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APRÈS « GET OUT » QUI AVAIT MIS TOUT LE MONDE D’ACCORD, JORDAN PEEL REVIENT DONC AVEC « US ».
THRILLER HORRIFIQUE ASSEZ PERTURBANT SUR LE PAPIER, PAS TEMPS QUE CELA À L'ÉCRAN. EN EFFET, UNE FAMILLE SE VOIT CONFRONTER A LEUR DOUBLE À L’IDENTIQUE, TENTANT TOUT POUR PRENDRE LEUR PLACE, ALORS QU’ILS SONT CONFORTABLEMENT INSTALLÉS CHEZ EUX EN FAMILLE.
MAIS ALORS AU DELA DE CETTE BANDE ANNONCE, QU’EN EST T-IL DU FILM? EH BIEN C’EST PAS LE MIRACLE DU PREMIER, CA C’EST SÛR. LA SCÈNE D’INTRO MET POURTANT BIEN DANS L’AMBIANCE. D’AILLEURS LE T SHIRT « THRILLER » PORTÉ PAR LA GAMINE FAIT SOURIRE, SURTOUT EN CE MOMENT AVEC TOUT CE QU’IL SE PASSE POUR JACKSON.
BREF, LA TENSION RETOMBE UN PEU SUR LEURS INSTANTS DE VIE DE COUPLE ET DE FAMILLE. LES DIALOGUES NE SONT PAS TERRIBLES ET IL Y A BEAUCOUP DE VIDE. MAIS LES PETITS CLINS D’ŒIL ET INDICES SEMÉS ICI ET LÀ SONT TRÈS APPRECIABLES ET REMONTE D’UN CRAN LE RESTE ASSEZ FADE.
TOUT VA BIEN JUSQU’AU MOMENT DE LA PREMIÈRE CONFRONTATION OÙ TOUT DEVIENT TROP ÉVIDENT, VOIR ABSURDE. SURTOUT POUR LE PÈRE DE FAMILLE VRAIMENT TRÈS BÊTE VIS À VIS DE LA SITUATION.
D’AILLEURS SEULEMENT LES FEMMES DE CE FILM SONT CREDIBLES. L’ADOLESCENTE EST SUPER. JE NE PEUX EN DIRE AUTANT DE LEUR FILS ET DU MARI D’ELIZABETH MOSS. ET CE N’EST CERTAINEMENT PAS ANODIN.
C’EST BIEN DOMMAGE PARCE QUE L’AMBIANCE ÉTAIT LÀ, BIEN TENDUE PENDANT 45 MINUTES. Y’A DES SCÈNES BIEN GORE COMME ON AIME MAIS TRÈS REGARDABLES. ON AURAIT VOULU PRESERVER LE MYSTÈRE DE CES DOUBLES PLUS LONGTEMPS.
LE TEMPS QUE LA MÈRE RACONTE SON HISTOIRE. ON A D’AILLEURS BEAUCOUP DE MAL A CROIRE QUE SA FAMILLE NE SOIT PAS AU COURANT. DU COUP TOUT EST BALANCÉ EN 5 MINUTES: AVOIR TOUT EN MÊME TEMPS CA GACHE LE PLAISIR. CE N’EST PAS SUBTILEMENT AMENÉ COMME AVAIT PU L’ÊTRE « GET OUT ».
ON SENT VRAIMENT LA VOLONTÉ DU FILM A EN FAIRE QUELQUE CHOSE AUSSI RÉUSSI QUE « HÉRÉDITÉ » SANS LES AFFRES DE LA RELIGION (QUOIQUE!), MAIS ÇA PASSE À CÔTÉ TRÈS VITE.
LA BANDE SON EST STRESSANTE ET LES CHANSONS BIEN COOL MAIS ÇA NE SUFFIT PAS. ON A BIEN DES RÉPONSES QUANT À LEUR INTENTIONS. LE PROPOS DE LA DUALITÉ ET DE LA DISCRIMINATION EST INTÉRESSANT, MAIS ON N’EN SAURA PAS PLUS SUR LE POURQUOI MAINTENANT. LE FILM EST MAL MONTÉ, MÊME L’HUMOUR DU FILM PASSE MOINS. LE TOUT EST EN DENTS DE SCIE, OSCILLANT ENTRE LE FASCINANT ET LE GROTESQUE.
IL Y’A QUAND MÊME DES SITUATIONS HYPER IRRÉALISTES ET DES DIALOGUES BIEN CON. CA PEINE A TROUVER UN JUSTE MILIEU. CA NE PLAIRA PAS A TOUS, C’EST SÛR ET MOI COMME LE FILM, JE SUIS MITIGÉE. CA AURAIT PU ÊTRE VACHEMENT MIEUX QUE CA, Y’A DE SUPER BONNES IDÉES ET DES VISUELS TRÈS INTÉRESSANTS. JE PENSE VRAIMENT QUE LE PROBLÈME VIENT DU MONTAGE, SANS CELA CA PASSAIT NICKEL. J’EN ATTENDAIS VRAIMENT RIEN ET BAH VOILA ! EN TOUT CAS BEL HOMMAGE A « LA CASA DEL PAPEL » OUI BON MOI AUSSI JE PEUX AVOIR UN HUMOUR DE MERDE.
AVIS AUX AMATEURS
Avec Lupita Nyong'O, Winston Duke, Elizabeth Moss et tim Heidecker - Universal - 20 mars 2019 - 1h55
Le chant du loup
Ils disent des choses que l'on ne comprend presque jamais, pourtant Le Chant du loup est plutot un film de genre français réussi!
Puisque nous sommes à bord d'un sous marin. Le jargon local est pour le moins obscur. Le métier du gars qui gère le sonar est d'autant plus mystérieux. Il cherche le moindre bruit suspect au milieu de l'océan. Un boulot de dingue.
Et lorsque le jeune Chanteraide se plante, il met en danger tout un équipage et toute une mission. Il s'en veut mais il a ce don que l'on appelle sur les bases marines, l'oreille d'or!
Et bien entendu, mis sur le carreau, le jeune homme viendra à la rescousse de la nation en péril, à la veille d'un conflit nucléaire...
On n'en dit pas plus parce que vous allez découvrir les secrets de la force de dissuasion atomique, liée à nos sous marins. On plonge effectivement dans l'univers cloisoné de ce monde en sourdine qui a inspiré Aristote:"Les vivants, les morts... et ceux qui sont en mer!"
La force du réalisateur, c'est bel et bien de fabriquer et passionner son petit suspense avec une totale immersion dans l'armée de mer! On se demande même à un moment si on assiste pas à une version bidasse de Blow Out, chef d'oeuvre de De Palma!
Hélàs non, l'analyse c'est le fort de l'armée mais ce n'est pas non plus une vision en double lecture du divertissement. Mais le niveau est tout de même élevé pour un film de genre à la française. Le casting est viril et correct. Ca pourrait ressembler à de la bédé sur grand écran.
C'est bien fichu, à défaut d'être totalement prenant. C'est juste de la série B qui assume son sujet du début à la fin. Ce n'est pas une pub pour l'armée. Ce n'est pas le thriller de l'année. C'est un bon moment de cinoche pour un samedi soir!
Et parfois, on n'en demande pas plus!
Avec Francois Civil, Reda Ketab, Omar Sy et Matthieu Kassovitz - Pathé - 20 février 2019 - 1h45
Destroyer
Nicole Kidman est une grande actrice. C’est une vérité. Mais son talent est réduit à rien avec un polar très maladroit !
Elle est de tous les plans. Elle sait jouer la nana meurtrie par la vie. Elle pleure. Elle hurle. Elle masturbe un malfrat en fin de vie. Elle se bat comme un bonhomme. Elle picole. Tous ses pores sont tournés vers la performance d’une femme flic qui se fait rattraper par un passé douloureux.
On le sait : Nicole Kidman sait tout jouer. Elle est à l’aise dans tous les genres. Elle aime bien ces derniers temps, jouer les seconds rôles prestigieux. Mais voilà Destroyer ressemble effectivement à un défi pour comédienne ! Alors elle se donne !
Cela se voit beaucoup. On est un poil dans la surenchère. Et la production a bien du mal à suivre l’actrice australienne. Entre la perruque et le maquillage, pour enlaidir Kidman, les faux raccords sont constants et franchement rigolos. Pas sûr que ce soit voulu !
En réalité on devine à chaque instant quel bon polar aurait pu être le film de Karyn Kusama, découverte des années avec Girlfight et qui depuis se prend les pieds dans le tapis hollywoodien avec des nanars féminins comme Aeon Flux ou Jennifer’s Body.
Le coup du flic border line n’est pas nouveau mais il est vrai que la Californie porte bien le spleen du personnage central. C’est assez joli mais l’histoire ne s’incarne jamais au travers de personnages obligatoirement secondaires puisqu’il y a la star et sa performance.
D’ailleurs on sera plus intrigué par Toby Kebbell, l’acteur le plus poissard de la planète. Il faut absolument qu’il change d’agents. Si ce type est engagé dans un projet, vous pouvez être certain que ca ne va pas finir par un gros succès : les Quatre Fantastiques, Ben Hur, WarCraft, Cartel… une jolie collection de ratés qui ne profite pas vraiment de son charisme de cintre. Ce type a tous les « atouts » pour devenir le Christophe Lambert des années 2000. On l’adore.
Donc, lui a aussi une moumoute sur la tête pour montrer qu’il est détraqué, usé et complétement ouf ! Mais quand ca ne veut pas, ca ne veut pas ! Destroyer est une faute de goût, prétentieuse et exagérée. On oublie vite et on demande à Nicole Kidman que retrouver ses petits rôles bien payés ! Place aux jeunes. Toby par exemple !
Avec Nicole Kidman, Sebastian Stan, Toby kebbell et Tatania Maslany – Metropolitan filmexport – 20 février 2019 – 2h01
immigrance
Liberté et mouvement. Comment ne pas aimer Snarky Puppy?
Avec trois Grammy awards dans la poche, le célèbre collectif jazz pourrait faire dans la redite et gérer tranquillement son patrimoine sonore, déjà bien copieux, grace à la volonté d'un ensemble de musiciens ambitieux.
Michael League est plus ou moins à la tête du collectif Snarky Puppy mais il défend une écriture qui impressionne une fois de plus par sa liberté. Au Texas, certains ont les idées très larges.
Une fois de plus, les artistes ne se limitent pas au jazz mais s'enfuit vers le funk, le rock, l'electro et toutes les autres musiques populaires. A la différence de leur majeure réussite, Sylva, ce nouvel album a un coté impulsif, presque urgent!
Heureusement ca ne veut pas dire que c'est fait dans la précipitation. L'album profite une fois de plus de l'osmose entre les musiciens qui s'écoutent et se répondent avec une évidence qui impose de l'harmonie. Pour eux comme pour nous.
La diversité du collectif empêche le retour en arrière ou l'obligation de convaincre. Le groupe s'écarte toujours du disque précédent. Celui semble plus inquiet mais ne perd jamais en volupté réelle et en caresses mélodiques.
Ca rebondit à chaque coin. C'est comme un bon livre: il y a des rebondissements sans arrêt. Les fuites en avant sont des fausses pistes. Les apparences sont trompeuses. Les surprises et les révélations sont nombreuses.
C'est encore un régal d'entendre autant de liberté. Ce n'est plus de la musique à ce niveau là. Il y a tellement d'émotions et de prises de position que cela ressemble à de la politique. Le disque veut dire quelque chose. Dans cette époque crétine, l'ambition de Snarky Puppy semble tellement essentielle!
Ground up - 2019
Grey area
Je vous le dis mes frères (et mes soeurs): le rap a désormais une vraie nationalité. Tout se passe en Angleterre. La preuve avec une MC qui a de l'intelligence et des idées.
Les Américains bombent le torse. Ils en font des tonnes. Ils ont toutes les raisons de s'inquiéter. Le trop est bien souvent l'ennemi du bien et le rap américain devient de plus en plus caricatural, et ce n'est pas en France que cela se passe bien pour le genre.
Bien au contraire. Plus mélomane, l'Anglais assure la résistance aux conventions et au mauvais gout. Après Loyle Carner et son flow détendu, voici Little Simz, petite bonne femme qui a la bonne idée d'être mélomane.
Son rap va à l'essentiel. Il emprunte pas mal à ses ainés. Ceux qui furent nourris de funk et de groove. Sa musique cache une douce mélancolie que l'on ne connait plus.
On ne va pas mettre cela sur sa féminité, mais Little Simz caresse l'auditeur dans le sens du poil. Ca ne veut pas dire que c'est banal. Bien au contraire. L'urgence de son écriture peut s'accompagner de violons, de guitares et pas seulement de gros beats qui défoncent tout sur son passage.
Elle gagne en efficacité. Comme sa pochette en noir et blanc, la demoiselle soigne l'ambiance. Avec ses moyens, elle arrive à s'imposer et surtout surprendre. Ca faisait longtemps que ce n'était pas arriver dans la musique la plus industrielle de la planète! Cette petite Anglaise fait la leçon à ses compères, prouve que la mélodie a son importance et nous offre un très beau disque! Rien à dire: tout à écouter!
Catching bad temper
Les Suisses contre attaquent avec un album flamboyant.
Puts Marie est un groupe mystérieux. Il apparait puis disparait. Il fait sa renommée sur ses tournées. Il livre des albums imposants. Il semble insaisissable avec ses membres qui aiment prendre leur liberté.
Depuis bientot deux décennies, le groupe bouscule et ne laisse personne indifférent. Mené par Max Usata, Puts Marie ne fait rien comme les autres et c'est évidemment une bonne chose.
Pour donner une idée, on pourrait vous parler d'un fusion étrange entre Deus des débuts avec le coté punk des Beastie Boys. Le groupe aime piocher pour mieux heurter les styles.
On est loin de l'image de la Suisse proprette. Le groupe hache menu le hip hop, le rock ou le psyché. Il fait bouillir une marmite électrique qui fait des éclats dans tous les sens.
Puts Marie prend l'auditeur et le secoue dans tous les sens. Les moments calmes nous préparent aux tempêtes. Les rythmes binaires sont juste des repères dans un univers dense et farouches.
Ils cherchent une espèce de transe qui nous trouve facilement. On pourrait imaginer que Neil Young apprécie aujourd'hui cet aspect expérimental. En sept titres, le groupe livre sa vision très particulière de la musique. C'est impitoyable. Passionnant. Déroutant.
Yokanta - 2018
Belphegorz
A Marseille, on peut frémir avec les faits divers et les meurtres mafieux. Mais le frisson peut être aussi sympathique et agréable.
Car dans le sud, il y a encore des musiciens qui pensent que le rock a un coté malfaisant, jubilatoire ou grand guignol! Tallulah X défend avec sa voix solide, un rock déluré et diabolique jusqu'à l'ironie.
Dans le ville natale d'IAM, les rockeurs ont du mal à s'imposer mais ils défendent en tout cas un rock qui se respectent. Belphegorz rassemble des passionnés. Cela s'entend à chaque instant sur ce disque faussement gothique et clairement simple et joyeux.
C'est du rock à l'ancienne. Un rock un peu punk. Un son un peu vintage. On écoute à travers eux, les surfeurs mélodiques comme les gros barbus des pubs. On croise cette population marginale, bienfaisante et inspirante.
La chanteuse convoque les reines du genre comme Blondie ou les poupées des B-52's. C'est une poupée qui fait non, mais elle est tellement jolie, qu'on en rêve la nuit. Car elle incarne ses textes et cette ambiance populaire et fière.
Ce n'est pas un disque révolutionnaire mais c'es une oeuvre qui se nourrit de cette marge qui se refuse au mutisme et à la médiocrité. On est pris toujours par l'énergie. La luxure et l'exagération, ca du bon!
Differ-ant - closer records - 2019
The route to the harmonium
Un Ecossais et une guitare. Voilà ce qu'il faut pour être sûr d'écouter un bon album!
C'est le neuvième album de James Yorkston. Je l'avoue: cet artiste du Nord est passé sous mon radar. Ce n'est pas grave: quel plaisir de découvrir un song writer mature et sûr de ses forces. Il compose dans un petit port de pêche. Il a la rudesse de l'Ecossais avec le talent fin du musicien. Le story telling autour de Yorkston est trop beau pour être vrai.
La vérité, on la trouve dans la tendresse de ses chansons. Observez bien la généreuse pochette de The Route to the harmonium. Il y a des indices pour comprendre son style, ses envies et sa grace.
Effectivement, on navigue à mille lieues des modes et de l'avant gardisme. Quoique. C'est de la ballade élégante. Il y a de la fraicheur et de la douceur. La voix porte des instruments plus turbulents qu'on le pense. La folk est ici un travail d'artisan.
C'est évidemment boisé mais finement composé. L'auteur a l'envie d'en découdre avec un monde qui va trop vite. Il freine pour mieux nous montrer la beauté minutieuse, le travail bien fait. Pourtant il ne cherche pas à nous bercer. Il ne s'éloigne pas du Monde actuel.
C'est traditionnel mais il cache des belles surprises dans ses sereines compositions. C'est un poil soporifique. Mais il y a quelque chose de bien différent chez cet artiste apaisé et apaisant...
domino - 2019