V
Des rockeurs qui font dans le jazz... ou l'inverse. Perdez vous avec The Budos Band!
Quand on les voit, on a bel et bien l'impression d'être en face de gros vikings qui ne rêvent que de gratter très fort sur des six cordes en faisant un maximum de bruit.
Pourtant cette bande de poilus fait plutôt dans le jazz. Pas celui qui se joue dans les cadres feutrés des clubs new yorkais. Pas celui qui se joue en costumes. Non, le jazz de The Budos Band est plutôt libre.
Il court sur les crétes de tous les genres. On les imaginerait bien jouer un bout de musique avec Frank Zappa, plus grande tête chercheuse de l'histoire du rock'n'roll.
Ils ont dévié vers quelque chose de plus psychédélique et les pochettes de leurs oeuvres témoignent effectivement d'un amour pour les sons mystiques et les titres barrés.
Ce cinquième album n'échappe pas à la règle. On est dans un style qui pratique joyeusement la fusion. Le rock le plus brut vient se confronter à des textures jazzy. Le saxophone se prend pour une guitare électrique du Grateful dead. Les ambiances empruntent aux premiers Genesis.
C'est cinématographique en diable. On voyage avec The Budos Band. Etrangement, on reconnait trop souvent les contrées visitées mais elles ne sont pas désagréables pour autant. On vous les recommande même, si vous cherchez un peu d'originalité...
Daptone records - 2019
L’été suivant
Nous sommes pour des combats justes et forts, c'est pourquoi il est important aujourd'hui de soutenir la musique d'ambiance!
Finalement la musique peut être un parapluie aux petites misères, aux grands titres de la presse qui nous engueulent, aux angoisses qui collent à nos baskets!
La musique peut nous consoler de tout et nous plonger dans une autre atmosphère, un ailleurs bienveillant ou tout simplement différent. C'est un souffle de liberté!
Les membres de Limousine sont très libres: ils osent la musique d'ambiance. Musiciens parisiens, très demandés, ils s'échappent sur des plages instrumentales, décalées ou d'un autre temps.
L'été suivant, c'est donc l'éloge de l'évocation. On s'imagine dans un polar lumineux et poisseux. Ils prennent l'air au bord de la mer au fil de chansons étranges et suggestive.
Le quatuor parisien organise un détournement d'easy listening et de jazz. Il est chaleureux. Effectivement, on ressent le farniente et le doux ennui de l'été. Il pointe alors une sorte de spleen, assez agréable à découvrir.
On entend effectivement la bande son idéal pour s'évader. Limousine a une classe discrète mais folle. Imaginons un hommage au guitariste jazz Bill Frisell par des popeux aventureux. Cet été promet d'être chaud. Avec eux, il est beau en plus! Et finalement Limousine nous conduit vers cet ailleurs si agréable!
EOS Records - 2019
Ouvre la porte
A Toulouse, on trouve des Gilets Jaunes en colère et des rugbymen qui performent! Ca bouge beaucoup là bas et cela donne des idées remuantes à El Gato Negro!
Ce globe trotteur a déjà fait preuve d'une belle énergie venue d'Amérique du Sud. Cumbia, Cha cha, rythmes cubains,l'exotisme était au rendez vous pour ce Francais curieux et fantasque!
Son second album a effectivement ouvert des portes comme le dit le titre de ce nouvel effort! Axel Matrod a trouvé des inspirations ailleurs. Il est allé sur le continent africain. Le disque est un coktail endiablé de secousses afro-beats et envies de salsa.
Son oeuvre est celle d'un révolté. Les sons chauds ne cachent pas un constat froid sur la situation en Europe. Les migrants. Le racisme. Le couplet habituel et désespérant mais le bonhomme tend un piège avec des musiques qui viennent elles aussi de très loin!
Mais dans chaque morceau, le jeune homme et ses amis (on y trouve le batteur de Bumcello ou le producteur Alex Gopher) défend avec un mordant réjouissant un humanisme assez lucide et élégant.
Roublard, doué, osant les chants en français, El Gato Negro passe un cap avec cet album franc et protéiforme. Il ouvre la porte; nous, les oreilles!
Que buen momento - differ ant - 2019
Le vent de la liberté
Whoua le meilleur de Steven Spielberg depuis longtemps! Hein? C'est pas lui? Un film allemand? Bah whoua quand même!
Effectivement le cinéaste Michael Bully Herbig connait bien son petit Spielberg illustré. Tout fait penser au père de Indiana Jones. La reconstitution. Les décors. La lumière. Et même la narration.
C'est bien là où se trouve la force de ce récit historique, qui raconte une histoire vraie tout simplement incroyable. Deux familles, dans l'Allemagne de l'Est en 1979, décident de quitter la dictature socialiste de manière surprenante. Ils fabriquent une mongolfière. Un premier essai raté éveille les soupçons de la Stasi. Une course contre la montre s'engage alors...
Et c'est parti pour un thriller haletant qui emprunte beaucoup à l'efficacité des films américains. Et Le Vent de la Liberté prend le meilleur en développant des personnages très touchants. L'excellent idée c'est cette introduction fracassante où l'on nous jette dans l'action.
On pourrait penser à une erreur de bobine. Michael Bully Herbig, humoriste allemand, maintient une tension jusqu'à la fin de son métrage en jouant avec les doutes, les erreurs et les espoirs de nos deux familles qui n'en peuvent plus de sourire aux préceptes soviétiques.
Comme Spielberg, l'ordinaire et l'extraordinaire se mélangent dans un suspense qui ne lache pas le spectateur. Tout comme l'impressionnante paranoïa autour de la Stasi. Entre les gilets jaunes et Julian Assange, la Stasi a quand même tout d'un vestige qui permet de relativiser le monde d'aujourd'hui.
Ode à la persevérance, suspense maîtrisé, chronique familiale, film historique, Le Vent de la Liberté est un spectacle total donc recommandable. A ce niveau, la réussite est stratosphérique! Manque plus que la musique de John Williams!
Avec Friedrich Mucke, Caroline Schuch, David Kross et Thomas Kretschmann - ARP - 10 avril 2019 - 2h02
Simetierre
Stephen King et le cinéma c'est une longue histoire d'amour... pour le meilleur et souvent pour le pire.
Quelques chefs d'oeuvre: Carrie, Shining, Les Evadés ou The Mist. Sinon pas mal de séries B ou carrément Z avec en référence ultime (et sympathique), Maximum Overdrive, unique tentative de l'écrivain, de réalisation. Depuis le milieu des années 70, Stephen King a marqué la production horrifique américaine.
Là dessus on est tous d'accord. Depuis le succès de Ca, l'année dernière, ce les remakes des premières adaptations qui reviennent (vous suivez). Cette fois ci il s'agit du saisissant Simetierre de connaitre une nouvelle version.
Le bouquin était terrifiant. Le film avait des défauts mais avait su mettre sur pied une ambiance glauque. Le remake de Kevin Kolch et Dennis Wydmier relève plus de la bonne blague!
On tente de rentabiliser le nom et la notoriété du premier film pour servir un petit spectacle d'épouvante qui aurait évidemment mérité beaucoup mieux. Cela dit, Simetierre a le très grand mérite de poser des questions qui font mal comme la perte d'un enfant, pierre angulaire de cette descente aux enfers pour un petit couple bien sous tout rapport.
Le meilleur du récit, c'est bel et bien cette lente décomposition de l'idéal familial. Le papa travaille. Maman s'occupe de la maison. Les enfants jouent dans le jardin. Mais la mort rode tout autour avant de pénétrer la sacro sainte famille.
Le discours subversif subsiste à la sage réalisation et à l'interprétation un peu trop polie. Autrement on se dit qu'en 1989, Mary Lambert allait bien plus loin dans l'horreur et osait un peu plus.
Si les obsessions de King restent là, elles ne sont pas mises en valeur par un spectacle qui éviterait de trop contrarier le spectateur. On a l'impression que les auteurs ne veulent pas trop s'encombrer de psychologie pour aller à l'essentiel. Mais ils se trompent. Attachants malgré tout, les personnages sont schématisés. Les raccourcis sont voyants. L'émotion ne passe pas. Et ne justifie pas la partie fantastique, troublante aussi. Un comble pour un film d'horreur!
Avec Jason Clarke, Amy Seimetz, Jeté Laurence et John Lightow - Paramount - 10 avril 2019 - 1h38
Unicorn store
Ha les Américains et leur innocence perdue, c'est toute une histoire!
Depuis Spielberg et ET, nos voisins d'Amérique ont bien du mal à assumer leur part d'enfant. Le monde adulte est cruel. La vie est rude. Il ne faut pas oublier sa petite âme d'enfant, ses premiers rêves et l'amour inconditionnel...
C'est ce que défend Kit, grande blonde qui voudrait être une artiste et qui doit rentrer dans le moule bien gris de la vie active. Intérimaire, elle débarque dans une compagnie qui s'occupe d'aspirateurs. Ses parents sont ravis. Mais elle pense toujours à ses licornes. D'ailleurs un jour elle recoit une mystérieuse invitation d'un magasin pour le moins surprenant...
Brie Larson, nouvelle mascotte de l'Amérique défend donc l'enfance à tout prix. Révélée et récompensée par un Oscar dans le film Room, starifiée par le sympathique mais oubliable Captain Marvel (où elle retrouve Samuel L Jackson), la comédienne devient réalisatrice avec elle aussi une certaine candeur.
Unicorn Store n'est pas un chef d'oeuvre, mais sa simplicité a le mérite de faire des merveilles et va très bien au sujet. Brie Larson s'amuse beaucoup à imaginer cette adulte qui ne veut pas grandir. Cela donne des scènes assez drôles et elle gère assez bien l'amertume de cette Amérique qui s'oblige à devenir responsable dans une société qui materne en permanence.
On pourra regretter une réalisation sans grande imagination (un comble presque à la vue du thème) mais il y a un vrai charme dans ce petit film mignon comme une licorne et qui de toute façon célèbre l'imagination, première source de plaisir du Septième Art!
Avec Brie Larson, Joan Cusack, Mamoudou Athie et Samuel L Jackson - Netflix - 1h30
Royal corgi
WARF WARF WARF...! HA LE FAMEUX CHIEN DE MADAME LA QUEEN ELIZABETH.
SYMPATHIQUE PETIT CORGI, BEAUCOUP MOINS AUPRÈS DE SA MAITRESSE, APRÈS AVOIR MORDU LES BIJOUX DE DONALD TRUMP. C’EST AINSI QU’EN UN CLAQUEMENT DE DENT, LE PRÉFÉRÉ DE LA REINE N’EST PLUS.
FINI LES MUGS, LES DRAPEAUX, LES ASSIETTES À SON EFFIGIE, LES 1000 PHOTOS EXPOSÉES PARTOUT. SURENCHÈRE DE GOODIES ET DU STYLE MADE IN BRITAIN. MÊME DU HAUT DE SES 150 ANS, LA REINE N’EST PAS CONTENTE ET LE LUI FAIT BIEN SAVOIR...
ON SUIT DONC LES AVENTURES DE CE PAUVRE CORGI PRÉNOMMÉ REX, QUI SUITE À SA PUNITION, S’EST ENFUI DE BUCKINGHAM PALACE. UN ROAD TRIP CANIN POUR RETROUVER SON CHEMIN ET TROUVER SON IDENTITÉ MAIS SURTOUT RETROUVER GRÂCE AUPRÈS DE LA REINE MÈRE QUI EN ATTENDANT, A REMPLACER SON POILU PAR L’UN DES 3 AUTRES CHIENS DÉJÀ À SA DISPOSITION.
ÇA AURAIT ÉTÉ MON IENCH, DEJA LE COUP DE TRUMP BRAVO ET PUIS MON BUBU IL EST IRREMPLAÇABLE LOL BREF. C’EST MIGNON SUR CERTAINS POINTS, ILS ONT ESSAYÉ DE FAIRE DANS LA MÊME LIGNÉE DE « COMME DES BÊTES » MAIS C’EST RATÉ.
VISUELLEMENT CA PEUT PLAIRE, CA CHANGE MAIS CE N’EST PAS DU TOUT MA TASSE DE THÉ. LA MUSIQUE EST NULLE MAIS ELLE EST SURTOUT NON STOP. LA
CARICATURE DE DONALD ET MELANIA FAIT SOURIRE. LA SATIRE DU MARIAGE FORCÉ ET DU HARCÈLEMENT ET L’HYPER SEXUALISATION MÊME CHEZ LES CHIENS BEAUCOUP MOINS.
CE N’EST PAS UNE HISTOIRE COMMUNE SURTOUT POUR UN ANIMÉ MAIS C’EST UN POIL DE CHIEN DÉPLACÉ POUR UN FILM VRAIMENT FAIT POUR LES TOUT PETITS. ENCORE QUE JE ME POSE LA QUESTION DE POUR QUI EST FAIT CE FILM.
JE SUIS POUR ABORDER TOUT PLEIN DE SUJETS MAIS LA, CE N’EST PAS APPROPRIÉ. ET ÇA CE N’EST QUE LA PREMIÈRE PARTIE DE L’HISTOIRE. D’ASSEZ MAUVAIS GOÛT, D’AILLEURS, DANS LE GENRE LES SIMS A LONDON.
BREF BIZARREMENT C’EST LA DEUXIÈME PARTIE, UNE FOIS QUE REX EST DEHORS, QUI MÈME EN ÉTANT SANS SURPRISE, REHAUSSE UN PEU LE FILM. NANA JE DECONNE, ON VOIT L’UNIVERS DES CHENILS ET PUIS VOILA. MÊME LES PERSONNES QUI VIENNENT ADOPTER UN CHIEN NE PRENNENT PAS DE LAISSE. CA MANQUE VRAIMENT D’UN SCÉNARIO, À CROIRE QUE CEUX QUI ONT FAIT CE FILM N’Y CONNAISSENT RIEN AUX CHIENS.
CE N’EST PAS DRÔLE. ALORS BIEN SÛR QU’ON LE TROUVE MIGNON ET ADORABLE LE JOLI TOUTOU. MAIS EN DEHORS DE CELA, IL NE SE PASSE RIEN. C’EST VRAIMENT LOIN D’ÊTRE LE MEILLEUR FILM D’ANIMATION DE TOUS LES TEMPS. IL Y AVAIT DE QUOI FAIRE MAIS CA AURAIT PU SE CONTENTER D’UN DIRECT DVD OU D’UN PROGRAMME TV.
AVIS AUX AMATEURS
Appolo films - 10 avril 2019 - 1h22
Signs
On aimait bien cracher sur l'Amérique et ses défauts. Encore plus depuis qu'ils ont un grincheux de couleur orange à la tête des Etats. Aujourd'hui il faut quand même leur reconnaitre qu'ils sont fortiches quand ils font du rock!
Le vrai. Le classique. Celui où il y a des guitares qui brillent. Ou il y a une chanteuse à sauver. Ou il y a des cuivres pour romancer l'ensemble. Tedeschi Trucks Band est d'ailleurs une histoire d'amour.
D'un coté il y a la blonde Susan Tedeschi, chanteuse et guitariste indépendante. De l'autre, il y a Derek Trucks, poilu virtuose de la six cordes lui aussi, depuis qu'il a neuf ans d'ailleurs. Ces deux là s'aiment tendrement et prolongent leur passion au sein d'un groupe. C'est trop beau pour y croire. On pense un peu à Fleetwood Mac...
Les époux font donc preuve de fidélité au blues sur des chansons aussi lisses qu'efficaces. Tout y est. On jubile comme devant un western où les méchants sont de toute facon punis à la fin.
Ici les amoureux rendent justice au blues rock, à la soul, au gospel. C'est la chevauchée fantastique (des poissons comme le suggère la pochette). Et tout finira sur un happy end.
Il n'y a pas de surprise mais ce rock a le grand mérite d'être assez réjouissant et sacrément généreux. Ca gomme bien les défauts de ce grand pays, qu'ici on aime détester...
Fantasy - 2019
Droles de petites betes d’Antoon Krings
Difficile de résister à ces petites bestioles au coeur d'une grande et belle exposition!
Avant toute chose, un aveu: la lecture des livres d'Antoon Krings sont une torture. Drôles de Petites Bêtes profite d'une superbe illustration mais pas forcément d'un texte facile et lisible. C'est la misère même! Paroles de papa qui lit des histoires à ses deux petites filles tous les soirs!
Mais on se rabiboche avec ce monde qui depuis s'est dilué sur d'autres médias avec cette incroyable exposition qui va évidemment ravir les petits mais surtout épater les grands.
Car les auteurs de l'exposition ne se sont pas limités au talent d'Antoon Krings (né à Fourmies dans le Nord de la France ca ne s'invente pas) qui a fabriqué un univers fleuri, précis et inédit.
Non, les petites toiles carrées de l'artiste ne sont qu'un repère dans l'exposition. Oui, les parents vont pouvoir tisser des liens avec d'autres styles, d'autres arts et d'autres talents!
Les références fleurissent dans chaque nouvelle pièce visitée. Les surprises sont nombreuses. L'aspect commercial de l'oeuvre et le coté arriviste de l'affaire disparaissent au profit d'un discours astucieux sur l'art et même l'écologie. Nos enfants ne sont pas pris pour des abrutis. Les grands non plus. Drôle d'exposition!
Au musée des arts décoratifs de Paris - du 11 avril au 08 septembre.