I Want You

Ha les vacances de la Toussaint... face à la fraicheur, on se met à l'abri et on retrouve des étrangetés, de objets curieux qui ne manquent pas de charme dans nos poussiéreuses discothèques!

On se trouve donc devant une évidente bizarrerie avec The Wantones, album concept autour de ce titre utilisé jusqu'à la nausée: "i want you". En 2008, JP Nataf des Innocents et Albin de la Simone rassemblent des musiciens pour refaire le répertoire de tous les I Want You!

Il y a donc des standards comme Dean Martin ou Tom Waits. Ce sont la première et dernière chanson de l'album. Entre les deux, on va croiser le style incandescent de Kiss, la rigueur de Bob Dylan ou Elvis Costello. Et d'autres auteurs moins connus.

Mais tout cela est réinterprété par des artistes proches de la scène pop française. Il y a donc une atmosphère assez réjouissante dans ce répertoire assez précis de la chanson "i want you". On croise encore Bertrand Bonello, pas encore le cinéaste de la décadence. Les nombreux musiciens imposent leur style et les titres sont aspirés vers un inclassable disque qui se fait un malin plaisir à déconcerter, à jouir pleinement de son concept absurde et rigolard.

tot ou tard - 2008

The 7th road

Tio Manuel est à la croisée des routes. Cela se ressent dans son blues ouvert tous les vents. Un road movie passionnant

Le nouveau disque de Tio Manuel vous emmène aux frontières. Le petit Franchouillard a bel et bien, avec son expérience de vieux routard du rock'n'roll, obtenu son passeport pour les Etats Unis et son rêve américain qui peut facilement tourner au cauchemar.

L'anglais se succède à l'espagnol. Les petits airs andalous vont se confronter au gros blues qui tache. Pour ce voyage, Tio Manuel a ajusté un costume de mariachi aussi énervé que dans un film de Robert Rodriguez. Il y a de la sueur, de la tequila et de la musicalité.

Car ce n'est pas une posture! Tio Manuel transpire le blues et toute la culture qui tourne autour. Ce qu'on apprécie chez lui c'est cette vision. En effet sa musique (et surtout sa guitare) fait du cinéma.

On pense évidemment aux films poussiéreux et populaires de Rodriguez mais on a dans la tête les paysages fantasmés de Paris Texas ou même des ambiances ouatées de David Lynch. Comme tous ces cinéastes, l'artiste se tient à coté des marginaux, des hobos et des mal aimés.

Ce donne une oeuvre qui bourlingue, qui s'accroche à des riffs de guitare comme à une croyance. C'est roots et en même temps délicats. C'est la bonne route vers le bonheur!

La fugitive - 2019

La politique fiction

Mon dieu, de la politique comme on en rêve!

Il y a peu le comédien Kiefer Sutherland était sur la scène du Café de la Danse pour défendre sa passion pour la country, cette musique que l'on juge à tort au ras des paquerettes.

Le fils du respectable Donald Sutherland a interprété pendant trop de saisons, l'agent spécial Jack Bauer, roi de la torture express et de la réponse expéditive aux affaires courantes du Monde. Les terroristes sont nombreux et la réponse de l'agent de la série 24 Heures Chrono est toujours la même: l'action!

Kiefer Sutherland a joué dans les films réactionnaires de Joel Schumacher. Il pourrait être un joyeux partisan des Républicains, ce groupe étrange qui dirige les Etats Unis avec des idées plus ou moins exotiques pour nous. Souvent choquantes. Complétement déformées par le président Trump!

Pourtant le comédien est le principal interpère de Designated Survivor, série politique qui donne le sourire et rend l'espoir aux spectateurs. Le concept est simple: tout le gouvernement américain disparait dans un sinistre attentat. La régle veut qu'un ministre soit toujours désigné pour survivre. Préservé, l'indépendant Tom Kirkman devient le nouveau président des Etats Unis et doit gérer de multiples crises.

Celui qui ne veut pas le pouvoir régnera avec clairvoyance et logique. Voilà le doux idéal que défend cette série qui va frontalement au combat avec une époque où les populistes sont élus.

La lutte est clairement inégale. Le show n'aura duré que deux saisons et demi. Il a de nombreux défauts, tentant la critique politique et le thriller paranoïaque. Mais la sagesse des protagonistes, l'absence de cynisme du politique est telle que Designated Survivor est une série doudou!

La conscience politique de ce président inattendu est une consolation de chaque instant. L'Amérique aime rêver. Mais face à l'obscurantisme actuel, la série pourrait presque resssembler à un acte de résistance, rappelant au passage l'importance de la fiction dans l'appréhension du réel!

Comme Star Trek, cette énorme saga indescructible, il y a une Foi passionnante pour l'humanisme... Mais hélas, cette série politique pourrait bien se ranger au niveau de la science fiction par les temps qui courent... et désolé Kiefer pour le procés d'intention! T'es le meilleur!

A voir sur Netflix

Hits hits hits hourra

Allez dans quelques jours ce sont les vacances. On se met dans l'ambiance avec les joyeux drilles de Marcel et son orchestre qui revisitent leur cataloguge punk et festif! Youpi la récré recommence!

Au Nord, il y a les corons mais il y a surtout Marcel et son Orchestre, crétins mélomanes qui jouent avec tous les clichés de la région. Bons vivants, ils chantent l'art de vivre assez déluré dans le Nord. Depuis leur début en 1986, le groupe a toujours donné l'impression de ne pas s'être remis du carnaval de Dunkerque.

Avec eux, la musique se déguise et emprunte des chemins étonnants entre punk, chanson francaise, parodie et ska! Au fil du temps, les musiciens finissent par tirer la langue et l'orchestre décide de s'arrêter.

Quelques années de repos puis les zouaves rigolards ont l'envie de chanter à nouveau. Pour se refaire une santé, ils puisent dans leurs succès pour se refaire une santé musicale. D'abord sur scène, leur lieu priviligié et désormais ils reviennent chez nos disquaires!

C'est donc un best of mais les morceaux sont de nouveau joués en 2019. L'énergie est donc bien de retour. La fournée est copieuse. Deux galettes avec des inédits, des live et des incontournables qui de toute facon vous donneront la banane!

C'est bien l'assurance du rire, de la bétise (pas gratuite) et de la douce ironie de Marcel et son Orchestre qui rend si précieux ce nouveau rendez vous!

At(h)ome - 2019

Joker

Will Ferrell est un clown. Grace à ses succès, il aurait donc révélé des auteurs. Ses réalisateurs font désormais des films amples, sérieux et décompléxés. La preuve avec un film qui nous venge des super héros.

Adam McKay, complice du héros de Ricky Bobby, roi du circuit, est l'heureux papa de deux films américains importants, The big short et Vice. On n'attendait pas cet auteur de Saturday Night Live à ce niveau là.

Todd Philips a réalisé un film culte, Retour à la Fac avec une fois encore Will Ferrell. Il a fait ensuite dans la comédie lourdingue avec la trilogie de Very Bad Trip. Désormais il a gagné le prix le plus prestigieux du festival de Venise avec un film qui nage à contre courant d'Hollywood.

En effet Joker est jubilatoire pour toute personne qui commence à en avoir marre des super héros de toute taille et de tout poil. On parle de la starbuckisation de la société. On peut parler aussi de la Marvelisation de l'industrie cinématographique. Lissé, poli, universel. Tout ce que n'est pas le film de Todd Philips. Ouf!

Comme McKay, la bouffonerie cache un esprit plus sarcastique et c'est le cas de ce Joker, sombre et violent. Pour faire passer la pilule, le cinéaste rend un hommage à Martin Scorsese. Celui des débuts.

Gotham devient une triste ville, sale et dangereuse. L'espoir n'existe plus. Les plus faibles sont obligés de devenir de sérieux criminels. Le film raconte donc la lente transformation d'un homme simple(t) en sociopathe coloré.

Joaquin Phoenix incarne vraiment le célèbre ennemi de Batman. Le Joker nait sous nos yeux dans un ballet désespéré et urbain. Evidemment que le comédien est parfait mais ça, on le sait depuis un paquet de compositions. Aucune faute de gout (sauf la musique un peu trop expressive). Philips applique toutes les lecons de Scorsese avec un soin qui dépasse la pale imitation.

Le film réussit à gérer le malaise que suscite le personnage loin de la frilosité hollywoodienne qui a bien trop peur de choquer le "consommateur". Philips a le mérite de tout remettre à sa place. La violence. La haine. La société. Le film déforme à peine la réalité. Ce conte désorienté par la folie de son héros solitaire vient taquiner les valeurs refuge comme la famille.

Mais là où Adam McKay invente, Todd Philips reste encore un peu schématique et roublard dans sa mise en scène. Il flatte le spectateur en citant les nobles références du cinéma des années 70. Il retrouve presque le souffle. Mais manque un peu d'originalité là où le personnage pouvait permettre tous les excès.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Joker est une oeuvre agressive, faisant un pied de nez aux conventions super héroïques. Peut être racoleur, Joker a le grand mérite de ne pas ennuyer et même de passionner! Mais de Will Ferrell à Joker, Todd Philips a eu raison de jaunir les sourires!

Avec Joaquin Phoenix, Frances Conroy, Robert de Niro et Zazie Beets - Warner Bros - 9 octobre 2019 - 2h02

Engine of paradise

Après un très loufoque concept album, Adam Green revient vers sa folk de poche, délicate et renversante.

Il a donc tourné avec son téléphone il y a trois ans, une version cheap d'Aladdin où l'on croisait Macaulay Culkin. Depuis Adam Green continue de gérer aves ses moyens modestes, une folie créatrice qui ne l'a pas quittée depuis ses débuts.

Héros du mouvement lo-fi, le gringalet des débuts a laissé sa place à un étrange crooner et un drôle de touche à tout! Parfois, on le déteste. De temps en temps, c'est un génie à la simplicité déconcertante.

C'est le cas de ce disque incroyable où Green ne fait aucune vague et pas de fausse note. L'album ne dure que 21 minutes mais c'est un bain de jouvence. Le disque nous rappelle l'importance de la modestie. Quelques violons et une guitare peuvent vous emporter et vous faire rêvasser. Comme l'enfance, tout semble simple ici.

L'esprit tourmenté et bouillant de l'auteur se met en ordre de marche dès qu'il faut aligner des notes sur des arrangements désarmants. La voix est sublime: trainante et chaude.

Adam Green joue la carte vintage mais ne fait pas dans la nostalgie. On devine qu'il n'a pas le temps pour ça. Au même moment que la parution de son album, il sort un roman graphique encore bien barré. Il ne s'arrête jamais mais cet exercice qu'est la création d'un album canalise son talent et sa vérité d'un auteur saugrenu mais terriblement attachant.

30th century records - 2019

La Fracture

Après Vincenzo Natali, Netflix convoque un autre petit artisan de la série B: Brad Anderson! Et il fait toujours aussi bien le boulot.

Car beaucoup de cinéphiles se souviennent de son Machinist avec un métamorphosé Christian Bale. Depuis le bonhomme a réalisé quelques films sympatoches mais discrets. Et le revoilà donc avec un thriller paranoïaque qui n'aurait pas déplu à Larry Cohen dans les années 70.

C'est à dire que l'on se promène entre l'épouvante et une lecture sociale. Ray s'engueule avec sa femme dans la voiture. Le trajet semble long et tendu. Lors d'un arrêt, sa petite fille se blesse. Il emmène toute la petite famille à l'hopital le plus proche, au milieu de nulle part.

Là bas, elles disparaissent! Mais que s'est il passé? Impossible de retrouver femme et enfant dans un établissement en apparence tout à fait normal. Habitué aux ambiguités de toute forme, Brad Anderson n'a pas de mal à nous perdre dans cet espace de plus en plus étrange, accompagné par un héros qui a du mal à se faire confiance à lui même.

Souvent accusé d'être fade, Sam Worthington est très convaincant en père déboussolé. Brad Anderson s'adapte à son point de vue. Et nous perd pour mieux nous piéger. Les afficionados de ce genre de thrillers psychosés où les notions de réalité s'éthèrent au fil des minutes, auront sûrement rapidement la solution.

Mais Anderson est un petit malin et sa mise en scène se nourrit de toutes les ambivalences du récit. On pense pas mal à un épisode sombre de la 4e Dimension. En tout cas il s'agit là d'une excellente série B comme on n'en voit peu au cinéma, hélàs!

Avec Sam Worthington, Lily Rabe, Lucy Capri et Stephen Tobolowsky - Netflix - 1h40

Giant of all sizes

Elbow, huitième album. Le talent surnage. Les chansons sont très belles. Le groupe a tout pour être le plus agacant du Royaume Uni.

Parce que le groupe de Manchester est presque perçu comme un gros bourgeois intellectuel par une partie des lads alors que le groupe développe depuis vingt ans, une pop assez sensible mais pas dénuée de musculature électrique.

The Seldom Seen Kid impose Elbow comme une référence absolue en 2008. Le groupa a trouvé son style, sa marque et sa voix. Une espèce de mélancolie bourrée d'énergie musicale.

A Manchester, il n'y a donc pas que les frères Gallagher. Guy Garvey, chanteur barbu et noble est l'un des plus belles voix de la planète rock depuis des années. Impossible de lui résister.

Sur ce huitième album, la voix est un peu inquiète. Le chanteur pleure les morts qui s'accumulent autour de lui. Il déplore bien sûr la situation du Monde et bien entendu le Brexit.

Le temps passe. Mal. Mais il inspire une fois de plus le groupe pour des chansons un peu étouffées mais très bien fichues, mélanges subtile de conventions et de modernité.

Les titres sont plutot courts. Ce qui donne une notion d'urgence que l'on ne connaissait pas à Elbow, qui a bien du mal à cacher une petite passion pour l'emphase. Cela n'empêche pas le disque d'avoir cette ampleur quasi physique. Il s'impose. Avec douceur et nuances. Une vraie bonne habitude qui fait de la sortie d'un disque d'Elbow, un moment toujours important.

Petite remarque pour finir: pour la seconde fois, le groupe va tourner partout en Europe. Sauf chez nous. C'est quoi le problème? Brexit, ok! Mais tout de même, sa cruauté pourrait être atténuée!

polydor - 2019

Private meaning first

Il y a peu dans ses pages, nous fêtions la sortie du second album de Last Train, groupe jeune qui croyait fortement aux vertus de la vieille formation classique, basse guitares batterie.

C'est reparti pour un tour avec The Psychotics Monks, nouveau groupe bien de chez nous qui fait des rêves avec la fée electricité. Et qui parle en anglais. Ils sont très à l'aise sur le sujet. Eux aussi savent fabriquer des murs de son vachement costauds.

Ils font cela en mode plus industriel. Leur rock est surpuissant. Les gaillards avance en groupe, reserré et visiblement aguerri. Le style est sombre mais comme Sonic Youth, les dissonnances ont de la grâce.

Parce qu'ils sont jeunes, ils se défoulent. Il y a du muscle et de la sueur sur chacune des morceaux de ce premier effort. Les morceaux sont réfléchis et sacrément charpentés. C'est du solide. Vos oreilles vont saignés, à priori, de bonheur. C'est du rock tordu mais souvent irrésistible car maitrisé et galvanisant.

Les quatre amis fabriquent un rock qui n'existe plus vraiment. Ils osent un final d'un quart d'heure. Ils font glisser leurs compositions vers des délires psychédéliques pour ne pas dire bruitistes. Et ca fonctionne. Cet album n'est pas facile à aborder mais qu'est ce qu'on est bien une fois que l'on a trouvé une porte d'entrée. A découvrir!

Vicious circle - 2019

Le Cri de la pomme de terre du Connecticut, Patrick Robine, Jean-Michel Ribes, Rond-Point

On croirait rencontrer l'aviateur de Saint-Exupéry ! Comme un oncle adoré que tout le monde écoute au repas car il fait rire et voyager !

Ses mots sont emprunts d'insouciance et de rêverie. Il songe à ses amis, aux arbres, à ses rencontres ; toujours avec humour. Humour complètement absurde d'ailleurs qui nous emmènera dans des histoires toujours plus farfelues les unes que les autres. L'acteur (et auteur) nous transmet sa joie enfantine de vivre et son âme aussi pure que l'âme de Don Quichotte. On retiendra l'innocence du spectacle et la performance des imitations sonores et visuelles.

Jusqu'au 27 octobre 2019
Théâtre du Rond Point

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