découverte 1: Barker Utility

Valve Bone Woe

En attendant que Axl Rose reprenne du Luis Mariano, voici une star du rock qui s'imagine en crooner. Et non ce n'est pas Iggy Pop.

Au crépuscule d'une carrière, on remarque souvent les grands du rock se rabibocher avec le son de leur jeunesse. On les voit alors se prendre pour des musiciens de jazz, avec les ambiances cuivrées et les nappes d'orchestre qui font toute la différence.

Ce n'est pas de la paresse. En tout cas, Chrissie Hynde n'est pas du genre à se laisser aller. Là voilà dans l'exercice perilleux de la reprise jazzy et franchement, on apprécie toujours autant sa voix qui a donné tout le charme à quelques hymnes de la pop et des Pretenders.

Son nouvel album va donc piquer des classiques dans un songbook des plus classiques. Beach Boys, Charles Trenet et bien d'autres grands noms sont repris par la chanteuse hargneuse qui bien entendu se calme pour l'occasion.

On devine chez elle une nouvelle aventure qui stimule. Elle reprend même un titre de son ex mari, Ray Davies, leader des Kinks avec qui elle a eu un enfant. Elle y met tout son coeur et quand on entend certaines orchestrations, on sent qu'il y a de l'amour dans ce projet.

Elle laisse de la place pour des arrangements habiles et des plages d'instrumentaux qui montre que l'exercice est au moins compris. Deux trois bidouillages laisse penser à de l'expérimentation élégante. C'est de toute façon du travail de pro. Zéro défaut. Un rockeur qui devient c'est toujours un peu triste mais ici il faut dire que ca a vraiment de la tenue!

Ca s'appelle la classe, tout simplement.

BMG - 2019

Threads

Sheryl Crow a une vie tumultueuse. On s'en moque depuis des lustres. Elle a encore une actualité et c'est presqu'une bonne surprise

Il y a même un mort. Sur un titre (le plus spectaculaire), on entend la voix crépusculaire de Johnny Cash. Quelques frissons plus tard, on s'étonne d'une chose: on a une émotion.

C'est donc la très démodée Sheryl Crow qui a réussi cela. Certes elle a pioché cela dans un album posthume de Cash mais tout de même. Les plus jeunes doivent se demander qui c'est mais les ados des années 90 n'ont pas oublié cette chanteuse qui sent bon Nashville et ses tubes tout à fait sucrés, entre country et pop.

On se souvient aussi d'une femme combattive, qui se laisse pas aller à la facilité (sauf dans sa musique) et qui mène de nombreuses luttes, face à l'obscurantisme, la violence etc. Bimbo intelligente, elle s'est ridiculisée en tombant amoureuse de Lance Armstrong et elle a glissé vers le coté obscur des has been.

Mais Sheryl Crow a une sacrée carrière et des copains super cools. Crow aime écrire des chansons et jouer de la guitare. Elle gratouille avec de vieux lascars comme Keith Richards? Sting, Willie Nelson et Eric Clapton.

En convalescence, ce onzième album ressemble à une comité de soutien pour une femme qui a peut être baissé les bras mais qui a sérieusement l'envie de s'y remettre.

Donc on croise les héros de la pop et du rock. On se croirait dans un festival RTL2. Tout le monde vient aider la chanteuse dans sa quête de rédemption créatrice et musicale. A certains moments, cela a vraiment de la gueule. The Worst avec le guitariste des Stones, impressionne. Le copieux Story of Everything avec Chuck D et Gary Clark Jr en fait des tonnes mais ca fonctionne.

Ca pourrait être risible mais le charme fonctionne. Sheryl Crow aimerait croire à un retour possible. Le talent semble intact. Dans certaines de ses chansons. Elle est encore plus convaincante avec ses reprises. C'est un pur produit de consommation américain. Ca peut parait indigeste. Moi j'ai trouvé cela très appétissant!

big machine - 2019

In the shadow of the Moon

Jim Mickle sait filmer. C'est la très grande satisfaction de cette série B qui a un joli scénario bien foireux... comme on aime!

Réalisateur de Cold of July, Jim Mickle appartient à cette catégorie très sympathique des artisans assez doués pour comprendre que le cinéma ce n'est pas tout le temps une question de vitesse et de précipitation...

Quand on regarde ses films, on a bel et bien l'impression d'être venger de tout ce qui se vautre sur nos écrans en ce moment. Sans être du cinéma de papa, Jim Mickle a un sens du cadre indéniable et on pourrait même trouver de l'intelligence dans ses choix esthétiques.

Pourtant In the shadow of the Moon a tout l'air du nanar assumé. Un jeune flic mène une enquête sur de mystérieux meurtres à Philadelphie. Des personnes font une hémoragie bien sanglante puis meurent sans raison.

Futé le policier tient une piste et trouve une tueuse très étrange. Morte, il croit avoir réussi sa mission mais neuf ans plus tard, tout recommence et le flic se met à se poser des questions impossible.

Il vient de rentrer dans la quatrième dimension? Psychose? Folie? Non, mais la réalité de ce type meurtri par la mort de sa femme, à la naissance de sa fille va partir vers de nouvelles vérités qui sont durs à assumer tout seul, face à un monde incrédule!

Rapidement, on devine vers quoi va basculer l'apparent thriller. On a beaucoup d'avance sur les protagonistes. Tout est prévisible. Merci Netflix pour le film sans imagination...

Certes! Pourtant c'est bien fait. Jim Mickle a une sorte d'humilité dans sa mise en scène qui fait plaisir. On a de l'avance mais lui donne l'impression de le faire exprès. Il prend son temps et impose ses personnages.

Le récit se déroule sur des dizaines d'années et si, les moumoutes et les moustaches du flic ont tendance à faire rire, le personnage est touchant, joué par un bellatre plutot convaincant, Boyd Holbrook, vu dans lasérie qui transpire Narcos et le joyeusement débile Predator.

Mickle réalise de belles images. Philadelphia est une ville protéiforme et spectaculaire. Le plan s'exécute sans surprise mais avec une certaine malice et du bon gout. Quand on compare aux bouillies filmiques pleines de filtres, ce petit nanar est vraiment une bonne surprise!

Avec Boyd Holbrook, Cleopatra Coleman, Michal C Hall et Bokeem Woodbine - Netflix - 2019

Hors Normes

Encore un film oecuménique et inattaquable pour le duo le plus célèbre du cinéma francais. Leur formule est elle intouchable?

Olivier Nakache et Eric Toledano ont le coeur sur la main. Leur caméra se pose toujours des gens un peu différents qui font bien souvent la différence dans le quotidien pas toujours facile. Depuis Je préfère qu'on reste amis, les deux amis nous expliquent les liens et les affres dans les amitiés ou les familles.

Leur cinéma est plein de bons sentiments. Ils remplissent leurs récits d'un amour certain et d'une foi incroyable pour des personnages touchants qui veulent échapper aux conventions et aux castes sociales.

C'est comme cela depuis 2005 et leur système s'adapte bien aux sujets plus ou moins lourds. Ici, Hors Normes nous plonge dans un délicat constat: que faire des enfants dont l'autisme est hyper compliqué?

Les hopitaux et les institutions ne peuvent pas gérer leur agressivité. Deux associations tentent tout pour eux. Bruno gère un centre d'urgence qu'il a inventé sans aucune aide. Malik forme des gamins des cités à assister les jeunes malades. Dans la débrouille permanente, les deux hommes n'ont pas d'autorisation officielle mais ils ont une conviction certaine qui force le respect.

Le juif et le musulman se donnent à fond pour la bonne cause. C'est souvent ce qui fait le moteur des films de Toledano et Nakache: dépasser les limites, casser les barrières sociales et avancer...

Ils savent y faire pour nous émouvoir, pour passer du rire aux larmes. Ils sont doués. Face à un sujet difficile, ils en appellent à l'espoir et à la nature humaine, pleine de compassion et d'amour. C'est beau comme un serment.

On ne peut que les remercier de mettre en avant, ce doux humanisme. On pourrait aussi leur reprocher de toujours faire la même chose. Heureusement c'est bien fait: la musique délicate, les comédiens investis, les dialogues drôlatiques, les gestes qui en disent long sur le meilleur de l'être humain. Hors Normes n'est plus une surprise: il est juste l'assurance d'une émotion sincère, offerte par deux cinéastes en pleine confiance!

Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Helene Vincent et Frederic Pierrot - Gaumont - 23 octobre 2019 - 1h54

Zooropa

Ha les vacances de la Toussaint... face à la fraicheur, on se met à l'abri et on retrouve des étrangetés, de objets curieux qui ne manquent pas de charme dans nos poussiéreuses discothèques!

Et c'est ainsi que l'on peut dire que U2 fut sûrement le plus grand groupe du Monde, en 1993. Oubliez les jeunes Irlandais ambitieux qui faisaient tourner la tête aux stades du Monde Entier. Mettez de coté les vieux schnocks qui défendent un pop molle et progressive.

Au début des années 90, Bono et ses musiciens inexpressifs font leur propre révolution. Ils réalisent l'album Achtung Baby qui fait entrer la pop dans les années 90, où le grunge va être une réponse à la techno et tous les sons synthétiques qui facilitent les tubes pour les radios.

On entend déjà cela dans le fameux Achtung Baby, génial produit de stars magnifique album de remise en questions et réussite commerciale éclatante. Aussitôt, en pleine tournée psychédélique et délirante (le fameux Zoo TV Tour), le groupe sort Zooropa.

Ils poussent le concept un peu plus loin. En apparence, le disque est décevant mais quand on y revient, c'est une belle collection de titres totalement habités, obsédés par son temps. Les médias, l'aliénation, la technologie, l'Europe... tout est encore d'actualités!

Le Brexit aurait sa place parmi les dix chansons spectaculaires et déchiquetées de ce groupe qui continue en 1993 de se reprogrammer autour de producteurs aventureux. Le groupe, au sommet, se permet toutes les pirouettes techno et joue la carte de l'expérimentation sans avoir peur des conséquences. Rapidement fait, poliquement défoncé, musicalement désarmant, Zooropa est aujourd'hui le disque le plus intéressant de U2!

https://www.youtube.com/watch?v=LZTNBdKNUek

Island - 1993

Imaginate

Ha les vacances de la Toussaint... face à la fraicheur, on se met à l'abri et on retrouve des étrangetés, de objets curieux qui ne manquent pas de charme dans nos poussiéreuses discothèques!

Et on retrouve un vieux disque de rock made in Australia. Là, on est dans des choses plus classiques. Une musique qui sort des pubs, des soirées arrosées et des troisièmes mi temps. Ca sent bon la sueur et la testostérone.

Heureusement nous sommes en 1999 et c'est la britpop qui mène la danse dans le commonwealth. Les sitcoms ressemblent tous à la série Friends. Taxiride est une sorte de réponse au mouvement musical, de l'autre coté de la planète. Il y a donc derrière ce quatuor toute la force de frappe du rock australien.

Celui qui cogne et qui fait d'ACDC, l'étendard d'un pays et d'une vision du rock. Dan Hall et ses copains ont l'air de connaître les coutumes très locales. Pourtant ils mettent beaucoup d'eau dans leur bière.

Inimaginate est une succession de hits possibles, qui pourrait être entre deux chansons des Gallagher ou dans la bande son de Friends. Ce disque méconnu chez nous sent très fort les années 90. C'est un vestige efficace de ce qu'il se faisait dans les années 90.

Car si les instruments sont affutés, le disque avale aussi toute une culture pop, qui fait bien rire, allant de Crosby Stills & Nash jusqu'à Bon Jovi. Bah oui. Le résultat est donc aujourd'hui particulièrement kitsch. Les harmonies vocales sont douces mais les riffs veulent nous secouer les cheveux. L'album vaut le détour car la mélancolie s'en mèle. On devine les défauts mais on leur découvre du charme.

Le groupe a connu son heure de gloire puis a disparu aux oubliettes. Ils tournent encore sur le continent Australien depuis 2015... La nostalgie finit toujours par faire son travail.

Warner - 1999

the laundromat

Jeune retraité, Steven Soderbergh continue finalement sa carrière sur Netflix. Il y trouve effectivement une seconde jeunesse!

Soderbergh est un type assez difficile à suivre. Faut mettre le turbo tellement il est prolixe le garçon. Il a commencé dans le cinéma indépendant puis a réalisé des énormes succès au box office.

Tous les acteurs veulent jouer pour lui. En 2013, il claque la porte d'Hollywood. En 2017, il revient aux affaires avec le mésestimé Logan Lucky. Parce que c'est un bide, il fait la tronche et part sur Netflix. Entre temps, il prend un iphone et tourne un thriller, Paranoïa.

Le gars n'est pas du genre à s'asseoir sur son glorieux passé. Donc après le dynamique High Flying Bird, Soderbergh continue de gratter le capitalisme sauvage qui ronge son pays, les Etats Unis.

Cette fois, il chronique les fameux Panama Papers, fantastique scandale qui a mouillé tous les milieux, des artistes aux banques et qui a mis en lumière, un sport pourtant bien connu: l'optimisation fiscale.

Ellen Martin, retraitée heureuse, perd son mari lors d'une croisière. Un accident stupide. L'assurance devrait jouer en sa faveur. Mais hélas, le bateau a une assurance qui a été racheté par un autre pour par une nouvelle entité. Bref, le contrat ne correspond plus à rien et la pauvre dame ne peut pas réaliser ses vieux rêves...

C'est un point de départ qu va ensuite nous mener sur des îles bien exotiques où vivent de drôles de crabes. Le réalisateur ne veut pas nous abattre sous des tonnes de faits. Il suit juste les causes et les conséquences d'une avarice qui ressemble à une fièvre contagieuse chez les fortunés.

Effectivement le casting aide beaucoup à éviter le piége d'une oeuvre didactique. Gary Oldman et Antonion Banderas sont des hotes admirables. Meryl Streep est toujours merveilleuse et on trouve une ribambelle d'acteurs que l'on aime dans des petits rôles. Ca c'est la touche Soderbergh!

Reste le ton: il emprunte pas mal au résolument engagé, Adam McKay, auteur de Big Short et Vice. C'est une comédie. Très ironique. Très sarcastique. La légèreté cache l'indignation et l'amertume. L'utile se joint à l'agréable. Que demander de plus?

Avec Meryl Streep, Gary Oldman, Antonio Banderas et Robert Patrick - 1h35 - Netflix.

Willy et le lac gelé

En attendant la tempête de la Reine des Neiges, profitez d'une bucolique promenade au lac gelé, avec des petits compagnons verts!

Les Verdis vivent près d'un lac. Ils le préservent. Ces petits êtres verts ont même une petite armée pour défendre les terres et tous les biens que la nature offre.

Willy a les cheveux verts. C'est pour cela qu'il ne peut pas devenir gardien du lac. Il attend d'avoir une tignasse de couleur marron. Il grandit avec sagesse mais sa gentillesse va provoquer une catastrophe. L'attention des rats. Ces derniers veulent s'allier aux Bougons, un peuplade moins évolué qui ne veut pas travailler pour subvenir à ses besoins...

On sait que la politique hongroise n'est pas très reluisante ces dernieres années. Dans ce dessin animé, cette société organisée autour d'une armée vivant avec des fainéants en face de chez eux, c'est un peu bizarre. Ne voyons pas le mal partout

Mais Willy et le lac gelé n'est pas une oeuvre politique. C'est surtout une petite fable écologique et tourné vers les plus petits. L'animation ne fait pas dans la grandiloquence.

C'est simple mais pas niais. Le petit héros et ses amis sont tendres. Leurs aventures ne sont pas démesurés. Cela a mille fois plus de charme qu'un épisode de Arthur et les Minimoys. Loin des standards de l'animation mainstream, ce promenade sur le lac est agréable...

Ufo distribution - 2 octobre 2019 - 1h10

High Water II

C'est une étrangeté toute relative. La recomposition partielle des Black Crowes pour un projet qui remotive les troupes. L'art du copié collé!

Rich Robinson est le guitariste taciturne et discret des Black Crowes. Le frangin, Chris, est un heureux drille psychédélique! Ils se sont séparés et mis fin à une belle histoire du rock'n'roll avec tous ses clichés.

Rich est peu expressif mais il a toujours la hargne avec des projets successifs, toujours aussi bluesy. Au point de s'éparpiller. Mais ce guitariste hors pair est un passionné.

Au point de retrouver des anciens des Black Crowes dont le surdoué Marc Ford, frère d'arme des premières épiques tournées et des riffs les plus fameux. Ensemble, ils s'attachent les uns aux autres pour fonder le Magpie Salute, sorte de jam band qui défend les valeurs de ce rock blues, poussiéreux et électrique.

Puisque Chris ne veut pas fumer le calumet de la paix avec son frère, Rich a trouvé un clone réussi pour la voix, fiévreuse et acrobatique, celle de John Hogg.

Après un premier album sympa, le groupe réussit son deuxième opus avec des chansons surprenantes. Elles sont courtes et efficaces. Pour un jam band ca étonne!

Mais ca n'empêche nullement les orgies de guitares qui se répondent, un orgue hammond qui glisse sur un blues rock souvent irrésistible. Le temps a amené un peu de sagesse, aux compositions plus calmes que par le passé. Les musiciens sont aussi à l'aise dans l'harmonie acoustisque que dans le riff tout en rupture. Les envies sont là.

Ca ressemble parfois à un copieux catalogue mais c'est sacrément agréable d'entendre de vieux corbeaux continuer de piaffer ou même rugir!

Provogue records - 2019

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