Renegade
C'est un type étrange. Il nous rappelle feu Tom Petty avec ce look un peu décalé, ce visage presque naïf et un gout certain pour la six cordes. Dylan LeBlanc a une voix particulière. Elle est assez haute. Cela n'empêche pas de jouer du rock'n'roll. A l'ancienne.
Le rebelle ne fait pas dans la démonstration ou l'outrance. La révolte de Dylan LeBlanc est tranquille. Heureusement elle n'est pas sourde. Comme Petty, il aborde des sujets très américains (les armes à feu à la religion) et les traite avec une douceur déconcertante.
Ce qu'il aime, c'est le lyrisme et l'héroïsme d'un rock profondément américain donc généreux. L'americana dans toute sa splendeur. On se sent donc bien avec ce chanteur qui aurait pu s'échapper d'un film de Jim Jarmusch avec sa silhouette sombre, son visage carré et cette voix qui fait toute la différence.
Ce quatrième album profite de quelques touches vintage comme un synthétiseur ou des solos de guitare venus des années 80. Ca pourrait être too much mais ca fonctionne assez bien. On peut s'ennuyer sur quelques ballades convenues mais on apprécie tellement l'ambiance si personnelle de Dylan LeBlanc. Le petit gars de Louisiane laisse sa place au fil des disques à un auteur universel assez complet.
Ato records - 2019
Murder Mystery
Adam Sandler et sa copine Jennifer Aniston jouent au Cluedo avec un casting européen assez classieux... et puis c'est à peu près tout.
Depuis qu'il a signé avec Netflix un gros contrat pour refourguer ses grosses pitreries, Adam Sandler continue de dériver vers le monde merveilleux du nanar égocentrique mais généreux. Ses comédies sont trop longues. Le réalisateur est à la masse. L'essentiel doit rester sur la performance du comédien, qui à force de trop en faire, atteint un monde inconnu dans la drôlerie. On se perd entre génie et stupidité.
C'est comme ça depuis des années avec ce comique qui n'est pas très connu en France. Ses oeuvres sont un savant mélange de beauferies et d'idioties qui finissent par constituer un magma burlesque qui dépasse toutes les limites. Parfois cela donne des comédies hors normes comme Wedding Singer ou Amour et amnésies
L'aura du comique est telme qu'il amène toutes les stars dans ses délires déconcertants. Pour son nouveau film, on croise donc Terence Stamp, Gemma Aterton, Luke Evans et même Dani Boon. Un casting européen pour tremper les gesticulations farfelues d'un coup de New-yorkais perdu dans un polar à la Agatha Christie.
Comme d'habitude, ce n'est pas toujours drôle. Ce n'est pas très bien filmé. Déjà ensemble dans Le Mytho, Sandler et Jennifer Aniston ont l'air de bien rigoler. C'est assez communicatif. On oublie encore une fois les faiblesses un peu trop voyantes. On devrait détester mais on y arrive pas vraiment. Un autre mystère à résoudre avec cette comédie policière...
Avec Adam Sandler, Jennifer Aniston, Luke Evans et Dani Boon - 2019 - Netflix
Lune de miel
Un couple décide de partir en Pologne à la recherche de leurs origines. Un road movie simple, entendu mais assez drôle.
Le film d'Elise Otzenberger est parfois hilarant. Quand il s'éloigne de son sujet. La cinéaste décrit la vie de couple avec une malice évidente et les répliques sont cinglantes entre Anna, jeune femme curieuse de ses origines et Adam, grand dadais lunaire. Il aurait préféré aller à New York mais il abandonne son fils de un an, pour retrouver les traces d'une grand mère exterminée par les nazis.
L'intimité entre les deux amoureux est scrutée car elle est une sorte de soupape à ce film qui interroge le passé, les racines et l'importance de la famille sur l'individu. Là, l'oeuvre de Otzenberger est classique et même un peu lourde.
On préfère les blagues entre eux, et même leurs incompréhensions. C'est dans les détails, que se niche un humour bienvenu. La location de voiture au milieu de nulle part frole l'absurde avec un doux humanisme. Les deux comédiens principaux y sont pour beaucoup au charme délicat de ce couple plus torturé qu'il n'y parait.
Le reste est un peu mou. Le coté road trip nous amène à un point trop attendu et on les suit sans surprise, si ce n'est de voir de plus en plus les clichés s'accumuler. Heureusement pour l'ensemble, on s'est pris rapidement d'affection pour ces Parisiens plus vrais que nature... La gravité n'est pas toujours maitrisée mais on apprécie cette légèreté qui en dit souvent plus sur les souffances et les doutes de chacun. Maladroit mais tendre.
Avec Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Rouan et André Wilms - Le Pacte - 12 juin 2019 - 1h28
Stubby
Un chien qui sauve des vies américaines... il y a tout pour le pire cauchemar de l'animation. Chouette: Stubby est sauvé par une étonnante mélancolie.
On devine à chaque instant ce qu'aurait pu être ce dessin animé si Disney ou un autre gros studio s'étaient emparer de cette histoire vraie de la Première Guerre Mondiale. Les trompettes de la gloire. Des scènes spectaculaires. Un chien tout mignon pour vendre des figurines et des peluches.
Divine surprise: Stubby est un film simple. Les finances ne sont pas colossales. Cela oblige à beaucoup d'astuces et de volonté pour raconter la grande guerre à travers les yeux d'un chien, courageux et qui se comportera comme un chien.
Nouvelle idée assez rassurante: pas d'anthropomorphisme. Pas de clin d'oeil avec un public cynique ou une envie de détendre l'atmosphère. Non, rien de tout ça: Stubby est un chien abandonné qui deviendra la coqueluche d'une troupe d'Américains perdus au milieu de nos tranchées. Il aboie. Il court. Il se comporte comme un toutou. Il cabotine tout de même. Il tente de survivre comme son maitre.
C'est là le point fort de ce dessin animé pour les enfants: il aborde un sujet peu traité, la guerre. La mise en scène prend alors bien soin d'enlever toute violence. Pourtant le drame n'est pas edulcoré. Il est personnalisé par une voix off qui nous offre une jolie note de nostalgie et par l'amitié entre le maître et un soldat français qui semble donner de la vigueur au morne Gérard Depardieu qui prète sa voix.
Constamment le film apporte des touches mélancoliques qui nous permettent d'oublier une production un peu chiche mais qui a du coeur, à l'image de Stubby. On est vite désarmés. On oublie l'affreuse affiche et les préjugés. Stubby est une belle découverte pour les petits et les grands, heureux d'échapper à l'ogre industriel aux grandes oreilles.
Eurozoom - 22 mai 2019 - 1h28
Young & dangerous
Des petits Anglais se prennent pour les Guns ou Aerosmith... le big barnum du rock'n'roll continue pour notre plus grande joie!
Depuis 2014, The Struts évitent soigneusement de ressembler à d'autres groupes anglais de leur époque. Les quatre garçons dans le vent prennent le large. Ils convoquent plutot Gary Glitter ou Freddie Mercury.
Ils aiment jouer du rock comme des divas. On devine chez eux, la folie des grandeurs. Ils ont tapé dans l'oeil de Rolling Stones et les Foo Fighters. Rien de surprenant: ils semblent écrire pour les stades et chercgent à emporter les foules.
Leur détermination est louable. Leur gout pour le kitsch fait rire franchement. Mais il est vrai que ces clowns semblent vouloir être pris au sérieux. Ce deuxième effort détaille tous les talents de ces joyeux drilles du rock'n'roll!
On roule donc sur les routes poussièreuses de ce rock qui crache et fait des flammes. The Struts sont bien les descendants de The Darkness et tous ses artistes qui ont mis des paillettes pour se prendre pour des gros rockeurs bien baveux.
Les lignes sont claires. Les riffs sont bruyants et Luke Spiller, leader à la voix criarde, fait le show. Le petit plus du disque, c'est cette introduction d'éléments bien groovy dans le moteur crasseux du rock. Ce n'est pas du meilleur gout mais le quatuor est habile et arrive à nous convaincre qu'il pourrait être l'avenir du rock, genre qui n'a plus la cote du coté des charts du Monde entier... wait & see.
Interscope records - 2019
Longtemps
Effectivement cela faisait très longtemps que Constance Verluca était silencieuse. 12 ans de réflexion pour un second joli disque très sixties.
Longtemps. Il faut monter loin dans le temps pour trouver la source d'inspiration de la parisienne endormie. On entend bien dans ses chansons l'influence de Françoise Hardy avec ce sens de la ritournelle éthérée mais vite essentielle.
Constance Verluca vient à la musique de temps en temps donc elle va effectivement vers des refrains délicats au propos doux amer. Elle entretient cette fausse naïveté qui fait le charme de la pop des années 60.
Longtemps. Cela faisait effectivement un bail que l'on n'avait pas entendu un disque aussi joliement ficelé. Aidé par le discret mais solide Julien Baer, les notes se fredonnent et les instruments se lovent avec une infinie souplesse.
La chanteuse nous embarque dans un petit univers simple et direct. Il y a quelque chose d'enfantin. L'épanouissement de Constance Verluca se ressent et elle nous donne de l'énergie avec des chansons souvent courtes mais délicieuses par leur sincérité.
Longtemps. Longtemps, cet album va rester sur votre platine. Parce la chanteuse a un charme incroyable, parce que la musique cache des arrangements comme on n'en fait plus. Parce qu'il est la chose la plus futile et formidable du moment, Longtemps est un retour assez grandiose d'une artiste un peu trop discrète.
Varenne Varenne - 2019
BIGRE – Pierre Guillois – Théâtre du Rond-Point
Bigrement drôle !
Deux hommes, une femme : trois voisins de palier. Ils vivent chacun d’entre eux dans des boîtes aux allures de chambres de bonne. Chaque personnage, chaque chambre a son identité. Les trois habitations mitoyennes en coupe longitudinale sont face au spectateur, comme trois diapositives, trois vignettes d’une pellicule cinématographique en mouvement permanent.
Les personnages sont singuliers. Mon premier est un Hardy moderne à perruque vivant dans un 9 m2 hyperconnecté. Mon deuxième est un Laurel Robinson vivant dans un fatras de boîtes empilées et dormant dans un hamac. Ma troisième est une Baby Doll vivant dans un 9 m2 "Girly". Mon tout est un enchaînement de gags burlesques rappelant les gestuelles de Keaton, le silence musical des films muets. Les tableaux se succèdent autour de rapports de séduction, de voisinage, et de relations sociales, chaque personnage évoluant en interaction avec les autres. Une cohabitation forcée qui donne naissance à une polyphonie colorée de sens et d'esprit.
Molière de la meilleure comédie en 2017, Bigre emporte rapidement le spectateur dans la mécanique du rire, du comique de situation, en passant par le comique de répétition, de gestes et de caractère. L’humour se veut grinçant, voire "trash". Appuyé par une technicité de haut vol et des enchaînements millimétrés, le spectacle défile à un rythme visuel et sonore qui maintient les zygomatiques du spectateur en haleine. Une farce folle à ne pas manquer.
https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/bigre1/
Tournée :
3 ET 4 DÉCEMBRE 2019 SCÈNE NATIONALE / ALBI (81)
13 ET 14 DÉCEMBRE 2019 LE CARRÉ / SAINTE-MAXIME (83)
17 ET 18 DÉCEMBRE 2019 THÉÂTRE D’ESCH / LUXEMBOURG
15 MAI 2020 LES BORDS DE SCÈNES / JUVISY-SUR-ORGE (91)
DU 2 AU 27 JUIN 2020 LE QUARTZ – SCÈNE NATIONALE / BREST (29)