part 3 chanteurs qui devront repasser le même soir pour chanter leur chanson. Ils repassent ce soir ? Encore plus long… Pas d’humour. Pas d’enjeu. A la longueur s’ajoute la longueur… Visiblement, mal préparée l’émission s’éternise. Nagui s’excuse auprès de Ruquier et Léa Salamé de ne pas rendre l’antenne. Nagui a oublié les contraintes du direct ? Et on comprend pourquoi cela a commencé à 20h40. Sinon cela finissait à 00h30 ! Du coup on passait vraiment la nouvelle année avec Nagui ! Mais non ! J’y suis, il veut faire basculer Ruquier et Léa Salamé sur Télématin ! Ah non, j’ai compris, Zemmour a été annoncé chez Ruquier. C’est politique ! Il veut faire tomber Zemmour dans l’oubli. Trop fort ce Nagui ! Zemmour en mode Télématin au petit déjeuner avec les croissants…
A 171 minutes d’émission, il annonce qu’il reste encore 3 artistes ! Là on va franchement vers les 200 minutes. Allez Nagui ! Là, je sens que je passe en mode endurance comme la course du matin. Moi je vais me chercher la couette, l’oreiller, et j’appelle des potes, je crois qu’on va finir en nuit blanche avec des bières. Tiens Clara Luciani chante ! Ouf ! Une auteure compositeure interprète qui chante ses chansons et réalise le concept attendu ! Les musiciens sont sur scène. Je reçois un sms d’une copine. T’as vu le bassiste frisé au fond ? La classe non ? Ben ouais, c’est pas de la fosse septique ça ! Pourquoi ils ont mis les zicos dans la fosse… ? ?
Nagui fait un clin doeil à Womensafe et à la marraine Florence Foresti. Bon ça c’est classe. C’est sûr c’est pas sur TF1 qu’on va avoir un clin d’œil à de l’associatif. Nagui envoie des basques : tiens ils m’éclatent eux ! Trop drôles les barbus. De grands enfants, un mélange de Moustaki Simon and Garfunkel, les Frères Jacques et d’autres chanteurs morts. Voilà ! ça se prend pas au sérieux et ça fait du bien !
L’émission passe... et on a ramé avec Nagui sur France 2. On a bien compris le concept qui aurait pu être extra et faire passer The Voice pour des Has been :
- on peut vraiment participer en votant parce que c’est gratuit, sans se ruiner ;
-Y a pas de pub, du coup on pourrait gagner du temps…
- du direct, c'est la classe !
-c’est de la chanson française, pas de gros tubes américains ou alors traduits en français, mais alors pourquoi The Artist, pourquoi ne pas assumer Les Artistes ou L'Artiste ?
- les artistes sont jeunes et sincères : on a envie de les soutenir,
- la simplicité et le naturel sont mis en avant.
Alors peut-être que pour la prochaine, Nagui, s’il te plait :
- tu mets plus de zicos sur scène ou des danseurs, pour combler l’espace,
- tu présentes avec quelqu’un d’autre ? Mc Fly et Carlito ? Là, ça fait vraiment présentation à la papa, et un peu suffisant, non ? Les stars c'est eux non ? L'Artist, me dis pas que c'est toi...?
- tu fais participer davantage de chanteurs connus sur scène plutôt que de faire jouer des reprises ;
- t’enlèves facile 30 minutes ;
- tu me changes cette veste et ces pompes rouges à paillettes !
- ET surtout tu y crois ! Parce qu’en balançant des vannes pourries dès l’après-midi, en s’excusant des retards, en disant dès la première minute que tu as le cœur qui bat, en croyant que tu peux tout porter tout seul avec un coup de pouce de Clara, eh bien en 2021, ça suffit plus…
Je vais finir ma nuit au lit. Je vais bien dormir. Nagui, c'est moins sûr... Dommage.
Résultats de l’audience du soir :
TF1 The Voice Old Stars : 4,62 millions de téléspectateurs
France 3 avec le Téléfilm Amours à mort : 3,05 millions
M6 avec Dr Harrow : 1,67 millions
France 2 The Artist : 1,32 millions de curieux qui croient encore au service public…
J’habite ici – Jean-Michel RIBES – Théâtre du Rond-Point
Rire de tout pour ne pas en pleurer !
Deux façades d’immeubles mobiles qui pivotent pour dévoiler un balcon et structurer l’espace, tantôt côté cour, tantôt côté jardin. Des costumes aux couleurs franches. Des scènes de la vie quotidienne en format court. Des comédiens charismatiques pour des personnages hauts en couleur. Des répliques taillées à la serpe glissant sur les montagnes russes de l'humour. Une mise en scène rythmée. Des éclairages qui mettent en relief une scénographie tonique. Et vous retrouvez un Jean-Michel Ribes décapant, qui se joue des bien-pensants et du conformisme ennuyeux ambiant.
Les "talibans de la morale" et de la pensée propre n’ont qu’à bien se tenir. Au travers d’un texte qui s’en prend directement aux extrémistes et aux hygiénistes de la pensée, les vegans sectaires, les écolos de tout bord, les "vieux cons" racistes, la grande bourgeoisie déconnectée du réel, les bureaucrates ambitieux, les critiques de théâtre ampoulés, en auront pour leur grade ! Les amateurs de Ribes retrouveront une plume irrévérencieuse à l’égard de l’aristocratie de surface et des précieuses ridicules contemporaines. Une satire en bonne et due forme de notre temps.
D’une drôlerie remarquable, Olivier Broche joue un André Martineau bureaucrate prêt aux pires perversions pour évoluer au sein des ministères dans une absurde histoire d’obéissance hiérarchique tandis que Marie-Christine Ory interprète une caricaturale critique de théâtre – une Proprineau satire d'une Madame Salino du quotidien Le Monde ? – qui ne voit le théâtre que par l’alexandrin au risque de ne plus toucher terre… et de se faire tirer à la carabine par un comédien vengeur.
On rit de ces personnages loufoques, étroits d’esprit, méchants et dangereux. Choquant Pierre Magnan dans un rôle de "vieux con" extrémiste enchaînant les pires stéréotypes racistes. Décalé Romain Cottard, amoureux de la civilisation urbaine, tueur de mésanges, tronçonneur des lilas, militant contre la végétalisation de la ville. Attendrissant Stéphane Soo Mango incarnant un policier homosexuel amoureux du jeune gauchiste manifestant, Jean Joudé. Magistrale Mano Chircen jouant les grandes bourgeoises de droite, si fière désormais que son fils tombe amoureux d’un policier. Horribles Alice de Lencquesaing et Charly Fournier, membres d’un quatuor déambulant d’aristocrates extravagants prêts à brûler un SDF joyeux nommé Napoléon. Le tout orchestré par une chantante Annie Grégorio, concierge et ange-gardienne de l’immeuble à ses heures, prête à agresser le premier plombier venu. Un orchestre déjanté.
J’habite ici dépeint les portraits d’habitants individualistes, marginaux, prêts à aller au bout de leur propre bêtise dans un pays, une ville, un immeuble qui laisse à chacun le loisir d’être ce qu’il est, au risque d’en devenir ridicule. L'hypocrisie du voisin méconnu est ici mise à nue. L'apparent lâcher-prise du texte vient percuter la conscience du spectateur et l'interroge. Aurait-on perdu la liberté de rire de tout ? Jusqu'où sommes-nous capables de rire ? Le rire du spectateur, miroir de nous-même, agit ici comme un principe républicain salvateur et cathartique. Une reprise de pouvoir sur le conformisme individualiste au profit du commun. J'habite ici est un trait d’union, un plaidoyer pour la liberté, un combat satirique pour pouvoir encore rire de tout à défaut d’en pleurer, une résistance nécessaire pour dérouiller et démasquer les zygomatiques !
Courteligne
https://www.theatredurondpoint.fr/index.htm
Du 3 au 17 octobre 2021 à Paris
1er et 2 avril 2022 à Antibes
5 au 8 avril 2022 à Lyon
13 au 16 avril 2022 à Bordeaux
21 avril 2022 à Monaco
De janvier à mars 2023
OSS117 Alerte rouge en Afrique noire
Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS117, est enfin de retour après 12 ans d’absence. Les deux premiers opus signés Michel Hazanavicius étant devenus cultes, la pression était forte sur Nicolas Bedos, le réalisateur de ce troisième volet intitulé OSS117 Alerte rouge en Afrique noire.
Alléché par une habile bande-annonce, on se régalait d’avance de voir notre anti-héros national mettre les pieds dans le plat du racisme ordinaire.
Malheureusement, Nicolas Bedos signe un film trop long (quasiment deux heures, quand tout était déjà dit dans la bande-annonce) et trop bling-bling. Le réalisateur avait manifestement trop d’argent à dépenser. Pour preuve, au lieu de faire montre d’imagination dans sa mise en scène, il a recours à des effets numériques qui, en plus d’être ratés, n’apportent rien à l’affaire. Ainsi, dans la scène d’ouverture à la James Bond, Nicolas Bedos déploie force images de synthèse pour montrer à l’écran des explosions, des hélicoptères ou encore des montagnes afghanes même pas en carton-pâte.
De même, il multiplie au cours du film les scènes avec des animaux sauvages de synthèse auxquels on ne croit pas un seul instant, car comme le dit OSS117 « Je n’ai rien contre la modernité, mais ça ne marche pas ».
Plutôt que de s’adonner, comme tout le monde, aux images de synthèse, Nicolas Bedos aurait mieux fait d’utiliser des bons vieux trucages à la papa et des cascades à la Rémy Julienne, qui auraient été dans le ton des années 80 où se déroule l’action. Il aurait pu aussi offrir à Pierre Niney une perruque crédible ou autre chose qu’une fausse barbe pitoyable.
Le scénariste Jean-François Halin, qui est habituellement très drôle, multiplie les blagues toutes plus douteuses les unes que les autres avec un débit de kalachnikov. Cela ne suffit pourtant pas à réveiller les spectateurs qui – comme le film - ronronnent gentiment. On ne s’amuse pas vraiment. J’étais surpris de voir comme le public riait peu malgré les efforts manifestes de Jean Dujardin pour sauver ce film qui n’est pas à la hauteur des nos attentes.
L’Anomalie, Hervé le Tellier, Gallimard
Je n’ai jamais eu envie de lire les livres d’Hervé Le Tellier alors même que je le trouve plutôt drôle et sympathique. C’est donc avec curiosité et plaisir que j’ai emprunté le dernier livre de cet auteur, l’Anomalie, à un ami qui l’avait proprement détesté et dont il était très content de se débarrasser !
Ce roman ayant obtenu le Prix Goncourt, et son auteur ayant fait le tour des popotes médiatiques, l’histoire est désormais assez connue. Et pour ceux qui ne la connaitraient pas encore, ils peuvent sauter le paragraphe suivant. Attention, divulgachage !
Dans l’Anomalie, Hervé Le Tellier raconte l’histoire d’un vol Paris-New-York qui s’est dédoublé après avoir essuyé une tempête d’une force inédite. Ainsi, le même avion et les mêmes passagers - alors qu’ils sont partis au même moment - atterrissent aux USA à 106 jours d’intervalle. Dans ce court roman, Hervé Le Tellier explore les conséquences de ce dédoublement pour les personnes confrontées à leur double (ou du moins pour les onze passagers qu’il a sélectionnés), pour les Autorités, pour les religions et pour le monde tout entier.
Ce livre qui se lit tout seul est très divertissant et l’on sent bien le métier de son auteur. Hervé Le Tellier fut longtemps l’un des piliers des Papous dans la tête, une émission de jeux littéraires sur France Culture où il s’adonnait avec délectation au pastiche littéraire et à l’écriture sous contrainte. Dans l’Anomalie, l’écrivain recycle ce savoir-faire en adoptant plusieurs styles, selon les chapitres.
Clairement, Hervé Le Tellier écrit son roman comme une série. A la lecture, on ressent (un peu trop à mon goût !) que l’écrivain avait en tête une adaptation à l’écran, adaptation en série va d’ailleurs avoir lieu prochainement. Il devait en avoir assez de signer des livres relativement confidentiels ! Ce n’est pas désagréable à lire, c’est divertissant, mais ce n’est pas non plus fantastique (on est assez loin des Goncourt d’anthologie : Proust, Genevoix, Merle, Gary, Echenoz etc.). Cela m’a beaucoup fait penser à Tonino Benacquista qui eut son heure de gloire dans les années 90-2000, et dont le roman Malavita fut adapté au cinéma par Luc Besson.
Pour résumer, l’avantage de l’Anomalie, c’est que c’est plaisant et vite lu. Le gros inconvénient, c’est que cela reste assez léger, malgré le fond pseudo-philosophique ; Hervé Le Tellier étale un peu sa science et nous fait du Descartes 2.0…
Loomie et les Robots, Le Funambule
Loomie est encore bébé quand son père la confie aux robots qu’il a programmés pour prendre soin d’elle, enfermée au sein d’un bunker qui la protègera des dangers extérieurs. Son père disparaît et le monde semble sombrer dans le chaos, tandis que Loomie grandit, joue et s’entraîne au combat, élevée par 5 robots-amis, chapeautés par une intelligence artificielle appelée « papa ». A 17 ans, Loomie est réveillée chaque matin par la musique de « mp », déguste les chocolats chauds préparés par « glou-glou », sèche les cours de botanique et de combat recommandés par « papa », et préfère jouer aux jeux vidéo une bonne partie de la nuit, son casque de réalité virtuelle vissé sur la tête !
Un jour, une nouvelle rompt la routine bien rôdée de cette petite communauté : « mp » perçoit un message radio qui tourne en boucle : un garçon cherche à contacter un survivant, un autre être humain, qui comme lui, aurait survécu à la catastrophe ! Dès lors, Loomie n’a qu’une idée en tête : quitter le bunker et retrouver ce garçon. Mais « papa » se met au travers de sa route…
Dans ce conte moderne qui est aussi une comédie et un récit d’émancipation, la comédienne Barbara Lambert interprète une Loomie tonique, touchante et têtue, sur le petit plateau du théâtre Le Funambule, niché au creux de Montmartre. Le décor est très astucieux et les différents robots avec leur voix, leur accent et leur débit propres, sont des personnages à part entière, avec des traits de caractère, une histoire, des intérêts. La présence de robots télécommandés ou animés depuis les coulisses par leur créateur, Louis Hanoteau, confère une grande originalité à cette pièce. Il faut saluer la performance de Barbara Lambert, convaincante dans son rôle d’ado et dans ses échanges avec ses camarades de jeu robots !
A voir en famille tout l’été au Funambule, avant de monter vers le cabaret Le Lapin à Gilles et les vignes de Montmartre (à deux pas), pourquoi pas se faire refaire le portrait place du Tertre, prendre son goûter sur les marches du Sacré-Cœur en admirant Paris, prendre place dans le « Montmartrain », et plus encore…
LOOMIE ET LES ROBOTS
Texte de Benjamin Isel, Hadrien Berthaut et Louis Hanoteau
Mise en scène Benjamin Castaneda
Avec Barbara Lambert et Louis Hanoteau
Compagnie Les 7 Fromentins
Les vendredis, samedis et dimanches à 15h30 jusqu’au 29 août 2021
(les mercredi, samedis et dimanches à partir de septembre jusqu’au 30 décembre 2021)
Au Théâtre LE FUNAMBULE
53 rue des saules, 75018 Paris
LOOMIE ET LES ROBOTS (funambule-montmartre.com)