Olympic Girls
Observez bien la pochette du troisième album de Tiny Ruins. Regardez bien le fond. Imprégnez vous des formes. Suivez les gestes et les regards. Bref rentrez dans cette petite maison chaude. On vous attend quasiment pour tailler une bavette...
C'est vous dire si l'on veut vous mettre à l'aise. C'est la démarche de Hollie Fullbrook, jeune femme au regard profond venue de Nouvelle Zélande. A l'autre bout du monde, la folk music se pratique de manière différente même si l'on retrouve tous les instruments.
Il y a la jolie voix sans fard. Il y a les guitares qui accompagnent. Il y a un discret violon ou un vieux xylophone. Il y a la petite laine et le chocolat chaud pour s'installer au coin du feu. Mais en Nouvelle Zélande, on ne s'endormira pas!
En apparence, le refrain est connu. Un peu de spleen et d'inspiration pour nous faire rêver la vision élégiaque et féminine de la folk. Déjà vu. Ce que Fullbrook et ses amis font, c'est une véritable surprise: ils ont planqué des structures mouvantes.
La maison est cosy mais il y a plein de pièces secrètes finalement. C'est en fait un trompe l'oeil au charme redoutable. Olympic Girls doit se réécouter pour en apprécier la richesse. Le jugement hatif est vite condamné.
Dans les chansons, il y a toujours un instrument qui veut s'échapper. Et on le laisse faire. Les arrangements sont finalement très subtiles et beaucoup plus complexes. L'évidence de la pochette cache un labyrinthe d'idées et finalement d'émotions car la voix est notre guide et on s'y attache très vite. La folk en forme olympique!
Marathon artists - 2019
Vice
Roi des pitres, Adam McKay continue d'explorer la bétise la plus crasse avec un sujet plus contemporain et historique. Salutaire et séduisant.
Il a toujours aimé les bouffons. Il a réalisé les meilleures comédies de Will Ferrell et a fabriqué la légende de ce crétin magistral. Dans son film, Very Bad Cops, on a deviné que les envies de réalisateur s'éloignaient doucement des pitreries qui font sa gloire.
Et puis, il y a eu Big short avec son casting génial et son sulfureux projet: décrire la crise des subprimes de 2008. L' humour est là mais la description de l'Amérique de Bush, celle de l'après 11 septembre, est sacrément acide.
Avec un Oscar en poche (celui de la meilleure adaptation), Adam McKay continue sa mutation vers un cinéaste moraliste qui sonde l'immédiate histoire de l'Amérique. Sa formule est encore plus impressionnante avec Vice, indiscrétions sur le plus secret des hommes politiques, Dick Cheney.
Cette fois ci, ses intentions sont évidentes: il veut dégommer un homme qui a sournoisement transformé le pays et qui a pris le controle du pouvoir en évitant tout ce qui ressemble à de la démocratie!
Odieux, grotesque, pas très fin, Dick Cheney est un vieux routard de la politique qui a un sens de l'éthique tout à fait douteux. Le film joue la carte de l'humour une fois de plus mais tout est acerbe et assez consternant.
Brillant, le réalisateur monte et démonte le passé et le présent du vice président. Il entrechoque les époques pour mieux expliquer une politique conservatrice, étriquée et mal aimée.
La culpabilité apparait peut être dans les nombreuses crises cardiaques de Dick Cheney. Mais pour le reste, on découvre l'homme qui va tout justifier, de l'affairisme en politique jusqu'aux torturs odieuses.
Christian Bale ne fait pas dans l'imitation: on est vraiment avec le vice président. C'est très confusant. Sur le principe de réalité et de fiction, le réalisateur use de toutes les techniques pour montrer le système véreux que met en place Cheney. Loin des films politiques d'Oliver Stone, Adam McKay avoue faire un film polémique, avoue qu'il s'agit d'un point de vue, l'assume avec une virtuosité de cinéaste que l'on ne connaissait plus.
L'humour potache est une illusion. McKay ne veut pas que divertir. Il ouvre les yeux sur un monde effrayant et cynique. Il ne se laisse pas faire. Il agit et son cinéma est méchamment drole ou drolement méchant. Mais il a une hargne qui n'existe plus à Hollywood. On espère bien qu'un jour, il s'intéresse à l'actuel locataire de la Maison Blanche...
Avec Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell et Jesse Plemmons - Mars film - 13 février 2019 - 2h15
Berkeley’s on Fire
Le punk dans le sang.
C'est la règle: on adore le punk original. Celui qui crache et qui rote sur la reine d'Angleterre. Celui qui se fout de tout et ratiboise le rock'n'roll à sa plus simple expression, quasi vulgaire et en même temps glorieuse. No future!
On est plus suspicieux face à son cousin Californien. Lui, il a un peu oublié l'aspect nihiliste du punk. Il a plus travaillé le look et l'attitude. Il adore le bruit mais il aime aussi ses ainés, les Beach Boys.
En Californie, le punk n'est pas un marginal. Il est presque la norme avec en drapeau étendard, Green Day et sa multitude de hits costauds et commerciaux. Eh bien, désormais c'est le fiston du leader du groupe qui prend les choses en main avec ses copains.
Sur les traces de papa, Joey Armstrong, batteur, réunit des camarades après avoir vu School of Rock, comédie avec Jack Black, en 2004. Depuis, ils gratouillent du punk dans une joyeuse ambiance.
Eux, c'est l'énergie. SWMRS (que l'on prononce Swimmers) ne fait pas dans la nouveauté. Mais respecte les conventions d'un style qui pête, qui grince et qui pourtant semble obsédé par les mélodies. Ca braille mais derrière les gaillards sont plutot sérieux. Ce sont des punks mais ils soutiennent les organisations caritative. La dépression ce n'est pas leur truc.
Ils sont un peu moins radicaux que les papas (c'est dire). Une bonne dose de pop s'est imposée. C'est donc totalement inoffensif. Effectivement il y a un petit coté surf qui apporte tout un exotisme chaud. Mais ca ne restera pas dans les mémoires. On sautille avec une bonne conscience. Pourquoi pas?
Fueled by ramen - 2019