La France des épiciers

Triple frontière

De la testostérone pour le réalisateur du feutré Margin Call. Pas illogique et un film d'action déroutant au final!

JC Chandor est un cinéaste pas facile à suivre. Fils d'un banquier d'affaires, il étudie la drole de vie de banquiers au bord du burn out dans le glacant, Margin Call. Ensuite il met Robert Redford dans un bateau pour le très simple All is Lost. Puis l'argent redevient le nerf de la guerre pour A most violent year. Triple frontière ramène encore l'argent au milieu de l'intrigue mais la nature a aussi sa place: le film rassemble toutes les obsessions du cinéaste. La petitesse des hommes et les grands espaces!

Santagio "Pope" Garcia a besoin de ses amis! Pour un coup facile qui va faire d'eux des hommes très riches! Pope recrute ses vieux potes pour jouer les mercenaires. Il y a le déprimé, le costaud, le pragmatique et le pilote d'hélicoptère.

JC Chandor nous referait L'agence tous risques risques avec un premier degré qui semble presque dépassé. Heureusement il a bien choisi ses comédiens. Oscar Isaac est un complice du cinéaste. Son ambiguité est naturelle. Ben Affleck joue parfaitement le type au bout du rouleau. Le réalisateur confirme les ressemblances saisissantes entre Garrett Hedlund et Charlie Hunnam. Enfin on ne peut qu'apprécier la bienveillance de Pedro Pascal. Le film regroupe des acteurs avec pleins de muscles... mais pas que.

Le film croque parfaitement ces loosers magnifiques, conscients de leurs limites. Le film va peu à peu s'échapper des sentiers battus. Alors, bien entendu, rien ne va se passer comme prévu mais le film va vraiment aller dans une direction bien perchée, au delà de la cordillière des Andes. Finalement on regarde des hommes tomber, pour paraphraser le film de Jacques Audiard.

Comme le cinéaste français, tout cela ressemble à une excuse musclée pour sonder la misère humaine, la dérisoire reconnaissance de quelques types qui se verraient bien tout puissants. Le film est produit par Kathryn Bigelow et on devine effectivement son ironie, cette façon particulière de décomposer ou décrypter les viriles attitudes.

L'action n'est plus le moteur du film. L'essentiel se trouve ailleurs et c'est ce qui déconcerte. Ca sent fort le film mal aimé (diffusé sur netflix, production houleuse) mais c'est surtout un bon film, une série b très intelligente et un vrai bonheur de direction d'acteurs. Etonnant!

Avec Oscar Isaac, Ben Affleck, Garett Hedlund et Charlie Hunnam - Netflix - 2h05

L’ame de Paris

L'ame de Paris certes mais le coeur en Angleterre!

Du riff carré, une voix féminine qui s'amuse avec une voix masculine, une batterie bien coiffée... bienvenue dans l'univers très british de French Boutik, le groupe qui doit le plus détesté le Brexit.

On ne peut pas être plus européen lorsqu'on est Français et que l'on se prend pour un Mod, ersatz joli de Paul Weller ou Ray Davies. En tout cas le quatuor filles garçons a une excellente initiative.

Ils racontent leur pays et leur capitale comme s'ils étaient des petits voyous anglais donc espiègles et mélomanes! Zelda et ses camarades aiment le lyrisme de la pop anglais, la douceur mélodique pour gratter les blessures et les amertumes.

De nos jours, l'exercice n'est pas évident. La violence et la démonstration ont plus le vent en poupe ces derniers temps. Eux, on pourrait limite, les accuser de poésie.

Mais elle fait vraiment du bien leur apparente naïveté! Ils envisagent leur pop comme de l'anthropologie et s'amuse des moeurs parisiennes pour y trouver l'âme de la ville. Elle échappe avec eux aux clichés franchouillards. Elle devient une idée élégante, british et souvent drôle. L'effort est curieux. On est pas dans la grande nouveauté mais assurément ca a le mérite d'être très original. Et fuck le brexit!

Heavy soul rec - 2019

La saison des grands froids

Nico Chona & the freshtones

Du bon, du brut, du rock'n'roll qui se consomme en tonneau et de bonne humeur!

Quand les mauvaises nouvelles hurlent leur médiocrité à la radio où se soulagent sur les chaines d'info continue, l'envie de se défouler, sans violence, arrive rapidement. Rien de tel qu'un bon vieux disque de rock.

Le rock populaire. Avec tout simplement une basse, une batterie, une guitare et une grosse voix qui chante les petites déroutes de l'existence. L'énergie d'un guitariste forcené peut vous faire oublier les tristes matins, les chagrins et les emmerdes.

Ce rock qui vous emmène vers des contrées boisées, simples et naturelles. Ce rock qui ressemble à une impulsion bien évidente et sans arrière pensée. Le rock costaud peut être une bonne cure de bien être.

La jouissance d'un groupe qui se fabrique sur les bases simples du rock puissant est assez communicative. Venu de Lyon, Nico Chano a clairement l'esprit et l'inspiration sur un autre continent. Mais sa musique est un passeport. Elle lui permet de se prendre pour un garagiste mélomane qui répare le bon vieux son de John Lee Hooker avec un sens de la rutilance d'un Steve Ray Vaughan ou autre blanc bec virtuose du rythme binaire.

Avec ses trois amis, Nico Chano nous transporte donc dans un blues rock incroyable, copieux et ludique. On devine le plaisir du quatuor sur chacun des morceaux qui feraient défriser la barbe de ZZ Top. Le passeport de Nico Chano se prolonge jusqu'à l'épicurisme électrique.

electric george records - 2018

copains de la semaine: gontard

Scenery

Il ne faut pas grand chose pour échapper un peu aux conventions. Et dieu sait que le cahier des charges du RnB est compliqué et sans simplicité. La chanteuse Emily King s'est échappée à la campagne et trouve un nouvel élan créatif... salutaire!

C'est de la soul sophistiquée. Ne vous inquiétez pas. Emily King a peut être désormais les pieds dans la boue mais elle a toujours le sens de l'arrangement, pour son troisième album, en dix ans. Elle n'est pas pressée. C'est peut être ce qui explique son déménagement loin de New York, sa ville natale.

Prometteuse il y a dix ans, Emily King s'est relachée pour décider de tourner le dos à l'industrie féroce. Elle s'imagine désormais en artisan et cela se ressent dans les gentilles compositions de son album rose mais pas niais du tout.

On est bel et bien dans le RnB typique des Etats Unis avec voix soyeuses et juxtapositions d'instruments vibrants. Mais la chanteuse choisit des moyens très humbles, à l'inverse des grosses productions.

Cela fait du bien. Les allergiques au genre le resteront mais effectivement, il y a beaucoup de sincérité dans cet album. Elle a pris le temps. Les chansons sont finement écrites. Le changement d'air fait du bien au genre, encore plus qu'à la belle artiste très à l'aise entre les forêts et les champs. C'est un disque qui fait respirer... alors profitez!

ATO records - 2019

Half mile harvest

Encore des frères qui se roulent dans la bonne vieille paille du far west!

Josh Teskey, Sam Teskey, Brendon Love et Liam Gough viennent effectivement de très très très loin. L'Australie. Sur cette île où le rock se fait sans nuance mais pas sans talent (nous y reviendrons bientot avec une chronique sur les rois du rock ecolo, Midnight Oil), le quatuor a de quoi surprendre.

Les Teskey Brothers sont des pros de la guitare et du boeuf entre amis. Ils peuvent faire des pirouettes electriques de toute beauté et pourraient compter uniquement sur leur virtuosité. Leur premier album est d'une maturité impressionnante.

Comme des grands, ils jouent dans leur studio et produisent les dix titres old school de Half mile harvest. Les grosses compagnies sont arrivées à la bourre pour les récupérer. Car ils sont vraiment doués pour réveiller la vieille soul et le bon gros blues qui s'écouteraient dans un vieux bar poussiéreux.

La voix sent le bon whisky et les heureux excès. L'orgue hammond ronronne sur des cuivres d'un autre temps. Et il y a une guitare pour exciter toute la petite bande australienne qui, elle, a fait le choix de la nuance. Rien à dire, tout à écouter, ce disque est une machine à remonter le temps tout en évitant le piège de la nostalgie. Old times are so good!

Decca - 2019

Celle que vous croyez

SUJET INTÉRESSANT ET BIEN AMENÉ, UN PEU TROP POSÉ PAR MOMENTS OU LA MUSIQUE MANQUE (SURTOUT SUR LA PREMIÈRE PARTIE). MAIS TOUT SE MET EN PLACE ET LE PUZZLE PREND FORME.

ET LE DRAME TOURNE MÊME AU THRILLER. LA PHOTO EST TRES BELLE. ON A UN PEU DE MAL COMPRENDRE, LE TEMPS ÉCOULÉ AU DÉBUT DU FILM MAIS MOI QUI AIME JULIETTE BINOCHE, CA POURRAIT DURER DES HEURES JUSTE EN PLANS SIMPLES. LOL.

EN TOUT CAS LA CRISE DE LA CINQUANTAINE LUI VA A RAVIR. QUE C’EST DUR DE VIEILLIR, DU MOINS D’ACCEPTER SON AGE, POUR LES FEMMES COMME POUR LES HOMMES. POUR CLAIRE, CA EN DEVIENT UNE OBSESSION.

A TEL POINT QU’AU MOMENT OU SON AMANT PRÉSUMÉ, ALEX, TROUVE SUR UN SITE INTERNET SE DÉCIDE A LA RENCONTRER EN PERSONNE, LE MENSONGE ET LE FANTASME DANS LESQUELS ELLE S’EST RÉFUGIÉE, COMMENCENT PETIT A PETIT À SE RÉVÉLER.

ELLE VA LOIN D’AILLEURS, JUSQU’A S’APPROPRIER LA VIE DE QUELQU’UN QUI EXISTE DÉJÀ, ET IMPLIQUER SA FAMILLE DANS SON DÉLIRE. HA LES JOIES DU BLACK MIRROR, DERRIERE LEQUEL IL EST TELLEMENT SIMPLE DE DISSIMULER UNE VÉRITÉ AUSSI DUR A ACCEPTER.

LE PROBLÈME C’EST QUAND ON VEUT SE FAIRE PASSER POUR BEAUCOUP PLUS JEUNE QU’ON NE L’EST, ON EST RATTRAPÉ PAR CE QUI NOUS ENTOURE. TOUT BOUGE VITE, LES RÉSEAUX SOCIAUX OU CHAQUE MOMENT EST IMMORTALISÉ ET ÉPIÉ DE TOUS. INTERNET ET SON MONDE INFINI, IMPITOYABLE.

LE SUJET DU FILM EST BIEN CIBLÉ MAIS PEUT S’ADAPTER A N’IMPORTE QUELS AUTRES SUJETS DU WEB. ON PEUT TOUT FAIRE LORSQUE L’ON A PAS A REPONDRE DE NOS ACTES. SE CACHER DERRIÈRE UN ÉCRAN COMME THÉRAPIE CONTRE UNE SOCIÉTÉ QUI JUGE ET QUI REND TELLEMENT DE GENS MALHEUREUX, C’EST BIEN UN TEMPS MAIS PEUT T-ON AGIR COMME CELA ET VIVRE DANS LE MENSONGE TOUTE SA VIE ?

JE COMPRENDS LE COMPLEXE DE CES FEMMES MAIS EN ARRIVER LA C’EST MALADIF ET LOIN D’ÊTRE SALVATEUR. ON EST TOUS VICTIMES DE CET ENGRENAGE. MAIS ON LE FAIT TOUS A DES NIVEAUX DIFFERENTS, LE SPORT ET LE REGIME A OUTRANCE, POUR QUOI ET POUR QUI...

J’ESPÈRE POUR SOI MAIS JE DOUTE QUE CE SOIT LE CAS DE TOUS...ALLEZ MESDAMES LA CINQUANTAINE VOUS VA SI BIEN ! L’IRONIE EST QU’A 24 ANS JULIETTE BINOCHE, JE NE T’AURAIS PAS REGARDÉ. PAR CONTRE A 50 ANS.....IL EN FAUT POUR TOUS. MORALITÉ IL FAUT SAVOIR VIVRE AVEC SON TEMPS ET COMME JE DIS TOUJOURS, S’ADAPTER. NE SOYEZ PAS TIMIDE, ACCEPTEZ VOUS. VOTRE PASSÉ EST IMPORTANT, VOTRE PRESENT L’EST TOUT AUTANT. COMME ILEST SI BIEN DIT, IL N’Y A PAS PIRE RIVALE QUE CELLE QUI N’EXISTE PAS.

AVIS AUX AMATEURS

Avec Juliette Binoche, Francois Cyril, Nicole Garcia et Charles Berling - 24 février 2019 - diaphana - 1h40

Captain Marvel

Juliette Binoche est une héroïne pour ma camarade! Mais elle ne fait pas le poids en face de Captain Marvel, première super héroïne de Marvel qui tente d'avoir sa Wonder Woman!

Et ce n'est pas gagné lorsque la célèbre et fastueuse maison de production se met à copier les voisins. Non, on ne parle pas de DC Comics qui gèrent les affaires de Superman, Aquaman, Batman et donc Wonder Woman. Non, le 21e film de Marvel est en fait très proche de Star Trek, autre saga qui se passe au dessus de nos têtes.

Des aliens avec des oreilles pointues. Des sauts dans le temps ou dimensions. Des batailles dans l'espace. Des apparences trompeuses. Franchement, vous remplacez la sage Brie Larson (clone de Keira Knightley yankee) par l'équipage de l'Enterprise et vous êtes dans l'univers Starfleet!

Mais non, nous sommes bien dans l'univers Marvel. Le film va donc s'appliquer à nous installer sa championne à une place de choix. Pour cela, elle va trouver l'aide de Nick Fury, toujours aussi à l'aise face à l'inexplicable. Elle va croiser quelques personnes que l'on a déjà vu dans les films Marvel et elle sera peut être importante pour la suite des Avengers.

Les auteurs, venus du cinéma indépendant, reproduisent avec gourmandise les années 90. On se croirait dans Terminator 2. La meilleure idée du film: le tshirt de Nine Inch Nails sur notre nouvelle super héroïne!

Autrement, ils ne bouleversent pas grand chose. Notre copine va découvrir tout un morceau de son passé, en se retrouvant sur Terre après avoir rendu la justice dans les quatre coins de la planète.

C'est tout à fait classique et pas déplaisant du tout. Bon, franchement, ca tourne un peu en rond mais il est vrai que le coté féminin de l'aventure ne manque pas de charme surtout quand Annette Bening, actrice rare et précieuse, vient discuter super pouvoir et responsabilités avec Brie Larson, qui a tout de même la chance d'être secondée par Samuel L Jackson rajeuni et Jude Law très convaincant dans son armure de guerrier héroïque.

Banal mais pas mauvais, Ce Captain Marvel remplit sa mission de solide divertissement mais donne surtout l'envie de jeter un coup d'oeil sur la saga tout aussi tentaculaire de Star Trek. L'effet n'était pas voulu mais Star Trek, c'est quand même autre chose!

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