Shaun le mouton la ferme contre attaque
Hommage appuyé à Spielberg, le second film de Shaun le Mouton fera rire les petits sans oublier les grands!
Les films Aardman sont d'une qualité assez variable mais il est vrai que l'intrépide Shaun le Mouton est plutôt en haut du panier. La série est hilarante. Le premier film fut une belle surprise. Le second est encore du même niveau malgré un scénario assez paresseux!
Puisqu'il singe joyeusement le ET de Steven Spielberg. Dans le rôle de la créature, on a un facétieuse créature venue d'ailleurs, sorte de poulpe avec une tête de chien. Et pour l'acceuillir sur Terre, il tombe sur Shaun, toujours alerte, et toute sa petite bande de la ferme.
Et il y aura des scientifiques un peu effrayants, des tours de magie et une cascade de rebondissements avec des personnages toujours expressifs et peu causants.
Les auteurs du Studio Aardman continuent de croire aux vertus du burlesque pur et dur. Shaun est le digne descendant de Charlie Chaplin ou Buster Keaton.
Au delà de l'hommage au papa d'ET, il y a une deferlante de gags. Pour les petits et pour les plus grands. Le film est une énorme farce comique, où l'économie de moyens, son apparence rudimentaire et sa simplicité graphique font finalement des merveilles.
Techniquement, c'est charmant mais surtout cela donne du corps à des situations drôles et absurdes. Et finalement touchantes. C'est aussi cela magie de l'animation: cette émotion naissante sur des artifices flagrants.
Mais c'est avant tout un spectacle familial, généreux et finalement spectaculaire. Cette suite pourrait faire partie des meilleures comédies de cette fin de décennie!
StudioCanal - 16 octobre 2019 - 1h30
Midway
A la redondante marvelisation des films hollywoodiens, le retour de Roland Emmerich est presque une très bonne nouvelle. Les temps sont durs.
Moins difficiles que la Seconde Guerre Mondiale tout de même. Et l'attaque fourbe des Japonais sur Pearl Harbor! L'Amérique fut surprise par la technique et la modernité de l'armée nippone.
Les avions de l'Amérique sont vieillots et seul, le courage des pilotes pouvait faire la différence. Tout cela n'est pas rassurant pour les généraux qui devine tout le drame qui déroule dans l'Océan Pacifique, lieu d'enjeux considérables et qui atteindra son apogée avec la bataille de Midway.
L'histoire, et le film avec Henry Fonda, Charlton Heston et Toshiro Mifune, sont connus. En grand fan de Spielberg devant l'éternel, le maladroit mais ambitieux Roland Emmerich s'offre lui aussi son film de guerre plein d'héroïsme.
Un con trop loin. Roland Emmerich rêve d'être Spielberg mais il a toujours été un concurrent sérieux de Michael Bay. Un spécialiste de Blockbuster boursouflé et crétinoïde. Midway a au moins le mérite de nous faire oublier cette grosse casserole rouillée qu'était Pearl Harbor.
C'est moins long déjà. Et c'est plus rythmé. On retrouve chez Emmerich une idée assez naïve du cinéma qui n'existe plus à Hollywood. Pas très doué, ce type poursuit un rêve. Sans baisser les bras. Avec une conviction intacte.
Il a détruit mille fois la planète avec des récits délirants, hilarants ou débiles. Il a aussi défendu la cause des homosexuels ou raconter la vie tumultueuse de Shakespeare. Emmerich n'a peur de rien et quand il aime un sujet, il y va à fond... sans contrôle. Donc ici, c'est pareil. Il nous raconte avec son insistance habituelle, la partie de touché coulé entre deux nations.
Donc ca va pétarader dans tous les sens. Des cockpits, il donne le tournis et nous montre la dextérité et le talent des pilotes. Le plus dans tout cela, c'est qu'il ne donne pas dans le patriotisme exagéré, ce qui est tout de même sa marque de fabrique. Ici, l'ennemi japonais n'est pas absent ou tout simplement fourbe. Merci pour eux. Merci pour nous.
Mais on sent aussi qu'il est heureux de jongler avec des clichés datés qui nous rappellent au mieux nos doux souvenirs de l'émission de La Dernière Séance. Les épouses inquiètes, l'amitié virile, le général bienveillant, le sacrifice ultime, les beaux décors formica et la présence saugrenue au milieu de tout cela, du futur cinéaste de génie, John Ford.
On ne parlera pas de l'interprétation limité d'un casting d'Américains qui serrent très fort les machoires. C 'est risible. On se demandera aussi pourquoi Emmerich s'est disputé avec David Arnold, son compositeur des premiers succès. Avec une bonne musique, Midway aurait pu être un vibrant hommage aux films de guerre à l'ancienne.
Mais non, rien de tout cela: Midway est un film de Roland Emmerich! Aussi jubilatoire qu'inégal. Comme tous ses films, on voudrait bien les aimer... mais le "trop" est souvent l'ennemi du "bien"...
Avec Ed Skrein, Luke Evans, Patrick Wilson et Woody Harrelson - Metropolitan film export - 06 novembre 2019 - 2h15
Colorado
Neil Young et son éternelle jeunesse. Il retrouve encore le Crazy Horse pour de nouvelles et fougueuses aventures!
Et cela court encore dans tous les sens. On pouvait dernièrement reprocher à l'auteur de Harvest, une activité incroyable entre ses idées de technologies propres, de furieuses idées électriques avec le fiston de Willie Nelson et des idées de cinéma avec sa nouvelle amoureuse, la blonde Daryl Hannah!
A 73 ans, il est sur tous les fronts et il ne semble plus s'arrêter. En plus de tout cela, il ouvre ses archives pour nous sortir tous les six mois des pépites en live qui expliquent toujours et encore pourquoi Neil Youn est l'un des tous meilleurs songwriters de la planète.
Nouveau projet donc, Colorado ramène de vieilles connaissances. Elles recadrent vite le vieux Loner. Nils Lofgren, camarade des premières expériences solo, revient aux affaires et forme le trio légendaire, le Crazy Horse, avec Ralph Molina et Billy Talbot.
Eux, ils n'ont pas peur des riffs durables de Neil Young. Cela entraine une chanson longue et rocailleuse qui s'installe au début du disque. La suite alterne entre des envies douces et des plaisirs complices entre de vieux routards ravis de se revoir.
Les sujets traités sont toujours les mêmes! Neil young est sensible aux soubresauts de l'histoire et l'état du Monde. Colorado n'apporte rien de nouveau à la légende du Loner mais la complicité musicale est éclatante et presque rassurante. Il y a encore quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes!
Reprise 2019
Le roi des ruines
Il est dieu. Il est un roi. Il est en colère. Il est tout ca et surtout un musicien à la poésie sans concession.
C'est un homme qui voyage. Andoni Iturioz a eu la chance de voyager partout. Il y a muri une manière de penser et de chanter. Il a un rapport brutal au Monde pour mieux l'appréhender.
Les paroles de son disque ne sont pas confortables. La joie noire qui ouvre l'album est effectivement une belle engueulade de sa part. Il pourrait nous coller une bonne claque avec une chanson en colère.
Puis il se calme et nous permet d'échapper aux tristes constats avec des mélodies acoustiques délicieuses qui atténuent le propos sombre ou le constat amer. Il emprunte au slam, à la musique orientale. Il cherche à nous hypnotiser sur des rythmes séduisants. Le coté protéiforme et omniscient de l'artiste est une vraie performance.
Le Basque possède cette parole du juste. Ses textes ne sont pas toujours agréables mais tout est magnifiquement orchestré pour ne pas que l'on tombe (pas totalement) dans le cliché du chanteur rebelle et désespéré.
The talkies
Bon en Irlande ce n'est pas la joie. Une élimination rapide au dernier tournoi mondial de rugby et un gros problème dans la chaussure du Brexit. Voilà donc un disque qui pourrait bien représenter l'état d'esprit de ce pays si vert et si riche en musique!
Le premier titre se nomme Prolix. Pourtant vous n'entendrez pas un seul mot mais seulement une respiration plus ou moins rapide. Une partie de jambes en l'air? Une course éperdue? Une crise de panique?
C'est plutot la dernière solution qui prime lorsque l'on entend le furieux Going Norway, décharge électrique qui refuse de rentrer dans les refrains et les couplets.
Shoulderblades fait dans le binaire gris et solide. Girl Band rogne sur le rock. Les chansons vont se suivre et nous mettre dans un état peu confortable. C'est un groupe qui ronge les riffs et les paroles affolés d'un chanteur qui ne semble pas très bien dans sa peau.
Dara Kiely hante tous les titre avec une voix qui n'hésite à crier. Si le garçon a des angoisses existentielles (le groupe a failli disparaitre après un album et une tournée) alors la musique s'applique soigneusement à retranscrire le mal être, le spleen énergisant ou l'aliénation moderne. C'est au choix.
Ce n'est pas réjouissant mais c'est pas mal fait du tout.
Rough trade records - 2019
I shouldn’t telling you this
On l'adore. Il joue toujours de sa nonchalance dans le ciné indépendant ou dans de grosses productions hollywoodiennes. Il est à l'aise partout. Maintenant, c'est derrière un piano!
La Mouche. Jurassic Park. Independence Day. Mais aussi le cinéma de Robert Altman: ce grand dadais de Jeff Goldblum arrive toujours à faire le grand écart avec une dextérité qui force le respect. Sa silhouette et sa voix lui permettent d'avoir un style rien qu'à lui. Il est une valeur ajoutée. C'est pourquoi c'est un second rôle de luxe.
Mais le comédien est devenu musicien. Sa passion pour le jazz a pris le dessus et l'artiste a sorti un chouette premier album à son image: tout en maitrise et espiègle.
La suite est déjà là: Jeff Goldblum joue derrière son piano accompagné d'un orchestre champagne et paillette. C'est très classique. Ce n'est pas du tout désagréable. Si vous n'avez pas de disque pour les fêtes, prenez celui ci. En plus ca renouvelle un peu le genre.
Parce que Jeff Goldblum est un petit malin. Au lieu d'aller chercher des stars du jazz, il a proposé la reprise de petits classiques à des personnes peu habitués aux ambiances feutrées.
Donc le casting est atypique dans ce genre de disque: Sharon Von Etten, Miley Cyrus, Ana Calvi et surtout Fiona Apple, grande dame du rock à la discrétion légendaire. C'est jubilatoire!
L'ego du comédien ne semble pas exister. Il laisse sa place à des chanteuses de rock et surtout un orchestre assez spectaculaire. On se croirait à Broadway. Certains trouveront ca efficace mais franchement c'est très orgasmique tellement tous les acteurs de ce disque prennent vraiment leur pied!
Jeff Goldblum a toujours ce gout du décalage qui fait bien la différence et rend son envie de musique tout à fait louable. Il est dans la légèreté. L'entertainment pur. C 'est la classe américaine.
decca - 2019
Tchernobyl
Halloween vient de passer: vite, on vous conseille le meilleur film d'horreur vu depuis longtemps!
Et c'est une mini série. Et c'est un fait divers. Le plus fumeux et fameux des faits divers des années 80 et du 20e Siècle. La jolie bourde de Tchernobyl et ses milliers de sacrifiés. Son nuage toxique. Ses atomes tueurs. Ses dirigeants tétanisés. Ses héros meurtris.
Tout est réuni pour un récit glaçant et spectaculaire. De la part du scénariste de deux Scary Movie et deux Very Bad Trip, on n'attendait pas tant! Craig Mazin produit une oeuvre hors du commun.
Série américaine composée de cinq épisodes, Tchernobyl va à l'essentiel. Les personnages ne seront qu'un poignée à être développés. Ce qu'il y a d'important c'est la reconstitution du drame.
L'apocalypse est un projet habituel au cinéma et à la télévision. Mais là, on plonge dans un réel déprimant. Cela va au delà des décors de l'Ukraine des années 80. Cela se découvre dans les rapports entre les camarades de l'Union Soviétique. Froid et dirigiste. Un système vérouillé où on se parle que sous la forme d'ordres et d'affirmations.
Ca fait froid dans le dos puis les auteurs réalisent un authentique film d'horreur avec un monstre gigantesque et des fantomes qui sèment la mort. Pendant que deux cadres du parti prennent conscience de la véritable tragédie, les hommes tombent. Pour la patrie. Pour la bétise la plus crasse.
On ne s'encombre pas d'excuse pour la langue anglaise. On ne commence par une habituelle mise en place. Mazin et ses auteurs jouent sur le dépouillement. Ils nous prennent à la gorge. Par des images chocs. Mais aussi par surprise. Ils scrutent toutes les ramifications de ce drame humain, spectaculaire, si loin et finalement si proche.
Il y a évidemment le talent des trois comédiens principaux, tous prodigieux. Amusant de voir de nouveau le couple Skarsgard - Watson célèbre depuis le tempetueux et évidemment tragique Breaking the waves de Lars Von Trier, chantre de l'Apocalypse sous toutes ses formes. Mais le récit arrive à esquisser des vies assassinées par un pouvoir aveugle, un kgb absurde et des erreurs extrèmes.
L'épouvante se trouve à tous les étages. Dans les faits. Dans les mentalités. Dans les rapports humains. Sombre, la série nous plonge effectivement, comme le dit un cadre dans "l'endroit le plus dangereux de la planète". Comme dans un film d'horreur - réussi - notre sentiment varie entre le dégout et la fascination. Il nous entraine aussi dans une réflexion sur l'humanité.
Sans emphase, le malaise s'installe et il ne vous lachera plus. Pas besoin d'explosion pour nous faire prendre acte de l'un des pires moments de l'humanité sur Terre!
Avec Stellan Skarsgard, Jared Harris, Emily Watson et Paul Ritter - HBO - 2019
Il y aura la jeunesse d’aimer, Triolet, Aragon, Ascaride, Bezace, Lucernaire
Tout le monde ou presque a en tête des vers d’Aragon, que tant d’artistes ont chanté, de Jean Ferrat à Isabelle Aubret en passant par Marc Ogeret. Mais l’on connaît moins l’œuvre de sa compagne Elsa Triolet, qui fut pourtant la première femme à avoir le prix Goncourt et qui a été décorée pour sa lutte contre le nazisme. Leur histoire d’amour est magnifiée par les textes de Louis Aragon, en particulier dans les recueils Les Yeux d’Elsa et Fou d’Elsa. On a rarement écrit des vers aussi intenses sur le sentiment amoureux. Il a également fait souvent référence aux œuvres d’Elsa Triolet dans ses propres textes.
D’autres textes, moins connus du grand
public, tel le sublime roman Aurélien sont également mis à l’honneur
pendant cette lecture-spectacle. L’extrait sur la confrontation de deux univers
sociaux à la piscine est criant de vérité. Tandis que quelques pages d’un autre
ouvrage, qui évoquent un interrogatoire surréaliste et glaçant par la Gestapo,
nous font frissonner tant Ariane Ascaride et Didier Bezace les interprètent
avec conviction. La mise en scène est sobre, lumières tamisées, hauts
tabourets, lutrins, comédiens côte à côte, lisant à peine leurs feuilles tant
les textes les habitent. Ariane Ascaride et Didier Bezace se répondent, et les
mots des deux amoureux se transforment alors en écho. Chamailleries,
complicités de toutes sortes, les textes lus ici mettent en lumière des aspects
peu connus des deux auteurs, qui ont vécu de nombreuses années ensemble.
Lorsque la mort les sépare, Aragon est effondré, tant leur union fut forte.
Sur scène, chacun des deux comédiens
se glisse dans la peau du héros des livres d’Elsa ou de Louis ou devient l’un
des deux écrivains. Avec cependant toujours un certain retrait et de
l’humilité. Et surtout, dans la diction et le choix des textes, une grande
douceur.
Théâtre du Lucernaire,
jusqu’au 24 novembre 2019
à 19H du mardi au samedi,
le dimanche à 16H
Décoder les cases
On reprend les chemins de l'école, des gréves, du boulot tout en douceur avec un petit EP qui fait du bien!
Allez, on vient de se taper le week end le plus pourri de l'année. La pluie. Les défunts. Le début des publicités pour Noel. Bref, on s'est bien ennuyé et l'automne nous a montré son visagle le plus tristoune.
Le moral doit remonter. On pourrait vous dire de vous faire une cure d'oranges pressées mais ce n'est pas vraiment notre style: on prèfère proposer des menus pour les oreilles!
Et c'est ainsi que l'on a sous la main l'EP d'un artiste venu d'Occitanie et qui a surtout une haute idée de l'écriture d'une chanson. Quelle joie de tomber sur ce genre de personnage qui n'a pas peur de bidouiller des mélodies avec tout ce qu'il y a sous la main.
Les textes sont sautillants: la voix vibre et affirme un sentiment de liberté. Multi instrumentiste, il monte un petit théâtre sonore. Avec son physique de troubadour, il y a effectivement dans le style de Mateo Langlois, une ambiance de spectacle de rue.
C'est la preuve d'une approche populaire de la musique. Ces cinq chansons sont solaires et font vraiment du bien. Vivement la suite: il nous fait oublier la pluie, la rentrée et les pubs pour les jouets. Un joli échappatoire