La poule aux œufs d’or, Claude Izner, éditions 10-18

  

Après les douze volumes des aventures de Victor Legris, libraire rue des Saints-Pères à Paris à la fin du XIXe siècle, les deux sœurs Laurence Lefèvre et Liliane Korb (alias Claude Izner) ont opté pour un autre personnage, tout aussi intéressant, Jeremy Nelson, un jeune pianiste américain. Cette fois, si les intrigues se passent toujours à Paris, elles ont lieu durant les Années folles.

La poule aux œufs d’or est le troisième opus de cette saga. On retrouve bien sûr Jeremy, mais aussi le jeune Sammy, qui prend davantage d’importance et l’accompagne désormais dans ses aventures, tout en se découvrant une passion pour le cinéma. Si celui-ci n’en est pas à ses balbutiements, il ne connaît pas encore le parlant. Et voici les deux amis immergés dans le monde du septième art, avec sa magie, mais aussi ses - gros- défauts. Personnages aux egos surdimensionnés, midinettes-starlettes avant l’heure- qui rêvent de gloire, réalisateurs insupportables et à la limite de la caricature, bref le décor est planté.

Après la scénariste qui disparaît mystérieusement, d’autres suivront et des cadavres seront trouvés : il se passe décidément des choses étranges pendant le tournage ! Chacun des personnages est haut en couleurs, de la jeune kleptomane au magicien, décrit avec précision, d’une écriture fluide, et tellement réaliste qu’on s’imagine le voir si l’on ferme les yeux. C’est un élément récurrent dans les ouvrages de Claude Izner : grâce à leur utilisation du langage recherché ou de la gouaille, les descriptions vestimentaires, les improbables aventures d’inconnus et les clins d’œil à d’autres -plus connus- on pourrait se croire au cinéma. Leur univers est en effet très visuel. Et toujours extrêmement bien documenté.

Ici, l’intrigue est menée de façon haletante et, de la matriochka cachée dans le piano de Jeremy au conseiller artistique mystérieux, tout est mené tambour battant. Mais qui est l’assassin ? Vous le saurez en lisant ce livre…

 

 

 

Amyl & the sniffers

En Australie, on aime le rock à l'ancienne.

Elle s'appelle Amy Taylor. Blonde, elle a partagé un appartement à Melbourne avec quelques joyeux rockeurs. Ensemble, ils ont dû faire surchauffer la patience des voisins en découvrant les joies du bon vieux rock'n'roll.

Celui qui casse les oreilles. Le rock qui se joue vite et pas toujours bien. Le rock des Ramones et des punks primitifs. La belle Amy Taylor bavarde avec un entrain que l'on entend pas depuis longtemps. C'est vintage.

Pourtant on est saisis ces dernières semaines par ce retour à un rock qui balance grave sans contrainte et avec une envie certaine d'en découdre. Tout récemment, les DC Fontaines ont remis la rue au milieu de la scène musicale anglaise. Les petits bourgeois vont pouvoir rougir de plaisir sur des riffs furieux de ce groupe australien au mauvais gout original.

Et en plus, Amy Taylor a le sex appeal et la voix de ces gonzesses qui n'ont peur de rien dans le milieu viril du rock. Elle a une énergie que tout homme jalouserait. Son trio de potes, tout droit venus des années 70 (avec une petite passion pour la coupe mulet), reproduisent ce rock rageur et populaire avec un sens de la fraternité qui devrait faire son petit effet sur scène.

Rough trade records - 2019

Balthazar: entertainment

Yours to keep

On poursuit notre périple de l'autre coté du Monde avec un groupe assez gonflé et très attachant: Sticky Fingers!

Il faut dire qu'il faut une certaine dose de folie ou de jemenfoutisme pour prendre le nom d'un des plus fabuleux albums des Rolling Stones. Les doigts gluants. La grande classe pour un groupe au look assez fantaisiste, qui ne déplairait pas aux Nordistes de Marcel et son Orchestre.

Dylan Frost et ses copains ont une touche impossible mais ils défendent bien une idée. La musique n'est qu'une question de fusion. Leurs chansons se promènent sur un spectre aussi large que l'Australie.

Leur musique est mainstream mais elle est d'abord ludique puisque les musiciens ne sont jamais là où on les attend. Le chanteur semble avoir une vie aussi dissolue que Keith Richards. Ses soucis se concentrent dans sa musique.

On entend donc un rock poli, qui glisse vers des choses plus urbaines de temps à autres. On pourrait parler de musique psychédélique puisque le groupe a clairement la bougeotte et change de registre dix fois, et parfois plusieurs fois sur la même chanson.

La sobriété de l'album surprend un peu mais ce disque donne de l'espoir pour la pop. Elle peut échapper aux standards. Elle peut avoir un aspect réellement populaire, vivant, qui nous réconcilie en quelques chansons avec le genre!

Sureshaker & Sticky Fingers - 2019

Balthazar: do not claim them anymore

Douleur et Gloire

Pedro Almodovar se livre. Le filtre est plus mince que jamais. Il retrouve Antonio Banderas, double malicieux du cinéaste. Les retrouvailles sont sincères mais un peu vaines.

Que c'est beau, un film d'Almodovar! Comme un Woody Allen, c'est un rendez vous. Dont on ressort rempli et heureux. Raffiné, le cinéaste parle de lui pour toucher à l'universel. Ses coquetteries cachent une profondeur qui fait aimer son cinéma et le septième art du manière générale.

Douleur et Gloire n'échappe pas à la régle. Les décors sont chiadés. Les femmes sont fanstasmées. Le scénario se vend au dieu cinéma. Les entourloupes de Almodovar sont finalement louables car tout est tourné vers cet art qui a fait d'Almodovar, une référence internationale. Les jeux de miroir ont été sa marque de fabrique.

Cette fois, il se regarde frontalement. La seule astuce: il retrouve son complice d'Attache Moi, Antonio Banderas. Le comédien jubile à se faire la tête de Pedro. Il embrasse tous ses angoisses et toutes ses drôles d'habitudes.

Salvador Mallo est donc un réalisateur sans idée et sans scénario. Il n'est que douleurs. Il vit avec ses médicaments, sa secrétaire et sa bonne. Il doit pourtant sortir de sa retraite lorsque son plus grand succès doit être célébré par la cinémathéque. Le passé refait surface...

Et notre homme est submergé, entre un comédien faché, des habitudes toxiques, un ancien amant et surtout des souvenirs prenants de sa maman. Et au milieu de tout cela, il y a le cinéma. Cette passion dévorante. Ce recul nécessaire. Cette clef de voute à l'existence dans le cas du héros et du véritable Almodovar.

Douleur et Gloire est un film sur le cinéma, véritable colonne vertébrale d'un anxieux défaitiste un peu misanthrope. C'est le bilan de santé d'Almodovar. Le cinéma construit et nourrit les souvenirs. Il s'en inspire. Pour Almodovar, c'est une grande lessiveuse de sentiments.

C'est donc très beau. Mais peut être un poil convenu. Le couplet personnel sur la mère ressemble à une redite de certains de ses films précédents. Il n'y a pas de surprise. Mais il ne faut pas bouder son plaisir quand un grand comédien retrouve un grand cinéaste, il y a forcément un fascinant spectable à admirer! Ce n'est pas douloureux, ne vous inquiétez pas!

Avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia et Penelope Cruz - Pathé - 17 mai 2019 - 1h50

Sybil

Après Victoria, Virginie Efira se voit une nouvelle fois offrir un grand rôle féminin par la réalisatrice Justine Triet...

Et bien sûr que la comédienne a dû être un peu déçu lorsque le prix d'interprétation du festival de Cannes est allée à une autre. La vie est parfois cruelle et c'est ce que montre Sybil, sorte de thriller psychologique où Virgine Efira en impose, une fois de plus.

Car Virginie Efira est dans tous ses états. Elle rit. Elle pleure. Elle baise. Elle chante. Elle est la maman et la putain. Elle est une psychologue qui quitte son boulot pour se consacrer à l'écriture d'un livre.

Une de ses patients lui donne l'inspiration... mais le petit jeu va se révéler dangereux. La psy va glisser petit à petit vers une douce folie, nourrie par le cinéma et toutes ses ambiguités. L'art imite le réel. L'effet miroir va être crucial pour cette jeune femme qui voit tous ses fantasmes remonter à la surface.

Celle qui conseille les gens voit ses repères disparaitre et une abime s'ouvre devant elle. Qui a la forme d'un volcan ou d'un ménage à trois explosif. Justine Triet tisse une grande toile d'araignée entre analyse, famille, souvenirs et clients pour le moins hystérique, qui va servir de piège à une femme peut être un peu trop sûre d'elle.

Justine Triet est douée pour nous perdre dans un portrait de femme, de moins en moins léger et de plus en plus désespéré. Comme Almodovar cette année à Cannes, la cinéaste s'interroge sur le rôle de la fiction dans la vie. Elle le fait avec un aplomb surprenant mais appuie un peu trop sur la démonstration. Elle est rusée. Elle le sait. Elle le montre.

La complexité de l'héroïne se transforme en labyrinthe des passions. C'est souvent convaincant mais au bout d'un moment, on a un petit soupçon sur l'envie hitchcockienne de la réalisatrice. Elle en fait trop.

C'est dommage car pour une fois on avait droit de beaux rôles féminins. Il y a Sybil au centre mais toutes les autres femmes du film sont enigmatiques et mériterait bien un film à leur nom.

Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel et Sandra Hüller - le pacte - 24 mai 2019 - 1h40

Aladdin

ET UN NOUVEAU FILM CAPTURÉ POUR DISNEY, ÇA NE DATE PAS D’HIER, APRÈS LES « 101 DALMATIENS », « LA BELLE ET LA BÊTE », « LE LIVRE DE LA JUNGLE »,ET DERNIÈREMENT « DUMBO », RIEN N'ARRÊTE LES EXECUTIFS.

D’AUTRES SONT PRÉVUS POUR CETTE ANNÉE ET LES PROCHAINES. MAIS ALORS CE GÉNIE BLEU SOUS LES TRAITS DE WILL SMITH ET GUY RITCHIE AUX COMMANDES, ÇA VAUT QUOI ? ÇA AURAIT PU ÊTRE N’IMPORTE QUI D’AUTRES DEVANT ET DERRIÈRE LA CAMÉRA, CELA AURAIT ÉTÉ LA MÊME.

LES AUTRES ACTEURS SONT D’AILLEURS INCONNSU ET CE N’EST PAS PLUS MAL. ALADDIN AURAIT MÉRITÉ D’ÊTRE PLUS CHARISMATIQUE ET UN PEU MOINS CARICATURAL. JAFAR MANQUE DE STATURE ET DE TOUT (GROSSE ERREUR DE CASTING). LE SULTAN N’EST PAS ASSEZ VIEUX ET CLAIREMENT AFUBLÉ D’UNE FAUSSE BARBE. EN FAIT, SEULEMENT JASMINE SEMBLE AUTHENTIQUE.

C’EST UNE ADAPTATION MAIS UN PEU DE DIFFÉRENCE AURAIT ÉTÉ BIENVENUE. LE FILM REPREND PLAN PAR PLAN LE DESSIN ANIMÉ QUE J’ADORE. LES DIALOGUES SONT STRICTEMENT LES MÊMES AUSSI. LA CHRONOLOGIE IDEM. CONTRAIREMENT À TIM BURTON QUI AVAIT APPORTÉ SA PROPRE MAGIE DANS DUMBO. CELUI CI EST TOUT CE QU’IL Y A DE PLUS LISSE. BON EN MÊME TEMPS IL EST DIFFICILE DE FAIRE UNE HISTOIRE PLUS BASIQUE QUE CELLE DU PAUVRE QUI VEUT DEVENIR RICHE.

MAIS MERDE C’EST ALADDIN QUOI ! LE FOLKLORE RÉSIDE DANS LES COSTUMES ET LES BEAUX PALAIS EN MODE BIEN KITSCH ET ON SE CONTENTERA DE CELA C’EST ÉVIDENT. TOUT FAIT THÉÂTRALE ET CARNAVALESQUE, ON A L’IMPRESSION D’ASSISTER A LA FANFARE DU PARC DISNEY, TOURNÉE DANS 20m2 DE STUDIO VERT. Y’A MÊME PAS DE BRUITAGE, D’OISEAUX DANS LE CIEL LOL, PAS DE BORDEL DANS LE SOUK, LA BLAGUE ! COMMENT TU VEUT ÊTRE CRÉDIBLE SI TU DONNES L’IMPRESSION QUE TOUT EST EN CARTON !

LA GROSSE FAIBLESSE DU FILM EST CE BESOIN CONSTANT DE FAIRE RENAÎTRE LA COMÉDIE MUSICALE. EN ANIMÉ ÇA PASSE BIEN SURTOUT QUAND ON EST ENFANT MAIS BEAUCOUP MOINS EN FILM. LE PONPON DU RÊVE BLEU, VAUT LE DÉTOUR, C’EST D’UNE LAIDEUR SANS PAREIL ! LES CHANSONS SONT FIDÈLES ET DE CONNAÎTRE LES PAROLES ÇA AIDE. OUI J’ASSUME. MAIS ALORS LES ACCÉLÉRATIONS ET RALENTIS DANS LES CHORÉGRAPHIES ET DANS QUELQUES AUTRES SCÈNES, C’EST JUSTE TRÈS MOYEN.

A CROIRE QUE GUY RTICHIE NE PEUT S’EN EMPÊCHER. POURTANT IL N’Y A PAS MATIÈRE À METTRE QUELQUE EFFET. DÉFINITIVEMENT NOT MY GUY ! QUAND LE FILM COMMENCE AUSSI MAL IL EST DIFFICILE DE SE RATTRAPER, ET C’EST LE CAS ICI. DANS L’ENSEMBLE C’EST UN FIASCO. TOUT CE QUE J’AIME D’ALADDIN A ÉTÉ ENGLUÉ SOUS UNE MONTAGNE DE CLICHÉS, DE CARICATURES, TOUT SEMBLE ARTIFICIEL, MÊME LES BIJOUX DE LA REINE FONT TOC.

LA SCÈNE DE L’ESCALADE VERS LA LAMPE AURAIT PU LE FAIRE MAIS C’EST TELLEMENT MOCHE QUE ÇA FOUT TOUT EN L’AIR. CONTRE TOUTE ATTENTE C’EST LE GÉNIE QUI S’EN SORT LE MIEUX. VISUELLEMENT PAS DEGUEU ET DANS LES SÉQUENCES LES PLUS INTÉRESSANTES ET DROLE DU FILM. WILL SMITH EST PARFAIT ET FAIT OUBLIER LE RESTE, BIEN DOMMAGE QU’IL ARRIVE APRÈS UNE HEURE DE FILM.

C’EST SÛREMENT PARFAIT POUR DES ENFANTS D’AUJOURD’HUI OU C’EST PEUT-ÊTRE MES YEUX QUI SONT BIEN ADULTES OU SIMPLEMENT QUE CE FILM EST UNE BLAGUE. JE PRÉFÈRE OPTER POUR LA DEUXIÈME, ET ME REFAIRE CE RÊVE BLEU DE 1992, LE PRINCE ALI OUI C’EST BIEN LUI.

AVIS AUX AMATEURS.

Avec Will Smith, Mena Massoud, Naomi Scott et Marwan Kenzari - Walt disney - 22 mai 2019 - 2h05

Balthazar: Fever

Flow State

Allez cette semaine, on fait un tour du coté de l'Australie et on se met la tête à l'envers avec des petits disques bien dépaysants, qui donne l'envie de voyager à l'autre bout du Monde.

Honneur aux dames avec Tash Sultana, grande musicienne qui a le cv révé pour être une star ultime. Car, le storytelling de la jeune femme de 23 ans pourrait inspirer un excellent biopic avec grandeur et décadence. Calvaire et renaissance.

La drogue. La psychose. L'adolescence douloureuse, Tash Sultana a été sauvé par la musicothérapie. Elle est devenue une touche à tout sûre d'elle. Elle a joué dans la rue. Elle y a trouvé l'assurance et l'expérience. Un beau jour, le miracle de Youtube se produit. Une vidéo la révèle à son pays et au monde entier.

Le succès est fulgurant et la jeune femme s'y accroche avec un professionnalisme incroyable. Elle monte son label. Engage une tournée mondiale. Son premier disque est une oeuvre pop mais jamais formaté. On sent bien l'esprit libre des Australiens, les bagnards devenus des personnes respectables.

Son univers n'est pas décalé. Il est d'une cohérence impressionnante. Elle joue de tous les instruments dans son disque mais surtout elle impressionne par des compositions directes et s'amuse avec tous les genres. Les plages instrumentales sont d'une générosité totalement inattendue.

On devine bien chez elle, le désir de féminiser le principe du guitar hero mais Flow State est d'une richesse qui nous fait tout oublier et nous embarque pour un très joli voyage sonore...

Lonely lands records - 2018

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